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J'ai rencontré un connard
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Ebook262 pages4 hours

J'ai rencontré un connard

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About this ebook

J’ai rencontré un connard, nous avions toutes rencontré un connard.
Assises dans le salon, nous nous racontions nos histoires de connards, des histoires que nous édulcorions au fil des récits.
Ça a déraillé à un moment...
Le vrai et le faux s’entremêlaient pour former une nouvelle réalité, notre réalité.

LanguageFrançais
Release dateMar 7, 2018
J'ai rencontré un connard
Author

Mylène Simone

Mylène Simone est née en 1992 d'un père ouvrier et d'une mère assistante maternelle dans une campagne profonde où il n'y avait rien d'autre que des arbres à perte de vue. À 18 ans, elle quitte sa campagne pour la "ville" et démarre une licence de droit. À 21 ans, sur un coup de tête, elle part achever ses études à Montpellier, ville qu'elle considère comme sa ville de cœur et qu'elle ne peut se résoudre à quitter malgré le besoin de voir le monde qui s'empare régulièrement d'elle. À 23 ans, Mylène est admise à l'école des avocats dont elle sort diplômée à 25 ans. Elle se refuse à exercer ce métier préférant pour l'instant se consacrer à sa plume et d'autres projets personnels. Mylène publie son premier roman "J'ai rencontré un connard" en 2018, un roman qui n'aurait pas vu le jour si elle n'avait pas été poussée par ses amis qui sont ses premiers lecteurs et fans.

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    J'ai rencontré un connard - Mylène Simone

    I.      Je suis une rêveuse

    Je les attends allongée sur mon divan. Elles sont encore en retard. Je ne vais pas m’en plaindre, parce que je le suis très souvent. Dans le sud de la France, on appelle ça le « quart d’heure de courtoisie ».

    Je suis une rêveuse. Parfois, je m’invente des univers où je déverse ma colère. Je vis dans une semi-réalité, je rêve éveillée. Je ne sais plus ce qui est faux, ce que j’ai inventé et ce qui existe vraiment.

    Les filles disent affectueusement que je suis « perchée » et ce terme me décrit plutôt bien. Je suis en permanence en train de voler dans les cieux pour essayer d’atteindre des étoiles qui s’étiolent quand je m’en approche.

    Je les attends, parce que j’ai besoin de parler. Nos réunions me permettent de me libérer. Avec les filles, je n’ai pas besoin de me cacher, de faire semblant d’être quelqu’un d’autre ou de peser mes mots.

    Dans nos réunions, nous nous sentons comme des alcooliques anonymes ; sauf que nous, nous essayons d’arrêter de fréquenter des connards. Notre point de ralliement : courir vainement après des connards. Nous nous avouons nos échecs sans crainte des jugements, nous nous comprenons.

    Quels apports tirons-nous de nos rencontres ? Au mieux, une perte de temps et une expérience ; au pire, une chlamydia égarée dans la chaleur de nos rapports.

    J’attends toujours nos réunions. J’exhorte ma haine ; je déverse mes peines ; je balaie ma tristesse ; j’écrase ma honte et je sèche mes larmes. J’apprends à me relever avec mes amies.

    Je me rends compte que je ne suis pas seule au monde et que mes problèmes ont des solutions.

    Annabelle, Émeraude et Lara sont mes compagnes de déroute.

    Je vis leur vie à travers leurs yeux et elles vivent la mienne à travers mes mots. La profondeur de nos conservations nous plonge dans les tourments de nos vies mêlées. Il y a comme une fusion entre nos personnalités. On est différente et on se ressemble.

    On a besoin de se décharger de nos poids, de repartir à vide pour franchir de nouvelles portes de nos existences. On essaie de faire en sorte que justice soit faite.

    On apprend à grandir et souffrir.

    Qui suis-je ?

    Je suis une rêveuse.

    Je m’appelle Madeleine, Mad’ pour les intimes. Pour la première fois, en 26 ans de présence sur Terre, j’ai des amies bienveillantes.

    J’ai toujours eu du mal à me faire des amis.

    À l’école, les autres enfants ne voulaient pas m’approcher, ils disaient que j’étais bizarre.

