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CONCLUSION 56
1
GOLDMANN Annie. « Entre tradition et modernité », Les combats des femmes (XXe siècle), p.126
5
vêtements ne sont pas forcément indicateurs d’un progrès ; la tendance des marques touche
aussi les femmes voilées, qu’elles le soient par conviction ou non. Or, comme l’a si bien écrit,
en 1975, l’UNFA (Union Nationale de la Femme Algérienne) dans le numéro 44 de sa revue
El djazaïria, il faut « qu’on juge du progrès d’un pays à la condition qui est faite à la
femme ». De fait, à l’époque, la femme se relevait à peine de toutes les idées négatives la
concernant – dues à une mauvaise interprétation du Coran- qui, en se répandant, l’avaient
amputée de nombre de ses droits pourtant reconnus depuis longtemps.
Entre les combats avancés de la femme en Algérie et au Maroc et les acquis menacés à
tout moment de régression en Tunisie, il ne fait aucun doute que la presse féminine nationale
présente certaines spécificités culturelles dans son fond et/ou dans sa forme. La principale
problématique qui se pose alors est la suivante :
Dans quelle mesure cette presse met-elle en lumière la condition discriminatoire de la femme
dans ces pays ?
La seule démarche possible pour tenter d’y répondre, au vu de la quasi-absence de réflexions
structurées dans le domaine, est la démarche de théorisation. Il est donc primordial d’établir,
avant toute réflexion, une présentation structurée des informations sur le contexte,
l’historique, les acteurs, etc. Ma première partie sera donc consacrée à la condition de la
femme au Maghreb : le carcan religieux et moral dans lequel elle vit, le rôle qu’elle occupe
dans l’espace public et les moyens qu’elle se donne pour être l’égal de l’homme dans tous les
domaines. Après avoir fait le tour de la question féminine, c’est à la façon dont s’adaptent les
supports de presse que je m’intéresserai. Avec tout d’abord un point sur les premiers titres
destinés à la femme et le secteur qu’ils ont fait naître, je poursuivrai sur le marché actuel des
magazines féminins et les moyens qu’il met en œuvre pour attirer une nouvelle clientèle, pour
finir avec les divergences de contenu que l’on peut y trouver. Ma troisième partie pourra ainsi
être consacrée à une étude de cas. En comparant deux revues féminines, l’une noire et l’autre
maghrébine, du même fondateur, j’étudierai leurs spécificités afin de mieux comprendre
comment la première peut être un succès auprès de la population qu’elle vise, et la seconde un
échec, et cela en restant au sein d’un même continent, l’Afrique, et de sa diaspora.
Chaque partie apporte des éléments qui viennent construire et/ou appuyer ma
réflexion, permettant ainsi l’analyse d’un sujet qui n’a pas encore reçu, à mon avis, toute
l’attention qu’il méritait.
Être une femme au Maghreb 6
Partie 1
Le statut des femmes dans les trois pays du Maghreb central (Maroc,
Algérie, Tunisie) est en plein bouleversement. L’émancipation de ces
dernières ne se fait pas au même rythme, d’autant plus que les traditions
sont, de manière quasi-systématique, renforcées par la religion.
Être une femme au Maghreb 7
Le fonctionnement des sociétés maghrébines repose avant tout sur le patriarcat. Aussi,
il n’y a pas si longtemps, les femmes ne sortaient-elles pas de la sphère domestique : leur rôle,
du moins celui socialement valorisé, étant d’assurer une descendance à leur époux, et de
maintenir ainsi la structure familiale. Mudawana au Maroc, Code de la famille en Algérie et
Code du statut personnel en Tunisie, sont autant de textes légiférant sur le droit des femmes à
des degrés plus ou moins avancés.
officialise l’infériorité de la femme, a été révisé le 27 février 2005, faisant ainsi avancer les
droits des Algériennes. Les féministes auraient voulu sa suppression totale, mais c’était
compter sans l’opposition des islamistes et des conservateurs, pour qui les éléments de la
Charia (loi musulmane originelle) qu’inclut ce texte sont immuables. Les amendements ont
pu être apportés « conformément à l’esprit des Droits de l’Homme et de la Charia » (dixit le
président Abdelaziz Bouteflika). En effet, depuis que ceux qui rendaient la justice dans le
monde musulman se sont rendus compte que la Charia ne suffisait pas, il est de coutume de
la faire évoluer selon plusieurs méthodes : la logique, le libre-arbitre, le consensus et le
respect de l’ordre public. Du coup, tandis qu’au Maroc, la femme n’a plus besoin de tuteur
(wali) pour se marier, en Algérie il reste obligatoire, même s’il est choisi par la femme. Pour
Mme Chérifa Kheddar, présidente d’une association féministe, cette réforme « met encore
plus en lumière la condescendance à [leur] égard »1. D’un autre côté, la femme algérienne se
voit supprimer l’interdiction d’épouser un non-musulman, ce qui n’est pas encore d’actualité
chez les Marocains. Pour ce qui est du divorce, du statut du couple et de la répartition des
biens, les deux pays suivent à présent les mêmes règles.
En Tunisie, le Code du statut personnel (CSP) est entré en vigueur le 13 août 1956,
faisant de la femme une citoyenne à part entière, quelques mois après l’indépendance. C’est
ainsi que, grâce à l’ancien président Habib Bourguiba, la répudiation et la polygamie furent
interdites, le divorce légiféré et l’âge minimal pour le mariage fixé. Avant 1956, la seule
législation existante était puisée dans la Charia, « ensemble de lois islamiques tirées du Coran
et des hadith (récits des paroles du prophète) […] et élaborées au cours des deux siècles qui
ont suivi la mort de Mahomet »2. Aussi les dignitaires religieux se sont-ils opposés à certaines
dispositions de ce code contraires au Coran, selon eux. Mais ayant prévu cette réaction,
Bourguiba parvint, après quelques remaniements au sein des experts religieux, à éviter tout
affrontement. Voté avant même la rédaction de la constitution, le CSP donna aux femmes un
meilleur statut que celui des Françaises à la même époque. Par exemple, l’avortement et la
pilule contraceptive ont été autorisés dès 1957. Dès que la constitution fut promulguée, la
femme eut accès à l’éducation au même titre que l’homme. « Contrairement à ses consœurs
occidentales, la femme tunisienne a donc obtenu tout à la fois : l'indépendance de son pays,
l'accès à l'éducation et les droits d'être humain et de citoyenne »3. Depuis, jamais remis en
1
KRISTIANASEN Wendy. Contre le code de la famille, Le Monde diplomatique, avril 2006, p.8
2
COOPER Phillip. La femme tunisienne, Insight Guide : Tunisia, Bibliothèque du voyageur, 2003,
p.73
3
BEN HASSINE Oum Kalthoum. La condition de la femme de la Tunisie indépendante,
www.afkaronline.org, avril 2006
Être une femme au Maghreb 9
cause, le CSP s’est vu renforcé par plusieurs amendements comme la participation de la mère
à la gestion des affaires des enfants, ou son droit à leur transmettre patronyme et nationalité.
Mais le code ne saurait être parfait, avec l’existence de la dot et le problème de la virginité qui
continue de se poser.
Ainsi, seule la Tunisie a réussi à rompre avec les codes issus de l’Islam. Et pourtant,
elle compte parmi les sociétés arabo-islamiques qui ne reconnaissent pas tout à fait l’égalité
en droits des femmes et des hommes. Car même en dehors de la période de colonisation, la
région maghrébine a continué à s’identifier à la communauté musulmane, l’Islam agissant
comme un « ciment social »4.
Le Coran est La Parole de Dieu transmise aux hommes par le Prophète. La Charia en a
codifié les textes respectifs et c’est sur elle que sont fondées toutes les structures des sociétés
musulmanes. Mais ce sont justement les interprétations traditionnelles des textes qui posent
problème.
L’image de la femme maghrébine que les non musulmans ont en tête est celle d’une
femme soumise, passive et sans droits. Les fondamentalistes, au contraire, la jugent
dangereuse et source de division de la communauté. Ainsi, bien que le Coran considère les
femmes comme des êtres humains à part entière, le discours islamique les réduit à une
fonction, dépendant bien souvent du sexe opposé. Il s’avère par exemple que, d’après la
Charia, est accordée aux hommes la part double d’un héritage par rapport à celle des
femmes. Cette question de « l’égalité entre les sexes renvoie à un débat sur les racines
culturelles du droit et sur le degré d’émancipation de la règle juridique par rapport à la loi
divine »5. Le roi du Maroc étant ainsi à la fois chef d’Etat et chef religieux, il ordonne aux
Musulmanes d’observer les rites islamiques, et prévoit une amende en cas de réfraction. Bref,
entre religion, juridiction et tradition, il y aura toujours des interférences. A titre d’exemple,
un « plan pour l’intégration des femmes dans le développement », fut proposé en 1999 par le
premier ministre Abderrahman Youssoufi. Un débat public s’est alors ouvert et deux camps se
sont formés : les militantes des droits de la femme contre les islamistes et leurs alliés
conservateurs. La contre-manifestation que firent ces derniers à Casablanca, dépassa
largement les effectifs des manifestations de soutien au plan. Dénonçant la pro-
4
HARBI Mohammed. Une vie debout, tome 1, 1945-1962, La découverte, 2001, p.117
5
ROLLINDE Marguerite. Maghreb : quelles stratégies féministes à l’œuvre ?,
http://www.resistingwomen.net, septembre 2007
Être une femme au Maghreb 10
6
BEHI Jélila. Conférence. « Statut de la femme musulmane au Maghreb », octobre 2003
7
JEBBOR Myriam. C’est mon histoire. « J’ai été vaginique durant des années », Femmes du Maroc,
n°141, septembre 2007, p.99
Être une femme au Maghreb 11
puisque au moins une des femmes du Prophète est connue pour sa maîtrise de la lecture et de
l’écriture. Même si cette question est encore sujet à polémique pour certains, on peut supposer
qu’« en se modernisant, le religieux qui encadre et structure la société, va se rétrécir pour
devenir une affaire privée »8. On peut citer le voile en exemple : au-delà du signe religieux, il
représente aujourd’hui, pour la majorité des habitants du Maghreb, une simple valeur qui fait
émerger l’individu et non la religion (voir photo ci-dessous). Car l’influence politique et
culturelle de l’espace européen poursuivra toujours une partie de la population, au grand
damne du mouvement islamiste qui fait tout pour réinvestir les valeurs conservatrices.
