Sie sind auf Seite 1von 37

Société Botanique

du Vaucluse
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
n°20 - octobre 2010
-
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

Euphorbia davidii
Avignon – Courtine – Arrière du magasin Carrefour.
13 septembre 2009

MG

La SOCIÉTÉ BOTANIQUE du VAUCLUSE a 30 ANS


Sommaire
Editorial P. 3

Ont participé à ce numéro

Contributions photographiques
Documentaires
Société Botanique Botanique Vauclusienne
du Vaucluse Nouveautés 2009 pour la flore vauclusienne P. 4
B. Girerd – J.-P. Roux
Siège Social Il y a 80 ans…sur la colline de Vedène P. 6
A rechercher en Vaucluse : Vicia dalmatica P. 6
Lycée Agricole
J.-L.Amiet
François PETRARQUE Une journée de botanique « urbaine » : Avignon- 13 09 2010 P. 8
Cantarel - route de Marseille A. Chanu

Adresse postale Activités de la SBV


BP 1227 Mini session en Aveyron du 20 au 24 mai 2009 P. 11
Site Agroparc H. André
84911 AVIGNON cedex 9 Echinospartum horridum P. 14
Session d’été 2010 : Pyrénées centrales P. 18
Adresse Internet J.-P. Roux
Site SBV Visite d’une ancienne usine de traitement de graines à Carpentras P. 22
H. Pellecuer
http://www.sbvaucluse.org
L’herbe aux puces… une spécialité locale P. 24
Courriel R. Guizard
Biodiversité ( note ) P. 27
info@sbvaucluse.org
Spiruline P. 28
Réunion mensuelle R. Guizard – M. Graille
Bibliographie( 1ère partie) P. 29
Tous les deuxièmes mardis du mois,
Ethiopie : sur quelques plantes cultivées remarquables P. 30
au Lycée François PETRARQUE M.-T. Ziano
Flore en Italie, note par P. 32
Cotisation annuelle
M. Graille
18 euros membres adhérents Libre propos sur la pratique de la botanique de terrain P. 33
9 euros membres associés C. Bernard
9 euros étudiants Note de lecture P. 33
demandeurs d’emploi J. Virolleaud
Bibliographie( 2ème partie) P. 34
Droit d’entrée Ombres chinoises
7 euros nouvel adhérent O. Mandron

Encart

Bulletin de la SBV La SOCIÉTÉ BOTANIQUE du VAUCLUSE a 30 ANS

Distribution
Le bulletin de la SBV est distribué gratuite- documents pour une histoire de la société
Huguette André – Nicole Chiron – Michel Graille
ment aux adhérents.

Directrice de Publication pages I à VIII


La Présidente : Huguette ANDRE

Rédaction
Les membres du bureau de l’association

Maquette: Denis Coquidé

Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet

N° ISSN : 1281-2676
CG

Bulletin de la SBV - 2 - n°20 - octobre 2010


Editorial
Enfin ! Allez-vous dire : « le bulletin 20 »
Pourquoi un tel retard ?
Est-ce l’immobilisation de la présidente ou
l’anniversaire de la création de la S.B.V. ?
Ni l’un ni l’autre !
Il va vous surprendre ; vous aurez de la lectu-
re diversifiée et illustrée…
Ont participé à ce numéro
C’est à Michel, en grande partie, que nous devons tout ce travail. Jean-Louis Amiet
Vous auriez pu croire apparemment que la S.B.V. somnolait ! Parlons-en ! 26110 – Nyons
Les sorties hors du département et en Vaucluse ont fait le plein malgré des Huguette André
30250-Junas
défections de dernières minutes (entorses, fractures, autres petits ennuis de andre.huguette@wanadoo.fr
jeunesse…). André Bart
La S.B.V. vient de fêter ses 30ans !! 26170-Buis les Baronnies
Dans le programme 2010 figurait une sortie botanique de la ½ journée - le AnBart@wanadoo.fr
samedi 25 septembre - au Mt Ventoux, réservée aux adhérents .Nous y Christian Bernard
12520 - Compeyre
avons invité toutes les personnes désireuses de s’informer sur nos activités Jean-Claude Bouzat
et sur la botanique de terrain... La météorologie en septembre peut être très 26110-Condorcet
capricieuse (fraîchement vérifié ce même jour au Mont Serein par les nom- jean-claude.bouzat@club-internet.fr
breux participants !). Alain Chanu
Pour que cette journée soit une fête complète, nous avons réalisé à la même 84000 - Avignon
alain.chanu@wanadoo.fr
date une exposition ouverte au public, dans la salle communale de Malaucè- Nicole Chiron
ne .L’association locale « Apprendre des Anciens » s’y est jointe… une 84800 Isles/ Sorgues
bonne occasion de se connaître et d’échanger nos savoirs ! nicolech84@hotmail.com
L’exposition s’est prolongée le dimanche : 400 espèces vauclusiennes Bernard Girerd
étaient présentées -c’est le quart de la flore du département. 84250-Le Thor
bernardgirerd@cegetel.net
Je vous avais promis la parution du 3ième inventaire de la flore du Vauclu- Michel Graille
se (rédigé par Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX) pour la fin de l’an- 84310-Morières les Avignon
née !! Les rédacteurs vous demandent de calmer un peu votre impatience ! micgrail@orange.fr
… L’heureux évènement sera- t’il pour le printemps 2011 ? Christian Grosclaude
Bonne lecture ! 43520 – Mazet Saint. Voy
christian.grosclaude@wanadoo.fr
N’oubliez pas de nous faire part de vos remarques .Proposez - nous des su- Roselyne Guizard
jets de conférence , de formation, des sorties botaniques nouvelles Nous 84380-Mazan
sommes ouverts à toutes vos suggestions . rosedenoel@wanadoo.fr
Odette Mandron
Amicalement. 38700- La Tronche
ohirondelle@free.fr
Huguette ANDRÉ, présidente. Hélène Pellecuer
84400 – Gargas
hélène.pellecuer@wanadoo.fr
Contributions photographiques Jean-Pierre Roux
84200 Carpentras
Huguette ANDRE HA cbn.84@wanadoo.fr
André BART AB Jean Virolleaud
Christian BERNARD CB Contribution à la documentation 84000 – Avignon
Alain CHANU AC
Cartes : Jean-Claude BOUZAT
jean.virolleaud@orange.fr
Nicole CHIRON NC
Michel GRAILLE MG Musée REQUIEN Marie-Thérèse Ziano
Christian GROSCLAUDE CG Presse Régionale 84490 – Saint Saturnin d’Apt
Roselyne GUIZARD RG Bibliothèque de la S.B.V. mtziano@club-internet.fr
Odette MANDRON OM Divers sites Internet.
Hélène PELLECUER HP
Marie-Thérèse ZIANO MTZ

Bulletin de la SBV - 3 - n°20 - octobre 2010


Botanique Vauclusienne
Nouveautés 2009 pour la flore vauclusienne
Cette année 2009 nous apporte encore quelques plantes à ajou- Dactylorhiza elata (Poir.) Soó subsp. traunstei-
ter à l’inventaire floristique du Vaucluse.
On trouvera ci-dessous la description et la localisation de 7 neri (Sauter) Hedren (= D. angustata (Arv.-Touv.) Tyteca &
taxons nouveaux indigènes, auxquels il convient d’ajouter 3 Gathoye) – Parmi les Orchidées, le genre Dactylorhiza (Orchis
plantes étrangères, jamais encore observées dans le Vaucluse et à tubercules divisés) comporte des espèces très variables que les
naturalisées, sans doute de façon durable. orchidophiles ont eu tendance à subdiviser en de nombreuses
« petites espèces ». C’est le cas de D. elata caractérisé par des
Il est également utile de signaler que, après contrôle des popula- tiges creuses et des labelles plus larges que longs. La tendance
tions du mont Ventoux, ont peut admettre que nos Luzula sylva- actuelle est plutôt de retenir des sous-espèces dont 2 étaient déjà
tica (Huds.) Gaudin appartiennent à la subsp. sieberi (Tausch) admises dans le Vaucluse : subsp. elata et subsp. majalis (Rchb.
K. Richt. dont les feuilles n’atteignent pas 10 mm de large et f.) Hedren (= D. fistulosa (Moench) Baumann & Künkele). Une
non à la subsp. sylvatica à feuilles de plus de 10 mm de large. troisième vient d’être mise en évidence : subsp. traunsteineri
(Sauter) Hedren. On peut différencier ces trois taxons au moyen
Signalons enfin que de nombreux autres sujets nous préoccu- de la clé suivante :
pent, notamment les Opuntia Miller dont les déterminations Feuilles généralement non maculées
posent encore quelques problèmes, les Festuca L. du groupe subsp. elata (incl. D. occitanica)
ovina, les Taraxacum F.H. Wiggers, les Thymus L. du groupe Feuilles normalement tachées
serpyllum et aussi Euphrasia alpina Lam. Pour tous ces grou- Feuilles largement ovales arrondies
pes complexes, des études sont lancées avec la collaboration subsp. majalis (= D. fistulosa )
d’éminents spécialistes. Nous espérons bien arriver à des résul- Feuilles étroitement linéaires lancéolées
tats prochainement. subsp. traunsteineri (incl. D. angustata)
Cette dernière sous-espèce est susceptible de se trouver en mé-
Sept taxons indigènes nouveaux : lange avec les 2 autres, parfois en individus isolés. Elle a été
observée par G. GUENDE, R. GUIZARD et J.-P. ROUX à
Viens (près du Collet de Flaqueirol), dans des fonds de ravins
Poa palustris L. – Graminée élevée (jusqu’à 1 m), à feuil- froids et très humides, sur sols marneux, et en compagnie d’Epi-
les longues, fines et non en capuchon comme celles de P. pra- pactis palustris (L.) Crantz.
tensis L. Elle ressemble à 2 autres Poa L. que nous connaissons
bien dans le Vaucluse : Poa trivialis L. et Poa nemoralis L. On
peut les différencier au moyen de la clé suivante :
Ligules supérieures très allongées.
Lemmes à 5 nervures très saillantes (loupe !) ;
ligules aiguës P. trivialis
Lemmes à 3 nervures peu saillantes ; ligules ob-
tuses P. palustris
Ligules toutes très courtes (moins de 2 mm) et tronquées
P. nemoralis
C’est une plante plutôt discrète et nécessitant un examen attentif
pour la reconnaître formellement et, de plus, elle est assez varia-
ble (comme les 2 autres !). En plus des critères donnés dans la
clé, il faut noter que les limbes foliaires sont généralement plus
longs que les gaines.
Cette espèce, jamais notée dans le Vaucluse auparavant, a été
observée par C. ROULET à Lapalud (île de la Désirade). Il
conviendrait de la rechercher ailleurs, sur les bords du Rhône
notamment.

Anthericum ramosum L. – Dans tous les massifs


montagneux vauclusiens, on rencontre la « Phalangère », Anthe-
ricum liliago L. (= Phalangium liliago (L.) Schreb.), remarqua- Photos: Roselyne Guizard
ble Liliacée à fleurs blanches, mais nous n’avions pas encore
observé l’autre espèce du même genre : Anthericum ramosum.
Elle lui ressemble un peu, quoique moins spectaculaire, avec Polygala nicaeensis Koch – Les Polygala L., en géné-
des fleurs beaucoup plus petites (10 mm maxi), disposées en ral, ont souvent posé des problèmes de détermination et la cita-
inflorescences ramifiées et à feuilles plus étroites (moins de 5 tion de P. nicaeensis dans les inventaires précédents (GIRERD,
mm). Connue dans le sud de la Drôme, elle ne paraissait pas 1978 et 1991) n’était pas claire, influencée par le traitement de
franchir la limite départementale. Or, elle vient d’être observée la flore de FOURNIER. Les observations les plus récentes per-
par J.-L. AMIET à Villedieu, dans le bois du Roi, donc légère- mettent de bien séparer le groupe de P. comosa (le plus repré-
ment dans le Vaucluse. A rechercher ailleurs. senté dans le Vaucluse) du groupe P. vulgaris (rare et localisé).

Bulletin de la SBV - 4 - n°20 - octobre 2010


Quant au véritable P. nicaeensis, il se différencie de P. comosa que S. erraticus Bertol., S. erucifolius L. et S. cineraria DC.)
Schkuhr qui lui ressemble beaucoup par ses fleurs plus grandes peuvent constituer un genre distinct, Jacobaea Burm., séparé
(ailes de 8 mm et plus), mais ce caractère doit être examiné avec des Senecio L. traditionnels.
précision ! Le seul secteur du Vaucluse où il a été observé for-
mellement par J.-P. CHABERT se situe dans le grand Luberon Trois espèces étrangères naturalisées :
oriental (Auribeau et Glorivette sur le versant nord et au-dessus
de Vitrolles sur le versant sud (où il est abondant et toujours à Impatiens glandulifera Royle (= I. roylei Walpers) –
fleurs bleues). Grande plante (1 m et plus), de la famille des Balsaminacées,
robuste et dressée, à feuilles opposées, les supérieures verticil-
Cynoglossum dioscoridis Vill. – Il faut rappeler que lées et munies de grosses glandes rouges très caractéristiques ;
cette espèce figurait dans les deux premiers inventaires fleurs grandes (25 à 40 mm) variant du rose au rouge. Originai-
(GIRERD, 1978 et 1991), mais qu’en 2003, après examen de re du sud de l’Asie, elle est cultivée pour l’ornementation et est
nos plantes par J.-M. TISON, il s’est avéré qu’il s’agissait, en naturalisée dans une grande partie de la France. Elle a été obser-
fait de Cynoglossum pustulatum Boiss. Cette confusion paraît vée par C. ROULET à Mondragon (domaine de Lamiat).
avoir été généralisée dans l’ensemble de la région. A partir de
ce moment-là, la question était de savoir si les 2 espèces étaient Dichondra micrantha Urban – Plante de la famille
présentes dans le Vaucluse. La réponse a été apportée cette an- des Convolvulacées, vivace, basse et tapissante, ce qui justifie
née par l’observation faite par C. ROULET à Bollène (Barry). son emploi comme gazon ne nécessitant pas de tonte. Les feuil-
La morphologie de ces 2 espèces est très différente mais néces- les sont entières, arrondies, presque circulaires, de 1 à 2 cm de
site l’examen de fleurs fraîches et de fruits mûrs et peut se résu- diamètre et les fleurs sont blanchâtres, peu nombreuses et pas-
mer ainsi : sant presque inaperçues. Elle est cultivée dans les milieux très
C. dioscoridis : fleurs épanouies d’abord roses, virant chauds car elle craint les hivers trop froids, mais elle est suscep-
rapidement au bleu clair ; fruits murs à aiguillons des tible de se naturaliser en situation très favorable. Elle a été dé-
bords rapprochés formant une couronne. tectée à Avignon (bords de la rocade sud à la Cabrière) par H.
C. pustulatum : fleurs rougeâtres tournant au brun MICHAUD.
violet ; fruits murs à aiguillons régulièrement répartis
sur leur face, non rapprochés en bordure.
L’écologie et la chorologie de ces 2 plantes sont très différentes,
Lycium europaeum L. – Les lyciets (famille des Sola-
mais encore mal connues dans le Vaucluse. Il semblerait que C. nacées) sont des arbrisseaux broussailleux et épineux dont l’ori-
dioscoridis se comporte en adventice, alors que C. pustulatum gine est mal connue. Deux espèces étaient déjà connues dans le
est une plante de milieux primaires (éboulis du versant sud du Vaucluse : L. barbarum L. (= L. halimifolium Mill.) et L. chi-
mont Ventoux dans le Vaucluse). Aussi, ces deux espèces né- nense Mill., Ce taxon nouveau se reconnaît à ses corolles d’un
cessitent de nouvelles recherches. lilas pâle ou blanchâtre (et non violettes) à tubes très allongés,
cylindriques, alors que les autres ont des tubes corollaires courts
et en entonnoir. Une population a été observée par J.-P. ROUX
Centaurium majus (Hoffm. & Link) Ronniger (= dans la banlieue de Carpentras (la Gardy).
Erythraea major Hoffm. & Link) – Espèce bien comparable à
Centaurium erythraea Rafn., Gentianacée commune dans l’en- Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX
semble du département. Elle s’en différencie par ses fleurs net-
tement plus grandes (lobes des corolles de 7 mm, au lieu de 6)
et d’une couleur pourpre plus soutenue, sans nuance claire ; elle
est également plus robuste et plus glauque et à inflorescences
normalement lâches. Ce taxon a parfois été traité en sous-
espèce, notamment par FOURNIER : Centaurium umbellatum
Gilib. subsp. grandiflorum P. Fourn. Une population correspon-
dant bien à ces critères nous était signalée depuis plusieurs an-
nées par G. GUENDE à Villars (les Trécassats). Son identifica-
tion nous a été confirmée cette année par J.-M. TISON. Il serait
utile de la rechercher ailleurs dans le Vaucluse, d’autant plus
que des populations pouvant être attribuées à ce taxon ont été
observées dans le sud de la Drôme par J.-L. AMIET. Impatiens - Senecio - Lycium

