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LE VOL DE LINDBERGH
LE VOL AU-DESSUS DE L’OCÉAN
Cantate pour ténor, baryton & basse, chœur & orchestre
1930
OPERA de LYON
LIVRET I
9 Fiche technique
12 Argument
15 Personnages
18 Préambule
LE VOL DE LINDBERGH
22 DER LINDBERGHFLUG
LE VOL AU-DESSUS DE L’OCÉAN
DER OZEANFLUG
LIVRET II
49 Fiche technique
52 Argument
55 Personnages
LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
58 DIE SIEBEN TODSÜNDEN
CAHIER de LECTURES
89 Bertolt Brecht
Du pauvre B.B.
91 Marie Noël Rio
Bertolt Brecht / Kurt Weill,
un mariage de six ans
103 Geneviève Lièvre
Kurt Weill & la marge
108 Bertolt Brecht
Combattre l’anachronique
111 Bertolt Brecht
Le chant des machines
113 Bernard Dort
Le Vol de Lindbergh,
un théâtre didactique
117 Bertolt Brecht
Chanson d’une famille de la savane
119 Michel Bataillon
Les Sept Péchés capitaux
Anna-Anna dans la jungle des villes
129 Bertold Brecht 3
La légende de la putain Evlyn Roe
CARNET de NOTES
Kurt Weill
134 Repères biographiques
146 & Notice bibliographique
Bertolt Brecht
147 Repères biographiques
150 & Notice bibliographique
Le Vol de Lindbergh
152 Discographie sélective
Les Sept Péchés capitaux
153 Discographie sélective
LIVRET
PARTITION
LINDBERGH Ténor
BARYTON SOLO
BASSE SOLO
CHŒUR
Sopranos, altos, ténors, basses
Les parties de soprano et d’alto
peuvent être distribuées à des voix d’enfants.
ORCHESTRE
2 flûtes
1 clarinette
1 clarinette basse
2 bassons
2 trompettes
2 trombones
6 1 piano
1 banjo
Percussions
Timbales
Cordes
DURÉE MOYENNE
40 minutes
CRÉATION
CRÉATION en FRANCE
7. Sommeil.
Le sommeil berce l’aviateur doucement, insidieusement :
« Dors Charlie. » L’aviateur résiste à la tentation du repos
et garde les yeux ouverts.
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L’œuvre n’est pas un opéra ; « pièce didactique radiopho-
nique » dans l’œuvre éditée de Brecht, elle est répertoriée au
catalogue des œuvres de Kurt Weill, comme « cantate pour
ténor, baryton, basse, chœur mixte et orchestre. » Les person-
nages du Vol de Lindbergh / Vol au-dessus de l’Océanreprésen-
tent plus qu’ils n’incarnent, commentent plus qu’ils ne jouent.
Dans les passions de Jean-Sébastien Bach, un seul person- 11
nage – Jésus-Christ – est nommé. De la même façon, dans la
partition du Vol de Lindbergh / Vol au-dessus de l’océan, un seul
personnage est nommé : LINDBERGH lui-même ; du moins jus-
qu’à ce que Brecht, en 1950, élimine ce nom du titre et du texte
de l’œuvre : lire à ce sujet le préambule au livret, page 18.
LE VOL DE LINDBERGH
DER LINDBERGHFLUG
LE VOL AU-DESSUS
DE L’OCÉAN
DER OZEANFLUG
LIVRET
Exilé à Paris depuis mars 1933, Kurt Weill aurait voulu tra- 15
vailler avec Jean Cocteau pour ce projet de ballet. Devant son
refus, il fait appel à Brecht qui arrive à Paris courant avril
1933 et se met rapidement au travail.
PARTITION
PERSONNAGES
ANNA 1 Soprano
ANNA 2 Danseuse
LA FAMILLE Ténor I
Ténor II
Baryton
Basse (La mère)
ORCHESTRE
DURÉE MOYENNE
40 minutes
CRÉATION
1972
Chorégraphie. Vittorio Biagi
Direction musicale. Jean-Pierre Jacquillat
Décors & costumes.Jacques Rapp
1987
Chorégraphie & mise en scène.Maguy Marin
Direction musicale. Jacek Kasprzyk
Décors & costumes.Montserrat Casanova
AvecCathy Polo (Anna I), Maguy Marin (Anna II),
Pierre Yves Le Maigat, René Schirrer, Michel Fockenoy,
Frédéric Plantak
Prologue
Présentation d’ANNA I et d’ANNA II : « Ma sœur a du char-
me, moi j’ai le sens pratique [...]. Au fond, nous ne
sommes pas deux personnes, / Mais une seule et unique. »
Elles vont chercher fortune dans les grandes cités des
18 Etats-Unis pour aider la famille (les parents, deux frères)
à construire un petit pavillon.
IV. La Gourmandise.
(Manger selon sa faim les produits de son travail.)
ANNA II est devenue elle-même une vedette. A Philadel- 19
phie, elle a signé un contrat de danseuse lui interdisant
de grossir. Elle n’a plus le droit de manger. Un jour, elle
vole et mange une pomme, et prend un gramme. Son
agent est furieux. Désormais, A table, ANNA II est sur-
veillée par sa sœur et par deux hommes armés
LA FAMILLE est ravie de ce contrat lucratif, le pavillon en
Louisiane commence à sortir de terre. Mais elle craint
que la goinfrerie – « qui est haïssable » – de leur fille ne
compromette tout.