8
JANJAR Mohamed. Débat. « Sommes-nous une société “religieuse”? », Femmes du Maroc, n°145,
janvier 2008, p.36
Être une femme au Maghreb 12
L’arrivée en masse des femmes sur le marché du travail vaut à ces dernières une
situation souvent précaire, avec des horaires lourds et des droits bafoués. Cette discrimination
est particulièrement manifeste dans le domaine du journalisme. La liberté d'expression, soit la
liberté de la presse dans notre cas, est la préoccupation majeure de tous ceux et celles qui se
vouent à ce métier. Entre autres, ils revendiquent : « l'accès à l'information, la disponibilité et
la transparence des sources, […] la transparence et la régulation du marché publicitaire, les
droits basiques des travailleurs et travailleuses dans ce secteur, la censure, la protection de
la loi contre les violations de la liberté d'exercice, contre les sanctions démesurées à
l'encontre des journalistes et des médias, etc. »9. Ne pouvant se détacher de ce combat
d’ensemble, la femme journaliste, bien que victime des inégalités dues à son statut de “sexe
faible”, se voit griller la priorité par les problèmes que l’entreprise média rencontre au
Maghreb. De toute façon, même s’il y a de plus en plus de journalistes femmes dans les
rédactions, les médias demeurent un pouvoir globalement masculin10. Et la femme a tout
intérêt à miser davantage sur la formation, pour avoir les mêmes droits que l’homme au
travail, que sur la revendication pure et dure. Car il va de soit que les journalistes compétents
et/ou réputés peuvent négocier de meilleures conditions chez les journaux concurrents. Le
problème, c’est que si les femmes sont plus ou moins parvenues à l’émancipation dans le
monde du travail, ce n’est pas pour autant que le reste suit. La femme est toujours tenue de se
sacrifier pour ses enfants ou son mari lorsqu’elle est à la maison, et c’est elle qui prend en
charge toutes les tâches ménagères. Par conséquent, plus la femme gagne d’argent, plus elle
se sent libre. Or, bien qu’il soit prouvé qu’elle excelle dans des domaines pourtant réservés
9
Pr.NAJI Jamal Eddine. Etude de l’Unesco. « Le vécu professionnel de la femme journaliste dans les
cinq pays du Maghreb », décembre 2006
10
Voir chiffres en annexe : Annexe n°1 p.4
Être une femme au Maghreb 13
aux hommes, son salaire est bien souvent réduit (moins 15 à 40% que celui des hommes),
même en Tunisie où a pourtant été votée depuis 1985, une loi sur le salaire égal. Et plus la
catégorie socioprofessionnelle est basse, plus la différence des salaires est importante. Dans
cette ambiance misogyne, le père laisse pourtant ses filles aller travailler, à cause de la
pauvreté. Les habitudes n’évoluent donc pas forcément parce que la société évolue, mais
parce qu’elle est en crise. Par ailleurs, de plus en plus de filles reçoivent une formation et
peuvent se retrouver magistrates, médecins ou encore enseignantes. En 2004 en Algérie,
17,5% des salariés seulement étaient des femmes. Malgré tout, même en Tunisie où les
femmes ont le droit à l’instruction autant que les hommes depuis 1958, le champ du travail est
surtout peuplé de femmes célibataires, veuves ou divorcées. Cette émancipation sexuelle est
mal vue, le mariage devant rester ce pour quoi vit chaque femme. Aussi le harcèlement sexuel
sur les lieux du travail reste-t-il une pratique courante. Dans les campagnes marocaines et
algériennes cependant, l’accès à l’éducation n’est pas aussi généralisé : 80% des femmes sont
encore analphabètes. Du coup, la plupart sont ouvrières ou agricultrices, quand elles ne restent
pas cloîtrées à la maison.
11
K.Amna. Dossier. « La femme tunisienne et les défis à venir », Femme, n°131, mars-avril-mai
2004, p.17
12
Voir chiffres en annexe : Annexe n°1 p.5
Être une femme au Maghreb 14
terme, la réussite des femmes dans le secteur privé puisse interférer sur la situation. Elles sont
en effet de plus en plus nombreuses à diriger des entreprises (10 000 en Tunisie en 2004) et à
s’assumer financièrement, ce qui “légitimerait” leur participation politique. En attendant,
heureusement que la politique n’est pas le seul domaine où la femme peut avoir des
responsabilités nationales. Pour exemple, le cas de Béatrice Beloubad, interviewée par
Femmes du Maroc en 2007 : elle dirige depuis neuf ans le Bureau National de SOS Villages
d’Enfants Maroc, a procédé à l’ouverture de deux nouveaux villages et contribue ainsi
activement au développement durable de son pays. Comme elle, chaque femme devrait
pouvoir agir pour affermir son rôle dans l’histoire de la société. A priori donc, certaines y
parviennent, qui font partie de l’élite intellectuelle musulmane, avec beaucoup de volonté. En
Tunisie, le Président Ben Ali a lui-même mis en avant ce rôle primordial dans un discours
prononcé en 1992, conformément aux réformes de Bourguiba, premier président de l’Etat
tunisien, sur l’intégration de la femme dans la société. Toute son action fut en effet soutenue
par des femmes, notamment par l’UNFT (Union nationale des femmes tunisiennes), qui
contribua et contribue encore à la réussite des échéances politiques. Au Maroc, l’Institution
Royale s’est ouverte aux compétences féminines, par la nomination en 2001 d’une femme
conseillère auprès du Roi, ainsi que d’une représentante du Maroc à l’UNESCO. La région du
Maghreb veille en effet à ce que la femme soit présente au sein des organisations
internationales13. « Pour cette nouvelle génération de femmes éduquées, diplômées,
urbanisées et sensibles aux mutations socio-économiques, l’Islam ne doit pas être un carcan,
mais au contraire l’instrument d’un changement »14.
13
Voir chiffres en annexe : Annexe n°1 p.7
14
FOURMONT-DAINVILLE Guillaume et CLOT Ziyad. Société civile : Femmes d’Islam -
opprimées et résistantes, La vie des idées, mars 2004
Être une femme au Maghreb 15
Ces mutations dans tous les secteurs, la femme ne se contente pas de les subir. Elle va
chercher à les consolider pour en faire des acquis, car ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra jouer un
rôle important dans l’histoire de son pays. Agir pour l’avenir reste en effet le seul mode de
développement efficace pour une société.
Si les femmes, aussi bien que les hommes veulent réussir, il faut pour cela que le
regard porté sur elles change. Ce n’est pas une question de temps, car cela fait longtemps
qu’elles ont prouvé leur force et leur courage. Durant la guerre de libération de l’Algérie par
exemple, les femmes ont activement participé aux combats. Aujourd’hui encore, elles
manifestent leur engagement politique, mais essentiellement par des biais détournés. De
nombreuses ONG à vocation sociale, humanitaire, économique ou politique sont créées, leur
rôle allant croissant, dans la sphère privée notamment, où les rapports hommes/femmes se
voient bousculés. Ces femmes, pour la plupart, tentent aussi de moderniser l’Islam, mais ce
n’est qu’un acteur secondaire dans l’évolution de leur statut au sein de la sphère publique.
Pourtant, si une grande part de l’évolution des pays maghrébins repose sur la femme, la
religion musulmane y est bien pour quelque chose. La politique étant trop souvent liée à cette
religion, le seul moyen pour une société civile de s’ouvrir consiste en l’émancipation du genre
féminin. C’est la colonisation notamment qui a fait prendre conscience aux femmes
maghrébines que leur statut régressait. Et grâce à leur participation à l’indépendance, elles ont
pu, légitimement, affirmer les droits qui les valorisaient. Au Maroc comme en Algérie, c’est à
cause du désaccord sur le contenu du code de la famille qu’a émergé le mouvement féministe.
Lorsqu’en 1984, un code autorisant polygamie et répudiation est promulgué, les féministes
vivent un échec qu’elles ne pourront rattraper avant des années, faute de visibilité dans un
contexte de guerre civile. Mais une chose est sûre, cela pose leur cause comme spécifique ;
cause refusant désormais d’être dissoute dans les luttes nationales qui l’englobent, comme
l’avaient été les précédents mouvements pour les droits des femmes.
Les mouvements féministes peuvent être ainsi définis : « position politique qui
consiste à voir les grandes questions qui interpellent la société à travers les intérêts
Être une femme au Maghreb 16
stratégiques des femmes. C’est aussi une option pour la transformation (par la réflexion, la
production artistique ou intellectuelle et par l’action organisée) de la société dans le sens de
l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est donc un choix de progrès […] qui englobe des
prises de position par rapport aux questions de l’égalité, du respect des droits de l’homme et
de la démocratie »15. La première revendication du mouvement féministe reviendra à l’égalité
des sexes, dans la mesure où « les situations des hommes et des femmes ne sont pas le produit
d’un destin biologique mais sont d’abord des construits sociaux »16. La sphère familiale est la
première organisation sociale qu’il faut changer si l’on veut un jour faire reconnaître la
femme comme un individu à part entière dans le monde politique. Mais pour se faire
entendre, le mouvement doit raisonnablement agir au sein de l’Etat, ce qui le rend dépendant
et par conséquent moins libre que si la sphère publique lui avait été ouverte. Surtout lorsqu’il
n’y a pas de femme membre du gouvernement et suffisamment crédible pour porter sa voix.
