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LES LUNETTES
DES PRINCES
PARIS
Cabinet du Bibliophile
M DCCCXC
LES LUNETTES
DES PRINCES
CABINET DU BIBLIOPHILE
N» XXXV
TIRAGE
a5o exemplairessur papierde Hollande(not 3i à 280).
i5 — sur papierde Chine (n05 1 à 15).
i5 — sur papierWhatman(noe 16 à 3o).
280 exemplaires,numérotés.
163
JEAN MESCHINOT
LES LUNETTES
ÌDES PRINCES
/ PUBLIÉES
AVEC PRÉFACE, NOTES ET GLOSSAIRE
PAR
OLIVIER DE GOURCUFF
PARIS
LI3RA1RÎE DES BIBLIOPHILES
Rue de Lille, 7
M DCCC XC
JEAN MESCHINOT
ET
OLIVIERDE GOURCUFF.
NOTA
Au derniermoment,nous avonseu connaissanced'une
intéressanteétude sur Jehan Meschinot,poète d'Annede
Bretagne,par M. J. Trévédy,ancienprésidentdu Tribunal
civil de Quimper (Vannes, Lafolye, 1890). Cette notice
infirme,sur plusieurspoints, celleque M. P. Levota donnée
dans la Biographiebretonne.M. Trévédya minutieusement
compulséles registresde la Chancelleriedes Ducsde Bre-
tagne; il n'y a trouvéaucunementionde Jehan Meschinot,
seigneurdu Mortierou des Mortiers,commemaîtred'hôtel
des ducsJean V,FrançoisIer, PierreII, ArthurIII et Fran-
çois II. Tout au plus suppose-l-ilque la duchesseAnne,
devenuereinede France,a pu donnerce titre à l'un de ses
poètesfavoris.
LES
"• Or entendez
quelle fut sa venue.
Point n'arriva commemeschantenue,
Mais richement de vestemensaornée,
Et descenditen une belle nue,
Par un doulx temps, d'une plnye menue
Depuis ne vey la pareille journée,
Tant freschefut et si bien sejournée,
Et plus que aultre richement atournée;
Si luy priay d'estre en sa retenue,
Lors envers moy s'est doulcementtourner.
Commecelle qui est pour ^secoursnée,
Dame de sens, renomméeet tenue.
DES PRINCES 2J
De ses beaulx yeulx, qui sont plus que nature -,
Ne peut ouvrer en nulle créature
Doulx et rians, ung regard me transmist
'
Qui me donna au cueur une poincture,
Si tresplaisant et de tel nourriture
Que mon soucypresque tout se demist;
Puis à marcher droit envers moy se mist,
Comme son vueil l'endura et permist.
De ce me vint belle et bonne adventure,
Car tant à moy secourir se soubmist
Que loyaulment me jura et promist
Me faire bries de tous biens ouverture.
Secondement, escheveenvie,
Car, tant que la tiendras en vie
Et v'ouldras user de ces sertes,
Ton estât en vauldra moins certes.
Envye trompe l'envieux
Tant que les jeunes voit Van vieulx
Devenir, quant el les a tainctz,
Devant qu'ilz ayent grans ans attaìns.
Soye joyeulx du bien à aultruy;
S'à l'ung fiz bien hier, à l'autre huy
Fay : charité tenseignera,
Et la main Dieu t'en seignera.
"
D'avarice garde toy bien,
Ou jamais n'auras eureux bien;
Se tu veulx avoir nom d'honneur,
Estre te fault large donneur,
Congnoistre à qui, quant, quoy, combien, ,.
9
66 LES LUNETTES
Où et comment, voire combien
Qu'a ung prince de grant avoir.
Mieulx seroit pour bon los avoir
Donné trop argent, vin et chars,
Qu'aquerir le nom d'estre eschars,
Car son premier bruyt luy demeure,
Et fault que d'honneur vuyde meure
Se de largesse pert le nom.
Point ne mens se j'en parle, non.
Alexandre bien le nous monstre,
Qui en ce cas fut ung droit monstre,
Car par avant adonc ne puys
Ne fut pareil, dire le puis.
Largesse le fist renommer,
Et par toute terre nommer,
Plusque ne firent ses essors
Ne ses gens, qui sont grans et fors;
Plusieurs luy firent obéissance
Qui ne Veussent obey sans ce.
