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« Oeuvrons ensemble »
Par Sanou Mbaye
http://sanou.mbaye.free.fr
Tables des matières
Introduction ___________________________________________________________________3
La reconstruction de l’Afrique doit passer par une meilleure structuration de
l’Union Africaine _______________________________________________________________4
Une définition claire des objectifs prioritaires visés et des bénéfices escomptés_4
La démonstration de la crédibilité politique de l’UA _____________________________5
Une approche graduelle de mise en place des institutions ______________________5
La mobilisation de ressources _________________________________________________10
Autopsie de la dette Africaine _________________________________________________14
La reconstruction de l’Afrique est le remède aux maux de la mondialisation____17
Programme d’action : l’UA et le NEPAD ________________________________________19
Mode de fonctionnement de l’Union Africaine _________________________________22
Conclusion____________________________________________________________________22
ANNEXES _____________________________________________________________________24
Annexe I : Les indices de la dette et de la pauvreté _______________________________________ 24
Annexe II : Analyse comparative des taux de profit sur investissement par région du monde (2000) _____ 25
Annexe III : Analyse comparative du volume des Investissements Directs Etrangers (IDE) par région du
monde (2000) ________________________________________________________________________ 25
Annexe IV : Analyse comparative des taux de profit sur investissement et du volume des Investissements
Directs Etrangers (IDE) par région du monde (2000) __________________________________________ 26
NOTES – BIBLIOGRAPHIE - ABREVIATIONS ___________________________________27
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L’Union Africaine et la Mondialisation :
la construction de l’UA peut servir de remède
aux maux de la mondialisation
Par Sanou MBAYE*
Introduction
Les échecs notés à cet égard tiennent essentiellement aux raisons suivantes :
• Désinvolture de ces mêmes dirigeants qui signent des accords auxquels ils ne
se sentent pas liés, et leur propension, en revanche, à signer avec les
anciennes puissances coloniales des traités qui vont gravement à l’encontre
des intérêts de leurs peuples ;
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La reconstruction de l’Afrique doit passer par une meilleure
structuration de l’Union Africaine
La dissolution de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et son remplacement
par l’Union Africaine (UA)1 doit signifier une rupture avec ce qui pouvait être
considéré comme un « Club de Chefs d’Etat » où le rôle du Secrétaire Général était
réduit à celui de chef du protocole. De même doit être impérativement banni le
comportement de la communauté internationale qui assigne à l’Afrique un destin
synonyme d’exploitation et non de développement2.
L’UA s’est dotée des institutions que l’Europe a mis près d’un demi siècle à créer
(Assemblée, Conseil Exécutif, Commission, Parlement, Conseil Economique, Social et
Culturel, Court de justice, Institutions Financières, etc.). Elle se contente de plagier
sans tenir compte des conditions et des réalités économiques et sociales qui ont
présidé à la naissance de l’Europe. Elle ne tire pas expérience de la stratégie des
petits pas adoptée par l’Europe depuis la signature du traité de Rome en 1957 pour
bâtir, étape après étape, une union douanière, un marché commun, une intégration
économique, un système monétaire européen (SME), une monnaie unique, une
Banque Centrale Européenne et un élargissement progressif de ses Etats Membres.
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La démonstration de la crédibilité politique de l’UA
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l’Europe a mis un demi-siècle à bâtir conduirait à répéter les erreurs du passé et
feraient de la nouvelle organisation une réplique de l’OUA avec encore plus de
bureaucratie.
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des institutions de Bretton Woods, les spéculateurs de l’Hexagone déposent à court
terme des sommes astronomiques dans les succursales des banques françaises de la
région (Banque Nationale de Paris, Société Générale des Banques, Crédit Lyonnais…).
Ces banques ainsi gorgées de liquidités les prêtent à court terme à des taux
prohibitifs aux Etats et aux membres de l’élite pour financer leur boulimie de
consommation de produits importés : pétrole, biens d’équipements, produits
alimentaires, biens de consommation, etc.
