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Angioplastie transluminale
des artères coronaires
M Angioï
N Danchin
Toute référence à cet article doit porter la mention : Angioï M et Danchin N. Angioplastie transluminale des artères coronaires. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Cardiologie, 11-030-T-10, 2000, 12 p.
11-030-T-10 Angioplastie transluminale des artères coronaires Cardiologie
lésion ou controlatérales en cas de sténose excentrique, contribue excentriques. L’émergence de l’échographie endocoronaire comme
également à l’élargissement de la lumière. Le résultat final au site système de contrôle du positionnement de l’athérotome et de la
dilaté est donc un mélange de ces différentes actions (compression, qualité de l’ablation, ne semble cependant pas devoir élargir les
rupture, fracture, dissection, étirement des parois saines adjacentes) indications de l’athérectomie directionnelle qui sont actuellement
et dépend en fait à la fois de la force appliquée et de la nature des limitées.
lésions traitées (morphologie et consistance). Par exemple, pour une
lésion concentrique, le mécanisme prédominant est la Laser
rupture/dissection. En revanche, pour une lésion très excentrique et
De nombreuses technologies sont développées dans ce domaine,
dure, l’élargissement de la lumière est souvent lié à l’étirement de la
mais la technique qui est employée actuellement est celle du laser
paroi saine controlatérale, qui est en fait la zone de moindre
Excimer. Le rayonnement induit par le laser agit sur les tissus en les
résistance.
transformant en un mélange de gaz et de petites particules créé par
Le coup de ballon entraîne également un effet abrasif en superficie la rupture des ponts moléculaires. Il en résulte une véritable
et il s’ensuit une désendothélialisation de la paroi artérielle. Les vaporisation de la plaque d’athérome avec un effet thermique
lipides de la plaque d’athérome qui a été rompue se trouvent donc modéré. Outre l’infrastructure et le coût de la méthode, le problème
en contact avec le sang et induisent, en conjonction avec d’autres technique majeur est également le contrôle de l’importance de
stimuli, une activation des systèmes d’hémostase. Il en résulte donc l’ablation qui est vraisemblablement à l’origine des résultats
une situation à risque thrombogène qui doit être contrôlée par un décevants.
traitement antithrombotique adéquat.
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Cardiologie Angioplastie transluminale des artères coronaires 11-030-T-10
négatif de la paroi artérielle. En revanche, la prolifération intimale peu. Leur intérêt par rapport aux guides classiques n’a pas encore
est quantitativement plus importante qu’avec l’utilisation du ballon été précisé, mais semble être le franchissement des occlusions.
seul. Comme nous le verrons plus loin, le bénéfice observé sur le
taux de resténose dans certaines circonstances avec les ¶ Cathéters à ballonnet
endoprothèses par rapport au ballon seul est donc lié au fait que la
Plusieurs types de cathéters à ballonnet sont disponibles. On
prévention du remodelage prévaut sur l’importance de la
distingue les ballons sur guide et les ballons à guide intégré. Ces
néoprolifération induite par le stent.
derniers ne sont quasiment plus utilisés. Pour les autres, comme leur
nom l’indique, le ballon est glissé sur le guide qui a préalablement
franchi la lésion. Le guide est donc logé dans une lumière interne
Réalisation de l’angioplastie dans le cathéter. Soit il existe une lumière interne centrale sur tout le
transluminale coronaire par voie long du cathéter et le système est alors dit coaxial, soit cette lumière
quitte le cathéter quelques centimètres en amont de l’extrémité
percutanée distale du ballon et il s’agit alors d’un système d’échange rapide ou
monorail. Ce dernier système permet des échanges de ballons plus
MATÉRIEL UTILISÉ aisés qu’avec un système coaxial avec lequel on doit utiliser des
guides plus longs. Le système d’échange rapide est le plus utilisé en
¶ Cathéters guides France. Les ballons utilisés actuellement sont faits en polymères et
possèdent un excellent profil (capacité à franchir des lésions serrées).
Ils sont également appelés « sondes porteuses ». Ils servent à La longueur standard est de 20 mm, mais des ballons plus longs ou
cathétériser l’ostium coronaire de l’artère sur laquelle siège la lésion plus courts sont également disponibles. Pour chaque ballon, il existe
cible. Un certain nombre de caractéristiques les différencient de ceux une relation entre la pression exercée pour le gonflage et le diamètre
utilisés pour une coronarographie simple. du ballon ainsi déployé qui définit la courbe de compliance. Les
Il s’agit d’une part de leur diamètre interne, car c’est à l’intérieur de ballons compliants ont un diamètre qui augmente en fonction de la
ces sondes que sera glissé et amené tout le matériel de dilatation pression de gonflage, alors que les non-compliants ont un diamètre
(guide, ballonnet, endoprothèses, fraises, athérotome, etc). Il doit qui varie peu avec la pression exercée. Chacun de ces ballons a une
donc être suffisamment large pour laisser passer ce matériel sans utilité propre.
