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La poursuite de la caution.
La poursuite de la caution ne peut être envisagée par le créancier que dans le contexte d'un
cautionnement valable et non éteint en raison d'un paiement libératoire effectué par le débiteur
principal. D'autres conditions sont requises dans la poursuite, certaines d'entre elles sont communes à
tous les cautionnements et d'autres particulières :
Conditions communes :
Exigibilité :
Une caution ne peut être poursuivie que si la créance principale est exigible à son encontre, lorsque la
caution ne s'exécute pas spontanément une procédure d'exécution forcée doit être engagée.
Exigibilité de la créance principale à l'encontre de la caution :
En principe la créance est exigible à l'encontre de la caution du moment où elle est devenue exigible à
l'encontre du débiteur principal (le caractère accessoire).
Pour poursuivre la caution le créancier doit attendre l'expiration du terme convenu.
De façon exceptionnelle le sort de la caution peut être dissocié de celui du débiteur principal, parfois la
caution ne peut être poursuivie alors que la dette du débiteur principal peut l'être, article 1497 alinéa 3
: "la mort du débiteur fait échoir la dette à l'égard de la succession de celui-ci, mais le créancier ne
pourra poursuivre la caution qu'à l'échéance du terme convenu."
Inversement lorsque s'ouvre une procédure de redressement, les poursuites du créancier sont
suspendues à l'encontre du débiteur principal et ne le sont pas à l'encontre de la caution.
Lorsque le terme est reporté ou avancé (déchéance) il convient de savoir si la prorogation ou la
déchéance est opposable à la caution.
Le report d’échéance ou prorogation :
Le report peut résulter de l'effet de la loi ou d'un juge (légale ou judiciaire) ou bien de la volonté du
créancier.
Lorsque le report à une origine conventionnelle cela veut dire que le créancier a consenti un report
d'échéance au débiteur, cette disposition doit bénéficier à la caution, article 1519 du COC : "la
prorogation du terme accordé par le créancier au débiteur principal profite à la caution à moins qu'elle
n'ait été accordée à raison de l'état de gêne du débiteur".
Lorsque le report à une origine légale ou judiciaire, il supporte la défaillance momentanée du débiteur
principal et la caution peut être poursuivie par le créancier.
La déchéance du terme :
La déchéance peut résulter soit :
Stipulation contractuelle :
Tel est le cas d'un prêt qui devient exigible dans sa totalité en raison du non-paiement d’une
échéance.
Fait de la loi :
Tel est le cas de la loi qui frappe de déchéance la dette du débiteur principal en cas de diminution des
sûretés consenties au créancier, article 1494 alinéa 1er : "lorsque la caution reçue par le créancier, en
vertu du contrat, est devenue insolvable, il doit en être donné une autre, ou bien une sûreté
équivalente. À défaut, le créancier peut poursuivre le paiement immédiat de sa créance...".
La déchéance du terme est selon une doctrine dominante inopposable à la caution qui ne peut être
poursuivie qu'à l'échéance.
La loi opte pour la même position dans pas mal de cas (exemple : la mort du débiteur cité dans l'article
1497 alinéa 3e).
Exercice de la poursuite :
L'exercice de l'action en paiement contre la caution ne peut être déclenchée que si le débiteur
principal est en demeure d'exécuter l'obligation, article 1496 : "le créancier n'a action contre la caution
que si le débiteur principal est en demeure d'exécuter son obligation."
La demeure en matière d'exécution du contrat est une faute.
Pour mettre en demeure le débiteur principal selon 2 sortes :
Obligation assortie d'un terme (déchéance) :
L’arrivée du terme met en demeure le débiteur, article 269 : "le débiteur est constitué en demeure par
la seule échéance du terme établi par l'acte constitutif de l'obligation."
Obligation non assortie d'un terme :
La loi exige une interpellation du débiteur principal qui a la forme écrite (un télégramme, une lettre
recommandée ou une citation en justice).
L'article 278 oblige une interpellation indépendamment du fait que l’obligation est assortie d’un terme
ou non et ce dans le cas où l'obligation porte sur une somme d'argent.
Le créancier doit généralement interpeller la caution avant de l'assigner en justice pour exécution
forcée de son obligation.
Le créancier interpellant peut voir la caution organiser son insolvabilité, lorsque le cas se présente il
est autorisé à procéder par saisie conservatoire sur les biens mobiliers de la caution.
Conditions particulières
Règles relatives au cautionnement simple:
Lorsque le cautionnement est simple la caution dispose de 2 prérogatives pour retarder les poursuites
du créancier : le bénéfice à la discussion et le bénéfice de la division.
Le bénéfice de la discussion :
C'est la faculté reconnue à la caution exigée du créancier de poursuivre d'abord le débiteur principal.
Il est la conséquence du caractère accessoire de l'engagement de la caution et que ce bénéfice a pour
effet de suspendre les poursuites contre la caution (suspension momentanée).
