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Elvis et Ginger: L’histoire de la fiancée et le dernier amour d’Elvis Presley
Elvis et Ginger: L’histoire de la fiancée et le dernier amour d’Elvis Presley
Elvis et Ginger: L’histoire de la fiancée et le dernier amour d’Elvis Presley
Ebook542 pages8 hours

Elvis et Ginger: L’histoire de la fiancée et le dernier amour d’Elvis Presley

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About this ebook

Elvis Presley et Graceland étaient extraordinaire dans la vie de Ginger Alden, malgré qu’elle soit née et qu’elle ait grandie à Memphis, Tennessee. Elle ne savait pas qu’elle allait jouer un rôle dans cet héritage et sa relation durable de fiancée d’Elvis Presley, sans oublier son dernier grand amour. Pendant plus de trois décennies, Ginger a préservé la vérité de leur relation étroite avec l’amour de sa vie. Aujourd’hui, elle partage son histoire unique, et alors que plusieurs choses ont été écrites sur le roi, l’Elvis que nous découvrirons dans cette biographie sera une révélation. Dans ses propres mots, Ginger nous racconte leur tourbillon amoureux, leur premier baiser et sa proposition de mariage étonnante. Elle explique son exploration des religions orientales, sa perception d’être de type «légende», son dévouement à la famille et les amis, et sa tentative d’adhésion au groupe insulaire entourant Elvis. Pour la première fois, elle parle de la fin dévastatrice de tout cela, et les 50 000 personnes en deuil ainsi que les journalistes qui sont descendus sur Graceland en 1977, exposant Ginger à la réalité de la vie sous les projecteurs, lui montrant la vie immortelle que laissera Elvis. Au-dessus de tout cela, Alden sauve Elvis des rumeurs et spéculations que les médias laissent planer de la dernière année en dévoilant la lumière franche et personnelle concernant la légende très populaire. Du point de vue unique et intime, elle révèle l’homme compliqué, romantique, faillible et humain derrière le mythe persistant, une superstar adorée par des millions de personnes et aimée par Ginger Alden.
LanguageFrançais
PublisherÉditions AdA
Release dateJan 22, 2016
ISBN9782897529239
Elvis et Ginger: L’histoire de la fiancée et le dernier amour d’Elvis Presley

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    Elvis et Ginger - Ginger Alden

    tous…

    remerciements

    Merci à mon agent, Frank Weimann, pour la lettre qu’il m’a envoyée, car il avait compris que la véritable histoire de ma relation avec Elvis n’avait toujours pas été racontée. Ma plus profonde gratitude à tous les employés du Berkley Publishing Group pour m’avoir aidée à faire revivre mes souvenirs. Un merci spécial à Leslie Gelbman, éditrice, et à ma rédactrice, Denise Silvestro, pour sa patience, ses conseils et son expertise durant tout mon parcours parsemé de grandes émotions. J’apprécie toute l’aide que j’ai reçue de l’assistante éditoriale, Allison Janice, et un gros merci à Holly Robinson pour nos entretiens et pour l’aide qu’elle m’a apportée en me guidant à maintes reprises par rapport à ce qui devait être dit. Un grand merci à la réviseure, Candace B. Levy, et au département chargé de la conception du livre, et mes sincères remerciements au département de la publicité, tout particulièrement à Heather Connor et à Diana Franco.

    À Peggy, Teri, Rachael, Jeanine, Cindy et Louise, à vos amitiés auxquelles je tiens, et merci pour votre encouragement, votre soutien et pour m’avoir toujours prêté une oreille attentive durant les années passées. Je vous aime tous…

    Ma profonde gratitude envers mon cousin David Spencer, Russ Howe, Shantay Wood, Bob Klein, Keith Alverson et Ronnie Bell, pour avoir utilisé leurs photos et m’avoir assistée avec les autres. Ma profonde appréciation à l’égard des admirateurs et admiratrices d’Elvis pour vos encouragements et votre soutien, et tous mes remerciements pour votre amour infini envers Elvis.

    « Quand l’amour vous fait signe, suivez-le.

    Bien que ses chemins soient rudes et escarpés. »

    « Vous donnez peu lorsque vous ne donnez que de vos biens.

    C’est en donnant de vous-mêmes que vous donnez véritablement. ¹ »

    — Kahlil Gibran, extraits du recueil Le Prophète

    1. N.d.T.: Traduction libre.

    note de l’auteure

    Un après-midi du mois de septembre 2001, j’étais sur la terrasse située sur le côté de ma maison, dans l’état de New York. L’année scolaire venait juste de commencer, et j’attendais l’autobus jaune qui s’engageait habituellement à cette heure-ci dans notre rue en grondant pour ramener mon fils, Hunter, à la maison.

    Quand l’autobus est arrivé au bout de notre entrée de garage, les portes se sont ouvertes, et Hunter en est sorti en bondissant et a couru vers moi en portant une paire de lunettes surdimensionnées qu’il avait emportées plus tôt ce matin.

    — Il y a des enfants dans l’autobus qui m’ont appelé Elvis ! s’écria-t-il, à bout de souffle. Qui est Elvis ?

    J’ai été étonnée de constater que des enfants aussi jeunes que le mien savaient qui était Elvis. La question d’Hunter m’a prise au dépourvu. Je n’étais pas prête à révéler l’existence d’une relation très spéciale que j’avais eue dans le passé à mon fils, dont la naissance sept ans plus tôt avait été prévue pour le 16 août, le jour même de la mort d’Elvis. Hunter est arrivé avec quatre jours de retard, m’épargnant l’ironie de voir un événement tellement heureux coïncider avec la date d’un événement aussi tragique dans ma vie.

