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Le sponsoring sportif
Sommaire
Introduction––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– page 2
Problématique–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– page 3
I- Le sponsoring
A) Définition –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– page 4
B) Le sponsoring au service de la marque–––––––––––––––––– page 5
C) Sponsoring et mécénat : comparaison––––––––––––––––––– page 6
D) L’investissement sponsoring en France ––––––––––––––––– page 7
L'aide motivée par des raisons commerciales est un phénomène plus récent, apparu
vers le milieu du XIXe siècle. En 1861, une entreprise de restauration britannique,
Spiers & Pond, dont les activités sont sans rapport avec celles du sport, a sponsorisé
la première tournée de l'équipe britannique de cricket en Australie, s'octroyant un
retour sur investissement de £11.000.
De même, en 1863, un fabriquant de vêtements de sport de Worcester, John
Wisdon, a supervisé la publication de l'almanach Wisdon de l'équipe de cricket. Cette
bible du cricket mondialement connue est aujourd'hui toujours un must, 134 ans plus
tard, pour les fans de cricket.
En 1887, le magazine français 'Vélocipède' a sponsorisé une course automobile, et
c'est à peu près à cette époque que la société française Michelin, fabriquant de
pneus, a commencé à fournir des produits à des coureurs cyclistes, pour bénéficier
de retombées sur l'utilisation de leurs produits.
Après avoir défini précisément la notion de sponsoring, nous verrons les objectifs et
les cibles spécifiques au sponsoring sportif. Ensuite, nous aborderons les étapes
nécessaires à l’organisation d’une campagne de sponsoring sportif et dans une
quatrième partie, nous traiterons de la mesure du retour sur investissement en terme
de sponsoring. Enfin, nous présenterons précisément une action de sponsoring
concrète d’une équipe cycliste.
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Problématique :
Le sponsoring sportif :
enjeux et risques
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I- Le sponsoring
A) Définition
Le sponsoring sportif est une technique de communication qui vise à persuader les
publics assistant à un événement sportif d’un lien existant entre cet événement (et/ou
une équipe ou un individu engagé dans l’événement) et l’entreprise communicante,
afin de faire connaître l’entreprise, ses produits et ses marques, et d’en récolter les
retombées valorisantes en terme d’image (Derbaix et al. 1994). L’objectif est de
transférer une partie ou la totalité des valeurs du sport en question, ainsi que
quelques éléments de la culture qui lui est associée, à l’entreprise, en tant
qu’institution, ou à certains de ses produits ou de ses marques, afin de les rendre
plus efficaces sur le marché, c’est à dire mieux répondre aux attentes des
consommateurs (Quester, 1997). Il donne lieu à un soutien financier, en matériel ou
en services :
Soutien financier,
matériel, en savoir-faire
Sponsor Organisateur d’un
événement sportif
Image, notoriété
et promotion
L’impact du sponsoring sportif est aléatoire. Il repose sur l’incertitude des résultats
sportifs et sur l’engagement partisan de ses participants et de ses publics. Il arrive
que les résultats du sponsoring soit remarquables et que les marques voient
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augmenter leurs points de notoriété de manière surprenante, tout en économisant
davantage d’argent que ce que leur a coûté l’opération de sponsoring. Il est
également possible que le sponsoring ne soit d’aucune efficacité pour l’entreprise ou
pire encore, que l’opération présente des conséquences négatives suite à une
incohérence entre l’entreprise et le sport choisi et soit néfaste voire irrémédiable pour
l’image de marque.
Le sponsoring est une opération de communication qui nécessite donc une étude
préalablement définie. Les objectifs et les cibles de communication doivent être
clairement déterminés et le choix du sport sponsorisé est stratégique.
Cependant, le sponsoring est souvent considéré avec méfiance car ses retombées
sont difficiles voire impossible à évaluer. Il est très délicat de quantifier une
progression en terme d’image. On ne peut également tabler sur aucune
proportionnalité entre le montant de l’investissement initial et ses retombées. Il existe
tout de même plusieurs indicateurs pour mesurer, à posteriori, l’impact d’une
opération de sponsoring sur l’image, la notoriété et l’aspect économique d’une
entreprise. Ces moyens permettent d’avoir l’estimation la plus précise possible des
retombées d’une action de sponsoring.
Une action de sponsoring réussie offre des retombées en matière d’image très
positives. Elle témoigne du dynamisme de l’entreprise sponsor mais également de
l’orientation de ses centres d’intérêt, dans le but d’attirer la sympathie d’un public
ciblé.
Le sponsoring devient un prétexte pour faire parler d’une entreprise et fournit des
occasions de contacts privilégiés avec ses partenaires et les acteurs économiques.
Le rôle des médias est fondamental.
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La participation à un événement sportif permet à l’entreprise d’établir la performance
de ses produits en comparaison avec le sport sponsorisé. Beaucoup de fabricants
investissent donc dans des activités qui leur permettent de valoriser leur savoir-faire.
Aussi, certaines marques peuvent revendiquer une légitimité sportive comme Adidas
ou Nike car ce sont des marques de sport, tandis que les marques appartenant à un
secteur d’activité complètement différent comme celui de l’agroalimentaire ou
l’informatique, auront plus de mal à être crédible et à tisser un sentiment de proximité
avec le public ciblé.
Cependant, dans la majorité des cas et pour éviter toute confusion, les
professionnels parlent de sponsoring commercial et de sponsoring institutionnel. Le
terme mécénat n’est donc plus beaucoup utilisé, de par ses connotations
idéologiques et son image totalement désintéressée à l’instar d’un acte charitable.
Ceci est d’ailleurs une vision fausse puisque le mécène, bien que fort généreux,
attend toujours des retombées symboliques de ses actions.
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Source : Philippe Baux, 1991
Sponsoring Mécénat
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L’année 2004 a connu une certaine relance des investissements de sponsoring
grâce aux multiples événements sportifs qui ont eu lieu, notamment les
championnats d’Europe de football au Portugal et les Jeux Olympique d’été à
Athènes.
Le tableau suivant est une illustration des sports sponsorisés en fonction des
investissements moyens en 2003 :
Patinage artistique 1,15 million pour être sponsor titre d’un événement
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Selon l’union des annonceurs, trois entreprises sur quatre auraient le projet immédiat
de faire du sponsoring et 80 % environ en ont déjà fait.
