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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 23-065-K-10

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Ciments verres ionomères


et matériaux hybrides
JJ Lasfargues R é s u m é. – Les ciments verres ionomères (CVI) ou ciments polyalkénoates sont des
E Bonte ciments dont le mode de prise est une réaction acide-base dans laquelle les particules de
M Goldberg verre aluminosilicique hautement fluorées interagissent avec l’acide polyalkénoïque. Ces
P Jonas matériaux se caractérisent par une libération continue de fluor, une faible cytotoxicité in vivo,
H Tassery et une adhérence spontanée à l’émail et à la dentine qui fait intervenir une couche
interfaciale d’échange ionique entre le matériau et son substrat. Le problème majeur de la
balance hydrique, qui affecte négativement les propriétés optiques et mécaniques des verres
ionomères conventionnels, limite leurs indications aux restaurations à visée temporaire.
L’addition de petites quantités de résine à ces ciments a permis de développer un nouveau
groupe de matériaux de restauration, les ciments verres ionomères hybrides dont le mode de
prise est une photoactivation lumineuse, mais sans altération substantielle de la réaction
acide-base. De ce fait, ces matériaux conservent les atouts des CVI conventionnels, une
libération de fluor équivalente, une excellente tolérance dentinopulpaire, parodontale et
buccale, et ont des qualités supplémentaires, une adhérence et une étanchéité majorées, et
une moindre sensibilité hydrique limitant les échecs cliniques. Malgré des propriétés
mécaniques intéressantes, ces matériaux ne sont pas recommandés pour les restaurations
supportant l’occlusion. Les composites modifiés par polyacides ou compomères se
rapprochent des résines composites par la photopolymérisation, le mode d’adhérence
impliquant un système adhésif monocomposant. Ne disposant pas du potentiel cariostatique
des verres ionomères et demeurant esthétiquement et mécaniquement inférieurs aux
composites, les compomères ont un intérêt clinique restreint en tant que matériaux de
restauration des dents permanentes.

Introduction sur les structures dentaires, l’organe pulpodentinaire en particulier, sur les
tissus péridentaires parodontaux et buccaux, ainsi que sur la santé générale.
La fin de ce siècle aura été marquée par un formidable développement des Si, pour l’essentiel, les matériaux actuels sont sans danger pour l’organisme
matériaux de restauration dentaire. L’évolution est impressionnante, depuis et permettent une réparation esthétique et fonctionnelle immédiate des pertes
l’ère de GV Black, marquée par le quasi-monopole des alliages métalliques, de substance dentaire dues à la carie et aux traumas, en revanche la durabilité
d’or et d’amalgame, jusqu’aux années 1990 caractérisées par l’essor des et la prévention des récidives demeurent les deux points les plus
techniques adhésives et le foisonnement de matériaux esthétiques, dont les problématiques du cahier des charges.
trois principales familles génériques sont les céramiques, les résines C’est pourquoi les recherches actuelles sont principalement orientées vers la
composites et les ciments verres ionomères. mise au point de matériaux adhésifs et bioactifs, dont la fonction ne serait plus
Cette évolution des matériaux est le résultat d’une prise de conscience uniquement de combler les pertes de substance, mais aussi de permettre la
progressive et collective des cliniciens, des chercheurs et des industriels du pérennité de l’unité fonctionnelle dent-restauration : d’une part en
monde dentaire, de la nécessité de répondre à l’attente et aux besoins réels augmentant la résistance de la dent aux agressions bactériennes,
des patients d’aujourd’hui. physicochimiques et mécaniques, et d’autre part en diminuant l’agressivité
Ainsi, si à l’origine le cahier des charges des matériaux était essentiellement de l’écosystème environnant.
fonctionnel, aujourd’hui il comporte plusieurs items, d’égale valeur : le De ce point de vue, et à l’inverse des résines composites ou de la céramique
matériau doit permettre de restaurer durablement la forme et la fonction de la qui sont des matériaux inertes, les ciments verres ionomères, inventés au
dent lésée, ainsi que l’esthétique, il doit favoriser la prévention des lésions début des années 1970 par Wilson, peuvent être considérés comme les
récurrentes infectieuses et mécaniques et ne pas engendrer d’effets adverses premiers matériaux de restauration bioactifs mis à la disposition des
chirurgiens-dentistes.
Le groupe des ciments verres ionomères est un groupe extrêmement
mouvant [124, 125] ; il perd régulièrement des représentants tombés en
Jean-Jacques Lasfargues : Professeur des Universités. désuétude, par modification des formulations ou par manque de perspectives
Eric Bonte : Maître de conférence des Universités. cliniques, pour s’enrichir de nouveaux produits parfois difficiles à classer et
Michel Goldberg : Professeur des Universités. dont les indications cliniques de départ sont mal précisées. Il s’agit là d’une
Département d’odontologie conservatrice-endodontie, faculté de chirurgie dentaire, université difficulté pour présenter ce groupe de matériaux, et le chapitre proposé ci-
Paris V, 1, rue Maurice-Arnoux, 92120 Montrouge, France.
Pierre Jonas : Praticien, 78350 Jouy-en-Josas France.
après, malgré nos objectifs de rationalisation, aura vraisemblablement, dès sa
Hervé Tassery : Assistant des Universités, faculté de chirurgie dentaire, 27, boulevard parution, un caractère daté.
Jean-Moulin, 13385 Marseille cedex 5, France. En 1998, dans la famille des ciments verres ionomères, dont la dénomination
© Elsevier, Paris

scientifique est ciment polyalkénoate [152], sont regroupées trois catégories


Toute référence à cet article doit porter la mention : Lasfargues JJ, Bonte E, Goldberg M, principales de matériaux :
Jonas P et Tassery H. Ciments verres ionomères et matériaux hybrides. Encycl Méd Chir
(Elsevier, Paris), Odontologie, 23-065-K-10, 1998, 18 p.
– les géniteurs, les ciments polyalkénoates conventionnels communément
désignés comme ciments verres ionomères conventionnels, ou CVI ;
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– les descendants directs, les ciments polyalkénoates modifiés par adjonction technique laminée CVI-composite aujourd’hui popularisée sous le terme de
de résine (monomères et agent de photopolymérisation), répondant aux technique sandwich, dans laquelle le CVI joue le rôle de substitut dentinaire
termes usuels de ciments verres ionomères hybrides (ou photopo- et le composite celui de substitut amélaire [85].
lymérisables), ou CVIH ; Un pas supplémentaire fut accompli en 1988, en exploitant la chimie de
– les apparentés, qui font partie d’un groupe aux contours flous, les l’hydroxyéthylméthacrylate (HEMA) pour créer un matériau hybride
composites modifiés. Dans le cadre de cet article, nous n’évoquerons que les CVI/composite, avec, comme attrait principal par rapport au CVI
composites modifiés par polyacides, mis sur le marché sous la dénomination conventionnel, une mise en œuvre facilitée par la maîtrise de l’initiation
de compomères. lumineuse [3]. Grâce aux résultats de recherche de Mitra [89], les premiers
verres ionomères bénéficiant de la chimie des résines et de l’apport de la
photopolymérisation, sont commercialisés (Vitrabondt). Ces matériaux
Historique contiennent les composants essentiels des CVI conventionnels et des résines
composites [20, 28, 157]. L’amélioration de leur manipulation, un pouvoir
L’apparition des CVI est le résultat d’une longue expérimentation réalisée à cariostatique identique, des propriétés mécaniques accrues ont
partir des ciments silicates pour en améliorer les propriétés et les applications. considérablement élargi le champ d’application de ces ciments qui ont
Les ciments silicates sont des matériaux très anciens, dus à Flechter (1873) et tendance à supplanter progressivement les CVI conventionnels. Cependant,
Steenbock (1904) remis sur le devant de la scène par Schenbeck en 1968 par la résistance mécanique des CVI modifiés, très inférieure à celle des
incorporation de fluor. C’est au début des années 1960, à la suite d’une composites, représente une barrière infranchissable pour étendre les
réunion internationale au cours de laquelle Smith pose déjà les concepts de ce indications cliniques des CVIH aux restaurations soumises aux contraintes
qui deviendra la dentisterie adhésive, que le gouvernement britannique charge occlusales. Cette limite conduit en 1995 les industriels à imaginer un nouveau
trois chercheurs, Wilson, Kent et Mac Lean de développer des ciments ayant produit hybride entre le composite et le CVI, mais cette fois-ci à partir du
les avantages des silicates (adhésion et fluor), mais non leurs inconvénients composite modifié par polyacides, soit le compomère. Les praticiens, soumis
(solubilité, risques de nécroses pulpaires). Dès 1964, Wilson et Kent étudient à une forte pression publicitaire en faveur des compomères, furent très attirés
la cinétique de la réaction de prise des ciments silicates [152]. Le concept de la par ce nouveau matériau, essentiellement du fait de sa simplicité de
formation d’un gel de silicate au cours de la réaction de prise présidant au manipulation, à un moment ou l’utilisation des composites atteignait un
durcissement des ciments silicates était acquis [120]. En revanche, le rôle de sommet de complexité du fait de la sophistication extrême des systèmes
l’acide était mal établi. On s’orienta vers l’emploi d’acide plus faible que adhésifs de quatrième génération indispensables à l’utilisation du composite.
l’acide phosphorique, notamment l’acide tartrique ou pyruvique, à des
La recherche sur les compomères se poursuit activement en cette fin de siècle.
concentrations de 35 à 50 %. Après maints essais, la solution d’acide
Mais ce groupe de matériaux, dont la formulation est certainement
polyacrylique à 25 % donna des résultats prometteurs concernant
améliorable, a des indications encore mal définies, et doit faire ses preuves
l’hydrophilie du matériau malgré des problèmes non résolus concernant le
pour être définitivement validé.
temps de prise et le temps de travail [151]. Et en 1968, Wilson et Kent parvinrent
à une nouvelle formulation de la poudre de verre composée de silice,
d’alumine, de calcium, de fluorine, de cryolite et de phosphate d’aluminium,
au sein de laquelle le rapport alumine/silice permettait de mieux contrôler la
Terminologie et classification (tableaux II, III)
réactivité du ciment et sa prise. Sur la base des travaux de Smith [122], Wilson
et son équipe optèrent finalement pour une solution d’acide polyacrylique à La multiplicité des indications cliniques, la grande variété des produits, dont
40-50 % avec un ratio alumine/silice de 0,57. Sous l’impulsion de Wilson et certains ont plusieurs usages, ont considérablement entretenu la confusion
Kent, dès 1970, le premier CVI est commercialisé par la société De Trey sous dans la classification des CVI qui a été abordée de plusieurs façons.
le nom de Aspat ou alumino-silicate-polyacrylic-acid, afin de le distinguer
des ciments silicates classiques encore largement utilisés à l’époque [154]. La Classification selon l’usage du ciment [87]
saga des CVI pouvait débuter, elle se poursuit de nos jours (tableau I) (fig 1).
Les premiers essais cliniques ont été menés par Mac Lean, malgré les défauts Classe I (ou type I) : ciments de scellement prothétique.
de ces premiers ciments, soit un pH de prise acide, un temps de prise trop long
Classe II (ou type II) : biomatériau d’obturation d’aspect esthétique (type IIa)
et une forte hydrophilie. Une nouvelle formulation est rapidement proposée,
ou obturation d’aspect métallique (type IIb).
par adjonction d’acide tartrique à la solution acide et modification de la
poudre de verre, dénommée G200. Ce nouveau CVI commercialisé sous le Classe III (ou type III) : matériaux intermédiaires (liners/bases) indiqués
nom de Aspa IIt permit des résultats cliniques encourageants, en particulier comme ciment isolant de fine épaisseur (< 0,5 mm) sous les restaurations, soit
pour le scellement des puits et fissures [85]. D’emblée, ce matériau présentait à prise classique (type IIIa), soit polymérisant à la lumière (type IIIb), et les
les deux principaux avantages des CVI : une adhésion spontanée aux tissus ciments dits de substitution dentinaire ou de reconstitution interne (type IIIc).
minéralisés dentaires et une libération de fluorures. Par la suite, d’autres Classe IV (ou type IV) : ciment de scellement pour sillons, puits et fissures
améliorations de formulation permirent de multiplier les indications (sealants).
cliniques : ciments de scellement, ciment d’obturation, ciments inter-
médiaires (fonds de cavité et bases).
Classification selon la réaction de prise [156]
Dans le domaine de la restauration, malgré leurs atouts majeurs - adhésion
chimique et libération de fluor - les CVI, très insuffisants sur les plans Lors du deuxième symposium international sur les verres ionomères
mécanique et esthétique, restèrent très longtemps en retrait des composites. (Philadelphie, 1994), Mac Lean, Nicholson et Wilson ont proposé la
Cependant, l’idée de combiner les avantages respectifs des deux matériaux définition suivante : un CVI est un ciment composé de verres basiques et d’un
avait déjà germé, sous la forme d’une proposition clinique innovante, la polymère acide. La réaction de prise entre les composants s’effectue selon une
Tableau I. – Les ciments verres ionomères sont issus de la combinaison d’une réaction acide-base.
poudre fluorée d’alumine et de silice et d’acide polyacrylique, d’où la dénomination Cette définition est à la base de la classification par mode de réaction. Elle
initiale Aspa. permet d’intégrer les CVI modifiés et les composites modifiés :
Poudre – mode I : réaction acide/base ;
Acide phosphorique Acide polyacrylique
Liquide – mode II : réaction acide/base doublée d’une polymérisation chimique et/ou
ZnO Ciments oxyphosphates Ciments polycarboxylates par irradiation d’une matrice résineuse ;
Verres fluorés alumino- Ciments polyalkénoates ou
– mode III : polymérisation chimique ou par irradiation d’une matrice
Ciments silicates résineuse avec réaction acide/base secondaire.
silicique verres ionomères