Et tandis qu’en Tunisie, le planning familial faisait légaliser l’avortement pour les femmes
ayant cinq enfants (1953), d’autres associations militantes se créaient indépendamment des
Etats pour faire abroger le Code de la famille en Algérie ou réformer la Mudawana au Maroc.
Afin d’inscrire leurs revendications dans l’Histoire, les féministes se basent sur une relecture
de l’Islam, devenant ainsi les ennemies jurées des Islamistes. La première association
féministe qui a vu le jour au Maroc est l’Association Démocratique des Femmes du Maroc
(ADFM) en 1985. En Algérie, c’est l’Union Nationale des Femmes Algériennes (UNFA) qui
va lutter sourdement contre le pouvoir pendant des années. Toutes mènent des campagnes
dans leur pays respectif et certaines vont même jusqu’à créer des revues informatives
concernant les droits des femmes. La revue Kalima par exemple, malgré une durée de vie
limitée (de 1986 à 1989), a joué un rôle très important dans l’émergence d’une conscience
féministe au Maroc, tout comme le mensuel 8 Mars paru dès 1983.
Lors de la décolonisation, seul le président tunisien Bourguiba a soutenu les femmes
de son pays dans leur démarche : en promulguant le Code du Statut Personnel après
l’indépendance, il fit preuve d’une attitude révolutionnaire qui allait dans le sens de l’égalité
des sexes. Ce code était en effet le premier à interdire la polygamie et à autoriser le divorce.
En Algérie par contre, on était encore bien loin de tout cela: jusqu’aux années 1990, certaines
femmes qui, pour exprimer leur opinion, ne portaient pas le voile, risquaient la mort. Pour ce
15
NACIRI Rabéa. Rapport. « Le mouvement des femmes au Maroc », 50 ans de développement
humain au Maroc et perspectives 2025, 26 janvier 2006
16
KERGOAT Danielle. Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe, Dictionnaire critique
du féminisme, PUF, novembre 2000, p. 35
Être une femme au Maghreb 17
qui est du Maroc, on a pu le voir précédemment (cf. I- b), la première fois que les femmes ont
pu manifester dans la rue, fut en l’an 2000. Et cela s’est soldé par un échec cuisant face aux
Islamistes. Il est donc clair que comparée à ses voisins, la Tunisie constitue une exception et
même un modèle à suivre. Mais si la femme a réussi à s’émanciper, c’est parce que sa cause
coïncidait avec la volonté qu’avaient certains hommes de moderniser leur pays. Ils ont en
effet travaillé d’arrache-pied avec les féministes avant même l’indépendance, et y sont pour
beaucoup dans le statut actuel de la Tunisienne. Du même coup, les associations
indépendantes de femmes ont très peu d’influence sur le pouvoir. C’est le cas de l’Association
Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) qui, depuis 1989, n’a qu’un seul credo : les
droits de la femme sont « inscrits dans les droits de l’homme ».
Aujourd’hui, les féministes sont encore là, mais leur présence sur le terrain politique
n’est pas toujours manifeste. Lors des élections législatives marocaines de 2007, les
citoyennes n’ont pas pu compter sur ces dernières pour faire un état des lieux et les aider dans
leur vote. Dommage, quand on sait que les très rares femmes en tête de liste peuvent avoir
une chance de faire partie du prochain Parlement, et qu’avoir des femmes élues à tous les
niveaux, est une opportunité stratégique à ne surtout pas laisser passer.
17
KRISTIANASEN Wendy. Femmes, le droit au divorce s’installe, Le Monde diplomatique, août
2007, p.10
Être une femme au Maghreb 18
être appliquée.
Quoi qu’il en soit, le climat est propice au changement. Il l’est d’autant plus depuis
l’Année Internationale de la Femme (1975), qui célèbre le symbole « des luttes et des acquis
des femmes en tant que partie intégrante des masses exploitées »18. Quant à la journée du 8
mars, elle permet à la femme, qu’elle soit algérienne, tunisienne ou marocaine, de continuer
son combat pour acquérir une citoyenneté sans discrimination ni ségrégation, afin de pouvoir
exercer librement ses droits dans les domaines civils, politiques, économiques et culturels.
C’est dans ce cadre qu’est paru le numéro spécial de la revue Femme de l’UNFT (Union
Nationale des Femmes Tunisiennes) avec un dossier consacré aux acquis de la femme. Ceux-
ci sont décortiqués à travers le Code du Statut Personnel, code le plus innovant du Maghreb
(contenant notamment une loi autorisant le divorce sans raison avérée). Mais cela n’empêche
pas que l’on puisse encore assister, en Tunisie, au non-respect de la loi, découlant d’une
habitude culturelle toujours inscrite dans les mentalités. Et cela a toujours existé : lorsque
Bourguiba a « condamné publiquement un grand notable Tunisois, Kebayar Darghouth, pour
mariages fréquents et successifs avec une préférence pour des épousées beaucoup plus
jeunes, l’intéressé n’a pas craint de répondre qu’il n’avait transgressé aucune des lois
religieuses, et que sa situation et son tempérament lui permettaient d’user de ses droits »19.
Reste que la Tunisie fait montre d’exemple dans l’amélioration de la condition féminine ; elle
est un des seuls pays musulmans à avoir poussé aussi loin égalité, émancipation, et même
laïcité.
Mais alors qu’à la fin des années 70, on pouvait lire l’effarement des journaux
féministes quant à la vague d’occidentalisation qui habillait les femmes, on peut voir
aujourd’hui s’opérer un retour au voile bien que son port ne soit plus imposé depuis les
années 60. En effet, la femme moderne maghrébine, bien qu’elle soit d’une autre aire
culturelle et géographique, est souvent assimilée à sa congénère européenne. Or, le 11
septembre a marqué un rupture et celles qui cherchaient leur dynamique culturelle à travers
les traditions se sont tournées de nouveau vers l’Islam -à même de les défendre contre les
agressions extérieures- pour revenir à une authenticité mythique. Aussi ne peut-on pas parler
de régression, car ce sont souvent les femmes, elles-mêmes, qui revendiquent le port du voile.
Par ailleurs, c’est à travers l’espace musulman européen, que l’espace démocratique va
18
M. BOUDJEDIR. Courrier de la revue. « A propos de l’Année Internationale de la Femme », El
djazaïria, n°44, p.3
19
BEHI Jélila. Conférence. « Statut de la femme musulmane au Maghreb », octobre 2003
Être une femme au Maghreb 19
permettre d’enfanter un modèle pour l’Islam, modèle fortement compromis pour l’Algérie, si
l’on en croit les associations féministes, désillusionnées.
Concernant l’éducation, qui est le premier facteur conduisant au progrès social, la
Tunisie est encore une fois en avance sur ses voisins20. L’instruction y est gratuite et ouverte à
tous, et permet aux jeunes femmes de connaître une vie meilleure que celle de leurs mères. Au
Maroc, les progrès sont plus lents : dans les écoles, les filles sont encore presque trois fois
moins nombreuses que les garçons, et le monde rural reste très en retrait. Pourtant, voilà
maintenant cinquante ans que les pouvoirs publics ont commencé à faire bouger les choses
dans le domaine éducatif, rendant possible « l’émergence d’une élite instruite et
économiquement active qui se positionnera, à partir de la moitié de la décennie 80, en tant
que groupes revendiquant l’égalité entre hommes et femmes dans toutes les sphères et, plus
particulièrement, dans la sphère familiale »21. Quant aux Algériennes, elles étaient 60,1% à
savoir lire et écrire en août 2007, ce qui explique leur présence en nombre dans la fonction
publique et la magistrature, entre autres.
L’avenir nous dira ce que la femme a pu réaliser parmi autant de défis au service de la
patrie. Mais si la lutte n’est pas terminée, il serait trop facile de rendre l’Islam seul
responsable. On assiste déjà peu à peu à une réintégration prometteuse de l’espace
public ; dehors, ce n’est plus la prostituée mais la travailleuse, qui a réussi à s’extraire
du foyer patriarcal. Et même si parfois les remarques fusent face à des bras dénudés ou
à des jambes “moulées” dans un jean, les hommes finiront bien par s’y faire.
20
Voir données statistiques en annexe : Annexe n°1 p.6
21
NACIRI Rabéa. Introduction de l’étude « Le mouvement des femmes au Maroc », janvier 2006
Comment s’adapte la presse 20
Partie 2
COMMENT S’ADAPTE LA
PRESSE ?
Ce n’est que depuis peu que la presse féminine se développe notablement au
Maghreb, à cause de difficultés financières et d’une organisation obsolète,
mais aussi parce que la liberté de la presse ne date que des années 1990, du
moins d’après les textes. Reste que l’on peut être sûr que depuis le premier
numéro, cette presse s’attache à faire évoluer le statut de ses lectrices.
Comment s’adapte la presse 21
1
HAMMOUCHE A. « Emancipation et mystification », El Djazaïria, n°79, p11
Comment s’adapte la presse 22
En Algérie, dès lors que le nouveau code de l’information fut adopté, c’est-à-dire le 19
mars 1990, soit un an après la liberté d’expression, trois revues féminines ont pu voir le jour :
Nissa, Ounoutha et Hawa. Toutes les trois proposent essentiellement des articles sur l’art et la
société. Et alors que c’est au Maroc que la presse féminine a mis le plus de temps à se
développer (on peut citer le cas de Farah Magazine, créé en 1989 et remplacé par un tabloïd
au bout de trois ans, faute de maturité du marché), c’est dans ce même pays qu’il y a,
aujourd’hui, un foisonnement du genre. « Nissa Al Maghrib, Femmes du Maroc, Citadine,
Parade, Yasmina et quelques autres titres n’ont rien à envier à nos DS, Marie-Claire ou Elle.
