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La science correspond « à ce qui est », alors que l’éthique porte sur « ce qui doit
être ». Ainsi, elle fait référence aux jugements de valeur, et à des énoncés normatifs.
En effet, il est difficile d’établir une « affirmation éthique ». David Hume a formulé
un défi que doit relever l ‘éthique. Il s’agit d’intégrer un caractère normatif dans
l’éthique pour qu’elle soit plus que l’expression de « pures » opinions.
Il existe une éthique économique. Elle correspond à la partie de l’éthique qui traite des
comportements et des institutions dans la sphère économique Elle ne peut exister que
dans une société où l’échange, notamment monétaire, a une place importante.
L’éthique sociale est la partie de l’éthique qui porte sur les institutions sociales et sur
la manière dont nous devons organiser collectivement notre société. Ces deux volets
sont interdépendants.
L’éthique économique et sociale, au sens « moderne », ne doit pas promouvoir une vie
bonne à l’image de l’éthique chrétienne. Elle doit se baser sur des principes justes.
C’est la raison pour laquelle, elle se fonde sur la justice sociale. Cette dernière
regroupe l’ensemble des principes qui régissent la définition et la répartition équitable
des droits et devoirs entre les membres de la société.
Quatre approches seront analysées ici. Elles définissent les repères fondamentaux, les
points cardinaux, de la réflexion en matière d’éthique économique et sociale.
I L’utilitarisme
Il s’agit d’une théorie éthique conséquentialiste, c’est-à-dire que les actions, les
politiques et les institutions sont jugées du fait de leurs conséquences. Elle est
également « welfariste ». Le bien des individus est la seule chose qui intervienne dans
l’évaluation des conséquences. Ce bien correspond au niveau de bien-être ou utilité
des individus (en anglais, welfare).
En outre, l’utilitarisme explique que les préférences de tous doivent être satisfaites
autant que possible, dès qu’elles sont rationnelles. Ainsi, cela concoure à l’intérêt
collectif. En effet, ce dernier correspond à l’ensemble des intérêts individuels. Mais,
l’intérêt collectif doit toujours l’emporter sur l’intérêt particulier.
II Le libertarisme
Cette théorie s’est constituée comme une alternative à l’utilitarisme dans les années
1970. Pourtant, elle se base sur des penseurs comme John Locke (1690). Elle part du
principe « qu’une société juste est une société libre ». La dignité fondamentale de
chaque être humain ne peut être bafouée au nom d’aucun impératif collectif.
Le libertarisme se fonde sur une société libre. Ceci n’est possible que si l’on définit un
système cohérent des droits de propriété. Chacun doit avoir un plein droit de propriété
sur lui-même. Ainsi, le libertarisme n’interdit pas des pratiques comme l’euthanasie la
prostitution, le négationnisme ou le commerce d’organes, à condition que la
participation des individus ne soit pas soumise à la contrainte. Ce droit de propriété de
soi n’est assorti que de trois restrictions :
-l’esclavage est interdit
-le paternalisme à l’égard des adultes est proscris mais pas celui envers les enfants
-il est possible d’enfreindre le principe de propriété de soi pour ceux qui enfreignent
celui des autres.
Pour qu’il puisse exister ce principe doit être accompagné de celui de la libre
circulation des droits de propriété, basée sur le caractère volontaire de la transaction.
C’est un principe soumis à plusieurs restrictions, notamment celle qui ne confère pas
le droit de propriété d’un nouveau-né à sa mère.
A ces deux principes, il faut ajouter celui de l’appropriation originelle. Il est formulé
par Israël Kirzner (1975) : « premier arrivé, premier servi ».D’autres libertaristes lui
ajoutent la clause « lockéenne » : c’est l’idée qu’une personne doit laisser aux
générations futures une quantité suffisante et une qualité équivalente. Des libertaristes
« de gauche » défendent l’idée selon laquelle l’appropriation n’est légitime que si le
propriétaire s’acquitte d’une taxe dont le montant correspond à la valeur des
ressources naturelles de la propriété.
La notion de justice sociale est ici, perçue comme le produit d’une procédure correcte
ou d’un déroulement historique juste. Par ailleurs, la mise en œuvre de cette théorie
conduit à l’établissement d’un État minimal. Un libertarien n’accorde pas le droit à un
État de mener une politique culturelle, sociale ou économique. Il défend un volet
extrême du capitalisme, qualifié « d‘anarcho-capitalisme ».
III Le marxisme
La dimension éthique du marxisme réside dans le fait qu’il prétend dire « ce qui doit
être ». Pourtant, la tradition marxiste dénigre une telle approche normative.
Le projet éthique marxiste consiste à abolir l’aliénation. Elle doit être remplacée par
l’abondance définie comme la situation où les besoins matériels de chacun sont
satisfaits sans qu’il soit nécessaire de rémunérer quiconque pour les activités
productives qu’il exerce. L’abondance est favorisée par le socialisme.
L’autre interprétation du projet éthique marxiste est la dimension égalitaire de la
justice sociale. Il faut abolir l’exploitation de l’homme par l’homme.
L’exploitation critiquée par les marxistes, est injuste car elle découle d’un échange
inégal. Il faudrait donc l’abolir.
Pour parvenir à la justice sociale, Rawls définit les biens premiers correspondant aux
moyens généraux requis pour avoir une conception de la vie bonne et en poursuivre la
réalisation. Ils se distinguent en :
-Biens premiers naturels: la santé, les talents qui ne sont pas directement sous le
contrôle des institutions sociales
-Biens premiers sociaux : répartis en trois catégories que sont les libertés
fondamentales, l’accès aux diverses positions sociales et les avantages socio-
économiques (revenu, richesse, pouvoirs et prérogatives, bases sociales du respect de
soi, loisir).
Trois principes définissent une distribution équitable des biens premiers sociaux :
-le principe d’égale liberté : le fonctionnement des institutions doit être tel que toute
personne a un droit égal à l’ensemble le plus étendu de libertés fondamentales égales .
-le principe d’égalité équitable des chances : les chances doivent être attachées à des
fonctions et positions auxquelles tous ont le même accès, à talents donnés.
-le principe de différence : il suppose de sélectionner le « maximin », c’est-à-dire de
choisir parmi tous les arrangements institutionnels, celui qui rend aussi élevé que
possible l’indice des avantages socio-économiques des individus qui ont l’indice le
plus faible.
Pour que ces principes fonctionnent, leur hiérarchisation est nécessaire. Le principe
d’égale liberté est supérieur aux deux autres.
Les considérations éthiques, dans le cadre économique et social, doivent guider les
actions des personnes et des organisations. Dans ce cadre, s’est développé l’éthique
des affaires (ou business ethics) qui vise à guider le comportement personnel des
dirigeants d’entreprise. Le problème est qu’il n’y a pas de lien entre l’éthique et la
maximisation du profit, donc certaines entreprises auront tendance à laisser de côté le
volet éthique.
En fait, adhérer à la pratique de l’éthique impose que l’on soumette à la confrontation
et à la critique des convictions que l’on soutenait. Cela impose également que l’on
croie que les valeurs et la conception de la justice sociale aient un impact qui ne soit
pas « que décoratif ».