frottement et pour pouvoir réaliser des injections de produit de
contraste pour vérifier le positionnement des systèmes au niveau de ¶ Endoprothèses coronaires
la lésion à traiter. La majorité des angioplasties en France est réalisée Les endoprothèses, ou stents, sont généralement faites en acier
en 6 ou 7 french (1 french = 0,33 mm) ; la majorité du matériel inoxydable. De nombreux modèles d’endoprothèses coronaires sont
courant est donc compatible 6 F. Pour les systèmes d’athérectomies, disponibles actuellement. On distingue deux grandes familles : les
des tailles supérieures ou égales à 8 F sont souvent nécessaires. prothèses autoexpansibles et les prothèses expansibles par ballon,
D’autre part, les cathéters guides doivent posséder des qualités de qui sont les plus nombreuses et les plus utilisées. Les prothèses
support leur permettant de faciliter le passage du ballon quand autoexpansibles sont montées en position « contrainte » entre deux
celui-ci rencontre une résistance à sa progression à l’intérieur de cathéters coaxiaux et c’est le retrait du cathéter externe qui permet à
l’artère. Le support est fonction de la rigidité des cathéters, de leur la prothèse de se déployer. Les prothèses expansibles par ballon sont
taille (plus le diamètre est grand, plus il y a de support) et de leur actuellement le plus souvent serties industriellement sur un ballon
forme. Les cathéters permettant un appui sur la paroi aortique et déployées par le gonflage de celui-ci. En fonction du dessin de la
controlatérale à l’ostium coronaire (back-up) sont dotés d’un bon prothèse et de la façon dont elle est assemblée, on distingue les
support. Afin de minimiser les risques de traumatisme des ostia, prothèses tubulaires, cellulaires et monofilamentaires (coil). Plusieurs
l’extrémité distale est plus souple que le corps du cathéter. De caractéristiques mécaniques sont importantes, essentiellement le
nombreuses formes de cathéters guides sont disponibles, adaptées support radial qu’offre la prothèse, puisque sa fonction est de
aux différentes morphologies de l’aorte, à la position et à la direction soutenir l’artère, et sa flexibilité qui conditionne l’accessibilité à la
des ostia coronaires, ce qui permet, presque toujours, de pouvoir lésion à traiter. Schématiquement, les prothèses tubulaires sont faites
cathétériser l’ostium et de réaliser l’angioplastie dans de bonnes d’un seul bloc et sont celles qui ont le meilleur support, mais elles
conditions. sont plus rigides. Les monofilaments sont les plus flexibles au prix
d’un support moindre. Les modèles cellulaires ont des propriétés
¶ Guides dirigeables intermédiaires. Plus récemment, des modèles de stents couverts ont
été développés afin d’améliorer la biocompatibilité de l’acier
Il s’agit d’un fil métallique dont la fonction est de franchir la lésion
inoxydable en l’isolant à la fois de la paroi artérielle et des éléments
à dilater. C’est le point commun à tous les systèmes d’angioplastie,
figurés sanguins. Les biomatériaux utilisés à cette fin peuvent
il est obligatoire de franchir la lésion avec un guide pour pouvoir la
également contenir des agents pharmacologiques et leur servir de
traiter que ce soit au ballon, avec une fraise de Rotablatory, un
système de largage.
athérotome ou un laser Excimer. Les guides sont dirigeables de
l’extérieur par des mouvements de rotation (torque). Leur extrémité
distale est radio-opaque afin de pouvoir vérifier leur position PLATEAU TECHNIQUE ET COMPÉTENCES HUMAINES
pendant les manœuvres de progression. Toute une gamme de guides NÉCESSAIRES À LA RÉALISATION
est disponible en fonction de leur rigidité. Plus le guide est rigide, D’UNE ANGIOPLASTIE CORONAIRE
plus il est susceptible de créer un traumatisme de la paroi de l’artère La Société française de cardiologie a édité des recommandations à la
dans laquelle il chemine, mais inversement il offre un bon support fois sur les plateaux techniques nécessaires à la réalisation dans des
au ballon pour sa progression. Schématiquement, il existe des guides conditions de sécurité optimale d’une angioplastie coronaire, ainsi
flexibles (floppy), intermédiaires et durs (guides standards). La que sur la formation et l’activité des médecins réalisant les gestes
dernière catégorie n’est utilisée que pour franchir les occlusions. interventionnels [35]. Celles-ci se rapprochent des recommandations
Quel que soit le type de guide utilisé, l’extrémité distale est toujours en vigueur aux États-Unis [46]. Nous ne nous attarderons pas sur les
moins rigide que le corps du ballon et une courbe en « J » plus ou considérations propres à l’équipement d’angiographie et sur les
moins marquée lui est généralement imprimée pour pouvoir suivre moyens de stockage des images. Concernant les centres
les courbes de l’artère et pour empêcher le guide de se piquer dans d’angioplastie coronaire, ils doivent pratiquer environ
la paroi et d’entraîner des lésions (dissection, perforation). Des 200 angioplasties annuelles après 2 ans de fonctionnement du centre,
guides hydrophiles (entièrement ou seulement à leur extrémité avec au moins deux praticiens qui ont satisfait aux critères de
distale) à usage intracoronaire sont également disponibles depuis formation. Chaque praticien doit effectuer au moins 75 angioplasties
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INFORMATION DU PATIENT
Que l’angioplastie soit réalisée tout de suite après l’examen
coronarographique (ATC ad hoc) ou de façon différée, le patient doit
recevoir une information sur la réalisation pratique du geste, son
1 Angioplastie de la bifurcation interventriculaire antérieure proximale (IVA)
utilité, avec les bénéfices qu’il est susceptible d’apporter ainsi que et première diagonale (D1). Sténose serrée excentrée avec retard de flux sur l’IVA (type
les risques immédiats encourus. Une recherche d’antécédents B2) englobant le départ de D1, elle-même le siège d’une sténose ostiale.
d’allergie à l’iode ou aux divers traitements antithrombotiques
utilisés habituellement doit également être effectuée.