Des simples conseils maquillages du moment au dossier de fond sur la réforme de la
Mudawana (code de la famille), ces magazines n’hésitent pas à traiter des sujets délicats sans
frilosité particulière »2. Nés en 1995, Femmes du Maroc et Citadine sont les pionniers d’un
genre pas encore en vogue à l’époque. Face à cette modernité assumée d’une concurrence
toute neuve, les revues vieilles de plus de quarante ans prennent une nouvelle forme. Ainsi, en
Tunisie, juste après la parution du 60e numéro de Mères Echos dans une édition
particulièrement soignée par l’association des mères tunisiennes, Femme a fait l’objet d’une
refonte pour son 131e numéro: modification de la couverture, plus de rubriques consacrées à
la femme et à la famille et une date de parution moins espacée (tous les 2 mois) :
2
NAJIOUTI Najibe. « Marocaines jusqu’au bout des faux ongles », www.iut.u-
bordeaux3.fr/actumedias/archives, 2004
Comment s’adapte la presse 23
b) Fonctionnement du marché
3
BLANC Marjolaine. « Féminins afros : désert sur le web », www.lewebmulticulturel.fr, 23 octobre
2007
Comment s’adapte la presse 24
4
L.B. « Pour oublier ses “misères” », La Gazette du Maroc, n°390, 18 octobre 2004
Comment s’adapte la presse 25
5
JEMAÂ Mohamed. « Le groupe Caractères se réorganise et enrichit la liste de ses publications »,
www.lavieeco.com, 15 mai 2006
6
Syndicat national de la presse marocaine. Rapport sur la liberté de la presse au Maroc, SITE
OFFICIEL DU SYNDICAT NATIONAL DE LA PRESSE MAROCAINE, mai 2006/mai 2007
7
Voir historique en annexe : Annexe 2, p.9
Comment s’adapte la presse 26
écrite en général, malgré ce que pourraient nous faire penser les nombreux titres en arabe. A
l’intérieur des terres, des distributeurs, travaillant pour les différents groupes d’édition, se
chargent de faire le tour des kiosquiers qui touchent une marge de bénéfice sur tous les
journaux et magazines. De Sapress (qui table sur 8000 points de vente au Maroc) à
Sochepress (qui n’en compte que 3 600), ils subissent directement le surcoût des charges que
connaissent les éditeurs.
« Abstinence : le terme a pris à la fois un sacré coup de vieux et pas une ride : il sonne
aussi désuet que toujours délicieusement bizarre, donc branché. Quand on pense
« abstinence », on pense d’emblée à des décennies reculées […]. On pense à grand-mère qui
découvrait le sexe un soir de l’été 1947 et abandonnait les parties de jambes en l’air avec le
décès de son mari […]. Aujourd’hui, rien n’a changé »8. Voilà le genre d’articles que l’on
peut lire dans un féminin maghrébin “classique”. Mais si les sujets délicats semblent être
traités sans aucune censure (les femmes maghrébines aussi regardent la série américaine Sex
and the City !), le tabou est là : la libération sexuelle reste mal vue par la société (et par la
religion). Preuve à l’appui, dans tout le Maroc on ne compte que cinq sexologues.
Heureusement, avec la nouvelle génération d’adolescentes, les choses évoluent : il est rare
aujourd’hui de trouver une femme vierge le jour son mariage. Et les magazines féminins ne
sont pas les seuls à aborder le sujet : le journal marocain très controversé Telquel, a mené, en
septembre 2004, une enquête intitulée « Marocains, comment faites-vous l’amour ? »9. Mais
le problème de la virginité reste un véritable phénomène de société dans ces pays où l’Islam
impose sa loi. Même en France, la polémique a eu lieu à la fin du mois de mai dernier parce
qu’un Musulman avait annulé son mariage le jour J lorsqu’il a découvert que sa femme n’était
plus vierge et qu’elle lui avait menti. Un journaliste de Femmes du Maroc a d’ailleurs révélé
dans une interview que la rédaction n’avait pas toujours eu la vie facile quand elle abordait de
telles questions religieuses dans sa ligne éditoriale : « durant plusieurs années, le mot
"islamiste" était également banni de nos colonnes »10. En effet, d’après le rapport sur la
liberté de la presse au Maroc de mai 2007, « le spectre de l’interventionnisme guette tous les
types de presse écrite -partisane et non partisane- ». Mais cela est toujours mieux que la
8
SENOUSSI Malak. Et si on en parlait. « No Sex : Grave Docteur ? », Femmes du Maroc, n°141,
septembre 2007, p.86
9
Voir article en annexe : Annexe 3, p.11-12-13
10
TAJIOUTI Najibe. « Marocaines jusqu’au bout des faux ongles », www.iut.u-bordeaux3.fr, 2005
Comment s’adapte la presse 27
censure pure et dure dont on usait autrefois ; la revue marocaine Kalima, née en 1986, n’a
survécu que quatre ans à cause de la censure.
La femme maghrébine d’aujourd’hui possède plusieurs facettes : en plus d’être mère et
épouse, c’est aussi une travailleuse. Dans le domaine privé, elle a acquis une certaine
émancipation, grâce à laquelle elle peut à présent s’accorder de petits plaisirs. Cette évolution
se ressent dans le contenu qu’offre la presse féminine11. Le mensuel Dzeriet, nouveau en
Algérie depuis 2004, a le mérite d’être un condensé contemporain de toutes les revues qui ont
pu exister jusque-là dans le pays : beauté, gastronomie, mode… tous les ingrédients sont
réunis pour un moment de détente. Après des écrits engagés, mais trop rares, au temps de la
colonisation, le ton a définitivement changé. La concurrence étant plus rude, les magazines
rivalisent d’idées pour se démarquer. Tout en conservant un côté militant, ils présentent des
dizaines de pages mode et beauté. C’est ainsi, par exemple, qu’est né l’évènement de mode
Caftan, incontournable dans le monde arabe de la haute couture. Tous les ans depuis son
lancement par Femmes du Maroc (il y a 12 ans), les plus grands créateurs y offrent un show
autour de l’habit traditionnel, savamment modernisé pour lancer les tendances de l’année.
Toutes ces paillettes ne font pourtant pas oublier aux organisateurs que le pays n’a pas évolué
partout au même rythme. Notamment concernant l’analphabétisme des petites filles. C’est
pourquoi depuis maintenant huit ans, Caftan reverse une partie de ses recettes au CSSF
(comité de soutien de scolarisation des filles rurales). L’événement est, bien entendu,
11
Voir article en annexe : Annexe 4, p.15
Comment s’adapte la presse 28
médiatisé dans les pages du magazine et fait ainsi cohabiter tradition et modernité.
Une autre façon de moderniser ses pages est d’utiliser la langue arabe. Jusque-là
réservé à une élite, le tunisien Femme a opté pour cette formule rédactionnelle qui consiste à
accompagner les articles soit par des résumés en français et en anglais si l’article est en arabe,
soit en arabe et en anglais si l’article est en français. Par la même occasion, la revue tire un
trait sur son traditionnel militantisme patriotique pour jouer davantage la carte de la
proximité. Mais celle-ci est abordée sous un angle plutôt obtus. Dans le 79ème numéro de
l’algérien El djazaïria, un article consacré à l’émancipation des femmes se révèle être
extrêmement moralisateur. Dès le titre, on est prévenu : « Emancipation et mystification ». La
journaliste y critique l’occidentalisation que son pays est en train de vivre à cause des
magazines étrangers que lisent les Algériennes. Elle pense en effet que ceux-ci enferment la
femme dans des clichés et l’empêchent de s’émanciper réellement. Et pourtant, le cliché de la
femme qui s’occupe des tâches ménagères, c’est bien par la presse du pays qu’il est véhiculé.
Selon l’ancienneté des revues, on oscille donc entre le désir de modernité qui passe par
les “artifices” venus de l’Occident, et le désir de modernisation qui passe par la conservation
d’une identité nationale (et, paradoxalement, qui dit identité dit attachement aux traditions),
mise en avant dès que l’occasion se présente. Et si c’est cela qui fait le contenu des magazines
depuis longtemps, c’est aussi ce qui explique le mieux la raison pour laquelle ces pays ne
parviennent pas à évoluer suffisamment pour que la femme soit l’entière égale de l’homme.
Autre chose : la publicité, de plus en plus présente aujourd’hui, reste, pour ce type de presse,
un moyen comme un autre de subvenir à ses besoins. Ainsi, les pages de réclame ne doivent
pas, selon l’éthique journalistique, interférer avec le contenu éditorial en place.
d) Le lectorat
Le premier facteur à prendre en compte concernant les lecteurs de ces magazines, est
l’alphabétisation des populations. Or, l’analphabétisme étant beaucoup plus répandu chez les
femmes que chez les hommes, cela réduit considérablement le public. Par ailleurs, au sein des
femmes instruites qu’il reste, moins de la moitié lit le français. À titre comparatif, ces deux
graphiques12 illustrent l’état du marché de la presse féminine au Maroc, avec d’un côté les
titres en arabe, et de l’autre les titres en français :
12
ABDUL-LATIF Rola. Rapport analytique. « Recherche à l’appui des médias indépendants au
Maroc », Inter Media, août 2007
Comment s’adapte la presse 29
13
MABROUK Sonia. « Maghreb : boom de la presse féminine », www.jeuneafrique.com, 3 septembre
2006
Comment s’adapte la presse 30
Maroc, présent dans tout le Maghreb, définit sa cible : « femmes actives, francophones,
modernes, de plus de 30 ans, de CSP A, B+ »14. Mais qu’en est-il des motivations des femmes
qui achètent ces magazines ? Voici quelques avis de lecteurs (eh oui, même certains hommes
s’y intéressent !) : selon Leïla, 40 ans, secrétaire de rédaction, « il arrive très souvent qu’une
femme achète un féminin parce qu’elle l’a feuilleté dans le kiosque et qu’elle a trouvé quelque
part dans une page un modèle de Djellaba qu’elle a aimé... »15. Pour Malika, 30 ans,
fonctionnaire, la lecture se fait par conviction personnelle : « J’étais une lectrice assidue de
Femmes du Maroc depuis sa parution, mais depuis que je suis maman j’ai opté pour Famille
actuelle »12. De son côté, Hicham Smyej, 33 ans, rédacteur en chef d’un magazine pour
homme, reste persuadé que le « produit » ne cible pas les femmes qui veulent s’informer
réellement.
