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UNIVERSITE DE YAOUNDE II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

FACUTE DES SCIENCES FACULTY OF ECONOMICS


ECONOMIQUE ET DE GESTION AND MANAGEMENT
B.P. 1365 YAOUNDE P.O. BOX 1365 YAOUNDE
Tél. / Fax (237) 221 34 41 Tél. / Fax (237) 221 34 41

Nouveau Programme de Troisième Cycle


Interuniversitaire (NPTCI)

EXPOSE DE MICROECONOMIE

LES MARCHES CONTESTABLES

SOUS LA SUPERVISION DU Pr TSAFACK NANFOSSO


ROGER

EXPOSANTS :
➢ MEDJO OBIA LILIANE ODETTE
➢ KANE GILLES QUENTIN
➢ MBOUTCHOUANG KOUNTCHOU ARMAND
➢ GANDJON FANKEM GISLAIN STEPHANE
➢ MENYE EVELYNE ROSINE
➢ ANGO ESSAMA PHILEMON PARFAIT
➢ TATSA COLLINS ROSTANT
➢ NEMKENANG KOGUA WILLIAM
Année Académique 2008/2009

PLAN

INTRODUCTION

I. PRESENTATION THEORIQUE DES MARCHES


CONTESTABLE

A. DEFINITION DES MARCHES CONTESTABLES

B. EQUILIBRE DANS UN MARCHE CONTESTABLE :


CAS DE LA PRODUCTION SIMPLE

C. AVANTAGES DE LA THEORIE DES MARCHES


CONTESTABLES

II. RECOMMANDATIONS , APPLICATONS ET LIMITES

A. RECOMMANDATION DE POLITIQUE PUBLIQUE

B. APPLICATIONS PRATIQUES

C. LIMITES DE LA THEORIE DES MARCHES


CONTESTABLES

CONCLUSION
INTRODUCTION

La théorie des marchés contestables ou « marchés


disputables 1»est une analyse des structures de marchés.
Elle a été développée à la fin des années 1970 et au début
des années 1980 par WILLIAM.J. BAUMO L, JOHN.C.
PANZAR et ROBERT.D. WILLIG ainsi qu’ E. BAILEY qui
ont consacré à ce thème un ensemble d’articles. Un
ouvrage rédigé par les trois premiers, publier en 1982
« CONTESTABLE MARKETS AND THEORY OF INDUSTRY
STRUTURE » constitue l’exposé fondamental. Elle
ambitionne de renouveler et d’étendre la théorie
néoclassique de la concurrence en économie industrielle,
en mettant l’accent sur le rôle de la concurrence
potentielle comme contrainte pesant sur le pouvoir de
marché des firmes qui interviennent dans un secteur. A ce
titre la parution de cette théorie a suscité un grand intérêt
pour la recherche en économie appliquée. Dès lors on se
poserait la question de savoir qu’est ce qu’un marché
contestable et en quoi nous est-il utile ?
La réponse à cette question nous amènera à
présenter dans un premier temps la théorie des marchés
contestables, puis dans un second à mettre en évidence
ses implications, apports (I); limites et recommandation de
politique économique(II).

1L’expression « marchés contestables » est celle qui s’est imposée en France ; elle correspond à une
transposition de l’anglais «contestable markets », mais non à une traduction : l’idée est celle de la dispute
d’unmarché par des nouveaux entrants à des firmes déjà installées, ce que ne rend pas le terme de contestation.
Il serait donc préférable de parler de « marchés disputables ».
I. PRESENTATION THEORIQUE DES MARCHES
CONTESTABLES

A. DEFINITION DES MARCHES CONTESTABLES

Un marché est considéré comme parfaitement contestable


(BAUMOL 1982) dès lors que l’entrée sur ce dernier s’avère
totalement libre au sens de STIGLER et la sortie libre au sens de
peu coûteuse :

➢ L’entrée dans un marché est libre au sens de


STIGLER lorsque les entreprises qui tentent d’y
opérer ne souffrent par rapport aux firmes en place
d’aucun désavantage sur le plan des techniques de
production. Les entrants potentiels peuvent évaluer
la profitabilité de l’entrée à partir des prix de pré-
entrée dans les entreprises déjà installées. L’entrée
sera donc libre si plusieurs conditions sont
satisfaites : les concurrents éventuels aient un accès
identique au marché des facteurs de production, aux
techniques disponibles et aux infrastructures. Il faut
en outre que les consommateurs puissent choisir
librement entre différents concurrents.