¶ Prémédication
L’ATC ne nécessite habituellement pas d’anesthésie générale. Une
prémédication par antihistaminique est la règle et parfois une
neuroleptanalgésie peut être réalisée.
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Cardiologie Angioplastie transluminale des artères coronaires 11-030-T-10
3 Angioplastie de la bifurcation interventriculaire antérieure proximale (IVA) 5 Angioplastie du segment vertical de la coronaire droite. Résultat final après an-
et première diagonale (D1). Résultat final après pose d’un stent sur la bifurcation IVA gioplastie avec pose d’un stent.
à cheval sur D1 et dilatation au ballon de D1 en passant à travers le stent.
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de mesure spécifique, en se fixant comme objectif un ACT compris SURVEILLANCE HOSPITALIÈRE IMMÉDIATE
entre 300 et 350 secondes. Des mesures itératives peuvent alors être APRÈS LE GESTE
effectuées, surtout en cas de procédure longue où la pratique des
La surveillance dans les heures suivant le geste est essentiellement
bolus répétés reste de nature empirique. Certaines études ont
clinique (récidive douloureuse et surveillance des points de
documenté l’intérêt de ces systèmes qui permettent de diminuer à
ponctions). Un électrocardiogramme postprocédural est
la fois le risque thrombotique et hémorragique [36]. Par la suite, soit
systématiquement réalisé chaque fois que la clinique le requiert.
le Desilet est enlevé précocement et l’héparine n’est pas poursuivie,
Certaines équipes préconisent le dosage systématique des CPK
soit le Desilet est enlevé de façon différée et il est habituel de laisser
(créatine phosphokinase) et de leur fraction MB (isoenzyme)
le patient quelques heures sous héparine par voie intraveineuse.
quelques heures après l’ATC afin de ne pas méconnaître des
élévations enzymatiques chez des patients asymptomatiques,
¶ Mise en place d’une endoprothèse coronaire
élévations qui pourraient avoir une traduction pronostique à long
En cas de mise en place d’une endoprothèse coronaire, le traitement terme. Une surveillance biologique liée à la prescription d’héparine
comporte, immédiatement après la mise en place de celle-ci, une et/ou d’abciximab est également nécessaire.
association d’antiagrégants, aspirine et ticlopidine 250 mg, deux fois La durée d’hospitalisation en cas d’angioplastie réglée et non
par jour, sans autre thérapeutique antithrombotique associée [32, 47]. compliquée est courte, d’environ 3 jours.
Ce traitement est poursuivi 4 semaines sous surveillance
hématologique (une prise de sang tous les 15 jours) en raison du
risque de survenue d’une neutropénie sous ticlopidine. Par la suite, Résultats globaux de l’angioplastie
la ticlopidine est interrompue. Le clopidogrel qui bloque la même
voie d’agrégation que la ticlopidine sans en avoir les effets
secondaires hématologiques est vraisemblablement amené à la RÉSULTATS HOSPITALIERS
remplacer prochainement dans cette indication. Certaines équipes
préfèrent « prétraiter » systématiquement les patients par la ¶ Définitions du succès d’une angioplastie
ticlopidine dans les jours précédant l’angioplastie. Deux critères sont habituellement utilisés pour juger des résultats
immédiats d’une angioplastie. Tout d’abord le succès technique, qui
¶ Inhibiteurs des récepteurs glycoprotéiques IIb/IIIa correspond au résultat angiographique à l’issue de la procédure. Il
fait l’objet d’un large consensus et on considère comme une réussite
Les inhibiteurs des récepteurs plaquettaires glycoprotéiques IIb/IIIa
une angioplastie avec une diminution d’au moins 20 % de la lésion
sont, à l’heure actuelle, les agents antiagrégants les plus efficaces
initiale avec une sténose résiduelle inférieure à 50 % du diamètre de
puisqu’ils permettent un blocage complet de l’agrégation
la lumière de l’artère [6]. Néanmoins, au vu des éléments apportés
plaquettaire. À ce jour, le seul pour lequel des études de validation
par les études comparatives stent/ballon sur la relation entre le
ont été réalisées concernant son utilisation au décours de
diamètre minimal postprocédural et la survenue d’une resténose, on
l’angioplastie coronaire est l’abciximab (Réoprot) [29, 33, 54-57, 60]. Il s’agit
peut considérer qu’il s’agit d’un objectif minimal. De plus, l’absence
du fragment c7E3 Fab monoclonal d’une immunoglobuline G (IgG)
de survenue d’une complication majeure durant la phase
qui induit un blocage irréversible des récepteurs IIb/IIIa sur lesquels
hospitalière (décès, infarctus du myocarde, chirurgie coronaire en
il est fixé. Compte tenu de son immunogénicité potentielle, sa
urgence sont les trois critères habituellement retenus) est nécessaire
réadministration n’est pour le moment pas recommandée passé le
pour considérer l’intervention comme un succès clinique.
délai habituel de production des anticorps. De nombreuses études
ont démontré sa supériorité sur les protocoles classiques
¶ Succès technique
d’antithrombotiques dans des circonstances variées (angioplastie à
haut risque, angor instable réfractaire, angioplastie tout-venant, pose Actuellement, les taux de succès techniques sont globalement élevés
élective ou non planifiée d’endoprothèses coronaires) [29, 33, 54-57, 60]. (supérieurs à 95 %), y compris pour la mise en place d’endoprothèse
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Cardiologie Angioplastie transluminale des artères coronaires 11-030-T-10
Tableau I. – Classification modifiée des lésions coronaires de l’ACC/AHA (American College of Cardiology/American Heart Association) [19].
