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L'habitat naturel du bison européen Bison bonasus est la forêt tempérée, à feuilles caduques
ou de conifères, telle que la forêt primaire de Bialowieza à l’est de la Pologne. Jusqu'au 16e siècle,
l'ère de répartition de la sous-espèce des plaines (Bison bonasus bonasus) s'étendait en Europe
centrale jusqu'au sud de la Suède. Pour s’alimenter, les bisons préfèrent des secteurs dont la
végétation a au moins une vingtaine d’années (…).laissant supposer que les principales raisons du
déclin de Bison bonasus fut la réduction de son habitat et l'exploitation excessive des forêts
européennes et par conséquence, l'extirpation presque totale de l’espèce. Il disparut de la France
(Gaule) au VIIIe siècle, de Suisse au XIe siècle, d'Allemagne au 16° siècle, de Roumanie
(Transylvanie) au 17° siècle et pratiquement de Pologne et du massif Caucasien, ses ultimes
refuges, au début du 20° siècle (document 1). Le dernier bison sauvage aurait été tué en 1927 dans
le Caucase (article montanus).
document 1.
Aire de distribution du bison Européen
à l’Holocène (en rayé).
C'est en 1923 qu'un zoologiste polonais, Yan Sztolcman, proposa d'étudier un plan de
sauvegarde et de restauration du bison d'Europe lors du 1° congrès international pour la protection
de la nature à Paris. Presque immédiatement, un programme de reproduction en captivité a été
institué à partir de 12 individus vivant encore dans des parcs privés et des jardins zoologiques
européens (échanges de reproducteurs, réduction de la consanguinité et augmentation de la
population vivant en captivité). Un effectif de 54 bisons a très rapidement été constitué. Deux
périodes du programme de conservation peuvent alors être distinguables : une première comportant
la reproduction intensive du bison européen en captivité, et la mise en place de nombreuses
réserves ; la seconde, à partir des années 50, présentant la restauration des troupeaux sauvages. En
effet, après avoir étonnamment traversé la 2° guerre mondiale, les premiers bisons ont été libérés
dans la forêt de Bialowieza en 1952. Le troupeau a commencé à se développer, et des individus ont
été transportés dans d'autres secteurs afin d’éviter l'élimination de la population entière par
maladies infectieuses. Des tentatives semblables ont également été faites dans la partie biélorusse
de la forêt de Bialowieza (Korochkina et Kochko 1983). Par la suite, d'autres troupeaux sauvages
ont encore ont été formés, dont certains en dehors de l’aire de distribution historique des espèces de
bison d’Europe. En 1967, grâce aux actions de conservation, on comptait 860 animaux, en Pologne,
Roumanie, ou Russie. Malgré la création de nouvelles réserves dans ces trois pays le risque de
maladies subsistait : en 1953, une épidémie de fièvre aphteuse fit 35 victimes dans trois réserves
polonaises. A partir des années soixante, les scientifiques polonais cherchèrent à créer des pôles de
reproduction sur un espace suffisant dans une zone éloignée de la Pologne. Le territoire où pouvait
être réacclimaté le bison d'Europe avec de grandes chances de succès devait répondre à plusieurs
critères. Il fallait qu'il soit situé dans une région faisant partie de son ancienne aire de répartition,
que cette contrée soit peu peuplée, suffisamment boisée et connaisse un climat assez rigoureux.
L’Allemagne reste un des pays les plus favorables dans les pays d’Europe de l’Ouest (cf. ?).
2
Cependant, les effectifs de bisons, sous condition de peupler de nouveaux habitats, doivent
encore augmenter pour permettre à l’espèce une viabilité à long terme et une naturalisation totale.
L'édition 2002 du livre des pedigrees du bison d'Europe indique qu'il y a 3 097 bisons d'Europe
vivant dans le monde, dont environ 1 600 en liberté (cf. I.3.2), répartis dans 34 troupeaux.