Tableau II. – Classification des ciments verres ionomères selon l’utilisation clinique.
Classification Usage clinique
Type I Ciments de scellement

Type IIa Obturations esthétiques

Type IIb Obturations d’aspect métallique

Type IIIa Liner/base à prise classique ou polymérisant à la lumière

1 AspaT, premier ciment verre Type IIIb Produits de reconstitution interne


ionomère de restauration.
Type IV Ciments de scellement pour puits et fissures

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Tableau III. – Classification internationale officielle des ciments verres ionomères


(CVI). Composition :

Réaction CVI CVIH Compomères Composites


Familles Composition de base de durcissement
100 %
CVI ou ionomères de verre un verre réactif acide-base uniquement réaction
à réaction de durcissement un polymère acide sans réaction de photo- acide-base
conventionnel de l’eau polymérisation

CVIH ou ionomères de un verre réactif acide-base + réaction de


verre modifiés par une un polymère acide modifié polymérisation chimique
résine de synthèse ou non et/ou par irradiation
de l’eau (la photopolymérisation 100 %
des monomères n’intervient pas pour toutes réaction
et initiateurs les formulations) vinylique
Compomères ou un verre réactif photopolymérisation
composites modifiés par un monomère acide la réaction acide-base est
polyacides des initiateurs et autres présente, mais se mani-
monomères feste très lentement, Propriétés physicochimiques :
secondairement à la prise
et ne contribue pas à la + Adhérence chimique -
structure du ciment
- Adhérence mécanique +
Autres compomères résine de synthèse photopolymérisation
ou autres composites renforcée d’un verre réactif - Contraction de prise +
modifiés libérant du fluor + Expansion hydrique -
+ Comportement élastique -
Classification internationale [34] - Résistance à l'usure +
- Résistance mécanique +
Il s’agit de la terminologie et de la classification internationales proposées lors
de la First European Union Conference on Glass-ionomer (Coventry, 14-16 + Libération de fluorure -
mai 1996) [34]. - Esthétique +
Quatre familles de matériaux sont décrites.
– Famille I : les CVI conventionnels (ou ionomères de verre ou ionomères
de verre à réaction de durcissement conventionnel). 2 Continuum verres ionomères-résines composites.
Pôle CVI : prédominance de la réaction acide-base.
Les caractéristiques de cette famille sont : Pôle composite : prédominance de la polymérisation vinylique des acrylates.
— composition de base : un verre réactif, un polymère acide, de l’eau ; Un matériau proche du pôle CVI présentera : une moindre rétraction lors du durcissement,
une réserve de fluor mobilisable importante et une adhérence spontanée sans interposition
— réaction de durcissement : réaction acide-base uniquement, sans réaction d’adhésif dentinaire.
de photopolymérisation. Un matériau proche du pôle composite présentera : une rétraction lors de la polymérisation,
une réserve de fluor mobilisable moins importante, une adhérence nécessitant un traitement
– Famille II : les CIVH (ou ionomères de verre de résine de synthèse). de surface et l’interposition d’adhésif dentinaire.
Les caractéristiques de cette famille sont :
— composition de base : un verre réactif, un polymère acide modifié ou non,
de l’eau, des monomères et initiateurs ; Par rapport aux autres matériaux de restauration esthétique, les CVI
— réaction de durcissement : réaction acide-base + réaction de conventionnels présentent deux avantages essentiels : une adhésion
polymérisation chimique et/ou par illumination (la photopolymérisation intrinsèque aux tissus dentaires et la faculté de libérer des ions fluorés à long
n’intervient pas pour toutes les formulations). terme, ce qui leur confère un certain potentiel cariostatique. Ils sont par
– Famille III : les compomères ou composites modifiés par polyacides. ailleurs biocompatibles. Leurs propriétés physiques et leur potentiel
esthétique sont inférieurs à ceux des résines composites, du fait d’une faible
Les caractéristiques de cette famille sont : aptitude au polissage.
— composition de base : un verre réactif, un monomère acide, des initiateurs
et autres monomères ;
— réaction de durcissement : photopolymérisation. Composition et réaction de prise
La réaction acide-base est présente, mais se manifeste très lentement,
secondairement à la prise et ne contribue pas à la structure du ciment. Composition de la poudre
– Famille IV : les autres composites modifiés. C’est un fluoroaluminosilicate de verre constitué d’alumine (Al2O3), de
Les caractéristiques de cette famille sont : silice (SiO2) et de fluorite (CaF2). Les deux principaux verres sont le SiO2-
— composition de base : résine de synthèse renforcée d’un verre réactif Al2O3-CaO et le SiO2-Al2O-CaF2, dont dérivent tous les autres verres [68].
libérant du fluor ; Le rapport alumine/silice est de l’ordre 1/1,7 avec une teneur en fluorures
pouvant aller jusqu’à 23 % [123]. Wilson et Kent utilisèrent à l’origine un
— réaction de prise : photopolymérisation. verre qui contenait en plus du phosphate d’aluminium et un
Dans cette nouvelle classification, on retrouve pour chaque famille, pour tout aluminofluorure de sodium [154].
ou partie, les quatre types de CVI proposés par Mac Lean en 1991. En fait, il
existe désormais un continuum de matériau (fig 2) entre deux pôles opposés : Ces composants de base sont frittés à 1 100-1 500 °C afin d’obtenir une pâte
les CVI où prédomine la réaction acide-base et les composites où prédomine de verre fluoroaluminosilicate durcissant après refroidissement à l’eau. Ce
la polymérisation vinylique des acrylates [47, 61]. Un matériau proche du pôle verre est ensuite moulu en fine poudre dont la granulométrie varie en fonction
CVI présentera une moindre rétraction lors du durcissement, une réserve de de l’utilisation clinique recherchée :
fluor mobilisable importante et une adhérence spontanée sans interposition – particules allant jusqu’à 50 µm pour les matériaux de restauration ;
d’adhésif dentinaire. Un matériau proche du pôle composite présentera une – particules plus fines d’environ 15 µm pour les ciments de scellement.
rétraction lors de la polymérisation, une réserve de fluor mobilisable moins
importante et une adhérence nécessitant un traitement de surface et Le verre ainsi obtenu a une structure amorphe avec une médiocre translucidité
l’interposition d’adhésif dentinaire. et requiert l’adjonction d’autres composants pour permettre son usage
clinique. Le fluor, dans le cadre du thermocyclage, diminue sensiblement le
point de fusion de la pâte de verre.
Ciments verres ionomères conventionnels Les propriétés du ciment formé sont déterminées par le rapport SiO2/Al2O3
qui représente la balance acide/base de ces verres. Le ciment se forme à partir
d’un rapport inférieur à 3. Le meilleur rapport est voisin de 2, la vitesse de
Définition prise augmentant lorsque le rapport diminue en deçà de 2.
Un ciment polyalkénoate ou CVI est un ciment obtenu par le mélange Dans le but d’abaisser l’hydrophilie de ces ciments, les particules de verre
poudre/liquide en milieu aqueux d’un verre réactif (base) et d’un polymère sont traitées à l’acide chlorhydrique afin de diminuer la teneur en calcium de
acide (acide), et dont le mécanisme de prise ou durcissement, est une réaction la couche externe sur une épaisseur de 10 à 100 µm. Ce traitement augmente
acide-base(fig 3, 4). le temps de travail [123].

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3 Microstructure de base des CVI conven-
tionnels. 1. Particule de verre ; 2. matrice poly-
3 alkénoate ; 3. couche de gel de silice.
4 Microstructure d’un CVI conventionnel
(microscope électronique à balayage [MEB ×
2 000]) : observer la variabilité des charges de
3 4 silicate.

Acide polyalkénoïque

Ions H+ Polyanions

Sel de polyalkénoate
Noyau
de calcium et d'aluminium
de verre
Ions fluorure, sodium, + gel de silice
aluminium, calcium

6 Schématisation de la réaction de prise des CVI conventionnels.

chargés négativement. Dans un premier temps, les ions calcium se


complexent avec les groupes R-COO- de l’acide organique pour former un
5 Microstructure d’un CVI conventionnel avec adjonction de particules d’argent (Ketac gel soluble. Secondairement, les autres cations, par fixation directe ou par
SilverT) (MEB × 2 000). compétition avec les ions Ca2+ déjà fixés, complètent la formation de cette
matrice qui devient insoluble (fig 6). Les particules de verres restantes
La transparence, ou opalescence, de ces verres varie en fonction de la teneur forment l’assise mécanique du gel insoluble.
en cristalline (alumine ou fluorine) tandis que la radio-opacité est majorée par
l’adjonction de baryum, de strontium ou de lanthane [115]. La teinte est obtenue La réaction de prise entraîne une contraction de l’ordre de 2 %, à l’origine de
par l’adjonction de pigments ou oxydes métalliques. contraintes internes pouvant générer des microfissures. En début de prise,
Dans le cas particulier des verres cermets (type IIb), la poudre est obtenue par l’adhérence du matériau aux parois dentinaires est supérieure aux contraintes
frittage de particules de verre et de particules d’argent ou de titane. Cette internes, ce qui augmente les risques de craquelures. Le phénomène est en
incorporation de particules métalliques (fig 5) est sensée augmenter la partie compensé par une absorption d’eau d’origine dentinopulpaire, ce qui
résistance mécanique du ionomère de verre [82]. Bien qu’étayée par des secondairement « gonfle » le matériau. Cette expansion hygroscopique peut
résultats positifs in vitro, cette amélioration mécanique n’a pu être confirmée s’apparenter à un mécanisme d’autoréparation [32].
dans l’utilisation clinique de ces verres cermets. La cinétique de prise et la maturation secondaire du matériau se déroulent par
étapes :
Composition du liquide
– attaque et dissolution du verre par les protons H+ avec libération des cations
Le liquide est un polyélectrolyte acide de type polyalkénoïque. Ce polyacide Ca2+, AL3+, Na+ et des anions F- ;
est essentiellement composé d’acides organiques, homopolymères ou
copolymères d’acides non saturés mono-, di-, tricarboxyliques, dont les – migration des ions et formation d’un gel soluble de polyalkénoate de
principaux représentants sont les acides acrylique et itaconique. Il existe un calcium ;
grand nombre d’homo- et copolymères des acides acrylique, maléique ou – compétition et précipitation avec les autres ions métalliques pour former,
itaconique et différentes configurations : forme ionisée en solution aqueuse avec le gel de silice, une structure insoluble ;
ou forme déshydratée incorporée à la poudre, le liquide de mélange étant alors – déplacement interne d’ions dans le gel et absorption d’eau, conduisant à la
de l’eau. La concentration en acide polyalkénoïque est de l’ordre de 40 à
persistance d’une configuration lacunaire compensant la rétraction de prise.
50 %. Elle est responsable de la gélification du système ionomère : l’acide
polyacrylique possède une succession de groupes COOH (sous forme La présence des fluorures, libérés lors de l’attaque des particules de verre,
ionisée : COO-) qui sont les sites réactifs de la réaction de prise. réduit la formation des polyalkénoates d’aluminium et des fluorites, ce qui
La résistance mécanique du CVI (rupture, solidité, érosion, cisaillement) et augmente le temps de travail, tout comme l’addition d’acide tartrique, et offre
sa viscosité augmentent avec la masse moléculaire de l’acide, aux dépens de l’avantage de ne pas diminuer la translucidité du matériau.
l’aptitude au mélange et au malaxage [26] . Les formes lyophilisées ont Le ciment durci forme un système composite très complexe liant les particules
l’avantage de mélanger la poudre et l’acide avec de l’eau dont la faible de verre partiellement dégradées à l’hydrogel polyacrylique de silice. La
viscosité permet de majorer la masse moléculaire de l’acide jusqu’à cohésion de l’ensemble est modeste et fonction des liaisons croisées ioniques,
75 000 [34]. Des acides polyalkénoïques tels que des acides maléique et des ponts « hydrogènes », et de l’enchevêtrement des chaînes moléculaires
3-butène-1, 2, 3-tricarboxylique (formation de copolymères) sont rajoutés (fig 7).
pour majorer la réactivité du produit et améliorer l’aptitude au mélange [123].
Un autre acide, l’acide tartrique (10 %) est souvent rajouté pour augmenter le
temps de travail et diminuer le temps de prise. L’élution des ions métalliques Propriétés (tableau IV)
et la formation des complexes sont facilitées tandis que l’ionisation des
chaînes polyalkénoïques est inhibée [34]. Propriétés mécaniques
Réaction de prise Les études disponibles mettent en évidence une grande dispersion des
Le principe est une réaction acide/base. Les protons H+ libérés de l’acide données en fonction de la nature et du stade de maturation des
organique attaquent la surface des particules d’aluminofluorosilicates de matériaux [16, 17]. Les propriétés dépendent de la composition chimique, de la
verre libérant des cations Ca, Al, Si chargés positivement et des anions F microstructure du verre, du polyacide (nature, composition, poids

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Chaîne Absorption Perte hydrique


moléculaire hydrique (24 heures) (6 mois)
Al 3+
H2O
Ca 2+
Ciments verres
F- ionomères H2O
conventionnels

H2O
7 Formation des chaînes moléculaires lors de la réaction acide-base.
Ciments verres
ionomères H2 O
Tableau IV. – Propriétés physiques comparées des CVI conventionnels, des CVIH
et des compomères (valeurs moyennes indicatives). hybrides

Propriétés physiques CVI CVIH Compomères B


et chimiques conventionnels
Résistance à la 100-150 100-200 250-350
compression (MPa)
8 Balance hydrique : les CVI conventionnels sont hautement sensibles à l’hydratation
Résistance à la traction 15-17 20-40 35-40 initiale et à la déshydratation, qui favorisent les craquelures, alors que les CVIH sont peu
(MPa) concernés par ce problème (d’après [96]).