Quant aux spéculateurs, ils se contentent d’engranger tous les trois mois leurs
profits transférables librement en Métropole et de répéter cette pratique à l’infini,
créant, ainsi, avec l’aval du Trésor Français, des déséquilibres économiques aux
conséquences dévastatrices pour les populations locales. Seules des mesures de
contrôle des mouvements de capitaux pourraient mettre fin à de telles pratiques. La
France en a bien pris, mais en excluant du système de contrôle les flux financiers
entre ses anciennes colonies et elle. En revanche, les francs CFA en circulation au
sein de l’UEMOA et de la CEMAC ne sont pas interchangeables.
Chers messieurs,
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la convertibilité du franc CFA et des taux rémunérateurs avantageux à court
terme, strangulation du commerce inter régional, etc.).
Alors j’en suis arrivé à me demander comment, en tant que cadres africains
situés au cœur du dispositif économique de vos propres pays, en êtes-vous
arrivés à cautionner et à vous faire les pratiquants de telles procédures qui
vont à l’encontre des intérêts de vos pays et de vos compatriotes ? De
quelle engeance êtes-vous faits pour devenir de tels collaborateurs ?
Il est vrai que vous travaillez pour des institutions qui sont contrôlées par la
France qui vous rémunère gracieusement pour votre obédience. Est-ce cela
qui justifie que vous sacrifiez les intérêts de vos pays et de vos concitoyens
? C’est ce que je crois. Mais je peux me tromper et c’est la raison pour
laquelle je vous envoie ce fax pour que vous éclairiez ma lanterne.
Une telle situation a plongé les pays de la zone franc dans un état de pauvreté
qui s’est détérioré avec la dévaluation, en 1994, du franc CFA. En de telles
circonstances, il n’est pas surprenant qu’en dépit de la convertibilité de leur monnaie
commune et des liens traditionnels qui les lient depuis plusieurs siècles à la France,
tous les efforts entrepris en vue réintégrer à rebours leurs économies et d’accroître
leurs échanges soient restés vains. Seule une mue intégrale du système peut éviter
l’implosion à terme des sociétés concernées.
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Etant donné les différents niveaux de PNB qui existent entre les Etats membres de
l’UEMOA et de la CEMAC, chaque pays adopterait une monnaie et un taux de change
en rapport avec son PNB et ses réserves de change. Les objectifs du nouveau système
monétaire seraient la stabilité entre les nouvelles monnaies des pays membres, ainsi
que le rapprochement de leurs économies en limitant l'instabilité des changes, en
réduisant l’inflation et en préparant la mise en place d’un marché commun et d’une
union politique et monétaire réelle et non de façade en conformité avec les stratégies
de l’UA dans ces domaines à travers les différents groupements régionaux.
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correctives : relèvement des taux d'intérêt, resserrement de la politique
budgétaire, soutien du taux de change, s'il s'agissait d'une divergence à
la baisse; mesures inverses s'il s'agissait d'une hausse.
La mobilisation de ressources
Les institutions dont l’UA doit se doter, en tout premier lieu, pour accroître en
priorité les échanges intracommunautaires, c'est-à-dire une Organisation de
Coopération Economique, une Union Africaine des Payements et des Chambres de
Compensation, des Mécanismes de Compensation et la Coopération Monétaire
doivent s’appuyer sur de solides fondations, être indépendantes et disposer de
ressources financières suffisantes. Il est de première importance que l’UA fasse
preuve d’une gestion budgétaire rigoureuse et unifiée pour permettre leur
fonctionnement sans heurts.
Il est donc vital que l’Union Africaine ait la capacité d’emprunter, à des
conditions avantageuses, sur le marché des capitaux. Pour ce faire, l’UA devra se voir
octroyer impérativement la notation financière la plus élevée, c’est-à-dire le triple A
(AAA)12. Cela ne sera possible qu’avec l’implication du conseil de sécurité des Nations
Unies dans le processus. Un programme du type pétrole contre nourriture mis en
place pour l’Irak peut être repris pour le compte de l’Afrique. Il s’agirait en l’espèce,
d’un prélèvement d’une partie des recettes d’exportation des Etats Membres de l’UA
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pour financer leurs contributions au budget de l’UA. Un niveau de tolérance zéro doit
être de mise pour les arriérés sur cotisations.