Vous autres, qui vivez présent,
De voz biens beau don et présent
Faictes à ceulx qui le desservent.
Seigneurs trop peu au mondeservent
Qui leurs richesses ne départent,
Car, quant vient le jour qu'ils départent,
DES PRINCES 67
Par mort qui sur eulx frappe et maille,
Hz n'emportent denier ne maille.
O inhumains et dommageux,
Qui nomportez de seigneurie,
Vousprenez les pleurs d'homme à jeux;
Mais pas n'est temps que seigneur rie,
84 LES LUNETTES
Quant on voit que charité prie,
Qui est des vertus la maistresse.
Povres gens ont trop de destresse. -
Congnoissezla perfection
Que Dieu en voz âmes a mis,
Et des corps Vimperfection.
Soyez à vous mesmesamis,
Car paradis vous est promis
Se bien le sçavez demander.
Bon fait ses deffaulx amander.
"
Faveur aussi ne dois porter
A nully, tant soit il ton proche,
Fors par autant que supporter
Le peuz, sans y avoir reproche,
Et qu'autruy dommaige n'approche.
C'est grant mal faire le contraire.
Le bon ne doit à mal s'atraire.
Ta conscience te dira :
Quant tu le peuz bien faire, doibs ;
Se ton cueur peu ne grant d'yre a
Vers le crime et le perdoys,
Tu peuz assez laver tes dois,
Car pource ja n'en seras quitte.
A priser est qui bien s'aquitte.
Si tu as tesmoingprésenté
De héritage, meuble ou injures,
De vérité soys.prés enté,
Puis que par serment divin jures;
102 LES LUNETTES
Dampné es se tu te parjures
En endommageant ton prochain.
Poisson se pert qui approuche hain.
Se par ta déposition
Aulcun a deshonneurou perte,
N'y quiers point de position
Contraire à la raison apperte;
Soit personne simple ou experte,
Tenu luy es de recompense.
Tout n'avient pas ainsi qu'on pense.
La créature s'abuse
Qui la ruse
Des condicions refuse
Et n'en use
108 LES LUNETTES
Pour cacher autre entreprise;
Inconstance l'excuse,
Puis l'accuse
Fole paour, et tant l'amuse
Que confuse.
La rend tant qu'on la desprise;
Mais quant force tient incluse,
Non intruse,
Premunie de grâce infuse,
C'est l'escluse
Qui a tel grâce comprise;
Riens ne fait où ríayt excuse
Qui excluse
Villaine et la fait recluse
Par sa ruse,
Dont ses faitz sont sans reprise.
0 vertu préservative,
Nutritive,
Des dolens confortative,
Tresactive,
En qui n'a riens à reprendre,
De tous biens démonstrative,
Veine vive,
De sens vivificative,
Fons et rive
Pour haultz ouvraiges aprendre,
Auxhumbles sociative,
Attractive,
110 LES LUNETTES
De bonté déclarative;
Qui arrive
Vers toy peult honneur attendre.
Ton subject ors faictz eschive
Et le prive,
Contre personne chétive
Point n'estrive,
Mais se garde de mesprendre.
Force, la tresvertueuse,
Précieuse,
De défendre curieuse,
Fructueuse
A qui fa de son party,
0 vertu effectueuse,
Glorieuse,
De vices injurieuse,
Envieuse
Que tout mal soit deparly,
Contre péché oultrageuse,
Courageuse,
De bonté tresamoureuse,
Plantureuse,
Tant de biens viennent par ty
Que c'est chose merveilleuse,
Trespiteuse,
De veoir (oeuvre dommageuse,
Mais joyeuse)
Que l'homme soit bien party.
16
2 LES LUNETTES
Force n'est pas à luter, ,
Ne jouster,
A grans faitz _au col porter,
Ou heurter
Contre aulcun, je le te jure;
Mais veult bonté supporter,
Conforter,
Et justice exécuter,
Disputer
Contre ceulx qui font injure;
Les vices doit amputer,
Hors bouter,
Tousjours les persécuter,
Sans doubter,
Car Dieu du tout les conjure.
L'homme qui veult hault monter
Doit domter
Ses péchez et degecter,
Pour gouster
Les vertus, s'il n'est parjure.