Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Les arrêtés du 5 février 2003 agréant les accords relatifs aux conventions
du 1er janvier 2001 et du 1er janvier 2004 relatives à l’aide au retour à
l’emploi et à l’indemnisation du chômage sont-ils légaux, au vu des
articles R.322-13 et L. 352-2 du Code du travail et de l’article 1 de la loi du
17 juillet 2001 ?
L’annulation de ces arrêtés doit-elle être d’effet immédiat rétroactif, eu
égard aux conséquences que celle-ci peut entraîner ?
Le Conseil d’Etat déclare que les arrêtés du 5 février 2003 sont entachés
d’illégalité et les annule.
Il rappelle qu’en principe l’annulation d’un acte administratif implique que
cet acte est réputé n’être jamais intervenu, toutefois, le Conseil d’Etat
estime que s’il apparaît que cet effet rétroactif de l’annulation est de
nature à emporter des conséquences manifestement excessives en raison
tant des effets que cet acte a produits et des situations qui ont pu se
constituer lorsqu’il était en vigueur que de l’intérêt général pouvant
s’attacher à un maintien temporaire de ses effets, il appartient au juge
administratif d’apprécier, en rapprochant ces éléments, s’ils peuvent
justifier qu’il soit déroger à titre exceptionnel au principe de l’effet
rétroactif des annulations contentieuses et, dans l’affirmative, de prévoir
dans sa décision d’annulation que, sous réserve des actions contentieuses
engagées à la date de celle-ci contre les actes pris sur le fondement de
l’acte en cause, tout ou partie des effets de cet acte antérieurs à son
annulation devront être regardés comme définitifs ou même, le cas
échéant, que l’annulation ne prendra effet qu’à une date ultérieure qu’il
détermine.
Le juge est donc intervenu pour répondre à cette insécurité juridique née
de l’annulation d’un acte administratif.
Dans son considérant de principe, il rappelle tout d’abord que
« l’annulation d’un acte administratif implique en principe que cet acte est
réputé n’être jamais intervenu ». L’arrêt Association AC ! Et autres n’est
donc pas un revirement de jurisprudence ; le principe est toujours celui de
l’effet immédiat et rétroactif de l’annulation d’un acte. L’innovation du
juge administratif se situe dans l’exception qu’il admet à ce principe. Il
énonce ; « toutefois, s’il apparaît que cet effet rétroactif de l’annulation
est de nature à emporter des conséquences manifestement excessives en
raison tant des effets que cet acte a produits et des situations qui ont pu
se constituer lorsqu’il était en vigueur que de l’intérêt général pouvant
s’attacher à un maintien temporaire de ses effets, il appartient au juge
administratif d’apprécier, en rapprochant ces éléments, s’ils peuvent
justifier qu’il soit dérogé à titre exceptionnel au principe de l’effet
rétroactif des annulations contentieuses et, dans l’affirmative, de prévoir
dans sa décision d’annulation que, sous réserve des actions contentieuses
engagées à la date de celle-ci contre les actes pris sur le fondement de
l’acte en cause, tout ou partie des effets de cet acte antérieurs à son
annulation devront être regardés comme définitifs ou même, le cas
échéant, que l’annulation ne prendra effet qu’à une date ultérieure qu’il
détermine ».
Exceptionnellement, le juge administratif considère que lorsque les
conséquences de l’annulation d’un acte sont lourdes, quand elle
provoquerait une trop grande désorganisation, et un vide juridique, il peut
déroger au principe de l’effet immédiat et rétroactif de l’annulation. Le
juge administratif pose ainsi la possibilité pour lui de considérer que les
effets d’un acte administratif annulé peuvent être conservés en l’état, et
demeurer définitifs. Ainsi, si les effets et les situations que l’acte illégal a
produits sont bénéfiques, ou si leur disparition s’avère compliquée ou
entraîne la venue de nouveaux problèmes, ils peuvent rester en vigueur.
Le juge peut également agir sur l’effet immédiat de l’annulation : lorsqu’il
estime que c’est nécessaire, le juge administratif peut décider que
l’annulation ne prend effet qu’à partir d’une certaine date, qu’il détermine.
Pendant l’écoulement du délai entre la décision et sa mise en vigueur,
l’administration, les autorités publiques, peuvent prendre les mesures
nécessaires pour combler le vide juridique.
La sécurité juridique est ainsi garantie.
En l’espèce, le Conseil d’Etat, prenant en considération les graves
incertitudes pesant sur la situation des allocataires et des cotisants, ainsi
que les risques de profonde désorganisation du régime de l’assurance
chômage, a décidé de différencier les effets des annulations prononcées.
En ce qui concerne la convention du 1er janvier 2004, le Conseil d’Etat
décide que l’annulation des arrêtés ne sera effective « qu’à compter du 1er
juillet 2004 », ceci afin de permettre au ministre du travail de prendre les
dispositions nécessaires à la continuité du versement des allocations et du
recouvrement des cotisations. Quant aux arrêtés relatifs à la convention
du 1er janvier 2001, le Conseil d’Etat estime qu’une annulation rétroactive
de l’ensemble des dispositions des arrêtés attaqués aurait des
conséquences manifestement excessives (incertitudes quant à la situation
et aux droits des allocataires et cotisants, possibilité de demandes de
remboursement e cotisations et de prestations dont la généralisation
serait susceptible d’affecter profondément la continuité du régime
d’assurance chômage). C’est pourquoi il décide que les effets des
dispositions des arrêtés litigieux autres que celles déclarées illégales (qui
agréent l’accord d’application n°11 relatif à la convention du 1er janvier
2001) doivent être regardés comme définitifs.
L’effet rétroactif de l’annulation est donc partiel : il ne joue uniquement
pour les dispositions illégales.