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PV Vas JOBERT Sits ols Cell H H H H EMAC a enc Lerog par minute d'un coup dEtat Le récit minute sans précédent par son aspect public et sanglant EZ OUR TOUTE Mille invtés — toutes les notabiliés du Maroc, le corps diplo- ‘matique de Rabat au complet. un fort contingent du Tout Pari, sont réunis au palais de Skhirat ob l'on ote autour dun buffet des Mile et Une Nuits anniversaire de La semaine deridre, Georges Menant a raconté comment un quarteron de conjurés a vw dans la fote de Sthirat occasion — unique — de s'emparer du own. A leur téte, deux hommes qui ne sont dlaccord ni sur la le général Medbouh, t8te politique du tous les amis du roi Hassan Il. Soudain, des coups de feu, fin ni sur les moyens complot. qui désire abdication du Roi et le colonel Ababou, un rire sanguinaire, qui veut une extermination générale, Mais ost Ababou qui commande les troupes. ll est 14h 10, le 10 juillet 1971. Tandis que ta panique commence & s‘emparer dos invtés. cernés sur une immense terrasse dominant la mer, le Roi et son gouvernement ont trouvé refuge dans un réduit attenant la sallo du TrOne. La wagédie va durer wois heures qui dépasseront, dans le suspense comme dans Ihorreur tout ce qu'un auteur de la Série Noire pourrait imagine. Quand tes premiers coups de feu éela- fen, M. Chahbazi, ambassadeur «Iran, bavarde avec le général Hodjad au bond de la piscine. Comme tous les habit de la fle, dui aussi eroit & un feu @arti- fice, — Mais pas du tout, coupe te général, qui dirige une mission militaire iranienne au ‘Maroc, et qui se trouve 1a par hasard. Ce sont les tirs de mitrallette, Croyer-moi, le porte de Ia ter- rasse stouvre & deux battants, Un groupe dde soldats en surgit, arme 4 la hnache ‘grenade au poing.. Lorsqu‘on est général da shah de Perse, el qu'on a prété serment sous le regard de pierre des Immortal, il n'y a pas deux facons denvisager son devoir. Le général Hodjad s’élance au-devant dls assaillants Un canon de fusil Tarréte. Le général fempoigne arme, essaie de Tarracher, lutte. Mais le coup part et tui traverse le pied. Comprenant qu’it n'aurait pas le dessus, te général se dégage et court vers les arcades qui donnent sur la mer. I n'a pas vu quieies étaient fermées par des alaces. Coined | Non. Les soldats, dberlués Dar ce courage inoui, lachent une volée de Dalles qui manquent le général mais cas- sent une glace. Voie Ubre. Le. général ‘plonge au milieu des lames de verre, et se Fetrouve & plat ventre sur Te sable. Au joment ot sautait, a senti une brdlu- re au edté : une balle dans Tépanie et une autre au bas du cou, i trofs centimétres la colonne vertébraie. H se redress, #6 Au toin, ChOtel Amphytrite, La-bas ils ont sirement Je téléphone. Et te formidable général Hodjad, qui a soixante ans et trois Dalles dans le corps, mais ua coxur d'Ach& énide, #loigne au pas de gymnastique 14h... général tombe criblé de 14 balles. Sur fa terrasse, c'est Phorreur. Les soldats rent droit devant eux, en tir faichant, par chargeurs entiers, lancent les grene des a pleines museltes. Le malheur est quen enterdant tes premiers coups te feu, du ebté du golf, la plupart des gens ‘ont fui vers ta grande porte — et sont fombés sr les tassaillants, Un abattoir, Tout se passe de si prés qu'on peut en- tenure le floc » des balles qui défoncent les poitrines, ouvrent les ventres, effacent es tes, Mitraille dautant plus meutriére quelle court sur tes glacis,ricoche