Il s’avère que la majorité des entreprises concernées réalisent plus d’un milliard
d’euros de chiffre d’affaires, ce sont donc des grandes entreprises. Ces entreprises
sponsors déclarent vouloir recentrer leurs actions autour d’une à deux activités à
forte notoriété, dans le but d’accroître leur chance de visibilité médiatique.
Les entreprises qui ne font pas de sponsoring invoquent le fait que le coût est trop
élevé, que l’efficacité n’est pas prouvée et que le retour sur investissement
sponsoring est beaucoup trop difficile à mesurer.
La valeur de juste compétition : une compétition où tout le monde est égal sur
la ligne de départ, dans un esprit de loyauté, allant en opposition avec
l’affairisme, le trucage et la corruption.
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La fraternité sportive dans l’effort collectif : cette valeur va en opposition avec
l’individualisme et l’anonymat et est très utile aux entreprises pour motiver leur
personnel et fédérer leurs consommateurs.
Il existe deux types d’objectifs : les objectifs de nature commerciale qui sont liés aux
produits et aux marques, et les objectifs institutionnels, basés sur l’entreprise elle-
même.
Le secteur des boissons est propice au sponsoring sportif car il existe un véritable
lien entre les sportifs et les boissons qui les désaltèrent. Ce secteur, le plus présent
dans le domaine du sponsoring, est composé de produits particulièrement
substituables.
Le secteur des banques apparaît en deuxième position. L’objectif principal des
banques est le fait d’atténuer la mauvaise image d’un secteur dominé par l’argent.
La troisième place est tenue par les médias. La forte audience du sport leur apporte
des recettes publicitaires importantes.
Le secteur de l’automobile, des grandes entreprises publiques ou fraîchement
privatisées et des collectivités locales ou territoriales arrive ensuite. L’objectif de ce
secteur est principalement l’image.
Au niveau européen, on peut regrouper les secteurs d’activité selon trois logiques :
Les secteurs développant des stratégies de preuve-produit : preuve de
l’efficacité des produits, ex : le textile, l’informatique, l’automobile.
Les secteurs menant des politiques de disculpation : produits qui peuvent
nuire à la santé, ex : le tabac, l’alcool, la chimie.
Les secteurs visant une cible très large, qui est aussi celle du sport de masse,
ex : l’agroalimentaire.
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hypothèse qu’une notoriété accrue et une image valorisée permettent d’augmenter
les ventes et, à terme, les bénéfices. (Kapferer, 1998).
a) L’image
Tous les deux à trois ans, environ, l’Union des Annonceurs effectue une enquête
auprès de diverses entreprises, dans le but de découvrir leurs objectifs de
communication. Les réponses nous montrent que pour les trois quarts des
entreprises, les objectifs portent sur l’image tout d’abord, puis sur la notoriété et enfin
sur le développement des ventes. L’objectif primordial est donc celui de se faire
connaître et améliorer son image. Le terme ‘objectif d’image’ est alors évoqué avec
la volonté d’aboutir à un positionnement clarifié (Ganassali et Didellon, 1996).
Si le sponsor est extrêmement concerné par cet objectif d’image, l’organisateur de
l’événement l’est lui aussi fortement, car du choix du sponsor titre de l’événement
dépendra une image propre à l’événement. C’est pourquoi certain sport, comme le
golf, préfèreront un sponsor de luxe, Lancôme par exemple, plutôt qu’un fabricant de
produits alimentaires de grande surface qui offrirait davantage.
Une opération de sponsoring devient donc une synergie d’image : celle du sponsor
est bonifiée par celle de l’événement et inversement, l’événement effectue un report
d’image sur le sponsor. A cela, on peut ajouter le rôle du média qui devient partie
prenante à ce phénomène de synergie. Son image est également concernée par le
biais notamment des retransmissions télévisées.
b) La notoriété
Pour augmenter la notoriété d’une entreprise ou institution, il est nécessaire qu’un
maximum de personnes de la cible visée voie la marque et s’en souvienne le plus
longtemps possible.
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Le co-sponsoring est à limiter car, en règle générale, cela peut créer la
confusion dans l’esprit des spectateurs. De plus, il a été révélé que quelque
soit la durée d’exposition d’une marque lors d’un événement sportif, le nombre
de sponsor mémorisé et cité en spontané dépasse rarement le nombre de
deux.
Lors d’une action de sponsoring, le produit peut être utilisé comme preuve : lors d’un
événement sportif, l’entreprise met à la disposition des participants ses produits pour
prouver leur bonne qualité. Cette communication sera d’une grande efficacité si elle
est complétée par des actions annexes, telles que la référence au partenariat sur
l’emballage du produit, le fait de donner le nom de l’événement au produit ou encore
l’organisation d’une promotion du produit sur le lieu de vente.
Le licensing (l’organisateur de l’événement signe un contrat de licence autorisant
l’exploitation de son image, en échange de royalties) et la vente de produits dérivés
sont également très développés parallèlement au sponsoring.
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connaître son action de sponsoring pour pouvoir atteindre ses objectifs de
citoyenneté.
Les institutions souhaitent en général s’enrichir de trois valeurs propres au sport par
le biais du sponsoring :
o La loyauté : il existe une certaine confiance des partenaires ou salariés en
l’entreprise citoyenne.
o La fraternité : cette valeur fait référence au fait d’aimer et d’aider son prochain.
o Le désintéressement : cette valeur recoupe celle de l’amateurisme.
C’est, cependant, au niveau national que les retombées sont les plus spectaculaires,
car la France, par le biais du sponsoring, doit assurer son rayonnement dans le
monde. Trois types de rayonnement sont à noter :
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B) Les cibles
Le public média du sport est plutôt de sexe masculin mais il varie selon les
disciplines. Les femmes, quant à elles, sont de plus en plus nombreuses à
s’intéresser à des sports réputés plutôt masculins, la preuve en est avec le football
(40 % de femmes spectatrices de l’équipe de France de football lors de la coupe du
monde en 1998).
Les cibles sont aussi différentes selon le type de sponsoring.