Résistance à la flexion 20-30 30-60 90-125


(MPa)

Résistance à la tension - 40 50-70


diamétrale (MPa)

Module d’élasticité (MPa) 20 000 16 000 7 000-9 000

Contraction volumétrique 3 3 2,5


(%)

Absorption d’eau (mg/cm3) - - 6,5 (24 heures)

Résistance à l’usure en - 40 à 100 20 à 35


volume perdu (µm)

Dureté Vickers (MPa) 1 100 980 650

Limite de fatigue en flexion - 5 320 6 720


(MPa)

Radio opacité (%) 60-70 60-70 41

Libération de fluor (µg/g) 700 420 250-450

Rugosité de surface après 0,29 0,35 0,2


polissage (µm) 9 Craquelures liées à la déshydratation du CVI.

Diamètre des charges (µm) 12,5 1,8-5 0,8-2


et à la compression. Si cet inconvénient peut être acceptable lorsque le
Adhérence à l’émail en MPa 4-5 5-12* 8-17* matériau est utilisé comme ciment intermédiaire (liner/base), ou en matériau
(* conditionneur)
d’obturation temporaire, il devient inacceptable lorsqu’il s’agit de réaliser des
Adhérence à la dentine MPa 4-5 3-8* 8-17* restaurations fonctionnelles définitives, ce qui explique l’abandon progressif
(* conditionneur) des CVI traditionnels dans ce type d’indication au profit des matériaux plus
Coefficient d’expansion 4,9 13,4 12-40 résistants.
thermique (ppm/oC)
Adhérence à l’émail et à la dentine
moléculaire), du rapport poudre-liquide. Elles sont affectées aussi par la Du fait de leur structure polyélectrolyte, les CVI adhèrent spontanément aux
balance hydrique (fig 8), lors de la mise en place du ciment jusqu’à sa phases organiques [3] et minérales [156] de l’émail et de la dentine (fig 10). La
maturation, et évoluent selon le vieillissement de la restauration. liaison avec les tissus dentaires est essentiellement de nature chimique plutôt
Le problème de la balance hydrique des CVI est particulièrement important que micromécanique [156] et met en jeu des liaisons ioniques et hydrogènes [3].
lors de la réaction de prise initiale du ciment : une exposition prononcée à l’air L’adhérence implique une liaison avec l’apatite, de ce fait elle est plus
engendrera une contraction du matériau et des craquelures (fig 9), tandis importante avec l’émail qu’avec la dentine. Le processus est un échange
qu’une contamination précoce à l’eau exercera un effet érosif conduisant à la dynamique d’ions phosphate et calcium entre le polyacrylate et
détérioration des propriétés physiques et mécaniques. Pour prévenir ces effets l’hydroxyapatite de l’émail ou de la dentine. Il en résulte une interface
adverses susceptibles d’affecter le CVI pendant sa maturation, il convient de particulière sous forme d’une couche intermédiaire d’échange ionique. La
protéger sa surface par un vernis ou une résine photopolymérisable et de configuration moléculaire du polyacide contrôle l’adhésion plus ou moins
différer le polissage de 48 heures [16, 157, 158]. prononcée. La force d’adhérence à l’interface ciment-substrat est en général
La résistance à la compression est de l’ordre de 150 MPa, à la traction après plus élevée que la force cohésive du ciment, on observera donc en cas de
24 heures d’environ 12-15 MPa, à la flexion après 24 heures de tensions excessives des fractures du matériau plutôt que des décollements.
30 MPa [114, 123]. Certains CVI récents, dits condensables (Fuji IX GPt, Hy- Selon les matériaux, les valeurs d’adhérence varient de 2,6 à 9,6 MPa pour
denset) dont le rapport poudre/liquide a été augmenté (3,6 g/1 g, pour Fuji l’émail et de 1,1 à 4,5 MPa pour la dentine, taillée mais non traitée [156]. La
IXt) peuvent atteindre des valeurs plus élevées de résistance à la majorité des auteurs recommandent d’appliquer de l’acide polyacrylique à
compression, jusqu’à 250 MPa après 1 mois. Mais globalement, les propriétés 25 % ou à 10 % durant 15 secondes sur la dentine afin de majorer l’adhésion
mécaniques des CVI sont nettement inférieures à celles des amalgames et des et la pérennité des obturations [48, 96, 147]. Ce prétraitement acide réduit
composites, ce qui influera sur leurs indications cliniques. La structure l’énergie de surface et augmente la mouillabilité majorant le contact
poreuse des CVI, qui présente des discontinuités et des différences de dureté interfacial et permet des valeurs d’adhérence moyennes à la dentine de l’ordre
importantes entre la charge et la matrice, est responsable du fort potentiel de de 5 ± 2 MPa. Bien que son effet soit discuté [110], ce conditionnement
dégradation de ces matériaux, en particulier lorsqu’ils sont soumis aux dentinaire est recommandé et ne nécessite pas l’interposition ultérieure d’un
contraintes occlusales et aux processus érosifs [25, 27]. Ainsi, l’inconvénient primaire et/ou d’un adhésif, à l’inverse des compomères et composites. Pour
majeur des CVI est leur faible résistance à l’attrition, à la traction, à la flexion favoriser l’adhérence et l’étanchéité, le CVI doit être placé sur une dentine

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23-065-K-10 CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES Odontologie

intracanaliculaires, sous réserve de ne pas trop hydrater ou déshydrater le


Acide-R-C = O- + Ca2+ dentine matériau [48]. Ces caractéristiques justifient également leur utilisation comme
Acide-R-C = O- + Ca2+ VI liners ou bases sous des matériaux comme l’amalgame ou les composites [84].
Coll-R-C = O- + Ca2+ VI L’adhérence immédiate du CVI permet en particulier de compenser
Acide-R-C = O-OH-R-Coll partiellement la rétraction du composite dans les restaurations
« sandwiches ».
X=Mg2+, Ca2+, Zn2+
-- - -
L’adhérence du composite au verre ionomère est faible, quelle que soit la
CO _ X _ CO
2 2 Ca2+ _ CO2 structure du composite (hybride ou microchargé). Il a été tantôt conseillé et
déconseillé de mordancer le verre [57, 127] ou d’appliquer une couche d’adhésif
entre les deux matériaux [162]. En fait, l’adhésion entre les deux matériaux est
rendue difficile par la faible résistance à la flexion du ionomère et l’absence
de phase non polymérisée (absence de radicaux libres) en surface du
Verre Verre ionomère. Cette faible adhérence nuit à la cohésion des restaurations
« sandwiches », qui sont de ce fait moins indiquées lorsque le nombre de
parois dentaires résiduelles est insuffisant pour contenir la restauration.

Libération de fluorures et effet cariostatique


2- -
NH2 _ H _ CO2 PO4 _ CO2 Il est communément admis que les CVI libèrent des fluorures lorsqu’ils sont
exposés à l’environnement oral, qu’ils favorisent la reminéralisation des
tissus durs au contact desquels ils sont placés, et qu’ils exercent un effet
Phase organique-collagène Phase minérale antibactérien cariostatique [35, 38, 43, 97, 109, 118, 128, 133, 134, 140, 145, 146].
type 1 (émail-dentine)
Cependant, l’importance et la cinétique de cette libération de fluor dans le
10 Liaisons ioniques et hydrogènes des CVI à la phase organique et minérale. temps dépendent de nombreux facteurs [24] ; le mécanisme et l’efficacité réelle
de cette libération de fluor dans la prévention des récidives carieuses font
l’objet de controverses [93, 160].
Le processus de libération du fluor n’est pas encore complètement élucidé.
Trois mécanismes entrent en jeu [72, 139] :
– le lavage précoce de la surface et le relargage de fluor à partir des fissures et
craquelures intervenant dès la mise en place de la restauration ;
– la diffusion secondaire du fluor dans la masse ;
– l’érosion superficielle ultérieure à l’origine d’une lyse de la matrice
polyacrylate, liée à la fonction.
La quantité de fluor libérée varie selon les matériaux, mais la cinétique est à
peu près constante : l’essentiel est libéré sous 24/48 heures [35]. Après ce rejet
initial important, la quantité de fluor libérée décroît substantiellement et
progressivement en fonction du temps. Elle persiste à long terme mais à un
faible taux [35, 36, 58, 96, 109, 136].
La libération de fluorures est gouvernée par un grand nombre de variables,
qui sont autant de facteurs intrinsèques et extrinsèques. Les facteurs
intrinsèques sont la composition du ciment, le rapport poudre/liquide, le
temps de trituration et la température, la taille des particules, la porosité du
A
matériau, la nature de la surface et sa protection. Les facteurs extrinsèques
sont liés au pouvoir de dissolution du milieu : pH, température, composition,
activité bactérienne [34, 88]. Le fluor libéré ne correspond qu’à une faible part
du fluor total du ciment, environ 4,5 % [153]. Cette libération des ions fluor (et
sodium) ne s’accompagne pas d’une dégradation du matériau cliniquement
objectivable [35, 36]. Les CVI peuvent se recharger en incorporant des fluorures
provenant des applications topiques (vernis, gel), des pâtes dentifrices et des
bains de bouche (fig 12). De ce fait, il sont considérés comme un réservoir qui
maintient une libération lente et constante de fluor dans leur
environnement [43, 136].
Trois hypothèses sont avancées pour expliquer le pouvoir cariostatique du
fluor :
– l’inhibition du métabolisme bactérien ;
– l’augmentation de la résistance à la dissolution des tissus dentaires ;
– le pouvoir de reminéralisation des tissus déminéralisés.
L’action du fluor sur les bactéries cariogéniques, tels les Streptococcus (S)
B mutans, est liée au pH du milieu [104]. À pH neutre, la molécule de fluor est
11 Adaptation d’une obturation par CVI conventionnel (A) : hiatus de 0 à 4 µm à l’émail et
sous forme ionisée et donc incapable de pénétrer la bactérie. À pH 5, la
de 2 à 10 µm à la dentine. Le hiatus est peu modifié après thermocyclage (B) (4 à 15 µm) molécule de fluor pénètre dans la bactérie pour se fixer sur une enzyme du
(MO × 115 ; 1 mm = 9 µm). cycle de Krebs, l’énolase, et la bloquer. À pH 7, il faut 12 000 ppm de fluor
pour inhiber les streptocoques, il ne faut que 5 ppm à pH 5. Cette action
humide (il est possible de laisser l’acide polyacrylique in situ) et être tenu à inhibitrice du fluor sur la vie et le métabolisme des bactéries acidogéniques
l’abri de la salive durant sa prise, l’hydratation précoce entraînant une permet de diminuer le risque carieux. Cependant, l’activité antibactérienne
détérioration. Dans les conditions optimales de manipulation, l’adaptation est des CVI dépend du profil de la libération fluorée par le matériau [131, 132, 144].
quasi parfaite avec des valeurs de hiatus très faibles (fig 11). Elle est donc temporaire et variable selon la nature du CVI et l’âge de la
Les CVI possèdent un coefficient d’expansion thermique voisin de celui de la restauration. En plus de cet impact direct sur le métabolisme bactérien, les
structure dentaire et une faible contraction de prise, ce qui leur confère une fluorures réduisent l’énergie de surface et rendent plus difficile la colonisation
bonne aptitude au scellement marginal, un faible taux de micro-infiltrations à par la plaque bactérienne [34, 69, 123, 157].
l’interface dent-restauration et un taux élevé de rétention [98, 100], malgré des Il est établi que les fluorures topiques non seulement préviennent le
valeurs d’adhérence modestes, très inférieures à celles des adhésifs développement des lésions de l’émail mais reminéralisent les lésions initiales.
dentinaires. L’obtention d’un joint permanent est possible. Dans plusieurs Cette propriété des fluorures est mise à profit dans le cas des CVI pour la
études in vitro, le joint reste efficace contre la diffusion de marqueurs prévention des récidives carieuses. In vitro, les CVI, en libérant du fluor,
radioactifs pendant au moins 1 an [52]. contribuent à la reminéralisation des lésions initiales de l’émail et à la
Les caractéristiques physicochimiques favorables des CVI contribuent à formation d’une couche dentinaire intermédiaire riche en
limiter au plan clinique les sensibilités postopératoires, dont l’origine sont les fluorocarbonatoapatites moins solubles dans les acides [15]. Le risque de
infiltrations bactériennes et l’effet de pompage des liquides récidive de carie au niveau des bords des obturations CVI s’en trouve réduit

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Odontologie CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES 23-065-K-10

Libération moyenne
de fluor cumulée
[F] mg/cm2 pendant 3 mois
[F-]c =
1 000/2 500
mg/cm2

Mois
Obturation 3 mois Application 2 mois
topique
de fluor
12 Diagramme représentant la cinétique de la libération de fluor en fonction du temps.
Pendant les 3 premiers mois suivant la mise en place de l’obturation, une quantité importante
de fluor est libérée. Puis celle-ci se stabilise à un niveau plus bas. Le CVI peut, comme une
pile, réincorporer du fluor provenant des dentifrices, gels ou bains de bouche et le libérer
lentement.