Épilogue
Sept ans ont passé. Les deux sœurs sont de retour en
Louisiane, au bord du Mississipi où, désormais, se dresse
la petite maison. Elles l’auront bien gagné, au cœur des
grandes cités. « Pas vrai, Anna ? / Oui, Anna. »
ANNA I, ANNA II, deux femmes... Une seule femme ?
« Au fond nous ne sommes pas deux personnes / Mais une
seule et unique », chante ANNA I. 21
Bertolt Brecht
Du pauvre B.B.
Marie Noël Rio
Bertolt Brecht / Kurt Weill,
un mariage de six ans
Geneviève Lièvre
Kurt Weill & la marge
Bertolt Brecht
Combattre l’anachronique
Bertolt Brecht
Le chant des machines
Bernard Dort
Le Vol de Lindbergh, un théâtre didactique
—
Bertolt Brecht
Chanson d’une famille de la savane
Michel Bataillon
Les Sept Péchés capitaux
Anna-Anna dans la jungle des villes
Bertolt Brecht
La légende de la putain Evlyn Roe
BERTOLT BRECHT
DU PAUVRE B.B.
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BERTOLT BRECHT
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MARIE-NOËL RIO
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BRECHT / WEILL : UN MARIAGE DE SIX ANS
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MARIE-NOËL RIO
parmi tous ces gens, ce fut Brecht, par son déguisement prolé-
tarien. Il était très maigre, il avait un visage famélique auquel
sa casquette donnait un air penché ; ses mots étaient de bois,
hachés ; sous son regard, on se sentait comme un objet de
valeur qui n’en a pas et lui, le prêteur sur gages, évaluait cha-
cun de ses yeux noirs perçants. Il parlait peu et l’on n’appre-
nait rien du résultat de l’expertise. On avait du mal à croire
qu’il n’eût que trente ans, il semblait non pas avoir vieilli pré-
maturément, mais avoir toujours été vieux. »
Kurt Weill, à 27 ans, a déjà été joué dans des grandes
villes allemandes comme Berlin, Francfort ou Dresde et des
institutions aussi prestigieuses que la Philharmonie et le
Staatsoper de Berlin, mais aussi à Salzbourg et Paris. Grâce à
la recommandation de Busoni, son professeur à l’Académie des
Arts de Berlin, il est depuis 1924 sous contrat exclusif avec
Universal Edition, le célèbre éditeur de musique viennois. Ce
n’est ni un loup affamé ni un extrémiste comme Brecht, mais il
est fermement engagé dans le combat pour la rénovation de la
musique et de la politique culturelle. Membre dès 1920 du
fugace Novembergruppe, fondé en 1918 pour être la cheville
ouvrière d’un art moderne, humaniste et révolutionnaire, Weill
n’en oublie pas les principes. C’est ainsi qu’il écrit en 1929,
volant au secours d’Otto Klemperer violemment attaqué pour
son choix et son interprétation de l’Œdipus rex de Stravinsky
au Kroll Oper, « l’Opéra rouge » fondé en 1927 et qu’il diri-
geait : « Un bouleversement s’accomplit aujourd’hui dans tous
les domaines de l’art : il vise à l’élimination de son caractère
mondain pour souligner la force de sa vocation sociale. Le
combat des Anciens et des Modernes, de rigueur lors de tout
changement de cap décisif, connaît actuellement une violence
particulière dans le domaine musical : on jongle ici, plus
qu’ailleurs, avec les concepts de tradition, de piété et de sain-
teté de l’œuvre d’art, qui ont toujours été préjudiciables au
renouveau artistique. » Il est passionné par l’opéra : à 16 ans il
écrit Zriny d’après Fritz Körner; son ballet-pantomime Die
Zaubernacht est créé à Berlin en 1922 par une troupe russe ;
en 1924 il rencontre Georg Kaiser, célèbre auteur dramatique
de la scène expressionniste (à qui Brecht, ayant toujours pro-
clamé son « laxisme de principe en matière de propriété intel-
lectuelle », est redevable sans le dire de bien des traits de son
style). Weill compose trois opéras sur des textes de Kaiser : Le
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BRECHT / WEILL : UN MARIAGE DE SIX ANS
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MARIE-NOËL RIO
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BRECHT / WEILL : UN MARIAGE DE SIX ANS
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MARIE-NOËL RIO
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BRECHT / WEILL : UN MARIAGE DE SIX ANS
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MARIE-NOËL RIO
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BRECHT / WEILL : UN MARIAGE DE SIX ANS
1933 : exilés
ll y aura encore, en janvier-février 1931, la musique de
scène que Weill écrit pour une représentation d’Homme pour
homme au Schauspielhaus de Berlin – la partition en est per-
due. Et puis ce sera l’exil. Brecht et Weill se retrouvent à
Paris en mai 1933. L’Opéra de quat’sous, mis en scène par
Gaston Baty au Théâtre Montparnasse en 1930, avait été un
succès, et Mahagonny Songspiel , donné en concert avec
Celui qui dit oui, avait été accueilli avec enthousiasme six
mois auparavant à la salle Gaveau. Weill reçoit la commande
d’un ballet chanté. Le tandem se met au travail avec beau-
coup d’espoir. Le 7 juin, au Théâtre des Champs Elysées, a
lieu la création des Sept Péchés capitaux (nommé par la suite
Les Sept Péchés capitaux des petits -bourgeois.) L’accueil est
tiède et déçoit les deux auteurs.