Lors d’actions de sponsoring, le sponsor vise une audience utile, c’est à dire la part
d’audience de l’événement sportif qui va entrer dans sa cible de communication.
Cependant, une partie de la cible n’est pas touchée en général par l’événement,
c’est pourquoi il est souvent nécessaire de mettre en place une autre action de
communication pour toucher cette cible non atteinte.
L’audience indirecte est également importante : il s’agit des personnes qui assistent
à l’événement en temps réel ou en différé par l’intermédiaire d’un média, quel qu’il
soit.
La plupart du temps, les sponsors s’intéressent à l’audience cumulée, qui met en
avant la fréquence à laquelle l’individu assiste à l’événement, par exemple, s’il
regarde les différents matchs d’un championnat et les émissions y faisant référence.
Il est donc possible de connaître le nombre de prospect qu’il a été possible
d’atteindre, à combien de reprise et sur quelle période.
En interne, le personnel de l’entreprise est soit ciblé dans son intégralité, soit
segmenté par rapport à l’ancienneté, à la hiérarchie, etc. Il existe un risque majeur
dans cette politique de segmentation du personnel, c’est la création de clivages, au
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sein d’une entreprise, dans un contexte où justement, l’ensemble du personnel
pourrait se rassembler.
Globalement, on peut dire que les cibles du sponsoring institutionnel sont tous ceux
qui ont un rôle d’interface entre le sponsor et la société.
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moins en même temps que l’action effectuée par l’entreprise, le lancement d’un
nouveau produit par exemple.
- La concurrence : d’autres sponsors sont déjà en compétition sur ce même
secteur d’activité.
1 – Football 1 – Formule 1
2 – Tennis 2 – Football
3 – Natation 3 – Tennis
4 – Cyclisme 4 – Cyclisme
5 – Athlétisme 5 – Athlétisme
6 – Gymnastique 6 – Gymnastique
7 – Ski 7 – Ski
8 – Formule 1 8 – Patinage artistique
9 – Patinage artistique 9 – Basket-ball
10 – Basket-ball 10 – Natation
Tout d’abord, il faut déterminer si l’entreprise s’oriente vers une activité sportive ou
non sportive. En l’occurrence, on parlera d’un choix d’activité sportive.
Puis, il faut choisir entre les différentes disciplines sportives, nouvelles ou
traditionnelles, olympiques ou non, et en fonction des objectifs. Ce choix se fera
selon l’audience du sport et le budget de communication alloué au sponsoring.
Le choix sera aussi fonction de ce que va rapporter l’opération de sponsoring, en
terme économique et de communication, et surtout selon quelle probabilité. Il est,
évidemment, peu recommandé de se lancer ‘tête baissée’ dans une opération de
sponsoring, sans s’être renseigné, au préalable, sur les retombées assurées.
Une discipline sera choisie par rapport à son audience, mais aussi en fonction du
média qui la retransmet.
Le sponsor peut également choisir un sport selon le nombre de pratiquants, car plus
ce nombre est élevé, plus l’entreprise a de chance de toucher un maximum de
personnes.
Le sponsor peut se renseigner pour savoir si la pratique d’un sport est plutôt
masculine ou féminine. Selon la réponse et si sa cible est marquée par le genre, il
choisira un sport en adéquation avec les personnes composants sa cible.
Enfin, le dernier critère de choix est celui lié à la possibilité de mise en scène
spectaculaire de l’activité, donc du sponsor.
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1- Les critères économiques
Ils sont au nombre de trois, et sont essentiels pour déterminer, le plus précisément
possible, ce que va coûter l’événement :
Il faut chercher à déterminer ce que coûte une unité d’audience, car c’est un élément
décisif pour le choix d’un événement et aussi un moyen de contrôle de l’événement.
Pour cela, on rapporte le coût total de l’opération à l’audience utile (coût pour mille
unités).
- L’audience : le choix d’un sport est fonction de son audience, mais aussi de sa
couverture médiatique, qui permet à un club ou à un événement de devenir une
marque intéressante pour des sponsors (Andreff et Nys, 1987 ; Bayle, 1999).
Toutes les disciplines ne donnent pas la même visibilité aux sponsors. Dans
certaines activités où la culture sportive n’est pas la même, les sponsors ne sont ni
reconnus, ni associés au sport qu’ils sponsorisent. C’est notamment le cas du golf ou
du patinage artistique. Par contre, pour certains sports comme la formule 1, le
football, le tennis ou encore le cyclisme, les sponsors font partie intégrante de
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l’événement. Il est même envisageable que ces événements soient repérés et
identifiés par la présence des sponsors.
Les raisons qui poussent une entreprise à sponsoriser un unique individu sont
nombreuses. Cette stratégie peut regrouper plusieurs personnalités de sports
différents ou identiques pour un même sponsor. Elle comporte, néanmoins, certains
risques :
Tout d’abord, on peut dire que sponsoriser une personne bien distincte signifie
s’attacher à sa propre personnalité, dans le but d’influencer les consommateurs.
Pour cela, les sponsors ont tendance à choisir des champions doués dans leur sport,
certes, mais possédants surtout une forte personnalité.
Le football est le sport qui présente la meilleure visibilité médiatique, c’est pourquoi
ses joueurs sont particulièrement convoités.
Les sponsors utilisent deux types de segmentation pour satisfaire cette stratégie :
une segmentation géographique qui permet de toucher une grande région du monde
par le biais de joueurs connus et influents. Pour illustrer cette logique, on peut citer
l’exemple du joueur de football japonais Nakata, qui permet à la marque Nike de
couvrir l’Asie. Le deuxième type de segmentation peut venir s’ajouter au premier : il
s’agit d’utiliser la personnalité et l’image des joueurs, dans le but de toucher des
segments différenciés, par exemple, la marque Adidas se sert de David Beckham,
très présent dans la presse people, pour toucher les jeunes consommateurs
sensibles à la mode. La célébrité devient donc porte-parole de la marque : il y a un
phénomène d’endossement et de transfert d’affect : la marque vise le transfert
d’attributs positifs de la personnalité du joueur, ainsi que d’une partie du sentiment
manifesté à son égard (McCracken, 1989).
