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2. La phonémique classique
Il n’est pas difficile de faire comprendre à un non spécialiste qu’on pourrait, dans une
écriture phonologique, transcrire les mots arriver et tri de la manière suivante : /arive/ vs. /tri/,
en adoptant le principe suivant : un son distinctif (un phonème) = un symbole. Les premiers
travaux expérimentaux ont attiré l’attention sur le fait que ces unités distinctives ne
correspondaient pas directement aux observables. Ainsi, pour de nombreux locuteurs du
français, le /r/ est prononcé avec vibration des cordes vocales (il est, techniquement voisé)
dans arriver, mais sans vibration des cordes vocales (techniquement, non voisé) dans tri. On
pourrait donc aussi transcrire les mots arriver et tri comme suit [a ive] et [t i].
Les analyses modernes traitent ces deux points de vue (il y a un seul son ‘r’ vs il y a
deux sons de types ‘r’) non comme une contradiction, mais comme reflétant des différences
de niveaux de représentation : il y a un seul son distinctif ou phonème /r/, noté en barres
obliques, mais plusieurs réalisations (ou allophones de /r/), notées entre crochets droits.
A contrario de la position tenant les formes phonétiques comme plus scientifiques, de
nombreux linguistes ont donc émis l’hypothèse que le codage et le décodage du langage se
faisaient par le biais d’unités distinctives appelées phonèmes à partir desquelles le lexique
était construit, unités qui étaient pour eux plus « réelles », plus « stables » que leur
manifestation physique sous la forme d’allophones.
Lorsqu’on dit qu’en français il n’y a qu’un phonème /r/, on songe au système formel
du français en langue. Lorsqu’on décrit les réalisations allophoniques, on songe à la parole, à
l’inscription des sons dans une substance.
La convention notationnelle qui transcrit les phonèmes entre barres obliques et les
allophones entre crochets carrés s’est également généralisée en linguistique.
La première articulation du langage est celle selon laquelle tout fait d’expérience à
transmettre s’analyse en une suite d’unités douées chacune d’une forme et d’un sens. Or ces
unités de première articulation ne peuvent s’analyser en unités successives plus petites douées
de sens. En revanche, la forme phonique est analysable en une succession d’unités dont
chacune contribue à en distinguer une d’autres unités.
Martinet : « Une langue est un instrument de communication selon lequel l’expérience
humaine s’analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d’un contenu
sémantique et d’une expression phonique, les monèmes ; cette expression phonique s’articule
à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans
chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent aussi d’une langue à l’autre ».
LA NEUTRALISATION
• Lorsque deux phonèmes différents ont, dans un contexte spécifique, une même
réalisation, on parle alors de neutralisation.
• On appelle la neutralisation la perte d’une opposition distinctive entre deux
phonèmes dans un contexte spécifique.
3. Des phonèmes aux traits distinctifs
Lorsqu’on étudie l’inventaire des phonèmes d’une langue, que l’on étudie leurs
propriétés distributionnelles statiques, que l’on étudie les processus dynamiques qui les
affectent (en synchronie ou en diachronie), on est obligé de constater la récurrence de
certaines dimensions organisatrices.
LE TRAIT SYLLABIQUE
• Désigne les segments qui forment un noyau, un sommet de syllabe.
• Dans toutes les langues, les voyelles constituent normalement un noyau de
syllabe et sont donc [+ syllabiques], alors que les glissants, liquides nasales et
obstruantes sont habituellement [- syllabiques].
• Toutefois, dans de nombreuses langues, les liquides et les nasales peuvent
constituer un noyau de syllabe. Dans de tels cas, il est souvent possible de
prédire la consonne syllabique à partir d’une consonne non syllabique sous-
jacente.
LE TRAIT CONSONANTIQUE
• L’opposition entre [+ consonantique] et [- consonantique] correspond à peu
près à la distinction qu’on fait traditionnellement entre consonnes d’une part, et
voyelles et semi-voyelles de l’autre.
• Les sons [+ consonantiques] sont produits avec une constriction réalisée le
long de la ligne centrale du tractus vocal.
• Le trait [+ cons] regroupe ensemble les plosives (occlusives orales), les
affriquées, les fricatives, les (occlusives) nasales et les liquides.
• Le trait [- cons] regroupe les voyelles, les glissantes comme [w,j] dont la
constriction se produit dans le larynx et non dans le tractus vocal.
LE TRAIT SONANT
• Les sons sonants sont produits avec une configuration de l’appareil vocal
rendant le voisement spontané possible ; dans la production des obstruantes, la
configuration des cavités rend impossible le voisement spontané.
• De nombreux aspects de la structure phonologique sont sensibles à la
distinction fournie par le trait sonant. Les distinctions phonémiques en termes
de voisement sont extrêmement rares pour les sonantes. Dans les règles
phonologiques qui modifient la spécification de voisement pour un segment, il
est possible de constater que de nombreuses langues dévoisent les obstruantes
finales alors qu’elles préservent le voisement des segments sonants en même
position.
CONTINU
• Dans le cas des occlusives et des affriquées, le courant d’air est
effectivement bloqué, aussi ce sont des sons non continus.
• En revanche, dans le cas des fricatives, la constriction n’est pas assez
étroite pour bloquer le passage de l’air, elles permettent à l’air de passer et
sont donc [+ continu].
