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BEATRIX MIDANT-REYNES Archéo-Nil 8 - 1998 La question de habitat prédynastique RESUME Comparé aux immenses nécropoles de la culture nagadienne, sources d'informations quas-exclusives Pour époque prédynastique, Phabitat se présente comme un parent pauore. Le probleme en mérite dau tant plus détre pasé que les fouiltes récentes ont fat surgir des ensembles cultures du nord de eye, ‘it les nécropoles sont peu représentées, et que les recherches menées depuis 1989 a Adaima tentent tétabir un parallel entre le liew ot les hommes wvaient et celui oi ils se sont fait enterrerA a lumiére des données nowelles, a question des habitats apparait plus complexe qu'on ne Vavaitenvisagéeanpa- avant et es diférences entre le nord et le sud du pays tendent se gommer. Un glssement vers la plaine altuvile apparait neliement se dessiner dans la seconde moitié de Nagada (mitiew du IV€ millénaire), «avec la formation de centres de regroupement de te. Bien quo mal connu - et parfois nié-le phéno- ‘mene d'urbanisation parait avoir 66 Pultime ape dans les processus complexes d’émergence de VBtat Compared tothe buge Nagadian necropolis, an almost exclusive source of information forthe pre- dynastic period, the dwelling site bas the aspect ofa poor relation. The problem i of particular impor- tance since recent excavations bave revealed cultural groups in tbe nort of Fey, where burial sites are ‘poorly represented and, aso, the research engaged in Adaima since 1989 tries to establish a paralelebet- ‘ween tbe place where people lived and the one where they were buried. a ight of new data, the question of dwelling setlements becomes more comple: than bitberto envisaged and the differences between north and south tend to be eradicated A sbpt towards the alluvial plain appears quite clearly toward the second half of Nagada (middle of the 1Vtb millenium), with the formation of areas forthe eit. Although aly known - and sometimes repudiated - the urbanizing phenomenon seems to have been tbe final step ofthe complex process of stale emergence. BEATRIX MIDANT-REYNES 67 Archéo-Nil 18 - 1998 La question de habitat prédynastique* Béatrix Midant-Reynes, chargée de recherche au Centre d'Anthropotogie, UMR 150 du CNRS, 31000Toulouse. Cet tile pend wn des ea pits do méioited'Habilitation présenté yar BMidant-Reyuas & Universe Part Scuboane LEST DEVENU BANA. DEDIRE que, depuis les travaux fondateurs de Petrie, la période pré- du tri de la faune, effectué par Wim van Neer, et identifiés par Erie Cru- bery!®, Is ne présentent pas de traces de particule, et il n'y a pas de raison de ne pas les considérer comme pré- dynastiques. Is présentent, en revanche, des traces de découpes sur os frais, qu laissent présumer quis ont éé extraits, il y a fort Iongtemps..., de cadavres encore frais, et surtout ces traces de découpes sont iden- tiques. celles qui affectentles os de la faune. Ainsi se trouve relancé, dans le contexte plus, large des manipulations de cadavres, la ‘question trés peu explorée du cannibalisme. r,s‘ est un mot qui heurte la sensibilité de homme moderne, c'est bien celui-Ia, et la question du cannibalisme, comme le sou- ligne M.Carneiro da Cunha (in PBonte & M.lzard : 1991, 124), na jamais été insérée dans une problématique d'étude générale, comme l'inceste ou le totémisme. En Egypte, ila éé évoqué pour l’époque prédynastique par Petrie (1896 :) et trouve des échos dans les célebres passages dits « cannibales» des Textes des Pyramides (Barta : 1979). Aux Epoques historiques, la question est & now- veau soulevée, clairement lige, cette fois, aux conditions de catastrophes générées par les famines : La Haute-Egyplte tout entiére mourait de faim, au point que chaque homme (en était arrivé) & manger ses enfants (Vandier: 1950, 220-221), et, des textes dHekanakhte Voi, ici, ils commen- cont & manger des hommes! (1.G.H.James 1962, 32) 4, Concernant I'Egypte des débuts, la question mériterait d’@tre posée dans le cadre général des pratiques sacrificielles et du meurtre rtuel, qui constitue un des prin- cipaux fondements de la royauté égyptienne (Helck : 1987, 17-19; Menu : 1994). 