C’est la garantie dont les marchés financiers auront besoin pour être
convaincus de la solvabilité de l’Institution pan-Africaine. Cela permettrait également à
l’organisation de lever des fonds en émettant des bons et obligations sur les marchés
boursiers en Afrique et dans le reste du monde. Le dispositif devrait être complété par
l’octroi de prêts à des taux préférentiels de la part de la communauté internationale.
A cet effet, l’UA se doit d’être à l’avant garde d’une analyse critique du passé du
continent Africain et d’une restitution de la vérité historique sur le rôle joué par les
dirigeants et les élites noirs dans l’asservissement de leurs peuples en tant
qu’intermédiaires et collaborateurs du capitalisme international tout au long des
périodes sombres de leur histoire - les années de plomb de l’esclavage et du
colonialisme, les quatre décennies de cauchemar des post - « indépendances » et,
présentement, le carrousel, sous le parrainage de leurs mentors occidentaux, des
chefs d’états africains autour du NEPAD, un plan primaire qui livre un continent
dévasté aux fourches Caudines de la mondialisation.
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par leurs propres Banques Centrales. Le problème persistait depuis plusieurs années,
mais mes prédécesseurs à ce poste s’étaient toujours bien gardés de lui trouver une
solution. Il est important de noter, également, que les pays d’Afrique au sud du
Sahara étaient victimes du même traitement sans qu’aucun de ces pays n’ait éprouvé
le besoin de formuler, à l’instar des pays du nord du continent, de complainte contre
ces pratiques inacceptables.
Les événements lui donnèrent tord tant et si bien que depuis cette date et
jusqu’à nos jours ce sont les Banques Centrales Africaines qui effectuent nos ordres
de paiement en monnaies locales. En effet, avec le succès enregistré avec le Maroc,
je me mis à demeure d’étendre le système à l’ensemble des pays Africains. Cet
épisode est un exemple manifeste de ce syndrome noir à double titre. En tout
premier lieu, il montre que les pays d’Afrique noire qui étaient victimes des mêmes
pratiques usuraires que les pays d’Afrique du Nord ne jugèrent jamais nécessaires de
s’en plaindre et encore moins de les dénoncer. En second lieu, les cadres Africains de
la BAD, comme le Directeur Sénégalais de la Citibank, montrèrent, par leur attitude,
leur capacité à être plus royalistes que le roi dans leur aptitude à servir les intérêts
étrangers au détriment de ceux des peuples auxquels ils appartenaient.
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visait à leur faire payer un impôt légitime sur leurs résidences secondaires acquises
avec l’argent de l’exploitation et de l’humiliation des Noirs.
Comment le Sénégal qui avait accordé le droit de vote à ses citoyennes dès
l’indépendance pouvait-il, avec une quelconque crédibilité, affirmer son adhésion à la
Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 qui l’avait explicitement dénié aux
femmes de France?
Une affiliation aux idéaux d’une révolution qui avait cautionné et maintenu
l’asservissement des peuples d’Afrique est un autre exemple de ce syndrome noir.
L’UA devra s’appliquer à l’éradication de ce mal qui est une condition préalable à tout
début d’affranchissement des peuples d’Afrique et des membres de leur Diaspora quel
que soient les projets d’union et les programmes politiques, économiques et sociaux
en chantier.
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seigneurs de guerre. Les spéculations sur les produits de base et les matières
premières Africains qui n’ont cessé de faire chuter les prix de ces derniers doivent
également cesser, tandis qu’un système de corrélation entre l’évolution de ces prix et
ceux des biens et services produits par l’Occident devra être mis en place.
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Cette notation est délivrée sous forme de lettres alphabétiques. La notation la
plus élevée, le « triple » A (AAA), est attribuée aux membres d’un club fermé qui
compte parmi ses adhérents des pays industrialisés, des institutions multilatérales de
financement telles que le FMI, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de
Développement, de grands conglomérats multinationaux, etc. Le niveau de la notation
dont jouit un emprunteur détermine les conditions plus ou moins favorables de prêts
dont il peut jouir. Plus la notation est élevée moins les intérêts à payer sont
importants et vice versa.