Senecio jacobaea L. (= Jacobaea vulgaris Gaertn.) – Ce


séneçon (famille des Composées) ressemble à S. erraticus Ber-
tol. qui est assez répandu, notamment dans la plaine vauclu-
sienne (bords de la Sorgue en particulier). Il est caractérisé par
ses feuilles moyennes et supérieures à divisions à peu près éga-
les, non terminées par un lobe plus large. D’après J.-M. TISON
(comm. écrite), ce taxon se naturalise facilement et son indigé-
nat dans le Vaucluse serait donc à contrôler. C’est une plante de
prairies de fauche ou de bords de routes, milieux favorables à
une introduction. Elle a été observée dans une clairière forestiè-
re à Lagarde-d’Apt (la Ferre) par G. GUENDE, R. GUIZARD
et J.-P. ROUX. Il convient d’indiquer que cette espèce (ainsi

Bulletin de la SBV - 5 - n°20 - octobre 2010


Il y a 80 ans…sur la colline de Vedène. A rechercher en Vaucluse : Vicia dalmatica A. Kerner
Par Jean-Louis AMIET
Une monographie sur la colline de Vedène se mijote ! (48, rue des Souchères – 26110 - Nyons)
Les « milieux bien informés » laissent entendre que ce serait
Jean-Louis Amiet est zoologiste ; il a été professeur à l’univer-
pour l’automne 2011 ?... En attendant et en avant première, il
sité de Yaoundé (Cameroun) pendant 29 ans. Après avoir été
n’est pas interdit de consulter les archives et de découvrir que entomologiste, il s’est surtout spécialisé dans les batraciens et
dès 1926 des botanistes s’y intéressaient. Ils ont publié leurs les poissons d’eau douce. Actuellement il prospecte attentive-
observations dans le Bulletin N° 1 de la Société d’Etude des ment la flore du sud de la Drôme (débordant parfois sur le Vau-
Sciences Naturelles de Vaucluse (document reproduit avec le cluse !) où il fait des observations très poussées sur des groupes
concours du Musée REQUIEN qui détient la collection com- complexes (Asplenium trichomanes, Euphrasia alpina etc…)
plète de cette publication ).
Les Flores usuelles sont silencieuses ou laconi-
ques au sujet de cette Vesce proche de Vicia tenuifolia.

Sur le terrain, ses grandes grappes de fleurs pana-


chées ressortant sur un feuillage un peu grisâtre attirent le re-
gard, et ses folioles très fines, presque aciculaires, pubescentes
sur la face supérieure, permettent de la distinguer de V. tenuifo-
lia (à folioles plus larges et glabrescentes sur le dessus).

Le scan joint illustre ces différences entre les


deux plantes (la teinte jaune de certaines fleurs de V. dalmatica
est un artefact de dessiccation).

Dans un article très intéressant paru dans le Bulle-


tin de la Société linnéenne de Lyon∗ A. FRIDLENDER mentionne
V. dalmatica dans les départements des Bouches-du-Rhône, des
Hautes-Alpes, de l’Hérault et du Puy-de-Dôme. Elle vient d’être
signalée dans la Drôme (AMIET, Fiches botaniques 2009, docu-
ment non publié), où deux stations sont connues depuis plu-
sieurs années, preuve qu’il ne s’agit pas d’une adventice fugace.

Sa présence dans le Vaucluse est probable et sa


découverte constitue un beau « challenge » pour les botanistes
du département... qui l’ont peut-être déjà vue mais considérée
comme une forme anormale de V. tenuifolia, ce qui, sans l’arti-
cle de FRIDLENDER, aurait été le sort des populations drômoises.

Note : Vicia dalmatica est traitée ici comme une espèce autono-
me comme le font un certain nombre d’auteurs, alors que dans
« Floremed », c’est une sous-espèce de Vicia cracca, au même
titre que V. tenuifolia.
__________________________________

Observations sur quelques vesces (Vicia L., Leguminosae) rares


et menacées des xérothermiques d’Auvergne.... Bull. mens. Soc.
linn. Lyon, 2009, 78 (7-8) : 141-157.
__________________________________

Nous étions sur la colline le 8 mai 2007… MG

Bulletin de la SBV - 6 - n°20 - octobre 2010


Scanner : Jean-Louis AMIET

Bulletin de la SBV - 7 - n°20 - octobre 2010


Une promenade de botanique urbaine…
MG Dimanche 13 septembre 2009

Le 13 septembre 2009, une sortie de la SBV était consacrée aux Autour de la ville :
plantes de la ville d'Avignon. Ce petit article fait le point sur Le parking des Italiens:
cette journée et sur sa préparation. Le parking est une ancienne friche industrielle - une partie est
aménagée en parking, le reste en terrain vague. On y trouve une
Délimitations : série de plantes rudérales : Amaranthes (A. deflexus, A. retro-
Pas facile de délimiter une zone urbaine. Les limites administra- flexus, A. hibridus, A. alba) - Aristoloches (Aristolochia clema-
tives de la ville incluent des zones agricoles, de maraîchage, on titis) et Armoises ( Artemisia annua) - La croix de Malte
ne peut plus parler de zones urbaines. Alors où se trouvent les (Tribulus terrestris), plante méditerranéenne très appréciée des
limites? Nous avons choisi arbitrairement d’explorer l'intra culturistes (tapez son nom sur un moteur de recherche !) - de
muros, les quartiers périphériques en excluant les jardins nombreuses Poacées: Bromes (B. sterilis, B. madritensis) - folle
(l'inverse nous aurait sans doute valu des ennuis!), mais en pre- Avoine (Avena bar-
nant en compte les plantes « échappées des jardins » et qui sem- bata) – Dactyles -
blent s'installer durablement. Les bords du Rhône autour de la Hordeum… Piptatherum milliaceum
ville ont été visités. Dans les divers sites nous avons déterminé Mais la graminée la
220 espèces. plus fréquente est
sans conteste Pipta-
Conditions de milieu : therum milliaceum,
Les populations végétales en zones urbaines sont soumises es- plante vivace, très
sentiellement à des pressions liées à des facteurs humains. Le méditerranéenne,
premier de ces facteurs est l'épandage régulier de désherbant ; que l'on trouve dis-
nos plantes devront donc, soit être résistantes, soit avoir une persée dans toute la
croissance rapide qui leur permette d'effectuer leur cycle biolo- ville, souvent enva-
gique entre deux pulvérisations. hissante. A noter
Autres facteurs décisifs, elles devront résister à la chaleur et la surtout, tout près des
sécheresse qui règnent aux pieds des murs et entre les pavés. habitations, un
Enfin, bien sûr elles devront s'adapter au piétinement. champ d'Ambroisie
Bref, elles ont bien du mérite! (Ambrosia artemisii-
folia) , redoutable AC
La Sortie – itinéraire : plante allergisante
Nous sommes partis du Parking des Italiens - avons, le matin, qui profite des aménagements des humains pour leur distiller
longé des remparts et parcouru des rues du centre-ville, monté son pollen. L’arrachage est recommandé !
au rocher des Doms. L'après-midi, nous avons herborisé au bord
du Rhône (La Barthelasse, face au Pont d’Avignon), puis au
quartier de la Courtine.

Bulletin de la SBV - 8 - n°20 - octobre 2010


Les plantes des rues: des Brassicasées, souvent annuelles, qui se développent au
Celle qui tient sans conteste le haut du pavé dans les rues d'Avi- printemps autour des remparts: l'Arabette des dames ou Arabi-
gnon, c'est la Pariétaire (Parietaria judaica). Elle est présente dopsis thaliana au génome désormais sans mystère, Cardamine
partout, s'accroche aux pieds des murs, profite de la moindre hirsuta, Diplotaxis muralis ou Sisymbrium irio, et, bien accro-
fissure - ses fleurs minuscules produisent aussi un pollen très chée au mur , la vivace Giroflée (Chieranthus chieri ) ou au sol
allergisant. Lobularia maritima.
Pas loin derrière, un Laiteron ( Sonchus tenerrimus) - initiale- Des Euphorbes prostrées (E. prostata, E. maculata, E. ser-
ment espèce littorale qui se multiplie activement dans la ville. pens), d'autres qui ne le sont pas (E. helioscopia et E. peplus).
Autre espèce étonnante, une plante d'origine tropicale: Eleusine Nous arrêterons là la liste de nos plantes des rues (une liste
indica - Poacée adaptée au piétinement et qui depuis quelques complète peut être fournie à la demande) non sans avoir cité la
années prolifère entre les pavés des rues d'Avignon. Elle devient plus majestueuse d'entre elles : le Raisin d'Amérique
maintenant une des plantes les plus fréquentes dans certains (Phytolacca américana), grande et belle plante aux fruits colo-
quartiers du centre ville. Nous avons vu quelques pieds ayant rés, importée d'Amérique pour la teinture et la coloration des
échappé à la tondeuse municipale, au pied du Rocher des vins. Elle est souvent installée solidement au coin de nos rues.
Doms !
Cette plante était considérée comme nouvelle pour le Vaucluse La montée vers le Rocher des Doms:
en 1991(B. Girerd) et figurait sur la liste des plantes envahis- Elle nous permet de retrouver une grande partie des plantes
santes du secteur méditerranéen français - liste 3 - plantes à observées précédemment auxquelles s'ajoutent des plantes ru-
surveiller (Bulletin SBV n°6 – juillet 1998). pestres: Phagnalon sordidum - les Orpins (Sedum album, S.
dasyphyllum, S.sediforme, S. acre) - des fougères des rochers
(Asplenium trichomanes, A. ceterach, Asplenium ruta-muraria).
Eleusine Gaernt. (1 espèce) Elles sont surmontées de micocouliers (Celtis australis) et ac-
compagnées de plantes « échappées des jardins » et qui sem-
Eleusine indica (L.) Gaernt. - Plante annuelle peu blent bien s'en accommoder ! : l'Acanthe (A. mollis) et surtout le
élevée (10 à 30 cm), glabre ou peu velue, à inflorescences com- Tabac glauque (Nicotinia glauca) aux curieuses fleurs jaunes,
posées de plusieurs épis groupés au sommet des tiges, presque qui cohabite avec une autre Solanacée toxique - la Jusquiame
digités, comme chez le chiendent pied-de-poule. blanche (Hyoscyamus albus).
* Étage planitiaire (20-90 m) ; espèce acidicline à calcicline,
Les berges du Rhône:
nitrophile, xérophile, thermophile, héliophile ; sur alluvions :
C'est un tout autre spectacle qui nous attend au bord du Rhône,
lieux incultes, bords de rues et de chemins, murs, terrains va-
voisinant avec le milieu très sec de la colline des Doms. On se
gues.
trouve en présence d'un cortège de plantes de milieu humide:
* Naturalisée - RR - PC : Avignon (remparts du centre ville ; des Carex , Joncs (Joncus articulatus, J. inflexus), et Cypérus
banlieue sud ; Montfavet) ; Carpentras (le Pous du Plan). (Cyperus vegetus, C. longus) - la Salicaire (Lytrum salicaria) -
Note : espèce originaire des régions tropicales et subtropicales l'Iris des marais (Iris pseudoacorus) ou le Roseau (Phragmites
du globe et qui peut être considérée comme bien implantée australis) - des arbres et arbustes de ripisylves: Peupliers blancs
dans le Vaucluse. (P. alba), Aulnes (Alnus glutinosa) - Faux indigo ( Amorpha
fructicosa) , envahissante d'origine américaine - et même des
Chênes pédonculés (Quercus robur), normalement étrangers au
climat méditerranéen mais communs aux bords du fleuve.

Dans l'eau du Rhône :


Autour d'Avignon on trouve la plupart des plantes hydophylles
du Rhône: Cératophylum demersum - Potamogétons (P. nodo-
sus, P. pectinatus, P. crispus) - Myriophyles (Myriophyllum
spicatus) - Renoncules aquatiques ( Ranunculus fluitans)...
En face de la ville, plusieurs plants de Vallisneria spiralis, es-
pèce dont nous avons parlé dans le bulletin SBV n°19 - mai
2009, plante autrefois rare et qui semble en expansion.
Notons aussi que certaines zones sont envahies par la Jussie
( Ludwigia peploides)

MG

La Ruine de Rome (Cymbalaria muralis), qui agrémente nos


murs de ses jolies fleurs mauves, disparaît l'été sous l'effet
conjoint de la sècheresse et des désherbants pour réapparaître au
printemps plus pimpante que jamais.
Citons encore :
Chondrilla juncea- les Erigérons ou Conysa (E. sumatrensis,
E. bonariensis E. canadensis) - les Asters (Symphioticum subu-
latum ou Aster squamatus) -de nombreuses autres Astéracées:
Taraxacum obovatum, Crepis bursifolia, Lapsana communis… MG Vallisneria spiralis

Bulletin de la SBV - 9 - n°20 - octobre 2010


ERRATUM Bulletin 20 – Tragus racemosus.

Plusieurs correspondants ont signalé que la photographie


du haut de la page 10 du bulletin 20 ne représentait pas
Tragus racemosus.

Il s’agirait de Sclerochloa dura (Jean-Marc Tison, trans-


mis par Bernard Girerd).

Vous trouverez ci-contre le scanner (par Alain Chanu)


de la plante - Tragus racemosus - recueillie dans le cadre
de notre sortie botanique urbaine à Avignon.
La Courtine - zone commerciale et industrielle:

Au confluent de la Durance et du Rhône, cette zone est remar-


quable au printemps pour ses orchidées et la flore de ses contre-
canaux (Carex hirsuta et Cladium mariscus).

Mais nous avons exploré la zone la plus ingrate, près des super-
marchés et des voies de chemin de fer où, outre les plantes ren-
contrées sur le parking, nous avons trouvé Tragus racemosus,
étrange graminée qui pousse jusque sur le goudron et surtout
une Euphorbe nouvelle pour le Vaucluse (signalée comme
plante nouvelle 2006 par B.Girerd dans une note du bulletin
SBV n° 17 – mai 2007 ) et peut être la France - Euphorbia da-
vidii. Plante d'origine américaine qui se caractérise par le fait
qu'elle ne possède qu'une seule glande.
Va-t-elle s'installer durablement ?
Alain CHANU.
Tragus racemosus
Dessin extrait de la Flore de
1 - Euphorbia davidii Subils - Cette plante se caracté- Coste
rise surtout par un involucre à une seule glande (c’est la seule
de toutes les euphorbes françaises actuellement connues) et
appartient au sous-genre Poinsettia. C’est une plante de 10 à 40 Textes encadrés
cm de hauteur, poilue sur la partie supérieure de la tige et la extraits de :
face inférieure des feuilles qui sont généralement lancéolées et Flore du Vaucluse
dentées, souvent maculées de pourpre près de la nervation mé- 3ième inventaire
diane. Les poils longs sont rigides et retorses ; l’inflorescence « à paraitre »
très condensée se présente en un corymbe terminal.
* Étage planitiaire (20 m) ; espèce calcicline, xérophile, ther-
mophile, héliophile ; sur alluvions argilo-limoneuses : Euphorbia davidii
ballast de voie ferrée. Plante et biotope

* Naturalisée - RRR - PC : Avignon (zone industrielle de


Courtine), découverte due à A. N. Chanu.
Note : originaire de l’Amérique du Nord, cette plante a été dé-
couverte en France par J. MAILLET dans les années 2000 à
Rodilhan (Gard) dans une vigne où elle est devenue envahis-
sante. Elle existe également dans trois stations du Sud-Ouest et
de la Bourgogne. Elle a d’abord été rapportée à E. dentata
Michx. C’est C.GIROD qui, par la suite, l’a identifiée comme
étant E. davidii à la faveur de ses contacts avec le spécialiste
américain de ce groupe. Elle diffère d’E. dentata par ses grai-
nes ovoïdes anguleuses et ornées de rides peu marquées.
(graines ovoïdes et sans rainures chez E. dentata), par ses poils
plus fins. E. davidii est tétraploïde alors qu’E. dentata est di-
ploïde. Ce taxon a d’abord été considéré comme une variété AC
d’E. dentata (E. dentata Michx. var. lancifolia Farwell in RO-
BERT L. DRESSLER, 1961), et il a été assez récemment mis
en évidence et décrit dans une revue publiée en Argentine
(Kurtziana 17 : 125- (128), 1984).
Bibliographie : ROBERT L. DRESSLER, 1961 - A Synopsis
of Poinsettia (Euphorbiaceae). An. Missouri Bot. Gard. 48 (4) :
329-341

MG

Bulletin de la SBV - 10 - n°20 - octobre 2010


Activités de la S.B.V.