Lésion de type B
Lésion de type A (taux de succès modéré, risque modéré) Lésion de type C
(taux de succès élevé, risque faible) B1 : un critère présent (taux de succès bas, risque élevé)
B2 : au moins deux critères présents
- courte < 10 mm - tubulaire (10-20 mm) - lésion diffuse (> 20 mm)
- concentrique - excentrique - tortuosité importante du segment proximal
- contours lisses - contours irréguliers - angulation importante du segment sténosé (> 90°)
- peu ou pas de calcification - calcifications modérées à importantes - occlusion de plus de 3 mois
- pas de problème d’accessibilité - tortuosité modérée du segment proximal - impossibilité de protéger une bifurcation
- pas d’angulation du segment sténosé (< 45°) - angulation modérée du segment sténosé (45-90°) - vieux greffon saphène dégénéré avec lésion friable
- non occlusive - occlusion de moins de 3 mois
- pas ostiale - localisation ostiale
- pas de thrombus - présence de thrombus
- pas de lésion significative d’une collatérale au niveau - lésion d’une bifurcation nécessitant un kissing
de la lésion
coronaire. Ils sont en net progrès par rapport aux premières Tableau II. – Facteurs de risque de survenue d’une occlusion coronaire
publications et sont liés à la fois à l’expérience accumulée et aux per- ou périprocédurale.
progrès techniques réalisés. Le taux de succès est essentiellement
influencé par des critères angiographiques. L’ACC/AHA (American Facteurs associés à un risque accru d’occlusion per- ou périprocédurale
College of Cardiology/American Heart Association) avait établi dès
Clinique
1988 une classification des lésions (qui a été modifiée au cours des - sexe féminin
années suivantes) [19] à partir de caractéristiques angiographiques - angor instable
(tableau I), permettant une stratification à la fois sur le taux de succès - diabète
technique et le taux de complications, à partir des résultats des Traitement antithrombotique mal conduit
grands registres nord-américains. Cette classification est largement
Perprocédure
utilisée et même si les chiffres donnés n’ont pas été récemment - thrombus intracoronaire
actualisés, elle reste valide avec schématiquement un taux de succès - sténose subocclusive
technique plus élevé pour les lésions de type A et B1 que pour celles - sténose longue
de type B2 et C. Les occlusions coronaires totales et chroniques - lésion d’une bifurcation
restent des lésions à part, difficiles à dilater, pour lesquelles le taux - lésion angulée (> 45°)
de succès est relativement bas en raison de la difficulté de franchir Postprocédure
l’occlusion avec le guide [40]. - dissection longue (> 10 mm) ou de type C, D, E ou F [26]
- échec technique de dilatation (sténose résiduelle > 50 %)
¶ Complications majeures - occlusion transitoire perprocédure
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et est difficilement appréciable avec précision dans des séries varient de 30 à 40 % [11, 39], mais pour certains sous-groupes ils
rétrospectives. En revanche, si on prend comme référence les peuvent atteindre presque 60 % [61] . Certains états cliniques
résultats d’études randomisées récentes [56] sur de l’angioplastie tout- prédisposant à sa survenue ont été décrits. Toutes les études ne
venant, on obtient, pour le groupe contrôle de l’étude EPILOG concordent pas sur ce sujet, mais on peut citer le diabète,
(angioplastie au ballon, aspirine et héparine à dose habituelle), un l’insuffisance rénale au stade de la dialyse et peut-être l’angor
taux de décès de 0,8 %, d’infarctus avec onde Q de 0,8 %, d’infarctus instable. De même, plusieurs types de lésions ont un taux de
sans onde Q de 7,9 % (5,6 % si l’on tient compte uniquement des resténose élevé ; c’est surtout le cas des occlusions coronaires (où le
taux de CPK supérieurs à 5 fois la normale) et de chirurgie coronaire taux de resténose est lié à l’incidence de la réocclusion), des lésions
en urgence de 1,7 %, ce qui fait un taux d’événements, infarctus sans longues, des bifurcations et des ponts saphènes.
onde Q compris, de 11,2 %. La survenue de ce type d’infarctus est
certainement moins péjorative que pour ceux avec onde Q, mais leur ¶ Limitation et prévention de la resténose
signification pronostique exacte fait à l’heure actuelle l’objet de Nous n’avons pas, à l’heure actuelle, d’étude convaincante sur la
discussions. prévention pharmacologique de la resténose. Les progrès réalisés
Il existe en fait de grandes disparités suivant les caractéristiques des actuellement sur ce sujet sont liés à l’utilisation des endoprothèses
patients et des lésions dilatées. Comme le déterminant principal coronaires, à certaines techniques d’athérectomie et à l’optimisation
d’une complication majeure est la survenue d’une occlusion, on sait des résultats initiaux de l’angioplastie. Par ailleurs, la radiothérapie
parfaitement que celle-ci n’aura pas les mêmes conséquences dans endovasculaire, si l’on s’en tient à ses résultats initiaux, pourrait
toutes les situations cliniques (terrain fragile, fraction d’éjection devenir une technique d’avenir, à condition de faire preuve de son
basse, dilatation sur la seule artère alimentant un territoire viable...). innocuité.