    Cet après-midi-là, j’ai raconté à Hunter la plus simple vérité.

    — Elvis était un artiste très célèbre, dis-je.

    J’ai poussé un profond soupir de soulagement quand il est entré à l’intérieur, apparemment satisfait de ma réponse.

    Cependant, comme l’année avançait, Hunter a voulu en savoir davantage sur Elvis et s’est mis à me poser des questions de temps en temps :

    — Quel genre de coiffure portait-il ? Quel genre de musique chantait-il ?

    Je savais que ces questions devaient être provoquées par des conversations à l’école. Pourtant, j’ai continué à lui faire des réponses courtes et simples, sachant très bien qu’un jour je devrais lui en dire plus.

    À la fin de l’année scolaire, j’avais décidé d’en raconter un peu plus au sujet d’Elvis et moi. Je ne savais pas vraiment par où commencer. Il me semblait étrange de parler avec lui d’un homme que j’avais aimé bien longtemps avant de rencontrer son père.

    Ne sachant pas quelle serait la réaction de mon fils, j’étais un peu nerveuse et je ressentais un tremblement involontaire. Je n’avais pas parlé d’Elvis depuis longtemps.

    — Cette personne au sujet de laquelle tu m’as posé des questions, Elvis, eh bien, maman l’a connu, ai-je dit avant de marquer une pause.

    Je ne me sentais pas suffisamment à l’aise pour lui dire qu’Elvis et moi avions été fiancés, et j’ai simplement ajouté :

    — Elvis était un homme très gentil que j’ai rencontré il y a bien longtemps. C’était quelqu’un qui aimait beaucoup chanter et rendre les gens heureux.

    Je m’attendais à ce qu’il me pose d’autres questions, mais il s’est contenté de dire « Super ! ». En le regardant s’éloigner pour aller jouer, j’ai commencé à penser que toute l’appréhension que j’avais ressentie à l’idée d’entamer cette conversation avec lui était inutile. Pour lui, tout était simple. Pour moi, c’était très compliqué.

    J’avais noté mes souvenirs d’Elvis peu de temps après son décès comme une façon de m’accrocher à lui. J’avais senti que je devais accorder quelques interviews de temps en temps, mais j’avais toujours gardé pour moi-même la véritable histoire et les détails intimes de la période de temps que nous avions passée ensemble. J’ai avancé avec ma vie mais, au fil du temps, j’ai été choquée et blessée de voir ces spéculations, ces exagérations et ces mensonges concernant Elvis, moi et notre relation qui était injustement racontée par les quelques personnes qui formaient l’entourage d’Elvis — des personnes que j’avais à peine connues, et certaines que je ne connaissais pas du tout. Certaines de leurs histoires étaient alors relevées et reprises par d’autres auteurs pour alimenter leur propre biographie d’Elvis. De nombreux livres ont fait du sensationnalisme et ont même inventé qu’Elvis souffrait de dépression et qu’il avait même connu une descente aux enfers durant la dernière année de sa vie. Cependant, Elvis, tel que je le connaissais, ne ressemblait pas du tout au portrait qui était fait de lui dans les médias. Il considérait sa relation avec moi comme un nouveau départ et était excité à la fois par notre relation et par ce que l’avenir nous réservait.

    Je savais que j’avais une histoire à raconter, mais j’ai compris qu’il me faudrait beaucoup de temps et d’énergie émotionnelle pour écrire la vérité au sujet de ma relation avec Elvis.

    Quand j’ai donné naissance à mon fils, je lui ai consacré tout mon temps car il était devenu ma priorité. J’ai senti que je ne pourrais pas être présente pour lui et jouer mon rôle de mère si je choisissais d’écrire un livre d’une telle intensité personnelle. Quand mon fils est allé à l’université, j’ai su que le moment était finalement bien choisi et j’ai donc commencé à rassembler mes souvenirs. Cette démarche promettait d’être une aventure exigeante et extrêmement émotionnelle.

    Elvis permettait à de nombreuses personnes d’entrer et de sortir de sa vie, et il développait une relation différente avec chacune d’elles au fur et à mesure que ses besoins et ses désirs évoluaient au fil des années. J’étais le dernier amour sérieux qu’il garderait au fond de son cœur. Notre rencontre avait été un merveilleux hasard qui m’avait propulsée dans une vie nouvelle pendant neuf mois, durant lesquels j’ai appris à connaître un homme très compliqué et très intense. Les raisons pour lesquelles je suis tombée amoureuse d’Elvis ne cadrent pas vraiment avec une liste ordonnée et facilement catégorisable ; je sentais que mon cœur avait des choses à me dire : je voulais me marier avec Elvis et passer ma vie avec lui car je l’aimais pour son bon cœur et son esprit généreux et gentil.

    Ce livre relate le parcours tourmenté d’une femme amoureuse d’un homme — et aimée par cet homme — que la majorité des habitants de la planète ne pouvaient qu’admirer de loin. Elvis pouvait se montrer difficile par moments, mais, à mon avis, sa bonté et son esprit aimant compensaient largement pour ses défauts. J’ai fait de multiples expériences durant les quelques mois bien remplis que j’ai passés avec Elvis, et notre histoire d’amour dépasse toute description normale.

    Pour dire les choses simplement, il est presque impossible de comprendre l’impression que l’on ressent lorsqu’on est attiré dans l’orbite d’un homme aussi charismatique que l’était Elvis. Elvis avait sa propre force d’attraction, et son univers était totalement différent de tout ce qu’une personne moyenne est susceptible d’expérimenter ou même d’approcher brièvement, à l’exception de quelques personnes choisies dans l’histoire, ayant suffisamment de chance pour évoluer dans l’entourage de super vedettes ou de gens au destin hors du commun qui se posent de temps en temps sur notre planète.