En général, le joueur sponsorisé est choisi pour son charisme. Il doit être à son aise
devant les médias, pour véhiculer une image irréprochable, car il est devenu fréquent
d’inviter des sportifs à diverses soirées jet set, défilés de mode ou premières
musicales. Par conséquent, il est essentiel, pour le sponsor, de déterminer toutes les
apparitions publiques de son poulain, à travers le contrat qui les lie, ainsi que les
obligations à respecter, comme par exemple, l’engagement de porter le logo du
sponsor à tous les moments publics de sa vie. Le sponsor peut également définir au
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préalable, en accord avec le joueur bien sûr, les différents devoirs médiatiques
auxquels il devra participer, comme le nombre d’interviews et leurs durées, la liste
des opérations de promotion, etc.
On peut dire que l’image des joueurs de football constitue une valeur ajoutée pour
les marques.
Une solution pour contrer ces risques, peut être la mise en place d’une veille
sponsoring, qui consiste à sponsoriser plusieurs jeunes talents, en espérant
l’éclosion inattendue d’une star, mais qui permettra tout de même de faire face à la
défaillance d’un sportif confirmé.
Il est également conseillé de sponsoriser plusieurs personnalités différentes, pour
être en mesure de se retourner, le cas échéant.
Enfin, les sponsors peuvent effectuer du co-sponsoring, dans le but de réduire les
risques propres à une opération de sponsoring. Il y a tout de même certaines limites
à cette méthode : il est important de limiter le nombre de co-sponsors pour une
même personne, car la conséquence serait une confusion d’image entre les
différents sponsors. Cela serait vraiment néfaste pour les marques, et en complète
opposition avec le principe même du sponsoring, qui est l’amélioration de l’image de
marque des entreprises.
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- L’image d’une équipe sportive est fondée sur des valeurs communautaires
de fraternité et de solidarité, ce qui permet de donner une légitimité sociale et une
image citoyenne à l’entreprise sponsor.
Ce type de sponsoring est très apprécié, du fait que les risques sont extrêmement
limités. En effet, quel que soit le vainqueur de la compétition, le sponsor est assuré
de sa visibilité durant l’intégralité de l’événement, et de jouir, ainsi, pleinement, de
ses retombées. Le sponsor n’est pas tributaire des performances de son équipe ou
de son joueur.
Le fait de sponsoriser un événement unique et inédit peut être très intéressant dans
la mesure où cela représente une communication originale, qui peut marquer les
esprits. Il existe, cependant un risque, car, si l’événement échoue, il n’existe pas de
rattrapage possible. A l’opposé, un événement annuel, bien qu’il présente moins de
risques que l’événement unique, peut finir par lasser à cause de sa répétition.
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o Le sponsor peut aussi effectuer un soutien actif : cela passe par un apport de
savoir-faire, dans le but de prouver l’efficacité du produit et surtout l’implication
du sponsor dans l’événement sportif.
Une quatrième solution existe, mais elle n’apparaît pas, à première vue, tout à fait
légale. Il s’agit de l’ambush marketing (marketing sauvage, d’embuscade ou de guet-
apens). Il consiste à lancer une campagne de communication autour d’un événement
sportif, sans être parrain officiel ; c’est-à-dire, sans en payer les droits, mais sans
pour autant être dans l’illégalité (Towney et Al, 1998).
Cette solution comporte deux objectifs : tout d’abord, en matière d’image, associer la
marque à l’événement, tout en dépensant un minimum d’argent. Le second objectif
consiste à donner une image un peu rebelle au sponsor, à travers cette action de
sponsoring sauvage.
Le risque encouru par ce type de sponsoring est d’apparaître déloyal auprès des
publics attachés à l’éthique sportive, et de passer ainsi pour un tricheur, ce qui va à
l ‘encontre d’une bonne image sportive.
2- Valorisation
Pour avoir des retombées intéressantes, le sponsor se doit de valoriser l’événement
sportif, par le biais d’opérations de communications en amont et en aval.
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d’impatience de la part des consommateurs. Pendant l’événement, ces actions sont
importantes, car elles permettent de faire profiter la marque de l’enthousiasme, voire
de la passion suscitée par l’enjeu sportif.
Les relations publiques représentent le mode d’exploitation privilégié pour mener une
campagne institutionnelle lors d’un événement sportif. De plus, chaque personne
invitée aura le sentiment d’être privilégiée et d’avoir été choisie par l’entreprise
comme étant l’heureux élu, ce qui permettra d’avoir un maximum de retombées
positives.
Les prestations attendues doivent être définies de manière très précise, tout
en prenant un maximum de précautions juridiques dans le but de sécuriser son
investissement.
La liberté contractuelle reste le fondement de ces opérations mais il est
essentiel de respecter le cadre législatif local de chaque pays.
1 - Les prestations
Le cœur de l'opération est l'événement sportif (un individu ou une équipe) auquel le
sponsor souhaite associer son image, il est donc essentiel de le décrire avec un
grand soin. Il faut également préciser les obligations du sponsorisé en ce qui
concerne la réalisation et la mise en valeur de l'événement sportif.
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L'image du sponsor étant par définition associée à l'événement, il est important de
s'assurer de la participation, et ceci dans de bonnes conditions, du sponsorisé à cet
événement. Quelquefois, des divergences peuvent naître après la signature du
contrat, à cause de l'incertitude qui entoure la participation du sponsorisé à
l'évènement, soit parce que ce dernier ne peut plus organiser l'évènement, soit parce
que l'équipe concernée ne répond plus aux exigences de la compétition. Il est, dès
lors, nécessaire de lister par exemple les évènements sportifs (les diverses coupes,
courses ou matchs) visés par le contrat.
Enfin, il sera utile pour le sponsor de déterminer les prestations annexes attendues
du sponsorisé, telles que l'attribution de places dans la tribune d'honneur pour les
matchs de football par exemple. .
2 – La protection de l’investissement
Pour le sponsor, il est crucial d’avoir l’exclusivité dans un secteur d’activité, même si
cela est quand même peu fréquent. La rédaction d'une telle clause est délicate. Le
secteur, la durée, le territoire et la portée de l'exclusivité devront être détaillés pour
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éviter tout désaccord ultérieur. Il est important de souligner que l'exclusivité que peut
accorder une fédération sportive à un sponsor, fournisseur d'équipements sportifs,
est parfaitement licite, sauf si cette dernière vient porter atteinte aux règles de la
concurrence.
