ELUS DU PERSONNEL certains employeurs veulent influencer le fonctionnement des comités d’en-
treprise en participant au vote sur certaines décisions. L'un d’eux vient d’étre condamne pour avoir refusé, grace
a sa voix, une réunion exceptionnelle du comité. Une décision appelée & faire école a =eNeLaRnenNat
L’employeur n’est pas juge d’une
réunion exceptionnelle du CE
LVARTICLEL 434-3 DU CODE DU TRAVAIL, 1" ALNEA,
fixe la périodicté des réunions du comité den-
‘reprise (une fois par mois pour les entreprises
d’au moins 150 salariés ou pour celles ayant
opté pour la délégation unique, et une fois tous
ls deux mois pour les entreprises de moins de
150 salariés). Et la demniére phrase prévoit la
possibilité, quel que sot efectfle entreprise,
Ge tenir une seconde réunion sila majorité des
‘membres du comité en fat a demande,
Les lus des comités d’entreprise et détabise
‘ment utisent cette possbilité assez fréquem:
ment, Les réunions exepsionnelles sont en effet
assez nombreuses,prés dela moti des comités
actif se réunissant plas de dowze fis paran (1),
invest pas rare que es us uilisent /arme que
constitue la réunion exceptionnelee pour sorte
d'une situation de blocage. Cest le cas princi
palement lorsque lemployeut refuse d'inscrre
lune question 3 ordre du jour d'une réunion,
accord entre lesecrétaire ete président du comité
(o1au minimum fire ojet d'une concertation
préalable lorsquilsagit d'une question pouvant
figurer de drota lordre du jour) (2)
En effet, sila majorité des membres du comité
cn fait la demande, Femployeur est non seule
ment tema de conwoquerlecomité, mas de plus,
Varticke LL.434-3, 2 alinéa, prévoit dans cette
hypothése que figurent obligaoirement ordre
ordre du jour qui doit étre fixé d'un commun du jour de la séance les questions jointes a la
L’employeur ne devrait pas voter pour élire le secrétaire
‘La motivation de l'arrét rendu par la cour d’appel dont il est question cl-contre va bien
au-dela de la demande d'une réunion exceptionnelle du comité d'entreprise. En effet, dans
‘autres cas, la jurisprudence reconnait encore, a tort selon nous, la participation de l'employeur au
vote sur certaines questions qui concernent uniquement la délégation salariale. il en est ainsi particu-
lérement de lection seer aucomitenrepse etd résovie la Gour de cessation amet
que employeur puss partcier au vote au matt qu echt e'tabissement est membre du comité
<étabissement I dit sls patcier& a désignation du secréaire cu cont, ce vote ne const-
tuant pas la consultation des membres élus du comité en tant que délégation du personnel (Cass. soc.
21 nov, 2000, SA Bul, °8-23094, Or. soe. 2001.29, cont Lyon-Caen, obs. M. Cen, APOS 2001,
». 351) Orleraisonnementadopté parla cour e'apel de Colmar esti ssémentransposabe: en sa
‘qualité de président dy comité, employeur a des attributions et des obligations spécifiques. Mais il
n'est pas membre éiu a part entiére du comité comme les élus du personnel qui éiisent le secrétaire.
est président du comité (L. 434-2) et interlocuteur des membres élus. i! agit donc avec les mémes
‘wos que foquilconsute ce qu exclu qul soit cosidré comme un membre pour ele seeré-
taire (Sur tous ces aspects, voir M. Cohen, Le droit des CE et des CG, 8 éd., LGDJ 2005, p. 384). Ceta
ériterat, comme cela est rou récemment& Renaut-Clén, que employeurfasse ire un secré-
‘taire du CE plus conforme a ses veeux (le prenant ainsi en otage) au mépris de la véritable représenta-
‘Wt ds chaque syndiat eprésent.
demande de convocation. On comprend dés lors
pourquoi certains employeurs tentent de
‘manoeuvrer pour s opposer sa tenue. Pour cela,
invest pas rare qu'il tente d’influer sur la majo
sité du comité devant éte rassemiblée pour impo-
setla reunion exceptionnelle. Une afaire récente
en fournit un excellent exemple
Trois + deux = 6!
Le Comité d'entreprise de la société Domena
comprend cing membres ttulaites. Lor de la
premiére reunion du comité apres les élections,
in différend concernant fixation de ordre du
joura opposé le président ducomité a trois us
titulaires. Ces demiers ont quite la séance qui
s'est poursuivie,aboutissant a 'électon des deux
autres membres titulaires dela délégation sala
riale aux postes de secréiaire et de trésorer
(Quelques ous pus tard, en invoquant es dispo-
sitions de''article L. 434-3 du code du travail ies
trois éhus ont par courrier sasi le président du
comité d'une demande de temue d'une seconde
Lemployeur ayant refusé ci
demande, les lus ont alors sisi le uge des rf
xés afin de faire condamner le président sous
astreinte § organiser la réunion itgieuse.
Le Jug des rférés du trbunal de grande instance
de Mulhouse a déclaé la demande irrecevable
enretenant que le comitéd’entreprise etait com
posé de six membres —le président etune délé-
gation salariale de cing membres titulaires- et
que seuls trois membres ayant solicité la tenue
dune seconde réunion, le majoritérequise par
Tarticle L. 4343 du code du travail n’était pas
constituée 3).
Lacour dappel de Colmar, saisie parles us, a
donc été amenée 4 examiner affair et devait
répondre & trois questions
Ja demande ce tenue d'une nouvelle éunion
du comida demande dus qui avaient quitté
Ja séance,étaitelle legitime?
les élusayant quit la séance constinuaientils
‘euxcrois,la majorité dela délégation saariale
17 mars 2006 | La Nowvelle Vie Ouwiére 23ELUS DU PERSONNEL
> qui, au sens de l'article L. 434-3, est la seule
requise pour rendre recevable la demande de
tenve d'une nouvelle reunion?
pour le calcul dela majorits, devaiton tenie
compte uniquement des membres ttulaires de
la délégation salariale, ou devaiton y ajouter
le chet d'entreprise ou son représentant?
‘mLemployeur n'est pas juge
ide Fopportunité de la réunion excentionnelie
Sur la premigre question, conformément & la
uurisprudence dominante, la cour d'appel a
rappelé 3 employer qu'il n'est pas juge de
‘opportunité ou de I'utlité de la réunion excep:
tionnelle reguliérement demande par la majo
5 Cy
demande de nouvelle réunion aurait un objet
nentrant pas dans les attributions du comité