    La première fois que j’ai rencontré Elvis, j’étais une jeune femme impressionnable qui venait d’avoir 20 ans. Il avait 41 ans et voulait m’apprendre beaucoup de choses. Une des leçons qu’il m’enseigna et qui s’avéra la plus précieuse dans les mois douloureux qui allaient suivre sa disparition était la suivante : si quelque chose te tracasse ou si les gens disent des choses fausses à ton sujet, « passe par-dessus et n’y pense plus », m’a conseillé Elvis.

    Il était toujours prompt à faire remarquer qu’il est beaucoup plus sain de laisser les choses aller que d’y penser sans cesse si elles vous mettent en colère ou vous rendent malheureux. Il faisait référence à des choses moins dérangeantes en ajoutant habituellement que « le fond de l’histoire est plus important ».

    C’était un conseil puissant, venant d’un homme dont la nature sensible ne lui permettait pas toujours de suivre ses propres recommandations et de se comporter avec une telle sagesse. Cependant, même si je m’étais accrochée autant que j’avais pu, après sa mort, à la règle qu’il m’avait recommandée — « passe par-dessus et n’y pense plus » —, il m’avait finalement été impossible de m’en sortir indemne après les indiscrétions, les rumeurs et les mensonges qui s’étaient propagés suite à son décès.

    Quelques personnes avaient même osé qualifier la dernière année de vie d’Elvis de fuite en avant vers le suicide. Il existe un adage bien connu qui dit que « si vous ne pouvez pas vous tailler une place dans l’histoire par votre propre talent, vous pouvez peut-être le faire en assassinant les autres », et c’était malheureusement le chemin qu’avaient choisi de suivre certains individus par l’intermédiaire de livres et d’interviews après la disparition d’Elvis.

    Cette fausse image d’Elvis m’avait profondément blessée, car j’avais pu constater par moi-même que, durant le temps que nous avons passé ensemble, son monde continuait à être principalement rempli d’amour, de sensibilité, de splendeur, d’humour et de générosité. Je ne prétends pas savoir tout au sujet d’Elvis, mais je l’ai connu intimement, d’une façon réservée à très peu de personnes.

    Elvis, un homme aux multiples facettes, avec une passion pour la musique, une soif pour la connaissance et un amour profond pour la famille, les amis, ses admirateurs et admiratrices, n’était pas un homme déprimé et faible. Loin de là : Elvis était un homme qui était excité par la vie et qui, plein d’enthousiasme, faisait des plans pour l’avenir alors qu’il essayait de transformer ses rêves en réalité — une réalité dans laquelle il souhaitait m’épouser.

    Elvis, seuls toi et moi connaissons la vérité, et malheureusement tu n’es pas là pour raconter les faits tels qu’ils se sont déroulés. C’est ce que je vais essayer de faire avec ce livre. Mieux vaut tard que jamais.

    prologue

    Graceland, le 16 août 1977

    Nous refusions tous de perdre espoir.

    Il était un peu plus de 15 h, le mardi 16 août 1977. J’étais assise dans la chambre à coucher de Dodger Presley à Graceland avec quelques membres de la famille d’Elvis, incluant Vernon, son père ; Dodger, la mère de Vernon ; la fille d’Elvis, Lisa ; et ma nièce Amber, qui était devenue amie avec Lisa. Plus les minutes s’égrenaient, plus je sentais mon inquiétude s’accentuer et plus j’avais de la difficulté à respirer.

    Nous étions assis depuis ce qui semblait être une éternité et nous priions en silence pour avoir de bonnes nouvelles. La tension était insupportable. Je ressentis soudain une envie irrésistible de quitter la pièce, comme si le fait de sortir permettrait à mon esprit de s’envoler vers cette période de temps si précieuse, peu de temps avant que je fasse la découverte choquante dans la salle de bain de l’étage.

    Naturellement, je savais que c’était impossible. L’image que j’avais vue resterait à jamais gravée dans ma mémoire.

    Je sortis lentement de la pièce en espérant plus que tout être accueillie par Elvis, qui descendrait les escaliers pour venir à ma rencontre en riant et en disant à tout le monde que c’était une plaisanterie, même si je savais au fond de mon cœur que ce moment, même s’il était difficile, était bien réel.

    Je m’arrêtai un instant dans le vestibule et je remarquai que plusieurs autres personnes priaient dans la salle à manger et le salon. Je récitai alors d’autres prières, fébrilement et toujours en plein déni, car je voulais toujours croire que les médecins de l’hôpital pourraient, par je ne sais quel miracle, sauver Elvis et qu’il serait à mes côtés pour toujours.

    La tante d’Elvis, Nash, m’aperçut. Elle s’approcha de moi et me serra dans ses bras en disant : « Tout va bien aller, Ginger. Il a encore tant de choses à faire. »

    Je ne sais pas si c’était parce qu’elle faisait partie de la famille ou parce qu’elle était une vieille femme qui semblait pleine de sagesse, mais je sentis aussitôt un sentiment de réconfort m’envahir. Je voulais tellement la croire.

    Certaines des craintes sombres qui me hantaient commencèrent lentement à disparaître comme si je voulais me convaincre que la tante Nash devait avoir raison. C’était vrai ! Elvis avait encore beaucoup de choses à faire, et tant de ses rêves ne seraient pas comblés s’il nous quittait maintenant !

    Je retournai dans la chambre de Dodger peu de temps après, avec un peu plus d’espoir que lorsque je l’avais quittée, et je priai de nouveau avec les autres personnes présentes. Lisa jouait près du lit avec Amber et, en les voyant chuchoter toutes les deux, tout semblait presque normal.