    Je ne suis plus cet enfant. Je m’assume pour ce que je suis et j’arrive à mieux m’entourer.

    Je regarde l’heure sur ma montre. Les filles ne devraient pas tarder. J’allume mon enceinte et lance « Don’t know why » de Norah Jones.

    Allongée sur le divan, je chantonne

    Je suis étudiante en droit. À vrai dire, ce temps est bientôt révolu, parce que dans trois mois, je suis censée accéder à la vie active, rédiger des actes juridiques, arborer une robe noire assortie d’un bavoir blanc et plaider pour défendre des inconnus.

    Je déteste le droit.

    Quand je me suis inscrite en fac de droit, j’ai vu le regard de mes parents briller de fierté. Je voulais combler leurs attentes, je pensais que si je réussissais, ils m’aimeraient plus.

    J’ai réussi.

    J’ai l’impression de vivre pour eux, pour leurs rêves.

    Mon rêve, ce n’était pas la fac de droit, ce n’était pas être avocate, ça ne l’a jamais été et ça ne le sera jamais.

    J’aurais préféré avoir une vie plus palpitante, avoir un métier qui me corresponde plus. 

    Je suis une rêveuse.

    Je me demande souvent où commence la fiction et où s’arrête la réalité, parce qu’elles s’entremêlent.

    L’interphone sonne.

    II.      Les filles

    Je m’extirpe du canapé et me précipite dans le couloir des communs, impatiente.

    Émeraude monte les escaliers. Elle prend place dans le salon. Je fonce à la cuisine préparer une théière de verveine.

    La sonnette retentit. Émeraude se lève et ouvre comme si elle habitait les lieux. Lara, mon amie et voisine, entre.

    Je reparais dans le salon.

    Elle enlève sa veste en jean.

    — Je suis au bout de ma vie, déclare-t-elle.

    — Qu’est-ce qu’il y a, ma poule ? interroge Émeraude, en attrapant la théière pour nous servir.

    — J’ai la nausée. Je me sens mal. J’ai mon mémoire à finir, j’ai peur de ne pas y arriver. J’y pense tout le temps et je culpabilise quand je ne travaille pas. J’ai plus la tête à rien. J’ai peur que vous ne m’aimiez plus, parce que je ne suis pas aussi disponible qu’avant.

    Émeraude repose la théière en faisant chavirer la table. 

    — On est là, on s’adapte, on ne bouge pas. On n’est pas là pour survivre ! Pense à toi, finis ton mémoire, bats-toi. On ne t’en voudra jamais pour ça.

    Lara tremble.

    — Merci d’être là. Je me répète que je ne suis pas à la hauteur, que les autres sont mieux que moi.

    Elle ne va pas bien en ce moment. Elle est comme ça Lara, stressée de nature, angoissée par le monde.

    En ce moment, le prétexte c’est ses études — un mémoire à rédiger et des examens à passer. Ses attentes envers elle-même sont démesurées ; elle cherche la perfection dans tout ce qu’elle entreprend et se démène en vain pour un impossible. Elle ne peut pas briller dans tous les domaines, ce n’est pas humain.

    Je la comprends.

    Ça m’arrive, ça nous arrive toute. La peur, l’anxiété, l’exigence ; ça peut nous cristalliser sur une pensée malsaine. « Nulle », « pas à la hauteur », « bonne à rien », « salope », « grosse vache » et autres inepties rejaillissent dans nos esprits.

    Je la comprends. Je n’ai pas les mots pour la consoler. Émeraude le fait mieux que moi, elle a le don pour apaiser Lara. Quand elle n’est pas là, ça ne va pas. Annabelle et moi sommes incapables de calmer Lara quand elle vrille.

    Chacune équilibre notre quatuor, Émeraude porte plus de poids que les autres.

    — Vous avez des nouvelles d’Annabelle ? demandé-je.

    — Non, elle ne répond pas, répond Émeraude en dégainant son smartphone.

    Émeraude l’appelle et laisse un message vocal.

    — Elle n’est pas active sur les réseaux sociaux non plus, ajoute Lara.

    Je m’inquiète pour Annabelle, notre benjamine.

    — Elle voyait quelqu’un, ce soir ?