(fig 13). Pour démontrer le pouvoir de reminéralisation des CVI, Ten Cate et
Van Duinen [140] utilisent des disques de dentine bovine porteurs de lésions
carieuses simulées, induites par un milieu agressif. Ces disques sont obturés
à l’aide de CVI, composite et amalgame, avant d’être placés in situ dans
l’environnement oral de patients volontaires. Les auteurs montrent, après
12 semaines, un mécanisme d’hyperminéralisation des tissus minéralisés à
proximité des obturations aux ionomères de verres (50 % à 300 µm). Ce
mécanisme décroît en profondeur et semble dépendre d’autres ions comme le
silicium, promoteur de la croissance du cristal. Dans les mêmes conditions,
les lésions dentinaires expérimentales au contact des amalgames et des
composites continuaient à se déminéraliser. Ce résultat est corroboré par
l’étude récente d’Eickholz et al [38]. Ces auteurs, utilisant un modèle de
molaires humaines et d’obturations tunnel in vitro, montrent que la présence
du CVI, in situ en position interne sous l’émail, inhibe significativement la
progression des déminéralisations induites par l’application de gel acide sur B
les surfaces proximales alors que les déminéralisations se poursuivent dans la
dentine en l’absence du CVI. In vivo, Wood et al [161] trouvent moins de caries
récurrentes adjacentes aux obturations CVI par rapport aux obturations C1 C2
amalgames chez des patients irradiés présentant des xérostomies. Powell et
al [113] trouvent moins de récidives de caries autour des restaurations CVI Risque Dentifrice
(3 %), qu’autour des restaurations composites (10 %) après 3 ans. L’ensemble carieux Bains
élevé : de bouche Salive
de ces travaux tend à confirmer le rôle carioprotecteur des CVI et leur aptitude
à inhiber les caries récurrentes. A contrario, deux études récentes de Mjör [93] déminéralisation fluorés PO4 Ca
et Wilson et al [160] indiquent que la cause première de remplacement des
restaurations CVI est la carie récurrente. Ces études présentent plusieurs biais
méthodologiques et doivent faire l’objet de vérifications. Elles révèlent F-
cependant la nécessité d’évaluations cliniques standardisées pour vérifier in
vivo le pouvoir cariostatique réel des CVI largement établi in vitro.
CVI Émail CVI Émail
Biocompatibilité dentinopulpaire C
Le comportement acide des CVI a longtemps été à l’origine d’une mauvaise
réputation de ces matériaux en matière de biocompatibilité : Smith et 13 Représentation schématique de l’activité cariostatique des CVI par comparaison avec
les composites.
Ruse [126] ont focalisé l’attention sur l’acidité initiale des CVI : au moment du A1, A2. Accumulation de plaque et déminéralisation initiale de l’émail amorcée par
malaxage, le pH de la plupart des CVI varie de 0,9 à 2,2. Après 5 minutes, le l’acidification de la plaque.
pH varie de 1,8 à 3,5. Après 60 minutes, le pH varie de 3,8 à 5,1 et se stabilise B1. Réduction de l’énergie de surface par le fluor et moindre adhérence de la plaque.
à 24 heures autour de 5,35/6,2. En fait, il est aujourd’hui démontré que la Augmentation de la résistance à la dissolution acide de l’émail par incorporation de
pulpe peut cicatriser même en milieu acide, à condition d’être à l’abri de toute fluor.
B2. Effet cariostatique : inhibition du métabolisme bactérien par la diffusion à pH acide
infiltration bactérienne [11, 23, 149]. des molécules HF.
La biocompatibilité des CVI a fait l’objet de nombreuses études in vitro et in B3. Mode d’action du fluor sur la bactérie.
vivo, parfois contradictoires, et dont les résultats sont très variables en C1. Lésion initiale de l’émail.
fonction des matériaux et des protocoles. C2. Reminéralisation et réversion des lésions initiales par apport continu du fluor
lorsque la plaque est éliminée par le brossage.
Cytotoxicité in vitro
Müller et al [99], en 1990, ont testé la multiplication cellulaire de fibroblastes d’incubation testée, et aucun effet cytopathique significatif n’était observé
de lapin utilisés en guise de cellules pulpaires mises au contact de CVI. Dans pendant l’étude. Dans la même étude, à l’opposé, les autres CVI testés (Fuji
cette étude, Ketac Cemt, Ketac Silvert et GlasIonomer Base Cementt ont II Ft, Ionobondt, Meront, Core Zionomer Kitt) exerçaient des effets
montré par l’intermédiaire de ces tests qu’ils sont les matériaux les plus cytotoxiques prononcés sur les cultures cellulaires.
biocompatibles dans ces conditions d’expérimentation. Le retard observé Par comparaison, les liners résineux à base d’hydroxyde de calcium (Kerr
dans la multiplication cellulaire était pour ces matériaux entièrement Lifet, Dycalt), présentent de légers effet cytotoxiques, toutefois, la
compensé dans le laps de temps qui suivait. De plus, presque toutes les croissance cellulaire reste présente, ainsi que l’adhésion, et il n’y a pas
cultures sur Ketac Cemt, Ketac Silvert et GlasIonomer Base Cementt d’altération morphologique significative. Au contraire, tous les CVI réduisent
montraient des cellules vivantes adhérant aux matériaux après chaque période le nombre de cellules vivantes et entraînent de nombreuses dégénérescences

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cellulaires. De plus, l’adhésion après 9 jours n’existe plus. Ce comportement


cellulaire est probablement dû à la libération dans le milieu de culture des
différents composants des CVI : ces composants sont alors capables de tuer
les cellules quand les concentrations deviennent trop élevées [99]. La réaction
cytotoxique n’est pas due au pH comme le suggéraient Smith et Ruse [126] et
Kawara et al [67] : les valeurs de pH avant et après l’ensemencement des
cellules restent entre 7,2 et 7,5, ce qui est optimal pour la croissance cellulaire
en culture. Bien que les matériaux aient durci pendant 48 heures, la diffusion
de substances cytotoxiques de certains produits dans le milieu de culture est
principalement en cause. A B
Un autre test [101] réalisé sur cellules pulpaires humaines avec le CVI Fuji IIt 14 Rôle protecteur de la dentine réactionnelle sous une obturation au CVI.
souligne l’effet cytotoxique du produit, caractérisé par la diminution A. Prémolaire obturée avec un CVI à titre temporaire et extraite après 6 mois pour des
constante de la croissance cellulaire, l’absence des cellules dans les zones de raisons orthodontiques.
contact et la zone adjacente ainsi que les nombreuses altérations cellulaires B. Observer l’absence de réactions pulpaires sous la dentine réactionnelle.
dans les zones intermédiaire et périphérique. Cette réaction, corroborée par
les observations de Hume et Mount [59], qualifie le produit de « toxique » selon phénomènes. Dans cette même étude, l’intensité des réactions au ciment
la proposition d’évaluation biologique préliminaire de Regad et al [117]. À phosphate de zinc diminuait avec le temps alors qu’elle augmentait pour les
l’égard du Ketac Bondt, la réaction cellulaire est spécifiquement caractérisée CVI.
par une raréfaction des cellules dans les zones de contact et la zone adjacente La moyenne des formations de dentine augmentait de 5 à 60 jours dans toutes
au matériau et la présence de cellules altérées et vacuolaires au niveau de la les catégories. Ce résultat a été interprété comme le fait que le verre ionomère
zone intermédiaire. En revanche, la croissance cellulaire est régulière dans le et l’hydroxyde de calcium stimulaient la formation de dentine réactionnelle,
reste de la zone intermédiaire et de la zone périphérique. Ces observations confirmant les interprétations de Plant et al [111, 112] et Cooper [21]. En fait, ce
démontrent la nécessité de prendre en considération non seulement les type d’expérimentation permet simplement de conclure que les matériaux
pourcentages de croissance cellulaire et l’état des cellules dans l’ensemble de n’inhibent pas la dentinogenèse, qui est le processus normal de cicatrisation
la culture mais aussi d’évaluer le comportement spécifique des cellules au de l’organe dentinopulpaire après un traumatisme opératoire.
niveau des zones de contact et de la zone adjacente. L’absence de colonisation
secondaire des zones de contact et de la zone adjacente pendant toute la durée Lorsqu’une obturation au CVI est placée dans une cavité cervicale d’une
de l’essai est significative d’une toxicité évidente et durable [117]. prémolaire saine extraite pour des raisons orthodontiques, on observe sous le
CVI une réaction plus sévère que lorsqu’il est placé dans une cavité destinée
En définitive, la dégradation continue du ciment et l’augmentation à traiter une carie [21, 51, 103, 111, 143, 148]. L’inflammation consécutive à la mise en
progressive de la concentration des constituants dissous dans le milieu de place du CVI disparaît en général dans les 30 jours sans réaction anormale de
culture expliquent l’effet cytotoxique durable observé in vitro avec les CVI minéralisation. Ces résultats indiquent que la présence de dentine sclérotique
conventionnels. Cependant, ces tests in vitro ne tiennent pas compte de la en réaction à la carie constitue une barrière naturelle efficace à la diffusion
capacité des cellules à se défendre dans leur milieu naturel, ni du caractère des composants des CVI ou des autres matériaux de restauration (fig 14).
isolant et protecteur de la dentine in vivo. Lorsque cette barrière ne remplit pas son rôle, des réactions hémodynamiques
pulpaires peuvent être observées. L’application de Ketac Silvert, précédée
Cytotoxicité in vivo ou non d’un prétraitement à l’acide polyacrylique (Ketac conditionert) qui
À l’inverse des résultats in vitro, les résultats des essais in vivo sont dans induit la diffusion d’ions métalliques, et plus particulièrement de l’argent dans
l’ensemble favorables, en l’absence d’activité bactérienne. De nombreuses la pulpe, provoque aussi ce type de réactions [7].
études conduites de 1976 à 1991 [21, 29, 40, 56, 106, 143, 148], rapportent des réactions L’étanchéité de la restauration : il est bien établi aujourd’hui que la
de l’organe pulpodentinaire qui, lorsqu’elles sont présentes, sont qualifiées biocompatibilité pulpaire d’un matériau de restauration est directement
de légères à modérées. proportionnelle à son étanchéité. Contrairement aux adhésifs qui scellent les
Ce type de réaction favorable s’explique par la faible élévation de température canalicules dentinaires, le CVI ne permet pas le scellement des tubules, et un
du matériau pendant la prise, par le durcissement rapide du ciment qui fixe et hiatus persiste en général à l’interface CVI/dentine favorisant les micro-
limite la diffusion de ses composants potentiellement toxiques (silice et infiltrations marginales et les problèmes pulpaires [108, 141]. Cependant, chez
alumine), l’effet « tampon » de la dentine neutralise et empêche la diffusion des patients se plaignant de sensibilité au collet, les symptômes
en profondeur des polyacides à haut poids moléculaire [96, 156]. Le clinicien doit d’hyperesthésie dentinaire régressent en cas d’obturation au CVI, ce qui
toutefois garder à l’esprit qu’un CVI trop fluide (poudre insuffisante) sera plus atteste du potentiel d’étanchéité des CVI. L’application directe de CVI sur
irritant pour la pulpe. Cela est vrai pour les ciments de scellement comme pour des pulpes de molaires de rats provoque une nécrose pulpaire et une
les ciments de restauration. L’ADA (American Dental Association), en 1984, inflammation périapicale. Cependant, l’inflammation périapicale est absente
a rapporté que de nombreux patients se plaignaient de douleurs quand le ciment est recouvert par un amalgame qui s’oppose à la
postopératoires après un scellement de couronne au CVI sur dents pulpées, contamination bactérienne du ciment. La nécrose de la pulpe est causée non
dont l’origine a été attribuée à la persistance d’un pH acide [126]. La diffusion seulement par la toxicité intrinsèque du ciment mis au contact direct de la
de composants n’ayant pas réagi par suite de manipulation inadéquate du pulpe, mais surtout par le manque d’étanchéité des restaurations. Cette étude
ciment, l’absence de scellement canaliculaire, et l’état pulpaire initial peuvent révèle la présence de bactéries au niveau de l’interface paroi cavitaire/ciment
tout autant expliquer ces sensibilités. dans la plupart des échantillons testés. L’application directe de CVI
conventionnel sur des rats germ-free par ces mêmes auteurs provoque une
Plus que la cytotoxicité intrinsèque du matériau, c’est la nature et l’épaisseur
nécrose pulpaire localisée, mais cette fois-ci sans inflammation du périapex,
de la dentine cavitaire résiduelle interposée entre la pulpe et le matériau, ainsi
ce qui met en avant le rôle joué par les bactéries dans les réactions
que la présence ou l’absence de micro-infiltration bactérienne qui déterminent
inflammatoires pulpaires pouvant accompagner la mise en place de CVI [108].
les réponses pulpaires.
L’épaisseur de dentine résiduelle : ce facteur joue un rôle primordial dans la L’évaluation in vitro en microscopie optique (MO) et au microscope à
biocompatibilité des CVI. Le coiffage direct de pulpes de molaires de rats au balayage (MEB) de l’étanchéité des CVI traditionnels, Ketac Silvert et Fuji
CVI provoque des nécroses et des réactions périapicales dans presque tous IIt montre une étanchéité marginale excellente au niveau de l’émail et
les cas [108]. Au contraire, la présence de dentine résiduelle isole en partie la acceptable au niveau dentinaire. Le hiatus résiduel est de 2 à 10 µm, avec une
pulpe de l’acidité initiale du CVI et limite la diffusion des composants [148]. certaine stabilité après vieillissement pour Fuji IIt [62]. Le faible taux de
C’est la raison pour laquelle un fond de cavité à base d’hydroxyde de calcium micro-infiltrations sous les restaurations CVI peut s’expliquer par la présence
a toujours été recommandé dans les cas de cavités profondes juxtapulpaires d’une couche interfaciale, différenciée, homogène, continue et de quelques
obturées au CVI [50, 53, 76]. Cependant dès 1984, Plant et al [111] considèrent que micromètres d’épaisseur, nommée couche intermédiaire ou d’échanges
l’inflammation pulpaire observée en regard des CVI est indépendante de ioniques par Wilson et Mac Lean [156] (fig 15).
l’épaisseur de dentine résiduelle, mais est augmentée par la proximité des
bactéries de la pulpe et par le manque d’étanchéité des restaurations. Tolérance parodontale et générale
La nature du substrat dentinaire : dans le but d’évaluer l’effet sur la pulpe de Les CVI sont bien tolérés par les tissus parodontaux et dénués d’effets
la pression hydraulique exercée pendant le scellement, Pameijer et al [106] ont secondaires oraux et systémiques [66, 96]. Une étude bibliographique portant
fraisé une perforation sur la face occlusale de couronnes métalliques, ce qui sur la période 1980-1990 a révélé seulement 21 études concernant des effets
permet le libre écoulement des excès de ciment. Ces éléments ont ensuite été adverses des matériaux de restauration chez l’homme, et une seule référence
fixés sur des dents de singe et la réaction observée, a été comparée avec un mentionnant les CVI [129]. Les CVI inhibent la croissance d’Actinomyces
scellement conventionnel sans perforation, avec ou sans interposition d’un viscosus, de Streptococcus mitis, mutans, sanguis et salivarius, des
fond à l’hydroxyde de calcium. Les réactions aux couronnes éventées furent Lactobacillus salivarius et casei [ 8 1 , 1 0 5 ] . L’effet antibactérien est
inattendues : la perforation des couronnes ne réduit pas l’inflammation principalement attribué au pH initialement bas, à la libération de fluorures, et
pulpaire, ce qui relativise l’importance de la pression hydraulique dans ces au scellement marginal qui s’oppose à la percolation bactérienne [83].