    Les téléphones bourdonnaient par intermittence dans toute la maison. Quelque part, quelqu’un répondait aux appels. Chaque fois, toujours sans nouvelles de l’hôpital, je devenais de plus en plus effrayée.

    Soudain, une agitation dans le vestibule attira mon attention. Mon souffle s’étrangla dans ma gorge lorsque je vis le médecin personnel d’Elvis, le docteur George Nichopoulos, qui venait d’arriver.

    Ma dernière étincelle d’espoir s’évanouit lorsque je vis le docteur Nichopoulos entrer dans la pièce avec une grande enveloppe jaune dans les mains. Il secoua la tête en nous regardant, puis il se dirigea vers Vernon et lui tendit l’enveloppe en disant : « Je suis désolé. »

    J’avais l’impression que j’allais cesser de respirer ; j’étais étourdie et je sentais mon pouls qui battait dans mes oreilles. Je regardai fixement l’enveloppe et je ne pus lever les yeux sur le visage du médecin, encore moins sur celui de Vernon, lorsque je compris qu’elle devait contenir les bijoux qu’Elvis portait quand il avait été amené précipitamment de Graceland en ambulance. L’un d’entre eux serait un collier qu’Elvis avait acheté quand nous étions ensemble, une chaîne en or avec les lettres hébraïques chai signifiant vie ou vivre.

    Je me sentais comme anesthésiée, comme si, pas simplement Elvis, mais tout, autour de Graceland et en moi, venait de mourir avec lui. Je ressentais un grand vide au fond de moi.

    Toutes les personnes présentes autour de moi étaient dévastées. Nous pleurions et nous nous serrions dans les bras les uns les autres, cherchant un peu de réconfort dans les étreintes et les larmes. Il était impossible pour n’importe lequel d’entre nous de comprendre qu’Elvis, un homme qui semblait plus grand que la vie, avait pu quitter ce monde.

    Ma tête bourdonnait. J’avais besoin de marcher un peu. Je décidai de quitter la pièce, car je ressentais un besoin impérieux de savoir si le monde extérieur était au courant de ce qui se passait et s’il connaissait notre souffrance.

    Je sortis de la chambre de Dodger et allai me poster à l’une des fenêtres du salon qui donnait sur la façade de la maison. Arrivée là, je jetai un coup d’œil à l’extérieur en écartant légèrement un rideau fermé. Il m’apparut alors clairement que la nouvelle du décès d’Elvis se répandait très vite. Des voitures ralentissaient en passant devant Graceland. Quelques véhicules s’étaient même arrêtés complètement ; les passagers étaient sortis et s’étaient regroupés au milieu du boulevard Elvis Presley.

    Les gens avaient commencé à s’attrouper devant le portail d’entrée et le long de la clôture en pierre de Graceland — une clôture qui n’avait jamais pu séparer Elvis de ses admirateurs les plus fidèles.

    Cette journée avait commencé sous le signe de l’excitation et de l’espoir, pour Elvis et moi, mais elle se terminait dans la douleur et l’incrédulité. À l’âge de 42 ans, mon fiancé, Elvis Aaron Presley, venait de mourir. Le monde autour de moi s’était effrité, et mon cœur était brisé.

    chapitre 1

    Certaines choses dans la vie sont destinées à vous amener à vous demander quelle part de votre avenir est le fait du destin et quelle part est le produit du hasard. Pour ma famille, l’armée des États-Unis a été un catalyseur.

    En 1943, le monde était en guerre, et mon père, Walter Alden, fut mobilisé dans l’armée. Ma mère, Jo Spencer, s’engagea dans la Women’s Army Corps, et ils furent tous les deux postés à Fort Stewart en Georgie. Deux ans après leur rencontre à la station-service de la base, un jour fatidique, ils se marièrent. Onze mois plus tard, mon frère, Mike, naissait et, cinq ans plus tard, ma sœur, Rosemary, voyait le jour.

    Mon père décida de faire carrière dans l’armée, et, en 1951, ils s’installèrent à Memphis dans l’état du Tennessee. Memphis abritait de nombreux artistes du domaine musical de grand talent, mais, au milieu des années 1950, Elvis Presley avait commencé à faire connaître notre ville aux quatre coins de la planète.

    En 1955, l’année de naissance de ma sœur Terry, ma famille vivait dans un immeuble situé sur Getwell Road, sans savoir qu’Elvis vivait à environ cinq pâtés de maison de là. Un jour, mon frère descendait à bicyclette la rue Stribling lorsqu’il reconnut Elvis au volant d’un camion à plateau qui passait près de lui. Elvis lui adressa un sourire et le dépassa lentement. Mike le suivit vers l’avenue Dunn jusqu’à ce qu’Elvis tourne et qu’il le perde de vue. Mon frère dit plus tard à mes parents :

    — Il m’a probablement souri parce que je l’ai regardé.

    Comme mon frère, la plupart des habitants de Memphis étaient très fiers qu’Elvis ait choisi d’habiter dans leur ville. Je naquis le 13 novembre 1956, à l’hôpital naval de Millington au Tennessee et je grandis en ressentant cette fierté, même durant mon enfance.

    En 1957, mon père, ayant maintenant le grade de sergent première classe, s’occupait des relations publiques et du recrutement pour l’armée. Il travaillait en étroite collaboration avec le conseil de révision de Memphis au sein duquel il informait et prévenait les jeunes que, s’ils s’enrôlaient, ils pourraient bénéficier d’occasions spéciales. Plus tôt cette année-là, le conseil avait annoncé qu’Elvis serait probablement appelé sous les drapeaux. Tous les départements militaires s’étaient mis à faire des offres en essayant de le faire enrôler dans leurs rangs.