Informations générales
Les CAUSSES
C’est un ensemble de plateaux globalement de nature sédimen-
taire ( ère secondaire) sur une base hercynienne érodée. Des
phénomènes lagunaires, torrentiels puis franchement marins
ont entrainé l’accumulation en principal de calcaires de grande
épaisseur. Ce »bloc » a subi les contrecoups des plissements
alpin et pyrénéen (ère tertiaire), entrainant la création de systè-
mes de failles grossièrement nord- sud et est ouest dans lesquel-
les s’est installé le réseau hydrographique que nous connais-
sons. Un relief de type karstique prédomine et l’érosion pour-
suit son œuvre, nous donnant des paysages très caractéristi-
ques.
(Pour une relation satisfaisante de l’histoire géologique des
Causses, reportez-vous à la « Présentation générale du territoi-
re couvert par la flore- pages 17 à 38 - de la Flore des Causses
de Christian Bernard – références en fin d’article)

Dans l’article les abréviations suivantes sont utilisées pour indi-


quer le niveau de protection des plantes :
PN – protection nationale.
PMP – Protection régionale Midi - Pyrénées.
Les cartes (préparées par Jean-Claude BOUZAT) indiquent en
rouge les points d’herborisation
Carte d’après C. Bernard

Fleurs et paysages des Causses – Ed. Rouergue.

CAUSSES – Plantes endémiques :


Dans sa flore, Christian Bernard les classe en trois catégories.
-Taxons bien différenciés du fait de leur origine ancienne :
Aquilegia viscosa,,Arabis cebennensis,Euphorbia duvalii.Arenaria hispida.
Taxons moins isolés morphologiquement et d’origine certainement plus récente :
Gentiana clusii,Saxifraga cebennensis, Armeria girardii,Teucrium rouyanum, Iberis intermedia subsp.prostii,Odontites
cebennensis,Arenaria ligericina,,Pinguicula longifolia subsp. caussensis, Ophrys aymoninii,Ophrys aveyronensis,Aster
sedifolius subsp. trinervis.
Groupe de taxons faiblement différenciés par rapport au type spécifique qui comprend des microendémiques :
Pulsatilla vulgaris var. costeana, Pulsatilla rubra var. serotina,Minuartia lanuginose,Viola pseudomirabilis, Aster alpi-
nus subsp. cebennensis, Thymus dolomiticus,Senecio ruthenensis, Leucanthemum subglaucum,Potentilla caulescens
subsp. cebennensis, Hymenolobus procumbens subsp. pauciflorus.

Bulletin de la SBV - 11 - n°20 - octobre 2010


Nous étions un groupe de 27 personnes encadré par Christian pour voir une station de Fritillaria nigra (=pyrenaica ) en fin
Bernard, Maurice Labbé, Claude Bouteiller, de floraison .Nous retrouvons un cortège d’orchi-
Au cours du séjour des membres de l’association aveyronnai- dées :Orchis.simia., O .purpurea et leurs hybrides ,et Ophrys
se - A.M.B.A - se sont joints à nous. aveyronensis - endémique des Causses -PN
La session a démarré le
Avant de rejoindre l’hôtel nous faisons une halte près de l’Ho-
pital du Larzac (750m d’altitude), au nord du Larzac,Près d’un
champ de blé, nous trouvons une douzaine d’espèces messico-
les :
Valerianella carinata, Turgenia latifolia, Caucalis platicarpos ,
Bupleurum rotondifolium , Adonis flammea Coryngia orienta-
lis, Myagrum perfoliatum, Legousia hybrida , Veronica teu-
crium, Vallerianella echinata, Legousia speculum veneris, Fu-
maria vaillanti .

mercredi 20 mai-2009 (fin de matinée):


dans la partie ouest du causse du Larzac sud
le plateau du Guilhaumard. :

Le premier contact a été avec une pelouse sèche, à la limite du


lias calcaire et du lias marneux près de Canals de Cornus, à
l’altitude de 790m, très riche en orchidées : Ophrys sphaego-
des, O. aymoninii , O.insectifera, Dactylorhiza sambucina ,
Orchis militaris ….
Sur la croupe nous nous sommes émerveillées face à une popu-
lation spectaculaire de Pulsatilla rubra var. serotina; les photo-
graphes se sont fait grand plaisir (voir photo ci-dessus - HA).

Nous quittons cette belle station en direction de l’aven du Mas


Raynal, Nous faisons un arrêt sur les dolomies :
La dolomie est un carbonate double de calcium et magnésium,
formé au bathonien (étage du jurassique moyen)., Les compo-
sants de cette roche sont d’inégales résistance face à l’éro-
sion ,et ainsi se façonne un paysage ruiniforme avec rochers et La journée s’achève et nous rejoignons
arène sableuse . Compeyre et l’hôtel les Artys. Nous som-
mes en pleine nature ,dans la vallée .Nous
logeons dans des chambres toutes situées
au rez de chaussée -fenêtre et porte don-
nant sur un espace terrasse arboré. Le
village de Compeyre existe depuis le
Moyen-Age. Il est construit sur le flanc
sud de Lusergue -massif culminant à
860m. Il occupe une situation stratégique
sur la vallée du Tarn et, bénéficie d’un climat subméditerranéen
qui permet la culture de la vigne et des arbres fruitiers.

La végétation y est spécifique : Draba aizoides


var.saxigena ,Daphne alpina, D.cneorum, Chaenorhinum ori-
ganifolium …Elle colonise les creux et fentes ,. Stipa pennata
constitue les pelouses où fleurissent Ranunculus gramineus et
Anthyllis montana, Scorzonera purpurea . La rocaille dolomiti-
que renferme Armeria gerardii , Arenaria agregata , ,Linum
campanulatum , Aster alpinus subsp cebennensis ,Viola rupes-
t r i s Eu pho rb ia segu iera na sub s p seguieran a
(=gerardiana ),Helianthemun oelandicum subsp incanum et
subsp pourretii, Tulipa sylvestris subsp australis, Thymus dolo-
miticus .Aux environs de l’abime un reste de hêtraie avec Sor-
bus aria , Buxus sempervirens, Corylus avellana ….
coin où nous décidons de déjeuner .

Ensuite nous filons au sud vers Cornus - arrêt à la Frayssinède Ophrys aveyronensis HA

Bulletin de la SBV - 12 - n°20 - octobre 2010


Jeudi 21 mai 2009 – Le CAUSSE NOIR. Près d’Alluech, halte dans une lande pâturée par les brebis,
Il fait partie des Grands Causses mais n’est pas le plus étendu sur un plateau très venté, au sol caillouteux formé essentielle-
(200km.2).Il est délimité au nord par les gorges de la Jonte, au ment de calcaire en plaquettes (à 1000 m. d’altitude), entre les-
sud par la Dourbie, à l’ouest par le Tarn et à l’est par les Céven- quelles poussent les touffes caractéristiques du Carex humilis,
nes et le Mont Aigoual. Il atteint 850 m. à la Puncho d’Agast et des coussins épineux, de 20à 30 cm. de hauteur, non fleuris,
situé au dessus de Millau et s’élève progressivement vers l’est – d’Echinospartum horridum(PN), endémique pyrénéen.
1000 m. vers Meyrueis (Lozère). (voir détails page 14)
Il doit son nom à l’abondance de pins noirs introduits et qui Nous remarquons également la présence de nombreuses rosaces
remplaçent peu à peu les peuplements spontanés de chênes et de Carlina acanthifolia subsp. acanthifolia – la cardabelle vi-
de pins sylvestres. vace monocarpique en fin de cycle – signalons qu’il faut 7 ans
Nous allons effectuer une randonnée pédestre dans la réserve pour obtenir un capitule !, de multiples pieds d’Ophrys aymoni-
biologique intégrale (RBI) du Cirque de Madasse – superfi- nii (PMP) – endémique des Causses, Teucrium chamaedrys,
cie : 79 ha. De la chapelle de Saint Jean de Balmes, nous chemi- Amelanchier ovalis.
nons vers le point de vue sur la Jonte, face à l’ermitage de Saint Nous poursuivons le périple dans une dépression, près de Saint
Michel. André de Vezines, aux abords de champs cultivés ( blé), riches
en messicoles : Papaver dubium,Calepine irregularis,Lamium
implexa,Anthemis arvensis, Alyssum alyssoides,Sherardia ar-
vensis, Veronica praecox,Viola arvensis,Horningia petrae, Ado-
nis flammea,Caucalis platycarpos, Bunium bulbocasta-
neum,Iberis pinnata,Vulpia myuros, Minuartia tenuifolia, Ca-
melina microcarpa? ,Myosotis arvensis, Lithospermum arvense.
Le retour sur Millau s’effectue par le ravin de Bouxès et la Ro-
que Sainte Marguerite pour découvrir une Poacée protégée –
Piptatherum virescens (PN).

Plusieurs faciès de végétation s’offrent à nous :

- des pinèdes à buis avec Juniperus communis, Arctostaphyllos


uva-ursi, Genista pilosa, Genista hispanica, Amelanchier ova-
lis,Polygala calcarea, Ortilia secunda, Neottia nidus-
avis,Cephalantera longifolia, Orchis ustulata, Helianthemum
apeninum.
CB
- des pelouses sèches à Stipa pennata avec Anthyllis vulnera-
ria,Ononis striata, Cardoncellus mitissimus

- des pelouses plus fraîches caractérisées par la présence de


Sesleria coerulea impluvium HA

- sur les rochers et arènes dolomitiques, Pulsatilla vulgaris Pulsatilla vulgaris var. costeana
var. costeana – endémique des Causses, Linum campanula- Carex humilis
tum,Dactylorhiza fuschii,Hieracium glaucinum,Aster alpinus Gentiana clusii subsp. costei
subsp. cebennensis(PMP), Centaurea maculosa,Pulsatilla ru-
bra var. serotina – endémique des Causses, Erinus alpinus…et
une station de Gentiana clusii subsp. costei (PMP), endémique
des Causses, une rareté !

- sur les parois rocheuses , face à l’ermitage, Juniperus phoe-


nicea, Potentilla caulescens var. cebennensis(PMP) – endémi-
que des Causses ,Kernera saxatilis, Arenaria ligericina (PMP)
- endémique ceveno-catalan, Centranthus leucoquii, Dianthus
pungens subsp. ruscinonencis, Athamanta cretensis, Chaenorr-
hinum origanifolium.

Notre circuit passe par la Ferme de Massabiau (ONF) située à 5


km. à l’ouest de Veyreau puis nous conduit à la Ferme de la
Rougerie (7 km. avant Lanuejols, dans le Gard), où est entrete-
nu par le Conseil Général un impluvium remarquable…. HA HA

Bulletin de la SBV - 13 - n°20 - octobre 2010


Echinospartum horridum

Echinospartum horridum (Vahl) Rothm.


(= Genista horrida (Vahl) DC.).
Genêt hérissé, Genêt très épineux, Genêt horrible.
Plante de 20 à 40 cm.- Floraison de juin à août.- Vivace.
Sur les rochers, les pelouses rocailleuses sèches.
Méditerranéo-montagnarde ; Endémique franco-espagnole.
Très rare, localement abondante ; Protégée nationale

HA

RG

HA

Devant de …beaux coussins !

Quelques semaines plus tard…


ce qui pouvait être vu !
RG

Bulletin de la SBV - 14 - n°20 - octobre 2010


La Malène et… surprise ! Si les chauffeurs sont préoccupés par
les difficultés de la route, les passagers peuvent découvrir, à la
base d’une falaise, deux pieds de Cypripedium calceolus (PN)
- le sabot de Vénus - le cadeau de cette journée !

Vendredi 22 mai 2009 – Le CAUSSE MÉJEAN

Un dernier arrêt est pratiqué dans les gorges du Tarn au cirque


des Baumes – altitude 400 m. – au pied d’imposantes falaises
dolomitiques avec des parois suintantes ; Et nous y trouvons
Pinguicula longifolia et Aquilegia viscosa (PN) – endémique
C’est le Causse le plus vaste et le plus élevé – de 800 à 1247 m ; des Causses.
d’altitude. C’est un vaste plateau calcaire, très aride, situé en La journée s’achève par un regard sur le Causse Méjean dont le
Lozère. Il est délimité au sud par la Jonte, à l’est par le Tarnon versant boisé est couvert de pins aux troncs gris – les pins de
et par le Tarn au nord et à l’ouest. Salzmann - s’élevant au milieu des pins sylvestres.
Près de Raffègue, sur la D.57, nous observons la végétation sur
schistes avec présence d’une chênaie pubescente avec Buxus
sempervirens,Cytisus scoparius, Thymus nitens – endémique
des Cévennes, Sedum
hirsutum, Anthericum
liliago, Dianthus
granaticus, Asarinum
procombens, Asple-
nium forezien-
se,Asplenium tricho-
manes, Leonorus
cardiaca en feuilles.
Adonis vernalis - AB
Dans la direction de
l’Aven Armand,
arrêt au niveau du Senecio provincialis
tunnel naturel pour
découvrir Saxifraga
cebennensis (PMP) – Saxifraga cebennensis - AB
endémique des Caus-
Aquilegia viscosa - AB
ses.

Herborisation vers Hures avec une végétation steppique carac-


térisée par Stipa pennata,Festuca marginata,Plantago semper-
virens, Euphorbia seguerriana.
L’Adonis vernalis (PN) est encore en fleur, les capitules de Se-
necio provincialis- le Seneçon de Gérard –endémique du sud
de la France, égaient la pelouse. HA
Au Villaret , arrêt sur le site d’élevage du cheval de Przewals-
ki – des pelouses sèches avec des rocailles peuplées d’Helian-
themum salicifolium.
Après le déjeuner près de la mare où l’ombre est inexistante
quelques plantes aquatiques attirent notre attention : Ranunculus
trichophylla, Ranunculus peltatus, Sisymbrella aspera subsp.
aspera et Ophioglossum vulgatum.
L’aérodrome de Florac-Sainte Enimie (930 m.) est installé sur
la « plaine du Chanet » - au sol calcaro-dolomitique. C’est une
vaste pelouse sèche à Stipa pennata, Serratula nudicaulis
(PMP), Plantago argentea.
Nous descendons du Causse Méjean sur les gorges du Tarn par

Bulletin de la SBV - 15 - n°20 - octobre 2010


Samedi 23 mai 2009 – Le CAUSSE ROUGE.
C’est un plateau calcaire situé au nord-ouest de Millau, entouré
à l’ouest par les Monts du Lévezou, au sud par le Causse du
Larzac, à l’est par le Causse Noir et au nord par le Causse du
Massegros.
Le grand viaduc de Millau permet de relier les Causses - Rouge
et du Larzac.
En direction de la station météorologique de Millau-Soulobres
(altitude 730 m.), nous herborisons le matin au Puech de l’Ou-
le, Nous sommes sur des terres fertiles, propices à l’élevage des
brebis laitières dont la production est collectée pour la fabrica-
tion du Roquefort.
Le versant nord est un avant-causse avec une chênaie pubes-
cente. Le versant sud, plus chaud, est riche en plantes méditer-
ranéennes et méditerranéo-montagnardes : Bromus erectus,
Festuca auquieri, Thymus vulgaris,Avenula bromoides, Arctos-
taphyllos uva-ursi, Iberis pinnata, Genista pulchella subsp. vil-
larsii (PMP), Genista x martini = Genista scorpius x Genista
pulchella – très rare et Lavandula x burnati Briquet = Lavan-
dula angustifolia x Lavandula latifolia .

Les RAUZES – tourbières protégées, 13 ha. achetés


par le Conseil Général de l’Aveyron et vitrine de sa poli-
tique en matière d’espaces naturels sensibles. Elles sont
entretenues par un agriculteur éleveur de bovins de race
Highland – qui supportent bien l’humidité et le froid. Cet
espace à sol acide (pH 6) caractérisé par l’abondance des
sphaignes a échappé au drainage et à l’exploitation inten-
sive.
Le paysage est marqué par la forêt d’aulnes, au dessus la
hêtraie et la lande à bruyère. Aux abords de la route les
zones sèches sont couvertes de Genista anglica, Calluna
vulgaris, Erica cinerea, Cytisus scoparius, Armeria are-
naria, Primula veris, Senecio adonidifolius, Nardus stric-
ta, Viola canina.
Touradons( dômes de sphaignes de 40 à 60 cm. de haut)
couronnés de Molinia coerulea et gouilles( trous
d’eau ,qui en assurent la circulation) permettent le déve-
loppement de la vie animale et végétale avec Drosera
rotondifolia, Menyanthes trifoliata, Eriophorum polysta-
chion, Potamogeton natans, Stellaria alsine, Caltha pa-
lustris,…
L’après-midi les activités sont diverses : pour certains, visites
de la Cité des insectes à Saint-Léons ou
de la maison natale de Jean-Henri Fabre
dans le même village.
D’autres s’aventurent dans la tourbière
des Rauzes sur le Lévezou.