3 - Le dépat de erine Un crane humain appartenant aun individu adulte (20-80 ans), de sexe indéterminé, a &é trowvé, non brilé, sur la couche supé- ricur d'un foyer, 2 Madi (Rizkana & See- her : 1989, 67). Une partie de rane (frontal + zygoma- tiques + sphénoide + maxillaire droit en connexion), associé & trois vertdbres cau dales en connexion, appartenant vraisem- blablement & un bovidé , avaient été dépo- sés dans un sac de cuir, dans "habitat (ens.1001). D'autre part, quelques frag- ments de calotte cranienne ont été trouvés dans cette méme couche, non loin de ce qui semble étre des cheveux (analyse non ‘encore effectuée) Crest bien peu pour parler de «culte des cranes», l'instar de ce que l'on connait pour le Proche-Orient, mais au regard des découvertes de squelettes sans téte dans la nécropole de Ouest, & Addima, on ne peut qu tre atentif aux prochaines découvertes. BEATRIX MIDANI-REYNES 75, Wp, ss (0 par gle pubis ana CD je remetee Mune Ba vier, dant on ths Strasbourg, pour marae communique res exares de ces paseges (13) Larne a pls rcetesure probleme est un court article de “atu (1999, on a proc cern dace gos importance de Mandl dans c- domaine, en aver fit un centre 6cnanges, une sorte de « copper cxneaon +, pate dugual es jes rallies valet pu servers le sad. Ceres, mais Famportance etl qualité hs objets en cui 3 Mah, is es dbus de Focupation, apa raiseat en elle par rapport aux ts its gp: Su sates Madi: Palesine, on se epetera 2 exellent ale de She (1990. Dau pat, signalons qu'un pro gramme européen, visit & long, terme 2 aborer ds «canes iden ti ds bes de oie et angst Egypte par Michel Wuttmann Es temps, homoge, loner esse Questex ont i par Mima sur ds bes Lebut es, dans un premier <€’Ndima, On peut done envisage Favenie aves optiisme sur cette quetion ton fat esentele dn trovuction de Ia iffsion de a nallurieen Epp 25) pour une pre aprebe de ‘sacar eepor ap- por pina es fouls 1997 4 Adama, fa Midant-Reynes eta {E8098 & pra Maadi Un type de structure est propre & Maadi. I agit des « maisons & infrastructure souter- raine. On y ajoutera un élément de construc- tion qu'on ne retrouve ailleurs qu’a Mérimdé : os d hippopotame. ‘Les «maison» @ infrastructure souter- raine pourraient se situer dans le groupe des fosses aménagées - ce qu'elles sont - mais se distinguent par des caractéres supplémen- taires, quien font des installations tout & fut ‘uniques en Egypte. Il s'agit de creusements, de dimensions variables (la plus grande mesure 4m x 2mS0), qui se distinguent par la pré- sence de trous de poteau & la base et tout au Jong des parois, indiquant une superstructure etune probable couverture. Le départ d'un tit cen déme est parfois perceptible. entrée est ‘marquée par des pierres formant escalier, et, elle est flanquée de chaque cdté par des dépressions indiquant probablement lempla- cement de (james?) de stockage. Des jarres stencastrent dans des trous ménagés dans le sol. Dans un cas, les parois sont constituées par une magonnerie de briques crues, liges par un mortier (limon + sable) surmontant des fondations de pierres (Rizkana & Secher : 1989, 54, fig.18 et pLXV1-2). Crest une des premidres attestations de I'utlisation de la brique crue en Egypte. Comme nous I'avons nnoté plus haut, ce type d'installation ne se retrouve pas ailleurs, en Egypte. Leurs simili- tudes avec les premitres habitations des sites chalcolithiques de Beershéva (Israél) (Perrot: 1984) ont 64 relexées par Rizkana et Secher, quisoulignent que ces structures constituent, Maadi, un groupe part, non seulement parsa morphologie, mais également par sa localisa- tion, Les auteurs (Rickana & Seeher : 1989, 80) vont jusqu’d évoquer 2 leur sujet un «quartier d'étrangers » 3, On pourrait se demande alors