➢ L’hypothèse de sortir sans coûts signifie qu’une


entreprise peut entrée et sortir du marché en ne
supportant aucun coût autre que l’amortissement.
Ainsi l’entreprise peut cesser sa production et quitter
le secteur sans supporter les coûts irrécupérables
(sunk costs). Un offreur peut donc renoncer à
produire sans subir lors de sa sortie du secteur
d’autres coûts que ceux liés à la dépréciation
normale du capital engagé.

Il convient donc de noter que la quasi gratuité de la sortie


conditionne la liberté d’entrée. Il serait en effet trop risqué de
pénétrer même si on était en mesure de produire aussi
efficacement que les entreprises si en cas d’échec l’addition à
payer s’avérait trop élevé.
En s’appuyant sur le couple liberté d’entrée – liberté de
sortir que BAUMOL, PANZAR et WILLIG soutiennent que
l’allocation optimale des ressources n’est pas absolument
exclue sur un marché ou le nombre d’offreurs est trop faible.
L’entreprise existante étant à la merci d’une guerre
commerciale que pourrait mener les concurrents potentiels à
mesure de pénétrer rapidement sur le marché, d’y réaliser
rapidement des profits si les prix sont plus élevés que les coûts
marginaux, et de se retirer tout aussi rapidement « sans
perte » dès que les prix baisses. La possibilité d’une telle
guerre (hit and run entry) doit suffir pour inciter les
entreprises en place à se comporter comme des entreprises en
concurrence.
Le concept de contestabilité signifie qu’une pression
concurrentielle peut être exercée aussi bien par l’éventualité de
l’entrée de nouveaux producteurs sur le marché que par les
producteurs rivaux qui y sont déjà présents. Ce qui implique
qu’au contraire de la concurrence parfaite, la contestabilité
parfaite s’accommode à l’existence des économies d’échelles et
par conséquent d’un petit nombre de firmes relativement
importantes que la menace de nouveaux arrivants éventuels
incitent à une certaine discipline.

B. EQUILIBRE DANS UN MARCHE CONTESTABLE :


CAS DE LA PRODUCTION SIMPLE

La theorie des marchés contestables s’inscrit dans la


lignés des
Barrières à l’entrée. La présentation théorique nous permettra
de mieux appréhender la notion d’équilibre dans un marché
parfaitement contestable. Pour ce faire, nous devons postuler
un certain nombre d’hypothèses nécessaires à la détermination
de cet équilibre dans le cas de la production simple.
Les hypothèses de libre entrée et de sortie peu
couteuse ont pour corollaires que la structure du secteur ainsi
que les prix ont pour déterminant les caractéristiques de la
demande et la technique de production assimilée aux fonctions
de coûts moyens :