dun ‘mur @ Pautre, maulant, bourdonnant,fai- sant jaillir Peau de Ia piscine, labourant Jes platres, abattant Tes giaces. Au milien des explosions el des hurlements, le gen val aviation N’Michi lance un er, histo- Fique et dérisoire + ‘Aux armes| EL tombe criblé de quatorze baltes. Diailleurs, quelles « armes > ? Skhirat n'a quae garde Phonneur, sans munitions. EX toutes les armes, du buffet, immobiles derriére teurs pyri mes de vitals, He sont tombéscom- ime des quis amet dw fle ges, des montées et des giteaux de miel. Bt ceux des choise vmt eas das a Ca fouls, oe rie malatenant ers ter arcades de ta plage, et wera sur les ‘ies comme une ne de mowches, Que {cue pa se hit esr aux glaces brisées. Cer ‘courent droit weiner sara Er nas dn Tes Aree oe ts de diplomtes Louis Tone ven Cache ere is ele ot fede oo rap proche ene! erste pas CCambassadeur de France, Claude Lebel, (Gilet cuca bain, cost sicare? Sins une cabines Draven conse Be aaah Rees oe oe {inex i lee wlevtuliots ‘on bonoet Hae se Se os eect — ‘Mais: fhe refuge. On court en tenant devant oi costo pales ergot OW tee date do fer eo guise de Bower, tebe as wo: teerss ou pie ta iis vont tuer tout le Fair étonné, et qui plient les genous, une Dalle dans de ventre. Ceux qui levent les bras, et tombent ji la renverse, frappés en. ‘dos. de leur chaise, comme le vieux profes- seur Dubois-Roquebert, qui venait de f€- ter ses quatre-vingts ans. Un confrére, le professeur Garnier se précipite. = Inutile. Fétais sous anticoagulants, je suis foutu... Sauvez-vous | 14h10 .... feu!» Mais il y a déja cent morts. Liambassadeur de Belgique, Marcel Du- pret, un des boute-en-train de Ja matinée, Bit face contre terre, mort. Tuds égale- ‘ment, aw hasard, le ministre Lazrak, te président de Ja Cour supréme. Ahmed Bahnini, le docteur Faraj, doyen de TAct- mie tle médecine, Plus de cent morts en quelques sninutes, deux cent cinquante Dlessés. Un homme en pantalon marron et che- 1081 accusés : cest le procés des cudels de Vécole des sous-officiehs dAhermoumon © — Fai senti un pet mise jaune court entre les groupes de soldats. = Cessez de tirer ! Mais vous étes fous? Crest le général Medbouh. Curieusement, personne ne Ini tire dessus, On finit mé- ‘me par lui obéir. Beaucoup de soldats, i) est vrai, ont épuisé leurs munitions. Et ‘maintenant, Ia erosse en avant, les (ueurs regroupent les survivants, délogent ceux qui sont eachés dans les cabines de bain, sous les tables, derriére les sofas. Coups dde_poing, de pied, de erosse. Pigires de atonnette. Injures, tantot en arabe, tan {6t en francais. En'rang par trois, mains en Tair, les prisonnierscommencent sortir, soutenant les blessés qui elopinent, Un médecin militaire, le colonel Reynaud, 4é touché Pun des premiers, alors quil evenait du golf. Lartére fémorale see- tiomnée, i] s'est fait un garrol avec sn ceinture. Comme le sang coula ia serré sa citisse dans un tourniquel avec une serviette de table et un couteat, ‘Mais un soldat a vu le coute 14h20....... mitraillette, le blessé vit toujours. — Fétais allongé par terre, tenant mon tourniquet d'une main, Le soldat a bra ‘qué sa: mitvaillette sur moi. Vous dire la {8te qu'il avait, jen suis incapable ! Je regardais le bout du canon, la rafale qui allait parti Un hoquet, de courtes flammes. Le bruit, -owsourdissant, cchoe, comme Ia pre- ‘mire fois, quand Favais pris ¢a pour ne Dalle de golf. Mais cette fois, je savais.. Vétais toujours vivant, Mais /avals