En fonction de la présence ou de l’absence d’un ou plusieurs facteurs Si l’on s’en tient uniquement aux études randomisées, l’utilisation
de risques, les taux de complications majeures peuvent varier de des endoprothèses coronaires pour certains types de lésions permet
1,3 % pour des cohortes à bas risque jusqu’à quasiment 30 % pour de diminuer le taux de resténose par rapport à l’angioplastie au
des cohortes à très haut risque [30]. ballon seul et de diminuer les événements liés à la resténose. Dans
les deux études de référence sur ce sujet, BENESTENT I et STRESS
¶ Autres complications [21, 48]
, les taux de resténose pour les patients traités avec une
D’autres complications cardiaques sont possibles. Parmi les endoprothèse étaient respectivement de 22 et 31,6 % contre 32 et
complications perprocédurales, on peut retenir les perforations 42,1 % pour ceux traités par ballon seul en première intention. Le
coronaires au guide et les ruptures qui sont en augmentation avec la type de lésions traitées dans ces études était similaire, à savoir des
pose des endoprothèses avec des pressions élevées. Des dissections lésions courtes (couvertes par un stent de 15 mm), sans difficulté
traumatiques des ostia par les cathéguides sont possibles, ainsi que d’accès, dans des artères d’au moins 3 mm de diamètre. Par la suite,
des spasmes coronaires. dans l’étude BENESTENT II [49] qui utilisait un stent hépariné, le taux
de resténose rapporté était encore plus bas à 16 % (31 % au ballon),
Parmi les complications extracardiaques, les complications au point
alors que les critères d’entrée dans l’essai étaient moins stricts que
de ponction, les complications rénales (insuffisance rénale aux
dans BENESTENT I. L’origine de la supériorité des endoprothèses
produits iodés) et les allergies au produit de contraste sont au
est que leur utilisation permet un gain de lumière initial (évalué par
premier plan. Les complications au point de ponction vont de
la mesure du diamètre minimal au site dilaté) supérieur à celui
l’hématome bénin sans déglobulisation au volumineux hématome
obtenu dans des conditions standards par le ballon et qu’elle
avec déglobulisation et nécessité de transfusion, à la plaie artérielle
préviennent le remodelage négatif. Hormis ce qu’il est classique
nécessitant une réparation, à la fistule artérioveineuse ou au faux
d’appeler les lésions STRESS-BENESTENT, la pose d’endoprothèse
anévrisme. La fréquence de ces complications augmente avec l’âge
coronaire permet également de diminuer le taux de resténose pour
et la taille des cathéters utilisés, ainsi qu’avec le niveau
les occlusions complètes [51]. Le mécanisme de ce bénéfice est là peut-
d’anticoagulation. Par ailleurs, l’abord radial permet de réduire
être un peu différent puisque, dans ce cas, c’est le taux de
significativement ce type de complications par rapport au fémoral.
réocclusion qui est considérablement diminué. À l’heure actuelle, le
Les complications infectieuses locales ou générales sont rares et les
taux de pose de stent dépasse très largement le cadre de ces
cas d’infections sur endoprothèses coronaires apparaissent
indications et on peut penser, au vu d’études de registre, que les
exceptionnels au vu du nombre de stents posés.
endoprothèses diminuent les taux de resténose d’autres types de
lésions par rapport au ballon seul et dans des situations cliniques
RÉSULTATS À MOYEN TERME : variées [4, 61]. Le revers de l’utilisation large des endoprothèses est
PROBLÈME DE LA RESTÉNOSE que les resténoses intraprothétiques de type diffus sont actuellement
difficiles à traiter.
¶ Définition et incidence de la resténose
Pour l’athérectomie directionnelle, alors que les premières études
La définition de la resténose est angiographique et correspond à la randomisées n’avaient pas permis de retrouver de supériorité par
réapparition au site dilaté d’une sténose hémodynamiquement rapport au ballon, le dernier essai a mis en évidence une diminution
significative (réduction du diamètre de la lumière artérielle de plus du taux de resténose par rapport au ballon seul [3]. Ce résultat a été
de 50 % par rapport au diamètre de référence). D’autres définitions obtenu en adoptant une stratégie d’athérectomie plus agressive
utilisant des critères quantitatifs différents existent mais ne sont pas suivie d’un complément de dilatation au ballon. Le même type de
utiles en pratique courante. La resténose survient généralement dans résultat qu’avec les endoprothèses a été obtenu, à savoir l’obtention
les 6 mois suivant la dilatation. Elle reste la référence pour évaluer d’un meilleur diamètre minimal initial en utilisant l’athérectomie, ce
l’efficacité à moyen terme des différentes techniques de dilatation et qui était corrélé à une diminution du taux de resténose à 6 mois.
