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13 juillet 2007, par Nicolas Sarkis - Toutes les versions de cet article : italiano /
français
La vraie menace réside désormais dans l’adéquation entre la demande et l’offre ou,
en d’autres termes, dans la perspective tant soit peu réaliste et crédible de nouvelles
découvertes et d’un développement adéquat des capacités de production.
EXPLOSION DE LA DEMANDE
Une première donnée de base qui a bouleversé les perspectives pétrolières mondiales
a été une accélération complètement inattendue du rythme d’accroissement des
besoins de consommation. Après une augmentation moyenne de 1,54% par an au
cours de la période 1992-2002, la demande pétrolière mondiale a progressé de 1,93%
en 2003 et de 3,7% en 2004 pour atteindre 82,1 mbj (million de barils par jour) en
2004, puis 83,2 mbj en 2005 et 84,5 mbj en 2006. Au total, et en l’espace de quatre
ans seulement, les besoins pétroliers mondiaux ont augmenté de 6,8 mbj. C’est
surtout en Chine que la croissance des besoins a été la plus spectaculaire avec un
bond de 8,3% en 2003, de 16,7% en 2004, de 2,66% en 2005 et de 6,7% en 2006.
Pour l’avenir plus ou moins prévisible, les estimations disponibles indiquent que la
demande pétrolière mondiale passerait à quelque 105 mbj en 2020 et 118 mbj en
2030, soit une augmentation de 33,5 mbj au cours des 23 prochaines années.
Les chiffres qui circulent sur les perspectives de la demande et de l’offre de pétrole
proviennent pour l’essentiel des estimations établies par l’Agence Internationale de
l’Energie (AIE) et du Département américain de l’Energie (DOE). Sur le papier, ces
estimations aboutissent à des équilibres harmonieux et apparemment rassurants à
l’horizon 2020-2030. Mais la réalité est bien plus complexe. S’il est clair que les
besoins continueront à augmenter, la poursuite de l’accroissement de l’offre est loin
d’être aussi évidente, et ce, pour essentiellement deux raisons : la fiabilité des chiffres
concernant les réserves dites “prouvées” et le ralentissement des découvertes et des
additions aux réserves.
Dans ce contexte énergétique mondial marqué par des besoins de plus en plus grands
pour une ressource naturelle épuisable qui devient de plus en plus rare, le spectre du
pic de la production pétrolière mondiale se dessine déjà à l’horizon. Ceci signifie une
date plus ou moins proche à partir de laquelle une insuffisance physique de l’offre
provoquerait un terrible “choc” des prix et un boomerang sans précédent sur
l’économie mondiale, les relations internationales et notre mode de vie. A moins que,
d’ici là, des efforts et des investissements colossaux soient consentis pour développer
d’autres formes d’énergie. Pour les “pessimistes”, cette date du “peak oil” se situe aux
alentours de 2015. Pour les “optimistes”, elle pourrait être repoussée à 2025 ou
2030, c’est-à-dire, pour les deux cas, demain ou aprèsdemain.
On peut dire en conclusion que le vrai problème qui se pose désormais ne concerne
pas tant la fin du pétrole, mais la fin du pétrole abondant, facile et bon marché.