trois Dalles de plus dans ta euisse. EL maintenant, sur la terrasse, c'est le si- lence. La fumée bleue, qui s'iale comme tan Tineeul. Et Todeur acide ve la poudre, alge A celle du sang. relrouvé seul au miliew des Imorts. Prés de mol, le professeur Dubois Rogueber! dans son complet blanc, avec son panama qui avail roulé A e6te de Iu), T faisait trés chand, ot j'avais tersiblement soll Je ne soufrais pas, tas paral. ‘ment conscient. Et je savais que si Ton ne ‘me soignait pas rapidement, ma jambe lait perdue. On a d'abord conduit les prisonniers vers Je.camons militares, stationnés Faure woul du terrain de golf. Longue marche, Le professeur Garnier, qui soutient un, tessé épuisé, sent le canon «une arme dans son dos, — Avanee, ou je te tue ! Beaucoup pensent : on va nous faire mon- tor dans les eamions, puis on nots fusil- tera en peine campagne. —Tly a deux jours que mang ids om sr salauds, cest vous qui serez notre diner | — Moi, dit Benoist-Mechin, je. pensais ‘qu'on alla se débarvasser de nous en fai sant baseuler les camions dans quelque in gradé ordonne Ja fouiHe sénérale. Et, en francais ‘= Brdllez tous ceux qui ont une arme = Fai en chausd, raconte Bet ‘Tout a coup, j'ai vu le soldat Jait pair en’ ti ma pipes iMNsfavais quatre cents francs sur mol, i ie photographe Fernand Dotfccher is ane Jes'ont rendu, méprsants. Mais les briguets en or, les montres, les cameras sont jeles terre et pictings un folio dor ct pur. ‘Avec, parfoin, cette Scplication = ows sommes YAmmée du peuple. Pourtant tm soldat a empocke fa montre de Jacques Chazot. Pass elle de son vor sin, Binis am grade-a vu le pester “Notte sommes des révotiontaires, pas des voleurs, Rends-ii sa monte: {Gaz ly se-qarde bien de rk “Tava trop peur. Yeme diss: Ie type al melts Pgtce va revels eer our n'avcit pas me la rendre {aon conte defer, et Pour un ig, mot. On a fall Sallonger les pr ‘Snniers sur Pherbe. D'abord, Sur leven. tc Pe red, nano i Cv haissent les bras resoivent un coup, Darfois une bale, la SCANDEE PAR LES RAFALES C'EST LA PRIERE DES MORTS Brilez tout ee qui bouge ! hurtent Tes grades. « Pourquoi ma chemise ? - Une rafale le cloue au sol. Souvent, on ordonne a Tun ow & autre @enlever’ ses. chaussures, soa. pantalon. ‘Ou, comme a Charles Guctta, administra teur du ¢ Nouvel Observateur > et ami personnel du Roi, sa chemise. Ponrquoi_ma_ chemise ett Une rafale le cloue au sol Jean Himbert, lui, était le grand espe de Ta ca francaise. Travailteur acharaé — il était en train de mettre to te la connaissance cardiologique sur ordi- faleur— Jean Himbert wavail guere en- vie de ve at, Mais son maitre le professeur, Lenégre étant retenu par des. copies examen urgentes, il sétait obi ye de bre, Te docteur Himbert n'a ides bumbles devoirs du me devin, Négligeant In menace des armes, il rampe vers tn blessé gémissant. "Reste la ! commande une voix dervidre tan fusil Le docteur Hinbert se retourne Mais, je suis médecin.. Ex pour sortir sa cart, il met Ia main & la poche. Une balle Iui iroue la poitrine de hhaut en bas. « Perte irréparable pour Ia science fran- aise », nous disait le professeur Lenégre quelques jours avant que sa propre mort fhe consomme le désastre. Mais ees tueurs Hagar gue saventis de ee ulls ont ‘appeler destin cette > demande Le colonel Reynaud, agrégé de médecine, fenseignait depuis cing ans a la faculte de i Il allait quitter Te bateau, re, Te colonel Reynaud ignore quil sortina trois mois plus tard dl, Valde-triice