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Ex n1 p. 41
Un jour, Mourad tait en promenade au bord de la mer avec
quelques camarades. Tout tait paisible et rien ne venait
dranger le cours de cette agrable journe.
Soudain, contre toute attente, des cris stridents, dchirant le
ciel, furent entendus. Un enfant, g de cinq ans, tait tomb
dans leau. Il se dbattait, essayait de se sauver, de matriser
son corps, de ne pas succomber cette mer qui lattirait dans
ses profondeurs, comme si elle dsirait sa fin. Les larmes, les
hurlements et les supplications ne laissrent personne
indiffrent. Les gens sattrouprent, chacun guettant le
sauveur dans les yeux de lautre ; chacun attendant quun
secouriste manifestt sa prsence en vain dailleurs-, que
quelquun intervnt et mt fin une imminente tragdie.
Mourad, lui aussi, tait profondment conscient de la gravit
de la situation. Il hsitait, pesait le pour et le contre, voulait,
comme les autres, que lenfant soit sauv, se rappelait de ses
cours de natation, de ces cours quil navait pas seulement
suivre pour le plaisir. Le sang bouillonnait dans son crne, il
nentendait plus les cris, plus rien dautre que la voix
assourdissante de ses propres rflexions. Soudainement,
quelquun se jeta dans leau en direction de lenfant.
Un silence semblable celui des cimetires rgna sur la plage,
touffa toute parole, toute impression de vie. Mme les cris de
lenfant disparaissaient, tout comme son corps, et lon ne
voyait plus que ses mains sur leau ainsi que le corps de cet
tranger qui se battait vaillamment pour vaincre le spectre
dune mort qui, souriante, malicieuse, presque certaine de la
fin de cette histoire, rda autour du malheureux. Mourad avait
galement disparu. Il ne pouvait tre nulle part ; nulle part
sauf dans la mer, ct dun corps quil essaya de tirer de
toutes ses forces, de sauver, malgr la fatigue, langoisse et le
danger.