Christian BERNARD.
La Petite Flore portative des Causses.
Ed. Société Botanique du Centre-Ouest (SBCO) - 2009.
444 pages avec couverture plastique souple - Format
13x20.
20 euros, port 3,5 euros (1 ex.) + 10 euros pour non so-
ciétaire.
Ne conserve que les clés et les descriptions des plantes.
Téléchargeable gratuitement

Bulletin de la SBV - 16 - n°20 - octobre 2010


Dimanche 24 mai 2009
Dernières herborisations en Aveyron

A Saint Georges de Luzençon, à partir de la zone artisanale de


Vergonhac, nous traversons voie ferrée et nous dirigeons vers Melampyrum cristatum HA
une colline d’environ 400 m. d’altitude. La végétation est essen-
tiellement méditerranéenne : chênaie pubescente avec Buxus
sempervirens et Melampyrum cristatum qui fait place sur les
Il est recommandé de se plonger dans l’ouvrage qui
croupes à une pelouse xérique à Stipa offneri, Bromus erectus, fait référence pour compléter les éléments de ce
Linum narbonense, Narcissus assoanus et une foule d’orchidées compte-rendu :.
variées – Orchis papilionacea subsp. expansa (PMP) – une Christian BERNARD – Flore des CAUSSES -
petite merveille!, Orchis morio, Ophrys lutea et des hybrides. hautes terres, gorges, vallées et vallons
Puis Centaurea maculosa, Inula spiraefolia,Jasminum fructi-
cans,Teucrium rouyanum – endémique du sud de la France.
Deuxième édition (Aveyron, Lozère, Hérault et
Gard)
Deuxième étape de la journée: en longeant la rivière Cernon, en Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest
direction de la Devèze de Lapanouse de Cernon, sur un vaste Numéro spécial 31 -2008
plateau calcaire, heureusement pâturé tardivement, s’offrent à Cet ouvrage est consultable à la bibliothèque de la
nous de multiples orchidées – Ophrys aveyronensis (PN),
Ophrys passionis, Ophrys sulcata – et des Rosa dont Rosa pim-
SBV et peut être acquis auprès de l’éditeur.
pinellifolia, Rosa jundzillii.
Déjeuner dans un cadre bien connu, vers la gare désaffectée, Huguette ANDRÉ
sous les ormes pedonculés – Ulmus laevis= pedunculata.
La dernière herborisation avant le retour nous conduit après
Sainte Eulalie de Cernon, au carrefour D 23- D 77, dans un site
dégradé par les travaux routiers, à une altitude de 650 m.
Sur les bordures des prairies et les talus marneux du
lias, rosettes d’Inula helenium- la grande aunée- qui fleuriront
en juillet, Euphorbia platyphyllos, Vicia serratifolia.
Dans la haie : Crataegus monogyna, Crataegus laevigata, Rosa
arvensis,…
Nous adressons de très vifs remerciements à nos hôtes –
Christian BERNARD, Claude BOUTEILLER, Maurice
LABBÉ- qui nous ont accompagné, ont fait preuve de beau- La récompense des botanistes!
coup de patience et nous ont fait partager très simplement leur Cypripedium calceolus
connaissance approfondie de la flore de Causses- domaine qui
Ophrys aveyronensis
leur tient particulièrement à cœur !
Orchis papilionacea susbp. expansa

AC HA AC
Bulletin de la SBV - 17 - n°20 - octobre 2010
PROGRAMME DES SORTIES
Lundi 19 juillet 2010
Vallée d’Ossoue (jusqu’au barrage) : Lonicera
pyrenaica, Bupleurum angulosum, Stemmacan-
tha centauroides, Saponaria caespitosa, Thyme-
laea tinctoria ssp. nivalis, Erodium foetidum,
Herniaria latifolia, etc.
Difficulté : itinéraire facile ; les arrêts seront
effectuées à proximité des véhicules.
Mardi 20 juillet 2010
Route de Gavarnie-port de Boucharo ; sentier
NC Botanistes dans la brume…. du col des Sarradets vers la cascade: Reseda
glauca, Antirrhinum sempervirens, Jasione lae-
vis, Galium pyrenaicum, Vicia pyrenaica, Aspe-
rula hirta, Teucrium pyrenaicum, Carduus carli-
noides, etc.
Difficulté : itinéraire facile : arrêts à proximité
Pyrénées 2010 des véhicules jusqu’au col de Tentes (2208 m) +
Cirque de Troumouse NC à pied du col de Tentes jusqu’au port de Boucha-
MTZ
ro (2290 m) et vers la cascade des Sarradets
(environ 2350 m) ; retour par le même itinéraire.
Mercredi 21 juillet 2010
SESSION DE GAVARNIE (JUILLET 2010) Sentier des Espugues (balmes) de Pailla (cirque de Gavar-
nie) : Merendera montana, Ramonda myconi, Cirsium glabrum,
En remontant la vallée du Gave de Pau à partir de Lourdes, on Borderea pyrenaica, Saxifraga longifolia, Geranium cinereum,
se trouve en présence de gorges très encaissées qui viennent
buter sur une muraille. C’est le cirque de Gavarnie, paroi d’en- Arenaria purpurascens, Pinguicula longifolia subsp. longifo-
viron 1500 m de hauteur dominée par des sommets qui dépas- lia, Ranunculus thora, Hypericum nummularium, etc.
sent les 3000 m d’altitude (Marboré, Mont Perdu, Taillon). Cet Difficulté : itinéraire sans difficulté particulière. Départ à pied
ensemble est formé de plusieurs gradins superposés qui corres- du village de Gavarnie (1350 m) et montée dans le bois de Pail-
pondent à des plis couchés empilés. D’un diamètre de six kilo- la (1750 m) ; descente progressive jusqu’au cirque de Gavarnie
mètres, il est coupé par plusieurs cascades dont la principale par un très bon sentier qui longe une paroi rocheuse.
atteint 422 m. Située dans la partie centrale de la chaîne des Jeudi 22 juillet 2010
Pyrénées, le massif calcaire de Gavarnie est l’aboutissement Vallée du Gave de Cestrède à partir de Gèdre : Meconopsis
d’une orogénèse complexe qui a eu pour double résultat l’éléva- cambrica, Valeriana pyrenaica, Veronica ponae, Viola cornuta,
tion des calcaires du Crétacé à leur altitude actuelle et le che- Potentilla alchimilloides, Saxifraga longifolia, Pedicularis
vauchement des sédiments carbonifères anciens sur les couches pyrenaica, Stachys alopecuros, Iris latifolia, Eryngium bourga-
calcaires plus récentes. On est ici en présence d’un bon exemple ti, etc. (+ une vingtaine de fougères).
de nappe de charriage, mais aussi de cirque glaciaire puisque ce Difficulté : itinéraire sans difficulté.
massif a été, au Quaternaire, très fortement affecté par les gla-
ciations. C’est aussi ce qui explique, sur le versant français des Vendredi 23 juillet 2010
Pyrénées, la rareté des calcaires du Crétacé, présents seulement Cirque de Troumouse (2100-2300m) : Carex echinata, Carex
en îlots au milieu de très imposants massifs de granite ou de flava, Carex nigra, Carex ovalis, Selaginella selaginoides,
schistes. Eriophorum angustifolium, Tofieldia calyculata, Reseda glauca,
Mais Gavarnie est aussi un site prestigieux qui a été conquis de Sparganium angustifolium, etc.
longue date par tout ce que l’Europe compte d’artistes, d’écri- Note - Le cirque de Troumouse, plus vaste et plus élevé que le
vains et de touristes. Et un Victor Hugo, admiratif, ne déclarait- cirque de Gavarnie est occupé par un plateau lacustre.
il pas : « c’est une montagne et une muraille tout à la fois, c’est Difficulté : itinéraire sans difficulté.
l’édifice le plus mystérieux du plus mystérieux des architectes, Jean-Pierre ROUX
c’est le colosseum de la nature, c’est Gavarnie ».
Depuis 1977, le parc national des Pyrénées protège ce riche En rouge : plantes sélectionnées pour une présentation
patrimoine qui a été classé en 1997 au patrimoine mondial de dans les pages suivantes.
l’humanité par l’UNESCO.
La végétation des Pyrénées est constituée par un fonds floristi-
que commun aux montagnes élevées de l’Europe et des régions
arctiques dont les espèces ont atteint les Pyrénées à l’occasion
des dernières glaciations. L’élément endémique, très important
et d’une grande originalité, est dû à son isolement géographi-
que. Pour un massif aux dimensions modestes, on compte plu-
sieurs centaines d’espèces et de sous-espèces endémiques. Le
contexte géographique et géologique du massif de Gavarnie
contribue pour beaucoup à l’originalité d’une flore calcicole
fortement marquée par les influences du climat océanique.
Anthyllis vulneraria subsp boscii

Bulletin de la SBV - 18 - n°20 - octobre 2010


Borderea pyrenaïca (Bubani et Bordère) Miègeville
(Dioscorea pyrenaïca)

« C’est une plante vivace très particulière, de taille réduite (25


cm. au plus), à souche tubéreuse, renflée, à écorce noire, écail-
leuse dans le haut, d’où s’élève une tige assez courte, enfouie
comme la souche au sein de l’éboulis calcaire qui l’héberge.
Les rameaux sinueux qui s’en détachent dans toutes les direc-
tions se faufilent par les interstices vers la surface ; là se dé-
ploient à la lumière les feuilles en cœur et les grappes de peti-
tes fleurs unisexuées dont le périanthe blanc-verdâtre compte
six divisions.
Elles s’épanouissent en juin-juillet, les mâles à 6 étamines, les
femelles avec un pistil à 3 styles sur des pieds distincts.
Le fruit assez grand (12 à 20mm.) est formé de 3 loges ailées.
AB Espèce typique des éboulis calcaires redressés à éléments mo-
biles de taille moyenne ( décimètre ) ou assez petite (quelques
centimètres), fissures des rochers parfois, depuis l’étage mon-
Geranium cinereum, Cavanilles subsp. cinereum – tagnard jusqu’à l’étage alpin des Pyrénées centrales.»
Géranium cendré. Dioscoreaceae.
« C’est une plante de petite taille (moins de 20 cm.), à tige très
courte. Les feuilles à contour arrondi, densément couvertes de
poils courts, d’un vert cendré, sont découpées au-delà du milieu
en 5-7 divisions avec des lobes peu profonds.
Les grandes fleurs roses à veines plus foncées, sur des pédoncu-
les plus longs que les feuilles, s’épanouissent de juin à août. Les
sépales étalés avec une pointe courte, sont couverts de petits
poils. Les carpelles velus sont marqués par une ride transversale
près du sommet.
Plante d’éboulis de pelouses rocailleuses assez fraîches mar-
quées par une persistance de la neige jusqu’en mai - juin, sur
calcaire de préférence, depuis le haut de l’étage montagnard
jusqu’à l’étage alpin, à l’ouest et au centre de la chaîne. »

AC

Iris latifolia (Miller) Voss. – (Iris pyrenaïca, Iris xiphioïdes).


– Iris des Pyrénées.

« C’est une des plus belles espèces de la flore pyrénéenne. Sa


tige robuste, dressée, de taille moyenne (70 cm. au plus) est
munie de feuilles engainantes, celles de la base allongées, effi-
lées, pouvant dépasser l’inflorescence, les supérieures de plus
en plus courtes passant insensiblement aux spathes dilatées qui
protègent 2 gros boutons. Ils s’épanouissent l’un après l’autre
en juillet – août. Les 3 divisions intérieures du périanthe, d’un
bleu vif, dressées, amincies vers la base, alternent avec les 3
stigmates arqués, appliqués sur les 3 divisions extérieures plus
grandes, étalées et infléchies vers le bas. Les 3 étamines sont
masquées par les stigmates qui se terminent par 2 lobes redres-
NC sés. Au dessous la partie déployée de chaque division extérieure
s’enrichit d’un décor raffiné : une tache médiane d’un jaune
éclatant, cernée de blanc puis de bleu moyen rehaussé de filets
bleu sombre.
Les feuilles engainantes qui s’attachent à la tige sont indispen-
sables pour reconstituer les réserves d’un bulbe assez volumi-
neux et entouré de tuniques fibreuses, qui assure la pérennité de
l’espèce.
Espèce caractéristique des pelouses montagnardes et subalpines,
MTZ éboulis fixés. »

Bulletin de la SBV - 19 - n°20 - octobre 2010


Pinguicula longifolia, Ramond
Grassette à longues feuilles ;
« Les feuilles charnues, d’un vert jaunâtre, disposées en rosettes
basales, secrètent une substance visqueuse qui piège les petits
insectes. La corolle lilas, pâlissant vers la gorge, hérissée de
poils jaunâtres, à lobes inférieurs plus longs que larges, diver-
gents, s’épanouit d’avril à début août. Les feuilles ovales allon-
gées, à limbe ondulé peuvent dépasser 20 cm. L’espèce est vi-
vace.
Plante des falaises calcaires humides notamment sous les sur-
plombs et sur les tufs suintants, éboulis stabilisés qui les accom-
pagnent. »
AC

Ramonda myconi (L.) Reichenbach, Ramonda pyrenaïca ;


« En dédiant ce genre remarquable à Ramond de Carbonnières,
le botaniste Jean-Claude-Marie Richard ne pouvait rendre plus
bel hommage à l’illustre père du pyrénéisme. Espèce vivace
particulièrement élégante tant par sa rosette de larges feuilles
ovales plaquées à la roche, ridées par le réseau de nervures en-
foncé dans le limbe, couvertes de longs poils roux, que par ses
grandes fleurs violettes à cœur orangé souligné par un cerne
blanc. Solitaires ou en petit nombre (jusqu’à 5), sur un pédoncu-
le redressé issu de l’aisselle des feuilles, elles s’épanouissent de
juin à août. Le calice glanduleux à 5 lobes obtus est beaucoup
plus petit que la corolle, celle-ci de 3 – 4 cm. de diamètre, à 5
larges lobes, ornée au centre par les 5 étamines orangées, rap-
prochées autour du style.
Plante de fissures des rochers frais, sur calcaire ou sur schiste
(espèce caractéristique de ce milieu) depuis l’étage collinéen
jusqu’à la base de l’étage alpin sur l’ensemble de la chaîne à
l’exception du versant nord de la partie occidentale.
Endémique des Pyrénées, représentante isolée de la famille tro-
picale des Gesneriacées en Europe occidentale et considérée
comme un des vestiges les plus anciens (probablement tertiaire)
de la flore pyrénéenne. »

AC
NC

Bulletin de la SBV - 20 - n°20 - octobre 2010


Saxifraga longifolia, Lapeyrouse
Saxifrage à longues feuilles :

« C’est une des espèces les plus remarquables de la flore pyré-


néenne. La rosette dense et unique de feuilles étroites et allon-
gées, à bordure dentelée par les dépôts blancs des glandes
pierreuses, se développe pendant de nombreuses années avant
que ne jaillisse, perpendiculaire à la roche, la longue grappe
pyramidale aux centaines de fleurs d’un blanc éclatant. L’in-
florescence peut atteindre 80 cm. de long, rigide au début, puis
plus lourde, penchée, sensible au vent qui balaie la falaise, au
fur et à mesure que s’épanouit la multitude de boutons, depuis
le mois de mai jusqu’au mois d’août en haute montagne. La
plante meurt et se dessèche après la fructification ;
Plante des fissures des rochers calcaires, éboulis plus rare-
AC
ment, depuis l’étage montagnard jusqu’à l’étage alpin. »

Silene pusilla , Waldstein et Kitaibel , subsp. pusilla


(Silene quadrifida,Heliosperma quadrifidum),
Silène à quatre dents :
«C’est une plante vivace de petite taille (moins de 20 cm.) qui
constitue un gazon assez lâche avec des tiges dressées, très grê-
les, ramifiées, non visqueuses. Les feuilles sont étroites, celles
du bas de la tige légèrement élargies, obtuses à l’extrémité. Les
fleurs blanches assez petites, sur de longs pédoncules, s’épa-
nouissent en juillet-août. Les pétales à quatre petits lobes arron-
dis sont caractéristiques.
Espèce caractéristique des fissures humides et fraîches des ro-
chers( sur calcaire de préférence. »

Commentaires et dessins extraits de AB


Marcel SAULE
La grande flore illustrée des Pyrénées – Ed. Milan

Botanistes indépendants
non invités à la session !