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Odontologie CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES 23-065-K-10

15 La couche intermédiaire
A B d’échange ionique entre le CVI
et la dentine.
A. Bande continue et fine
observée au MEB × 500.
B. À plus fort grossisse-
ment cette région interfa-
ciale est mieux individua-
lisée.
C. À très fort grossisse-
ment on observe une cou-
che intermédiaire de 1 à
3 µm qui n’a ni la structure
de la dentine ni celle du
matériau.
D. Représentation sché-
matique de la couche
d’échange ionique. Les
chaînes polyacides dépla-
cent le Ca et le P denti-
naire qui se lient et for-
ment une zone enrichie en
ions, à l’interface entre la
C D dentine et le CVI.

Aptitude à la manipulation d’artifices mécaniques de rétention et donc une meilleure conservation des
tissus dentaires, et d’autre part de leur potentiel cariostatique qui les font
En dépit de leurs importants avantages biothérapeutiques et cliniques, les indiquer dans toutes les situations où le risque carieux est
difficultés de manipulation des CVI traditionnels ont limité leur usage élevé [61, 65, 66, 96, 155, 156].
clinique. La manipulation technique est délicate et le matériau est très sensible
aux variations hydriques. La contamination hydrique précoce dégrade la En tant que matériau d’obturation à visée définitive, les CVI, du fait de leurs
surface en libérant les ions métalliques, tandis que la dessiccation entraîne des propriétés adhésives, ont été dès l’origine (et demeurent encore) indiqués pour
contractions et des craquelures. Le temps de travail est court et le temps de la restauration des lésions cervicales (site III), après préparation sans
prise est long. La finition doit être différée. macrorétention, quelle que soit l’étiologie de ces lésions : érosions, abrasions,
abfractions, caries des collets coronaires/radiculaires. Dans cette situation,
Le respect de certaines recommandations concernant la manipulation des l’intérêt majeur de ces matériaux tient au caractère non ou peu invasif et
CVI [64, 156] permet d’améliorer la longévité des restaurations [83, 98] : réversible du traitement. Pour les restaurations dites de classe V, des résultats
– mélanger un maximum de poudre à un minimum de liquide (limitation cliniques favorables sont rapportés avec des taux de longévité supérieurs à
d’acide non polymérisé), pour augmenter la résistance finale du ciment ; 10 ans [79, 98]. Cependant, à long terme les restaurations sont toutes affectées
– incorporer le plus rapidement possible la totalité de la poudre au liquide ; par des détériorations marginales, des craquelures, une perte progressive de
– spatuler durant 20 secondes avec un temps de travail de 2 minutes pour la forme anatomique par usure et une dégradation de l’aspect esthétique par
obtenir un mélange brillant qui ne coule pas. Le point de matité signale le perte de la translucidité. Pour des raisons de commodité d’emploi et lorsque
début de durcissement ; la demande esthétique prime on préférera aujourd’hui les matériaux hybrides
et les résines composites qui ont gagné en fiabilité dans ces indications. Les
– mélanger mécaniquement (avec l’Automixer AM-I GC) et injecter à l’aide CVI sont contre-indiqués pour restaurer les larges pertes de substance et dans
d’une seringue (limite les bulles) ou utiliser les CVI en capsules prédosées et toutes les zones soumises aux contraintes occlusales, car ils sont
effectuer la trituration à l’aide d’un vibreur en respectant les indications du insuffisamment résistants à la fracture et à l’usure [31]. Ils ont pendant une
fabricant concernant la vitesse et la durée de trituration ; période été indiqués pour la réalisation des faux moignons avant
– isoler les dents à restaurer à l’aide d’un champ opératoire étanche ; recouvrement par une couronne sur les dent dépulpées, notamment dans la
– décontaminer les surfaces dentinaires à l’aide de NaClO, hydrochlorite de forme cermet [ 7 3 ] , mais on leur préfère aujourd’hui des matériaux
sodium à 2,5 % ou de chlorhexidine à 2 %, conditionner la surface dentinaire mécaniquement plus résistants.
avec de l’acide polyacrylique à 10 % ; En tant que matériau d’obturation à visée temporaire, les CVI sont indiqués
– ne pas déshydrater la surface dentinaire (dessiccation et pompage des dans toutes les situations de forte cariosusceptibilité, chez les patients jeunes
fluides dentinaires), humidifier la surface dentinaire avec une compresse comme chez les patients âgés. Leur utilisation s’inscrit alors dans la phase
humide ; initiale du plan de traitement conservateur, en permettant une réduction de
– ne pas toucher le CVI pendant la prise, réaliser la prise sous compression ; l’activité bactérienne et une reminéralisation des tissus durs, avant la mise en
place de restaurations définitives. Dans ces indications, on peut utiliser les
– protéger l’obturation par un film de vernis ou d’adhésif ;
CVI à titre prophylactique comme agent de scellement des puits et des fissures
– dans la technique « sandwich », il n’est pas recommandé de mordancer le chez les jeunes patients au stade de l’éruption [70, 85], et chez l’adulte au niveau
CVI, car le matériau est sensible à la dissolution acide et risque de se dégrader. des joints défectueux des restaurations d’usage. À titre curatif, les CVI
Les risques sont moindres dans le cas d’une base épaisse par rapport à un peuvent être également utilisés comme traitement d’interception des lésions
liner ; carieuses actives occlusales et proximales, soit sous une forme classique
– différer le polissage final d’au moins 24 heures. injectable, soit sous une forme condensable, plus adaptée mécaniquement.
Ces restaurations considérées comme temporaires permettent de modifier
l’environnement oral du patient et de réaliser les restaurations définitives avec
Indications et contre-indications cliniques un meilleur pronostic.
Les CVI constituent un groupe de ciments caractérisés par une grande Une autre indication des CVI conventionnels concerne leur utilisation en tant
ubiquité. Les multiples applications cliniques découlent d’une part de leur que matériau intermédiaire sous les amalgames, les résines composites et les
capacité d’adhérence spontanée qui autorise des préparations sans fraisage inlays. Utilisés sous forme de liner ou base, leur fonction sera multiple :

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23-065-K-10 CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES Odontologie

isolation thermique et barrière contre la diffusion des produits de corrosion Tableau V. – Composition de quelques CVI hybrides.
de l’amalgame, compensation des contraintes induites par la rétraction de
Ciments verres ionomères hybrides pour fond de cavité
prise et la dilatation thermique des composites, comblement de contre-
dépouilles dans les restaurations indirectes, prévention des caries récurrentes Vitrebond 3MT Poudre : verre fluoroaluminosilicate. Liquide :
par libération de fluor aux interfaces [30, 50, 76]. Plus particulièrement, la copolymère d’acide acrylique et itaconique modifié par
fonctions méthacryles, 2-HEMA < 10 %, eau
technique dite « sandwich » proposée en 1974 par Mac Lean et Wilson, dans
laquelle le CVI joue le rôle de substitut dentinaire [84, 85] conserve tout son XR-Ionomer KerrT Poudre : verre fluorosilicate. Liquide : copolymère
intérêt pour le traitement des lésions occlusales volumineuses chez les jeunes polyacrylique-méthacrylate, eau
patients. Fuji lining LC GCT Poudre : verre fluorosilicate. Liquide : copolymère
Les CVI sont également indiqués comme ciment de scellement en dentisterie polyacrylique-méthacrylate, eau, 2-HEMA
prothétique, en endodontie [110] et en orthodontie [65] et comme matériau de Ciments verres ionomères hybrides pour obturation coronaire
restauration des dents lactéales en odontologie pédiatrique.
Photac-Fil EspeT Poudre : acide polyéthylène polycarbonique déshydraté,
Photopolymérisation verre fluorosilicate, amines. Liquide : diméthacrylate
uréthane aliphatique, camphoroquinome, eau
Matériaux d’obturation hybrides
Fuji II LCT Improved GCT Poudre : verre fluorosilicate d’AL et Sr. Liquide : 2-HEMA,
Photopolymérisation acide polyacrylique modifié par fonctions méthacryles,
réduction de la taille des charges par rapport à la version
Définitions Fuji II LCT
Le groupe des matériaux d’obturation hybrides comporte deux sous-groupes Vitremer 3MT Système Poudre : verre fluorosilicate d’AL et Sr, amine, BzO2
principaux, les CVI modifiés et les composites modifiés. tricure. Liquide : 2-HEMA, acide polyacrylique modifié par
Les ciments polyalkénoates modifiés par la résine ont été mis au point pour fonctions méthacryles, eau
pallier les insuffisances cliniques des CVI traditionnels - une forte
hydrophilie, une solubilité initiale trop grande, un temps de prise trop long, le
faible rendu esthétique, une manipulation difficile et des propriétés
mécaniques insuffisantes - tout en conservant les avantages biothérapeutiques
de ces derniers, l’adhérence et la libération de fluor. Les CVI modifiés sont de
fait des matériaux hybrides issus d’une combinaison entre la chimie des CVI
conventionnels et la technologie des résines méthacrylates. Dans cet article,
nous avons retenu un terme d’usage courant, celui de CVI hybrides (CVIH)
pour les distinguer des CVI conventionnels, bien que ce terme ne fasse pas Surface
référence à leur double mécanisme de prise. L’appellation de CVI
photopolymérisable est impropre [86, 97] et il conviendrait plutôt de parler de
ciments à double réaction de prise, car la réaction à l’origine du durcissement
est la réaction acide-base classique des CVI, suppléée par la polymérisation
d’une matrice résineuse activée par irradiation lumineuse (et plus rarement Polymérisation
par activation chimique) [48]. L’appartenance au groupe CVIH implique outre photoactivée
une réaction acide-base indispensable au durcissement du ciment, un des chaînes
mécanisme d’adhérence par diffusion ionique entre la surface de la dent et le d'HEMA
ciment, ainsi qu’une libération continue de fluorures [86, 119] . Tous les
matériaux qui ne présentent pas ces trois caractéristiques doivent être rangés
dans un groupe différent, celui des composites modifiés.
Introduits en 1993, les composites modifiés par polyacides ou compomères Profondeur
sont une nouvelle classe de biomatériaux d’obturation, avec trois principaux
représentants en 1998 : le Dyract APt, le Compoglass Ft et le 3MF2000t.
Plus proches des composites que des CVI, les contours de l’utilisation de ces 16 Représentation schématique de la cinétique de prise des CVI modifiés par adjonction
matériaux sont encore mal définis, car la libération du fluorures, bien que de résine (d’après [96]). Les chaînes d’HEMA photoactivées polymérisent en fonction de la
revendiquée, est mal établie in vivo. Contrairement aux CVI conventionnels pénétration de la lumière de la surface vers la profondeur. Indépendamment, la réaction
et hybrides, les compomères sont des matériaux monocomposant de type acide-base se développe jusqu’au durcissement complet du matériau. Protégée par sa
composite, qui contiennent des monomères bifonctionnels et des particules couche extérieure déjà polymérisée, l’obturation est peu sensible aux échanges hydriques.
de verre, mais qui ne contiennent pas d’eau. La réaction acide-base survient
après la photopolymérisation et ne s’amorce qu’en présence d’une absorption – sous-groupe I (ciments d’origine) : la matrice polyHEMA et BisGMA n’est
hydrique secondaire. C’est cette réaction secondaire qui peut conduire à la pas liée à l’hydrogel polyalkénoate de Ca/Al ;
libération de fluorures.
– sous-groupe II (ciments évolués) : les deux matrices sont associées grâce
au remplacement de l’acide polyalkénoïque par un acide polyacrylique
Réaction de prise modifié (remplacement de groupe carboxyle par des groupes vinyles). Il y a
formation d’un assemblage polyHEMA-polyacrylique modifié-polyalké-
CVI hybrides (tableau V) noate.
La poudre est un mélange de particules de verre de fluoroaluminosilicate, Dynamiquement, après un début de réaction acide-base, la photoactivation
desquelles les ions Ca2+ Al3+, Na+, F- peuvent se détacher, associées à un de l’HEMA déclenche l’homopolymérisation et la copolymérisation de
complexe polyacide (acide tartrique et acide polyacrylique modifié) radicaux méthacrylates, puis la réaction acide-base se poursuit permettant la
lyophilisé. formation des chaînes polyacides sur lesquelles viennent se greffer les
Le liquide est une solution aqueuse à base d’HEMA, monomère acrylate radicaux méthacrylates, renforçant la structure définitive du ciment (fig 16).
soluble dans l’eau, complétée par des photo-initiateurs également solubles Dans le cas de certains matériaux, Fuji II LC-GCt et Vitremer-3Mt, une
type camphroquinone et des activateurs photosensibles [89, 92]. Certaines troisième réaction chimique intervient de façon consécutive par
formulations plus complexes incluent la présence de chaînes de polyacides polymérisation des radicaux libres méthacrylates du système polymère et de
présentant des radicaux méthacrylates pouvant polymériser par activation l’HEMA, d’où parfois l’appellation de système à triple réaction de prise
photochimique. Le principe est de renforcer la matrice acide/base par une (tricure) [14, 92].
matrice résine. Dans le cas particulier du Vitremert, cette troisième réaction est une chémo-
Réaction de prise : la réaction acide/base est identique à celle décrite dans le induction du type oxydoréduction liée à la présence de persulfate de
paragraphe précédent. Elle n’est pas induite pas la photopolymérisation. La potassium et d’acide ascorbique en microcapsule inclus dans la poudre et
polymérisation est de type radicalaire. Elle aboutit, en présence des libérés pendant le mélange poudre-liquide.
photoactivateurs chimiques, à la formation de chaînes polymères ou
polyHEMA. L’HEMA est un monomère hydrophile qui, par sa fonction Compomères (tableau VI)
alcoolique, va imprégner le réseau des fibres de collagènes (effet de mouillage
de la surface dentinaire), tandis que sa fonction méthacrylate assure la Un compomère est constitué d’une matrice résineuse, d’amorceurs de
jonction avec la matrice ionomère [77]. photopolymérisation, de charges, de pigments et de stabilisateurs.
Il y a donc formation de deux matrices distinctes. Cette association de deux – Matrice résineuse : trois types de monomères constituent la charpente
matrices permet de distinguer deux sous-groupes dans la classe des CVI tridimensionnelle du matériau. Des monomères BisGMA, UDMA et
modifiés [55] : diméthacrylate de dicarbonate cycloaliphatique. Ces derniers sont plus