ss nejouaient pasun réle de un vecteur dans la diffusion du cuivre de la Palestine vers 'Egypte 4 Adaima On a pu identifier & Adaima des types qui n'ont pas été reconnus ailleurs, ou, tout au ‘moins, qui n'ont pas été décrits comme tls : © es constructions ovales, rondes ou rec- tangulaires en pisé, associées & des zones & vocation agricole (silos, magasins de stoc- kage, etc... 5 © Les constructions rondes en limon, tres Grodées, qui se trouvent dans le méme contexte que les précédentes et 6voquent des fonds de silos, arasés au niveau du sol 5. Structures qu'on ne trouve ni a Maadi, ni a Adaima I Les fours de potiers de Hiérakonpolis, (Hoffman : 1982) ; I es maisons rectangulaires de Hiérakon- polis (Hofiman : 1980); I les «brasseries » de Hiérakonpolis, Abydos et de Mahasna (Geller : 1992). Les batiments cérémoniels et les aspects défensifs Ils apparaissent en relation avee le dévelop- pement, ds Nagada Il (probablement IIC) des grands centres : Nagada, Higrakonpolis, probablement plus tard Elkab, puis Abydos, qui abrtera la nécropole des rois des deux premidres dynasties. vrai dire les témoignages archéolo- iques sont faibles, et les preuves dérivent davantage de la documentation iconogra- phique. ANagada, deux grandes zones d'habi- tat furent mises au jour, & la fin du sigcle dernier, par Petrie et Quibell (1896) : «South Town », a Nagada méme, qui corres- pond probablement au site de Toukh, visité par de Morgan (1896 : 87-8; 1897 : 39), et «North Town, plus au nord, immédiate- ment au sud de Ballas. 76 Archéo-Nil w8 - 1998 La question de Vbabitat prédynastique 1a premiére de ces deux zones contient tune Jarge structure rectangulaire de briques cues, de trente métres sur cinquante, qui a pu constituer les restes d'un temple ou d'une résidence. Au sud, on peut distinguer, d'aprés le plan de Petrie, un ensemble de maisons rectangulaires et un mur d'enceinte d'environ deux metres d’épaisseut. Rien de tout cela n'a pu étre retrouvé par les expéditions améri- caines qui se sont succédé dans les années quatre-singss A Hiérakonpolis, un complexe oérémoniel a 6 identifié - peut-€tre un pewr? - dans la localité HK29A (Friedman : 1996). Dans une tombe amratienne d’Abadieh (Petrie : 1901, 32 et pLVD), un modale en terre cuite présente un angle arrondi de mur crénélé derritre lequel se dressent deux per- sonnages dontle dos est dégagé en haut relief, leur «téte d'oiseau» dépassant seule le som- ‘met du mur. Enceinte / guetteurs (2) es villes entourées d'enceintes eréne- kes sont présentes a la fin du Prédynastique, comme il ressort de l'analyse des palettes décorées. Elles sintégrent alors dans un pay- sage idéologique, marqué par une certaine violence, lige image méme du Pharaon. Les structures d'habitat progres- sivement mises au jour au cours des deux dernigres décennies attestent : WM De l'utilisation de matériaux fugaces (végétaux / limon), couple qui perdurera dans le domaine de habitat tout au long de histoire pharaonique et, au-dela.. : les bédouins sédentarisés d’Adaima construi- sent en briques rues. D'od la difficulté, pour les archéologues, de saisir les fils directeurs d'une organisation qui diluée au cours des temps, difficulté accrue par le fait que les prédynastiques réorgani- saient constamment leurs espaces de vie, et ce d’autant plus aisément que les matériaux, est précisément, autoristient une grande sou- plesse. Bien que le développement de V'agri- culture, et sa prééminence dans le domaine économique, ait impliqué une plus forte «accroche» au sol, on retrowve le vieil héri- tage nilotique d'une population habituée depuis des millénaires & jouer avec la crue Méme hors d'atteinte des inondations, les sites étaient toujours susceptibles d’étre cenvahis par des inondations d’exception- nelle ampleur BH De ceci, il ressort que les traces de telles occupations sont inégales, lissant subsister une «hutte», 1i un foyer, ailleurs une masse de limon amorphe... qu’on a eu sou- vent