Ce rapport de force qui leur est favorable permet à ces bailleurs de fonds
d’exercer un contrôle total sur les politiques de développement de ces pays et sur
l’usage qu’ils doivent faire des prêts qu’ils leur accordent. Ils choisissent les projets et
programmes qui forment la trame des activités économiques des pays débiteurs. Ils
les évaluent selon leurs propres critères. C’est eux qui les jugent rentables, c’est-à-dire
en mesure de générer des revenus susceptibles de rembourser les prêts qui les
financent et les surplus financiers qui seront utilisés par les pays créanciers pour
investir dans l’éducation, la santé, le logement, la sécurité, l’industrialisation etc.
Toutes ces indications sont consignées dans les rapports d’évaluation rédigés
par le personnel mandaté par les bailleurs de fonds et assisté de bataillons d’experts
et de bureaux d’études fort onéreux pour les pays emprunteurs qui paient leurs
émoluments et les privilèges qui s’attachent à leur statut d’expatriés. Les pays
emprunteurs doivent accepter leurs conclusions. La latitude qui leur est donnée de les
discuter est purement théorique. Tout pays qui se risquerait de discuter leur bien
fondé se verrait immédiatement fermer tout flux monétaire de quelle qu’origine qu’il
soit.
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En dépit de toutes ces mesures au demeurant fort coûteuses, la grande
majorité des projets financés n’ont pas atteint, selon les estimations mêmes de la
Banque Mondiale, les objectifs initiaux qui leur avaient été assignés. En clair, l’absence
de matérialisation des revenus et des profits projetés se traduit par un endettement
qui a généré de la pauvreté et de la dépendance plutôt que du développement. Il n’a
été question de développement que pour servir d’alibi à tout un stratagème mis en
place pour enfermer l’Afrique, avec la complicité de ses élus et de presque la quasi-
totalité des membres de son élite, dans une camisole de force de dettes. Une telle
situation est rendue pire par l’action complémentaire des banques commerciales qui
financent, avec des crédits à court terme, les besoins de consommation des pays
d’Afrique.
Les pays débiteurs étant insolvables, les arriérés s'accumulent. Qu’à cela ne
tienne. Les pays membres du G7, principaux actionnaires du FMI et de la Banque
Mondiale, prêteront aux débiteurs en difficulté les sommes dont ils ont besoin pour
s’acquitter de leurs dettes. C’est ainsi que la Grande Bretagne peut accorder une
« aide » à la Sierra Leone qui a servi en partie à rembourser des créances dues au
FMI et à la Banque Mondiale. De même, dans un passé récent, près des trois quarts
de l’assistance allouée à la Zambie ont servi à payer des créditeurs externes. Ces
chassés croisés financiers deviennent kafkaïens quand des fonds alloués aux pays
emprunteurs par la Banque Mondiale, la BAD et le FMI servent à payer, dans un
chassé croisé machiavélique, les dettes dues à l’une ou l’autre de ces organisations.
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dupée peut et doit recourir à la justice pour demander réparation et non quémander
pour que justice lui soit rendue.
Il est impératif de garder à l’esprit que les pays insolvables et leurs populations
n’ont pris aucune part dans l’élaboration des politiques, ni dans le montage des prêts
qui les ont conduits à la faillite économique et sociale. En l'absence d'accès aux
marchés des capitaux, l'Afrique noire a dû sous-traiter son développement aux
institutions de Bretton Woods13 et à la Banque Africaine de Développement. Or le
contrat de sous-traitance n'a pas été honoré. Les rapports de post-évaluation des
projets financés par les banques multilatérales l'attestent. Ces documents sont
disponibles. Il n y a rien qui s’oppose à ce qu’une procédure d’arbitrage, sous l’égide
des Nations Unies, soit engagée.
Il n’en demeure pas moins qu’un début d’action pourrait consister, pour l’UA, à
commissionner un avis juridique sur la question auprès d’un panel de juristes
internationaux.