Cependant, comme mentionné ci-dessus, Bison bonasus n’est observable dans son habitat naturel
que dans quelques endroits. La Pologne a en particulier quatre réserves contenant le bison (cf. II),
la plus grande se trouvant dans la grande forêt primitive de Bialowieza, sur la frontière avec la
Russie. Pratiquement tout le travail sur le comportement et l'écologie de Bison bonasus a été fait
dans cette forêt de Bialowieza.
Le nombre et la distribution actuels du bison européen sont bien supérieurs qu'avant son
extinction en milieu naturel au début du 20° siècle, mais malgré cela, les risques d’extinction du
plus grand mammifère du continent Eurasien demeurent (cf. I.5). Le bison européen a été classé en
2003 en tant qu’espèce mise en danger sur la liste rouge d'IUCN des espèces menacées (document
3). Bison bonasus est également inclus dans l’appendice III (espèce protégée) de la convention de
Berne visant la conservation de la biodiversité et des habitats européens. Tant que les diverses
menaces perdurent (habitats restreints, variabilité génétique faible, braconnages…), la restauration
du bison européen en milieu naturel ne peut pas être garantis. L’espèce devrait donc être classé,
selon status survey, dans l'appendice II de la convention de Berne (espèces animales strictement
protégées) et dans la directive Habitat de l’Union Européenne, comme le suggère plusieurs pays
européens (Pologne, Roumanie, et d'autres).
3
Brwinow, en Pologne. Le coordonnateur et son équipe se charge de réunir les données biologiques
et d'établir un programme d'élevage (gestion, reproduction, transferts satisfaisants aux conditions
génétiques et démographiques) et de répartir les jeunes dans le monde entier, le plus souvent sous
la forme d'échanges ; de plus en plus rarement contre une somme d'argent. L'objectif final d'un EEP
est la réintroduction d'individus de l'espèce dans la nature ou un renforcement de la population
sauvage par l'adjonction de spécimens élevés en parcs zoologiques.
Le pedigree des bisons actuellement en captivité est bien connu, et peut être comparé à ceux
des individus fondateurs du début du siècle (cf. I.4.2). A défaut d’habitats et de populations
sauvages suffisants, la population reproduite en captivité constitue donc une réserve du patrimoine
héréditaire de l’espèce, distinguant les deux lignées : des plaines de Bialowieza et Caucasienne.
Elle facilite dons la protection contre la perte de variabilité génétique. Elle sert ainsi de source pour
les nouvelles réintroductions en milieu naturel, ou pour les renforcements de populations sauvages.
document 4.
Nombres de bisons et d’établissements
participant aux programmes de
reproduction en captivité (EEP),
enregistrés dans le livre des pedigrees
du bison d’Europe (EBPB) au
31décembre.
Les bisons européens captifs sont distribués dans une trentaine de pays, seulement un peu
plus de 80% sont regroupés dans huit pays, principalement en Europe centrale et de l’Est : France,
Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne, Suède, Pologne, Russie, République Tchèque.
Ce livre permet ainsi de tracer les grandes lignes de la stratégie de conservation globale et
de définir les plans d'action nécessaires à la gestion du bison européen. Les directives proposées
par les programmes de conservation de l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la
Nature) ont servis de références et ont été adaptées dans ce livre aux problèmes particuliers du
bison européen.