AB

Bulletin de la SBV - 21 - n°20 - octobre 2010


VISITE de l’USINE de TRAITEMENT des GRAINES Pendant la 2ème guerre mondiale du riz a été traité ici.
L’activité augmente vers les années 60 (l’usine comp-
tait de 30 à 35 employés- selon une activité toujours saisonniè-
re) avec le traitement des graines oléagineuses, tel que tourne-
sol, ricin, soja . Puis l’activité décline malgré une tentati-
ve de diversification avec les graines pour oiseaux domesti-
ques et les semences de gazon.
A l’arrêt de l’usine en 1990, Mr FRA, client et agri-
culteur à Lagarde d’Apt, loue les locaux et emploie une seule
personne. Il utilise les machines pour traiter sa production et
celle d’autres producteurs d’épeautre, de pois chiches et de
lentilles.
Mr Eric Sautet, qui a travaillé 20 ans dans l’entreprise,
a expliqué tout cela dans le cadre d’une étude de la D.R.A.C.
(Direction Régionale des affaires Culturelles).
HP Actuellement, les machines , alimentées par moteurs
à CARPENTRAS
électriques ,munies de nombreuses poulies et courroies en cuir
pour certaines, seraient encore en état de fonctionner. Il existait
commentée par Mme LARGAUD, guide - conférencière.
17 chaînes de production.
(Organisée par Roselyne GUIZARD, cette visite s’est déroulée
Il s’agit d’enlever l’enveloppe qui entoure la graine et
avec deux groupes d’adhérents.)
d’éliminer toutes les particules indésirables.
Les graines pouvaient effectuer des parcours standards
Cette ancienne usine située Avenue Bel Air (près de la gare),
ou adaptés selon les résultats obtenus (ce qui veut dire qu’un lot
figure au « Patrimoine industriel du Vaucluse ».
de graines pouvait passer plusieurs fois par le même circuit à
Nous visitons ce lieu « dans son jus » , une activité y a été
travers les étages !).
maintenue jusqu’en 2005.
Le rez-de-chaussée et les étages sont reliés par un en-
Et depuis poussière et araignées ont pris possession des lieux. !
semble d’élévateurs à godets et de tuyauteries qui assurent le
La mémoire de ce lieu « unique » sera valorisée par la C.O.V.E.
déplacement des graines et des impuretés diverses. Arrivées et
(Communauté d’Agglomération Ventoux Comtat Venaissin),
ensachages étaient réalisés au rez - de - chaussée.
qui en est propriétaire .Il sera aménagé en musée.
A noter les ennemis de la maison : l’humidité, les ron-
L’histoire de cette usine a commencé en 1911 lorsque
geurs et la poussière omniprésente !
Pierre Nicolas, un industriel de Carpentras, achète et implante
une partie des bâtiments.
En 1913, c’est Albert Simon qui reprend l’activité sur
le site dénommé Une forêt de
« Le Moulin ». tuyaux !
En 1917 sa fille se marie avec Aimé ROUX qui déve-
loppe l’entreprise de traitement des graines : nettoyage, décor- Photographies HP - MG
tication, triage, sélection, conditionnement.
Il s’agit principalement de semences fourragères :
sainfoin, luzerne, avoine et aussi minette, mélilot, moutarde,
vesce. A.Roux agrandit l’usine en 1920 et surélève le bâtiment
en 1929 pour diversifier les graines traitées : traitement de la
graine de psyllium issue de Plantago afra, espèce annuelle dont
les graines,qui évoquent des puces, ont sous le nom officinal de
« psyllium » (du grec psulla, puce ) un très ancien renom de
laxatives/ adoucissantes et des emplois analogues à ceux des
graines de lin.
(Un article consacré au psyllium figure à la suite de ce compte-rendu).

Visite des lieux : inventaire non exhaustif des ma-


tériels disponibles !
Rez de chaussée : Vers l’entrée
Réception et élévateur à godets.
Divers matériels, tarare.

Etages : plusieurs machines différentes selon la graine à traiter


1- Une pour le sainfoin- graine à l’aspect rugueux et
urticant.
2- Très anciens tarares datant de la création de l’usine.

Bulletin de la SBV - 22 - n°20 - octobre 2010


3- au milieu machine à traiter le psyllium ,utilisé en
semence et en pharmacie.
4- Atelier servant à supprimer les graines de cuscute
mélangées à celles de luzerne. La cuscute, plante holoparasite
qui émet des suçoirs dans les vaisseaux conducteurs de sève de
la luzerne, dont une seule plante peut détruire un mètre carré de
luzerne.
Cet atelier comporte une machine qui pratique un tami-
sage grossier avec aspiration et deux décuscuteurs, un trieur
alvéolaire arrivé en 1916 par « la petite vitesse » (train de mar-
chandises qui passait devant l’usine) et une machine à trier élec-
tromagnétique : après un premier passage au décuscuteur, les
graines sont mélangées à de la poudre de fer qui se fixe dans les
minuscules alvéoles de la graine de cuscute, ce qui permet de la
retenir avec les électroaimants.
5- Un toboggan effectue un triage grossier des graines MG
par force centrifuge, c’est un « classeur de graines » utilisé en
amont d’autres chaînes de tri.
6- Bluteurs et systèmes d’aspiration, chambres à poussiè-
res, trémies diverses.

A noter l’installation d’un silo d’une capacité de quinze


tonnes
Le laboratoire, petite pièce ajoutée au premier étage
par André ROUX, fils de Aimé , détient encore plein de trésors
figés ici comme s’ils venaient d’être utilisés ,( sans compter la
poussière et les toiles d’araignées ) . Sont présents différents
systèmes pour vérifier le pouvoir de germination, divers ger-
moirs, petits tamis servant à contrôler les graines lors de l’achat,
étuves pour graines, sachets de conditionnement etc… HP
Autre particularité, un monumental fichier papier qui
renferme les documents de suivi des cultures - par propriétaire -
dont les produits étaient traités dans l’entreprise.

Au fond du rez de chaussée un magnifique ensemble de décor-


tication des graines (structure en bois). Installé aux alentours de
1920, selon la tradition orale, par des artisans italiens, du fait de
leur maîtrise de la technique de la décortication. Vers 1927 la
ligne était composée de six meules, d’un trieur, de deux cham-
bres à poussières, d’un système d’aspiration. Plusieurs meules
pouvaient fonctionner en même temps avec des systèmes à go-
dets type Noria et des systèmes à vis d’Archimède pour achemi-
ner les graines jusqu’à la mise en sacs.

Les sacs étaient en toile de jute et souvent réutilisés ; on trouve


une machine à nettoyer les sacs en forme d’escargot géant fonc-
tionnant sur le principe des machines à battre les tapis de voitu-
re actuelles ! (à lames de cuir placées sur cylindre tournant).

Hélène PELLECUER
HP

MG MG

Bulletin de la SBV - 23 - n°20 - octobre 2010


L’un d’eux est bien connu dans notre département, surtout dans
L’herbe aux puces … la région de Pernes les Fontaines et du Thor où les cultures
remontent sans doute à 1920.
une spécialité locale Ce plantain est: Plantago arenaria Waldstein et Kitalbel
(= P. scabra, P.ramosa, P. indica, mais aussi P. psyllium)
à ne pas confondre avec Plantago afra (= P. psyllium).
…appelée aussi psyllium noir, pucière, pucilaire….. Pas de panique !!
Ces deux espèces nommées globalement en 1753 par Linné,
C’est qui ? Plantago psyllium (du grec psylla : puce), sont maintenant bien
En fait, on devrait dire « les herbes aux puces » car trois distinctes.
espèces végétales ont été indifféremment nommées ainsi à cau- Il appartient à la petite famille des Plantaginacées qui, à la fa-
se de la morphologie de leurs graines ; ce sont des plantains, veur du dernier remaniement nomenclatural, s’est agrandie et
trois plantains qui, sur les 11 espèces sauvages que compte no- inclut maintenant les Globulariacées, des Scrofulariacées, les
tre flore vauclusienne, sont munies de feuilles très étroites, dis- Callitriches …
posées le long d’une tige plus ou moins ramifiée. C’est une plante eurasiatique qui habite les friches, les pelouses
(voir clé de détermination ci-dessous - B. Girerd et J.P. Roux - sèches à annuelles sur sables ocreux et calcaires ; elle tolère
3ième inventaire de la Flore du Vaucluse - ouvrage à paraître) bien le froid, la chaleur, la sécheresse et se contente d’un sol
relativement pauvre.

Plantago L. (11 espèces) « Plantain »

Tiges nues ; feuilles toutes en rosettes basales.


Feuilles étroites (moins de 5 mm), entières ou divisées.
Feuilles, la plupart, profondément divisées ..........................................................................................1 - P. coronopus
Feuilles toutes entières.
Feuilles très étroites (1 mm maxi) .................................................................................................... 2 - P. holosteum
Feuilles dépassant 1,5 mm de large. ................................................................................................... 3 - P. maritima
Feuilles larges (1 cm et plus), lancéolées ou ovales, non divisées.
Feuilles lancéolées, plus de 5 fois plus longues que larges.
Inflorescences très velues, soyeuses et argentées ................................................................................ 4 - P. lagopus
Inflorescences glabres, de couleur verdâtre ou noirâtre.
Feuilles velues, de couleur argentée ............................................................................................... 5 - P. argentea
Feuilles glabres ou peu velues, de couleur verte .......................................................................... 6 - P. lanceolata
Feuilles ovales, moins de 3 fois plus longues que larges.
Feuilles sans pétioles bien distincts, longuement atténuées à la base ...................................................... 7 - P. media
Feuilles nettement pétiolées..................................................................................................................... 8 - P. major
Tiges munies de feuilles en paires opposées.
Plantes annuelles, à racines grèles.
Bractées inférieures des capitules ne dépassant pas les fleurs ....................................................................... 9 - P. afra
Bractées inférieures des capitules dépassant nettement les fleurs ......................................................... 10 - P. arenaria
Plantes vivaces, ligneuses à la base et buissonnantes ....................................................................... 11 - P. sempervirens

C’est une plante originale


Au niveau de chaque fleur :
C’est une plante annuelle, herbacée (ou légèrement ligneuse à la
base), dressée, velue (d’où sa couleur vert grisâtre), glanduleuse
Les sépales : sont libres, au nombre de 4 et dissemblables.
à longs poils pluricellulaires. (schéma 1), à tige souvent rami-
les antérieurs sont élargis, spatulés et obtus
fiée.
les postérieurs sont étroits, lancéolés subaigus (schéma 3)
→ P. afra est d’un vert franc. → chez P. afra, les sépales sont égaux, tous lancéolés.
Les feuilles sont sessiles, linéaires, étroites (larges de 1 à 2
mm), planes, opposées ou verticillées par 3. (schéma 1) La corolle est scarieuse, glabre, petite, peu visible, de forme
tubuleuse (la corolle est donc gamopétale = à pétales soudés)
Les fleurs sont réunies en épis ovoïdes portés par des pédoncu- avec 4 lobes étalés lancéolés-aigus. (schéma 4)
les plus longs que les feuilles.
Les fleurs, souvent hermaphrodites, (certaines sont unisexuées) Les 4 étamines sont très élégantes, elles dépassent longue-
sont à l’aisselle de bractées scarieuses. ment le périanthe (étamines exsertes) et portent des anthères
Les bractées florales sont un bon critère de détermina- pendantes à l’extrémité de longs filets grêles.
tion, .Elles sont de 2 types (schéma 2). Le pollen est sec et pulvérulent.
les bractées des fleurs inférieures sont nettement plus gran- Ces caractères sont typiquement ceux d’une fleur anémogame
des, à pointe foliacée dépassant les fleurs (pollinisation par le vent) ce qui n’est pas fréquent chez les ga-
les bractées des fleurs supérieures sont obtuses et courtes . mopétales.
→ chez P. afra, les bractées sont semblables, ovales-
lancéolées, à pointe courte.

Bulletin de la SBV - 24 - n°20 - octobre 2010


Le gynécée est constitué de 2 carpelles surmontés de stigmates
longs et plumeux.
Le fruit est une capsule à 2 loges à déhiscence transversale (=
une pyxide), chaque loge contient
une seule graine lisse, brillante et brunâtre … une puce !!
Ces graines sont très petites ,1000 graines pèsent moins de 2 g.
(voir photo ci-contre).
La couleur noire des graines explique l’appellation « psyllium
noir » par opposition à psyllium blond (Plantago ovata )
L’androcée et le gynécée ne parviennent pas à maturité de façon
synchrone, les stigmates sont déjà réceptifs alors que le pollen
n’est pas mûr : c’est un cas de protogynie.
Cette fleur pentamère simule une fleur tétramère par avortement
d’un sépale et d’une étamine et par la soudure de 2 pétales pos- RG
térieurs.

RG RG

1 2

3
4 Fleur

Bulletin de la SBV - 25 - n°20 - octobre 2010


C’est une plante médicinale dans les années 1920, favorisées et organisées par Jules Terras-
La graine (la puce) est recouverte d’une pellicule brillante, le se de Pernes (1867-1952). Dès 1924, cette nouvelle culture prit
tégument (appelé la cosse) qui contient une substance naturelle une très grande importance dans les communes de Pernes les
mucilagineuse. Ce mucilage, à fort pouvoir hydrophile, se Fontaines, Althen les Paluds, Entraigues sur la Sorgue, Le
transforme très rapidement en présence d’eau , en un gel de Thor, Velleron et St Saturnin.les Avignon.
consistance visqueuse. Cette graine a un pouvoir de gonflement Monsieur Terrasse conseilla les agriculteurs, monta des aires
très élevé (jusqu’à 12 fois son volume) et bien supérieur à celui de récolte, de réception et de triage ; il intéressa
du lin ou du cresson alénois. rapidement les laboratoires pharmaceutiques à cette produc-
Cette propriété intéressante a trouvé bien sûr des applications en tion.
pharmacie et dans d’autres domaines. La période de plus grosse production se situe entre 1924 et1-
939..
Les propriétés pharmaceutiques : Encore de nos jours, on peut apercevoir dans notre région des
Son usage le plus important est pour lutter contre la constipation cultures qui ne ressemblent ni à des céréales ni à des légumes,
en tant que laxatif mécanique : les mucilages absorbés, en se encore moins à des productions florales.
liant à l’eau gonflent, leur volume déclenche le péristaltisme
intestinal et favorise la rééducation de la fonction intestinale ; Les Etablissements Girerd font actuellement cultiver une di-
sans provoquer d’irritations intestinales comme le séné ou la zaine d’hectares dans le secteur du Thor (aux Valayans notam-
bourdaine, ils permettent de rétablir le transit intestinal. ment) pour produire environ 10 tonnes de graines destinées aux
La graine est « consommée » à l’état naturel, à la cuillère mais herboristes français ou étrangers.
les laboratoires pharmaceutiques ont mis au point des prépara- La culture est mise en place au début du printemps par semis
tions de téguments mucilagineux sous forme de poudre addi- direct. Les semis assez denses se font à l’aide du « planet »,
tionnée de différents excipients. (voir photo). Le psyllium se semoir plein d’ingéniosité, en rangées rapprochées de 50 à 60
trouve aussi, à un coût plus élevé, sous forme de gaufrettes, de cm (voir photo).
capsules, de flocons… La levée est rapide, les arrosages sont rarement nécessaires ;
Ces mucilages sont utilisés aussi dans la protection des mu- cette culture est peu exigeante.
queuses digestives (ulcères d’estomac, colites, gastroentéri- La récolte se fait en deux temps : une coupe à la faucheuse puis
tes..), comme antispasmodique grâce à un alcaloïde (la noscapi- après le séchage de quelques jours sur le terrain, un battage à la
ne), comme anti-inflammatoire digestif grâce à un hétéroside moissonneuse batteuse.
(plantarénaloside). Les rendements se situent entre 1000 et 2000 kg à l’hectare
Le psyllium, grâce à ses mucilages, en modifiant la structure, la Les graines sont ensuite nettoyées en plusieurs opérations dans
texture et la viscosité des aliments, agit sur l’absorption intesti- des ateliers spécialisés pour les amener à une pureté presque
nale ; il peut ainsi aider à réduire l’hyperlipidémie et le taux totale.
de glucose sanguin.
Au cours de la visite de l’ancienne graineterie de Carpentras
(établissements Roux), nous avons pu admirer en place les dif-
férentes machines qui assuraient le « nettoyage » du psyllium
avant son exportation, certaines années elle atteignait jusqu’à
500 tonnes, vers les Etats-Unis.( voir l’article qui lui est consa-
cré).