implique donc, pour la détermination de son incidence, des séries Ces études ont toutes été menées avec des moyens d’analyse
avec un contrôle coronarographique exhaustif. La resténose est le angiographique quantitative centralisée et ont en fait mis en
problème majeur limitant l’efficacité de la technique, en particulier évidence que, si l’on se place dans l’optique d’une diminution de la
en comparaison à la chirurgie. Néanmoins, la resténose ne resténose, les résultats angiographiques initiaux jouent un rôle
correspond pas à un besoin obligatoire de revascularisation important et qu’il faut donc envisager l’utilisation de tous les
ultérieure. En effet, les resténoses modérées ont un bon pronostic et, moyens utiles pour parvenir à un résultat angiographique
du fait que le bénéfice essentiel de l’angioplastie réside dans satisfaisant, si la dilatation au ballon ne le permet pas. De plus,
l’amélioration du statut angineux, toute resténose ne justifie pas par l’analyse des patients traités par angioplastie au ballon dans ces
elle-même une redilatation. études a montré que les résultats dits stent-like avaient également
Les taux de resténose rapportés pour l’angioplastie au ballonnet sont un taux de resténose réduit. Cette constatation a conduit à
très variables. Dans les études de références, les taux rapportés s’interroger sur la façon d’optimiser les résultats du ballon et, pour
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chirurgie chez tous les types de diabétiques [63]. Enfin, il faut rappeler résultats dans les cas où une reperfusion rapide est souhaitable,
que l’analyse du sous-groupe des patients diabétiques dans l’étude comme dans les états de choc cardiogénique primaire. Elle est
BARI a été réalisée a posteriori. également indiquée quand existe une contre-indication formelle à la
Au terme de ces études, il apparaît que la chirurgie ou l’angioplastie thrombolyse. Comme pour les thrombolytiques, aucun bénéfice
sont deux méthodes qui permettent d’obtenir des résultats évident n’est démontré si l’angioplastie est réalisée après 6 heures.
équivalents, mais avec des inconvénients et des contraintes
différentes : pour l’angioplastie, une technique peu invasive et de ¶ Postinfarctus
plus en plus sûre, mais avec un taux de réintervention plus élevé ; L’angioplastie systématique de l’artère coupable d’un infarctus hors
pour la chirurgie, une technique plus complète avec un taux de phase aiguë est actuellement largement répandue, même si son
réintervention plus bas et plus tardif, mais une technique plus utilité reste débattue. En cas de persistance de symptômes angineux
lourde avec une morbidité initiale plus importante. Les progrès de ou d’une viabilité résiduelle importante dans le territoire infarci,
l’angioplastie (diminution des complications et de la resténose par l’indication semble néanmoins tout à fait justifiable. De plus, dans le
l’abciximab et les endoprothèses) rendent actuellement cette cas d’une obstruction persistante, la désobstruction systématique
technique très intéressante dans cette indication. serait susceptible de limiter significativement le remodelage
Bien entendu, le choix se pose uniquement pour les patients ventriculaire gauche et ses effets délétères sur la fonction systolique
porteurs de lésions accessibles à la fois à l’angioplastie et à la globale [13]. Des études comparatives avec les traitements médicaux
chirurgie, ce qui était le cas dans ces études. Un certain nombre de qui ont fait la preuve de leur efficacité dans cette indication et entre
lésions restent du ressort de la chirurgie, même si, dans la plupart les relations remodelage-viabilité résiduelle restent néanmoins
des cas, l’angioplastie peut se poser comme une alternative dans les souhaitables pour valider définitivement ces indications.
populations à haut risque opératoire. C’est en particulier le cas des
lésions non protégées du tronc coronaire gauche [18] qui étaient ¶ Ischémie silencieuse
considérées, encore récemment, comme une contre-indication à
l’angioplastie et qui sont désormais accessibles avec un bon niveau Peu d’études ont été consacrées à l’intérêt des techniques de
de sécurité, grâce à l’utilisation des endoprothèses coronaires chez revascularisation et donc de l’angioplastie en cas d’ischémie
des patients pour lesquels la chirurgie est contre-indiquée. silencieuse. L’étude ACIP (asymptomatic cardiac ischemia pilot study)
est la seule à ce jour à avoir comparé plusieurs stratégies de
traitement médical et de revascularisation dans cette situation
RÉSULTATS SPÉCIFIQUES clinique [7, 44]. Les trois types de traitement envisagés étaient le
traitement médical guidé par la suppression de l’ischémie
¶ Infarctus aigu silencieuse, le traitement médical visant à empêcher l’apparition de
L’angioplastie primaire en phase aiguë d’infarctus a connu un symptômes et la revascularisation (angioplastie ou chirurgie), dans
développement important ces dernières années. Depuis la une population de coronariens dont 75 % avaient une atteinte
démonstration de l’efficacité des traitements thrombolytiques multitronculaire. À 1 an, la revascularisation permettait de réduire
permettant une reperfusion en phase aiguë d’infarctus, plusieurs la mortalité, la mortalité sans infarctus et la mortalité sans
éléments plaidaient en faveur de l’évaluation de l’angioplastie dans événements cardiaques (infarctus, revascularisation non planifiée,
cette indication. Les premiers rapports sur des séries de petite taille hospitalisation pour angor). La cohorte des patients opérés avait de
avaient fait état d’excellents résultats de la dilatation en termes de meilleurs résultats que celle des patients dilatés en termes de
perméabilité artérielle (> 90 % de flux TIMI 2 ou 3) avec des taux suppression de l’ischémie (clinique ou silencieuse), ce qui rejoint les