I.3.1. Distribution
L’origine présumée du genre bison serait d’Asie méridionale : Eobison. Au cours des
périodes pléistocène et pliocène, le bison se saurait développer dans les zones tempérées et froides
d’Europe et d’Asie (document 6), jusqu’à même traverser le détroit de Béring entrainant un
phénomène de spéciation à l’origine du bison d’Amérique Bison bison (Flerov, 1979 ; Savage et
Long, 1986). Le bison des steppes Bison priscus, l'ancêtre immédiat du bison européen Bison
bonasus, se serait éteint pendant la dernière glaciation (Riccuiti, 1974). Les forêts, auxquelles a su
s’adapter sur un plan physiologique, anatomique et comportemental le bison d’Europe actuel, ont
remplacées une grande partie des steppes lors de la fonte des glaces. À la fin du Würm, entre
-15,000 et -10,000, une forme de bison intermédiaire entre Bison priscus et Bison bonasus est
décrite (Hilzheimer, 1918). L’espèce Bison bonasus s’est par la suite développée sur une grande
partie de l’Europe, des montagnes du Caucase à l’Est jusqu’en France à l’Ouest, et jusqu’en Suède
5
au Nord (document 6), et se différenciant en sous-espèces (cf. I.4.1). Mais les pressions croissantes
sur les forêts européennes et sur les espèces y demeurant, avec le progrès des civilisations, ont
provoqué la fragmentation des populations du bison d’Europe et l’extinction, au début du 20°
siècle, de l’espèce en milieu naturel (cf. I.1).
document 6.
Distribution historique du
bison en Europe et en Asie.
Par le biais des reproductions en captivité et des réintroductions, les populations de bisons
européens existent maintenant au-delà de leur continent originel : aussi bien sur les îles
britanniques qu'en Amérique du Nord et en Asie. En 2002, il y avait 3 097 bisons d'Europe vivant
dans le monde dont un peu plus de la moitié, environ 1 600, en liberté (livre des pedigrees 2002 du
bison d'Europe). Le bison est maintenu dans, des zoos, des réserves et des centres de reproduction
en captivité (191 en l'année 2000, cf I.2.3), mais aussi réintroduit en milieu naturel : Pologne,
Biélorussie, Kyrgyzstan, Lituanie, Roumanie, Russie, Ukraine. Ainsi, presque tous les troupeaux
sauvages, 34 en 2002 (EBPB) et répartis en populations fragmentées, sont dans la partie orientale
de l’aire historique des espèces (documents 1 et 6). Deux filiations sont distinguées : la lignée des
plaines de Bialowieza occupant la partie nord de l’aire de distribution actuelle et notamment la
forêt primitive du même nom, et la lignée Caucasienne dans la partie méridionale (document 7).
Malheureusement, la séparation génétique entre les deux lignées n’est pas toujours très avérée.
Le nombre de bisons européens sauvages de la lignée des plaines est de près de 900
distribués dans 13 troupeaux sur les territoires de la Pologne, de la Biélorussie, et de la Lituanie.
Les populations sauvages de la lignée Caucasienne sont composées d’environ 700 animaux répartis
dans 19 troupeaux sauvages ou à demi-sauvages sur les territoires de la Pologne, de la Russie et de
l'Ukraine (EBPB 2002).
document 7.
Distribution des troupeaux sauvages et
semi-sauvages du bison d’Europe à la
fin des années 2000.
Status survey.
I.3.2. Démographie
6
La stratégie de conservation de Bison bonasus est un exemple de réussite relative d’un point
de vue démographique : le nombre et la distribution actuels du bison européen sont bien supérieurs
qu'avant son extinction en milieu naturel au début du 20ème siècle. Le document 5 permet
d’apprécier l’évolution des effectifs depuis les années 60 : il y avait en 2002 3097 bisons européens
(EBPB 2002).Les programmes de reproductions en captivité et d’échanges d’animaux mais aussi
de restauration des troupeaux sauvages ont permis un tel développement. Dans les premières
années des réintroductions, le taux de croissance de la population était bien élevé, avec un taux de
fécondité de 70,3% dans les années 70 (Krasiński 1978). Après avoir presque doublé entre 1970 et
1980, les effectifs de bisons ont augmenté beaucoup moins vite dans les années 80, puis ont
diminué de 22% dans les années 90. Le taux de fécondité n’était plus dans les années 90 que de
50% en moyenne pour les populations polonaises des plaines de Bialowieza et de 40% pour celles
de Biélorussie, indiquant que seulement un peu moins de la moitié des femelles capables de
reproduction met bas chaque année (Krasiński et al. 1994, 1999, in status survey). Le taux de
fécondité pour la lignée Caucasienne oscille de 22 à 62% (Kazmin 1989 in status survey).