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Odontologie CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES 23-065-K-10

Tableau VI. – Composition des principaux compomères. contact des fluides dentinaires. Elle ne participe pas à l’obtention de la
structure finale, bien que les fabricants décrivent l’apparition de liaisons
Geristore Den-MatT photo et Résine BisGMA hydrophile. Verre fluorosilicate
chémopolymérisation croisées liées à cette réaction ionique secondaire. Cette deuxième réaction est
Système pâte/pâte considérée comme accessoire à la cohésion du matériau, elle permet
principalement la libération du fluor [142].
Dyract Dentsply DetreyT UDMA. TCB (monomère contenant 2 radicaux
Compules photopolymérisation méthacrylates et 2 radicaux carboxyles résultant de la L’adjonction de résine à la composition des ciments polyalkénoates a
réaction de l’acide butane tétracarboxylique et de l’OH sensiblement modifié, en même temps que la cinétique de durcissement, les
éthylméthacrylate). Verre fluorosilicate
de strontium. Fluorure de strontium
qualités tant physiques que mécaniques de ces matériaux
[14, 16, 17, 47, 49, 60, 80, 90, 91, 92] . Il convient d’évaluer l’influence de ces
Dyract AP Dentsply DetreyT Verre plus fin (0,8 µm). Ajout de résine polymérisable. modifications de structure sur le comportement clinique des restaurations, en
Compules photopolymérisation Initiateurs optimisés
particulier sur leur résistance à la dégradation, leur étanchéité, leur
Hytac EspeT. Système Aplitip Compomères composés de radicaux méthacrylates et biocompatibilté, leur aptitude à libérer des fluorures.
Photopolymérisation carboxyles. Verre fluorosilicate de Ca-AL-Zn. SiO2
dispersé. Fluorure d’yttrium

Compoglass VivadentT Propoxylidène de BisGMA. Diméthacrylate


Propriétés physicochimiques et mécaniques (tableau IV)
Compules photopolymérisa- d’uréthane. TEGMA. DCDMA (monomère dimétha-
tion. Compoglass Flow version crylate de dicarbonate cycloaliphatique à double Les propriétés physicochimiques et mécaniques des matériaux hybrides
fluide liaisons réactives). Verre fluorosilicate de baryum dépendent de leur microstructure, caractérisée par une grande variabilité du
silanisé. Oxydes mixtes silanisés types sphérosils rapport charges/matrice et de la dimension des particules (fig 17). Comme
Ana Compomer Nordiska UDMA. Acide phosphorique avec radicaux pour les composites, la tendance est de mettre au point des matériaux avec
Dental méthacrylates. Acide maléique. Verre ionomère silice des tailles de petite dimension et en plus grand nombre pour améliorer le
3M F 2000 Système de Matrice résineuse. Verre fluorosilicate (Al, Si, Amine, comportement clinique.
restauration compomère 3MT B2O2) acide polycarboxylique méthacrylate
Rugosité de surface et résistance à l’abrasion
spécifiques des compomères et initient la réaction acide-base en présence
d’eau via leurs groupements carboxyles fonctionnels. Leur quantité peut aller La dureté de surface et la rugosité liées à la distribution et la taille des charges,
jusqu’à 28 % pour le Dyractt. caractérisent la surface externe du matériau et constituent un paramètre
important qui détermine son aptitude au polissage et son degré de résistance
– Charges : on distingue deux catégories de charges. Les charges non à l’usure.
réactives et silanées du type de celles rencontrées dans les composites
(exemple : charges de trifluorure d’ytterbium non réactives du Compoglasst), Les matériaux hybrides présentent une dureté voisine de celle des CVI
et les charges de verres réactives du type de celles rencontrées dans les CVI conventionnels, légèrement inférieure à celle des composites : 510 MPa pour
(particules de fluorosilicate de strontium, d’aluminofluorosilicate). Le le Compoglasst, 680 MPa pour le Dyract APt, et 700/800 MPa pour les
diamètre de ces fines particules varie selon les matériaux : 0,8 µm pour le composites microhybrides. Cette dureté est donc nettement inférieure à celle
Dyract APt, 1,6 µm pour le Compoglasst, moins de 3 µm pour le F2000 de l’émail humain (4 002 ± 323 MPa), et voisine de celle de la dentine (584 ±
compomere restorativet, avec addition éventuelle de charges composites type 39 MPa). Pour certains matériaux, il faut noter la différence obtenue entre la
sphérosils de 0,1µm : formulation classique et celle en capsule, tel le Fuji II LCt [47]. La dureté des
ionomères traditionnels et des ionomères de résine augmente dans le temps
– 1er groupe : la poudre de verre est prépolymérisée avec l’acide organique du fait de leur maturation, et les deux familles présentent à long terme une
pour former des petites particules qui ne feront que renforcer la matrice meilleure résistance à l’usure, en relation avec le relâchement des tensions
résineuse (exemple : Variglasst) ; internes, et la poursuite de la formation des doubles liaisons et de la réaction
– 2e groupe : le verre réactif est associé à un monomère, par pontage acide-base. La valeur du pH du milieu influe aussi sur la résistance à l’usure
hydrogène, l’acide photopolymérisable le tétracarboxylbutane produit de des matériaux, d’autant plus que la matrice est de type polymaléique [46]. Mais
la réaction entre l’acide butane tétracarboxyl (TCB) et de l’HEMA le facteur le plus critique pour ce paramètre est le degré de
(exemple : Dyractt) [14, 92]. photopolymérisation. Alors que certains CVI modifiés acquièrent une dureté
– Réaction de prise : la réaction est une photopolymérisation de la matrice acceptable même en l’absence de photopolymérisation (Fuji II LCt et
résineuse, le plus souvent par un mécanisme de type radicalaire, qui aboutit Vitremert), pour d’autres, tel le Photac-Fil ESPEt, la photopolymérisation
au durcissement immédiat du matériau. La réaction acide-base est secondaire est un stade essentiel pour obtenir une dureté acceptable [2]. De plus, la dureté
et apparaît en surface au contact de l’humidité buccale ou aux interfaces au est assez constante entre 0,5 et 2 mm, puis diminue significativement en

17 Microstructures comparées de trois CVIH : le Fuji II LCT, le Photac-FilT et le VitremerT, au grossissement × 1 000 (en haut) et × 2 000 (en bas). Observez la variabilité de la phase minérale
selon les matériaux.