    — Oui, il me semble qu’elle avait rendez-vous avec un vendeur de chaussures de la rue commerçante où elle travaille. Ils ont pris un café déjà la semaine dernière. Il est à ses pieds et ne lui plaît pas. Elle ne cherche qu’à se divertir pour oublier le reste, répond Lara qui a repris ses esprits. 

    — Amoureuse de l’amour… soupiré-je.

    Annabelle aime s’emballer, elle vit six mois de relation en trois semaines, puis tout s’arrête brutalement.

    — Comme nous toutes. On vole trop près du soleil et on se brûle les ailes, répond Émeraude.

    Je décroise mes jambes et reprends la parole.

    — À ce propos, j’ai rêvé de César, la nuit dernière.

    J’ai besoin de partager mes failles pour les combler.

    — Pourquoi ? Tu y penses trop ? demande Lara.

    — Je ne peux pas m’en empêcher, j’y pense parfois et je le revois en rêves. Il a fait partie de ma vie, il a contribué à faire de moi ce que je suis. Vous connaissez l’histoire, je me suis mise en couple avec César. Il était réconfortant, je n’avais pas vraiment d’amis et j’avais besoin d’un soutien.

    — Oh oui, je l’ai vécu avec une ex, commente Émeraude.

    Je sais trop bien de qui elle parle, je sens déjà la souffrance dans son regard quand elle évoque cette époque de sa vie.

    Je ne l’interroge pas tant qu’elle n’en parle pas. Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie, je connais déjà l’histoire. Elle me la racontera à nouveau quand elle s’en sentira capable.

    — J’ai fait une grosse erreur que je ne recommencerai plus, car je n’aurais plus la force de m’étouffer pendant des mois dans une relation aussi fade. C’est simple, je ne ressentais rien, aucun frisson, aucune passion. Je n’avais pas envie de m’emballer, j’avais juste besoin qu’il fût là à ce moment-là, parce que je préparais l’examen d’entrée à l’école des avocats.

    — Ça n’arrivera plus, parce que maintenant, tu nous as nous. On te soutient, tu n’as pas besoin d’un homme pour remplir cette fonction, bébé.

    Je regarde Émeraude tendrement et lui sourit. Je l’aime, je les aime, parce qu’elles sont là et qu’elles n’attendent rien de moi.

    Je me mets à raconter l’histoire de César.

    — Au début, nos différences m’ont fait sourire. Puis, j’ai réalisé que nos différences ne nous permettaient pas de nous compléter. Nos différences nous emmenaient tous droit vers la souffrance. Je ne sais pas ce que j’ai fait, j’ai mal mené la danse. J’ai cru avoir le contrôle, mais je l’ai perdu en cours de route.

    III.      Différences

    Il haïssait tout ce que j’aimais. J’aimais tout ce qu’il haïssait. Nous n’avions rien en commun.

    J’aimais les films d’auteur, il se passionnait pour les films de superhéros où le même scénario se répétait. J’aimais la littérature ; je passais mon temps à lire dans les transports en commun, les salles d’attente, mon bain, mon lit, recroquevillée dans un fauteuil. Il préférait regarder des émissions télévisées sans saveur.

    J’étais de gauche, il était de droite.

    J’aimais le sport, il préférait en faire sur sa console.

    Il était proche de sa mère, j’étais loin de la mienne.

    J’aimais provoquer des conflits, hurler et jeter des objets par terre ; il les fuyait, ne répondait jamais à mes attaques préférant garder la tête dans le sable comme une autruche.

    Il voulait se marier à l’église, alors que pour moi, le concubinage marquait le summum de la vie de couple.

    J’étais végétarienne, il ne jurait que par le foie de veau.

    J’aimais voyager partout avec un sac à dos ; il était casanier, n’était jamais sorti de sa région et refusait l’aventure.

    Je détestais les policiers et l’autorité, il était lieutenant de police. 

    J’étais matinale, il dormait jusqu’à midi lorsqu’il le pouvait.

    Je rêvais en permanence, il avait les pieds sur terre.