tendance 3 considérer en soi, et dont on 4 souvent tiré évidemment hativement image d'une bien pi@tre occupation. Mais en fat, Panalyse un peu plus poussée d'un site dans son ensemble, telle qu'elle est eflectuée & Higrakonpolis et telle qu'on la développe’t Adaima, révéle une complémen- tarité de différents secteurs. Cette complé- est d'abord masquée par la chro- nologie, car tout n'a pas fonctionné en méme temps et il faut encore beaucoup de travail pour établir les correspondances entre stades de fonctionnement et secteurs, Cependant, il se pourrait que la elé du pro- bléme fit 1. On pourrait Villustrer par un paralldle dans le domaine funéraire. Pen- dant longtemps, Saqqara et Abydos se sont Aisputé le privilage davoir &6 la néeropole des premiers roisd'Egypte. Les partisans du premier site fisaient valoi 'argument selon Jequel les tombes d'Abydos étaient beaucoup plus petites que celles de Saqqara, jusqu’a ce que la reprise des fouilles par les archéo- ogues de Finstitut allemand mette en éi- dence le fat que ce que l'on prenait pour une tombe n’était en réalité qu'une partie d'un plus vaste complexe. Il semble qui fale voir les choses de cette fagon pour les habitats. Les occupations se sont dévelop- pées sur de Larges surfaces, s'étalant au iew BEATRIX MIDANT-REYNES 77 16) or également Tutundae yin. (U7 soir gaement aise (1985) (08 pour Ton de Way fn an den Brink 1992: 3), Varctecture de nique cre fat partie ds imports- tons de Hate Elle appara ars le nieau de arson de Bouts, cevmie tamps que acct a pow se nagar (09 sari quston de a gu en Engle en gene, vot Spencer (1589. (20 pans sais belle etude sur mergence de Eaten Méspote mle, Fores (1997) appie sa secosttion sur Pana de Vee pave dovestiqe de se concentrer en koms, comme en Orient. C'est tout au moins l'image qui res- sort pour le sud, qui ignore le phénoméne de la Gevira de la Basse-Egypt. Considéré sous cet angle, le « deséqui- libre» Nord-Sud n'est pas du tout évident, et le sont aussi peu les implications sociales 4quion en a fait dériver : une société plus 6ga- litaire d'agriculteurs sédentaires au Nord, des groupes plus hiégrarchisés tradition nomade, au Sud. Comme I'a montré la com- paraison entre les structures de Maadi et d'Adaima, «Waccroche» au sol ne differe que dans les maisons & infrastructure sou- terraine, considérées comme des quartiers d'Gtrangers', La différence vient peut-étre davantage de ce que les occupations tendent a s‘accumuler, au Nord, a la manigre des koms orientaux, tandis qu'lles s‘talent au Sud, ce qui favorise encore le processus de leur dilution, Ce qui revient 4 dire que les différences entre les deus grandes régions d'Haypte - car n'est pas encore en mesure, surce point, de pouvoir raisonner sur une plus petite échelle, en termes dunités régionales, comme I'a fat Dtolmes (1989) pour lindustie lithique - stexpriment dans les néeropoles. Le probléme de la diachronie et 'apparition de la brique crue Quel fut 'impact, en ce domaine, de la diffu- sion de la culture nagadienne vers le nord? Il serait évidemment erroné de considérer que la civilisation de Nagada a simplement recowvert le complexe Maadi-Bouto, est venu s'y superposer sans qu’aucun mélange ne s'y soit effectué. J.Seeher (1991) sou- ligne, & juste titre, le re joué par la Basse- Egypte dans I’élaboration de la civilisation pharaonique. L'introduction d'une architec- ture linéaire, formée par des murs de briques rues - peut-ére d'origine orientale- semble se produire & la fin du prédynastique (Kemp ; 1989 : 91-101), prenant le pas sur les constructions en limon et végétaux, qui représentent la tradition de la vallée et furent immoralisées dans la pierre du complexe de Djéser 17. Les recherches sont encore peu avancées sur cette question, la faute en incombant en partie au trés faible investisse- ment archéologique sur les zones d'habitat. Ia brique crue parait, & ses débuts,réservée aux usages de 'lite et au domaine cérémo- niel, quelle