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Ainsi, depuis la crise qui a affecté les marchés émergeants14 en 1997, ceux-ci
ne détiennent plus que 7% du montant total des valeurs boursières alors qu’ils
représentent 45% de la production mondiale et 85% de la population du globe. Les
mouvements de capitaux dans ces régions ont décru d’un tiers tandis que les
investissements directs sont tombés de 130 milliards de dollars en 2000 à 108
milliards de dollars en 2001. Cette contraction se double d’une concentration : cinq
pays (l’Argentine, le Brésil, la Chine incluant Hong Kong, le Mexique et la Corée) ont
reçu les deux tiers des investissements directs15. Le caractère exclusivement
occidental de la mondialisation est illustré par les trois premières banques mondiales
d’investissement (Merrill Lynch, Morgan Stanley et Goldman Sachs) qui, fin 2000,
géraient à elles seules la somme astronomique de 2,7 mille milliards de dollars de
fonds16. C’est plus de deux fois la valeur des marchés boursiers de Hong Kong,
Taiwan, Singapore, Corée, Chine, Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Les Philippines et
l’Inde réunis.
Ce n’est donc pas faire une faveur aux Africains que de mettre en place un
programme le développement du continent. Le sort de l’économie mondiale en
dépend, car seule la reconstruction de l’Afrique peut donner naissance à la création
soutenue, sur des décennies, des millions d’emplois dont le monde a besoin pour
restaurer ses équilibres. Tony Blair et Jean Chrétien, les Premiers Ministres
britannique et canadien s’en sont fait les avocats au sein des pays du G8, mais
apparemment sans succès. Il faut espérer que le bon sens et le pragmatisme finiront
par l’emporter pour le plus grand bien de l’humanité. Il n’est pas inutile de rappeler
que, selon le Bureau d’analyse économique des Etats Unis, c’est en Afrique que l’on
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réalise les taux de profit sur investissement les plus élevés du monde (19,4%) en
moyenne en 2000.
Bien que le NEPAD soit d’inspiration et d’origine différentes de l’UA, des efforts
sont menés pour en faire un programme d’action commun. La reconstruction de
l’Afrique ne peut s’accommoder des recettes neo-libérales de la mondialisation
adoptées par le NEPAD18.
Les pays qui s’affrontent dans l’arène de la mondialisation doivent être dotés
d’une solide base industrielle, d’un carnet de commandes de produits manufacturés
bien rempli, d’un accès au marché des capitaux, d’un volume élevé d’investissements
étrangers, d’un programme de privations tous azimuts et de la capacité d’ériger des
barrières douanières et des systèmes de subventions de toutes sortes qui les
protègent de la concurrence extérieure tout en imposant aux pays démunis l’ouverture
de leurs marchés. L’Afrique ne dispose d’aucun de ces atouts.
Les pays de la région n’ont pas accès aux marchés des capitaux et ne jouissent
d’aucun transfert de technologie. Les seules sources de financement dont ils disposent
proviennent de fonds bilatéraux et multilatéraux.
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(Annexe II, Annexe III & Annexe IV). Et cette part de l’Afrique ne s’illustre pas
seulement par sa modicité, mais également par sa concentration, ne bénéficiant qu’à
un nombre limité de pays, notamment le Nigeria, l’Angola et le Mozambique et ne
finançant que des investissements dans l’exploitation des ressources naturelles,
particulièrement le pétrole et les minerais, perpétuant la dépendance de la région et
son appauvrissement résultant d'une exploitation systématique de ses ressources sans
la contrepartie d'investissements productifs, de créations d'emplois et d'exportations
de biens manufacturés.
Les lois qui gouvernent l’investissement ne sont donc plus seulement fonction
de rentabilité et de libre transfert des gains perçus quand on en vient à l’Afrique sub-
Saharienne. Les préjugés raciaux font aussi partie des paramètres à intégrer dans les
décisions d’investissement quand il s’agit des Noirs. Mais la question fondamentale est
de savoir de quelle engeance les élus et les élites Africains sont faits pour permettre
aux pays industrialisés de s’abstenir d’investir en Afrique quand ils continuent de
disposer des ressources du continent, de ses bases militaires et de l’allégeance de ses
dirigeants?