RELACHEMENT RETARDE
• Le trait relâchement retardé distingue les deux types de consonnes
articulées avec une fermeture complète.
• Dans le cas des affriquées, le relâchement après l’occlusion est graduelle de
sorte qu’il y a une période durant le relâchement où les articulateurs ont un
degrés d’aperture similaire à celui des fricatives, d’où le léger bruit de
friction qu’il est possible d’entendre.
• Dans le cas des occlusives, les articulateurs sont aussitôt relâchés de sorte
qu’il ne se produit pas un tel bruit de friction.
STRIDENT
Le trait strident distingue parmi les affriquées et les fricatives celles produites
avec une très grande turbulence de l’air de celles qui sont produites avec une
turbulence moindre.
Conventions d’écriture :
A ->B/… « A devient B dans le contexte… »
_D « avant D »
C_ « après C »
_# « avant une frontière de mot (en finale) »
#_ « après une frontière de mot (en initiale) »
+ « frontière de morphème »
_ (A) B « avant B, même si A intervient »
C « n’importe quelle consonne »
V « n’importe quelle voyelle »
C13 Lorsque ces symboles ont des nombres en indice et en exposant, le nombre du
bas indique le minimum de consonnes ou de voyelles, le nombre du haut indique le
maximum. Donc, ici cela signifie « de une à trois consonnes ».
C0 « devant n’importe quelle consonne y compris zéro »
Ø « ensemble vide, soit rien »
Ø -> B / C _ D « insertion de B entre C et D »
A -> Ø / C _ D « effacement de A entre C et D »
Les parenthèses : Lorsque le contexte d’une règle est inclus dans le contexte d’une
autre, et qu’aucune autre règle n’est ordonnée entre ces deux règles, elles peuvent être alors
fusionnées par l’utilisation de parenthèses. La règle la plus longue précède toujours la plus
courte.
Les accolades : Deux règles ayant une partie en commun du contexte peuvent être
fusionnées (l’élément supérieur au sein des accolades étant sélectionné avant les éléments
inférieurs).
Les processus d’assimilation sont caractérisés par le fait qu’un son donné emprunte
certains traits à un autre son dans la séquence.
Afin de rendre compte de ce que ces assimilations sont en fait un même processus, il
est possible de ne pas utiliser les signes + et + et d’utiliser des variables (représentées par les
lettres grecques).
L’importance de l’ordonnancement des règles repose sur plusieurs faits. L’un de ces
faits est qu’il permet au linguiste de contraindre, de limiter la puissance du modèle théorique.
En effet, une théorie phonologique qui intègre de puissantes règles qui peuvent insérer,
modifier, déplacer, effacer des éléments, autorise le linguiste à représenter un très grand
nombre d’opérations, et donc certaines peuvent très bien n’être pas possible dans les langues
naturelles. Il est donc nécessaire de dégager des moyens permettant de restreindre la
puissance du cadre théorique de sorte que seules ne soient fournies que des opérations
possibles dans les langues humaines. L’ordre des règles est précisément un domaine
susceptible de restreindre la puissance du modèle.
Ordre intrinsèque : l’ordre des règles est dit intrinsèque lorsqu’il se déduit
spontanément de la formulation des règles impliquées.
Ordre extrinsèque : l’ordre des règles est dit extrinsèque lorsqu’il est défini de
manière ad hoc (« sur mesure ») pour les règles spécifiques d’une langue particulière.
Condition « elsewhere » : Lorsque deux règles ont leurs entrées qui se chevauchent
partiellement, la règle la plus spécifique s’applique avant la règle la plus générale dont
l’application est alors « bloquée ». En fait ce principe ne fait pas que régir l’ordre des règles,
il régit également l’application des règles dans la mesure où seule l’une des règles sera
autorisée à s’appliquer.
Afin de décrire les relations ordonnées entre les règles, on apprécie les effets
potentiels (positifs ou négatifs) que peut avoir l’application d’une règle sur l’application d’une
autre. Ces effets potentiels sont décrits en termes d’alimentation (d’une règle par une autre)
« feeding relation » et de limitation (d’une règle par une autre) « bleeding relation » :
a. Deux règles A et B sont dans une relation potentielle d’alimentation si
l’application de A crée une nouvelle entrée pour B. Si B s’applique, on dira
alors que A alimente B ; si B ne s’applique pas, alors A et B sont dans une
relation de non-alimentation.
b. Deux règles A et B sont dans une relation potentielle de limitation si
l’application de A enlève des entrées à B. Si B ne s’applique effectivement
pas, on dira que A limite B ; si B s’applique, on dira que A et B sont dans
une relation de non-limitation.
Il est donc possible de distinguer quatre types de relation : Alimentation et non-
alimentation, Limitation et non-limitation.
Une règle A peut avoir un effet positif (alimentation) ou/et négatif (limitation) sur une
règle B. Dès lors que la règle A a une action effective d’alimentation ou/et de limitation, c’est
que la règle A est ordonnée avant la règle B. Maintenant si la règle A est susceptible d’avoir
un effet sur l’application de la règle B mais que cet effet n’est pas vérifié, alors la règle A doit
être ordonnée après la règle B.