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Tableau VII. – Variation de la résistance à la flexion dans le temps des CVI maturation des ciments touche les quatre familles de produits mais de façon
conventionnels et hybrides (d’après [94]). inégale. Les ionomères conventionnels continuant leur maturation par la
poursuite de la réaction acide-base ont la plus grande augmentation du module
CVI 30 minutes 24 heures 3 mois
de restauration MPa MPa MPa d’élasticité (30 à 40 %) dans le temps. Le module des CVI modifiés augmente
plus que celui des composites, autour de 9 à 25 %. Les CVIH sont des
FIIR CVIH 38,3 (5,1) 26,7 (4,4) 82,4 (8,8) matériaux plus élastiques que les composites et leur comportement
FIIC CVIT 8,9 (2,1) 10,9 (1,4) 32,6 (8,5) mécanique est proche de celui des CVI conventionnels. Le module d’Young
des compomères augmente légèrement puis diminue avec le temps. Les
PFR CVIH 10,5 (1,6) 63,9 (6,3) 44,6 (3,9) compomères, tels que Dyractt, Geristoret et Variglasst ont un comportement
KFC CVIT 14,1 (1,4) 20,7 (2,0) 22,7 (6,2) proche de celui des composites microchargés [47]. En définitive, on peut
considérer que le comportement mécanique des compomères est comparable
CVI type lining
à celui des composites ultrafins moyennement chargés (classification du
FLR CVIH 17,7 (3,0) 18,1 (4,3) 54,4 (5,1) groupe Van Herle [150]).
FLC CVIT 4,2 (0,8) 3,4 (1,0) 9,9 (5,3) La cohésion et la résistance du matériau sont également fonction de
CVIT : ciment verre ionomère traditionnel.
l’absorption hydrique qui, lorsqu’elle est importante, exerce un effet plastique
sur le matériau et fait diminuer sa résistance en initiant des sites potentiels de
propagation de fissures. L’absorption d’eau est due à la présence des groupes
profondeur, ce qui nécessite, comme pour les composites, un montage des carboxyles réactifs [18] et au pourcentage de polymères type HEMA
restaurations par couches de 2 mm en cas d’obturation volumineuse [5]. La hydrophile [163] pouvant absorber jusqu’à 80 % d’eau. Elle est variable en
dureté des compomères n’est pas supérieure à celle des CVIH. fonction des produits, et du temps, jusqu’à 122 jours sans atteinte de
La taille moyenne des particules de charges varie selon les matériaux hybrides l’équilibre [42]. Les CVI absorbent l’essentiel de l’eau la première semaine et
jusqu’à 10 µm environ [48]. La répartition des charges est le plus souvent la fraction d’eau non liée au gel est rapidement évaporée tandis que l’eau
aléatoire et perturbée par un taux important de porosités incorporées lors du restante participe au processus de maturation en poursuivant la réaction acide-
malaxage, dans les CVIH comme dans les CVI conventionnels. Ces porosités base [156]. Bien que moins sensibles à l’eau initialement, les CVI modifiés
sont exposées en surface lors de l’abrasion liée au brossage et contribuent auraient un comportement comparable à long terme [102]. Pour tous les
largement à la rugosité de surface de ces matériaux et à la faible résistance à matériaux, le ratio poudre/liquide a un rôle prépondérant et l’augmentation
l’usure des CVIH en général [119, 121]. Certains matériaux du groupe des CVIH des charges diminue l’absorption hydrique, ce qui a été mis à profit dans des
(tel le Vitremert ou le Fuji II LC improvedt) et surtout du groupe des formulations dites améliorées de CVIH (Fuji II LC améliorét). La perte de
compomères présentent des charges de plus petite taille et plus régulièrement poids de certains CVIH correspond à une érosion de surface supérieure à
réparties avec moins de porosité. Il en résulte une aptitude au polissage accrue l’absorption hydrique, cette érosion expliquant par ailleurs des profils de
et des performances esthétiques se rapprochant de celles des résines libération de fluor plus élevés pour certains matériaux. Il n’y a de pas de
composites, sans toutefois les égaler. Cependant, la rugosité de surface corrélation entre l’absorption et la solubilité [163]. Cette sensibilité hydrique
augmente après abrasion à la brosse à dent, de 0,05 µm à 0,2 µm pour le exige, pour les CVIH, d’éviter également toute contamination salivaire
Compoglasst. pendant les phases de prise et postprise. Les compomères présentent une
absorption hydrique très limitée, qui interfère peu sur la structure du matériau
Comportement mécanique (tableaux VII, VIII) et sa cohésion et n’exige pas de précaution particulière de protection après la
polymérisation.
Les performances mécaniques des CVIH, mesurées par la résistance à l’usure, En résumé, les matériaux hybrides considérés globalement présentent une
à la compression, à la traction, à la flexion, et à la fatigue, sont globalement résistance à l’abrasion et à l’usure insuffisante, une faible microdureté
améliorées par rapport à celles des CVI conventionnels, mais sont inférieures comparée à l’émail, un module d’Young et une résistance à la fatigue
à celles des compomères et résines composites [5, 14, 49, 92]. Certains CVI inférieurs aux valeurs des composites microhybrides compacts. Ces données
conventionnels autopolymérisables, dits condensables, renforcés à l’argent contre-indiquent leur utilisation comme matériau de restauration des dents
(Shofu Hi-denset) ou esthétique (Ketac Molart, Fuji IX GPt) offrent une permanentes postérieures dans les zones directement soumises aux impacts
résistance mécanique à la fatigue et à l’usure supérieure à celle des CVIH et occlusaux.
plus proche de celle des composites [152]. Moins esthétiques, ces matériaux
trouvent leurs indications en tant que restaurations temporaires de longue Adhérence aux tissus dentaires
durée des dents postérieures, en particulier dans l’ART technique (Atraumatic
Restorative Technique, préconisée par l’Organisation mondiale de la santé Il convient de bien distinguer sur le plan de l’adhésion, les CVIH dont le mode
[OMS]). La résistance à la flexion des CVIH est largement fonction de d’adhérence s’apparente essentiellement à celui des CVI conventionnels, et
l’homogénéité finale de la structure [47, 94]. les compomères qui adhèrent par le biais de systèmes adhésifs plus ou moins
Les compomères ont un comportement mécanique se rapprochant de celui des complexes comme les composites.
composites microchargés mais restant nettement inférieur à celui des
composites hybrides [5, 48]. Pour les compomères, les valeurs in vitro après Adhésion des CVIH aux tissus dentaires
24 heures données par les fabricants sont de 250/350 MPa pour la résistance Le mécanisme d’adhésion des CVIH est, comme celui des CVI, un processus
en compression, de 50/70 MPa pour la résistance en tension diamétrale, de chimique basé sur un échange d’ions dans lequel l’acide polyalkénoïque
100/150 MPa pour la résistance en flexion, et de 7 000/9 000 MPa pour le infiltre les surfaces amélodentinaires et déplace les ions calcium et phosphate.
module d’élasticité. Une couche intermédiaire d’adsorption d’ions phosphates de calcium et
La résistance à la fracture est déterminée par la cohésion interne du matériau d’aluminium et polyacrylates se forme à l’interface hydroxyapatite-ciment
et son aptitude à se déformer sans se rompre lorsqu’il est soumis aux charges hybride, la couche d’échange ionique [3, 39, 62, 78, 96, 159]. En présence d’eau, une
occlusales, la répétition des cycles de charges aboutissant à la rupture par rupture réversible des complexes calcium carboxyles est possible, formant
fatigue. ainsi une liaison dynamique [12] . Du fait de l’adjonction de résine, un
La cinétique du module d’Young après la prise traduit la capacité de mécanisme complémentaire d’adhésion micromécanique a également été
déformation élastique du matériau. Le module d’Young des CVIH augmente proposé pour ces matériaux hybrides. Avec les CVI-liners tels que le
entre 24 heures et 1 mois postpolymérisation [47]. Cette augmentation liée à la Vitrabondt, les observations au MEB mettent en évidence l’infiltration de

Tableau VIII. – Comparaison des résistances à la flexion et du module d’élasticité des ciments verres ionomères hybrides et des composites microchargés (d’après [5, 49]).

Matériaux Résistance à la flexion Module d’élasticité Module d’élasticité Module d’élasticité Matériaux
à 24 heures à 1 mois
MPa MPa MPa MPa

Blend-a-luxT Composite 130,6 (3,8) 10 339 (475) 9 696 10 425 SiluxT Plus micro fin

VitremerT. CVIH 55,9 (2,5) 7596 (792) 20 852 22 004 Z100T Hybride

Fuji IIT LC. CVIH 54,6 (2,7) 6 249 (526) 14 356 17 320 Fuji IIT LC. Caps

Ionosit FilT. CVIH 38,8 (3,7) 6 751 (581) 16 648 18 902 Fuji IIT LC. CVIH

Photac-FilT. CVIH 32,5 (1,5) 4 326 (938) 17 457 21 038 Photac-FilT. CVIH

ChemFilT Superior. CVIT 20,5 (1,9) 11 850 (448) 15 541 18 201 Ionosit FilT. CVIH

20722 26 460 Kétac-FilT CVIT

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Odontologie CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES 23-065-K-10

filaments de résine dans les canalicules dentinaires sur une profondeur de Gladys [47] confirme ces observations et établit que les matériaux hybrides
0,5 à 1 µm [39] sans qu’il soit possible d’évoquer une couche hybride telle présentent une qualité de scellement marginal supérieure à celle des CVI
qu’on l’observe avec les adhésifs dentinaires [45]. conventionnels et des résines composites. Cette meilleure performance est
Les valeurs de l’adhérence à l’émail et à la dentine des ciments polyalkénoates attribuée au fait que ces matériaux présentent un module d’Young plus
modifiés par addition de résine sont voisines, ou légèrement supérieures à faible [49]. L’élasticité du matériau et sa maturation secondaire atténuent les
celles obtenues avec les ciments polyalkénoates conventionnels [14, 19, 39, 47, 90]. effets décohésifs des contraintes internes résiduelles de polymérisation et
maintiennent le scellement marginal, phénomènes absents dans le cas des
Adhésion des compomères aux tissus dentaires composites [54].
Les compomères de dernière génération (Dyract APt, Compoglasst, Les faibles valeurs des hiatus observés avec les matériaux hybrides [47, 62]
F2000t) qui impliquent la présence d’une matrice résineuse et l’usage suggèrent qu’une utilisation rationnelle des matériaux peut procurer une
d’adhésifs monocomposants avec primaire automordançant présentent des protection suffisante des tissus dentaires. Cependant, ni les CVIH, ni les
valeurs d’adhérence voisines de celles obtenues avec les résines composites compomères ne permettent une prévention totale des micro-infiltrations
associées aux systèmes adhésifs de même nature (jusqu’à 20 MPa, selon les marginales au niveau des bords des restaurations cervicales, particulièrement
fabricants). Cependant, contrairement aux recommandations des fabricants pour les bords dentinaires ou cémentaires [47, 163]. L’évaluation clinique des
qui, pour simplifier la manipulation, ne recommandent pas le mordançage CVIH et des compomères n’est disponible qu’à court terme [48]. Le taux de
acide, il est préférable, comme pour un composite, d’effectuer un mordançage rétention de ces matériaux est proche de 100 % à 2 ans, illustrant leur fort
acide de l’émail pour majorer l’adhérence et l’étanchéité marginale des potentiel d’adhérence, mais on observe cependant la présence quasi constante
compomères [1]. de détériorations et colorations marginales légères. Les performances
cliniques sont globalement inférieures à celles des composites et
Variations des interfaces dentine/CVI et dentine/compomères [49]
l’amélioration de ces matériaux doit être poursuivie pour l’obtention de
Dans le cas du Fuji II LCt, utilisé après un prétraitement dentinaire à l’acide résultats prédictibles à long terme.
polyacrylique, mais sans interposition de primaire, on observe une fine
couche hybride de 500 nm se prolongeant par une couche riche en résine. A Biocompatibilité dentinopulpaire
contrario, aucune couche hybride n’est visible avec le Vitremert qui utilise
un primaire sans prétraitement acide, ce produit procurant par ailleurs un L’adjonction de résine et d’HEMA associée à un pH initial bas, et à une
moindre degré d’infiltration marginale que les autres matériaux [49]. possible action enzymatique inhibitrice du fluor libéré, a pu faire craindre que
Une couche hybride se forme dans le cas du compomère, Géristoret, les matériaux hybrides présenteraient une moins bonne biocompatibilité
s’utilisant après application d’un système adhésif à trois étapes dentinopulpaire que les CVI conventionnels. Ce sentiment a été longtemps
(conditionneur, primaire, adhésif), le Tenuret, qui élimine les boues entretenu par l’absence de cohérence entre les résultats des différentes études
dentinaires, alors que cette couche n’apparaît pas dans le cas d’un autre concernant les premiers CVIH [58]. En fait, le composant photopolymérisable
compomère - le Variglasst - s’utilisant après application d’un primaire, des CVIH qui permet une prise immédiate du ciment et une remontée rapide
l’Universal Bond 3t qui préserve la couche de boue dentinaire. du pH est susceptible d’éliminer les effets irritants, plus tôt que pour le
Dans le cas du Dyractt, le prétraitement dentinaire est réalisé avec un matériau autopolymérisable [40]. Malgré tout, des irritations pulpaires ont été
primaire acide, PSA prime/Adhesivet qui interagit avec la dentine et forme observées sous les premiers matériaux, tel le Vitrabondt, proposé comme
une zone intermédiaire ressemblant à une couche hybride surmontée d’une fond de cavité photopolymérisable [8]. À l’époque, ces irritations ont été
couche de résine distincte de 2-3 µm, qui sépare le ciment du substrat attribuées à diverses causes, dont l’action cytotoxique possible du fluor.
dentinaire. L’insuffisance de polymérisation in situ du matériau et/ou une absence
Ainsi, les observations des interfaces dentine-ciment objectivent des d’étanchéité des restaurations réalisées avec le produit peuvent également être
variations morphologiques significatives selon les matériaux et le type de à l’origine de l’inflammation pulpaire observée. En effet, des décollements
prétraitement dentinaire. Ces variations morphologiques expliquent en partie de ce fond de cavité se produisaient dans les techniques « sandwiches »,
les différents comportements d’adhérence observés selon les matériaux. Les induits par la rétraction de prise du composite et du fait d’une adhérence du
ruptures cohésives dans le matériau avec maintien d’une interface intacte, fond de cavité à la dentine moindre que celle réalisée entre le Vitrabondt et
sans rupture adhésive se rencontrent lorsqu’une couche hybride se forme. le composite le recouvrant [14].
Dans le cas contraire, on observera aussi bien des ruptures adhésives à Les études in vivo chez l’animal (rat, singe) et chez l’homme (prémolaire
l’interface que cohésives au sein du matériau. orthodontique) permettent aujourd’hui de conclure que les CVIH actuels
En règle générale, le traitement acide de la dentine, soit dans une étape (Vitremert, Fuji II LCt, Photac-Filt) ou les compomères (Compoglasst,
séparée, soit associé à un primaire, favorise l’infiltration de la résine dans la Dyractt) présentent les critères reconnus d’une bonne biocompatibilité
dentine déminéralisée et majore les valeurs d’adhérence qui sont plus élevées pulpaire : les réactions sous les CVIH sont qualifiées de faibles à modérées et
avec certains CVIH ou compomères (Fuji II LCt, Dyractt) qu’avec d’autres la dentinogenèse est peu perturbée [9, 13, 22, 50, 51, 66, 137].
CVI ou composites modifiés (Vitremert, Photac-Filt, Variglasst), [45, 47, 135].
Le type de dentine peut aussi interférer avec les valeurs d’adhérence des Une étude conduite sur prémolaires orthodontiques avec le Fuji II LCt [52]
matériaux hybrides. Les valeurs d’adhérence sont plus élevées au niveau de montre pas ou peu de perturbations au niveau de la couche odontoblastique
la dentine superficielle qu’au niveau de la dentine profonde, sans que le degré ainsi que dans la pulpe superficielle sous-jacente, en rapport avec une absence
d’humidité dentinaire en semble la cause [45]. de pénétration bactérienne à l’interface CVIH-dentine (fig 20). La tolérance
pulpaire est attestée par la poursuite, voire la stimulation, de la dentinogenèse,
Micro-infiltrations et étanchéité marginale que la dentine ait été traitée ou non par de l’acide polyacrylique. Le facteur le
plus critique est l’épaisseur de dentine résiduelle [53]. En deçà de 0,5 mm, la
L’objectif de toute restauration est un joint marginal parfaitement étanche
entre le matériau et les surfaces cavitaires. L’absence d’un tel joint se traduit dentinogenèse est stoppée ou ralentie et en cas d’exposition pulpaire, aucun
par le passage interfacial de fluides, molécules, ions, bactéries provoquant à pont de dentine réparatrice n’est visible à 90 jours [52]. Des résultats voisins
terme l’échec de la restauration (décollement, caries secondaires, ont été observés avec le même protocole pour le Vitremert [13].
complications pulpaires). Le potentiel d’adhérence du matériau intervient L’impact de la boue dentinaire sur la réponse pulpaire de dents de singe envers
pour une part majeure dans l’obtention de ce scellement, mais d’autres les CVI conventionnels et photopolymérisants a plus particulièrement été
facteurs interviennent également dont la contraction de polymérisation, la évalué par Felton et al [40]. Que la boue dentinaire soit laissée intacte ou
solubilité des matériaux, les différences de coefficients d’expansion enlevée, les réponses des tissus pulpaires, évaluées après 7 et 35 jours, sont
thermique ou d’élasticité entre le matériau et la dent. toutes normales pour les deux matériaux, avec quelques spécimens de
Par rapport au potentiel d’étanchéité des CVI conventionnels, les tests de réactions inflammatoires légères. Quant à l’apposition de dentine
micro-infiltration in vitro et in vivo concernant les matériaux hybrides sont réactionnelle, sur les 29 spécimens évalués, 11 montrent une fine apposition
très variables. Une majorité d’auteurs suggèrent un bon potentiel d’adaptation de dentine et sept laissent apparaître une apposition importante. Il est à noter
marginale et une étanchéité améliorée [32, 41, 48, 62, 119] tandis que quelques-uns que 11 spécimens ne présentent aucune augmentation de dentine
trouvent des degrés de micro-infiltration équivalents ou supérieurs [37, 116]. réactionnelle. Des bactéries peuvent être détectées à l’interface dent-
Selon Puckett et al [116], le degré de micro-infiltration des CVIH est supérieur restauration pour tous les spécimens qui présentent des réponses
à celui des CVI conventionnels du fait de leur coefficient d’expansion inflammatoires dans les groupes de 7 et 35 jours. En conclusion, les résultats
thermique plus élevé. La technique de mise en place du CVI dans les cavités histopathologiques observés avec les deux types de CVI démontrent que la
cervicales ne semble pas influencer le degré de micro-infiltration, comme cela pulpe dentaire subit une séquence de cicatrisation normale en l’absence de
a été décrit pour les résines composites, tandis que l’utilisation d’une matrice bactéries colorées le long de l’interface dent-restauration aux deux intervalles
permet une meilleure adaptation marginale et est recommandée pour limiter de temps. Ce résultat est en accord avec les études dirigées par
les risques de micro-infiltrations. Brannström [10, 11], Bergenholtz et al [6], Cox et al [22, 23], Tarim et al [137],
L’étude de Jonas et al [62] met en évidence la qualité de l’interface entre les démontrant que l’inflammation pulpaire est le résultat direct de la percolation
matériaux hybrides et les tissus dentaires(fig 18, 19). L’étude in vitro de des bactéries, des endotoxines au niveau de l’interface dent-restauration.