quen soit sa provenance'®, On la trouve dés le milieu de Nagada II dans l'ensemble HK29A de Hiérakonpolis, 4 voca- tion cérémoniel, d'aprés les archéologues (Friedman : 1996). Elle figure également dans les tombes de I’élite 4 Nagada, Abydos, Minshat... !9 La question de la «maison» prédynastique Test certain que des espaces réservés au sommeil, au repas, ila réception des hétes, aux hommes, aux femmes... devaient exister, groupant une ou plusieurs familles; il est Gvident que si ces espaces nous étaient connus et que nous puissions sans l'ombre d'un doute les identifier, nous ferions un grand pas dans la reconstitution des struc- tures sociales des populations étudiées® Gomme le souligne Cl.Levi-Strauss (in Bonte : 1991), la maison caractérise les rRgles de parenté et les institutions. Mais sauf pour les cas exceptionnels ou ceux, plus tardifs, pour lesquels nous possédons archi- tecture et textes, il n'est pas possible de pointer le doigt vers des vestiges et de dire ici se trouvait la salle principale, Ia une annexe servant aux réserves, un puits, un four, un grenier étaient partagés par deux ou trois familles, cet espace-ci tant réservé aux animaux, etc... Méme dans le cas privilégié de la maison brilée de Hiérakonpolis (Nagada Ila), il est difficile de savoir, de par son caractére isolé, & quel type de construc- 78 Archéo-Nil w8 - 1998 La question de Vhabitat prédynastique tion elle se rattache vraiment, Quant aux structures rectangulaires de briques erues de «South Town», on en ignore tout. I ne nous reste que le petit modele en terre cuite EL Amrah (Randall-Maclver & Mace 1902, 42) pour dire que des maisons naga- diennes existaient... Il est impossible dans ces conditions de caractériser pour l'instant lelieu propre de vie des prédynastiques et de T'intégrer 2 l'ensemble domestique senso lato, qui, progressivement se dégage des fouilles actuelles. Habitats et nécropoles ageneraeS Sao es pratiques funéraires sont les données les plus susceptibles d'ouvrir V'aceés aux struc- tures sociales et symboliques des groupes ‘concemés. De manitre générale, le monde des morts apparait tout & fait différemt dans le Delta, jusqu’au recouvrement nagadien, de ce quill est en Hante-Egypte. Le nombre de tombes, leur localisation, et surtout 'évolu- tion de leurs formes et des offrandes qui aaceompagnent le ou les défunt(s) manquent des structures socio-symboliques d'un ordre tout 2 fait différent, dont on ne retrouve pas le reflet dans les habitats. Ceux-ci ouvrent vers des champs d'investigations & caractére techno-économique essentillement, encore ‘que la mise au jour d'empreintes de sceaux, par exemple, laisse se dessiner, entre autres choses, l'image d'une bureaucratic nais- sante, On a sans doute trop voulu chercher dans les habitats les reflets de ce que les cimetidresfaisaient apparatre, alors que les informations sur ces deus plans nese recou- pent que rarement, mais offrent, pris dans leur ensemble, le faisceau de données plus ‘ou moins lache, 2 partir duquel on pourra prétendre recomposer les traits, dresser en quelque sorte le portait-robot de la culture prédynastique. Conclusion : du village a la ville Nous avons eu l'occasion d'évoquer plus haut les «centres» (Nagada, Higrakonpolis, ‘This-Abydos, El Kab, Bouto..) qui prennent leur essor dés Nagada IIC et connaissent un grand développement & la fin du Prédynas- tique, tandis que des ville erénelées appa- raissent figurées sur la documentation 1A encore, l'absence de vestiges évi- dents et Ia perspective orientale du pro- bl&me ont contribué & biaiser l'image des ébuts de urbanisation en Bgypte. BJ.Kemp (197) et M.Bietak (1979) ont pu contribuer, dans deux articles fonda- ‘mentaux, 2 replacer le probléme dans son contexte général, constatant que sles tudes basGes sur les textes avaient mené a la conclusion que la civilisation égyptienne ‘avait pas connu le phénoméne urbain, tout au moins dans l'acception que nous lui don- nons, les