14
www.caracteresmediagroup.com/nos-titres/femmes-du-maroc
15
L’avis des lecteurs sur « La presse féminine au Maroc », La Gazette du Maroc, n°390, 18 octobre
2004
Comment s’adapte la presse 31
Dès le milieu des années 90, il y a eu comme une nouvelle liberté de la presse, qui
s’est ressentie surtout au Maroc, avec des magazines féminins comme Citadine, qui osait
parler de sujets tabous. En remplaçant ainsi la presse victime de la censure, avec pour modèles
les Femme actuelle et Marie-Claire que l’on connaît bien, de tels titres ont oublié d’être bon
marché et d’englober toutes les femmes du pays dans lequel ils sont diffusés.
16
ABDUL-LATIF Rola. Rapport analytique. « Recherche à l’appui des médias indépendants au
Maroc », Inter Media, août 2007
Comment s’adapte la presse 32
17
L’avis des lecteurs sur « La presse féminine au Maroc », La Gazette du Maroc, n°390, 18 octobre
2004
Comment s’adapte la presse 33
nouveau média, ni même intégré le fait que ce n’est pas le même public qui se rend sur le
web. Le site du magazine algérien Missilia, en plus de ne présenter aucun intérêt, n’est même
pas capable de présenter sa couverture en bonne définition :
Or, Internet étant majoritairement utilisé par les 15-24 ans, cible plus jeune que celle
des magazines papier, une adaptation de la part des médias est nécessaire à la culture du
zapping qui caractérise cette génération. Cette adaptation, certains sites y parviennent tout de
même, haut la main, par « un rapprochement plus profond du lecteur vers une meilleure
interactivité (courrier, forum, sondage…) et dans le sens de la proximité dans les sujets
traités, dans la variété des services rendus, dans le style de la mise en forme de l’information
pour des lecteurs pressés qui lisent de moins en moins »18. Mais ceux-là sont souvent des
magazines qui n’existent qu’en ligne19. Femmes de Tunisie n’en fait pourtant pas partie
(depuis fin 2007, il accompagne le nouvel hebdomadaire L’expression) et gère son site avec
beaucoup d’intelligence en allant jusqu’à prévoir une page pour les annonceurs qui s’y
rendraient et faire ainsi accroître ses bénéfices :
18
NAJAR Ridha et NAJI Jamal Eddine. « Les TIC : de nouvelles opportunités pour les médias au
Maghreb », Etude-manuel de l’UNESCO et de l’ISESCO, Tunis, octobre 2005
19
Voir exemple de site en annexe : Annexe 5, p.17
Comment s’adapte la presse 34
Avec sa charte graphique noire, bleue et blanche très classe en page d’accueil, et l’offre d’un
service riche et diversifié, Femmes de Tunisie joue dans la cour des grands et apporte une
nouvelle fois la preuve que la presse magazine francophone est de meilleure qualité que sa
consœur arabophone.
De fait, même si elle vend moins, la langue française attire davantage les annonceurs,
de par la catégorie socioprofessionnelle des gens qui la lisent. Et sans cet important apport
financier, les féminins arabophones ont des durées de vie assez limitées, étant donné la
lourdeur des charges du papier et de l’impression qui pèse sur leur budget. En ajoutant à cela
la crise de la lecture et les difficultés de la distribution, on aboutit soit à des licenciements
lorsqu’il s’agit de groupes de presse, soit directement à l’interruption de la diffusion lorsqu’il
s’agit de titres indépendants. Et alors qu’Internet pourrait en sauver certains grâce à des coûts
de fabrication bien moindres, une « réticence culturelle » les en empêche ; sans la capacité
d’usage du français qui est la langue prédominante au Maghreb dans ce nouveau média, les
nouvelles technologies ne peuvent être maîtrisées (sans compter qu’il faut disposer pour cela
d’un équipement à jour).
Pour sauver la presse féminine maghrébine, le français devrait-il être davantage
présent au cours de la formation journalistique voire même au cours de la scolarisation de
Comment s’adapte la presse 35
20
HAMDANI Hassan. « La presse féminine marocaine est en plein essor », TelQuel, 9 mars 2007
21
Le Maârif est un quartier commerçant de Casablanca
Comment s’adapte la presse 36
A) Proximité
Edité par le groupe La Gazette du Maroc, Lalla Fatima mise sur la proximité : des
conseils pratiques sur les relations de couple aux discussions amicales avec des personnalités
en passant par tout ce qui touche à la santé et à la beauté, le magazine s’adapte au mode de vie
et aux préoccupations de Madame tout le monde. Mais la finalité première du directeur du
groupe, Kamal Lahlou, c’est de lutter contre « l’envahissement de la presse étrangère » avec
une revue à la portée de tous, dans tous les sens du terme. Car ceux qui, comme Lalla Fatima,
cherchent à se rapprocher de leur lectorat, marquent par là-même leur opposition au haut de
gamme. Ce qui ne signifie pas qu’ils font l’impasse sur les sujets politiques ou économiques.
Seulement, ces derniers sont traités de manière moins élitiste, permettant ainsi aux femmes de
se sentir concernées, comme au temps du féminisme militant. À présent, cette page est
tournée, même Femmes de Tunisie l’affirme : « le féminisme farouche [est] devenu
parfaitement obsolète » 22 et, de toute façon, les derniers magazines féminins ne peuvent
supplanter ceux qui ont permis à la femme de faire avancer ses droits. Aujourd’hui, le tout est
de pouvoir s’identifier aux personnalités féminines présentées en exemple. On parle alors de
féminisme moderne, un féminisme qui s’inscrit dans une continuité, un féminisme presque
intrinsèque à la presse féminine du Maghreb.
D’autres revues se montrent plus rebelles et abordent des sujets dits tabous, pour faire
venir à elles les lectrices qui en ont assez d’entendre parler des problèmes de leur mère. Le
tunisien Femmes et Réalités se targue ainsi d’être « le magazine qui aborde tout sans tabous ».
Et même s’il est mondain parce qu’il cible essentiellement des femmes de tête, son regard
novateur sur la société fait de lui le magazine de proximité, de la femme moderne certes, mais
de proximité tout de même. La force du genre réside dans la décision de ne plus présenter la
22
SANHAJI Rym. « The L word. Tout ce que je sais d’elles d’un simple regard », Femmes de Tunisie,
décembre 2007, p. 39
Comment s’adapte la presse 37
femme comme une victime. Ceci, Ousra Magazine l’a bien compris : tant pis s’il ne séduit
pas le plus grand nombre, tant qu’il est support d’évasion et vecteur d’audace, les lecteurs les
plus fidèles continueront de s’y retrouver. L’Algérie, toujours un peu à la traîne, édite un
hebdomadaire qui, loin d’être rebelle, permet pourtant à la femme de se libérer de la pression
qui pèse sur elle et dont elle ne peut parler à personne, au risque d’être mal vue. Il s’appelle
Nouvelles confidences et recèle de témoignages en tout genre: divorces, histoires de cœur,
problèmes de santé…
L’un des principaux acquis des femmes au Maghreb est la percée de la presse féminine
sur la scène médiatique. Depuis le début, cette dernière suit leur émancipation de près. « Il
m’arrive très souvent de lire la presse féminine marocaine pour être au courant de l’évolution
de la situation de la femme au Maroc qui y est plus détaillée que dans la presse dite
générale »23. Ce que cette jeune journaliste de 23 ans soulève ici, c’est le fait que la presse
féminine du Maroc, mais aussi d’Algérie et de Tunisie, a toujours agi pour les femmes, au
nom des femmes et avec les femmes. Du moins, elle a pris le pli : après les premières revues
militantes telles 8 Mars, qui ont servi la participation des femmes dans la vie politique et
professionnelle, le premier numéro de Femmes du Maroc, paru quelques dizaines d’années
plus tard, arborait en gros titre un sujet sur la Mudawana, tandis que Citadine tentait d’en faire
autant. Avec quelques pages mode et beauté en plus et un support en papier glacé, c’est ainsi
que les nouveaux journaux féministes parviennent à se fondre dans le paysage très hétérogène
de la presse féminine. Mais le secret de leur réussite durable, c’est d’avoir fait évoluer la
condition de la femme concrètement, sans qu’aucun de leurs successeurs ne puissent leur ôter
ce mérite. En effet, le 10 octobre 2004, ce militantisme l’a emporté lorsque le Maroc a
annoncé une réforme spectaculaire de son code de la famille. Et le meilleur reste à venir ; tant
que le pouvoir n’aura pas la mainmise sur ce média, il pourra faire avancer les choses. Ainsi,
le numéro 141 de Femmes du Maroc propose un débat de sept pages sur l’avortement en cas
de « viols, inceste et autres violences », entre une juriste, une gynécologue, des membres
d’associations féminines, une sociologue, une députée et une militante des droits humains.