    Espérant parler avec Elvis au nom de l’armée, mon père se rendit à Graceland, la maison qu’Elvis venait d’acheter, seulement pour se faire dire qu’Elvis était absent. Avant que mon père ait pu retourner à Graceland, il fut informé qu’Elvis avait décidé de ne pas s’engager et qu’il attendrait d’être appelé avec la conscription. À la fin de l’année, Elvis reçut son avis de rattachement à l’armée des États-Unis.

    Au matin du 24 mars 1958, Elvis arriva avec ses parents, Gladys et Vernon, au bureau du conseil de révision situé à l’intérieur de l’immeuble M&M du centre-ville de Memphis. Après avoir été enregistrés, Elvis et les autres recrues montèrent à bord d’un autobus pour aller passer des examens médicaux au centre de recrutement principal pour l’armée américaine et l’armée de l’air au Kennedy Veterans Hospital. Peu de temps après leur arrivée, ils furent dirigés vers une salle de réception où ils prirent place sur des chaises disposées en rangées derrière de longues tables.

    Dans cette salle, celui qui allait devenir le soldat Elvis Presley posa pour la première fois les yeux sur mon père, qui entra dans la pièce et prit la parole pour expliquer aux nouveaux appelés ce qui allait se passer. Mon père avait fini son discours et rassemblait ses affaires avant de partir quand Elvis s’approcha de lui.

    — Y a-t-il un endroit dans cet immeuble où je pourrais avoir de la monnaie ? demanda Elvis en expliquant qu’il voulait utiliser un des téléphones payants.

    Mon père fouilla dans sa poche et offrit une pièce à Elvis, qui la prit et le remercia. Elvis passa son examen médical et, l’après-midi même, il fut intégré dans l’armée des États-Unis.

    En raison de la célébrité d’Elvis, la presse couvrit l’événement. Des photographes le prirent en photo en compagnie de mon père pour les journaux, et, toutes les fois que je regarde ces coupures de presse, je suis toujours aussi estomaquée : « Voici un jeune Elvis, et voici mon père. » Ils évoluaient dans des mondes à part, et pourtant, à ce moment, ils étaient reliés pour la première fois.

    Mon père rentra à la maison ce soir-là avec deux photos publicitaires d’Elvis autographiées, l’une portant la mention « Pour Mike » et l’autre, « Pour Rosemary ». Avant d’aller se coucher, il inscrivit à l’intérieur du petit carnet d’autographes de ma sœur : « Aujourd’hui, 24 mars 1958, j’ai serré la main d’Elvis Presley. »

    La mère d’Elvis tomba malade et, au mois d’août, l’armée lui accorda une permission spéciale afin qu’il puisse retourner la voir à Memphis. Sa mère mourut le 14 août 1958, et sa permission fut prolongée afin qu’il puisse assister à ses obsèques. Le 7 mars 1960, après 24 mois de service actif, Elvis retourna de nouveau à Memphis, cette fois en tant que civil, avec 4 ans encore à faire dans la réserve militaire.

    Quelques nuits plus tard, mon père décida de s’arrêter à Graceland après le travail en espérant glaner quelques nouvelles en exclusivité pour un bulletin d’information de l’armée. Il gara sa berline de l’armée près de l’allée de Graceland et marcha vers son portail fermé, devant lequel plusieurs autres personnes étaient agglutinées. Le portail était devenu un endroit populaire où les admirateurs et les admiratrices flânaient et bavardaient en espérant apercevoir Elvis.

    Mon père vit Elvis dans l’allée, en compagnie de quelques autres personnes, parlant à un adolescent avec la main bandée.

    Quand il remarqua la présence de mon père, toujours vêtu de son uniforme de l’armée, il cria « Laissez-le entrer » à un garde qui se tenait près du portail.

    Mon père apprit qu’Elvis avait aidé l’adolescent deux nuits plus tôt, quand il avait eu un accident de moto près de Graceland, et que l’adolescent était revenu pour le remercier. Mon père avait eu de la chance ; non seulement il avait réussi à voir Elvis, mais il avait maintenant une histoire à raconter.

    Mon père s’arrêta à Graceland plusieurs fois au cours de l’année qui suivit en compagnie d’un ami, un reporter pour le Memphis Press-Scimitar, qui était, lui aussi, à la recherche de nouvelles exclusives concernant Elvis. Ils se lièrent d’amitié avec un des gardes de la propriété nommé Travis Smith, qui s’avéra être l’oncle d’Elvis. Un soir, Travis invita mon père à venir avec ma mère rejoindre Elvis dans une salle de cinéma locale appelée le Memphian, où Elvis offrait souvent des séances de cinéma aux membres de son entourage — c’était pour lui la seule façon de regarder un film loin des regards de la foule.

    Comme Travis l’avait demandé, mes parents se rendirent à Graceland et attendirent dans la voiture près du portail d’entrée. Peu de temps après, quelques autres voitures émergèrent de l’arrière de la maison et, alors qu’elles quittaient l’allée, mon père se faufila derrière elles et les suivit.

    Il était bien après minuit quand mes parents arrivèrent devant la salle de cinéma dont le panneau d’affichage était éteint, ce qui signifiait qu’il était fermé au public. Ils virent Elvis et quelques autres personnes qui descendaient déjà de leur voiture en discutant, et ils s’approchèrent. Reconnaissant mon père, Elvis lui donna une poignée de main, et mon père lui présenta ma mère.

    Le groupe entra bientôt dans le hall, et Elvis se dirigea vers le comptoir à friandises tandis que mes parents et quelques autres invités entraient dans la salle pour prendre place. Peu de temps après, Elvis descendit l’allée en tenant une boîte de maïs éclaté. Remarquant une nouvelle fois mon père, il lança en plaisantant :

    — Eh, Sergent, je suis prêt à retourner dans l’armée.

