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L'odeur de mon pays tait dans une pomme. Je l'ai mordue avec les yeux ferms du somme, Pour me croire debout dans un herbage vert. L'herbe haute sentait le soleil et la mer, L'ombre des peupliers y allongeait des raies, Et j'entendais le bruit des oiseaux ,plein les haies, Se mler au retour des vagues de midi. Je venais de hocher le pommier arrondi, Et je m'inquitais d'avoir laisse ouverte, derrire moi, la porte au toit de chaume mou... Combien de fois, aussi, l'automne rousse et verte me vit-elle, au milieu du soleil et debout, Manger, les yeux ferms, la pomme rebondie de tes prs, copieuse et forte Normandie! Ah! je ne gurirai jamais de mon pays! N'est-il pas la douceur des feuillages cueillis Dans la fraicheur, la paix et toute l'innocence! Et qui donc a jamais guri de son enfance?
Demain ds l'aube de Victor Hugo Demain, ds l'aube, l'heure o blanchit la campagne, Je partirai - Vois-tu, je sais que tu m'attends J'irai par la fort, j'irai par la montagne Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixs sur mes penses, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courb, les mains croises, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Honfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyre en fleur.
Et de moi ce qu'ils voudront. J'ai pour joie et pour merveille De voir, dans ton pr d'Honfleur, Trembler au poids d'une abeille Un brin de lavande en fleur.
Victor Hugo.