Différentes raisons peuvent expliquer le déclin des années 90 : la première est la réduction du
nombre de bisons et d’établissements participant à la reproduction en captivité (document 4 et 5 ;
cf. ) ; le développement observé de certaines maladies infectieuses chez les animaux éliminés peut
en être la cause pour certains troupeaux (I.5). D’autres raisons malheureusement récurrentes dans
l’histoire du bison peuvent être nommées : braconnage, exploitation intensive de l’habitat forestier,
pollution, instabilité politique…La surpopulation des bisons est un facteur essentiel, puisque les
compétitions existent de manière intraspécifiques comme interspécifiques, le bison adulte n’ayant
pas de prédateur naturel si ce n’est dans des petites zones des montagnes Caucase. L’évaluation des
capacités de l’habitat doit prendre en compte l’ensemble des populations animales forestières,
notamment des différentes communautés d’ongulés (document 2). Néanmoins, la pression du bison
Européen sur la forêt a pu être diminuée considérablement en créant et en contrôlant l’évolution de
clairières dans la forêt pour l’alimentation des animaux. La densité de population du bison reste
basse (12 individus pour 1000ha dans la forêt de Bialowieza en Pologne, et 3 ou 4 pour 1000ha
dans le Caucase) et la taille des habitats est fortement limitée par les activités anthropiques. Ainsi,
les déplacements vers d’autres réserves ou l’élimination volontaire de certains individus est
essentielle à la bonne gestion des troupeaux : aucune population de bisons européens sauvages n’a
la possibilité d’une croissance illimitée. Par exemple, des prélèvements annuels de 11% des bisons
en moyenne entre 1981 et 1999 dans la partie polonaise de la forêt de Bialowieza a permis de
stabiliser sa population à un effectif optimal de 250 bisons (Krasinski et al. 1994).
Les effectifs de la population totale semblent avoir à nouveau augmentés depuis 2002, bien
qu’ils restent plafonnés.
L'édition 2002 du livre des pedigrees du bison d'Europe indique qu'il y a 3 097 bisons
d'Europe vivant dans le monde, dont environ 1 600 en liberté. Les plus grands nombres de bisons
7
se situent en Pologne (703), Ukraine (524), Allemagne (468), Biélorussie (390) et Russie (262). La
densité de population est d’environ 12 individus pour 1000ha dans la forêt de Bialowieza en
Pologne, et de 3 ou 4 pour 1000ha dans le Caucase. Même si un certains succès démographique est
observable vis-à-vis de la conservation de l’espèce Bison bonasus, les menaces persistent
notamment sur un plan génétique (cf. I.5). Très peu de spécimens fondateurs sont à l’origine des
populations actuelles et la séparation génétique entre les deux lignées n’est pas toujours précise.
Sur les 191 troupeaux en captivité (centres reproducteurs du document 4), 148 troupeaux sont
composés seulement de bisons de la lignée Caucasienne, 21 troupeaux sont d’origines mixtes et 22
troupeaux captifs dont 16 en Pologne, sont composés seulement de bisons de la lignée des plaines
de Bialowieza. (EBPB 2000).