    Mon père répliqua :

    — Nous serions heureux de vous voir revenir.

    Elvis regarda deux films cette nuit-là, et ce n’est qu’aux petites heures du matin que tous quittèrent le cinéma.

    Quelque temps après, Travis invita mes parents pour une deuxième sortie en leur expliquant qu’Elvis allait louer le parc d’amusement Fairgrounds Amusement Park de Memphis et que les amis et les convives étaient invités à emmener leurs enfants. Travis et son épouse allaient être présents cette fois, et il informa mon père du lieu et de l’heure du rendez-vous pour les retrouver après la fermeture du parc au public.

    J’avais cinq ans quand j’allai au parc d’amusement avec mes parents ce soir-là. Même si j’étais trop jeune pour en garder beaucoup de souvenirs, cette soirée fut une expérience mémorable pour toute ma famille. Mon frère et un de ses amis vinrent séparément, avec leur propre voiture. Un garde de sécurité nous laissa à l’entrée du parc d’amusement où nous attendîmes en compagnie d’autres invités.

    Travis arriva et présenta son épouse, Lorraine, à mes parents. Peu de temps après, une voiture noire ralentit devant l’entrée, et le garde de sécurité lui fit signe d’entrer. La voiture s’arrêta, et Elvis en descendit, vêtu d’une chemise noire avec un pantalon noir et portant une casquette blanche de capitaine. Je me rappelle très nettement avoir vu Elvis serrer des mains et avoir pensé qu’il devait être quelqu’un d’important, car son visage ressemblait à celui que j’avais vu sur des pochettes de disques à la maison.

    Mes parents saluèrent Elvis et, pendant que mon père nous présentait l’un après l’autre, Elvis serra la main de Mike et de Rosemary, et caressa les cheveux de Terry et de moi, Ginger. Quand ma mère mentionna que mon frère prenait des leçons de guitare, Elvis plaisanta :

    — J’en ai une à la maison qu’il pourrait prendre, parce que je ne sais pas en jouer.

    Tout le monde éclata de rire, puis le groupe s’avança à l’intérieur et suivit Elvis vers les grandes montagnes russes en bois (une attraction qui resterait une de ses préférées). Elvis grimpa dans la première voiture avec son amie, Bonnie Bunkley, et, comme les sièges commençaient à se remplir, Travis s’approcha de ma mère et lui demanda :

    — Voulez-vous faire un tour avec moi ?

    N’étant jamais montée dans les montagnes russes auparavant, elle accepta à condition qu’il trouve une place dans un wagon où elle serait en sécurité et où elle n’aurait pas trop peur. Ils se retrouvèrent dans le dernier wagon qui est, ce que ma mère ignorait, bien connu pour être celui qui secoue le plus.

    Mon père et Lorraine Smith s’installèrent dans le wagon juste devant eux, tandis que mes frères et sœurs et moi restions en bas pour les regarder. Des cris de frayeur et des éclats de rire résonnèrent en provenance des wagons qui passèrent à toute vitesse plusieurs fois devant nous avant de s’immobiliser complètement. Quand tous les passagers furent sortis, ma mère, un peu ébranlée mais affichant un sourire, souffla à Travis :

    — Je crois que j’aurais pu avoir une crise cardiaque ici même.

    Elvis poursuivit sa visite du parc avec sa petite amie et quelques amis, alors que mes parents nous emmenèrent, mes sœurs et moi, vers la section réservée aux enfants. Mon frère et son ami décidèrent de flâner seuls dans le parc. Un comptoir à friandises était ouvert pour nous tous, et nous pouvions profiter des attractions aussi souvent que nous le voulions.

    Notre soirée spéciale prit fin beaucoup trop tôt. Mes parents rattrapèrent Travis et Elvis et les remercièrent pour cette formidable soirée. Mike et son ami demandèrent à mes parents l’autorisation de rester plus longtemps et ils rentrèrent à la maison peu de temps avant le lever du soleil. Plus tard, toujours excité, Mike dit à mes parents qu’Elvis et ses amis avaient formé plusieurs groupes et qu’il avait conduit les auto-tamponneuses avec eux. Puis, Elvis avait envoyé quelqu’un de l’autre côté de la rue pour acheter des laits frappés au comptoir de crèmes glacées dont la porte d’entrée était flanquée de chaque côté d’un grand ours polaire et qui s’appelait Polar Bear Frozen Custard.

    Je ne le savais pas alors, mais cette nuit n’était qu’un aperçu de la nature généreuse d’Elvis.

    chapitre 2

    Au début des années 1960, ma famille vivait dans une maison comprenant trois chambres à coucher et une salle de bain dans une des nouvelles banlieues qui se développaient autour de Memphis. Notre maison était située à un demi-pâté de maisons à peine d’un champ de coton qu’un agriculteur et sa mule labouraient de temps en temps, une réminiscence du Vieux Sud. Quand le boom de l’après-guerre avait éclaté, une partie du champ avait été pavée et une station-service construite lorsque la modernisation avait envahi Memphis et que notre maison avait fini par être entourée de centres commerciaux et de comptoirs de restauration rapide.

    Mes parents étaient des travailleurs acharnés et des gens ordinaires. Mon père avait pris sa retraite de l’armée et dirigeait maintenant un magasin à rayons local. Ma mère était gérante d’un magasin de timbres situé pas très loin de notre maison. Tous leurs enfants avaient été baptisés, et mes parents faisaient de leur mieux pour nous élever en nous inculquant une bonne morale et des valeurs solides.