Le bénéfice de la division :
Peut être invoqué lorsque plusieurs cautions ont garanti la même dette.
Ce bénéfice doit être demandé par la caution, il n'est écarté qu’à l'égard des cautions insolvables.
Lorsque la caution oppose son bénéfice de division le créancier ne peut lui réclamer que sa quote-part
dans la dette.
Règles relatives au cautionnement solidaire :
La solidarité produit des effets principaux qui se rattachent à la double idée qu'il y a une dette unique
et une pluralité d'obligés. Par conséquent la caution ne peut opposer au créancier ni le bénéfice de la
discussion ni celui de la division.
Le créancier de son côté peut ainsi poursuivre à son désir le débiteur principal ou la (les) caution
solidaire.
Pour échapper à la dette la caution peut opposer les exceptions qui lui sont personnelles ou celle
inhérent à la dette, article 178 de COC : "chacun des débiteurs solidaires peut opposer les exceptions
qui lui sont personnelles, et celles qui sont communes à tous les codébiteurs. Il ne peut opposer les
exceptions qui sont purement personnelles à un ou plusieurs de ses codébiteurs."
L’extinction du cautionnement :
Les causes d'extinction du cautionnement trouvent leur source soit dans le rapport liant le créancier au
débiteur principal (extinction par voie accessoire : article 1512) soit dans le rapport entre les
créanciers et la caution (extinction par voie principale article 1513).
Extinction du cautionnement par voie accessoire :
Compte tenu du caractère accessoire du cautionnement il est évident que toutes les causes qui
éteignent l'obligation principale produisent extinction de l'obligation de la caution.
Les causes qui annulent ou éteignent l'obligation principale sont nombreuses (le COC en énumère une
dizaine).
L'article 339 du COC dispose que les obligations s'éteignent pas : le payement, l'impossibilité de
l'exécution, la remise volontaire, la novation, la compensation, la confusion, la prescription et la
résiliation volontaire.
D'autre part on y ajoute les nullités contenues dans l'article 1512 : "toutes les causes qui produisent la
nullité ou l'extinction de l'obligation principale annulent le cautionnement."
Le paiement (article 1514 COC) :
C'est la principale cause d'extinction des obligations, il est en même temps la 1ère première cause
d'extinction du contrat par voie accessoire.
La caution est libérée lorsque le débiteur principal exécute son obligation à l'égard du créancier. Il doit
s'agir d'un paiement libératoire et qui émane du débiteur principal.
Le paiement fait par le tiers lui donne le droit d'être subrogé aux droits du créancier et peut par
conséquent poursuivre la caution.
Dation en payement (article 341 COC) :
La dation en paiement signifie que le créancier accepte volontairement en guise de payement une
chose différente de celle convenue dans la convention.
L'acceptation volontaire d'une dation en payement libère la caution de son obligation alors même que
celle-ci ne produit les effets espérés ou ne donnent satisfaction au créancier.
La novation (article 357 COC) :
La novation est défini par l'article 357 : "la novation est l'extinction d'une obligation moyennant la
constitution d'une obligation nouvelle qui lui est substitué."
Elle suppose la modification d'un élément essentiel de l'obligation, elle peut porter sur l'objet de
l'obligation.
L'article 1517 dispose : "la novation opérée à l'égard du débiteur principal libère les cautions à moins
qu'elles n'aient consenti à garantir la nouvelle créance...".
La remise de dette consentie par le créancier (article 1516 COC) :
Lorsque le créancier accepte volontairement de réduire la dette de son débiteur une telle remise à
pour effet de libérer la caution.
La remise consentie dans le cadre d'un arrangement amiable ou redressement judiciaire n'a pas pour
effet de libérer les cautions.
La remise consentie à une des cautions ne libère pas les autres.
La compensation (article 369 COC) :
C'est un mode d'extinction des obligations qui suppose que deux personnes soient débitrices est
créancières l'une de l'autre, elle ne peut avoir lieu qu'entre dette de même espèce ou entre numéraire
et des denrées (article 373).
La caution peut se prévaloir de la compensation intervenue entre le créancier et le débiteur principal
ou bien même se prévaloir de la compensation de ce que le créancier lui doit à elle-même (article 1515
COC).
La nullité, la résolution et l'exception d'inexécution :
La nullité, la résolution de l'obligation du contrat originaire sont considérées par le législateur comme
des causes d'extinction de l'obligation de la caution.
La nullité, la résolution et l'exception d'inexécution sont des exceptions inhérentes à la dette dont peut
se prévaloir la caution alors même que le débiteur principal s'abstient d'agir (article 1502). Ce qui
implique que la caution peut agir en nullité en résolution du contrat principal (action oblique article
306 et 307 COC).