Un besoin de nourriture élevé (document 8) indique que le bison européen erre dans la forêt
quasiment sans interruption. Pendant l'été, l'activité quotidienne du bison se synchronise avec le
groupe, le troupeau étant l’élément structural de la population, mis à part pour des petits troupeaux
de mâles, parfois même solitaires. La taille moyenne des troupeaux mixtes dépend de
l'environnement : taille et ressources de l’habitat, climat, pression anthropique…. En moyenne, les
groupes comportent de 8 à 13 animaux (Krasiński et al. 1994, 1999). Dans les troupeaux de
Bialowieza, les effectifs varient de 2 à 92 individus, avec des troupeaux de 20 spécimens environ le
plus souvent (65–85%). On y trouve les plus grands troupeaux comportant plus de 100 animaux
(Krasiński et autres. 1999). L'alimentation commune et en mouvement pendant la saison végétative
dépense approximativement 60% de l’activité quotidienne, plus 10% pour les déplacements sans
s’alimenter. En hiver, le froid, la couche de neige persistante et la nourriture supplémentaire
provoque l’agrégation des animaux sur une petite superficie proche des sites d’approvisionnement.
La superficie moyenne de l’aire de distribution des troupeaux de Bielovieja passe de 69 km² en été
(en moyenne pour les 2 sexes qui ne différent pas de manière significative), à seulement 10,7 et 7,9
km² respectivement pour les mâles et les femelles en hiver (Krasińska et autres. 2000).. Une
diminution conséquente de l’activité du bison est donc observable en hiver : 60% de repos (Caboń-
Raczyńska et al., 1987 in status survey). Ce besoin de ressources importantes et appropriées et les
déplacements nécessaires impliquent la gestion d’habitats adéquats, actuellement trop petits et trop
fragmentés.
8
I.4.1. Manque d’individus fondateurs et dépression d’endogamie
Il y a 3 097 bisons d'Europe vivant dans le monde, dont environ 1 600 en liberté (livre des
pedigrees 2002 du bison d'Europe). Tous ces animaux sont les descendants de 12 individus
seulement. La population totale de bison d’Europe présente donc un pool génétique réduit et un fort
taux de consanguinité. Le coefficient d'endogamie de la population totale, de 20,2% en moyenne
dans les années 80, est passé à 35,2% dans les années 90 (Olech 1998). Des études (Slatis 1960 ;
Olech 1987 ; Belousova 1993, Olech 1998) ont prouvées que l'augmentation de l'endogamie chez
ces animaux diminue leur durée de vie, augmente la mortalité juvénile, et augmente les intervalles
entre les périodes reproductrices. Cependant, elle ne semble pas affecter de manière significative
l'âge de maturité sexuelle ou la valeur reproductive (nombre de descendants au cours de sa vie).
L'endogamie a également un effet d’inhibition de la croissance squelettique surtout sur les femelles
(Kobryńczuk 1985), et pourrait être à l’origine de problèmes immunitaires. La question de la
variabilité génétique est liée à ce phénomène d’endogamie, mais seulement une partie limitée de la
dépression d'endogamie issue du goulot d'étranglement de la population a été identifiée (status
survey). Une étude en laboratoire portant sur des populations de drosophiles a révélé que les effets
de l’autofécondation pouvaient prendre plus de 50 générations à se manifester (Bijlmsa et al.,
2000), ce qui porte à croire que les populations génétiquement appauvries vivant à l’état sauvage
qui ne semblent pas actuellement trop subir d’effets de l’autofécondation ne seront pas
nécessairement à l’abri de ces effets à long terme (Bijlmsa et al., 2000).
Une étude (Gebczynski et Tomaszewska-Guszkiewicz, 1987) a démontré que cette variabilité
génétique chez Bison bonasus était moyennement basse, approximativement la même que celle du
Bison bison (bison d’amérique) quoique ce dernier n'ait pas éprouvé un goulot d'étranglement aussi
sévère, avec une hétérozygotie moyenne de 3,5% calculé à partir de 20 loci. Une étude plus récente
(Hartl et Pucek, 1994 – article 14), utilisant un plus grand échantillon et des méthodes quelque peu
différentes (69 loci), a conclu que la variabilité génétique chez Bison bonasus a été
considérablement réduit par le goulot d'étranglement et que la mesure du taux d’hétérozygotie
moyen (H.), égal à seulement 1,2% d’après leur calculs, employée par Gebczynski et
Tomaszewska-Guszkiewicz (1987) n'est pas suffisant pour se renseigner sur la variabilité génétique
dans les populations qui ont éprouvé un goulot d'étranglement aussi grave. Ils préconisent
d’utiliser, en plus de H., la proportion de locci polymorphes (P.) et le rapport H/P.