➢ Le critère de sélection d’une structure de marché


c'est-à-dire du nombre de firmes naturelles pour
un nivaux de production donné est la population
des firmes qui réalise cet output à moindre coût
(JACQUEMIN 1985 p.24).
➢ Le nombre de firmes pouvant produire sur le
marché est obtenu en divisant la quantité
demandé par celle correspondant aux niveaux
de production optimale. Une telle détermination
permet de construire une théorie générale des
structures de marchés, en déterminant les cas
ou ne doit exister qu’un offreur ou un petit
nombre d’offreur ou encore un grand nombre.
➢ La fonction de coût est sous additive.
Considérons la fonction de coût C(q) cette
fonction sera dite sous additive pour le niveau
de production q, avec q= ∑qi i=1,2, …. n
Si :
C(q) < ∑qi.
L’existence d’une fonction de coût sous additive
est une condition nécessaire et suffisante pour
qu’existe des monopoles naturels c'est-à-dire des
situations dans lesquelles une seule firme réalise la
production à un coût moindre que n-entreprises
(FAULHABER 1975).
➢ si le niveau de production correspond à la
demande au secteur la plus élevé, la structure
de production est celle d’un monopole naturel.
pour d’autre configurations des courbes de
coûts, la situation naturelle sera le duopole,
l’oligopole ou encore la concurrence.
L’équilibre du secteur

Pour déterminer l’équilibre du secteur (prix et quantités),


B.P.W(1982)1 ont introduit des concepts nouveaux avec les
configurations réalisables et soutenables d’un secteur.
La configuration d’un secteur est définie par trois
variables : le nombre de firme, n, les quantités qu’elles
produisent, qi, i=1,2, …. n et le prix p.
Une configuration est dite réalisable si les conditions
(2) et (3) sont remplies :
(2) q= ∑qi=q(p)

C'est-à-dire que le marché est soldé (l’offre=la demande)


et

(3) p qi - C(qi)≥0 i=1,2, …. n autrement dit toute les


firmes sont profitables.
Une configuration réalisable est dite soutenablesi
elle n’offre pas des possibilités d’entrée profitable, cela
suppose que les conditions suivantes soient remplies : l’entrant
fait l’hypothèse que le prix p prévalent ne sera pas modifié
après son entrée, l’entrant potentielle fixe un prix pe ≤ p et une
quantité qe ≤ q(pe ).
L’entrant peut faire de profit avec les plans réalisables (pe
, qe ) , soit :

(4) pe qe ≤ c(qe) ; pe ≤ p et qe ≤ q(pe )

Détermination de l’équilibre

Dans un marché parfaitement contestable (MPC),


une configuration n’est en équilibre que si elle est
soutenable. Un tel marché est soumis à l’entrée potentiel de
firmes qui n’ont pas de désavantages par rapport aux firmes
déjà installées et qui calcule leur profitabilité sur un prix fixé :
« puisque une des caractéristique de l’équilibre est l’absence de
nouvelles entrées, une configuration d’équilibre dans un MPC ne
doit pas offrir d’incitation à l’entrée, elle doit donc être
soutenable. » (BPW 1986 p342).
Il existe une relation entre MPC et équilibre concurrentiel de
long terme : un marché parfaitement concurrentiel est
une configuration soutenable et donc un MPC. En
Revanche une configuration soutenable n’est pas
nécessairement un équilibre concurrentiel ; un PMC
n’est donc pas nécessairement concurrentiel. La figure 1
illustre ce dernier cas.

Coûts, prix q(p)