avec dix-sept kilos en ne jambe mécanique, Il ignore méme S10 sortie de. Skhirat. rt de Tatitre le coliteau qui serre son garrot, il rampe vers Ia porte de la terrasse — Un acte insensé, Mais je voulais fuir ‘ces morts, dchapper a ce Hew funébre. Je Suis passé entre deux sentinelles et — Paete — aueune ma tiré. Mais quand fai rejoint les prisonniers il a fall meitre Jes mains en Pair, Clest Ki que je me suis apercu que j'avais aussi une baile dans. le bras. De temps en temps, je resserrais mon. tourniquet “dune main. Malgeé le san perdu, jélais toujours trés Iueide, el je fie faisais mon propre diagnostic. Ma jambe devennit de plus en plus paralysée. Quand jai su quil dait trop tard pour Ta sauver, jfai défait le couleau du tou riquet, et je Tai eaché dans ta terre. Pais jen ‘pés stir leurs bottes de saut, jambes en (rangle et mitrailletie & Ia hanche, Tes - tueurs, en contre-jour dans le soleil, nent eit respec! leurs prisonniers allongés sur Therbe, Qui sontls ? Pourquoi tout cela 7 Ft pour qui? Autant de questions qu chacun, mamtenan 4 pose pour Ii n'avais qui ne pas venic Tes pores tis Tambassadeur "Egypte, dit un tend son passeport. repond Te soldat, je suis un souscofficier de Parmée marocaine. “Mais moi, dit wn monsieur en col Mao, ie suis Tambassadeur de Chine 1¢ A In noix de coco, on sen Et si tout le monde Gtait devenu fou? Alors ? Ni rouge, ni blanc, ni Fst, ni ‘Ouest, ni « nasserien >, ni « grec », le premier coup «Etat public de THistoire Te premier qui se sole déroulé devant tun parterre Mambassadeurs, de ministres, dde magisteats ot de géneraux — est aussi Te premier qui soit fotalement incompre- Tensible, absurde, Bt si, simplement, tous ces types étaient devenus fous ? Mais le plus fou de tout, est qu’on a vu Medbouh traverser le terrain, impassible Lai, Te favori du Roi. Lai qui, tout a les assassins semblalent Ini obéir ! Medbouh s'est éelipsé. Tout seul, furtf, i vient de frapper & la porte du réduit ol Te Roi s'est cache avec Son gouvernement Tlempoigne Hassan par le bras : Vite, suiver-moi | — Jen Et d'abord, lie chemoi = "Crest un compl, Majesté. Bt c'est Aba- tou qui le dirige. Si vous accepter de sor tir ici, je peux vous sauver. — Si Ie! Roi sort, intevient le Premier Ministre Laraki, je sors avec lui Tol, reste ict coupe Medbou, Puls, se tournant vers le Rol EL si Je vais chercher Ababou, e ‘que vous Tut pardonnerez ? "Un Hoi ne negocie pas, dit Hassan, tres ferme. Si ti veux partementer, va tou- jours. Mais pour le pardon, eest tune autre affaire Medbouh sort et place deux mutins en sentinelle devant la porte = Que personne nent ie, ot que per Dans ta pénombre du rédut, le Rot sest foutené. vere ses amis, bouleversé, Meabou, un homme que javais com- ie dees raven Bk mes cal ex aque je prenais pour les plus Fdéles de thes souls Pus il stavance vers la porte et colle son ‘oil it (rou de Ta serrure ice sont bien eux Ei dice que nous avons méme pas tm clow pote nous dé fenike. Gendroit ol te Rot et ses amis sont caches fst une sorte de dépendance, contigue & fa'salle du TrOne, qui comporte Un ves lini une petite ctsine et des lavabos Outkir, monte. sur une Hunette de we, tesstie de voir ce. gu se passe a travers Te vasistas entre, T|apercoit Tes sok dats qui vont et viemient, fouillent to laneent des grenades ait hasard. Il se tourme, un doigh sur les lees. cht Dans un coin, une femme enceinte pleure vieus diplomate, hébste, sifflote. On veut Te faire talre ie siffle? 