Avec autant de participants, il est clair que la journaliste a pour but de faire agir dans ce
domaine, et elle le fait avec beaucoup d’application en citant les articles du Code Pénal
23
L’avis des lecteurs sur « La presse féminine au Maroc », La Gazette du Maroc, n°390, 18 octobre
2004
Comment s’adapte la presse 38
concernés. Les pions sont posés, il ne reste pus qu’à trouver les mains qui les feront avancer.
« On peut dire que FDM joue le même rôle que celui de Elle dans les années soixante. À cette
époque, la femme française ne pouvait pas ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de
son époux, elle ne pouvait non plus se faire avorter ni choisir librement la vie qu’elle voulait
mener. Elle essayait de la libérer de tous ses jougs »24.
Les Algériennes ont encore un peu de retard en la matière : lorsque cinq associations
féminines s’unissent pour lancer un féminin gratuit lors du 50e anniversaire de la guerre de
Libération, cela s’accompagne d’une conférence de presse, d’une campagne de sensibilisation
et, ultérieurement, d’une conférence nationale sur l’égalité hommes/femmes. Tout cet attirail
a pour but de soutenir la campagne de lutte contre le Code de la famille. En effet, Féminin
plurielles retrace le combat des femmes dans la libération de leur pays et récapitule les
(infimes) amendements du Code de la famille afin de stimuler ses lectrices face à la
discrimination. Toujours est-il que la gratuité de cette nouvelle revue fera taire les mauvaises
langues pour qui le militantisme féministe se réduit à une stratégie commerciale.
jouissent d’une audience bien assise en Algérie (Elle, Femme pratique, Femme
d’aujourd’hui…) et plus elle est aliénée et subit les clichés et les lieux communs qui rendent
sa libération impossible »26. Elle a tort sur un point : les magazines étrangers n’ont jamais
réussi à convaincre vraiment les Maghrébines, car elles ne s’y reconnaissaient pas. En
revanche, ils ont fortement influencé le contenu de la presse féminine quand elle s’est
développée dans le pays, et c’est cette dernière qui, aujourd’hui, incite plus ou moins son
public à rentrer dans une “norme”, et une norme nettement occidentalisée. Les Tunisiennes
ont en effet pu lire, dans le numéro de décembre de Femmes de Tunisie, la « liste de choses à
faire » de l’héroïne de leur nouvelle mensuelle. En voici un extrait particulièrement
interpellant : « 12- Arrêter de fumer et de dire des gros mots parce que c’est réservé aux mecs
ou bien le faire en cachette ! 13- Sortir avec un mec bien c’est-à-dire qui a le QI d’une poule,
enfoiré affectif mais riche et branché. L’homme parfait quoi ! 14- Regarder les clips sur les
chaînes arabes et suivre de très près l’évolution des looks des starlettes libanaises pour s’en
inspirer et développer des sujets de conversations avec les autres ». De toute façon, sans
même le vouloir, les pays du Nord de l’Afrique s’intègrent au mode de vie occidental :
alimentation, habillement, contact avec les émigrés… la presse est loin d’être la seule
médiatrice du phénomène.
Une grande diversité de titres pour une multitude de points de vue sur une société en
pleine révolution, voilà comment se traduit, aujourd’hui, l’engouement pour une
nouvelle presse féminine au Maghreb. « En général, la presse française est en déclin
tandis que la presse arabe témoigne d'une croissance positive. L'avenir est entre les mains
des journaux arabes »27.
26
HAMMOUCHE A. « Emancipation et mystification », El djazaïria, n°79, p.10
27
Directeur commercial d'une agence de distribution à Casablanca in Rapport analytique. « Recherche
à l’appui des médias indépendants au Maroc », Inter Media, août 2007
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 40
Partie 3
De la naissance du magazine
succès à l’échec ?)
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 41
Présente sur tous les continents où vivent des communautés noires, Amina ne s’est pas
toujours appelée ainsi, excepté au Sénégal, l’endroit où elle a vu le jour. À l’époque, on
pouvait lui attribuer huit titres en plus de l’original, pour autant d’éditions locales africaines:
Noisy au Congo, Diassé en Centrafrique et au Tchad, mais aussi Awoura, Akouavi, Wife,
Mwasi, Poco et Akoua2. Aujourd’hui, la principale zone de diffusion d’Amina demeure
l’Afrique noire francophone (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon,
Mali, Mauritanie, Niger, RCA, Sénégal, Tchad et Congo), regroupant presque 64% des
tirages. Elle est dorénavant suivie de près par l’Europe (France, Belgique, Suisse, Italie et
Portugual) et ses territoires d’Outre-mer (Guyane, Antilles, Mayotte, Réunion), et s’étend
jusqu’au Canada et aux Etats-Unis, ainsi qu’à d’autres pays d’Afrique non noirs. Une telle
diversité de cultures oblige le magazine à avoir plusieurs éditions avec un tronc commun à
chacune, et des pages spécifiques. C’est ainsi que sont conçues les éditions Afrique,
Gabon/Cameroun et Antilles (lancée dans les années 90), tandis que l’édition Europe (la plus
dense) ajoute à ses propres pages celles de l’édition Antilles, la culture entre métropole et
Outre-mer étant plus proche qu’entre le continent africain et sa diaspora. La diffusion
n’intègre pas le Maghreb car les femmes n’y sont pas Noires et ne rentrer dans la cible, du fait
de leur civilisation particulière issue de l’Islam. Cependant, si le lectorat d’Amina se compose
essentiellement de femmes noires, il comprend aussi les personnes ayant un quelconque lien
avec ces femmes, tel un mari (africain ou européen blanc) ou un proche. Dans tous les cas, il
s’agit d’une personne essayant de comprendre une culture à laquelle elle est confrontée au
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 43
quotidien. Le lectorat est donc très large, à 15% masculin, et s’il est demeure possible que
quelques Maghrébines en fassent partie, ce sont les plus noires d’entre elles.
Avec une vocation de « porte-parole de l’émancipation et du progrès social des
femmes africaines »1, Amina englobe donc toutes les communautés noires francophones
(suffisamment représentatives) de la planète. Or, son siège étant situé à Paris depuis 1975,
l’avion fait partie intégrante du processus d’approvisionnement des différents pays. C’est
ainsi que le magazine fut, à une époque, publié en papier bible, afin de voyager dans de
meilleures conditions. Et ce n’est qu’en s’ouvrant au public antillais puis européen qu’Amina
a pu être éditée en 51 grammes quadri (= couleur), comme la plupart des magazines, avec un
prix toujours raisonnable de deux euros, sans quoi elle aurait pu dire adieu à son succès. Parce
qu’il s’est rendu compte que la femme était l’avenir de l’Afrique, Michel de Breteuil lui a
concocté ce magazine afin qu’elle ait toujours connaissance des possibilités qui s’offrent à
elle. La particularité de l’Africaine est en effet facilement exploitable puisqu’elle veut réussir
et s’en donne les moyens. Après avoir mené de brillantes études, elle va se démener pour
trouver un stage à l’étranger. Si elle en obtient un, aux Etats-Unis par exemple, elle ne va pas
s’arrêter là : au bout d’un an, elle en trouvera un autre dans un pays différent pour accumuler
toujours plus de savoir et d’expérience. Sempiternellement, la femme noire cherche à mieux
faire, ne se reposant jamais sur ses acquis. En voici la preuve, avec l’une des nombreuses
anecdotes que M. de Breteuil semble collectionner : une habitante de Côte d’Ivoire veut
devenir pharmacienne. Pour cela, elle fait de longues études, jusqu’à obtenir son diplôme et
posséder sa pharmacie. Une fois établie, elle entreprend d’être médecin, pour “compléter” sa
formation. Cela rallonge ses études, mais pouvoir donner des consultations dans un cabinet
situé juste au-dessus de sa pharmacie, est infiniment plus satisfaisant pour elle. Si une telle
ambition caractérise les femmes africaines, c’est parce que leur société est différente de la
nôtre : avec ses nombreux frères et sœurs une femme peut confier ses enfants et partir sans
complexe, sachant qu’elle restera ouverte à un échange des rôles par la suite si cela s’avère
nécessaire. Cette grande liberté pour travailler offre une multitude de possibilités,
impensables en Europe du fait des liens qu’entretient le modèle de la famille classique. Autre
exemple de M. de Breteuil à l’appui : alors qu’on aurait tendance à penser qu’une
Congolaise, en épousant un Européen, pourra profiter de la vie à son aise, cette dernière, une
fois arrivée au pays, pourra très bien décider de s’engager dans l’armée. Mais pas à
n’importe quelle place : elle choisira d’être pilote, et non pas d’avion, mais d’hélicoptère.
1
« Amina », www.africapole.com, 2002
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 44
Après cinq ans, elle continuera sa progression. Devenue pilote pour une société
internationale de pétrole, elle n’hésitera pas à passer quinze jours à l’étranger pour ne
revenir que les quinze suivants en Europe et repartir aussitôt ailleurs, nourrir les besoins
pétroliers de la planète. Pour résumer, un des points qu’ont en commun les Africaines et qui
les fait souvent aboutir à de brillantes carrières, est la débrouillardise. D’où le ton énergique
(et non compatissant, cf. traits rouges) qu’a choisi la rédactrice en chef d’Amina, Assiatou
Bah Diallo, pour répondre au courrier des lecteurs venu des quatre coins du monde :
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 45
Cette page de magazine apporte la preuve que nul n’est laissé de côté au sein du public
d’Amina (cf. cercles jaunes), alors même que celle-ci est passée de plusieurs éditions locales à
une seule, internationale.