Coût marginal

p*
Coût
moyen

q* quantités

Figure 1: l’équilibre d’un marché parfaitement


contestable non concurrentiel

Dans la situation que représente la figure la configuration


réalisable est composé d’une seule firme produisant la quantité
q* et la vendant au prix p* ; cette configuration est de surcroit
soutenable. Eneffet la vente à un prix inferieur ou égale à p*
d’une quantité quelconque sur la courbe de demande q(p)
rapporte un revenu inferieur au coût moyen. Laconcurrence
soutenable n’est pourtant pas, dans ce cas, un équilibre
concurrentiel puisque p* est supérieur au coût marginal.
Cela nous permet d’établir le résultat suivant : s’il existe
plusieurs firmes dans une configuration soutenable,
chaque firme fixe un prix égal au coût marginal et elle
ne perçoit aucun profit. Il n’est pas par conséquent
nécessaire que le secteur soit dans une situation
concurrentielle pour que le prix soit égal au coût
marginal.
Selon l’analyse développée par B.P.W (1986 p345) il
n’existe dans le cas d’un secteur à production unique que
deux configurations soutenables : la première illustrée par la
figure 1 correspond à un monopole naturel. Le bien-être est
maximisé sous la contrainte que les firmes soient
financièrement viables sans subventions : il s’agit d’un
optimum de second rang dénommé « optimum de
RAMSEY2 . La seconde est celle de la production par plusieurs
firmes de quantité auquel les coûts marginaux et moyens sont
égaux au prix. La situation est alors identique quel que soit le
nombre de firmes, à un équilibre de longue période. Le bien-
être est alors maximiser, l’optimalité de RAMSEY et celle
de premier rang coïncide. Il en résulte un résultat important :
dans un secteur à production unique, toute
configuration soutenable est optimale au sens de
RAMSEY. Néanmoins l’existence dans le cas général des
configurations soutenable n’est pas toujours assuré, c’est
par exemple le cas lorsque la courbe de coût est en forme de U
comme en témoigne le figure 2 :

Coût, prix

Demande

Coût moyen
P2
p1

q1 q2
quantités

Figure 2 : cas où un équilibre soutenable n’existe


pas

B.P.W considèrent que cette limitation n’est pas


véritablement contraignante, selon eux les fonctions de coût
moyen présente une plage de rendement constant comme
l’illustre la figure 3
Coût, prix

Demande

Coût moyen

q* 2q* q* quantités

Figure 3 : condition d’existence d’une configuration


soutenable avec économies d’échelles.
Cela permet de d’établir le dernier résultat important pour
les secteurs à production unique : lorsque la courbe de coût
moyen de la firme présente un segment constant entre
l’échelle de production efficiente minimale et le double
de cette quantité, une configuration n’est soutenable
que si et seulement si elle est optimale au sens de
RAMSEY.

C. LES AVANTAGES DE LA CONTESTABILITE PARFAITE

La théorie des marchés contestables est une analyse des structures de


marché. Elle démontre que l’intensité de la rivalité concurrentielle existant sur
un marché n’est pas fondamentalement liée au nombre des participants. Cette
théorie des marchés contestables met donc l’accent sur le rôle de la concurrence
potentielle. Acet effet, un marché contestable est un marché sur lequel la
pression concurrentielle peut être exercée aussi bien par l’éventualité de l’entrée
de nouveaux producteurs sur le marché que par les producteurs rivaux qui y sont
déjà. Le fonctionnement de la structure de marchés contestables présente donc
plusieurs avantages
➢ Absence de prix ou de profits excessifs
➢ Absence d’inefficacité ou de gaspillage
➢ Absence de prix prédateur
➢ Optimalité pur un marché parétienne du régime de prix

○ Absences de prix ou de profit excessifs


Cet aspect de la rentabilité interdit totalement les profits et les prix
excessifs. Bien que nous soyons sur un marché contestables une entreprise en
situation de monopole ne peut bénéficier d’un taux de rendement à long terme
de son capital plus élevé que celui que peut obtenir une petite firme dans le
cadre de concurrence parfaite, car tout profit supérieur au taux de rendement de
concurrence constitue inévitablement une possibilité de profit pour un entrant
éventuel, tant que les coûts irrécupérables (sunk cost) sont nuls.
En situation de profits excessifs, un entrant peut fixer les prix à un
niveau légèrement inférieur faire des bénéfices et exclure du marché les
entreprises en place, quitte à sortir rapidement du marché une fois que celles-ci
auront ajusté leurs prix.

○ Elimination des gaspillages

Si une firme a des coûts trop élevés par rapport au coût minimum que
permettent les connaissances et les technologies, un entrant plus efficace pourra
en tirer un rapide avantage. La contestabilité demande exactement que les
nouvelles techniques de production soient adoptées dès qu’elles deviennent
disponibles. L’absence d’inefficacité garantie par la contestabilité parfaite
s’étend sur la structure des branches, elle doit se refléter par une minimisation
des coûts dans ces branches lors d’une allocation efficace.