Prenez garde ! ! certaines plantes se font aussi appeler « herbe


aux puces » : les pulicaires, Pulicaria et la menthe pouillot,
Mentha pulegium (du latin pulex : puce)….car elles chassent les
puces !!!
RG RG
Roselyne GUIZARD
Les autres usages :
En usage populaire, il a été utilisé pour confectionner des cata-
plasmes, des boisons émollientes, des collyres adoucissants … Schémas et dessins : Roselyne Guizard , d’après P. Jauzein.
L’industrie alimentaire emploie le mucilage du plantain com- Photographies page 27 : Roselyne Guizard
me épaississant ou stabilisant dans certains aliments préparés,
notamment les produits laitiers glacés.
Bibliographie :
L’utilisation des propriétés de cette plante est très ancienne, Girerd B. – Carnets du Ventoux – n° 28 – 1998 – « Une
déjà les médecins égyptiens utilisaient la plante comme laxatif culture vauclusienne méconnue : le psyllium ».
et pour soigner les inflammations des voies urinaires ; son usage Jauzein P. - Flore des champs cultivés. - Ed. INRA.
est connu depuis plusieurs siècles en Europe, en Asie et en Afri- Coste H.- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse
que du Nord. et des contrées limitrophes.
Gorenflot R. - Biologie végétale - Tome 2 – Ed .Masson .
C’est aussi une plante cultivée… Deysson - Organisation et classification des plantes vasculai-
Les premières utilisations des graines de psyllium ont dû se res - 2eme partie - Systématique
faire d’après des ramassages dans la nature, sur les trois espèces Guinochet M. et Vilmorin R.de. -Flore de France - C.N.R.S.
appelées « herbe aux puces » - Tome 2.
Les mises en culture sur une assez grande échelle ont débuté Sites Internet divers.

Bulletin de la SBV - 26 - n°20 - octobre 2010


Biodiversité. (Le Monde – 20- 02 -2010).
Définition :
Désigne la diversité naturelle des organismes vivants. L’article 2 de la
Convention sur la diversité biologique(1992) la définit comme « la
variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquati-
ques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend
la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des
écosystèmes ».

Espèce menacée :
Selon la classification établie par l’UICN une espèce est déclarée me-
nacée d’extinction si elle répond à des critères précis (disparition de
l’habitat, déclin important de sa population, érosion génétique, chasse
ou pêche intensive,…).
L’UICN dresse chaque année une liste rouge des espèces. Fin 2009,
Semailles elle en comportait 17291, soit 36% des 47677 espèces répertoriées.

En mai 2010 sera publié le rapport sur les « Perspectives mondiales


de la biodiversité », montrant que les cinq pressions majeures exer-
cées sur la diversité biologique sont restées constantes ou ont augmenté
par rapport au diagnostic établi en 2006.
Ces pressions sont
- le changement d’affectation des sols qui transforme les espaces natu-
rels en surfaces agricoles ou en villes.
-la surexploitation des ressources
- les pollutions
- la progression des espèces invasives
- le changement climatique.

Notre connaissance est très fragmentaire, tant sur la distribution que


sur l’évolution de la biodiversité. Concept né en 1996 aux USA.
A ce jour 1,7 million d’espèces ont été décrites. Les estimations du
nombre total d’espèces varient beaucoup .Les invertébrés constituent
l’essentiel des espèces restant à documenter.
Le baromètre mondial de la biodiversité que constitue la Liste Rouge
des Espèces Menacées, établie chaque année par l’Union internationa-
le pour la conservation de la nature (UICN), reflète ce tropisme. Sur les
47677 répertoriées, 20% sont des mammifères, 0,06% des insectes !
« Si les mammifères et les oiseaux sont représentatifs de l’ensemble de
la diversité biologique, nous savons alors qu’au cours des cent derniè-
res années les rythmes d’extinction sont 100 à 1000 fois supérieurs à ce
que nous avons pu reconstituer sur l’évolution des 500 derniers mil-
lions d’années. Et c’est le genre de situation qui caractérise les cinq
grandes crises d’extinction du passé ». Robert May – Oxford.
Derrière les espèces il y a les écosystèmes, dont les hommes dépen-
dent bien plus qu’ils ne l’imaginent pour assurer leur quotidien.
L’objectif de freiner l’érosion accélérée des espèces animales et
végétales n’a pas été tenu.
Battage La volonté politique fait défaut.
2010, « Année de la biodiversité ».
Proportion des espèces menacées sur les 47677 espèces répertoriées
par l’UICN ;
12% des oiseaux, 21% des mammifères ,28% des reptiles, 30% des
amphibiens, 32% des poissons, 70 % des plantes.

6 pistes contre le déclin de la biodiversité :


Protéger (aujourd’hui 12% de la surface terrestre – dans l’Union
Européenne le réseau Natura 2000 couvre 17% du territoire-
1% des aires marines protégées),
2- Restaurer (cours d’eau, tourbières, prairies),
3 Relier (trame verte et bleue en France, Réseau écologique na-
tional en Suisse, aires de répartitions qui se modifient) ,
4- Produire autrement (Agriculture biologique, pollinisations,
haies, mares , arbres, bandes enherbées),
5 -Economiser l’espace (limiter l’étalement urbain ; le mitage,
parcs, espaces verts),
6 Sensibiliser (éducation, plantations,..).

Triage

Bulletin de la SBV - 27 - n°20 - octobre 2010


La « spiruline » :

Il en existe de nombreuses souches dans le monde .Celle


cultivée à Cavaillon provient du Tchad (où des travaux scien-
tifiques importants ont été effectués).
Visite d’une exploitation produisant de la La spiruline existe en Camargue mais ne peut être alimentaire
du fait de nombreuses pollutions ( dont les métaux lourds,..).
Spiruline Elle est consommée par les flamants roses….
à Cavaillon le samedi 4 septembre 2010
Riche en phycocyanine, seul pigment bleu naturel pouvant
servir de colorant alimentaire. Elle contient également de la
chlorophylle.
Nous sommes accueillis par Mme. Christine Sicard qui dirige
avec son fils, Mr. Nicolas Duchatel, la Société ALGO SIM- Sa culture nécessite une eau saumâtre ; 2/3 d’eau – 1/3 de sel
PLE au 892 chemin des Fugueyrolles – 84000 – Cavaillon. avec additif -bicarbonate d’ammonium-et un pH 9,7 à10 2
Elle nous a présenté, avec beaucoup de gentillesse et de pas- L’eau doit être en mouvement (des roues à aubes dans les bas-
sion, un domaine technique et économique original. sins entretiennent un courant équilibré).
Cette algue est très sensible à la chaleur et à la lumière, ce qui
Un peu de CLASSIFICATION explique le caractère quelquefois aléatoire de la culture
La récolte s’effectue de fin avril à fin octobre ; On conserve la
La « spiruline » observée lors de notre visite est classée dans souche pendant l’hiver.( elle présente une certaine fragilité !).
les Cyanobactéries (appelées autrefois algues bleues … clas- La couleur du bassin est indicatrice (« l’œil du profession-
sification à abandonner !!) appartenant au groupe des Eubacté- nel » !) et un test avec turbidimètre ? (porteur d’une échelle
ries. graduée) indique la possibilité de récolte.
Les cyanobactéries forment l’essentiel des bactéries capables de
photosynthèse avec production d’oxygène, elles présentent des Technique de récolte : pompage, filtration sur tamis incliné à
tailles et des formes très diverses. Les cellules de 1 à 10 microns maille très fine, recueil de pâte, pressage à la main et fabrication
peuvent être isolées ou arrangées en amas ou le plus souvent en de vermicelles, séchage au four solaire sur claies (température
filaments composés de cellules alignées. impérativement inférieure à 65 degrés).
Ce sont des procaryotes c’est-à-dire des organismes sans noyau Le souci principal est celui de ne pas détruire la structure de
individualisé par une enveloppe nucléaire ; cependant leur sys- l’algue !
tème photosynthétique est proche de celui des eucaryotes car il
contient de la chlorophylle a et un photosystème II. Ces bacté- Eléments économiques : la production annuelle de l’entreprise
ries autotrophes contiennent aussi d’autres pigments tels que la est d’environ 100 kg.
phycocyanine (responsable de la couleur bleu-vert) et la phy- Pour une cure d’un mois (3 g. par jour).- une boite de
coérythrine. 100 g. est suffisante (coût de la cure : environ 15 euros).
La « spiruline » est le nom commercial d’une cyanobactérie Des présentations diverses s’offrent aux consommateurs dont :
appartenant toujours au genre Arthrospira ; ce genre est assez chocolat, mélanges à tartiner, vermicelles purs,…
éloigné du genre Spirulina jamais testé scientifiquement pour
l’alimentation humaine. Pourquoi s’intéresser à la spiruline ?
Arthrospira est une cyanobactérie filamenteuse comportant une Du fait de ses caractéristiques chimiques : elle contient50 à 70
ou plusieurs dizaines de cellules alignées d’une manière rectili- % de protéines, des vitamines, des minéraux, un pouvoir anti
gne ou plus ou moins spiralée ; ces filaments sont de longueur oxydant.
assez variable (100 ou 200 microns) et d’un diamètre de 8 à 10 Elle peut représente une des réponses au traitement des dénu-
microns. tritions sur des populations de pays en voie de développement
Ce genre très homogène présente de nombreuses espèces culti- (fermes à spiruline à la gestion difficile) En occident la démar-
vées et consommées à travers le monde ; ces organismes ont che est assez différente , plus individuelle: utile dans certains
une niche écologique très particulière, ils prolifèrent dans des régimes, recherchée par les personnes sensibilisées à l’alimenta-
eaux très minéralisées, extrêmement alcalines et chaudes. Ce tion « bio », les sportifs, …Une certaine prudence est recom-
sont des conditions qui excluent la plupart des autres êtres vi- mandée dans l’accompagnement de pathologies importantes
vants. ( en particulier sur le taux de sodium, en cas de traitement anti-
Chez les eubactéries, les voies métaboliques fournissant l’éner- coagulant,…).
gie chimique nécessaire à la vie des cellules sont très diversi- La responsable de l’entreprise nous a démontré une activité très
fiées et complexes …la vision classique et dépassée de « l’é- contraignante, comportant de nombreux aléas, d’une rentabilité
chelle » du vivant (avec passage du procaryote simple à l’euca- toujours à démontrer et soumise à des difficultés de reconnais-
ryote compliqué) est donc à bannir !! sance dans le monde agricole.C’est pourquoi une diversification
est engagée par les responsables vers la production de
« graines germées ».
Roselyne GUIZARD
Références le site de l’entreprise : algosimple.com
Bibliographie : et divers sites Internet sur spiruline
G. Lecointre - Classification phylogénique du vivant
Ed. Belin. Note par Michel GRAILLE
Sites Internet divers.

Bulletin de la SBV - 28 - n°20 - octobre 2010


Bibliographie :
Francis HALLE.
La condition tropicale : une histoire naturelle, économique
et sociale des basses latitudes.
Ed. Actes Sud - 2010 - 573 pages - 27 euros.

David DELLAS
Arbres et arbustes en campagne.
Ed. Actes Sud – 2010 – 152 pages – 29 euros.
Par l’auteur, 40 silhouettes et systèmes racinaires, 80 dessins
explicites des espèces.

Muriel et Luc CHAZEL


Espaces naturels protégés de Méditerranée.
Ed. Edisud - 2010 – 208 pages – 20 euros.
MG
Présente 18 espaces répartis en PACA et Languedoc
Roussillon.
(parcs nationaux et régionaux, réserves et domaines).

Lionel CARLES et Ludovic THEBAULT


Guide de la flore des Alpes- Maritimes
Du Mercantour à la Méditerranée
Ed. Giletta- Nice Matin – 2010 – 432 pages – 25 euros.
1050 espèces décrites, flore sauvage et principales espèces
introduites et cultivées (jardins).
Un CR-ROM interactif est joint au livre.

Vincent HUGONNOT
Les mousses et hépatiques de Païolive (Ardèche et Gard).
Ed. SBCO – Bulletin n° spécial 94-2010 – 41 euros (+ 10 non
sociétaires)
300 espèces sont répertoriées avec atlas donnant leur distribu
tion et leur écologie sur ce site emblématique. 250 espèces
sont illustrées par planches photographiques présentant les
caractères anatomiques utiles à la détermination.
MG
Emmanuel GERBER, Gregor KOZLOWSKI
et Anne-Sylvie MARIETHOZ
Flore des Préalpes
du lac de Thoune au Léman.
Publication du Musée d’histoire naturelle de Fribourg.
Ed. Rossolis – 2010 – 224 pages – 35 euros.

Environ 600 illustrations.


Traite des Préalpes bernoises (au sud du lac de Thoune),
Préalpes fribourgeoises, vaudoises et valaisannes ainsi que du
Chablais français.

Jacques TASSIN.
Plantes et animaux venus d’ailleurs : une brève histoire des
invasions biologiques.
Ed. Orphie -2010 – 125 pages – 19 euros.

Fréderic THOMAS, Thierry LEFEVRE, Michel RAYMOND


(sous la direction de)
Biologie évolutive
Ed. DeBoeck – 2010 – 840 pages – 89 euros.
Ouvrage réalisé avec les contributions de 156 biologistes
francophones.

Romain DUFAYART.
Des graines et des hommes.
Ed. Sang de la Terre – 2010- 256 pages – 23 euros.
Présente 330 espèces (58 familles) – graines utilisées pour
des pratiques traditionnelles, ornementation, rites.

( Voir suite de la bibliographie page 34 )


RG

Bulletin de la SBV - 29 - n°20 - octobre 2010


Tiges et épis sont mis à sécher en meules sur le champ. Le tef
est ensuite transporté (à dos d’enfants, sur des charrettes tirées
par des chevaux faméliques) sur une aire de battage afin d’être
piétiné par des bœufs attachés les uns aux autres par groupes de
quatre à six (mais nous avons vu aussi le battage effectué par
Ethiopie des enfants à l’aide de fléaux !). Le vannage nécessite un vent
régulier de force moyenne, plus fréquent le matin et en fin d’a-
près-midi.
Quelques plantes cultivées remarquables... Les valeurs nutritionnelles du tef sont supérieures à celles de
toutes les autres céréales éthiopiennes. Sa teneur protéinique est
Aperçu d’une diversité biogéographique extraordinaire très élevée : l’absorption d’une galette d’injera par jour fournit à
C’est avec l’organisme " Destination Nature " que j’ai l’organisme un apport en acides aminés suffisant à la bonne
pu durant quinze jours découvrir au travers de quelques parcs santé de l’individu.
nationaux l’extraordinaire diversité de la faune et de la flore. La L’injera est une sorte de grande crêpe spongieuse, au goût un
période de novembre nouvellement choisie à la place de celle peu aigrelet, préparée avec de la farine de tef ou de sorgho. Elle
de février s’est avérée moins riche en oiseaux mais présenta des est mangée matin, midi et soir accompagnée de viande ou de
paysages tout à fait différents. poisson, ou de légumes savamment préparés avec une sauce
pimentée.

Présentation succincte
du pays
D’une surface deux fois
comme la France, c’est le
dixième plus grand pays d’Afrique. Equidistant de l’Equateur et
du tropique du Capricorne, ce château d’eau alimente des fleu-
ves et surplombe de ses hauts plateaux le Soudan à l’ouest, l’E-
rythrée au nord, Djibouti et la Somalie à l’est, et enfin le Kenya
au sud. MTZ
C’est un pays plein de contrastes, formé de nombreuses régions
géographiques très différentes les unes des autres. Des hauts
plateaux (le plus haut culmine à 4543 m d’altitude) donnant
naissance au Nil bleu, à la profonde dépression des Danakil
(-120 m au-dessous du niveau de la mer) et à la vallée du Rift,
le pays offre au voyageur des paysages changeants et superbes. 2. A propos du Caféier :
L’extraordinaire diversité de la végétation éthiopienne est liée à
la complexité topographique du pays. On distingue en effet six Le café (l’or brun), pilier du commerce extérieur, est également
zones de végétation : le symbole de l’hospitalité.
des zones désertiques et semi-désertiques Ce ne sont pas les Ethiopiens qui firent connaître le café au
des zones de savanes monde mais les caravaniers arabes qui transportèrent les pre-
des zones au climat tropical miers au XIII° siècle le café de la province de Kaffa au Yémen,
des régions tempérées d’où des marchands assurèrent vers la fin du XV° siècle, sa
des régions subalpines diffusion en Occident et à travers le monde.
des régions alpines. Hormis la province de Kaffa, les zones de caféiculture s’éten-
dent entre 1500 et 2400 m d’altitude. Dans cette zone il ne s’a-
1. A propos du Tef : git pas de véritables vergers de caféiers mais plutôt de forêts
caféières dans les sous-bois dont l’étage supérieur de la végéta-
Eragrostis tef . tion est constitué de Podocarpus , d’Acacia et de Ficus.
La culture de cette céréale occupe des surfaces importantes sur Là où nous étions, il s’agissait de petits vergers soigneusement
les hauts plateaux abyssiniens (Choa, Gondar, Gojam). Dans le cultivés et bordés de clôtures végétales voisinant avec des plan-
reste de l’Afrique le tef est peu cultivé en Europe il n’a jamais tations de Khat. Les fèves de café y étaient triées et transportées
été cultivé. comme les autres denrées dans des feuilles d’Ensete.
Cette plante est très résistante aux variations climatiques et c’est Outre la variété Moka Harar, qui est un des plus grands noms
donc un atout majeur dans un pays où les conditions climatiques de café au niveau mondial, l’Arabica représente le gros du café
sont instables. Elle peut pousser aussi bien au niveau de la mer éthiopien. Sa qualité lui permet d’accéder à la norme " Santo 4
qu’à 3000 m d’altitude. Elle est semée au début des fortes pluies " qui correspond au standard international de référence établi
de juin / juillet. Au moment des moissons les grains sont plus par le Brésil.
petits qu’une tête d’épingle !!