    Durant mon enfance et les premières années de mon adolescence, alors que j’apprenais à lire et écrire et que je découvrais que j’aimais beaucoup les arts, la célébrité d’Elvis continua de grimper en flèche. Il faisait de la musique et des films ; il s’était marié et avait eu un enfant. À l’occasion, quand des proches venaient nous rendre visite à Memphis, ils voulaient voir Graceland. Pour leur faire plaisir, nous faisions un tour avec un gardien de sécurité dans une jeep rose rayée recouverte d’une toile — bien connue à la propriété — en faisant des allers et retours dans l’allée de Graceland. C’était une petite visite de la propriété qui était offerte, en général, quand Elvis était à l’extérieur de la ville.

    J’étais un vrai garçon manqué et je prenais plaisir à faire du patin à roulettes, à monter à cheval et à grimper aux arbres. Je montais souvent sur la moto de mon frère et je faisais semblant de la conduire. Sans tenir compte de l’inquiétude de nos parents, Mike m’emmenait quelquefois faire un petit tour, et j’étais très excitée.

    L’amour de mon frère aîné pour les motos est bien vite devenu ma propre obsession. À l’âge de 14 ans, j’ai harcelé mon père pour qu’il m’achète une mini moto. Mes parents étaient réticents, car ils pensaient qu’ils s’étaient assez inquiétés pour la sécurité de mon frère quand il conduisait sa moto, mais mon père céda, et j’eus ma mini moto. Je continuais à aimer les motos et, quelques années plus tard, j’ai fini par avoir la mienne.

    Cependant, l’art était ma plus grande passion. Je dessinais et peignais sans cesse, et je vénérais mon frère, Mike, un formidable artiste qui avait commencé à prendre des cours d’art à l’université. J’avais une professeure d’art inspirante à l’école secondaire, qui s’appelait madame Murphy et qui s’habillait généralement en violet. Elle portait des lunettes violettes et s’appuyait sur une canne violette. Même ses cheveux argentés semblaient avoir des reflets violets. L’art était pour moi une façon aisée de m’exprimer et, lors de mon adolescence, je me demandais comment je pourrais utiliser ma passion pour en faire une carrière.

    J’aimais également chanter. Avec ma brosse à cheveux en guise de microphone, je revêtais une des anciennes jupes de ma mère et je chantonnais sur des disques variés. Cela ne surprenait personne, car la musique occupait une place centrale au sein de notre famille. Ma mère était une musicienne autodidacte et elle jouait du piano, de la guitare et de la mandoline. Son père avait été pasteur d’une petite église de l’Arkansas et, ayant été spirituellement influencée par ses deux parents, elle jouait en général des hymnes religieux au piano.

    Ma mère appréciait des styles de musique différents, qui allaient de la musique classique à la musique religieuse, et, quand elle était à la maison, on entendait les voix de Dean Martin, Bing Crosby, Engelbert Humperdinck, Tom Jones, et oui, Elvis, qui résonnaient de la stéréo installée dans notre salle de séjour. Son amour pour la musique avait rejailli sur nous. Terry s’intéressa au piano et commença à prendre des leçons et à répéter avec ardeur. À 13 ans, je commençai à prendre des leçons de chant. Je savais un peu jouer du piano à l’oreille et, de temps en temps, je m’amusais avec une grosse guitare rouge que l’on m’avait donnée mais, en général, je préférais chanter et je persécutais Terry pour qu’elle m’accompagne au piano. Bien que nos parents ne soient pas riches et qu’ils aient quatre enfants à nourrir et à habiller, ils savaient se montrer généreux et trouvaient les moyens de nous faire prendre des leçons de musique quand nous en exprimions le désir.

    Quand ma mère jouait du piano, je flânais et je restais près d’elle pour chanter. Mon père et mes sœurs venaient me rejoindre à l’occasion, faisant de ces moments quelques-uns de mes meilleurs souvenirs. Plus tard, quand les répondeurs téléphoniques furent inventés, ma mère, mes sœurs et moi enregistrâmes un message chanté en harmonie sur un coup de tête. Des amis déclarèrent que nous chantions exactement comme les Andrew Sisters.

    Même si j’aimais beaucoup chanter, j’étais également trop complexée et je m’inquiétais trop de ce que les autres pourraient penser pour me produire en public. Je demandais aux membres de ma famille de détourner les yeux pendant que je répétais et je leur demandais même de ne pas venir assister à mes représentations. Je continuai à prendre des leçons de chant pendant toutes mes études secondaires, puis j’abandonnai, car je ne réussissais pas à surmonter ma grande timidité. Je décidai qu’il était préférable de laisser cette passion rester une fantaisie de mon enfance, bien à l’abri dans mon passé.

    Malgré mon côté garçon manqué, nous avions l’habitude, ma sœur Terry et moi, de découper des photos des mannequins que nous aimions dans le magazine McCall’s et dans le catalogue Sears pour en faire des poupées de papier. Comme des adolescentes, nous pensions alors : « Waouh, ça doit être super d’être mannequin. »

    À 16 ans, je vis enfin mon premier mannequin vivant et j’eus un aperçu du monde qui existait au-delà des limites de Memphis quand j’assistai, avec Rosemary et son amie au magasin Lowenstein du centre-ville, aux auditions pour un concours appelé « Le mannequin de l’année ». Le concours était organisé par Stewart Cowley, le propriétaire d’une agence de mannequins de New York.

    Debout au milieu de la foule rassemblée pour voir les participantes, je fus fascinée par la vue d’un mannequin qui était assis à côté de monsieur Cowley et qui l’aidait à interviewer les participantes. Cette fille était extrêmement mince, et ses cheveux noirs étaient coupés très courts. Dans mon esprit, elle représentait tout ce que devait être un mannequin dans la ville de New York.