Trois sous-espèces ont été identifiées chez le bison d’Europe (status survey), dont deux
d’entre elles sont à l’origine des deux lignées reproductives actuelles. La troisième, le bison des
Carpates (Hongrois) Bison bonasus hungarorum (Kretzoi, 1946) est éteint. Le bison des plaines de
Bialowieza Bison bonasus bonasus (Linneus, 1758) dont seulement 7 individus fondateurs, 4 mâles
et 3 femelles, sont à l’origine de la lignée actuelle des plaines de Bialowieza, de souche pure B.
bonasus bonasus. Le bison du Caucase Bison bonasus caucasicus (Turkin et Satunin, 1904) ; cette
sous-espèce des montagnes du Caucase a aujourd'hui disparu, bien qu'un individu mâle de souche
pure caucasinus fût l'un des 12 spécimens, 5 mâles et 7 femelles, fondateurs des troupeaux
modernes de cette lignée Caucasienne. Il ne reste donc qu'une lignée mixte, hybride du bison des
plaines Bison bonasus bonasus et de Bison bonasus caucasinus, que les généticiens maintiennent
soigneusement séparée de la lignée pure des plaines de Bialowieza. Tous les programmes de
conservation de Bison bonasus, que ce soit vis-à-vis des reproductions en captivité ou des
réintroductions en milieu naturel, ont eu pour objectif de renforcer cette frontière entre les deux
lignées phylogénétiques en visant, dans l’idéal, le renouvellement autonome des populations des
deux lignées.
9
Dans toutes les études examinées par « status survey », la diversité génétique observée était
inférieure dans la lignée des plaines par rapport à la lignée Caucasienne. La lignée des plaines est
effectivement issue de seulement 7 fondateurs sur les 12 constituants la lignée Caucasiennne. Sipko
et autres. (1997) a calculé le niveau d’hétérozygotie des deux lignées, de 1.2 à 3.8% pour la lignée
des plaines de Bialowieza, et 4.4% pour la lignée Caucasienne. Le coefficient moyen d'endogamie
pour les années 90 des populations de bisons était égal à 43.98% pour la lignée des plaines et était
beaucoup plus petit, égal à 26.28%, pour la lignée Caucasienne (Olech 1998, 2006). En effet, les
populations de Bialowieza ont été isolées pendant longtemps, au moins depuis le 17ème siècle, et
ont connu une homogénéisation de leur patrimoine génétique par dépression d’endogamie. Sa
gestion est effectuée en tant que population isolée. Des recherches effectuées par Belousova (1999)
et Olech (2002, 2006-chapitre 4 Kita) et publié dans « status survey » ont permis de mieux
distinguer l’évolution de la structure du patrimoine héréditaire des deux lignées. La lignée des
plaines de Bialowieza (document 6), dérivée de sept fondateurs, a vu sa diversité génétique réduire
essentiellement pendant la première période de restauration de l’espèce, avec une conservation et
une contribution des génomes des individus fondateurs déjà très basse en 1945 (fge=1.7). Si la
contribution de cette lignée dans le patrimoine héréditaire a approché les 70% au début de sa
reproduction en captivité dans les années 1920 et 1930, elle ne représente aujourd'hui qu’environ
40% dû aux hybridations entre les 2 lignées des plaines et Caucasienne (status survey).
Le numéro de
pedigree et le
nom des individus
fondateurs sont
donnés par
contribution
décroissante.