Extinction du cautionnement par voie principale :
Article 1513 : "l'obligation qui résulte du cautionnement s'éteint par les mêmes causes que les autres
obligations, même indépendamment de l'obligation principale.".
Il faut se situer dans le rapport entre le créancier et la caution sans se soucier du rapport entre le
débiteur principal et le créancier. Le payement, la dation,..., nullité sont tous reportés au rapport du
créancier au débiteur principal.
Leçon 1- La solidarité passive
Introduction :
1ère observation : au niveau du COC on relève 2 solidarités l'une active et l'autre passive.
La solidarité passive est une garantie de la créance, c'est une sorte de sûreté personnelle parce qu'elle
donne au créancier d'importantes chances de payement en ajoutant au débiteur plusieurs personnes
tenues de régler la créance.
Elle a un autre effet celui de faciliter les poursuites contre les débiteurs.
2e observation : il y a solidarité passive lorsque plusieurs débiteurs sont obligés à une même chose
de manière que chacun puisse être poursuivi pour la totalité de la dette et que le payements fait par
un seul débiteur libère tous les autres envers le créancier.
3e observation : l'obligation est considérée solidaires entre plusieurs débiteurs même au cas où l'un
d'eux est obligé différemment des autres au paiement de la même chose
Exemple : Si l'un parmi les débiteurs solidaires n'est obligé que conditionnellement alors que les autres
ne le sont pas ou bien lorsque l'un des débiteurs a bénéficié d'un terme qui n'est pas accordé aux
autres (3 personnes en qualité de débiteurs : une personne doit payer en un an les deux autres en six
mois).
Sources de la solidarité.
En droit comparé 2 sources ont été prévues : une source légale ou une source conventionnelle.
En droit tunisien ces 2 sources ont été retenues par l'article 174 qui ajoute une troisième source : la
nature de l'affaire.
La convention source de la solidarité.
Pour qu'il y ait solidarité la loi exige une stipulation expresse. Ce principe prévaut en matière civile
parce que le même texte, en matière commerciale, considère que la solidarité est de droit dans les
obligations contractées entre commerçants en matière d'affaires.
La source légale de la solidarité :
La loi dans certains cas prévoit la solidarité.
Dans le cadre du mandat nous signalons l'article 1140 et l'article 1146 (mandat donné par plusieurs
personnes pour une affaire commune).
La solidarité passive conséquences de la nature de l'affaire.
Lorsqu'elle résulte d'une situation de fait, dans ce cas la solidarité se produit par la force des choses
(elle découle de la nécessité des choses) ou bien elle est conséquence de certaines circonstances.
Exemple :
- dommages commis par une personne assurée, l'assuré et l'assureur sont tenus solidairement ;
- solidarité entre commettant et préposé au cas où la responsabilité du fait du préposé est admise.
Privilèges généraux.
La notion du privilège général.
Le privilège général est un droit réel (accessoire) de préférence accordé par la loi sur les biens
meubles et immeubles du débiteur, à raison de la qualité de la créance (le fondement retenu par le
législateur dans la consécration du privilège qui peut consister soit dans une raison propre à l'intérêt
général, humanitaire ou social et économique).
La définition du privilège général autorise de faire les précisions suivantes relatives à :
L'assiette du privilège :
Selon l'alinéa 2 de l'article 197 CDR, les privilèges généraux comportent les biens meubles et
immeubles du débiteur. Concrètement le privilège ne porte pas sur des biens il porte sur la valeur
d'une enveloppe (totalité de l'actif) dont le contenu n'est jamais spécifié. D'ailleurs le privilège général
est occulte d'un côté et indivisible d'un autre côté. Il apparaît au moment où la créance est née et
s'exerce sur les biens meubles et immeubles du débiteur sans distinction entre ceux qui sont dans le
patrimoine lors de la création du privilège ou y sont entrés postérieurement.
L'origine et l'évolution des privilèges généraux :
Le privilège général est une sûreté réelle d'origine légale, ce qui signifie qu'il n'y a point de privilèges
sans texte, elle implique une position confortable au sein des créances garanties, la créance privilégiée
prime toute autre créance même hypothécaire (article 195 CDR).
Les privilèges généraux passent par une prolifération assez rapide à cause de l'inflation législative en
matière fiscale et sociale, et représentent des créances de plus en plus importante quantitativement ce
qui n'est pas sans conséquences négatives sur le crédit et le développement économique.
D'ailleurs un nombre élevé d'auteurs ne cesse de réclamer l'abolition des privilèges généraux ou leur
limitation au strict nécessaire.
La subsidiarité :
La règle de la subsidiarité signifie que le titulaire du privilège général doit d'abord réaliser les biens
mobiliers de son débiteur avant de faire vendre ses immeubles. Cette règle de la subsidiarité a été
contestée par une partie de la doctrine, les arguments présentés n'arrivent pas facilement à
convaincre.