En Afrique, il n’en a rien été. La CNUCED21 estime que pour chaque dollar de
capital net qui entre en Afrique sub-Saharienne, c’est 1,06 qui en sort au titre des
pertes dues à la détérioration des termes de l’échange, du service de la dette, du
rapatriement des bénéfices des entreprises qui engrangent mais ne réinvestissent
point, des réserves obligatoires fixées à des niveaux excessifs et des capitaux en fuite
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– 40% de l’épargne africaine sert ainsi à financer les déficits budgétaires des pays de
l’ OCDE22. Selon le Financial Times, les capitaux exilés africains étaient estimées, en
1991, à 135 milliards de dollars23. Le retour de 10 % de ces capitaux aurait
représenté plus de douze fois les investissements directs étrangers en Afrique.
Sur la question concernant le retour des capitaux exilés, l’UA pourrait explorer
la voie de voir ses Etats Membres légiférer pour l’augmentation du Capital des
sociétés parapubliques bradées au secteur privé international. Une telle action serait
menée conjointement avec une campagne d’information invitant les travailleurs
émigrés et les nationaux à souscrire une partie ou la totalité des actions à émettre. Ils
deviendraient ainsi membres des Conseils d’Administration des sociétés concernées et
auraient, de ce fait, leur mot à dire sur leur gestion, leur programme de
réinvestissement, d’embauche et de modernisation ainsi que leur politique de fixation
des prix des biens et services produits.
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mêmes pratiques et elle ne peut le faire que si ses Etats membres se soudent et que
ses ressortissants se solidarisent contre l’hostilité de l’Autre qui ne voit dans l’Afrique
qu’un continent à exploiter et dans les Noirs qu’un peuple à asservir, fusse-t-il au
détriment de ses propres intérêts. Il faut bien que les « damnés de la terre » se
rendent compte que l’irrationnel l’a emporté jusqu’ici sur le politique et l’économique
dans leurs rapports aux autres. Mettre fin à cet ostracisme est désormais devenue une
simple question de survie de l’espèce au regard des génocides et des affrontements
ethniques suicidaires qui ne sont que la résultante de l’épuisement de sa capacité à
supporter sa déchéance immémoriale. Et le moment, pour un tel sursaut, n’a jamais
été plus propice puisque l’Autre est atteint dans ses forces vitales et sa résurrection
est, pour la première fois dans l’histoire, dépendante de l’essor des Noirs et non de
leur exploitation. Encore faudrait-il que les parties concernées en soient conscientes et
se guérissent de leurs tares mutuelles.
A cet égard, l’accent sera mis sur la création d’une force Africaine
d’interposition. Elle aura vocation d’intervenir partout où la paix et le respect des
droits de l’homme seront menacés.
Conclusion
La fortune des nations, des entreprises et des particuliers, à l’ère de la
mondialisation, est une richesse illusoire basée sur un étalon papier : le dollar. Pour se
prémunir de l’instabilité inhérente à ce capitalisme déboussolé, les tenants des
mannes du billet vert, particulièrement les compagnies d’assurances, les banques et
les fonds de pension anglo-américains, se font les acteurs principaux des transactions
dans le marché des produits dérivés qui se chiffrent journellement à des milliers de
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milliards de dollars. Une course poursuite dérisoire pour se prémunir des fluctuations
monétaires et qui laisse sur son sillage un univers de désolation.
* Economiste sénégalais
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ANNEXES
Annexe I : Les indices de la dette et de la pauvreté
Afrique Sub-Saharienne :
Taux de Dépenses
croissance du Dette due publiques Transferts nets
Pays revenu par par habitant sanitaires par du FMI (1992-98)
habitant (1965-98) habitant
Millions de
% $ $
dollars
COTE D'IVOIRE - 0,8 1024 10,6 211
source: http://www.jubilee2000uk.org
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Annexe II : Analyse comparative des taux de profit sur investissement par
région du monde (2000)
25,00%
18,90% 19,10%
20,00%
15,10%
15,00%
10,90%
10,00%
8,30%
5,00%
0,00%
Europe Amérique latine Asie pacifique Moyen Orient Afrique
Source: US Bureau of Economic Analysis (quoted in HSBC’s World Economic Watch, October 11, 2001)
90
79,6
80
70
60
50
40
30
19,9 21
20
10
1,9 1,1
0
Europe Amérique latine Asie pacifique Moyen Orient Afrique
Source: US Bureau of Economic Analysis (quoted in HSBC’s World Economic Watch, October 11, 2001)
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Annexe IV : Analyse comparative des taux de profit sur investissement et
du volume des Investissements Directs Etrangers (IDE) par région du
monde (2000)
80
79,6
70
60
Montants des investissements directs Etrangers
(IDE) en milliards de dollars
50
30
21
19,9
20
8,3 %
10 15,1 %
10,9 % 1,9 1,1 19,1 %
18,9 %
0
Europe Amérique latine Asie pacifique Moyen Orient Afrique
Source: US Bureau of Economic Analysis (quoted in HSBC’s World Economic Watch, October 11, 2001)
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NOTES – BIBLIOGRAPHIE - ABREVIATIONS
1
UA : L’ Union Africaine a été officialisée à Durban en Juillet 2002, en remplacement de l’OUA.