L’Amérique
De 1933 à 1941, Brecht et sa famille s’installent succes-
sivement au Danemark, en Suède et en Finlande, fuyant
chaque fois devant la peste brune qui s’étend. Ils finissent
par émigrer aux Etats-Unis et débarquent le 21 juillet 1941 à
Los Angeles, où les attend Lion Feuchtwanger. Brecht a les
plus grandes difficultés et ne parvient pas à s’adapter, malgré
ses efforts désespérés, à la machine américaine du divertisse-
ment, que ce soit au théâtre ou au cinéma. Weill, lui, vit à
New York avec Lotte Lenya depuis le 10 septembre 1935 et
s’est remarquablement intégré. Il travaille pour Broadway, le
Manhattan Opera, la radio, Hollywood et devient dès 1939
membre de l’association des compositeurs américains. Il
obtient en 1943, avec sa femme, la nationalité américaine. Il
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MARIE-NOËL RIO
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GENEVIÈVE LIÈVRE
Déstabilisation
Depuis à peu près l’époque de Bach, le sentiment d’ap-
partenance au système d’organisation de la musique occiden-
tale (le système tonal) était donné par le retour récurrent de
pôles d’attraction – certains des sept degrés hiérarchisés de
l’échelle sonore à intervalles inégaux servant de référence –,
que ce soit dans le déroulement mélodique (un son après
l’autre) ou dans l’enchaînement harmonique des accords
(superposition des sons). Les accommodements vont amener
la bascule du système au tournant du siècle, en particulier
via l’utilisation de plus en plus fréquente, de Chopin et Liszt
à Wagner et Mahler, du chromatisme (emploi des demi-tons,
degrés intermédiaires de l’échelle de référence, dont la proli-
fération brouille les repères). Chromatisme, polytonalité
(confrontation simultanée des pôles d’attraction de plusieurs
échelles de référence), atonalité (suppression de toute réfé-
rence à une hiérarchie des sons), utilisation de l’accord pour
sa sonorité en tant que telle et non plus en fonction de l’arti-
culation tonale : autant de remises en cause de l’Ordre tonal
radicalisées par la « deuxième école de Vienne »
(Schoenberg, Berg, Webern) qui initie, sous l’appellation do-
décaphonisme, une réorganisation de l’échelle de référence
(l’octave) en intervalles égaux – les douze (dodéca-) demi-
tons du « total chromatique ».
Weill considère Schoenberg, « celui qui apporte la corrup-
tion », comme « la plus forte conscience musicale » d’alors. [...]
Intégration
Weill – la « marge » – ne fait pas de l’atonalité la base de
son travail ; il n’en parle d’ailleurs jamais directement dans
ses écrits. Il l’intègre à son langage, ce qui lui sera reproché
(« du Donizetti camouflé sous des dissonances qui arrivent
toujours au bon moment » aurait dit Diaghilev), tout comme il
intègre d’autres syntaxes musicales, par exemple les modes
ecclésiastiques juifs ou chrétiens. Certaines de ses premières
œuvres, destinées au concert, relèvent de l’atonalité ; mais à
partir du moment où son but, écrire pour le théâtre, est clai-
rement exprimé – « faire que ma musique s’adresse directe -
ment au public, trouve la voie la plus immédiate et la plus
rectiligne pour dire ce que j’ai à dire, et le dire le plus sim-
plement possible » –, il en tire les conséquences. Si, dans le
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KURT WEILL & LA MARGE
Métissage
L’abandon de la tonalité et la libération de toute l’organi-
sation qui en découle – celle de la forme, de la rythmique, de
l’instrumentation – entraîne la reconsidération de matériaux
exogènes jusqu’alors incompatibles avec l’unité d’un certain
univers esthétique : en toute logique, si la simultanéité de
deux tonalités devient possible, pourquoi pas celle de deux
univers esthétiques ? Ces matériaux : les musiques extra-
européennes (Debussy découvrant le gamelan indonésien en
avait tiré les conséquences dans l’évolution de son langage) ;
les musiques « non savantes » (intégration du patrimoine folk-
lorique par Bartók ou Janácek, non comme nuance pittoresque
mais substance transmuée d’une nouvelle construction, rémi-
niscences de Stravinsky) – les musiques dites vulgaires ; le
jazz qui a exercé une véritable fascination sur les musiciens
comme sur les auditeurs, tant cette musique, semblant ne se
rattacher à aucune tradition quoique de structure ô combien
tonale, était détente et laisser-aller, brisant les inhibitions. [...]
Emprunts
Weill a utilisé le jazz dès avant sa collaboration avec
Brecht, par exemple dans Der Zar lässt sich photographieren
sur un texte de Georg Kaiser ; il considérait que le jazz avait
pris la place qu’occupait la valse au siècle précédent. Or
pour Weill « toute musique de danse, [même dégradée] par la
crasse de l’esprit mercantile, peut avoir une influence
bénéfique sur la musique sérieuse». C’est une option fonda-
mentale chez lui et la notion de Gebrauchsmusik[« musique
utilitaire »] acquiert alors un sens élargi : la musique doit
être utile au public, elle doit donc utiliser tous les matériaux
qui lui permettront de se faire entendre, à commencer par
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GENEVIÈVE LIÈVRE
ceux qu’on dit utilitaires. Toute musique qui peut avoir pour
l’auditeur un sens immédiat, par référence ou réminiscence,
est licite : complainte ou rengaine (dont la toute première,
celle de Mackie Messer dans L’Opéra de quat’sous), Schlager-
musik [« musique à succès »], Unterhaltungsmusik [« musique
récréative »] – « de la musique d’ameublement » selon Erik
Satie – ; en somme les musiques « triviales » au même titre
que des formes ennoblies par l’âge tels menuet, choral luthé-
rien (le mode d’expression du quatuor familial dans Les Sept
Péchés capitaux), fugue (utilisée dans Le Vol de Lindbergh)...