d’événements ischémiques récurrents et des taux de saignement bas. conclusions des études randomisées chez les multitronculaires. Les
Les premières comparaisons avec les traitements thrombolytiques conclusions de cette étude montrent qu’il n’est pas illogique de
ont été rapportées dès 1993 [22, 24, 65]. La plus grosse série était celle de proposer une revascularisation à un patient coronarien avec une
l’étude PAMI (primary angioplasty in myocardial infarction) [24] qui ischémie silencieuse. Néanmoins, les auteurs insistaient sur la
comparait l’angioplastie primaire et le t-PA administré sur 3 heures nécessité de confirmer les résultats sur une étude à plus grande
qui retrouvait un taux de décès ou de réinfarctus hospitalier en échelle (558 patients dans ACIP). De plus, dans cette étude, le
faveur de l’angioplastie (5,1 versus 12 %) avec un taux de traitement médical prévu n’avait pas encore intégré les traitements
saignement défavorable pour le traitement thrombolytique. Cette par statines dont on sait avec certitude qu’ils diminuent la mortalité
supériorité n’a pas, par la suite, été confirmée de manière aussi nette des patients coronariens avérés. Enfin, on sait que l’étendue de
sur des séries plus larges. D’abord, l’étude GUSTO IIb l’ischémie est un facteur important et que les patients porteurs d’une
(1 138 patients), angioplastie versus t-PA protocole d’administration ischémie de faible étendue détectée par méthodes isotopiques ont
accélérée [58], n’a pas retrouvé de supériorité de l’un des deux un excellent pronostic spontané. Donc, si les patients
traitements en termes de mortalité hospitalière (angioplastie 5,7 %, asymptomatiques porteurs d’une large ischémie devraient, en toute
t-PA 7 %) ou de réinfarctus (4,5 versus 5,7 %). Ensuite, plusieurs logique, bénéficier des techniques de revascularisation, il n’en est
registres nous ont apporté des données sur les résultats comparés probablement pas de même pour les autres. Ces données demandent
des deux traitements dans des populations non sélectionnées. Tout donc à la fois des confirmations et des précisions.
d’abord, le registre américain MITI, (12 331 patients consécutifs
traités pour un infarctus du myocarde dans 19 hôpitaux de ¶ Angor instable et infarctus sans onde Q
Seattle [20], 1 050 avaient eu une angioplastie primaire et 2 095 un L’angor instable est classiquement considéré comme un facteur
traitement thrombolytique) confirmait l’équivalence des deux favorisant la survenue de complications lors de l’angioplastie [16].
thérapeutiques, mais surtout montrait clairement que les résultats Néanmoins, il s’agit également d’un état clinique où il existe un
de la dilatation étaient corrélés au nombre de procédures réalisées risque significatif d’évolution à court terme vers la constitution d’un
dans cette indication. Pour les hôpitaux utilisant l’angioplastie infarctus transmural. L’angioplastie coronaire est donc largement
primaire, pour plus de 40 % des infarctus reperfusables, la mortalité utilisée lors de la prise en charge des syndromes coronariens aigus
hospitalière était significativement plus basse que dans les autres (angor instable et infarctus sans onde Q). Dans ce cadre, nous
centres (4,5 % versus 8,1 %). Le registre français USIK confirmait disposons d’études de stratégie thérapeutique validant l’utilisation
également ces données avec en particulier l’absence de bénéfice à de l’angioplastie d’emblée par rapport au traitement médical suivi
1 an d’un traitement sur l’autre [15]. éventuellement d’une revascularisation. L’étude, qui a longtemps
L’angioplastie primaire est donc une méthode donnant des résultats fait référence sur le sujet en dépit de sa relative ancienneté, est
au moins équivalents à la thrombolyse hospitalière et sans doute l’étude TIMI-IIIB [59]. Dans cette étude, 1 473 patients (angor instable
même meilleurs dans certains cas, à condition d’être réalisée dans ou infarctus sans onde Q de moins de 24 heures) ont été randomisés
un centre entraîné. De plus, elle semble donner de meilleurs et deux stratégies étaient évaluées : stratégie invasive qui consistait
10
Cardiologie Angioplastie transluminale des artères coronaires 11-030-T-10
en une coronarographie d’emblée (dans les 48 premières heures) angioplastie était planifiée à la suite d’un examen
avec revascularisation systématique en cas d’anatomie coronaire coronarographique [54]. Les résultats étaient, là encore, favorables à
favorable (angioplastie de préférence) ou stratégie conservatrice avec l’utilisation de l’abciximab avec la survenue du critère de jugement
coronarographie et revascularisation uniquement après échec du principal (décès, infarctus, revascularisation non planifiée pour
traitement médical (angor réfractaire ou ischémie résiduelle). Les traiter un nouvel épisode ischémique à 30 jours) pour 11,3 % des
patients étaient également randomisés pour recevoir ou non du patients ayant reçu le traitement contre 15,9 % dans le groupe
rt-PA (recombinant tissue type plasminogen activator) en plus du contrôle. De plus, le taux d’infarctus était significativement réduit
traitement antithrombotique classique par aspirine-héparine. En par l’abciximab et ce aussi bien avant (0,6 versus 2,1 %) qu’après
terme du choix de la stratégie, la probabilité de survenue d’un l’angioplastie (2,6 versus 5,5 %). Enfin, dans le cadre de la pose
événement majeur (décès ou infarctus) était identique à 6 semaines d’une endoprothèse coronaire dans l’étude EPISTENT [57], c’est
(invasive 7,2 versus 7,8 %) ainsi qu’à 1 an (10,8 versus 12,2 %). En encore le sous-groupe des patients avec un angor instable de moins
revanche, le pourcentage de réhospitalisation était significativement de 48 heures traité par abciximab qui a la plus importante réduction
plus bas pour les patients assignés à une stratégie invasive, à de complications (4,5 versus 14,8 %).
