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REVUE METAPHYSIQUE ET DE MORALE LA VIE RELIGIEUSE La question définitive & laquelle aboutit la réflexion de homme, lest de savoir si son dire se réduit aux particularités fragiles de son organisme et s'épuise dans les états successifs de sa conscience in vviduelle, ou bien s'il y a pour lui une destinée supérieure en relation avec ce quill peut concevoir de plus haut et de plus profond dans Vensemble des choses, c'est, dans les termes odil est permis de poser le probléme tout en se gardant d’en préjuger la solation, la question de la vie religieuse. 1 La vie religicuse ne peut concerner l'homme en tant que Phomme est considéré comme un corps. Ea effet, un corps queleonque ne saurait dans 1a nature exister comme principe; son étre consiste tout entier en mouvements qui sont la conséquence néeessaire, ou mieux la continuation, de mouvements antérieurs auxquels il west pas en son pouvoir de rien soustraire ou de rien ajouter. D'ailleues, imaginerait-on une dérogation aux lois qui régissent les corps, sup. poserait-on un lien de causalité directe entre Forganisme de Fhomme et une foree supérieure qui présiderait aux mouvements de la matiére, on serait encore en présence d'une relation physique qui Aemeurerait foreément extérieure aus étres; elle ne toucherait en rien leur personnalité intime, elle ne pourrait que supprimer toute er... = 100 1 2 REVUB DE METAPHYSIQUE ET DE MonALE. Liberté de Ia pensée, toule autonomic de 1a volonté, que détruire dans son germe In vie religieuse en méme temps que Ja vie supérieure de Thomanité. Il n'y a pas de vie religiouse pour un moulin & prigres; il n'y en a pas davantage pour Vindividu qui, a aide de Formules littéreles ou par'des gestes traditionnels devant des idoles, cessaie de prendre contact aveo une puissance matérielle qui te domi- nerait, et de se procurer un accroissement de prospérité physique. La vie religieuge ne peut étre qu'une forme de Ja vie spirituelle, elle ‘est Ja plus haute forme de ta vie spirituelle, ‘Une premidre proposition est ainsi établie, qui n'est guére que La constatation d'une évidence : matérialisme et religion sont choses incompatibles. C'est vers V'esprit quill faut se tourner pour eésoudre Ie probleme religieux : este que lexistence spirituelle de "homme implique Vexistence d'un principe qui dépasse Vindividu qui est et instant ot il vit, qui permette de fonder la réalité de le vie reli ‘Qu'est-ce done que Vesprit, et en quoi lexistence spirituelle se distingue-telle de Vexislence matétielle? Nous devons dire que la nécessité est la loi de la matiére, parce que nous ne concevons Ia inatiére que sous la condition de la nécessité. Comment définie la matiére, sinon par les mouvements gui la manifestent, et comment définie ces mouvements eux-mémes, sinon par les relations exactes, aqui les mesurent en les rattachant & leurs antéeédents? Mais nous ne pouvons dire saus nous contredire que la loi de nécessité régisse esprit, pulsque la relation de nécessité a sa souree dans l'espri esprit est la facalté dinventer des rapporis. Or il est impossible Aimposer une direction ou d’assigner une limite & cette iavention perpétualle, puisque le caractére méme da rapport intellectuel est Wétre quelque chose de plus que les termes quil eontient, de. S'ajouter a leur diversité et de les transformer pour en faire une nilé, Il suffit & un géometre d'avoir devant lui les trois ebtés et les trois engles d'un triangle pour former une série de théorémes, iné- uisable comme Mingéniosité de son esprit; il suffit & un podte a'avoir devant lui les formes inconsistantes d'un nuage pour dérovler tune série de comparaizons, inépuisable comme la fécondité de son imagination. D'une maniére générale, tout effort de réflexion aboutit, a des rapprochements inattendus ou & des distinctions nouvelles centre les idées; quelle qu'en soit 1a valeur el Voriginalité, il a ce résullat que Ie point d'arrivée de la peosée ne peut se réduire au 1, BRUNSCHVICG. — 14 vie npuicituse. a point dé départ, et qu'il ne sexplique pas par lui, L'activité de I'es- rit apparait done comme une activité proprement interne, c'est-8- dire qu’au lieu de subir 1a nécessité d'une contrainte extéricure, elle trouve en elle les ressourees de son développement. En un mot la liberté est le caractere qui définit l'esprit. Si done il est veai que homme est un etre pensant, c'est que tout ne se réduit pas en lui aux conséquences nécessaires des circon- stances externes. Ea un sens, rhérédité, le elimat, le régime de nour- riture, Je tempérament, et, dautre part, le mode d'éducation, les lectures, les relations d'amitié, leshabitudes sociales, les événements politiques, les induences de toute sorte que lindividu rencontre autour de Ini et qu'il ne dépend pas de lui de ne pas subir, peuvent rendre compte de toutes les pensées et de toutes les actions de Yhomme, car il n’en est pas sans doute dont on ne puisse retrouver Torigine ou Voceasion dans quelque fait antérieur, Mais, en un autre sens, elles ne suffisent pas & les expliquer, parce que Vidée suggérée devient toat autre chose que ses antéeédents, parce qu'elle est apte & vivre dans lesprit de sa vie propre. Du jour oi: Venfant ‘8 appris a calculer et & vérifler des ealeuls, du jour of le musicien sait combiner des harmonies nouvelles, du jour oa Phomme est capable de vouloir par lui-méme, va horizon illimité est ouvert devant lui, rien ne permet de mesurer d'avance la portée de ses écouvertes mathématiques, de ses inventions mélodiques, de ses efforts d'énergie, La pensée est en homme, elle fait de ui un centre original et autonome — centre original paree que les idées dordre divers, souvenirs de voyage et habitudes professionnelles, sensations physiques et affections de famille, se rencontrent dans un méme esprit et qu’a cause de leur multitude et de leur varisté une telle eneontre est unique, — centre autonome parce que ces idées servent de matitre a une sctivité qui a ses lois elle et qui en vertu de ces lois erée sans fin et par une élaboration continue des idées nouvelles. Dire que Thomme pense, c'est done dire qu'il y a en lui, au plus profond de son étre, un principe de liberté indéfinie. A quel litre et sous quelle condition ce principe de liberté appa- raitra-t.il comme le fondement de la vie religieuse? Lihomme qui pense est un individa. Si Pindivida, par le prine cipe de liberté qui est en lui, éehappe & Masservissement de la néces- sité naturelle, il ne lui ost pas donné de s'en rendre totalement indépendant, de parvenir a la réalité infinie que comporte ce pri

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