Mais Kurt Weill n’assemble pas un patchwork, ce qui ne ferait
que souligner le disparate des pièces accolées ; de toutes ces
sources il fabrique un tissu : en chaîne, les nuances chan-
geantes d’époques et de genres multiples ; en trame, la pensée
unificatrice d’une écriture contemporaine. [...]
Détournement
Autant Weill a été vilipendé pour sa complaisance à
l’égard de la « musique utilitaire » (Schoenberg : « des ana-
logies avec Franz Lehár [...] ; il nous a rendu la musique à
trois temps »), autant l’unanimité s’est faite sur le « caractère
insurectionnel » (Adorno à propos de L’Opéra de quat’sous)
de son travail avec Brecht. La fréquentation en soi du trivial
est pardonnable, mais introduire dans la tradition d’opéra la
trivialité, par exemple, du cabaret (fût-il littéraire berlinois,
c’est-à-dire mêlant Karl Kraus au music-hall), c’est là provo-
cation, perversion ; et toute la démarche de Weill est fondée
sur la perversion des matériaux existants : faire éclater la res-
pectabilité du genre musical A et le dévoyer en y introduisant
le peu respectable genre B, appliquer à B le traitement musi-
cal propre à A. Le but est de dénoncer : « Je pose à terre la
balance de leur justice et j’en montre les faux poids. »
(Brecht) ; il est aussi de faire du public lui-même le dénon-
ciateur, en maintenant son esprit en alerte.
Brecht et Weill ont pris pour cible et pour vecteur l’opéra qui
était alors pour le public le genre théâtral et musical le plus
mystificateur, et pour le monde musical un genre moribond, épui-
sé par la démesure wagnérienne et le pathos expressionniste. [...]
Cette tolérance aux musiques ressenties comme exogènes
par l’orthodoxie musicale – qu’elle soit d’arrière- ou d’avant-
garde –, revendiquée comme une exigence par le compositeur
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KURT WEILL & LA MARGE
COMBATTRE L’ANACHRONIQUE
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COMBATTRE L’ANACHRONIQUE
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BERTOLT BRECHT
Allo, les voilà nos chanteurs, les voilà nos grands ténors nègres
Leur chanson n’est pas gracieuse, mais c’est le chant de leur travail.
En fabriquant pour vous de la lumière, ils chantent
En fabriquant des vêtements, des journaux, des tubulures,
Et des voies ferrées et des lampes, et des disques et des fourneaux,
Ils chantent.
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BERTOLT BRECHT
Allo, chantez une fois encore, puisque aussi bien vous êtes là,
Chantez votre petite chanson par-dessus la mer Atlantique
Avec cette voix à vous, que tous comprennent.
LE VOL DE LINDBERGH
UN THÉÂTRE DIDACTIQUE
Une rupture
Il faut donc échapper à cet « appareil » : adopter d’autres
moyens dramaturgiques, d’autres matériaux pour la représenta-
tion, d’autres modes de distribution. Ainsi seulement, la fonction
du théâtre pourra être changée. Cette fois, la rupture est totale :
Brecht renonce au « culinaire », il choisit le « didactique».
Il rompt avec l’organisation théâtrale établie. [...] Il est
d’autres moyens de représentation et de diffusion de l’œuvre
théâtrale, d’autres publics que le public habituel des théâtres,
que ce public bourgeois : par exemple, les enfants des écoles,
les membres des unions de jeunes, des unions laïques, des
associations prolétariennes, et, au premier rang, ceux des
chorales de travailleurs, fort nombreuses en Allemagne alors.
La Fédération des chorales de travailleurs (d’orientation
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BERNARD DORT
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LE VOL... UN THÉÂTRE DIDACTIQUE
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BERNARD DORT
CHANSON
D’UNE FAMILLE DE LA SAVANE
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BERTOLT BRECHT
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MICHEL BATAILLON
Un projet de ballet
Mais il s’avère bientôt que l’administrateur de la compa-
gnie, Wladimir Dimitriev, n’est pas en mesure de payer la
location d’un théâtre où se produire et, sur les conseils de
Marie-Laure de Noailles, intervient alors un Anglais fort
riche et bien né – Edward James – « un touche-à-tout futile
et très fortuné » se souvient Boris Kochno –, qui prend en
charge la vie de la compagnie dont il devient en quelque
sorte le « patron » et où il impose la présence de sa femme,
Tilly Losch, une danseuse et mime viennoise. Pour plus d’un
million de francs de l’époque, il lui offre ainsi un choré-
graphe et un théâtre.
Ensuite, il lui cherche un compositeur et un librettiste.
Dès les premiers jours d’avril, il s’adresse à Kurt Weill qui,
pour participer à la première saison des Ballets 1933, for-
mule deux exigences : un cachet de 30 000 francs et l’inter-
vention d’un véritable poète pour la rédaction du livret – il
aimerait, pour sa part, travailler avec Cocteau.