    J’avais une âme d’artiste, il ne comprenait rien. Il me disait de cesser de vouloir vivre mes rêves, d’abandonner mes passions, parce que la seule chose qui importait c’était s’ancrer dans la société, travailler comme une acharnée pour gagner de l’argent. Écrire, lire, rêver, ça ne rapportait rien. Il avançait que je n’étais qu’une bobo, je rétorquais que je préférais être une bobo plutôt qu’un beau beauf.

    Je l’avais rencontré vierge, j’avais connu des dizaines d’hommes.

    Tout nous opposait. César avait juste été là au bon moment, il m’avait rassurée quand j’en avais eu besoin.

    Cette histoire ne pouvait pas marcher, j’étais la seule à le voir. Il m’aimait seulement, parce que j’étais belle et qu’il était content de m’avoir. Il m’aimait pour de mauvaises raisons, je restais pour de mauvaises raisons.

    Je n’avais pas envie d’être seule, il était dévoué et exécutait tous mes désirs. Ça ne suffisait pas à faire mon bonheur, ça ne suffirait jamais.

    Je n’arrivais pas à le quitter, j’essayais de semer des indices, de le préparer doucement à une rupture. Je lançais plusieurs phrases assassines qui auraient dû l’avertir : « Inutile de prévoir l’été prochain, de l’eau aura coulé sous les ponts » ; « Tu sais, ça ne durera pas » ou encore « J’ai des doutes sur notre relation ».

    Je me réinscrivis sur des sites de rencontre : une envie soudaine d’ailleurs. Je ne me souvenais plus des autres hommes, je voulais raviver ma mémoire.

    J’eus des rendez-vous alcoolisés, des débats passionnés et des baisers furtifs. Je ne couchais pas, « embrasser n’est pas tromper » me répétais-je.

    Ça ne me suffisait toujours pas, je ne pouvais pas rester, je ne pouvais plus. C’était au-dessus de mes forces, je manquais quelque chose. Je m’ennuyais, ma vie ne pouvait pas se résumer à César.

    Un jour, je franchis le cap. J’avais rencontré un kinésithérapeute. Il m’avait massée longuement, lécher le clitoris comme jamais, j’étais plus qu’excitée et il m’avait pénétré plusieurs fois.

    C’était différent et c’était mieux. Rien de sérieux, mais je devais quitter César. J’avais beaucoup plus de points communs avec n’importe quel inconnu qu’avec César. Les contraires s’attiraient, ils ne survivaient jamais. Désormais, je le savais.

    Je cherchais à rompre.

    — Ça ne fonctionne plus, c’est fini, lâchai-je lors d’un repas.

    Sa fourchette heurta le carrelage dans un fracas métallique.

    — Pourquoi ? Je ne comprends pas. Tout va bien entre nous.

    Il se mit à pleurer. Je ne savais plus quoi faire. Je rétractai ma rupture en prétendant qu’il me fallait réfléchir. J’avais déjà réfléchi, c’était fini. Je ne savais pas rompre et il m’étouffait. Il se leva de table et vint se serrer contre moi brandissant ses tentacules de calamar.

    — Je t’aime ma chérie, je t’aime.

    Je ne répondis pas, il me fallait m’en débarasser. Je ne supportais plus cette niaiserie.

    Son téléphone sonna, il me lâcha. C’était sa mère, rien d’étonnant, elle l’appelait tous les jours, peu avant de dormir. La conversation durait, en principe, une heure. Il lui racontait sa journée en détail. Si elle n’appelait pas, il s’inquiétait et finissait par composer les chiffres qui le menaient vers la voix de sa geôlière d’existence.

    Il dormit chez moi, malgré mes efforts pour l’en dissuader. Plus il me serrait contre lui, plus je le repoussais. Son corps mou et moite à mes côtés me donnait envie de gerber.

    Je ne le vis pas pendant une semaine. Je prétextais des obligations, je m’inventais des amis imaginaires à voir impérativement. Ça devait cesser, je pouvais plus m’excuser, j’avais besoin de ma liberté.

    J’essayais de rompre en douceur dans un long mail :

    « César,

    Je te remercie d’avoir été là pendant un an. Tu as tenté de réchauffer mon cœur frigorifié, tu m’as fait garder la raison quand je la perdais, tu m’as réconfortée, tu as écouté mes plaintes. Tu as été un ami plus qu’un amant.