○ L’élimination des pratiques de prix artificiellement bas « les prix


prédateurs »

Tout comme les prix excessivement hauts sont exclus, les stratégies de
prédation dont l’objectif est d’éliminer la concurrence par les prix bas pour
obtenir des profits élevés dans le futur quitte à subir des pertes à court terme est
impossible. La possibilité d’entrer à tout moment sur le marché rend intenable
une telle stratégie, puisqu’elle devrait être permanente pour éviter la
concurrence potentielle.

II. RECOMMANDATIONS , APPLICATIONS ET LIMITES

A-/ Recommandations de politiques publiques


La contestabilité parfaite s’inscrivant au même titre que la
concurrence pure dans la lancée de la théorie économique concurrentielle
regorge deux intérêts pratiques majeurs :

➢ L’élaboration de nouveaux critères d’évaluation d’un monopole par la


législation et donc la réglementation.
➢ La prise de conscience de l’importance des sunk cost (coûts
irrécupérables) dans l’évaluation de l’imperfection du marché notamment
par la lutte contre les barrières naturelles et artificielles par les autorités
publiques.
Ceci établit alors le cadre prescriptif pour ce qui est des politiques
publiques aussi bien dans le cadre national qu’au niveau des échanges
internationaux.

○ Le cadre national de l’analyse ou l’économie fermée

Les recommandations de politiques publiques dans ce contexte sont


celles notamment de :
L’élaboration des actions anti-trust
La politique de réglementation de l’activité économique
Dans ces deux cas il s’agit d’établir un marché rendant l’entrée libre
et la sortie peu coûteuse c’est-à-dire facilitant la mobilité des acteurs productifs
via les conséquences heureuses des économies d’échelle s’accommodant à la
contestabilité. Toutefois, l’intervention publique ne devra pas être de nature à
biaiser les libres actions marchandes des agents (c’est-à-dire de créer des
barrières « gouvernementales » et non plus « naturelles » ou intrinsèques au
marché) ne fusse que parce que leur objectif est de préserver et rassurer le bien-
être social ou collectif dont la variable essentielle est la baisse du prix
C’est d’ailleurs pour cette raison que BAUMOL et WILLIG dans leur
ouvrage de 1986 « Contestability : Developments since the book »
recommandent que l’intervention de la puissance étatique ô combien nécessaire
dans une économie marchande réglementée se fera en deux étapes :
D’abord effectuer « le test de contestabilité » du marché concerné pour
savoir s’il présente une configuration telle qu’il puisse être considéré comme
contestable. Si la réponse est positive, l’intervention publique ne pourrait
affirmer sa nécessité.
Si au contraire le marché ne se veut pas contestable, toute mesure
d’intervention publique ne devrait être prise en compte qu’après avoir évalué le
rapport coûts-avantages au niveau social dans un cadre de bien être collectif.

○ Au niveau des échanges internationaux


Il faut noter que la liberté des échanges internationaux peut aussi
affecter les possibilités d’entrée dans un secteur de marché ; et c’est ici
qu’intervient la théorie de la contestabilité.
En effet, l’existence des coûts irrécupérables n’a plus d’influence sur la
décision de pénétration d’une entreprise dans un secteur dès lors qu’il y a
commerce international. Ceci s’explique par le simple fait que ces coûts ont été
déjà supportés par ces nouveaux entrants, mais dans une autre région autre que
celle qu’ils veulent conquérir.
Si on suppose par exemple à titre illustratif une branche d’industrie X
en Espagne, la production d’un entrant exige une dépense irrécupérable de 10
millions de Dollars, il se peut que cela freine l’entrée d’une nouvelle firme
espagnole. Mais, cela ne dissuadera pas une firme française opérant déjà en
France qui décide d’entrer sur le marché espagnol. Les coûts irrécupérables ont
déjà été supportés par la société française et ne sont pas accrus par la décision
d’entrée sur le marché d’un autre pays. Ainsi, la soumission des économies à
une concurrence internationale à travers la libéralisation, la déréglementation,
l’encouragement des importations, est donc à l’origine des marchés contestables
sur le plan international. L’on ne saurait oublier l’évolution de la technologie, la
réduction des coûts de transport, l’avènement des moyens électroniques de
transmission des nombreux services qui réduisent davantage les coûts de
transaction, et rendent ainsi l’économie de chaque pays vulnérable aux dangers
potentiels ou effectifs d’une entrée des producteurs des autres pays. A ce titre les
gouvernements n’ont aucun intérêt d’appliquer des politiques de
protectionnisme qui réduisent la contestabilité de certaines branches et
affaiblissent celle d’autres secteurs, réduisant ainsi le bien-être social.