15h 30......... vont-ils faire a mes enfants ? » ‘Tous les yenx sont tournés vers les vasis- fas, of Yon eraint quan soldat ne jette tune grenade. On retient son souffle. ‘Je ne comprends pas, répete le Roi & voix basse, Je De Testérieur arr mes et enfant SMa fail enfants? ‘On attend a chaque instent qu’Ababou entre et fasse tuer tout te monde. Mais personne ne vient, ni Ababou, nit Med- Jouh. Les cceurs commenceat i battre moins fort. Le Roi retrouve son Fatalisme. Que vouler-vous, dit, on n'asstire pas Tes dommages de guerre | Et il'se tourne vers re Chaumet, le jonilier ee place Vendbine ¢ Ty a bientOt une heare que cela dure. =" Patientons, dit Hassan, les renforts vont arriver. Mais Tincompréhensible attente se pro- Jonge. On entoure le Roi én silence, toutes h goguenardise = ‘Mors, Majesté, ces renforts, ils arvi- vent ? Dehors, les salves recommeneent & eré- it Oufkir rompant & haute voix ‘va pas se laisse ‘re comme des canards ? nniers allongés sous le s0- leil, Ia soif ajoute sa torture aux affres de ‘Tattente. Les mouches. s'aggutinent sur les blessures, les levres, les veux Ini- possible de Tes chasser “ un geste, el c'est fa mort, Un marehand de tableaux py: sien raconte "Nous Taisions des grimaces pour es- sayer de les faire partir en leur soufflant ddessts —A présent, commente 'ambassadeur de France Claude Lebel, je sais tout sur Ia vie des Fourmis “"Vavais le nex dans une Wit Jacques Chazot, et avait un joueur de golf américain qui te A chaque i ses pieds contre ma tte, fale, un réflexe nerveux Ini faisait ten- the Jes jambes, et il m'enfoncait Ia tte dans Te’ Uhym’ avec ses chaussures Un général refuse de trahir. « Qu’on le brile ! » Car on revommence & tirer. Rebléy ner fr AY lap ‘ial appara fide Tui, comme une ombre, son sree du corps : Te erent Aka, nn géant sv crine rane dont 1a plisanterie fave Tite est éerire son nom a Ia mitailete fur les murs. Des générattx ont aust ‘ntouré Je colonel Abubou, Outre: Med- fou,” les. prisonniers.reconnaissent Hamou, gouvernedr militaire de Rabot et Bougrine, gouverneur de Fez, me @Abadon. on lit ane Tis Sonniers se leven néral Boulhimes 2 Le général Boulhimes, qui commande la Geadarvere roy, vance is Dl sous son petit chapean de golfeur, Aba: tou Fentrnine a Pecan, Ini paste i voix ase. On devine Ja question avec nots tu contre nous? Cest on, Ababou se retourne ‘kha, brent cetle erapule Fin du général Boulhimez, qu ascule su nile des prisonniers étendus. La queu de rafale traverse le genot de M. Rout, tn golfeur de Casablanes, qui serre Tes denis pour ne pas hurler Des daines de fhiGles du Roi moarront fini, sans ton mot, soon Pail des survi- Sank que. chaque’ rafale fait ‘sarsaster {onme'si elle leur entrait dans Te corps Seandé par les coups de feu, um murnmare ‘deve dt sol. Ce sont les prisonniers i sulians qui réeftent Ia «Chaba », la pritre des morts, un doigt tend vers Te bet Un rescapé donne Falerte : « Ca ne nous regarde pas A deux kilométres de Hi, au bout de la plage, «autres prisonniers, hommes. et femmes, musulmans et chréliens, font eux sus, leur prigre = ce sont Tes clients de Thotel Amphytrite, qui étaient venus pas- ser un week-end de soleil et de baignade. iis ont vu arriver le général Hodjad en sang, puis Pambassadeur d'ran Chahba- ri qui ont essay de raconter ce quills ve- haient ‘de voir, Personne ne lesa crus. I faisait si beau elle soleil” tapait si fort sur les cranes... Un quart dheure plus tard, Jes mutins