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Le Blaireau

Sieur Blaireau venait de fêter ses deux ans de chevalerie. Il avait donc maintenant le droit de

prendre un écuyer. De plus, un peu d'aide lui serait bien utile pour tenter la libération de la jeune

demoiselle Hermine, kidnappée il y a quelques jours par maître Renard. En dehors de la prime

promise par son père à qui la lui ramènera, accompagnée des moustaches du ravisseur, il espérait

bien gagner son cœur. Ah la belle opération que ce serait là ! Il s'en frottait déjà le museau. A lui dot

et notoriété ! Un bien bel avenir en perspective.

Mais tout d'abord, il lui fallait un écuyer.

Et pour un Blaireau, pas facile de s'octroyer les

services d'un animal de bonne famille. Naître

Loup, voilà qui eut fait son affaire. Tout eut été

beaucoup plus simple. Le vieux Hibou saurait le

conseiller justement. On lui prêtait grande

intelligence et de puissants pouvoirs.

− Bonjour maître Hibou.

− Bien le bonjour chevalier Blaireau, que

me vaut l'honneur de votre visite ?

− Je pars en quête de la belle Hermine et j'aurais souhaité bénéficier de vos sages et précieux

conseils. Peut-être pourriez-vous m'indiquer où se tapit ce vil mécréant de Renard ? Et comment il

me serait possible de m'adjoindre les services d'un écuyer.

− Hum ! Vous êtes bien ambitieux ! Maître Renard n'est pas une proie facile. Mais j'ai

justement besoin de moustaches de renard pour une de mes potions. La surveillance de trafic

d'organes s'est renforcée sous l'égide du dernier roi Tigre. Et je n'ai plus toute la liberté dont je

disposait auparavant. Je vous propose le marché suivant : Je vous adjoins les services d'un bon
écuyer, qui m'est redevable, de mon apprenti personnel et vous me réservez ces jolies moustaches.

Le comte Hermine devra se contenter de sa fille. Qu'en pensez-vous ? Je vous indiquerai bien sûr

dans quel sous-bois il se terre.

− Je n'osais en espérer autant Maître. J'accepte avec joie. Vous me témoignez d'une grande

confiance. Je suis flatté.

C'est ainsi que sieur Blaireau s'en fut, le cœur léger, tenter de regagner la belle, accompagné

de l'écuyer Raton et de l'apprenti Salamandre.

Après quelques emplettes au village, l'équipe

disposait de tout l'attirail du sauveur : outre

emplie un léger somnifère, cordes, quatre

grandes capes couleur des bois et surtout, une

longue-vue. Les détails de l'opération se

décideraient sur place, en fonction de la

configuration réelle du terrain. Les indications

du Hibou étaient un peu vagues.

Approchant de la zone indiquée, sieur Blaireau se décidait à conférer avec ses compères. Il

leur fallait un plan. Et, grand seigneur, Blaireau se targuait de toujours solliciter l'avis de ses

équipiers, surtout quand il ne savait pas trop comment appréhender la situation. Raton pris la

parole :

− Très grand sire, je vous propose de partir en éclaireur. Je suis svelte et discret. Je saurai

localiser nos adversaires de la meilleure façon.

− Sieur Blaireau, enchaîna Salamandre, peut-être serait-il judicieux par la suite d'utiliser ce

somnifère pour endormir leur vigilance. Je pourrais me charger de son administration.

− Heum ! Compagnons, voici comment j'ai décidé que nous allions procéder. Raton, vous
vous occuperez de nous trouver l'itinéraire le plus sûr à travers les sentinelles pour atteindre notre

objectif. Salamandre, vous utiliserez vos capacités pour subtiliser l'outre du bandit et la remplacer

par la nôtre. Il ne restera plus qu'à couper la moustache de Renard dans son sommeil et prendre la

poudre d'escampette avec la belle. Suivez mon plan à la lettre et tout se passera bien.

Raton plissa du museau, Salamandre lui jeta un regard de braise, mais aucun commentaire

audible ne fut prononcé.

Raton revint nonchalamment une heure après indiquant que la voie était libre. Suite à une

courte marche, les trois gaillards se postèrent à l'entrée d'une clairière. Une brève période

d'observation leur permit de constater que Renard était seul avec Hermine, qui n'était pas entravée.

Au crépuscule, Salamandre profita d'un moment d'inattention de Renard pour faire léviter l'outre et

l'échanger avec celle de Renard. Ce dernier, tout guilleret, avait chanté de fort belle voix tout

l'après-midi et devait s'en trouver maintenant fort assoiffé.

Tout se déroula donc selon le plan jusqu'au moment où, Renard endormi, Blaireau tenta de

tirer vers une échappée peu glorieuse sa future dulcinée. Hermine le gifla et lui indiqua, en des

termes peu seyants pour une demoiselle de sa condition, qu'il ferait mieux de s'occuper de son

potager que de se mêler de ses affaires.

Le chevalier eut juste le temps de voir ses

anciens compagnons s'esbaudir, moustaches de

Renard à la main, en répétant « Blaireau ! Mais

quel Blaireau ! » avant qu'ils ne disparaissent

dans un tourbillon de fumée. Sa dernière vision

fut celle des crocs d'un Renard bien éveillé aux

yeux jaunes et furibonds, sans moustache. En

fond sonore, il pouvait entendre les

encouragements d'Hermine à son amant.

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