Une clause de préférence, insérée dans le contrat donnera au sponsor une priorité
de renouvellement à la fin du contrat. Cela lui permettra d’assurer la pérennité de son
investissement. Enfin, pour couvrir l'aléa inhérent à toute manifestation sportive, la
clause de prix pourra prévoir le versement d'un montant forfaitaire et de primes
associées à la réussite de l'équipe sponsorisée par exemple.
On peut noter que certaines entreprises n’ont pas le droit de communiquer sur leur
image ou leurs produits. C'est le cas des entreprises du secteur des boissons
alcooliques, celles du tabac ou des produits pharmaceutiques.
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De comparer les scores d’un sponsor et d’un non-sponsor de l’événement,
servant de référence.
1- Mesure d’efficacité
On sait que l’objectif principal de l’entreprise sponsor est de développer son chiffre
d’affaires et son résultat d’exploitations. Cependant, une opération de sponsoring
dépend du contexte du marché et de la concurrence, il n’est donc pas forcément
évident d’en contrôler l’efficacité sur un plan strictement économique, étant donné
que plusieurs autres facteurs sont concernés.
L’indicateur du chiffre d’affaires, c’est-à-dire son pourcentage d’évolution, est à
comparer au budget alloué au sponsoring, pour devenir significatif. Selon
P. Sahnoun (1989), le calcul budgétaire ne doit pas se limiter à ce que coûte le
déroulement de l’événement mais comprendre trois volets :
2- Mesure d’audience
Le principe même d’une opération de sponsoring est de rendre visible la marque de
l’entreprise sponsor, lors d’un événement sportif. A cet effet, il existe trois niveaux
d’exposition :
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- Les spectateurs au soir de l’événement : ces personnes n’ont, en
général, pas pu assister à l’événement, mais restent très attachées au sport,
et très impliquées dans les manifestations sportives. Elles se contentent donc
des résumés sportifs, mais sont considérées, pour la plupart, comme très
proches des spectateurs en directs.
Il existe un outil utilisé pour la publicité qui peut s’appliquer au sponsoring : il s’agit
du GRP (Gross Rating Point). Il consiste à déterminer le nombre de fois que la
marque a touché sa cible et à quel coût, de manière à pouvoir en déduire le coût de
chaque contact et approcher la rentabilité de l’opération. Cet outil est également très
utile pour comparer entre eux les différents médias et supports.
L’audience indirecte, quant à elle, est fournie par les différents médias et les agences
d’études (Médiamétrie, par exemple).
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Une audience forte signifie, en règle générale, une bonne exposition du sponsor et a
ainsi, pour conséquence, un bon niveau de notoriété, mais tout cela n’est pas
systématique. En effet, Démoscopie (société d’études) a pu démontrer, à travers ses
résultats, que les disciplines sportives se répartissent, globalement, en trois
groupes :
B) Conséquences
1- En terme de notoriété et de mémorisation
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Le top of mind:
Il s’agit du pourcentage de personnes ayant cité directement la marque comme étant
premier sponsor de l’événement sportif. Dans ce cas, la marque est considérée
comme étant le principal sponsor de l’événement, elle aura ainsi tendance à éclipser
toutes les autres.
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tournées vers le sport, mais appartenant à un contexte différent de celui du
sponsoring.
2- En terme d’image
L’objectif principal du sponsoring est, par définition, la valorisation de l’image de
marque du sponsor. L’événement sportif doit transférer à l’entreprise sponsor, des
éléments jugés positifs, qui sont sensés séduire les publics visés et avoir une
influence favorable sur leur appréciation de la marque (Giannelloni, 1993).
La mesure de l’image doit se faire avant et après l’événement, pour que l’on puisse
effectuer une comparaison et apprécier les changements d’image.
Il existe cinq outils, généralement utilisés pour mesurer l’image d’un événement
sportif :
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Evidemment, le choix de la personne interviewée est extrêmement important,
puisqu’elle vise à représenter un groupe dont on analyse les attitudes. Elle doit être
capable d’expliciter et de formuler l’opinion globale du groupe.
Le transfert d’image peut être défini comme l’acquisition par des publics assistant à
un événement sportif, d’informations sur l’environnement direct de l’événement,
notamment celui constitué par les sponsors, mais sans y apporter une attention
particulière (Gianelloni, 1993 ; Ganassali et Didellon, 1996). De ce fait, le spectateur
est en mesure de transférer au sponsor associé, l‘ensemble de ses réactions
affectives et émotionnelles, bonnes ou mauvaises, en fonction de son appréciation
de l’événement.
V- Application : bilan du
sponsoring cycliste d’AG2R
Prévoyance en 2004
Dans le cadre d’une action de sponsoring cycliste d’AG2R Prévoyance, menée lors
du Tour de France 2004, la société Occurrence a été chargée de mesurer le retour
sur investissement de l’action de sponsoring grâce à différents éléments : la mesure
d’audience, la valorisation publicitaire, un bilan des opérations des relations
publiques et une mesure d’impact sur le grand public. Les résultats sont les
suivants :
Mesure d’audience :
- 2,3 milliards de contacts ont été générés par la couverture des médias de la presse
écrite (72 %) et audiovisuels (28%).
- 39 000 000 d'euros d'équivalents publicitaires ont été réparti à 56% pour
l'audiovisuel et 44% pour la presse écrite. Ce qui représente :
30
17 millions d'euros en équivalents publicitaires pour la presse écrite avec en
particulier une représentation plus forte de 3 supports : l'Equipe, Ouest France
et le Figaro.
22 millions d'euros en équivalents publicitaires pour l'audiovisuel dont 55%
pour la TV ( avec une forte représentation du groupe français) et 45% pour la
radio (avec une forte représentation d'Europe 1).
Valorisation publicitaire :
- avec le Tour de France 2004, AG2R triple sa valorisation publicitaire par rapport à
l'édition 2003 du Tour de France (9,5 millions d'euros en 2003 et 28,4 millions
d'euros en 2004).