Bulletin de la SBV - 30 - n°20 - octobre 2010


Le Caféier Coffea arabica, est un petit arbre de la famille des 4. A propos de l’Ensete :
Rubiacées au tronc unique et aux branches écartées horizontale- Ensete ventricosa : un faux bananier bon à tout faire !!
ment. Les feuilles sont opposées, persistantes, coriaces. Les Autrefois il faisait en effet partie du genre des Bananiers
fleurs sont groupées en cymes* bipares, serrées aux aisselles (Musa) auquel il est étroitement apparenté. Il porte d’énormes
des feuilles. Le fruit est une drupe (appelée cerise) avec une feuilles de plus de trois mètres de long avec une nervure média-
coque coriace, une pulpe juteuse et enfin un péricarpe dur enser- ne rouge éclatant. En fin de printemps ses fleurs entourées de
rant les deux graines (grains de café). Les graines sont entourées bractées grenat retombent en épis de trois mètres de long.
d’une peau argentée. Il peut atteindre neuf à dix mètres de haut. L’ensete ne pousse
Un café de qualité est obtenu uniquement avec des graines de pas qu’en Ethiopie mais ce n’est que dans ce pays que l’on en
fruits bien mûrs. Ceux-ci sont cueillis puis séchés et/ou broyés. extrait un produit comestible.
On enlève le péricarpe et la peau argentée en décortiquant et en Sa culture se répartit surtout de part et d’autre de la dépression
polissant les grains à la machine et ces grains verts peuvent des lacs (du Rift). On le trouve aussi planté à côté des habita-
alors être stockés pour une longue durée. C’est seulement une tions. Quand la plante atteint l’âge de huit ans le stipe est abat-
fois arrivés dans les pays de consommation qu’ils seront torré- tu, déchiqueté et on extrait de l’amidon sous la forme d’une
fiés à des températures de 200 à 250 °C. poudre. Cette poudre enveloppée dans les feuilles de cette mê-
me plante est enterrée pendant trois à six mois pour fermenter.
Une fois déterré, le produit appelé " Kocho " est cuisiné et servi
MTZ
en galettes, comme l’ "Injera ". Le Kocho est riche en glucides
mais pauvre en protéines, c’est pourquoi les gens associent aux
galettes d’ensete des lentilles, du chou et de la viande. Mais on
utilise également les rhizomes en les raclant pour obtenir une
sorte de liquide consommé en purée. Les feuilles servent à re-
couvrir les huttes, à envelopper la nourriture, d’aliment pour le
bétail, à la confection de nattes, paniers, chapeaux et même de
combustible. Les fibres végétales servent à faire des cordes très
résistantes. Enfin les grains servent à faire des colliers que les
femmes arborent lors de rituels religieux. Ajoutons que la tradi-
tion locale attribue à cette plante des vertus médicinales large-
ment exploitées par les guérisseurs.

Marie-Thérèse ZIANO

3. A propos du Khat (ou Qat):


Catha edulis (prononcez " tchat ") est un arbre qui peut attein-
dre plus de six mètres de haut. L’exploitation du Khat procure
généralement aux paysans un revenu substantiel.
La région du Harargué avec des pentes montagneuses très fortes
a permis une exploitation de ses versants aménagés en terrasses
sur plusieurs centaines de mètres de dénivellation.
L’exploitation et l’usage du Khat font partie intégrante en
Ethiopie de la culture islamique ; nombreux sont les écrits des
anciens auteurs arabes qui font l’apologie de la consommation
des feuilles ou du mâchage des pousses. Ils invoquent son effet
euphorisant et excitant qui favorise la méditation et le recueille-
ment. Ensete MTZ
Les récoltes de feuilles ont lieu deux fois par an en avril et en
septembre. Les feuilles sont emballées dans des feuilles d’ense-
te ou dans du tissu humidifié. Dans les ateliers d’emballage du
Khat de Dire Dawa des ouvriers enveloppent dans du plastique
des bottes de Khat qui tous les jours sont expédiées à Djibouti
par le Boeing d’Ethiopian Airlines en provenance de la capitale
(5 tonnes dans la carlingue).
Dans la petite localité où nous étions les feuilles étaient expo-
sées en bottes et humidifiées pour les rendre appétissantes. En-
tre amis les acheteurs vont « brouter ». Les feuilles de Khat se
mâchent puis se calent contre la gencive où elles forment une
boule compacte et un jus âpre extrait par le masticage coule
dans la gorge pour provoquer un effet euphorisant….

Khat

Bulletin de la SBV - 31 - n°20 - octobre 2010


A la suite de l’exposition 2009 Plantes identifiées par Maurice Heullant sur les tableaux de
du Petit Palais et à l’occasion l’exposition « Flore en Italie ».
du 30ième anniversaire de la
SBV, j’ai retrouvé le catalogue Palme Phoenix dactylifera L.
de l’exposition de 1991 intitu- Pâquerette Bellis perennis L.
lée « Flore en Italie – Jonc Typha latifolia L.
symbolique et représentation Grenade Punica granatum L.
de la flore dans la peinture Ancolie Aquilegia vulgaris L.
italienne du Moyen Age et de Concombre Cucumis sativus L.
la Renaissance ». Figuier Ficus carica L.
Le conservateur précise : Pomme Pyrus malus L.
« Nous avons une dette parti- Lys Lilium candidum L.
culière envers Maurice Heul- Olivier Olea europea L.
land (sic), Président de la so- Rose Rosa centifolia L.
ciété de botanique d’Avignon Œillet Dianthus caryophillus L.
(sic) qui a assuré l’identifica- Violette Viola odorata L.
tion des plantes ». Plantain Plantago major L.
Michel Laclotte, à l’époque Plantago lanceolata L.
Directeur du musée du Louvre : Pissenlit Taraxacum officinale W.
« Fleurs offertes à l’Enfant par Couronne d’épines Paliurus spina-christi.
sa mère, tenues par des saints Cerise Prunus cerasus L.
ou des anges, jardins et prairies, Vigne Vitis vinifera L.
collines boisées, bouquets et
bosquets, guirlandes, la cueillet- Exposition qui présentait par ailleurs des traités de botanique-
te est riche. La confrontation avec des ouvrages de diverses 22 manuscrits et livres imprimés- localisés à Avignon et publiés
natures, provenant des autres musées et bibliothèques d’Avi- entre 1540 et 1754. 
gnon et constituant, au sens propre, un véritable florilège, prou-
ve que ces représentations sont rarement anodines ou purement
décoratives, mais bien souvent chargées d’un sens symbolique,
direct ou subtil, qu’on tente ici de dévoiler. Instrument d’un
symbolisme spirituel, qu’il faut déchiffrer, la représentation de
la flore dans la peinture des XIVè et XVè siècles illustre égale-
ment une perception directe de la nature, éclairée par la connais-
sance précise de la botanique. Avignon, au temps des Papes,
constitua, on le sait, l’un des foyers artistiques où se développa
cette curiosité nouvelle pour les réalités terrestres ».
Esther Moensh-Scherer, à l’époque conservateur au musée du
Petit Palais :
« Fleurs, fruits et branches habitent volontiers les images sa-
crées et profanes du Moyen Age et de la Renaissance. Souvent
figurées comme emblème, allégorie ou symbole, la flore appa-
raît parfois simplement dans certains tableaux comme le sédui-
sant reflet du miroir de la Natura, reflet de plus en plus fidèle à
l’approche de la Renaissance».
« Les modestes violettes, les lys et les roses triomphantes pré- Raffaellino del Garbo Plantain
sents dans les tableaux cherchent leurs racines dans les mythes
de l’Antiquité, dans les croyances populaires, mais aussi dans la Benozzo Gozzoli Bouquet
poésie et la littérature du Moyen Age et de la Renaissance. Les
plantes médicinales interrogent l’histoire de la botanique ou de Ridolfo Ghirlandajo Ancolie
la médecine pour expliquer leur présence dans les scènes reli-
Florence début 16 è siècle Violette
gieuses. En passant du jardin des Hespérides au jardin d’Eden,
la pomme devient chargée du poids du péché, qui rejaillira sur
toutes les Eve du Monde. Quant au jardin, il est l’espace privilé-
gié de bien des scènes depuis le « jardin bien clos » du Cantique
des Cantiques de la Bible ».
Le figuier reste l’autre arbre de la connaissance du jardin d’E-
den, car aucun texte hébraïque ne donne le pommier comme
étant l’arbre de la tentation.
L’étymologie vient au secours du pommier car le mal en latin,
malum, était étonnamment proche de malus, la pomme. Ainsi
en décida la tradition occidentale depuis le Vè siècle.

documents rassemblés par Michel GRAILLE.

Bulletin de la SBV - 32 - n°20 - octobre 2010


sont conscients du problème : j’ai découvert récemment, à ma grande
Libre propos (*) sur la pratique stupéfaction, que quelques botanistes « officiels » étaient détenteurs de
de la botanique sur le terrain « permis de récolter » en bonne et due forme, leur permettant d’en-
Christian Bernard ** freindre la loi d’interdiction de prélever. C’est vrai, comment détermi-
ner un Alchemilla, un Hieracium ou un Festuca… avec seulement des
Près de quarante années de participation à diverses et nombreuses Ses-
photos ? On me rétorquera qu’il est toujours possible de pratiquer une
sions Extraordinaires (Société Botanique de France, Société Botanique
botanique photographique fine si on a pris soin de faire plusieurs «
du Centre- Ouest…) me permettent aujourd’hui de constater et de vivre
macros » de matériel disséqué, bien étalé et avec des repères d’échel-
l’évolution de la pratique de la botanique lors des sorties sur le terrain.
le ; c’est contraignant, mais certains, peu nombreux, le font avec effi-
Ma première Session Extraordinaire - et c’est pour moi un souvenir
cacité. Oui, mais dans ce cas il est nécessaire aussi de prélever, voire
inoubliable - fut celle de la Société Botanique de France, à Font-
arracher, et ce matériel ne sera guère utilisable pour mise en herbier et
Romeu en juillet 1970, conduite magistralement dans les milieux supra
pour études ultérieures.
-forestiers par notre ami André Baudière.
Prélever n’est pas forcément un plaisir parce qu’il faut ensuite ranger
Débutant tout frais émoulu, je me trouvais parachuté, ainsi que quel-
ses récoltes en attendant leur identification finale avec un maximum de
ques autres débutants comme moi, au sein d’un groupe de botanistes
certitude, puis gérer et conserver l’herbier. Prélever intelligemment
généralement bien plus âgés que nous, mais au demeurant générale-
n’est pas forcément détruire puisqu’il est possible de récolter seule-
ment sympathiques et bien disposés à nous aider. Plusieurs de ces vé-
ment un fragment caractéristique, un éclat de touffe, sans détruire un
nérables congressistes arboraient un équipement à peu près conforme
individu. Je constate actuellement que ceux qui prélèvent lors des ses-
aux recommandations du Verlot (1879) dans « le Guide du botaniste
sions, le plus souvent avec parcimonie, - et j’en fais partie, je ne m’en
herborisant » (1).
cache pas - sont souvent désavoués ouvertement ou de façon plus lar-
Dans l’équipement type figuraient bien entendu la presse et la bonne
vée par certains ; les propos acerbes ou désobligeants fusent à l’occa-
vieille boîte de fer-blanc : la boîte à herborisation qui permettait d’en-
sion, et peuvent empoisonner l’ambiance d’un groupe sur le terrain ou
tasser les plantes récoltées dans l’ordre chronologique de leur prélève-
engendrer des mises à l’écart avec constitution de petits groupes dissi-
ment… Je fis donc l’acquisition chez Boubée à Paris d’une boîte, qui
dents qui mènent alors leur train un peu à l’écart. C’est fort dommage
fut un temps ma fidèle compagne de terrain à mes débuts, mais que
puisque ce qui conditionne précisément la bonne ambiance dans une
j’abandonnai quelques années plus tard, car passée de mode ! Aujourd-
session, c’est la cohésion du groupe mû par une même passion, celle
’hui, suspendue à un clou au fond de mon garage, couverte d’éraflures
des plantes, et sans arrière-pensée aucune sur la méthode d’approche
et de cabosses, elle me rappelle - non sans quelque nostalgie - mes
utilisée individuellement. Vous l’avez bien compris, mon propos n’est
premières courses folles et mémorables dans les canolles caussenardes
pas de condamner telle ou telle pratique. À chacun sa méthode dans la
ou dans quelques couloirs d’éboulis des Alpes ou des Pyrénées, en
recherche et le plaisir d’acquérir les connaissances ; toutes les métho-
compagnie de Gabriel Fabre, mon beau-père…
des sont dignes d’être pratiquées, et respectables dans la mesure où
La boîte à herboriser disparut donc définitivement de l’équipement des
elles ne portent pas atteinte à la survie des populations des plantes que
botanistes dans les années 80 et fut remplacée par des sacs, souvent en
nous aimons et que nous étudions. Mais tout botaniste digne de ce
plastique - modernité oblige -, dans lesquels étaient fourrées pêle-mêle
nom, c’est-à-dire respectueux de la biodiversité végétale, mérite aussi
les plantes prélevées.
le respect de ses confrères. Ne devrait-il pas adopter comme règle cette
L’appareil photo, peu répandu au début, se généralisa rapidement : le
phrase qu’écrivait fort justement notre regretté confrère André Terisse
botaniste de terrain continua à récolter du matériel vivant, pour identi-
(3) : « le naturaliste prend (et comprend) le monde tel qu’il est ».
fication et mise en herbier, mais se mit peu à peu à prendre aussi des
photos en « argentique », généralement peu nombreuses, sur la plante
in situ ou en vue plus rapprochée. Récemment, l’apparition puis la Bibliographie :
(1) Verlot, Bernard 1879 - Le Guide du Botaniste herborisant.
généralisation fulgurante du « numérique » a complètement modifié la
Paris.
pratique botanique de terrain. Le botaniste herborisant courant est de-
(2) Bernard, Christian 1992 - A propos d’« une certaine fréquenta-
venu « chasseur et coureur d’images » : sans aucune contrainte ou pres-
tion sur les sites à Orchidées du Sud-Aveyron ». L’Orchidophi-
que, chaque plante peut être photographiée de loin ou de près, sous
le, 101.
toutes ses coutures : c’est commode, c’est propre, à condition de ne pas
(3) Terisse, André, 1993 - Les droits de la plante : un peu d’huma-
trop se vautrer… dans l’herbe, c’est léger en maniement, c’est pratique,
nisme. Bull. Soc. Bot. Centre-Ouest, 24.
et c’est pas cher (à part l’équipement !).
* n’engageant que la responsabilité de l’auteur.
Pour l’identification des plantes photographiées, on fait appel à ceux
** C. B. : « La Bartassière », Pailhas, 12520 COMPEYRE.
qui connaissent, ou à défaut on cherche dans les iconographies-images
qui à présent ne manquent pas. Plus besoin de Flores classiques, de Article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur d’après
leurs dédales et des aléas des clés dichotomiques, du moins en principe Bulletin de la S.B.C.O. - Nouvelle Série - Tome 39 - 2008
pour de nombreux taxons. Il y a malheureusement les groupes difficiles
nécessitant l’étude de matériel concret, vivant ou séché… Allons-nous
donc vers une botanique exclusivement photographique, pouvant me- Note de lecture
ner à la plante pour la plante, et à laquelle on accède grâce à des coor- UN FOU ORDINAIRE - Edward ABBEY - Gadmeister – 2009.
données GPS ultra-précises et sans approche de connaissance du ter-
rain ou de l’habitat ? Suffira-t-il d’attendre qu’une voix, plus ou moins Edward ABBEY (1927-1929) est le plus célèbre des écrivains de l’Ouest Amé-
radiophonique, annonce : « vous êtes arrivés ! »… devant le taxon ricain. Il est aussi le pionnier d’une prise de conscience écologique aux Etats-
recherché ? Cette méthode préserverait-elle la plante ? Je ne le crois Unis. Ces récits publiés en 1968 racontent des randonnées effectuées dans les
pas. Combien de fois avons-nous pu constater que, pour photographier années 50, quelquefois seul, dans les déserts de l’ouest , du Nouveau Mexique à
l’Alaska, territoires immenses ou la nature est libre, avec une richesse de voca-
un taxon remarquable, l’espace alentour avait été complètement amé-
bulaire maîtrisée par le traducteur Jacques Mailhos .
nagé, étiqueté parfois ou saccagé, et que d’autres taxons, qui ne sont Cet auteur, dont les réflexions témoignent d’une grande culture a de plus une
pas moins respectables, avaient été détériorés irrémédiablement. En attitude scientifique. Il nomme ce qu’il voit, reliefs, minéraux, végétaux,
son temps, je me suis insurgé contre certaines de ces pratiques détesta- animaux, avec un détail caractéristique. C’est pourquoi je vous le ci-
bles, constatées sur des sites à Orchidées dans les Causses aveyronnais te .L’évocation poétique vient ensuite.
(2). Malgré cette tendance au « tout photo » qui semble devoir se géné- Mais il signale aussi les profonds bouleversements des sites, des équilibres
raliser, quelques « anciens » qui eux aussi ont adopté le « numérique », écologiques et sociaux provoqués par des exploitations, des aménagements
continuent également à prélever du matériel vivant, dans la mesure où grandioses, appliqués brutalement sans tenir compte de l’environnement.
il n’y a pas interdiction légale ou annoncée par les dirigeants de ses-
Ce livre est disponible à la médiathèque Jean-Louis Barrault - la Rocade -
sions qui connaissent bien la flore locale. Avignon.
Pour déterminer correctement bon nombre de taxons, l’examen d’é-
chantillons est indispensable et irremplaçable. Les hauts responsables Jean VIROLLEAUD