données archéologiques ne corro- boraient pas cette vision des choses. «There seems to be a contradiction between the results of philological and archaeological studies, but it can be explai- ned: the Egyptian fet no need to make their distinctions between towns, villages, ham- lets, ete. Rather, through tradition, they had arrived at another mode of classification, and only in the New Kingdom did a distinc tion appear that was even vaguely similar to ours, Archaeology, on the other hand, does not have its method limited by the language of the carrier civilization (...) we may reco- gaze towns and urban life in ancient Egypt, ‘we may explore the characteristics in greater detail, and we may make comparisons with other civilizations or between the ancient sptian towns themselves in order to inves- tigate the individual features of civilization.» (Bietak : 1979, 129). BEATRIX MIDANI-REYNES 79. CD caghsements napa Fe assan (1988) fa région Nagada Rhattara, par B.ofiman (0986) aHicaomls par Catch (0990 dans estou abd Thins ea es mes a Mia «circumscription theory » ele qu'elle est proposée pat Kae |.Camwi 1985) pour aye, dass ous eppratpas came oe cess et fant pur pr eer des change Nous ens en Foccsen sme fos de Yd be fa dense da Seopion vr 2D. Pour ka période eruciale qui nous inté- resse, le point fort, pour la Haute-Bgypt, est le glssement des occupations, du bas désert vers la plaine alluvile, aprs Nagada IIC21, ‘Trois raisons essentelles ont &é évoqueées : 1/ la premitre est d'ordre écologique et combine un phénoméne de déserification, fi Pévolution des conditions climatiques vers hyperaridité, 2 'épuisement des res- sources par les Nagadiens eux-mémes (utili sation du bois pour les fours, patures exces- sives...) ; 2/ la seconde : une intensification des productions agricoles aux dépends de 'alevage, découle en partie de la premire, ais doit également prendre en compte une augmentation de la population ; 3/ la troi- si’me enfin s'appuie sur une évolution des structures sociales, tirant les éites vers 'axe du Nil, voie de communication par excel- lence, par laquelle s‘effectuaient le com- merce et les 6changes. Il est évident qu’au- cune de ces trois raisons ne s'exclut motuellement, mais qu'elles convergent, au contraire, pour expliquer un phénomene sénéralement reconnu, De fat, s'il est clair, en théorie, que emergence d'un pouvoir centralisé puis- sant n'a pu s‘effecier sans I'établissement dans les différentes régions intéressées de centres administratifs et religieux, rési- dences de l'élte, e probleme de la forma- tion et de la nature méme de ce « tissu urbain » est loin d'étre résolu. Egypte nest pas la Mésopotamie et la concentration de la population vers le fleuve, fin Nagada TT, 1a pas eu pour effet, semble--i, de vider des secteurs au profit des poles d'atraction consttués par des « cités-états », Sans doute les conditions géographiques ont-elles joué un réle non négligeable dans cette nouvelle stratégie d'occupation du sol, dans la maniére dont les individus ont investi leur nowvel espace, entre deux déserts de moins en moins hospitaliers, au contact d'un fleuve qui, depuis des millénaires, leur avait imposé leur rythme de vie. C'est sans doute cette 6poque tardive qu'il faut situer le pas- sage a l'agriculture, non plus comme un complément de ressources, comme au néo- lithique, mais comme une composante de base de la structure socio-économique du _groupe2, Pour protonger les époques pré- cédentes, ou pour y faire écho, il apparait que cette deuxitme moitié du 1v¢millénaire Voit s’élaborer une nouvelle «adaptation nilotique> qui infegre I élevage et surtout le cycle agricole aux structures socio-symbo- liques du pouvoir. Crest dans ce cadre et sur ce fond qu'il convient de définir et de replacer la question de l'émergence et du développement des villes. 80 Archéo-Nil ws - 1998 La question de Vbabitat prédynastique

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