Sie sind auf Seite 1von 3

Fin du pétrole abondant et bon marché

Contrairement à ce qu’il est convenu d’appeler “chocs” ou “contrechocs”


qui se sont succédés depuis la première crise de Suez en 1956, l’embargo
pétrolier ou les nationalisations des années 70, les bouleversements qui
affectent l’industrie pétrolière mondiale depuis l’invasion de l’Irak en
2003 ne se limitent plus à des mutations concernant uniquement les prix
ou des problèmes passagers d’approvisionnement. La question plus
fondamentale et bien plus complexe qui se pose désormais à tout le
monde consiste à savoir comment et jusqu’à quand l’offre pétrolière
pourrait être développée pour couvrir des besoins qui vont rapidement
en croissant.

13 juillet 2007, par Nicolas Sarkis - Toutes les versions de cet article : italiano /
français

Il est remarquable de constater tout d’abord la rapidité et la facilité avec lesquelles le


problème des prix, qui ont pourtant quasiment triplé au cours des quatre dernières
années, est passé au second plan. Des prix qui se maintiennent à présent aux
alentours de $65 le baril, et qui pourraient passer dans le très proche avenir à $80/b
ou plus, n’émeuvent plus grand monde.

La vraie menace réside désormais dans l’adéquation entre la demande et l’offre ou,
en d’autres termes, dans la perspective tant soit peu réaliste et crédible de nouvelles
découvertes et d’un développement adéquat des capacités de production.

Ce nouveau défi est la conséquence naturelle de deux faits, à savoir : (a) Un


accroissement plus rapide que prévu des besoins énergétiques, dont notamment les
deux sources dominantes d’énergie, le pétrole et le gaz naturel, et (b) Un
ralentissement dans le rythme de nouvelles découvertes, dans les additions aux
réserves prouvées et dans l’augmentation de l’offre. Comme un géologue pétrolier l’a
joliment dit : “L’exploration pétrolière ressemble de plus en plus à une partie de
chasse dans laquelle le chasseur a considérablement amélioré la performance de
son fusil, mais où le gibier se fait de plus en plus rare et de plus en plus petit”.

EXPLOSION DE LA DEMANDE

Une première donnée de base qui a bouleversé les perspectives pétrolières mondiales
a été une accélération complètement inattendue du rythme d’accroissement des
besoins de consommation. Après une augmentation moyenne de 1,54% par an au
cours de la période 1992-2002, la demande pétrolière mondiale a progressé de 1,93%
en 2003 et de 3,7% en 2004 pour atteindre 82,1 mbj (million de barils par jour) en
2004, puis 83,2 mbj en 2005 et 84,5 mbj en 2006. Au total, et en l’espace de quatre
ans seulement, les besoins pétroliers mondiaux ont augmenté de 6,8 mbj. C’est
surtout en Chine que la croissance des besoins a été la plus spectaculaire avec un
bond de 8,3% en 2003, de 16,7% en 2004, de 2,66% en 2005 et de 6,7% en 2006.

Cet accroissement phénoménal de la demande a nécessité un accroissement tout


aussi rapide de la production. Tant et si bien que les capacités de production ont été
saturées dans quasiment tous les pays exportateurs. A ceci s’est ajoutée une
saturation des capacités de transport et de raffinage, surtout aux Etats-Unis, qui a
tout naturellement alimenté la spirale à la hausse des prix.

Pour l’avenir plus ou moins prévisible, les estimations disponibles indiquent que la
demande pétrolière mondiale passerait à quelque 105 mbj en 2020 et 118 mbj en
2030, soit une augmentation de 33,5 mbj au cours des 23 prochaines années.

LE SPECTRE DU PIC DE LA PRODUCTION

Les chiffres qui circulent sur les perspectives de la demande et de l’offre de pétrole
proviennent pour l’essentiel des estimations établies par l’Agence Internationale de
l’Energie (AIE) et du Département américain de l’Energie (DOE). Sur le papier, ces
estimations aboutissent à des équilibres harmonieux et apparemment rassurants à
l’horizon 2020-2030. Mais la réalité est bien plus complexe. S’il est clair que les
besoins continueront à augmenter, la poursuite de l’accroissement de l’offre est loin
d’être aussi évidente, et ce, pour essentiellement deux raisons : la fiabilité des chiffres
concernant les réserves dites “prouvées” et le ralentissement des découvertes et des
additions aux réserves.

A cause de la baisse de leur production et de l’accroissement de leurs besoins


nationaux, plusieurs pays hier encore exportateurs nets de pétrole sont devenus
importateurs nets (Indonésie, Egypte sans oublier évidemment les Etats-Unis) ou
risquent de le devenir dans peu d’années (Gabon, Tunisie, Oman et Syrie). Au
Mexique, une étude entreprise l’année dernière par la Pemex fait craindre un déclin
bien plus rapide que prévu de la production pétrolière, surtout celle du gisement de
Cantarell, qui est le plus grand du pays avec une production de 2 mbj, soit près de
60% du total de la production mexicaine. En Indonésie, la production poursuit son
déclin et est tombée à 890 000 b/j en juillet 2006, soit son plus bas niveau depuis
1971, et la moitié du pic de 1,7 mbj atteint en 1977. Entre-temps, ses besoins de
consommation ont grimpé à 1,1 mbj en 2006.

En mer du Nord enfin, l’AIE prévoit la poursuite du déclin de la production de 6,6


mbj en 2002 à 4,8 mbj en 2010 et à pas plus de 2,2 mbj à l’horizon 2030.

Dans ce contexte énergétique mondial marqué par des besoins de plus en plus grands
pour une ressource naturelle épuisable qui devient de plus en plus rare, le spectre du
pic de la production pétrolière mondiale se dessine déjà à l’horizon. Ceci signifie une
date plus ou moins proche à partir de laquelle une insuffisance physique de l’offre
provoquerait un terrible “choc” des prix et un boomerang sans précédent sur
l’économie mondiale, les relations internationales et notre mode de vie. A moins que,
d’ici là, des efforts et des investissements colossaux soient consentis pour développer
d’autres formes d’énergie. Pour les “pessimistes”, cette date du “peak oil” se situe aux
alentours de 2015. Pour les “optimistes”, elle pourrait être repoussée à 2025 ou
2030, c’est-à-dire, pour les deux cas, demain ou aprèsdemain.

On peut dire en conclusion que le vrai problème qui se pose désormais ne concerne
pas tant la fin du pétrole, mais la fin du pétrole abondant, facile et bon marché.

Das könnte Ihnen auch gefallen