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LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
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MICHEL BATAILLON
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LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
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MICHEL BATAILLON
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LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
Inversions de valeurs
Depuis longtemps Boris Kochno songeait à traiter en bal-
let les sept péchés capitaux qu’il aurait volontiers vus dans
un cabinet de figures de cire, incarnés par Harpagon, par
Othello..., sous forme de tableaux classiques traversés par
des visiteurs contemporains.
Il n’en sera rien. Brecht saisit la suggestion qui lui est
faite de traiter ce motif encore étranger à son œuvre mais
bienvenu à double titre. D’abord il lui permet une structure
en tableaux qui deviennent aisément les étapes du parcours
initiatique des « fausses » jumelles. Mais surtout, ce lieu
commun des moralités médiévales et baroques – comme l’est
aussi le récit des vierges sages et des vierges folles implicite-
ment présent dans l’histoire d’Anna-Anna – répond à l’une
de ses préoccupations majeures : sonder la contradiction
entre les principes et les pratiques de la petite-bourgeoisie ;
dénoncer l’hypocrisie du discours moralisateur ; désigner
l’usage pervers des valeurs chrétiennes comme l’une des
armes de l’exploitation de l’homme par l’homme et donc l’une
des sources du profit capitaliste.
Cas par cas, et, dans un ordre qui lui appartient, il met au
point un mécanisme d’inversion des valeurs en fonction de
deux étalons contradictoires : d’une part la réussite sociale et
d’autre part le plein épanouissement de la personnalité.
La paresse change ainsi par trois fois de signe. Mère de
tous les vices et première station du poème dramatique, elle
est dans l’absolu une manifestation du mal. Anna II est dé-
clarée paresseuse par nature et ce trait constitutif est réprimé
comme vice ; toutefois, il est mis en scène dans des circons-
tances qui le transforment en vertu : Brecht nous montre Anna
paresseuse à commettre une mauvaise action. Elle aborde des
couples sur la voie publique, feint d’avoir une liaison avec
l’homme, insulte la femme tandis qu’Anna I fait chanter
l’homme. Puis elle s’endort sur un banc. Mais dans la lutte
concrète pour la survie, cette indolence est un péché mortel,
et le zèle à commettre l’injustice une vertu petite-bourgeoise.
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MICHEL BATAILLON
La création
Le 7 juin 1933, au Théâtre des Champs-Élysées, la soirée
inaugurale des Ballets 1933, la plus éclatante manifestation
parisienne depuis Le Sacre du printempspar Diaghilev en 1913,
se compose d’un prologue de Vittorio Rieti sur des thèmes de
Mozart devant un rideau de Christian Bérard et de trois pièces
chorégraphiées par Georges Balanchine : Mozartiana , musique
de Mozart instrumentée par Tchaïkovski, décors et costumes de
Christian Bérard ; Les Sept Péchés capitaux, spectacle sur des
poèmes de Bert Brecht, musique de Kurt Weill, décors et cos-
tumes de C. Rudolph Neher ; et Les Songes, livret de André
Derain, musique de Darius Milhaud, décor et costumes de
André Derain. L’Orchestre symphonique de Paris est placé sous
la direction de Maurice de Abravanel.
Du décor de Caspar Neher, Boris Kochno garde le souve-
nir d’un ouvrage « constructiviste », surprenant sur une
scène française où régnaient d’ordinaire les toiles peintes. Il
en possède une esquisse où l’on distingue, à l’avant-scène
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LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
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MICHEL BATAILLON
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BERTOLT BRECHT
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LE CHANT DE LA PUTAIN EVLYN ROE
Kurt Weill
Repères biographiques
& Notice bibliographique
—
Bertolt Brecht
Repères biographiques
& Notice bibliographiqu
—
Le Vol de Lindbergh
Les Sept Péchés capitaux
Discographies sélectives
KURT WEILL REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1900.
2 mars, naissance à Dessau.
1904.
Entente cordiale entre la
France et l’Angleterre.
1905.
France : Séparation de l’Eglise
et de l’Etat.
Visite de Guillaume II à Tanger
et discours d’Algésiras :
crise du Maroc.
Première Révolution russe.
1909-1918.
Etudes primaires et secondaires
dans sa ville natale.
1911.
Crise d’Agadir.
Accord entre la France et
l’Allemagne sur les colonies.
1912.
Le SPD remporte 1/3 des sièges
au Reichstag.
Protectorat français 1913.
sur le Maroc. Premières compositions
(un psaume juif, un fragment
de lied).
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KURT WEILL & SON TEMPS
MUSIQUE LITTÉRATURE
SCIENCES & ARTS
1900. 1900.
Naissance d’Aaron Copland Mort de Nietzsche.
Freud, L’Interprétation des rêves.
1901.
Mort de Verdi.
1902.
Mahler, Symphonie no 5.
Debussy, Pelléas et Mélisande.
1905.
1906. Einstein, Théorie
Schoenberg, Symphonie de la relativité restreinte.
de chambre.
Ives, Central Park in the dark
(L’œuvre ne sera créée
qu’en 1954.)
1907.
1908. Picasso, Les Demoiselles
Mahler, Le Chant de la terre. d’Avignon.
Naissance d’Herbert
von Karajan.
1909.
Schoenberg, Traité d’harmonie. 1910.
Kandinsky, Du spirituel
dans l’art.
Marinetti, Manifeste futuriste.
1911. 1911.