faisaient irruption. Cnupaient lex fils du telephone et met laient tout le monde en joue. Le général Hodjad n'a pas eu le temps de ‘eléphoner. Ila stoppé une voiture qui Dmssait, et s'est fait conduire 2 Thopital fie Rabat. Il raconte son aventure, mantre ses blessures. — Tout ea, fe pas. pond-on, ne nous regar- lui est arrivé one a Fambassadeur, 2x commissariats de po pone ‘faire le nécessaire > res de monde, cst Tindolence distraite dun samedi été 16hi5...... balles s'abat sur les prisonniers Mals sur Te gazon de Skhiral, est une houvelle vague ‘de terreur quit defete. [Ababou vient aboyer un ordre en arabe. FI brusgiiement, les soldate courent vers leurs eamions. Les prisoners, qu erofent ‘venue la fin di cauchemar, commencent Wse redrester, Ils Tegardent, sane. com prendre Jes eainions gui démarrent. ‘soudain, Ja fusiade da haut des camions, Tes soldals trent de toutes Yt aries abaitent ceux qul s'taient Teves, Glonant au sol ceux qui rampent. Une Dluie de bales, qui dure plusieurs mini {es tans que tourne le carrotsel des ca- mmlong, Le ministre Lazrack et des di es anes recap vont ner I mort Pour se proteger, un groupe de pri ‘plonge derriere une voiture dt Dalais, ane Volvo Bleue, Partai eu Bou ub ior et Pambasoeur de Fuse, si dense que la pai voiture, glaces éelatées et coursing éven- és, dansait sur ses roues, Lacier suédois a siuyé sa réputation, et {es prisonniers leur vie. Mais ils sont for jours prisomniers. Car Tes muting ont lais- ‘ur place un détachement qui regroupe ‘maintenant les survivants. i coups. de ‘erosse, Que s'est-il passé ? Une scéne qui n'a pas eu de témoins, mais que Peng permet aujourdhui de reconstituer — 1a Seine eapilale. Aprés son conciliabule avec Te Roi, Med- dou est parti A la recherche q’Ababou. Tle rencontre & entrée des appartements privés, Ababou a tout fouillé, en vain, Il és te lendemain du putsch, des se tendent aux troupes loyalists. A Rabat, insurgés — Oi est € le Negre > 2 (Clest ainsi quill ésigne le Roi, dans son gnard. berbére pon Alaouites) ce qui Poppose, i lui, Je seigneur, a ce rel tre obtus. Iya jouer. Que veut Ababou Le que d'autres colonels ont pris tee eee Que veut Med ui a tout ? Une seule chose, dit-i tre fin au gaspillage et & la co aqui pourrissent le royaume, et chi fables, aussi hauls’ el puissants se croient. tait le Neguib du complot, et i | Mais depitis quelques minutes, tout fest changé = Iul seul sail olt se trouve Te Roi. Il Tui sauvera Ia vie, négoctera son abdication, Et du coup, if aura sauvé le Maroe : de la gabegie en méme temps que ‘de Ta terreur, A ce moment arrive le docteur Benaich, Je médecin personnel ¢'Hlassan, qui tien ‘une mitraillette & la main, et qui semble jouer Je jeu des conjurés. Lut qui connait {out des liewx, il confirme + « Impossible de savoir oit bien pu se eacher le Boi. > Sursaut de fureur dAbabou, 1 cest ici que Medbouh commet sa pr re faute de toute P'affaire : il abat son yp tot je Hassan ? Je Pai fait cond ire A Rabat son acts ‘sous bonne escorte. Il va hi Pabalication & a radio, Zquement, Ababou devrait acquiesce: ‘eraindre, pl ccamions de troupes q Dat ce matin ont dis der son pouvoir Je. Ilse tourne vers Akka, blane de colére = Briile-moi ces deux salands | La méme rafale tend Medbouh et Be- nich, 16h 30... .. son rasoir : «J'ai un éclat dans le cou» ‘maintenant, il faut foncer sur Rabal, attraper le Rol = Vite, aux camions | En fraversant le golf, Ababou apereoit un soldat qui parlait