Bulletin de la SBV - 33 - n°20 - octobre 2010


Bibliographie (suite)
" Ombres chinoises "
Christian COGNEAUX - Bernard GAMBIER.
Plantes des haies champêtres.
Photos de Bernard Gambier
Ed. du Rouergue - 2009 -296 pages- 484 photos couleurs -
dessins au trait - 35 euros.
204 arbres, arbustes, arbrisseaux, lianes et plantes herbacées
sur l’ensemble du territoire sont décrits. Rôle des haies expli
cité, vocabulaire botanique et clés de détermination, fiche sur venues de l' Empire du Milieu, de cette Chine
chaque plante avec ses éléments caractéristiques illustrés font qui inquiète ou fascine …
tout l’intérêt de ce livre.
Pierre LIEUTAGHI Jin yan (tin yenne), l'hirondelle, à tire d'aile, s'en-
Badasson et Cie.
Tradition médicinale et autres usages des plantes en haute
vola, pour trois mois, vers l'immense et vaste Chine, pays
Provence. aux 56 ethnies dont 90%, de Han (ran) parlant
Ed. Actes Sud 2009 720 pages et 64 pages hors-texte 29 € "mandarin", pays aux multiples symboles, pays à la plus
Pierre LIEUTAGHI - Laurence CHABER- Claude LEMMEL. rapide évolution de tous les temps, pays à la flore obliga-
Des gens et des plantes en Haute-Provence. toirement très diversifiée sur une surface 17 fois comme
CDRom interactif de 440 écrans et herbier électronique de 550
photos. la France…, pays de la Paeonia lactiflora ébouriffée, des
Ed. Association EPI -04300 Mane.- 2009 - 20 euros. Chrysanthemum sp. aux nuances variées, du lotus, Nym-
Danielle MUSSET – Pierre LIEUTAGHI (sous la direction de). phaea, dressé , comme debout, sur l'eau des nombreux
Les plantes des femmes. lacs de Beijing (Pékin) et plus au sud, dans le Setchouan,
Actes du colloque du Musée de Salagon - 2006 les forêts de bambous, Phyllostachys…
Jardins et médiation des savoirs en ethnobotanique.
Actes du colloque du Musée de Salagon - 2007.
Coed. C'est-à-dire et Salagon, musée et jardins - 2009 – 2010
- 22 euros (+ 4 port).
Elizabeth et Jérôme JULIEN
Guide écologique des arbres.
Ed. Eyrolles - 2009 - 560 pages -35 euros.
Vincent BIOULES - Benoît GARRONE.
Eloge du Pic Saint-Loup.
Ed. Ecologistes de l’Euzière - 2009 - 160 pages couleurs -35 €
Chantal VAN HALUWYN - Juliette ASTA- Jean-Pierre GAVERIAUX.
Guide des lichens de France.
Ed. Belin - 2009 - 240 pages - 16,90 euros.
Traite des lichens des arbres.
Bernard BERTRAND.
L’herbier toxique - Codes secrets pour plantes utiles.
Ed. Plume de carotte - 2009 - 192 pages - 35 euros.
Plus de 70 plantes empoisonneuses…
Frédéric TOURNAY.
L’épopée des palmiers - histoire de leur acclimatation en
France.
Ed. Opera - 2009 - 208 pages - 25 euros.
30 espèces sont étudiées.
Rémy SOUCHE.
Orchidées de Genova à Barcelona.
Ed. auprès de l’auteur - 2009 - 224 pages - 27,50 euros à la
souscription.
160 taxons des Cinque Terre au delta de l’Ebre.
420 photos de l’auteur.
José Luis BENITO ALONSO.
Guia imprescindible de las flores del Parque Nacional de
Ordesa et Monte Perdido.
Ed. Jolube Consultoria Ambiental - 2009 - 96 pages - 24 €
150 espèces les plus caractéristiques et 250 photos couleur. Oui, quel enfant n'a pas cru (un petit peu?) aux paroles
Michel ARMAND, Frédéric GOURGUES, Roger MARCIAU,
de ses proches: "Creuse, creuse un trou profond et tu
arriveras, de l'autre côté de la terre, chez les chinois!!"
Jean-Charles VILLARET.
Atlas des plantes protégées de l’Isère et des plantes dont
la cueillette est réglementée. Oui, Dué, "Empire du Milieu": reflet d'une civilisa-
Réalisation Gentiana. tion orgueilleuse , nombril du monde? Peut-être simple
Ed. Biotope - 2008 - 320 pages - 40 euros état d'esprit venu des plus lointaines philosophies de la
Voie du Milieu , (chère également à notre Montaigne!),

Bulletin de la SBV - 34 - n°20 - octobre 2010


sagesse à reconnaître de ce milieu omniprésent confirmé Dué, les villes sont fleuries dans le respect d'une esthéti-
par les 5 points cardinaux où au milieu de l' est, de l'ouest, que des couleurs et des formes géométriques grâce aux
du sud et du nord prend sa place le -Milieu-! millions de pots en serres (sauges rouges et feuilles ver-
tes, chrysanthèmes variés, impatiens blanches, rosées,
Dué, souvenez-vous, la Chine n'a jamais dépassé ses rouges ) qui sortent pour orner, à toutes les fêtes, le devant
frontières alors que nous, français et anglais, nous som- des banques, des entreprises, des magasins, des universi-
mes entrés avec un esprit destructeur en Chine pour des tés … assemblage du plus bel effet! A 20 kms au large
approvisionnements de drogues et nous avons, même, dé- de Beijing, il n'est pas rare de croiser des volubilis, Ipo-
truit le Palais d'hiver, toujours en ruines !!! Alors, péril moea, qui virevoltent sur les troncs d'arbustes et un fier
jaune? Face au Tibet, allez-vous rétorquer! Le Tibet Canna rouge vif devant une pauvre masure des quartiers
fut ,depuis le XII ème siècle, partie prenante de la Chine non restaurés (sauf quelques uns pour touristes.!) ou non
afin de rester sous sa protection comme bien des provin- encore détruits pour créer une ville nouvelle , comme le
ces françaises avant que ne se soit constitué le pays fit Haussmann en son temps pour Paris!
appelé "France"…La longue marche de Mao et le com-
munisme ont , comme en U.R.S.S., ôté au Dalaï Lama sa
suprématie religieuse et politique en tant que théocratie…
où un million de moines se faisaient nourrir par un million
de tibétains pauvres soumis au Dieu vivant qu'était le Da-
laï Lama! Et qui, peut-être, vécurent cette entrée des
communistes comme une libération! Qui connaît vrai-
ment tous les paramètres pour détenir une vérité des
faits ?…

Dué, quelle joie de s'émerveiller et de s'interroger, au


récit des légendes, sur le long "Fleuve Jaune" (jaune de
la terre charriée), fleuve d'où émergea le Dragon Jaune qui
devint le premier Empereur, l'Empereur Jaune… cadeau
qui fit des dragons des êtres bénéfiques, et que l'on prie à
l'annonce de sécheresses! Dué, le désert de Gobi étend
ses dunes à 100 kms de la Capitale! Et tous les 12 ans, le
calendrier lunaire offre une année au "dragon"…où, vite,
chaque couple tente de faire naître un enfant qui recevra,
ainsi, toutes les chances d'une "bonne vie", de cette Dué, le long des autoroutes urbaines, des milliers de
"bonne vie" dont parlait Aristote, le philosophe grec. rosiers soulignent les deux sens et sur ses abords, se dres-
sent peupliers noirs-Populus nigra, pins sylvestres-Pinus
Dué, liens tissés et non rompus avec la Nature, la Terre, sylvestris et pins noirs-Pinus nigra, Ginkgo biloba, Ficus
pensée non binaire telle que l'exprime le yin - yang sur sp., bien protégés de l'hiver rude par de hautes toiles de
fond d'impermanence et d'un profond sentiment de jute ou des paillassons ou , parfois, des cordes enroulées
l'éphémère, les Chinois, malgré leur course à la Fortune, autour des troncs , vêtements qu'une armée d'employés
possèdent déjà d'immenses champs d'éoliennes et des mil- ôteront dès les premiers beaux jours… ainsi, les villes
lions de vélos et de motos électriques tout silencieux… respirent et s'embellissent!
Mais sauront-ils résister longtemps au serpent occi-
dental de la surconsommation en toujours plus? Dué, l'esthétique reste toujours un réel souci , même sur
les hauts ensembles, gratte-ciel de luxe où le marbre est
Dué, au cœur des mégapoles (Chongqing, 30 millions omniprésent, formes et volumes audacieux, sommets
d'habitants; Shanghai, 18 millions; Beijing, 16 millions) et surmontés de toits aux coins relevés comme les toits an-
dans le froid glacial de Pékin (Beijing) aux mois d'hiver à ciens des temples bouddhiques ou de la Cité Interdite…
moins 10 ou moins 20, jusqu'à mi-mars, qu'il est étrange Esthétique , y compris, dans la vie quotidienne comme le
de traverser lacs et rivières sur la glace des multiples lacs "fengshui" qui signifie littéralement "vent" et "pluie"
des grands parcs qui aèrent la capitale où des boucles mais qui commande l'exposition et la place des compo-
routières tissent des nœuds suspendus dans la ville, ce sants d'un habitat. La superstition aussi règne encore jus-
qui n'empêche nullement les embouteillages monstres!! qu'à acheter très cher une plaque minéralogique avec des
Et a fait fuir, en partie, les vélos! Et sur ces lacs, se dres- "8" (ba) tandis que le "4" (se) , homophone du mot "mort"
sent les fruits de nombreux lotus au bout de leurs tiges est à bannir .
prises dans la glace, des fruits coniques cloisonnés et co-
mestibles… Peut-être fut-ce à l'origine du procédé du Toujours la même universelle angoisse de la mort
cloisonné, à fil de cuivre ou d'or, des vases ou autres ob- inexorable! Et le désir profond d'y échapper à l'aide
jets d'art en métal? de tous les "gris-gris" possibles, non?

Bulletin de la SBV - 35 - n°20 - octobre 2010


Dué, dès le réveil du printemps, les Paeonia colorent de nos graminées minuscules, mais à la tige annelée qui
tous les parcs du blanc au rouge violacé sans oublier tou- s'élève à 3 ou 5 ou 10 mètres et aux gaines foliaires accro-
tes les nuances intermédiaires, les Gingko biloba nous chées aux tiges pour se décrocher et tomber à terre en lar-
offrent leurs "mille écus" , encore un peu trop verts pour ges gaines aplaties et vernissées , ce qui permet une calli-
évoquer les écus d'or de l'automne, les Chrysanthemum graphie aisée sur leur surface… Dué, ces bambous ont
s'épanouissent un peu partout…et à l'automne, "La Colli- très souvent constitué un fond aux peintures chinoises
ne parfumée" toute proche de Pékin, rougit sous les Rhus anciennes…Et dans cette province, l'hirondelle est allée
Cotinus ou Cotinus coccygria ou Arbre à perruques… de surprise en surprise florale et végétale sans pour autant
herboriser puisque ce n'était pas son but…mais la Chine ,
Dué, dans la campagne, sous les arbres fruitiers, la vé- sur son vaste territoire , peut ressentir tous les climats de
gétation herbacée est acceptée sous les branches des pê- la Mandchourie continentale au Setchouan tropical ,
chers, des pommiers contrairement à nos vergers si dés- au Yunnan , pays des brumes sur la "Rivière des Per-
herbés qu'ils en sont "empoisonnés"! De nombreuses les", en passant par l'Himalaya à flore des cimes et par
serres non loin de la capitale alimentent les habitants la Mongolie aux vastes plaines où courent les petits che-
d'une grande variété de légumes: concombres, choux chi- vaux vifs et racés, jusqu'au désert de Gobie et celui du
nois mais aussi brocolis, longs navets blancs, ignames, Takla Makan , le plus mortel des déserts! Et vous pou-
patates douces, coriandre, tomates et des quantités d'au- vez ainsi partir en herborisation sans jamais épuiser
tres inconnus en Occident. Il est loin (20ans) le temps de la diversité! De grands jardins botaniques, très bien en-
la faim presque quotidienne surtout lorsqu'un chinois se tretenus, vous aident à observer une part de cette diversi-
rappelle la dernière famine où moururent des millions té!
d'habitants urbains qui, parfois, devaient grignoter l'écorce
des arbres et ceci entre 1962 et 1965!! Il y a , à peine 20 Dué, notre philosophe Blaise Pascal a écrit : "Celui qui
ans, "bonjour" s'exprimait en ces mots, disparus à va à la rencontre de l'inconnu, élargit la sphère de ses
présent, : "Ni che fan ma?" (Avez-vous mangé?) connaissances" Mais faut-il aller loin? Non, pas né-
cessairement, car existent deux possibilités: l'une selon
Dué, au cours de promenades hors de la ville, sur jachè- une horizontale qui peut ne faire que survoler et une
res ou terrains plus ou moins humides, que de plumets autre selon une verticale qui approfondit… Tisser des
vous caressent : ce sont des bouquets de frêles plumets de liens entre les deux serait le summum de la connaissance
graminées diverses qui ploient sous la brise et animent le en tous domaines: le microcosme tissé , tricoté, relié au
paysage en un frémissement presque audible… macrocosme… pour une vision plus élargie et plus ap-
profondie.

Xiéxié ni. Tsaïtienne.

Odette MANDRON

Dué, envol vers Chengdu, la ville aux environs meur-


tris par le dernier tremblement de terre , où l'hirondelle
s'est lentement promenée sur la "route des poètes", qua-
tre cents mètres de pavage en marbre où sont gravés des
poèmes du X ième au XIX ième siècle puis au long de
500 mètres de pierres dressées, gravées également de
poèmes au rythme de la marche. Oui, cette ville d'une
province du centre, protégée des envahisseurs et donc des
guerres par sa situation géographique, fut le refuge de plu-
sieurs poètes comme Du fu et Li Bai.

Dué, quelle étrange joie d'errer dans cette province du


Setchouan, au cœur des forêts de bambous pour la faim
des pandas, ces boules de fourrure au vêtement bien des-
siné en noir et blanc!!!

Dué, ces Bambous (Phyllostachys) de la famille des


Graminées , étranges grandes graminées, si peu à l'image

Bulletin de la SBV - 36 - n°20 - octobre 2010

Das könnte Ihnen auch gefallen