6 semaines (8 versus 14 %) comme à 1 an (26 versus 33 %). En fait, il
faut bien avoir à l’esprit qu’à 6 semaines la probabilité d’être dilaté ¶ Angioplastie chez les patients âgés
était de 38 % pour les patients coronarographiés d’emblée contre
26 % pour les autres, et qu’à 1 an elle était de 39 % versus 32 % et, si L’âge constitue un des facteurs de risque de complications de
l’on tient compte de tous les gestes de revascularisation effectués l’angioplastie régulièrement retrouvé. Néanmoins, la morbimortalité
(angioplastie ou chirurgie), elle était de 61 versus 48 % à 6 semaines de la chirurgie coronaire dans cette population est très élevée, alors
et de 64 versus 58 % à 1 an. Plus récemment, l’étude VANQWISH, que l’augmentation du risque de l’angioplastie par rapport aux
réalisée chez des patients avec infarctus sans onde Q non sujets plus jeunes est plus modérée. Elle constitue donc une
compliqué [5], a montré que le risque de décès ou d’infarctus était technique de revascularisation moins agressive en cas de besoin
initialement plus élevé avec une stratégie invasive ; à 2 ans, il n’y a dans cette population, avec des résultats à long terme tout à fait
cependant pas de différence entre les deux types de stratégie. Ici satisfaisants [9].
encore, il faut souligner que le pourcentage des patients
effectivement revascularisés était très proche dans les deux groupes. ¶ Angioplastie chez les sujets jeunes
À l’inverse, dans l’étude scandinave FRISC II (FRagmin and Fast
Revascularisation during Instability in Coronary artery disease Inversement, le problème qui se pose chez le sujet jeune qui
Investigators. Invasive compared with non-invasive treatment in développe un athérome coronaire significatif est l’évolutivité de la
unstable coronary artery disease: FRISC II prospective randomised maladie et la préservation de solutions thérapeutiques ultérieures.
multicenter study. Lancet 1999 ; 354: 708-715), menée chez des L’angioplastie, par rapport à la chirurgie, offre dans cette situation
patients en angor instable initialement traités par une héparine de l’avantage de préserver l’avenir et, compte tenu du faible taux de
bas poids moléculaire pendant 5 jours, la stratégie invasive s’avère complications et du pourcentage de succès élevé, elle représente
supérieure en termes de mortalité et de risque d’infarctus à 6 mois souvent le meilleur choix thérapeutique [8].
(9,4 versus 12,1 %). Dans cette étude, et à la différence des études
TIMI IIIb et VANQWISH, la prise en charge effective des patients a ¶ Angioplastie coronaire chez la femme
été réellement différente dans les deux groupes puisque, 10 jours Comme cela avait déjà été décrit pour la chirurgie coronaire, les
après l’inclusion, 71 % des patients du groupe invasif et seulement résultats immédiats de l’angioplastie sont moins bons chez la femme
9 % des patients du groupe conventionnel avaient été revascularisés. que chez l’homme en raison d’un taux de complications plus élevé.
L’émergence des inhibiteurs des récepteurs glycoprotéiques IIb/IIIa En fait, plus que le sexe, il semble qu’il s’agisse d’un problème de
a très certainement modifié ces données car elle a permis d’améliorer taille des artères, celle-ci étant en relation avec la surface corporelle,
à la fois la prise en charge médicale de ces syndromes et de avec un risque accru pour les artères de petit calibre [2]. Cette relation
diminuer les complications périprocédurales de l’angioplastie. De a été bien documentée pour l’angioplastie au ballon et n’a pas été
ce fait, les syndromes coronariens aigus constituent certainement la réévaluée avec les endoprothèses coronaires.
meilleure indication actuelle d’utilisation de l’abciximab. En effet,
l’analyse des patients avec un angor instable de l’étude EPIC [33] ¶ Angioplastie chez les insuffisants rénaux
montrait que le traitement par abciximab diminuait
significativement la survenue du critère principal (4,8 versus 12,8 %) L’atteinte coronaire dans l’insuffisance rénale, surtout en cas
dès 30 jours, mais également le taux de décès et d’infarctus à 6 mois d’hémodialyse, est généralement diffuse et calcifiée. Dans cette
(respectivement : 0,7 versus 6,6 % et 2,4 versus 11,1 %), et cette situation, les résultats de l’angioplastie ne sont pas bons et
analyse rétrospective de l’étude montrait que c’est pour ce sous- comportent un risque de complications accru, un taux de succès
groupe de patients que le bénéfice de l’abciximab était le plus immédiat diminué et de resténose élevé : en dépit d’une morbidité
important. Par la suite, l’étude CAPTURE a analysé les effets d’un initiale élevée, la chirurgie coronaire constitue donc
prétraitement de 18 à 24 heures par abciximab chez des patients en vraisemblablement la meilleure option thérapeutique en matière de
angor instable réfractaire au traitement médical, pour lesquels une revascularisation myocardique chez ces patients [12].
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