Mort de Mahler. Hofmannsthal, Jedermann.
1912.
Schoenberg, Pierrot lunaire.
1913. 1913.
Stravinsky, Le Sacre du printemps. Proust, Du côté de chez Swann.
Naissance de Benjamin Britten.
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KURT WEILL REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1914.
Début de la Première Guerre
mondiale.
1916.
1917. Première composition d’opéra :
Révolution d’octobre en Russie. Zriny (d’après une tragédie de
Theodor Körner). La partition a
été perdue.
1918.
Fin de la Première Guerre mon-
diale.
Création du Parti communiste
allemand.
Proclamation de la république
en Autriche.
1919.
Traité de Versailles.
Ecrasement de la révolte
spartakiste à Berlin et naissance
de la république de Weimar.
1920. 1920 .
Naissance du Parti Chef d’orchestre pendant
national-socialiste à Munich. cinq mois au théâtre de
Lüdenscheid.
1921. 1921-1923.
NEP de Lénine. Suit les cours de composition
de Ferrucio Busoni à Berlin.
A la même époque, pour gagner
sa vie, il tient l’orgue dans des
synagogues, dirige des chorales
et enseigne lui-même :
parmi ses élèves, le pianiste
Claudio Arrau, le compositeur
Nikolaos Skalkottas, le chef
Maurice de Abravanel.
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KURT WEILL & SON TEMPS
MUSIQUE LITTÉRATURE
SCIENCES & ARTS
1915. 1915.
Pfitzner, Palestrina. Kafka, La Métamorphose.
1916.
1917. Freud, Introduction
Erik Satie, Parade . à la psychanalyse.
1918. 1918.
Stravinsky, Histoire du soldat. Manifeste Dada.
Naissance de Leonard Bernstein.
1919. 1919.
Ravel, La Valse. Fondation du Bauhaus à Weimar.
Première traversée de la
Manche en avion par
Louis Blériot.
1920. 1920.
Korngold, La Ville morte. Spengler, Le Déclin
Premier festival de Salzbourg. de l’Occident.
1921. 1921.
Prokofiev, L’Amour des trois Einstein prix Nobel.
oranges. Chaplin, Le Kid.
75
KURT WEILL REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1922. 1922.
Mussolini marche sur Rome. Création à Berlin de
Die Zaubernacht [La Nuit
enchantée], ballet-pantomime.
1923.
A Munich, putsch manqué de
Hitler et Ludendorff.
1924. 1924-1928.
Allemagne : poussée Chroniqueur de l’hebdomadaire
nationaliste aux élections. publiant les programmes de la
Staline succède à Lénine. radio allemande.
Dictature de Mussolini.
1925. 1925.
Conférence de Locarno : Le Protagoniste, opus 14, en
l’Allemagne refuse collaboration avec Georg Kaiser.
l’intangibilité de ses frontières C’est le premier opéra de Weill
orientales. dont la partition ait été conservée.
11 juin, création du Concerto
pour violon à Paris.
1926.
Mariage avec Lotte Lenya.
1927. 1927.
USA : exécution de Sacco Der Zar lässt sich
et Vanzetti. photographieren [Le tsar se fait
photographier], opus 21, opéra
écrit avec Georg Kaiser.
Rencontre avec Bertolt Brecht.
Mahagonny Songspiel.
1928. 1928.
Pacte Briand-Kellog. 31 août : création à Berlin de
L’Opéra de quat’ sous.
1929. 1929.
24 octobre : krach boursier, 22 mai, création de Das Berliner
« jeudi noir » à Wall Street. Requiem, cantate radiophonique,
texte de Brecht.
76
KURT WEILL & SON TEMPS
MUSIQUE LITTÉRATURE
SCIENCES & ARTS
1922. 1922.
Schoenberg aboutit Joyce, Ulysse.
à la composition à douze sons. Murnau, Nosferatu.
Stravinsky, Renard.
1923.
Naissance de Ligeti.
1924. 1924.
Gershwin, Rhapsody in Blue. Thomas Mann, La Montagne
Puccini, Turandot. magique.
Mort de Kafka.
1925. 1925.
Naissance de Pierre Boulez. Fritz Lang, Metropolis.
Busoni, Doktor Faust.
Berg, Wozzeck.
1926.
Hindemith, Cardillac.
Tapiola, dernière œuvre compo-
sée par Sibelius. 1927.
Naissance de Henze. 1er film parlant : Le Chanteur
de jazz.
Mai : Nungesser et Coli
disparaissent en tentant la
traversée de l’Atlantique en avion
sans escale d’est en ouest.
Lindbergh réussit, d’ouest en est.
1928. 1928.
Ravel, Boléro. Fleming : la pénicilline.
Mort de Janácek.
1929.
Claudel, Le Soulier de satin.
77
KURT WEILL REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1930.
Création de Mahagonny
à Leipzig.
23 juin, création de
Der Jasager [Celui qui dit oui],
pièce didactique,
texte de Bertolt Brecht.
Création américaine de
Das Lindberghflug par Leopold
Stokowski avec l’Orchestre
de Philadelphie.
1932. 1932.
F. D. Roosevelt, président Création de Die Bürgschaft
des Etats-Unis. [La Caution ], opéra en 3 actes,
texte de Caspar Neher.
1933. 1933.