avec son prisonnier. Et les ordres ? Jal dit: tirer sur tout ee qui bouge 2 — Mon colonel, je ne peux pas, Gest le docieur Moulay, ut ma sofgnd Fannée Un médecin ? Ca tombe bier Ababou embarque le médeci sort un rasoir, tun éelat de grenade dans Ie cou. Opére-moi. Et tandis que Je médeein Jui chareute le cou tented Ababow dire & son chau ‘Medboub 211 nous avait trahis fla pay 4 100 % dans sa AD %, A 1a montre du joaillier: Chaumet, il est 16h 15 quand le vrombissement des ca- mions parvient au réduit ot sest cache § Je Roi. Quelques minutes plus tard, des © coups ébranient Ia porte. Sur la pointe © ‘dos pieds, om reflue vers les lavabos. Cho ‘can retient sa respiration, (s te de ta page "TIRE SUR TON PRINCE SI TU LOSES" Je voyais les vex des ministres sea quiller, raconte le professeur de Gennes. g Une rafale fait sauter Le verrou, fend Ia porte. Des soldats.sungissent ct ouvrent autssitOt Te feu. A cbte, plaqués au carrela 4ge des lavabos, le Roi et ses amis attendent ins nistre Ba tdrérafler et uanleation reste ouverte. Soudain, raconte le professeur de Ge res, trois soldats ont fait inruption, Je a Sils-Mavalent. pas ¥ 1és sur place, 16h45. .. . Bris. Mais personne ne a reconnu. ‘eux de voir qu'il avait pu éhapper a eval secbere ieee ete pelit groupe i coups de crosse. Pe'New ttions convaineas quon silat fous Cusilier, dit Pierre’ Chaumet. Le Roi sort le dernier, mains en Pair. U soldat Inia arraché sa monte. Mais per- sonne ne Pa reconnu: Dehors, on continue de réciter ta prigre des morts. Mais depuis qu’Ababou est par= {i avee le gros des troupes, la surveillance ence cchanger es mots. Les médecins. font es nents. Louis Joxe en n profité pour liseerjusquaux batiments, Ilse laisse haseuter par un vasistas et se retrouve a soUs-a0), dang les cuisines. Les conduit eau, déchinées par les greades ont tout ~ Fai, pris un bain, et (eau froide m'a soulagé. Autour de moi, des mourants qui gémissalent, Et les meéchouts, sur letrs Broches électriques, qui continuaient de tourner. Dans ce elair-obseur de morgue, Louis Joxe entend quelgu'an Tappeler par son rnom. Crest le conselller des Affaires étran- séres Piet s blesses dit début, qui'se traine dans Peau, De crainte d'étre « netioyés > par une patrouille, nous déeidons de sortir, et nots egagnons le terrain en rampant. (est kt que je rencontre Pambassadeur dex Etats Unis, Stuart Rockwell, qui. issi_ Le nex dang Mherbe, ni senions. Un homme charm Au bord du terrain de golf, lez balles ont crevé un tuyau darrosage dont Tent eoule au milien des morts. Le flaque qui Sees formée est rose de sang. Des prisoi hers, qt n'en peuvent plus de $0 ¥ lapper ft quatre pattes. Pormi les morts, dont beaucoup sont i @ moi n-cadavre en burnous ane Daigne dans Pea, Sout se dreste, rejette san ‘apuchon en arriére, ef un eri parcourl ta Towle = Allah | Mon Diew ! (On vient se recomaitre Moulay Abd: lah, Aux premiers coups de feii, le prince avait passe le burnous a ‘mur avee un groupe de euisiniers Von Tiquidait a traillette, et ils lé incognito. Atteint par deux Dalles, Tine au coudle, Tautre au gendn, il avait passé Papres-midi & faire le mort Be ma deyinant un floftement dans ion, ila décidé un coup de poker. It savance vers un soldat Doone-mot ton fusil. Je suis colonel de btindés, et Tes blindés aerivent 1 TL ment, erie un sergent. Ne W'écoute pas. Le soldat recule, braque son arme. bien, dit Moulay Abdallah, tire sur ton Prince, si tu Poses | Keil