- avec le Tour de France, AG2R réalise les trois quart de son équivalents
publicitaires et la moitié de son audience sur la période de janvier à juillet 2004
- le nombre de retombées presse écrite progresse de 84% par rapport à 2003
Méthodologie de l’analyse :
Trente entretiens réalisés par téléphone entre le 15 juillet et le 9 août 2004 auprès
des clients et prospects invités par les directions régionales d'AG2R Prévoyance sur
les différentes étapes du Tour de France.
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En conclusion,
Cette 4ème édition du bilan d'impact du sponsoring de l'équipe cycliste d'AG2R
Prévoyance confirme que le sponsoring cycliste et le Tour de France constituent
toujours un levier efficace pour l'accroissement de la notoriété du Groupe.
Pour Yvon Breton, secrétaire Général et directeur de la communication d'AG2R
Prévoyance "A la mi saison, nous avons largement atteint nos retours sur
investissements dans la mesure ou l'évaluation des retombées médiatiques
représentent 10 fois notre engagement financier dans le cyclisme, sport qui véhicule
toujours pour notre marque une image positive et en phase avec les valeurs
défendues par notre entreprise."
AG2R Prévoyance s'est lancé dans le sponsoring cycliste en 1997 (sport populaire
dont elle partage les valeurs de solidarité, courage et esprit d'équipe) au travers de
son soutien à une équipe cycliste. Dirigée par Vincent Lavenu, l'équipe cycliste
d'AG2R Prévoyance à participé au 91ème Tour de France et gagné 2 étapes du Tour
de France 2004, confortant AG2R Prévoyance dans la poursuite de son engagement
dans cette action de sponsoring.
Conclusion
En conclusion, on peut dire que la démarche de sponsoring est extrêmement
méthodique. Il est difficile de séduire les publics sportifs, même si la marque
bénéficie d’une forte légitimité, de par sa durée et son implication dans le sport. Il
existe un risque de lassitude de la part des publics d’événements sportifs, qui
peuvent préférer l’arrivée d’une marque nouvelle, aux éternelles grandes marques
sportives, comme Adidas ou Nike. De plus, il est à noter que les retombées
symboliques sont assez difficiles à analyser, contrairement aux retombées
économiques qui présentent des résultats de plus en plus précis grâce aux différents
indicateurs mis en place. Le sponsoring sportif apparaît, certes, comme une
révolution dans le domaine de la communication, mais il nécessite, tout de même,
une étude et une réflexion extrêmement stratégique.
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Sources
Liens Internet :
Le Journal du Net http://www.journaldunet.com
http://marketcom.free.fr – Site Internet sur le marketing et la communication
Sport Stratégies http://www.sportstrategies.fr
01net http://www.01net.fr
http://www.sport.fr
Institut d’études :
Médiamétrie (institut de mesure d’audience) : http://www.mediametrie.fr
Livres :
“ Dictionnaire des médias” – Francis Balle – Editions Larousse
“ Le communicator” – Marie-Hélène Westphalen – Editions Dunod
“ Marketing du sport” – Michel Desbordes, F. Olhl, G. Tribou – Editions Economica
“Sponsoring sportif” – G. Tribou – Editions Economica
“Sponsoring, le parrainage publicitaire” – Véronique Plat-Pellegrini – Editions
Delmas et Cie
Revues :
“L’Equipe”
“Enjeux - Les Echos”
“Capital”
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Licences Creative Commons
Quelle est la qualification juridique des documents-type Creative Commons ?
Les documents Creative Commons sont des contrats-type qui permettent à l’auteur de
communiquer au public les conditions d’utilisation de son œuvre.
Ce sont des offres ou pollicitations, l’offre étant définie comme la « manifestation de volonté
(…) par laquelle une personne propose à une ou plusieurs autres (déterminées ou
indéterminées) la conclusion d’un contrat à certaines conditions » (1).
On peut qualifier ces offres de contrats à exécution successive et de concession de droit
d’usage. Elles sont fournies à titre d’information gratuitement par Creative Commons et
n’impliquent aucun transfert des droits de propriété intellectuelle (2). Elles ne peuvent donc
pas être qualifiées de vente ou de cession.
La qualification de prêt à usage ou de commodat adresse les biens qui doivent être restitués,
ce qui n’a guère de sens dans le cas de biens immatériels.
Le louage de chose incorporelle ou licence (location d’un meuble incorporel en droit de la
propriété intellectuelle) est défini à l’article 1709 du Code Civil comme «un contrat par
lequel l'une des parties s'oblige à faire jouir l'autre d'une chose pendant un certain temps, et
moyennant un certain prix que celle-ci s'oblige de lui payer ». Le prix à payer n’entraîne ici
aucune rémunération, mais les obligations qui pèsent sur l’Acceptant laissent à penser que la
personne qui offre une œuvre sous de telles conditions en retire des avantages.
Le respect de la destination et l’usage de la chose louée en bon père de famille fait partie des
règles communes aux baux des maisons et des biens ruraux.
La qualification de licence, sous-catégorie de contrats, est traditionnellement réservée à la
propriété industrielle (licence de brevet ou de marque) et aux logiciels, et n’est pas employée
en propriété littéraire et artistique. Cependant, ce terme est communément utilisé pour
nommer les Creative Commons licenses, sous l'influence du terme américain et du concept de
"licences libres" : licence GNU GPL, Licence Art Libre...
La nouveauté de ce type d’offre peut enfin amener à la qualification de contrat innommé.
Quant à la destination, elle est clairement repérable dans l’intention de l’auteur de contribuer
à un fonds commun en autorisant certaines utilisations gratuites de son œuvre.
La cession des droits de reproduction et de représentation à titre gratuit est permise à l’article
L. 122-7 du CPI.
On précisera que les sous-licences sont explicitement interdites dans les documents Creative
Commons, être titulaire d’un droit d’usage ne confère pas au bénéficiaire d’une licence
Creative Commons le droit de céder ces droits. Le bénéficiaire ne pourra distribuer l'oeuvre
ou la communiquer au public que sous les mêmes conditions sous lesquelles il l'a reçue.