Hitler, chancelier d’Allemagne. 18 février, à Leipzig, Erfurt et
Mise à l’index des écrivains Magdebourg : création de
juifs, autodafé des ouvrages Der Silbersee[Le Lac d’argent],
« non conformes ». un conte d’hiver en 3 actes,
texte de Georg Kaiser.
21 mars : menacé par les nazis,
Weill quitte Berlin et
se rend à Paris.
Création des Sept Péchés capitaux.
1935. 1935.
Rétablissement du service Arrive à New York avec Lotte
militaire en Allemagne. Lenya. Rencontre George
et Ira Gershwin.
1936. 1936.
Guerre d’Espagne. Création de Johnny Johnson, mise
en scène de Lee Strasberg.
78
KURT WEILL & SON TEMPS
MUSIQUE LITTÉRATURE
SCIENCES & ARTS
1930. 1930.
Création à Berlin de Christophe Von Sternberg, Marlène
Colomb de Darius Milhaud Dietrich, L’Ange bleu.
Musil, L’homme sans qualités.
1931. 1931.
Varèse, Ionisation. Fritz Lang, M le Maudit.
1932.
Céline, Voyage au bout
de la nuit.
1933.
Les Sept Péchés capitaux,
du peintre Otto Dix.
Première rétrospective du
peintre Hopper au MOMA
de New York.
1935.
Berg, Concerto pour violon
« A la mémoire d’un ange ».
Gershwin, Porgy and Bess.
1936. 1936.
Bartók, Musique pour cordes, Charlie Chaplin,
percussions et célesta
. Les Temps modernes.
79
KURT WEILL REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1937.
Création à New York de
The Eternal Road, drame
biblique en 4 parties, mise
en scène de Max Reinhardt.
1938. Séjour à Hollywood. Rencontre
Annexion de l’Autriche avec Fritz Lang.
par l’Allemagne.
Accords de Munich.
1939. 1939.
Début de la Deuxième Guerre Devient membre de
mondiale. l’Association des compositeurs
américains.
1941. 1941.
Pearl Harbor et entrée Création de Lady in the dark
en guerre des Etats-Unis. à New York.
1942.
Contre-offensive soviétique
à Stalingrad.
1943.
Création à New York de One
Touch of Venus, mise en scène
d’Elia Kazan, direction
de Maurice de Abravanel.
Projet d’un opéra sur Schweyk
avec Brecht qu’il a revu à
Hollywood. Des négociations
auront également lieu sur
La Bonne Ame de Se-Tchouan.
Ces projets resteront sans suite.
Obtient la nationalité américaine.
80
KURT WEILL & SON TEMPS
MUSIQUE LITTÉRATURE
SCIENCES & ARTS
1936.
Jeux olympiques de Berlin.
1937. 1937.
Orff, Carmina Burana. Walt Disney, Blanche-Neige
et les sept nains.
1939.
Steinbeck, Les Raisins
de
la colère.
Lubitsch, Ninotchka avec
Greta Garbo.
1940.
Charlie Chaplin, Le Dictateur.
1941.
Claude Levi-Strauss s’exile
à New York.
1942.
Chostakovitch, Symphonie no 7, 1942.
“Leningrad”. Suicide de Stefan Zweig.
Lubitsch, To be or not to be.
1943.
Saint-Exupéry, Le Petit Prince.
81
KURT WEILL REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1945. 1945.
Fin de la Deuxième Guerre Rencontre Jean Renoir
mondiale. et René Clair.
1947. 1947.
Plan Marshall en Europe. Création à Broadway de
Street Scene.
Voyage en Europe et en
Palestine. Il retrouve ses
parents qu’il n’avait pas vus
depuis 1933.
Prend par à un comité de
protestation contre la
commission McCarthy.
1948. 1948.
Création de l’Etat d’Israël. Création de Down in the valley,
variation américaine de Celui
qui dit oui, à Bloomington.
1949. 1949.
Traité de l’Atlantique nord. Création à New York de Lost in
Proclamation de la République the stars, tragédie musicale
populaire de Chine par en 2 actes, mise en scène
Mao Tse Toung. de Rouben Mamoulian.
Création de la République
fédérale d’Allemagne.
1950. 1950.
Début de la guerre de Corée. Commence Huckleberry Finn
d’après Mark Twain en
collaboration avec
Maxwell Anderson.
Il est victime d’un infarctus
le 15 mars et meurt à New York
le 3 avril.
82
KURT WEILL & SON TEMPS
MUSIQUE LITTÉRATURE
SCIENCES & ARTS
1945.
Première bombe atomique.
Simenon s’installe aux Etats-Unis
où il résidera dix ans.
1947. 1947.
Naissance de John Adams Thomas Mann, Doktor Faustus.
A New York, création de
l’Actor’s Studio dont Lee
Strasberg prendra la direction.
1948.
Messiaen,
Turangalîla-Symphonie.
1949. 1949.
Mort de Richard Strauss. Stanley Donen, Un jour à New
Naissance de Michaël Lévinas. York avec Gene Kelly.
William Faulkner, prix Nobel
de littérature.
1950.
Mort de Georges Orwell
et de Nijinsky.
83
KURT WEILL NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Du compositeur
Sur le compositeur
84
BERTOLT BRECHT REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1898.
Naissance à Augsbourg. Son père est directeur d’une fabrique
de papier. Sa mère est originaire de la Forêt-Noire.
1904-1916.
Etudes primaires et secondaires dans sa ville natale.
1913-1914.
Publication de ses premiers textes – poèmes, récits – dans
La Moisson, revue de son lycée ainsi que dans la presse locale.