    Après avoir balayé la salle du regard, monsieur Crowley se leva et se dirigea vers nous. Il s’approcha de moi et me demanda :

    — Pourquoi ne participez-vous pas au concours ?

    Il me tendit un formulaire d’inscription et retourna s’asseoir à sa table.

    Je commençai à remplir le formulaire d’une main tremblante. J’étais excitée, mais je n’étais pas préparée à ceci. Rosemary me conseilla de remettre personnellement le formulaire à monsieur Crowley et me dit :

    — N’oublie pas de sourire.

    Elle avait plus confiance en moi que moi-même. Je rendis le formulaire mais, lorsqu’il vit mon âge, monsieur Crowley me demanda de revenir quelques années plus tard, car il fallait avoir 18 ans pour s’inscrire.

    Quelques semaines plus tard, par l’intermédiaire d’amies, je posai pour présenter des vêtements avec deux autres filles durant une brève séquence de l’émission Talent Party, qui faisait découvrir des groupes de musique. Mon intérêt pour le mannequinat m’avait aidée à surmonter toutes mes peurs. Quelqu’un qui me vit dans cette émission me contacta et m’engagea peu de temps après pour apparaître dans un annonce publicitaire de la chaîne de télévision de ma ville natale. J’occupais également deux emplois à temps partiel après l’école : je travaillais dans un restaurant durant les fins de semaine et je décorais les vitrines d’une boutique de robes. Je considérais ce dernier travail comme un apprentissage et comme un premier pas dans le domaine artistique.

    Mon intérêt pour l’art se poursuivit durant toutes mes études secondaires, et je commençai à présenter mes tableaux dans des concours d’art locaux où je gagnai même des récompenses. J’obtins mon diplôme en 1974 avec une bourse pour m’inscrire dans une université à l’automne. Je choisis le Memphis Academy of Art, un petit collège privé d’art et de design. Lorsque je commençai à suivre les cours, j’abandonnai mon emploi au restaurant, mais conservai celui à temps partiel à la boutique de robes.

    J’étais une des plus jeunes étudiantes de mes cours. Entre les cours de dessin, de sculpture et de poterie, je fus vite débordée et légèrement dépassée. Même si mes professeurs, mes amis et les membres de ma famille me disaient que j’avais du talent, et je les croyais jusqu’à un certain point, le programme d’études du collège privé s’avérait trop intense pour moi. Désirant ralentir et planifier mon avenir une étape à la fois, je décidai alors de prendre un congé sabbatique du collège d’art après ma première année. J’espérais trouver une avenue différente qui pourrait me mener à une future carrière dans le domaine artistique.

    Au printemps 1975, Terry vit une annonce pour le concours de Miss Memphis. Les concours étaient des événements importants dans le Sud, et elle décida d’y participer. Elle remporta le titre de première dauphine. Elle avait trouvé le défi stimulant et amusant et, à la fin de cette année, elle m’encouragea à m’inscrire au concours de Miss Tennessee Universe. Je n’avais pas vraiment l’esprit compétitif, mais j’avais conscience que la compétition pourrait m’aider à surmonter ma timidité. Étant donné que je n’avais rien à perdre, je décidai de me lancer au début de l’année 1976. Le titre fut décerné à la sœur du directeur exécutif du concours, et je remportai celui de première dauphine.

    Au mois de février 1976, ma famille emménagea dans une plus grande maison, sur un joli terrain de coin dans l’est de la ville. Mon père assurait toujours la gestion d’un magasin à rayons local, et ma mère travaillait pour l’Agence du Revenu. Mon frère, qui était maintenant pompier, vivait près de chez nous avec son épouse et ses deux filles alors que ma sœur et moi, nous vivions toujours chez nos parents. Rosemary travaillait dans le domaine commercial, Terry suivait les cours à l’Université de Memphis et je travaillais pour la boutique de robes tout en m’occupant des vitrines du magasin.

    La relation de mes parents n’avait pas été au beau fixe durant ces années. Ma mère avait demandé deux fois le divorce en 1974, mais avait retiré sa demande les deux fois, en espérant que les choses allaient s’arranger. Quand mes parents décidèrent d’acheter notre nouvelle demeure, mes frères et sœurs et moi voulûmes croire que c’était le début d’un avenir plus prometteur pour eux deux.

    Au printemps, Terry participa de nouveau au concours de Miss Memphis et remporta le titre. Cela la mena au concours pour devenir Miss Tennessee en juin, et notre famille assista fièrement à son couronnement de Miss Tennessee en 1976. Les concours avaient été excitants, et mes sœurs m’ayant encouragée à m’inscrire, je participai à quelques concours locaux à peu près à la même époque. Je remportai le titre de Miss Traffic Safety et celui de Duchesse dans notre événement annuel Cotton Carnival Ball.

    Le titre de Miss Tennessee valut à Terry d’être invitée cet été-là dans un country-club de Memphis où elle obtint des billets gratuits pour voir le concert que donnait Elvis à notre salle de spectacle locale, le Mid-South Coliseum, le 5 juillet. Étant retenue par des obligations officielles, elle ne put assister au concert et nous donna les billets à ma mère, Rosemary et moi. Personne n’aurait pu imaginer que, dans un avenir aussi proche, le titre de Terry allait m’ouvrir les portes de Graceland et me mener tout droit dans la vie d’Elvis.

    Quand le 5 juillet arriva, j’étais excitée de voir Elvis sur scène pour la première fois. Je ne possédais personnellement aucun de ses albums, mais ma mère avait celui où il chantait du gospel et celui où il chantait des chants de Noël, alors que

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