Le terme « bénéficiaire » et non pas le terme « licencié » a été retenu pour désigner dans la
traduction française la personne qui accepte l’offre. Ce choix marque une volonté de
confirmer cette interdiction et peut ainsi favoriser ainsi le consentement éclairé de l’acceptant.
L’article 3 de la version originale prévoit que « Les droits mentionnés ci-dessus peuvent être
exercés sur tous les supports, médias, procédés techniques et formats, qu’ils soient connus
aujourd’hui ou mis au point dans le futur. »
L’article L. 131-6 accepte « la clause d'une cession qui tend à conférer le droit d'exploiter
l'oeuvre sous une forme non prévisible ou non prévue à la date du contrat. ». Elle « doit être
expresse », ce qui est le cas dans la version originale des licences. Mais étant donné qu’elle
doit également « stipuler une participation corrélative aux profits d'exploitation », la phrase a
été écartée de la version française, à l’instar de la solution retenue par les traducteurs
allemands conformément à l’article 31.4 de la loi allemande sur le droit d’auteur de 1965, plus
stricte, qui interdit l’exploitation sous une forme non prévisible.
Si les cessions peuvent être consenties à titre gratuit, l’article L131-3 du CPI prévoit que les
adaptations audiovisuelles doivent prévoir une rémunération.
Cependant, la jurisprudence (4) a admis la validité d’une cession des droits d’adaptation
audiovisuelle même si aucune rémunération n’était stipulée, la contrepartie étant fournie par
la publicité faite à l’ouvrage, œuvre préexistante. L’intention de l’auteur d’obtenir une
diffusion et une distribution de son oeuvre sous Creative Commons plus large peut être
interprétée comme le souhait d'une plus grande notoriété grâce aux copies et aux diffusions
qu'effectueront les Acceptants, sans exiger une exploitation conforme aux règles spécifiques
d’un contrat d’édition, ni être lié par un contrat d'exclusivité avec un producteur.
L’autorisation d’adaptation audiovisuelle ne doit-elle pas figurer dans un contrat écrit distinct
de celui qui autorise les autres actes ?
D’après l’article L113-4, « l’œuvre composite est la propriété de l’auteur qui l’a réalisée,
sous réserve des droits de l’auteur de l’œuvre préexistante ».
L’article L131-4 alinéa 3 stipule que « les cessions portant sur les droits d’adaptation
audiovisuelle doivent faire l’objet d’un contrat écrit sur un document distinct du contrat
relatif à l’édition proprement dite de l’œuvre imprimée ». On peut se demander si le choix de
l’option qui autorise les modifications ne contraindrait pas à recourir à deux contrats Creative
Commons séparées, de manière à respecter cette disposition qui vise à protéger l’auteur en lui
faisant prendre conscience du fait qu’il s’agit de deux actes de cession bien différents.
La réponse est non car les licences Creative Commons ne sont pas assimilables à des contrats
d’édition au sens de l’article L132-1 du CPI : elles ne prévoient pas d’obligation pour le
bénéficiaire correspondant à la charge pour l’éditeur d’assurer la publication et la diffusion
des exemplaires dont la fabrication est autorisée.
Quelle est la validité des offres Creative Commons vis-à-vis du droit général des
obligations ?
L’absence de signature n’est pas le signe d’une absence de consentement ou d’information sur
l’objet et la nature de l’engagement contractuel. Il est en effet obligatoire d’accompagner
toute reproduction ou communication de l’œuvre d’une copie ou d’un lien vers le texte
Creative Commons qui la gouverne. Il est précisé dans l’objet du contrat que l’exercice sur
l’œuvre de tout droit proposé dans ladite offre vaut acceptation tacite de celle-ci, à l’image
des licences d’utilisation de logiciels qui prennent effet à l’ouverture de l’emballage du disque
d’installation. On peut inférer de l’article 1985 du Code Civil relatif au mandat que le
commencement de l’exécution du contrat proposé par le destinataire de l’offre « révèle » son
acceptation (5).
La personne qui propose de contracter, l’auteur au sens de l’article 113 du CPI, garantit dans
l’article 5a qu’elle a bien obtenu tous les droits nécessaires sur l’œuvre pour être en mesure
d’autoriser l’exercice des droits conférés par l’offre. Elle s’engage à ne pas transmettre une
œuvre constitutive de contrefaçon ou d’atteinte à tout autre droit de tiers (autres titulaires de
droits ou sociétés de gestion collective qui auraient pu être mandatées, ou tout autre tiers), et à
permettre une jouissance paisible à ceux qui en accepteront les termes.
Cependant, la version originale 2.0 des textes Creative Commons (notre travail de traduction
et d’adaptation portait jusqu’en mai 2004 sur la version originale 1.0) prévoit que cette clause
de garantie deviendra optionnelle. Une telle exclusion de garantie pourrait être jugée sans
valeur en cas de dommage. La responsabilité délictuelle étant d’ordre public, elle aura
vocation à s’appliquer par défaut, même sans mention explicite : la responsabilité de l’offrant
est alors définie par la législation applicable.
Enfin, proposer des textes en langue française n’est pas seulement plus commode pour les
utilisateurs français, mais répond également à l’impératif d’utiliser la langue française dans le
cadre de relations avec des salariés ou des consommateurs (6) dans un contexte professionnel
privé ou public.
Les contrats Creative Commons sont-ils compatibles avec le droit moral, norme
impérative ?
Droit à la paternité
N’est-il pas obligatoire de choisir l’option Paternité ? (On notera que l’option Paternité
devient obligatoire à partir de la version 2.0.)
On pourrait en effet penser que l’option Non Attribution, qui n’imposait pas d’indiquer la
paternité de l’œuvre, ne pouvait pas être choisie en droit français car le droit à la paternité,
prérogative de droit moral, est inaliénable. La même question est soulevée par l’article 4.a qui
permet à l’Offrant de demander à l’Acceptant de retirer de l’Œuvre dite Collective ou Dérivée
toute référence au dit Offrant.
Effectivement, un contrat qui imposerait à l’auteur de renoncer définitivement à son droit au
nom, en échange d’une contrepartie financière ou non, serait nul. La jurisprudence relative
aux contrats dits de « nègre » où l’auteur réel écrit un ouvrage pour autrui, et s’engage à
renoncer à être identifié comme auteur auprès du public, est stable : l’auteur réel pourra
toujours se faire reconnaître comme auteur (7).