1917.
Etudes de philosophie et littérature à Munich.
1918.
S’inscrit en faculté de médecine.
Mobilisé comme infirmier à l’hôpital d’Augsbourg.
1919.
A Munich, suit avec intérêt les mouvements spartakistes
et aide certains révolutionnaires.
Naissance de son fils Frank dont la mère est Paula Banholzer.
1920.
Mort de sa mère.
1922.
Création à Munich de Tambours dans la nuit.
Il reçoit le prestigieux prix Kleist. Il épouse Marianne Zoff.
1923.
Naissance de sa fille Hanne. Rencontre Helene Weigel.
Création à Munich de Dans la jungle des villeset à Leipzig de Baal.
1924.
S’installe à Berlin. Devient dramaturge au Théâtre Max Reinhardt.
Naissance de Stefan, fils qu’il a avec Helene Weigel.
1927.
Rencontre avec Kurt Weill. Création du Petit Mahagonny à
Baden-Baden. Divorce avec Marianne Zoff.
1928.
Création de L’Opéra de quat’sous.
85
BERTOLT BRECHT REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1929.
Se marie avec Helene Weigel.
Création à Baden-Baden des pièces didactiques :
Le Vol de Lindberghet De l’importance d’être d’accord.
1930.
Création d’œuvres écrites avec Kurt Weill : Grandeur et
décadence de la ville de Mahagonny(Leipzig) ; Celui qui dit
oui (Institut central d’enseignement et d’éducation de Berlin).
Ecrit Celui qui dit non.
1932.
Les Trois Soldats, livre pour enfants illustré par Georg Grosz.
1933.
Départ en exil avec sa famille. Séjourne en Suisse avant
de s’installer au Danemark.
Création à Paris des Sept Péchés capitaux.
1935.
Brecht est déchu de sa nationalité allemande.
Ecrit Grand’ Peur et Misère du IIIe Reich.
1936.
La représentation des Sept Péchés capitauxà Copenhague
est interdite par le roi du Danemark.
1937.
Paris : il participe au congrès international des écrivains sur
le thème de la guerre d’Espagne ; création des Fusils de la
mère Carrar avec Helene Weigel.
1939.
S’installe en Suède.
L’Achat du cuivre, texte théorique sur le théâtre.
1940.
Quitte la Suède pour la Finlande.
Ecrit les Dialogues d’exilés.
1941.
Passe en URSS d’où il s’embarque pour la Californie.
Il s’installe à Santa Monica.
Création à Zurich de Mère Courage et ses enfants.
86
BERTOLT BRECHT REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1942.
Rencontre Adorno et Schoenberg.
Plusieurs travaux cinématographiques, notamment avec
Fritz Lang pour Les bourreaux meurent aussi.
1943.
Mort de son fils Frank sur le front russe.
Création à Zurich de La Bonne Ame de Se-Tchouan
et de La Vie de Galilée.
1945.
Travaille avec Charles Laughton sur la version américaine
de La Vie de Galilée.
1947.
Création à Los Angeles de la version américaine
de La Vie de Galiléedans une mise en scène de Joseph Losey.
A Washington, Brecht passe devant la commission McCarthy
des activités antiaméricaines.
Quitte les Etats-Unis et s’installe en Suisse.
1948.
Création à Zurich de Maître Puntila et son valet Matti.
S’installe à Berlin-Est.
Parution des Histoires d’almanach (recueil de récits).
1949.
Il fonde avec Helene Weigel le Berliner Ensemble.
1951.
Staastoper de Berlin : création du Procès de Lucullus,
musique de Paul Dessau.
1953.
Début de la publication du théâtre complet chez Suhrkamp.
Commence à travailler sur ce qui sera sa dernière œuvre
théâtrale : Turandot ou le congrès des blanchisseurs.
1956.
Assiste à Milan à L’Opéra de quat’sous, mis en scène
par Giorgio Strehler.
Le 10 août, il dirige sa dernière répétition de La Vie de Galilée.
Il meurt le 14 août à Berlin d’un infarctus. Il est enterré
au Dorotheenfriedhof, non loin de la tombe de Hegel.
87
BERTOLT BRECHT NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
88
BERTOLT BRECHT NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Sur l’écrivain
89
LE VOL DE LINDBERGH DISCOGRAPHIE SÉLECTIVE
JAN LATHAM-KOENIG
Orchestre de la radio de Cologne. Chœur Pro Musica de Cologne
Wolfgang Schmidt (Lindbergh). Herbert Feckler,
Lorenz Minth, Christop Scheeben
(Enregistré en 1987)
Avec des extraits de la première version (Kurt Weill et Hindemith) :
HERMANN SCHERCHEN, Orchestre & chœur de la radio de Berlin
Ernst Ginsberg, Betty Mergler, Erik Wirl, Gerhard Pechner
(Enregistré en 1930)
1990 – Capriccio
90
LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX DISCOGRAPHIE SÉLECTIVE
En vidéo
KENT NAGANO, Orchestre de l’Opéra de Lyon
Teresa Stratas – Nora Kimball (danse)
Mise en scène.Peter Sellars
1995 – Decca
91
Chargé d’édition
Jean Spenlehauer
Remerciements
Michel Bataillon
Geneviève Lièvre
Martine Mattler, Atelier du Rhin de Colmar
Impression
Horizon
Directeur général
Serge Dorny
www.opera-lyon.com