B- / Applications pratiques

Les fonctions de coûts et de demande de marché étant données et


connues, la question que s’attache alors à analyser la théorie des marchés
contestables est de déterminer le type de structure de marché qui devrait émerger
d’un libre jeu des forces économiques. La taille des firmes étant déterminée par
la position de la fonction de coût, le nombre de celles qui évolueront sur le
marché sera fonction de la position de demande de marché.

➢ Marchés contestables et échanges internationaux

La technologie impose à certaines branches de l’industrie de n’être faite


que d’un petit nombre de firmes relativement importantes à l’intérieur des
frontières d’un pays. La raison en est que dans ces branches, la technologie
permet des économies d’échelle et d’envergure. Une économie d’échelle est une
situation où le développement des structures de production permet d’avoir des
rendements croissants. L ‘expression « économie d’envergure » se rapporte ici
au fait qu’un ensemble donné de plusieurs biens et services peut être produit à
meilleur marché par une seule firme multi produits se substituant à un groupe
d’entreprises plus spécialisées dont chacune ne fournirait qu’un sous ensemble
de produits considérés.

Bref, là où les économies d’échelle ou d’envergure sont possibles, une


seule firme ou tout au plus un petit nombre de firmes- peut répondre avec les
coûts les plus faibles à la demande des consommateurs, car une multiplicité de
petites firmes rendrait ces économies impossibles. Dans ces circonstances, le
nombre de firmes qui sont viables dans la branche d’industrie considérée est
limité par l’étendu du marché. Une économie peut ainsi faire face à un plus
grand nombre de concurrents si elle s’ouvre aux produits étrangers que si elle ne
s’ouvre pas.

A titre illustratif, supposons qu’une firme dans la branche X obtienne ses


coûts les plus faibles avec une production annuelle de 10 millions d’unités de
son produit, et que ses coûts augmentent fortement pour tout autre volume de
production. Si un prix couvrant le coût unitaire minimal suscite une demande de
30 millions d’unités du produit sur le marché, il suit qu’un marché isolé et coupé
de l’extérieur peut compter au plus trois firmes dans cette branche. L’étendue du
marché condamne celle-ci à une situation de strict oligopole. Mais si un marché
mondial ouvert est prêt à acheter 100 millions d’unités du produit au même prix,
la branche sera en mesure de compter 10 concurrents au lieu de 3. Il va sans dire
que la liberté des échanges accroît la taille du marché, donc elle accroît la
demande sans modifier la taille la plus efficiente, au plan technologique, d’une
firme.
La pression exercée par la concurrence étrangère implique que la liberté
des échanges peut aussi affecter les possibilités d’entrée dans une branche, et
c’est là qu’intervient la théorie de la contestabilité des marchés.