sloighe, majestueux. Personne n'a iI était tout blanc, avec de grandes laches de sang, raconte Louis Joxe, On aueait dit un fantime Décontenaneés, es mu s_commencent i Inisser paraitre leur inquictude, is wont presque plus de munitions, velles de’ Rabat, Et Ababou n'est pas re 17h 30....... « Baise-moi la main ! qu'une seéne inquiétante se tlre bout du mur d'eneeinte. aéroule & Le Rot parle a un de ses gardiens, qui vient de recharger sa. mitraillette. Ek il Séloigne avec lui, suivi de trois autres ins, Chacun pense : le Roi est recon ls vont le Tusiller. Et souclain, om voit ‘nuntin se mettre au garele-a-vous * est fol qui, de luk-méme, sest fait recon naire, Mais, Majesté, bégaie Je soldat, nous tions venus pout votts délivrer. ~ Alors, quvest-ce que tu attends pour me baiser I 17h45.. .... hébétés, crient : « Vive sa Majeste Tagine sslreniey ua hesrran gate fe de Fassistanee, debout. Le Roi re accompagné de son frére gti Tui enloure Tépatile de son bras blessé, Der- ore lui, ses ministres “qui redressent 1 Oufkir, en slip, qui enfile ie combinaison de parachutiste. 21 es mutins, le fusil brand, qu « Vive le Roi t> Mi coin des hu dans leur cafe duu matin commence a perdre de son effel), considérent un alr absent Tépouvantable gichis qui jonche le sol at. tour deus L“herbe, raconte Pécrivain Jean Orieux, tail saupoudrée de petits bouts de carton prix de mille contorsions, les prisonniers liyaient réussi a les déchirer et a les ea ‘cher sous eux dans Tespoir de faire eroire Wily se (rouvaient & la fele par hasted. 18h 30 Une scéne de western & I’état-major. Commence en vaudeville, Ia tragidie ‘A Rabat, Ababou, de assembler ses ux a Letat-major — ‘Le Maroc esta nous. Messicurs Tes gouverneurs militnires, veulllea regagner at ayo i moment od it quilte ta réunion, ‘parable Aka, an hen —Majesté, laissez-moi_réyler ca, Ces lune affaire’ entre militaires, Le général arrache sa carabine au pla ton te Fentrde, e rue sie Ababou ef tive Mais AAkka, toajours prompt, nitrate Et Tes file et le rebelle, tombent face a face, mors Gest fini. Tous eapturés avant la null, les chefs rebelleg_seront fwsiliés trols. jours us tard. Ta, radio, oft les insures. se font retranchés, tient tonjours, bile ten: dra deux jours” Ft les nouvelles du Maroc, siefaitement contradictoires, mnetlent Europe, elles rate lissent fa cireatation sur Tes routes tele Auidées da 11 juillet, En Amérique, elles ‘interrompit tes barbecues. wu week- A Cadix, Ta VE Plotte Us. eat en flerte. A Tripoli, Kh ede bom hnarder le Maroc. M ine Indifference demeure. Cest Ia police a i disperser deux at trols folipes. de yamine qu acclamaient la Revolution, ef areéter un bistrot impr dent qui avait offert la tournce generale 1h autographe ? = [Lu dernigre victime de Skhirat sera Jac. ques Chazot. Au moment olt i regagnail fon hotel en-voiture un mtn en fulte ful a barré In route, enrailete ou poing, et Stent fait conduice dans une cachelte de danliewe. ‘Beware, ‘Ie charmant regogne enfin le Hillon oit tout nest tues cole et chants doiseaus parm les fears. Mais Ye hal ex envaht de tourstes ay foment i deer aviony of go we Précipitent sur luk is ne sevent ren, ils rvivent de Kouba ‘Oh | Monsieur Chazot, quelle chance | Un aatographe ? ninistire de pe encerclés Un kilométre plus loin, aut Mintérieur, les enfants de tro tirent Tew retrouvera sot tact. Les mutins pporiée de leur crayons de couleur, GEORGES MENANT.

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