C’est dès 1972, avec la conférence mondiale de Mexico sur la femme à l’horizon,
qu’Amina a germé dans l’esprit de ses créateurs. En effet, lors de la toute première
conférence, les Etats africains n’étaient représentés que par des hommes, à l’exception d’une
ou deux ministres quelconques, qu’on avait placées là pour “représenter” les femmes du
continent. La revue a donc plusieurs dizaines d’années d’expérience, chose rare au sein des
médias d’origine africaine. Car même au Maghreb, aucun magazine féminin ne peut
témoigner d’une telle durée, à moins d’être l’œuvre d’une association militante. Par ailleurs,
ce magazine atypique ne se contente pas de toucher un public qui se limiterait à une classe
sociale : « au Gabon et au Cameroun, une femme sur deux se dit lectrice d’Amina et à
Abidjan, c’est le premier magazine panafricain lu par les garçons et les filles âgés de 15 à 24
ans. Et le succès est le même pour la version Antilles »2. En effet, dès les débuts de la revue
au Sénégal, le courrier des lecteurs, nommé à l’époque « le courrier d’Amina », était déjà
envahi par des jeunes ayant entre 14 et 30 ans, dont bon nombre de garçons. Le courrier est de
toute évidence indispensable dans une publication qui se veut être un guide de l’existence. Et
ce qui fait d’Amina une référence en la matière, c’est la façon dont elle traite les sujets du
quotidien sans jamais être directive. Voici un exemple puisé dans l’un de ses premiers
numéros, l’année de sa naissance ; l’article explique comment être une bonne maîtresse de
maison en commençant par énumérer les différents critères de jugement. Après la cuisine, la
propreté et l’amour du travail, la liste continue avec la bonne humeur, la prévoyance, etc.,
jusqu’à déboucher sur un emploi du temps pour la semaine :
2
MARSAUD Olivia. L’incontournable Amina. http://beaute.afrik.com, 1er avril 2003
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 46
Si le magazine ne veut pas dicter à la femme ce qu’elle doit faire en prodiguant de tels
conseils, il doit tout de même être conscient du rôle presque indispensable qu’il joue dans la
vie de ses lectrices. Ce qu’il a bien compris puisqu’il pense aussi à entretenir leur beauté : en
effet, les trois quarts des pages publicitaires qu’il vend aux annonceurs proposent des produits
de beauté spécialement conçus pour les Noires. En voici un exemple :
Au départ, seules quatre voire cinq pages occupaient l’espace publicitaire des éditions locales.
Depuis les années 1980, elles représentent environ 20% du magazine ! Ainsi, avec la publicité
comme alliée, Amina n’a eu aucun mal (dans tous les sens du terme) à contrer ses quelques
concurrents et à s’imposer comme le féminin africain de référence. Et depuis 1983, son titre
s’est enrichi de cinq mots significatifs : « le magazine de la femme ».
Premier en termes de ventes et doyen sur le marché, sa réputation solide tient surtout à
la longue expérience de son directeur, Michel de Breteuil. Ce dernier a vécu 20 ans en
Afrique où il a publié des quotidiens en tout genre, dont certains ont eu une durée de vie
notable. Puis, il a créé des mensuels et bimensuels en France, spécialisés en agriculture ou
autres domaines professionnels, avant de lancer, avec la SAPEF (Société Africaine de
Publicité et d’Edition Fusionnées depuis 1933), celui pour lequel il allait se donner corps et
âme.
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 48
3
« Amina », www.africapole.com, 2002
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 49
passant par un sujet sur le sport féminin au Togo, tout est là pour que des réseaux se créent au
sein de la communauté.
L’expérience grandissant, la maquette du magazine s’améliore. Cela perturbe quelque
peu la ligne éditoriale, par exemple avec l’arrêt soudain, mais bref, du courrier d’Amina, qui
reviendra finalement sous un autre nom : « Notre courrier ». Avec cet intitulé globalisant, on
imagine que la fusion des éditions locales africaines est en bonne voie -d’autant plus que le
siège de la revue, après trois ans au Sénégal (l’un des rares pays d’Afrique épargné par les
régimes autoritaires) prend racine à Paris, permettant ainsi la modernisation du journal- . Par
ailleurs, le sommaire devient enfin un élément déterminant ; certains titres récurrents sont
dorénavant classés en rubriques, tandis que les autres s’organisent autour de grandes lignes.
C’est entre autres grâce à l’arrivée d’une rédactrice en chef, Assiatou Diallo, que le
changement s’opère. Diplômée d'Etudes Supérieures à l'Université Georgetown à
Washington, c’est depuis la Guinée qu’elle travaille avec le magazine féminin. Sa
connaissance de la population féminine africaine -après des voyages à travers le monde et
grâce à un mari ex-journaliste-reporter, actuellement président du principal parti guinéen- lui
vaut d’écrire tous les éditoriaux d’Amina (voir ci-dessous). Plus de 100 pages, des articles
divers et variés, mais toujours classés en domaines, une importante équipe de rédaction avec
des correspondants permanents à l’étranger et une couverture qui prend sa forme définitive
après une dernière retouche en 1996 : le magazine mûrit, tandis que son public se décuple en
Michel de Breteuil a édité toutes sortes de journaux bien avant Amina, mais s’il s’est
davantage investi pour ce dernier, c’est à cause de son « matériel humain intéressant ». Sa
formule composée presque uniquement d’interviews est unique : Amina ne raconte pas
d’histoires mais informe. Il reste toutefois le roman-photo, sa base, qui continue d’être fourni
par une société extérieure, l’équipe de rédaction n’ayant pas de temps à lui consacrer. Il
nécessiterait en effet d’être retravaillé, selon le directeur de publication, afin d’en faire
quelque chose de plus violent qui fasse réagir et se questionner le lectorat. Amina est en effet
censé précéder et accompagner l’évolution des mentalités. Or, ses romans-photos au ton
faussement revendicatif voire moralisateur sont plus un divertissement qu’autre chose pour
celui qui les lit. Ce n’est donc qu’en donnant la parole à des femmes noires, qu’il fait
découvrir les possibilités s’offrant à ses jeunes lectrices. Ces simples informations contribuent
à les faire bouger pour réussir. Dans tous les cas, on ne s’intéresse pas à des personnalités
mais à des femmes qui agissent pour réaliser leurs ambitions : de la ministre à la membre
d’association, de la député à l’inconnue politique en passant par la maire du village, les
moindres rôles de l’Africaine, dans tous les milieux socio-professionnels, sont valorisés. D’où
la principale différence d’Amina parmi ses concurrents : sa couverture, qui ne met jamais en
scène de mannequins et permet ainsi à toutes ses lectrices de pouvoir s’identifier. Car c’est
aussi un magazine de proximité : il aide à résoudre toutes sortes de problèmes, notamment
ceux posés par l’intégration des Noirs en Europe, sans aucun jugement. En se positionnant
ainsi, Amina reflète le portrait de l’Africaine traditionnelle qui se désenclave pour devenir une
femme moderne. Les rubriques santé-beauté leur offrant du temps à consacrer à leur corps,
bien qu’occupant seulement 15% de ces pages, apportent ce qu’il faut en terme de contenu
pour ne pas faire du mensuel un féminin militant. D’ailleurs, ce dernier a même tenté
l’expérience de la bimensualité. En revenant tous les quinze jours, il espérait se rapprocher
davantage de son public qui aurait pris l’habitude de l’attendre de pied ferme chez le
marchand de journaux. Au bout d’un an, l’idée fut abandonnée. Si le prix de l’avion n’était
pas très élevé pour la distribution, les problèmes d’horaires qu’il engendrait ont empêché le
bon déroulement de la bimensualité : certains numéros se retrouvaient en place pendant 18
jours alors que les suivants ne disposaient plus que de 12 jours sur les étals. Les ventes étaient
inégales d’un numéro à l’autre, ce qui ne pouvait convenir à la bonne transmission des
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 51
4
« Amina », www.africapole.com, 2002
5
Voir article en annexe : Annexe 6, p.19
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 52
dû s’arrêter, malgré de gros efforts pour faire décoller les ventes ; en mêlant la légèreté des
rubriques mode et beauté ou bien des photos de jolies filles en couverture, à un ton nettement
plus engagé que celui d’Amina, il a dû éparpiller ses lectrices au lieu de les rassembler.
Cette oscillation permanente entre implication dans la modernité et adhésion aux
traditions menait parfois à des situations surprenantes, comme l’atteste cette juxtaposition de
deux photos de mode que tout oppose :
Il est clair que socialement et affectivement, les Maghrébines appartiennent à deux univers. Et
les soi disantes différences qui les séparent, c’est justement ce que la rédactrice en chef, Nadia
Khouri-Dagher, a voulu gommer. Et ce, en faisant de Yasmina un magazine résolument
militant. Mais passer d’un article sur une chanteuse au mode de vie occidental au témoignage
d’une femme qui a dû payer pour obtenir le divorce après un mariage forcé, n’est-ce pas, au
contraire, montrer que ces différences sont réelles ?
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 54
6
Yasmina n°3 et 5, décembre 2002 et février 2003
7
Mme Khouri-Dagher pour Le Monde, in Yasmina, « Elle »militant des femmes maghrébines, 18
octobre 2002
De la naissance du magazine Amina à celle de sa petite sœur Yasmina 55
arabe ? Finalement, le statut de Yasmina s’apparentait à celui des journaux féministes des
années 1980, avec des pages loisirs en plus : elle abordait des sujets sensibles touchant à la
femme ou à la religion en élevant la voix féminine au même rang que celle des journalistes
militantes de Elle ou Marie-Claire à leurs débuts. Les Maghrébines vivant en France,
pouvaient donc très bien se retrouver dans ses pages, au même titre que les autochtones, au
détail près que le paysage médiatique environnant avait mis le militantisme de côté depuis un
certain temps. Les propos engagés de leurs congénères avaient donc de quoi les étonner. Sans
doute était-ce cette peur inconsciente de voir régresser, en quelque sorte, leur condition dans
un pays ayant déjà réglé le sort de la femme, qui a réfréné les intentions d’achat de Yasmina.