➢ Marchés contestables et efficacité du secteur public dans les


pays en développement

Les pays en développement ont souvent eu recours à des normes


consistant d’une part à nationaliser et à exercer un contrôle politique sur les
activités des entreprises appartenant à la puissance publique et d’autre part à
édicter des réglementations détaillées. Ces réglementations n’ont guère
contribué à l’épanouissement des pays en développement où les revenus par tête
sont restés les plus faibles au monde. Ces règles aussi contraignantes, quelles
que soient les bonnes intentions qui les ont guidé, freinent beaucoup la création
d’entreprises productives et conduisent systématiquement les initiatives des
entrepreneurs vers l’économie souterraine. Ces réglementations détaillées et le
contrôle politique des firmes nationales dans les pays en développement ont
sérieusement gêné l’efficacité économique et substantiellement abaissé les
volumes de production et les niveaux de vie.
Ainsi une politique protectionniste, en sus des coûts bien connus qu’elle
impose aux acheteurs, est susceptible de réduire la contestabilité de certaines
branches et d’affaiblir celle d’autres secteurs ; étant donné les avantages exposés
qu’offre la contestabilité, cela ne peut qu’aggraver la charge finalement
supportée par les acheteurs. Ces réglementations excessives ne permettent ni la
possibilité des économies d’échelle encore moins les économies d’envergure.

➢ Expérimentation du concept de contestabilité des marchés

« La théorie sans pratique est vide, de même que la pratique sans


théorie est vide » disait KWAME NKRUMAH. Cette maxime nous conduit à
dépasser le cadre conceptuel de la théorie des marchés contestables et à nous
référer ainsi sur quelques exemples concrets où cela a pu être expérimenté.
Les développements de BAUMOL, PANZAR et WILLIG présentent
les caractéristiques telles que les vérifications empiriques sont difficiles à mener.
Il existe deux grandes stratégies de recherche :
○ La première consiste à estimer par secteur les fonctions de coûts
en retenant des formes fonctionnelles dérivées de la théorie.
Ainsi les auteurs s’interressent à l’estimation de l’existence ou
non d’économies d’envergure ou encore des formes de coûts
moyens radiaux. Cela a été fait dans quelques domaines
privilégiés qui sont le secteur bancaire, les transports, les
télécommunications et l’électricité.
○ La seconde consiste à tester la contestabilité des secteurs. Cela
permet le classement des secteurs selon leur degré de plus ou
moins grande contestabilité.
Deux exemples vont nous permettre de mettre en exergue les champs
d’expérimentation du concept de contestabilité des marchés :
• Contestabilité et barrière à l’entrée de l’industrie américaine du transport
aérien. Trois aspects majeurs sont à souligner dans l’exemple américain : la
déréglementation en question, la réorganisation industrielle, les innovations
technologiques et stratégiques.
• La contestabilité du marché de la production d’électricité au Nigeria. Les
préconisations de contestabilité qui ont été faites par BAUMOL et LEE KYU
SIK pour le Nigeria n’ont pas été appliquées. Mais elles ont été retenues au
moins partiellement dans d’autres pays d’Afrique (Maroc), d’Amérique Latine
et d’Asie.
Les exemples d’expérimentation du concept de marché contestable
nous ont révèle que cette théorie n’a pas honoré les espoirs placés en elle. Il
s’avère donc nécessaire d’évoquer quelques limites à la théorie des marchés
contestables.

C- / Limites de la théorie des marchés contestables

La théorie des marchés contestables a fait l’objet d’un certain nombre de


critiques qui sont :

➢ La critique des coûts irrécupérables (WEISMAN) car on constate que tous


les processus de production industriels impliquent l’existence de coûts
irrécupérables. L a publicité par exemple.

➢ La critique sur l’opérationnalité immédiate de l’entrant qui suppose que


l’entrant peut immédiatement remplacer toutes firmes déjà installées.

➢ La critique de la visibilité parfaite des entrants potentiels qui seraient à


même de pouvoir intervenir dès qu’apparaissent les profits.

➢ La critique de l’identité technique des firmes qui suppose que l’entrant est
une copie parfaite de la firme en place à tout point de vue.
➢ La critique concernant la contradiction entre l’absence de réactions et la
définition d’un marché contestable (SHEPERD 1984) : toute entrée pouvant se
substituer à la firme installée, la firme ne peut rester inerte.