    J’ai réalisé que la tendresse ne permet pas de construire une relation. J’aspire à la passion, au frisson et à la déraison. Hélas, tu ne peux m’offrir ces éléments.

    Tu trouveras une fille pour toi quelque part, mais il te faut t’endurcir, te détacher de ta mère et arrêter d’être si gentil.

    Je n’ai jamais aimé les hommes gentils, je préfère de loin les connards sûrs d’eux qui me rejettent aux sucres d’orge m’accueillant à bras ouverts.

    J’ai le regret de t’informer, par la présente, que je ne veux plus que tu fasses partie de ma vie. Je ne t’accorde aucun préavis, j’ai déjà trop repoussé l’échéance.

    Bien à toi,

    Madeleine. »

    Dix minutes plus tard, je reçus la réponse suivante :

    « Madeleine,

    Je n’ai pas compris ton mail. Je pense que tu es fatiguée. Je passe chez toi, ce soir.

    De gros bisous.

    Je t’aime, mon amour ».

    J’étais au bureau. Je travaillais comme juriste stagiaire dans une entreprise peu reluisante.

    Je sautais de ma chaise en hurlant aussitôt après avoir fini ma lecture. Ma chef me regarda, interloquée. Je me rassis. Je pris ma tête entre mes mains, ce n’était pas possible.

    Je devais rompre, il devait comprendre que je ne l’aimais pas, que je ne l’avais jamais aimé. J’étais coincée dans cette cellule sirupeuse depuis un an, je devais m’en extirper.

    Qu’est-ce que je pouvais faire ?

    Je lui reprochais sa gentillesse. Il m’avait contaminé, je devenais gentille, un fragile cœur d’artichaut. Pourquoi me mettais-je à faire preuve d’empathie ?

    Je n’en avais jamais eu, jusqu’ici, les hommes avaient été interchangeables.

    Je me sentais faible. Qu’est-ce qu’il n’avait pas compris dans mon mail ? C’était tout à fait clair. J’en composais un nouveau. Énervée, je m’excitais sur les touches du clavier, comme si les frapper fort aurait eu un impact sur lui :

    « César,

    Je romps, c’est terminé.

    Je ne t’aime PAS. ».

    Là, il devait comprendre. J’avais laissé tomber les flatteries. La mauvaise nouvelle tomberait seule comme un couperet. Je le confrontais directement à la brusque réalité, sans emballage. Notre histoire était terminée.

    Vingt minutes plus tard, je reçus un nouveau mail :

    « Mon amour,

    Tu es la femme de ma vie, je passe ce soir et nous en parlerons. Tu réagis sur un coup de tête, je ne t’en tiens pas rigueur.

    Tu as tes règles ?

    Je t’aime et je te fais plein de gros bisous partout. ».

    Abruti, abruti, quel idiot ! Il me répugnait, il me dégoûtait. J’espérais pour sa santé mentale que ce n’était qu’une stratégie. Je ne voulais pas de lui chez moi, je ne voulais plus le voir.

    Ce soir-là, j’avais prévu de regarder un film d’auteur avec l’un de mes nouveaux amants. Je me sentis obligée d’annuler pour rompre dans la décence, même si je n’en avais pas envie. Je détestais être celle qui mettait fin à une relation, j’avais l’impression d’être un monstre d’égoïsme. Après un an de relation, j’étais pourtant bien obligée de rompre, je voulais vivre ma vie.

    Le soir venu, il sonna à l’interphone, puis à la porte. La sonnerie était pressante. Occupée, je mis un peu plus de temps que d’ordinaire à répondre, il tambourina comme un forcené :

    — Madeleine, je t’aime ! Je t’aime !

    Je lui ouvris et il me tendit ses lèvres disgracieuses, je lui fis la bise. Il tenta de poser ses affreuses pattes d’ours autour de ma taille, je le repoussais.

    — Je ne sais pas pourquoi tu es venu, c’est fini ! m’exclamai-je.

    Je ne pris même pas la peine de le faire s’installer sur une chaise, nous restâmes dans le hall.

    — Tu dis n’importe quoi ! hurla-t-il.

    Ses tentacules s’enroulèrent autour de moi malgré mes protestations, il mit sa

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