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18 Adaptation marginale observée à la microscopie optique de trois obturations par CVIH : le Fuji II LCT, le Photac-FilT et le VitremerT, avant thermocyclage (en haut) et après (en bas)
(MEB × 115, 1 mm = 9 µm).

19 Comparaison de l’interface de deux


CVIH, le Fuji II LCT (hiatus de 1 µm) et du
VitremerT (hiatus nul) (MEB × 1000).

Ainsi, l’apport de la photopolymérisation, le prétraitement de la cavité à après 1 an [27]. Concernant les CVIH, les taux de fluorures relargués sont
l’acide polyacrylique ou à l’aide d’un primaire adhésif automordançant, en comparables à ceux des CVI conventionnels [43, 44, 91, 94, 119, 130] , ce qui
vue de traiter ou d’éliminer la boue dentinaire, ne constituent pas des facteurs s’explique par l’intervention de la réaction de prise acide-base qui est
défavorables à une bonne biocompatibilité des CVIH et des compomères. Ces identique dans les deux cas. Par ailleurs, comme les CVI conventionnels, les
paramètres améliorent au contraire l’étanchéité en permettant une adhérence CVIH peuvent se recharger en fluor. Photac-Fil Applicapt, Vitremert et Fuji
immédiate et supérieure à celle des CVI conventionnels. Les études in vivo II LCt libèrent plus de fluor dans les 48 heures qui suivent une refluorisation
chez l’animal et chez l’homme, réalisées par notre groupe de recherche (solution de 1 000 ppm pendant 10 minutes) par rapport à la libération de fluor
montrent que l’absence de réactions dentinopulpaires défavorables sous les initiale succédant à leur mise en place. Cette capacité de se recharger et de
CVIH et sous les compomères est essentiellement liée à une pénétration libérer du fluor diminue cependant au fil des applications successives pour
bactérienne intracanaliculaire nulle ou faible, les réactions défavorables tous les CVIH [130].
augmentant en nombre et intensité dès lors qu’un prétraitement à l’acide En ce qui concerne les compomères, la réaction acide-base de type verre
phosphorique a été réalisé et que les conditions opératoires n’ont pas permis ionomère n’intervient que secondairement en présence d’un environnement
le scellement étanche des canalicules ouverts par l’acide [9] (fig 21). Ces hydrique favorable, la libération de fluor est donc quantitativement plus faible
résultats sont en accord avec ceux du groupe l’équipe de Cox qui montrent et avec le temps devient infime. C’est le cas du compomère Dyractt par
que les compomères Dyractt et Compoglasst ne sont pas biologiquement rapport à Photac-Fil Applicapt, Vitremert et Fuji II LCt [44, 130]. Selon les
irritants pour la pulpe, mais que, lorsque leur mise en place est précédée par fabricants, la présence de particules de verre de plus petites tailles et plus
un prétraitement à l’acide phosphorique, le risque de pénétration bactérienne réactives (verre de fluorosilicate, trifluorure d’ytterbium) conférerait aux
sur les parois dentinaires et dans les canalicules augmente, le degré compomères récents - Dyract APt et Compoglasst, F2000 compomere
d’inflammation pulpaire étant corrélé au degré de micro-infiltration restorativet - une capacité de libération de fluor accrue, environ 30 µg/cm2
bactérienne [137]. après 4 semaines. Ces informations doivent être vérifiées in vivo.
Libération de fluor et effet cariostatique In vitro, il existe une bonne corrélation entre les quantités de fluor libérées par
les CVIH et les compomères d’une part et l’inhibition de la croissance de S
Les CVIH et les compomères constituent, comme les CVI conventionnels, mutans d’autre part. Plus la quantité de fluor libérée est importante, plus cette
un réservoir de fluor potentiellement mobilisable et libérable en fonction du croissance est inhibée, mais les deux effets chutent concomitamment et
temps et de la nature de l’environnement. La quantité de fluorures libérée est dramatiquement après 6 mois [44]. In vivo, les taux de S mutans et lactobacilles
très variable et toujours plus importante que les quantités minimes libérées mesurés à partir de prélèvements de plaque effectués sur des restaurations
par les composites. Cette libération est maximale la première semaine antérieures âgées d’une année, ne montraient pas de différences significatives,
(jusqu’à 30 ppm) pour décroître de façon significative à 180 jours (à quelques que les restaurations soient réalisées avec les CVI modifiés, les compomères
ppm) [44]. Cette libération de fluorures persiste et peut être décelée in vivo ou les composites. Les auteurs en concluent qu’après 1 an, les quantités de

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A B

C D

E F

20 Évaluation des réactions dentinopulpaires au Fuji II LCT.


A. Cavité de classe V sur prémolaire extraite pour raison orthodontique.
B. Absence d’infiltration bactérienne dans les canalicules dentinaires sous le CVI.
C. Réaction pulpaire légère à 15 jours : vacuoles dans la couche odontoblastique et
hyperhémie pulpaire circonscrite.
D. Réaction légère à 45 jours : présence de quelques cellules inflammatoires isolées.
E. Réaction dentinopulpaire favorable à 3 mois : apposition d’orthodentine réactionnelle.
Observez la ligne calciotraumatique.
F. Pulpe normale à 9 mois.
G. Absence de formation d’un pont dentinaire après exposition pulpaire accidentelle et
coiffage pulpaire avec le CVI. La pulpe périphérique a été détruite mais la pulpe centrale est
G restée vivante.

fluor présentes, bien que différentes pour les trois matériaux, sont Indications et contre-indications
pareillement insuffisantes pour affecter l’activité bactérienne de la plaque
cariogène. Des études cliniques complémentaires sont indispensables pour La réaction de prise acidobasique des CVIH étant suppléée par une réaction
évaluer le pouvoir cariostatique réel des matériaux hybrides par rapport aux de prise instantanée par photopolymérisation, les propriétés originales
résines composites. d’adhérence et de libération de fluor sont intégralement préservées, avec

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23-065-K-10 CIMENTS VERRES IONOMÈRES ET MATÉRIAUX HYBRIDES Odontologie

A B
21 Matériau hybride de la famille des verres ionomères assurant une interface étanche (A). Comparer avec la pénétration bactérienne intracanaliculaire sous un composite non étanche après
mordançage dentinaire (B). Coloration Brown and Brenn, les bactéries sont en rouge, la dentine en jaune.

l’avantage de pouvoir bénéficier d’un temps de travail allongé, d’un temps de Tableau IX. – Composition de quelques ciments de scellement hybrides
prise plus court, et d’une plus grande facilité de manipulation liée à la prothétiques.
photopolymérisation [63] . De ce fait, les CVIH peuvent être utilisés
avantageusement dans les mêmes indications que les CVI conventionnels, Dyract Cem Dentsply Poudre : Verre fluorosilice d’AL et Sr, aérosils.
DetreyT. Liquide : AminoPenta,
avec un pronostic meilleur et plus prédictible. Concernant les compomères, il Chémopolymérisation TEGDMA, M-1A-BSA (macromonomère
faut souligner la plus faible libération de fluor et l’obligation d’utiliser un avec 2 radicaux méthacryles et 4 radicaux carboxyles)
système adhésif avant l’application du matériau de restauration. De ce fait, Resinomer BiscoT. Base : BisGMA, Ohalkylméthacrylate, verre
les indications s’apparenteront plus à celles des composites microchargés. Sytème pâte/pâte. fluorosilicate, silice, di-O-éthyl-toluidine. Catalyseur : DSDM,
Pour le praticien, la moindre sensibilité à une contamination hydrique initiale, Chémo- et polyéthylène diméthacrylate, particules de verre fluorosilicate
photopolymérisation
la rapidité de prise majorant la résistance aux acides, à la dessiccation et à la
compression, l’adhérence chimique précoce à la dentine et le comportement
élastique améliorant le joint d’étanchéité, une radio-opacité adéquate, une préalable et l’application de l’adhésif qui s’opère en deux couches
esthétique accrue et plus durable, par un plus grand choix de teintes, une successives, ce qui nécessite selon nous la pose d’un champ opératoire
meilleure aptitude au polissage, et une amélioration des états de surface, étanche (digue). Les arguments de rapidité de mise en œuvre et de
constituent les atouts cliniques majeurs de ces matériaux par rapport aux CVI simplification des procédures avancés par les fabricants pour justifier le choix
conventionnels. de ces matériaux ne sont donc pas fondés et les avantages par rapport aux
On distinguera plus particulièrement deux types d’indications principales composites n’apparaissent pas clairement [142].
pour ces matériaux hybrides. Du fait de leur résistance mécanique et de leur adhérence à la dentine, de leurs
– Les restaurations proximales des lésions carieuses au stade initial des dents propriétés d’expansion par absorption hydrique secondaire, et d’une bonne
antérieures et postérieures (site II, stade 1), en particulier lorsque l’extension biocompatibilité, les compomères pourraient être un matériau de substitution
réduite des lésions demeure compatible avec la conservation de l’émail dentinaire et de comblement interne plus adapté que ne le sont les CVI
surplombant au niveau du contact interproximal : les CVIH sont conventionnels ou hybrides [138]. Cette évolution du concept de la technique
particulièrement recommandés pour l’obturation des cavités tunnel et slot sandwich doit faire l’objet d’une évaluation clinique. Les CVI conventionnels
permettant la conservation des crêtes marginales des dents cuspidées [95, 107]. et hybrides qui libèrent plus de fluor doivent continuer à être préférés dans
On choisira les matériaux avec la plus forte libération de fluor, lorsque le cette indication lorsqu’une reminéralisation des structures amélodentinaires
risque carieux est élevé. périphériques est recherchée.
– Toutes les lésions cervicales (site III). On préférera les CVIH qui libèrent Les performances mécaniques des CVIH et des compomères demeurent
plus de fluor pour traiter les lésions d’étiologie carieuse, et les compomères insuffisantes par rapport à celles des amalgames et des composites, ce qui
pour les lésions érosives/abrasives des secteurs visibles [74]. Cependant, dans contre-indique l’utilisation des deux familles de matériaux pour les
cette dernière indication, les compomères n’ont pas encore fait la preuve de restaurations supportant l’occlusion [75].
leur supériorité clinique par rapport aux résines composites [113], et ce d’autant Les CVIH et les compomères sont également utilisés en orthodontie, en
que les procédures ne sont pas significativement simplifiées par rapport à dentisterie pédiatrique, et pour le scellement prothétique (tableau IX).
l’utilisation des résines composites couplées aux systèmes adhésifs
monocomposants. Il est en particulier recommandé, pour limiter la
Remerciements aux Pr Picard et Dr Aazzab du laboratoire de Biomatériaux de Paris VII, coréalisateurs avec
détérioration marginale et la coloration des joints qui interviennent avec le Pierre Jonas des documents MEB présentés dans cet article, ainsi qu’au Pr Degrange du laboratoire de
temps, surtout au niveau de l’émail, de pratiquer un mordançage acide Biomatériaux de Paris V pour la relecture de ce manuscrit.

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