Les documents Creative Commons n’imposent pas une renonciation définitive, mais
permettent une renonciation provisoire et une clarification (8). L’auteur pourra toujours faire
reconnaître sa paternité.
En revanche, ce droit à l’anonymat ne doit pas donner lieu à de fausses attributions de
paternité, notamment dans le cas où l’utilisateur-auteur indiquerait un autre nom que le sien,
ou s’approprierait indûment la paternité d’une œuvre. Le principe général étant la
présomption de titularité au bénéfice de celui sous le nom duquel est divulguée l’œuvre, le
système Creative Commons ne permet pas plus que le cas général d’authentifier la paternité
des œuvres. La paternité indiquée dans une offre Creative Commons reste soumise à la bonne
foi des utilisateurs.
Droit au respect
Autoriser à l’avance les modifications n’équivaut pas à aliéner le droit au respect. Le droit
d’adaptation, traditionnellement cédé à l’avance, n’implique pas d’autoriser les modifications
qui porteraient atteinte à l’intégrité de l’œuvre ou à l’honneur et la réputation de son auteur.
L’auteur qui aurait mis à disposition son œuvre sous une offre Creative Commons autorisant
les modifications et la création d’œuvres dites dérivées, se réserve toujours la possibilité d’un
recours fondé sur droit au respect, en cas d’utilisation ou de dénaturation de son œuvre telle
qu’elles lui porteraient préjudice.
Droit de retrait
Le droit de retrait, lui aussi d’ordre public, pourra toujours être exercé, même si le parcours de
l’œuvre rend son application encore plus difficile sur les réseaux. Celui qui propose l’offre de
mise à disposition se réserve à tout moment le droit de proposer l’œuvre à des conditions
différentes ou d’en cesser la diffusion (article 7.b), dans le respect des offres précédemment
consenties. L’auteur qui met fin au contrat Creative Commons devra respecter la bonne foi (9)
des personnes qui auront dans l’intervalle appliqué le contrat qu’il proposait.
Droit de divulgation
Le titulaire des droits sur l’œuvre conserve le contrôle du moment et des conditions de sa
divulgation et de sa communication au public, non pour s’assurer de la réservation des droits
exclusifs, mais pour rendre l’œuvre libre de certains droits.
Certains pourraient se demander si la condition de Partage à l’Identique des Conditions
Initiales ou ShareAlike ne constitue pas une atteinte au droit de divulgation de la personne
qui, ayant accepté une œuvre sous de telles conditions contractuelles, la modifie en apportant
une contribution originale, et acquiert elle-même le statut d’auteur de la nouvelle œuvre dite
dérivée.
Le nouvel auteur conserve ses prérogatives et décide du moment de la divulgation de la
nouvelle œuvre. Il ne lui est pas interdit de la divulguer sous des conditions différentes, mais
c’est à la condition d’obtenir une autorisation écrite de la part de l’auteur de l’œuvre
préexistante, comme dans le système juridique classique, hors Creative Commons.
Le contrôle de l’utilisation après divulgation en vertu des options Partage des Conditions
Initiales à l’Identique (Share Alike) et Pas d’Utilisation Commerciale (Non Commercial)
n’est-il pas incompatible avec le principe d’épuisement des droits ?
Il n’y a pas de clause déterminant la loi applicable et la juridiction compétente dans les
contrats Creative Commons. Les règles de droit international privé prévalent, et, pour choisir
la loi applicable, le juge saisi déterminera le lieu d’exécution de la prestation caractéristique
du contrat, ou le lieu du dommage ou du dépôt de la plainte.
Les contrats Creative Commons prévoient à l’article 8c que si un article s’avère invalide ou
inapplicable au regard de la loi en vigueur, cela n’entraîne pas l’inapplicabilité ou la nullité
des autres dispositions, l’article en question devant être interprété de manière à le rendre
valide et applicable.
Les clauses abusives sont réputées non écrites si le contrat conduit à établir des rapports
déséquilibrés entre les droits et obligations entre un professionnel et un consommateur (12).
Un raisonnement a fortiori permet de déduire que les offres Creative Commons satisfont ces
exigences, ainsi que les exigences de prudence et d’information.
Un auteur peut se retourner contre la personne qui utilise son œuvre sans respecter les
conditions qui lui sont attachées. L’auteur qui estimerait qu’il y a eu atteinte à ses
prérogatives patrimoniales pourrait toujours demander au juge une révision du contrat.
Le bénéficiaire du contrat pourrait également se retourner contre le donneur de contrat qui a
transmis une œuvre contrefaisante.
Notes
1. Dir. Gérard Cornu, Vocabulaire Juridique Association Henri Capitant, PUF Quadrige 4ème
éd. 2003.
2. Voir Christophe Caron, Les licences de logiciels dites « libres » à l’épreuve du droit
d’auteur français, Dalloz 2003, n° 23, p. 1556 et Melanie Clément-Fontaine, La licence GPL,
mémoire de DEA, Université de Montpellier, 1999. http://crao.net/gpl/
Contra en faveur de la qualification de cession, Cyril Rojinsky et Vincent Grynbaum, Les
licences libres et le droit français, Propriétés Intellectuelles, juillet 2002/4, p. 28.
3. Cass.1ère civ. 23/01/2001, Communication Commerce Electronique avril 2001 & A. et H.-
J. Lucas, Traité de la Propriété Littéraire et Artistique, Litec, 2ème éd. 2001, n° 482.
5. Dir. Michel Vivant, Lamy Droit de l’Informatique et des réseaux, par. 875.
6. Loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française dite loi Toubon.
7. Cour de cassation, Civ.1, 4 avril 1991, affaire Béart, Revue Internationale du Droit
d'Auteur, octobre 1991, p. 125 (cassation de l’arrêt d’appel ayant admis que l’auteur de
thèmes musicaux renonce, par contrat, à être identifié comme tel auprès du public).
10. Arrêt de la CJCE du 11 juillet 1985, Cinéthèque SA et autres contre Fédération nationale
des cinémas français, Aff. jointes 60/84 et 61/84, Rec. 1985 p. 2605.