Il y a une expo que, vraisemblablement, je ne ferai
jamais et une que je ferai peut-être un jour. « Expo que, vraisemblablement je ne ferai jamais « et « Expo lointaine « sont des vélléités que j’entretiens depuis que j’ai cessé de peindre.
Pour aujourd’hui je vais vous entretenir seulement
d’Expo lointaine, laisser de côté pourquoi je ne peins plus et Expo que, vraisemblablement, je ne ferai ja- mais. Au delà vous ennuirait si ce n’est déjà fait.
Expo lointaine se tient* dans une de mes caves, celle
qui donne sur la Grand-rue de mon village, un village du Gard. Presque 4000 véhicules passent devant ma cave quotidiennement. Autrefois une dizaine de per- sonnes par jour s’arrêtaient pour regarder mes ex- pos. Depuis je balaie de temps à autre une crotte de chien devant l’entrée. On venait la nuit pour dérober les affiches que j’apposais sur le mur extérieur. Et je vendais, oui, vous avez bien entendu, je vendais. Non plus mille euros par mois comme avant, mais un tableau de temps à autre, comme les crottes de chien aujourd’hui. Tout cela a bien changé désormais.
Imaginez maintenant, comme je le fais moi-
même depuis bien longtemps et pour ainsi dire uniquement. La cave est très sombre, rectan- gulaire, de faible surface : 6m X2,50m. Sur les murs droit et gauche sont tendus des grillages à poules de 80cm de large, fixés à 1m du sol. Y sont encore exposés des «Lucarnes «, restes d’une expos antérieure représentant des cer- cles et des carrés dans lesquels sont étalés les restes de pastels que j’avais accumulés. C’est très beau; dans ce cadre et sur ces lucarnes je vais fixer des impressions, au format tabloid et haute définition, de tableaux réalisés en 96. Voici les tableaux : Trois tableaux disposés à gauche, trois à droite. De- vant chaque tableaux un cube, un cube qui n’en est pas un, hauteur 1m, socle 25 X 25cm. Sur chacun une silhouette de Deale esq., mon double, en papier mâché. Des silhouettes que j’aurais aimé réaliser en bouse de vache, mais l’état de ma voiture et de mes finances ne m’ont pas permis d’aller en faire la col- lecte. Voici, ci-dessous une illustration de mon dou- ble :
Au-dessus de chaque silhouette une lampe led donne
l’éclairage à chaque scène** de l’expo. Sur chaque cube est fixé un Propos d’atelier manuscrit, prati- quement illisible.
La porte de la cave est ouverte de façon tout à fait
aléatoire dans la journée, la soirée et la nuit, pour une durée indéterminée. Sur le mur extérieur de la cave un panneau signé Suchet est censé indiquer l’expo.
A l’intérieur, un autre panneau discret demande :
Merci de ne pas «déplacer» les objets. Un cahier et un crayon peuvent fournir un prétexte à laisser un commentaire. Trois cartes de visite y sont in- sérées.
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(*) se tient, l’usage du présent ici est totalement allégorique.
(**) chaque scène, soit un ensemble d’une ou deux lucarnes,
l’impression d’un tableau, une silhouette, son cube et le texte manuscrit.