2
Lire Sanou Mbaye “ Souhaitable union des économies africaines ”, Le Monde diplomatique, septembre
1995
3
CEDEAO : Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest. Pays membres : Nigeria,
Ghana, Côte-d'Ivoire, Sénégal, Niger, Gambie, Guinée, Mali, Guinée Bissau, Liberia, Sierra Leone, Bénin,
Togo, Cap Vert, Burkina-Faso.
4
SADC : Southern African Development Community. Pays membres : Afrique du Sud, Angola,
Botswana, Lesotho, Malawi, Zimbabwe, Zambie, Mozambique, Swaziland, Tanzanie, Namibie, île
Maurice.
5
UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine. Pays membres : Bénin, Burkina Faso, Côte-
d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
6
CEMAC : Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale. Pays membres :
Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad.
7
COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa. Pays membres : Burundi, Comores,
Djibouti, Ethiopie, Kenya, Malawi, Maurice, Ouganda, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
8
UMA : Union du Maghreb Arabe. Pays membres : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie.
9
BAD : Banque Africaine de Développement
10
CEA : La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique
11
Le franc CFA est la monnaie convertible créée par la France et mise en circulation dans les pays
d'Afrique de la zone franc. Son ancienne parité : 1 FF = 50 F CFA, est demeurée inchangée de 1945 au
11 janvier 1994. Elle est alors passée à 1 FF = 100 F CFA.
Lire Sanou MBAYE : Sortir du piège, Le Monde Avril 2001 ; Franc CFA : le faux débat de la
dévaluation, Jeune Afrique Décembre 93 ; Franc Zone must go, West Africa, February 2001 ; CFA franc:
a colonial relic , West Africa, May 2000 ; Why the CFA franc must go, West Africa, January 1994.
12
Lire Ibrahim Wade : « Ces puissantes officines qui notent les Etats », Le Monde diplomatique, février
1997.
13
Les accords de Bretton Woods conclus le 22 juillet 1944 entre les quarante-quatre pays, alors
membres de l'ONU mais non ratifiés par l'URSS, ont alors créé deux institutions : le FMI et la Banque
mondiale.
14
La liste des pays émergents comprend des pays comme l'Argentine, le Brésil, la Chine, Hong Kong, le
Mexique, Taiwan, Singapour, le Nigeria, l’Afrique du Sud,…..
15
Bank for International Settlements, 71st annual report.
16
Lire John Plender : “ Going off the rails, Global Capital and the Crisis of Legitimacy”
Published by John Wiley & Sons Ltd, 2003.
Page 27 de 28
17
IMF : International Capital Markets, 1999.
18
NEPAD : New Economic Partnership for African Development. Le NEPAD est né de la fusion du MAP
(Millenium African renaissance programme) des présidents Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Abdelaziz
Bouteflika (Algérie) et Olusegun Obasanjo (Nigeria) et du plan Oméga du président sénégalais
Abdoulaye Wade.
19
United Nations Conference on Trade and Development, World Investment Report 2001 : Promoting
Linkages.
20
HSBC's World Economic Watch, 11 octobre 2001, rapport fondé sur des données fournies par le
Bureau d'analyse économique des Etats Unis.
21
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
22
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
23
Cf. “Left out in the cold” & “Reforms catch the eyes”, Financial Times, 20 may 1996.
24
ANC : African National Congress
25
COSATU : The Congress of South African Trade Unions
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