Par ailleurs on peut ajouter à ce premier groupe de critiques d’autres


qui portent sur :

 L’impossibilité pratique d’une libre et absolue entrée sur le marché car


même en cas d’entrée, l’entreprise ancienne a toujours un avantage d’expérience
(l’information technique) et de notoriété.

 Les stratégies de défense :

– La guerre des prix : l’entreprise fait baisser les prix jusqu’au coût
marginal (elle continue à faire des profits sur les dernières unités
vendues), donc prix inférieur au coût moyen.

– Le cumul de stock : pour ne pas permettre au nouvel entrant de récupérer


ses coûts d’entrée/ sortie, l’entreprise, les concurrents produisent plus
qu’ils ne vendent afin de pouvoir inonder les marchés au moment de
l’entrée d’un nouveau concurrent, ainsi donc réduire les prix.
– La pratique des prix limites : les concurrents sur le marché pratiquent « le
prix le plus élevé qui découragent l’entrée », il correspond au coût pour
l’entrant qui entraîne un profit nul pour l’entrée.
Il y a donc très peu de marchés parfaitement contestables

CONCLUSION

En somme, BAUMOL, PANZAR et WILLIG en 1982 apportent une


vision alternative avec la notion de marchés contestables. Cette nouvelle
approche permet de trouver une réponse là où la théorie néo-classique butte dans
son orthodoxie sur la réalité des marchés. En effet, aucun marché ne fonctionne
ni ne peut fonctionner dans les conditions qui permettraient l’émergence d’une
structure de concurrence pure et parfaite. Selon ces auteurs, les économistes
néo-classiques n’ont pas suffisamment tenu compte d’une caractéristique
fondamentale de la concurrence qui est la liberté d’accès c’est-à-dire la facilité
d’entrée et d’en sortir. Mais il convient de noter que la vérification empirique de
cette théorie est peu réalisable, en d’autres termes son application pratique se
heurte à ses hypothèses contraignantes.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

➢ « la théorie des marchés contestables »


in Problemes économiques n° 2.243 , 2
octobre 1991 Science économique.

➢ BAILEY E (1981) “contestability and


Design of Regulatory and antitrust
policy” American Economic reviews, mai,
vol. 71.

➢ BAUMOL (1982) “Contestable Markets:


An Uprising in the Theory of Industrial
Structure” American Economic reviews,
mars, vol.72.

➢ BAUMOL. W, PANZAR. J et WILLIG R.


(1982) “contestable Market and the
Theory of Industry Structure”, San
Diego, Harcourt Brace Jovanovich

➢ BAUMOL W; et WILLIG (1986)


“Contestability: Development Since de
Book” Oxford Economic Paper, Nov, Vol
38 ; sup

➢ MICHEL RAINELLI “économie


industrielle” deuxième édition 1993
Dalloz.

➢ « théorie de l’oligopole (4e partie) :


barrières à l’entrée
http:/student.ulb.ac.be/mcincera/cours/e
coindus/tr12a.pdf le 28-03-2009 à 13h30
22
1BAUMOL , WILLIG ET PANZAR (BWP)
2RAMSEY a étudié en 1927 le problème de la fixation des prix par une firme ayant les coûts moyens décroissants.
Dans ce cas l’établissement d’un prix égale au coût marginal conduit à un perte. Il s’agit alors d’établir une règle de
tarification tel qu’existe une affectation des ressources satisfaisant un optimum de second rang c'est-à-dire un optimum
n de Pareto avec contrainte d’équilibre budgétaire des firmes. C’est cette affectation des ressources qui est appelé
OPTIMUN DE RAMSEY. La question a été reprise par M BOITEUX (au milieu des années 1950) c’est ce qui
explique qu’on parle de tarification ou de prix RAMSEY- BOITEUX, ainsi que d’optimum de RAMSEY-
BOITEUX .

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