La recette qui a fait le succès d’Amina, n’a pu et ne pourra sans doute jamais être
adapté à la presse maghrébine. Tant que les acteurs seront incomparables, c’est-à-dire
tant que les militantes maghrébines auront d’autres messages à faire passer que ceux de
l’espoir et de la victoire, le résultat s’en ressentira. Yasmina ressemblait davantage à un
coup d’essai pour tenter de créer une nouvelle branche au sein de la presse féminine
ethnique, qu’à une conviction selon laquelle il faut donner la parole aux Maghrébines
(aucun effort n’avait d’ailleurs était fait sur la maquette, quasi-similaire à celle
d’Amina).
56
La presse féminine a fait son nid sur la scène médiatique maghrébine et compte bien y
voir grandir sa progéniture. S’étant toujours mobilisée en faveur de l’émancipation de la
femme et du renforcement de son rôle majeur dans la société, elle a dû franchir de nombreux
obstacles sur son parcours : manque de moyens, censure, concurrence étrangère… Dire
qu’elle en est sortie indemne serait exagéré, même si ses titres sont plus nombreux qu’hier, en
particulier au Maroc. De fait, en s’imposant une ligne éditoriale en parfaite symbiose avec
l’actualité des femmes, les magazines militants ont pu profiter des acquis de ces dernières,
acquis consolidés et exaltés par leurs soins. L’indissolubilité de ces deux acteurs a notamment
suscité l’intérêt de chercheurs marocains qui ont tenté de définir, à travers une étude sur
« L'image de la femme dans le discours médiatique marocain », « les caractéristiques de cette
relation dialectique fondée sur le rejet de tous les discours réducteurs de la femme, sans
réussir pour autant à leur trouver un discours propre à elles sur les tribunes médiatiques1 ».
Les féminins qui ne sont pas nés au temps du féminisme militant subissent en effet
l’influence d’une presse déjà bien installée, aux environs de la région : celle de l’Europe et
celle de l’Afrique. Les magazines destinés aux Occidentales, eux, s’attachent plus à la forme
qu’au contenu, et leur considération s’en ressent : ils appartiennent au domaine du
divertissement, du passe-temps ; alors que les magazines lus par la jeune génération africaine,
et qui utilisent des supports en papier journal, sont de véritables accompagnateurs du
quotidien, presque des guides de vie. Dans une situation intermédiaire (ni complètement en
retard, ni encore vraiment développée), les magazines maghrébins tentent, par leur forme, de
ressembler à leurs confrères occidentaux, ce qui fait que le contenu a du mal à ne pas être
artificiel, excepté lorsqu’il est purement militant, et par là spécifique à l’évolution de la
société au Maghreb. Mais dans les deux cas, la condition discriminatoire de la femme est mise
en lumière, soit par le reflet exact ou annonciateur de sa situation et des évolutions la
concernant, soit par les freins culturels, sociaux et politiques qui empêchent cette presse d’être
l’instrument le plus adapté à la recherche du bonheur de ses lectrices.
D’un autre côté, un contenu que l’on doit uniquement à la culture du pays risque de
moins intéresser, puisqu’il maintient la femme enfermée dans le contexte de son évolution. Il
suffit de citer l’échec de Yasmina pour comprendre que seules les revues plus ouvertes et
donc plus modernes peuvent fonctionner. Ainsi, Islamic Girl, un féminin originaire des Etats-
Unis, a de grandes chances de durer, son contenu étant nettement moins “islamiste” que s’il
avait été créé dans un pays majoritairement musulman. Combiner une particularité culturelle à
1
La presse féminine : un laisser-passer pour un monde de rêves et d’illusions. MAP 8 mars 2006
57
des préoccupations féminines universelles, voilà une preuve d’évolution. De la même façon,
les féminins arabophones sont promis à un bel avenir au Maghreb, puisqu’en s’adaptant ainsi
à la jeunesse de tous les milieux sociaux, ils mettent de côté l’exclusivité des Femmes du
Maroc et autres Citadine, qui, de par leur prix et la langue qu’ils utilisent, sont réservés à une
élite.
Dans les sociétés où le problème de la place de la femme ne se pose plus, comme la
France, le marché de la presse féminine, très encombré mais dynamique, fonctionne
différemment : en effet, selon l’OJD, « les titres haut de gamme se portent mieux que les
titres plus grand public ». Et pendant ce temps, à l’autre bout du monde, des femmes se
battent pour sauver l’unique magazine féminin qui leur reste. En Afghanistan, Roz a près de
60 000 lectrices fidèles et est menacé de disparaître à tout moment, comme les autres titres
l’ont fait avant lui. Mais c’est pour ne pas laisser les Afghanes sombrer dans l’oubli que ses
journalistes bravent le danger auquel elles sont exposées chaque jour en rejetant publiquement
le fondamentalisme qui fait régresser leur condition et entrave la liberté d’expression.
Avec une porte ouverte sur l’Union européenne, la communauté maghrébine a toutes
les cartes en main pour donner à sa presse féminine une dimension autre que celle du
militantisme, et c’est ce qu’elle est destinée à faire si le secteur continue sa croissance.
58
A
Akoua2, 42
Akouavi, 42
Amina, 23-40-41-42-43-44-45-46-47-48-49-50-51-53-55
Awoura, 42
B
Biba, 41
C
Citadine, 22-24-25-29-31-37
D
Diassé, 42
DS, 22
Dzeriet, 27
E
El djazaïra, 21-28
Elle, 22-38-39-41
Elle oriental, 32
F
Famille actuelle, 30
Farah Magazine, 22
Féminin plurielles, 38
Femme, 18-21-22-28
Femme actuelle, 29-31
Femme d’aujourd’hui, 39
Femme pratique, 39
Femmes de Tunisie, 33-34-36-39
Femmes du Maroc, 22-24-25-26-27-29-30-31-35-37-38
Femmes et Réalités, 36
G
Gazelle, 24
H
59
Hawa, 22
I
Isa, 25
K
Kalima, 16-27
L
Lalla Fatima, 29-36
Leïla, 21
L’expression, 33
M
Marie-Claire, 22-31
8 Mars, 16-21-37
Mères Echos, 22
Missilia, 32-33
Mwasi, 42
N
Nissa, 22
Nissaa Min al Maghrib, 22-25-29-31
Noisy, 42
Nouvelles confidences, 37
Nuance
O
Ounoutha, 22
Ousra Magazine, 24-25-32-37
P
Parade, 22-35
Poco, 42
S
Sayidati, 29
T
TelQuel, 26
60
W
Wife, 42
Y
Yasmina, 22-40-42-52-53-54-55
Z
Zahrat Al Khalij, 29
61
Périodiques
El djazaïria n°44 (1974) et n°79 (1977)
Amina (Sénégal) n°3 à 18 – décembre 1972 à décembre 1974
Amina n°122 à 143 – janvier 1983 à octobre 1984 / n°442 – février 2007, n°456 – avril 2008
et n°458 – juin 2008
Yasmina n°3 – décembre 2002 et n°5 – février 2003
Jeune Afrique n°2429 – du 29 juillet au 4 août 2007
Femme n°131 – mars avril mai 2004
Dzeriet mars 2006
Ousra magazine n°71 – septembre 2007
Femmes du Maroc n°141 – septembre 2007 et n°145 – janvier 2008
Femmes de Tunisie décembre 2007 et février 2008
Livres
L’état de la presse en Afrique. Rapport 2005 / éd Mediane Aramimedia Sarl. Août 2005, 160
pages
COTE Marc. L’Algérie / collection U
GOLDMANN Annie. Les combats des femmes. XXe siècle
Le grand guide de la Tunisie / éd Gallimard.
Le grand guide du Maroc / éd Gallimard
SCHIMMEL Annemarie. Mon âme est une femme
Sites Internet
www.ojd.com
caracteresmediagroup.com
www.maghreb-online.8k.com
www.citadine-magazine.com
www.dziriya.net
www.dzeriet-mag.com
www.femmesdetunisie.com
www.realites.com.tn
Articles
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www.beurfm.net/forum 28 février 2006
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societe 28 mars 2006
FOURMONT-DAINVILLE Guillaume et CLOT Ziyad. Société civile : Femmes d’Islam -
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KRISTIANASEN Wendy. Contre le code de la famille. Le Monde diplomatique avril 2006
62
Travaux universitaires
NAJAR Ridha et NAJI Jamal Eddine. De nouvelles opportunités pour les médias au
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STATUT DE LA FEMME MUSULMANE AU MAGHREB. Conférence de Jelila BEHI,
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PROFESSION : JOURNALIME MAGHREBIN AU FEMININ. Vécu professionnel de la
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50 ANS DE DEVELOPPEMENT HUMAIN AU MAROC ET PERSPECTIVES 2025. Le
mouvement des femmes au Maroc. Rapport de Rabéa NACIRI, www.rdh50.ma/fr 25 janvier
2006, 18 p.
64
ANNEXES
Sommaire
ANNEXE n°1
La femme tunisienne en chiffres
Source : www.tunisie.com
4
5
6
7
8
ANNEXE n°2
Historique du groupe Caractères
Source : caracteresmediagroup.com
9
10
ANNEXE n°3
Enquête. Marocains, comment
faites-vous l’amour ?
Source : www.telquel-online.com
11
12
13
14
ANNEXE n°4
Radioscopie. La presse féminine
au Maroc à travers Citadine et
FDM
Source : Maroc Hebdo International n°349- du 5 au 11 décembre 98
15
16
ANNEXE n°5
Dziriya, magazine en ligne
Source : dziriya.net
17
18
ANNEXE n°6
Enquête. Ménagères face à
l’envolée des prix
Source : Amina n°456 avril 2008
19