En tenant compte de ces données (Belousova 1999, Olech 2002, 2006-chapitre 4 Kita), le
niveau de la diversité génétique actuellement est plus bas dans la population captive totale
(fge=1.37) qu'il était dans les troupeaux sauvages au moment de leur formation (fge=1.6). Entre
1945 et 2000 la perte de variabilité génétique en captivité s’est aggravée, observable par la
contribution des génomes des fondateurs (fge) qui a diminué de 1.7 en 1945 à 1.37 en 2000, mais
également par l’augmentation de la consanguinité au sein des populations (le lien de parenté moyen
Mk est passé de 30.3% à 36.5%). La parenté moyenne varie entre les populations de 26.7% à
65.9% (Olech 2002) et prouve que la lignée des plaines de Bialowieza est génétiquement très
homogène (annexe ?).
Le manque de variabilité génétique, déjà provoquée par seulement 7 fondateurs, est aggravé
par la surreprésentation des gènes de deux fondateurs dans cette lignée (mâle 45 « Plebejer » et
femelle 42 « Planta »), qui contribuent à eux deux à plus de 84% du patrimoine héréditaire. Les
autres spécimens fondateurs n’ont apporté qu’une contribution très petite, pas plus haut que 3%
pour quatre d’entre eux. La même situation problématique concerne la conservation des gènes des
fondateurs. Les deux fondateurs principaux (numéros 45 et 42) ont sauvegardé plus de 50% de leur
génotype dans la lignée des plaines actuelle, contre seulement 17% à 34% pour les cinq autres
bisons originels.
10
La contribution des génomes fondateurs est restée assez stable au sein de la lignée depuis
1945 mais la conservation de chacun de ces génomes a diminué. Toutes ces données mettent à jour
le manque de diversité génétique au sein des populations de la lignée de Bialowieza. Après le
premier goulot d’étranglement très sévère subi au début du siècle, un deuxième moins marqué entre
1940 et 1945 (document 5), aurait provoqué dans les populations actuelles de la lignée des plaines
des copies du même chromosome Y du bison fondateur No. 45 « Plebejer » (status survey). Le
chromosome Y des fondateurs No. 15 et No.147 à l’inverse ont été éliminés au cours du processus
de reproduction en captivité entre 1945 et 1997 (Sipko et al. 1999).
La variabilité génétique des troupeaux sauvages de la lignée des plaines de Bialowieza, déjà
faible au moment de leur fondation en 1952 (Belousova 1999) s’est encore appauvrie, ne
permettant à aucun troupeau d’être affranchi des risques d’extinction, surtout pour les petits
effectifs. Il est estimé (status survey) que seulement trois troupeaux (Puszcza Białowieska,
Belovezhskaya Pushcha , Puszcza Borecka – données génétiques en annexe 1), environ 630
animaux au total, sont des populations génétiquement et démographiquement réussies, malgré les
risques toujours encourus.
b) La lignée Caucasienne
La lignée Caucasienne a toujours été contrôlée en tant que population ouverte. Elle possède
des gènes d'un taureau B. bonasus caucasicus (n° 100 « Kaukasus ») et de chacun des 11 autres
fondateurs (4 mâles et 7 femelles) B. bonasus bonasus ou hybrides. Pour cette lignée reproductive
également, une grande partie de la variabilité génétique a été détruite dés le début de la restauration
de l'espèce (fge=4,5 en 1945), par dépression d’endogamie. Ce processus s’est poursuivit jusqu’à
nos jours puisque la contribution des génomes des fondateurs (fge) n’a cessé de descendre : de 4,5
en 1945 à 3,1 en 2000 (document 7, Belousova 1999, Olech 2002, 2006).
La contribution génétique des bisons fondateurs des troupeaux actuels, bien qu’elle ait été
mieux répartis dans la première partie du programme de conservation de l’espèce par reproduction
en captivité strictement contrôlée, a lourdement chutée ces dernières années en raison de
l’influence des hybrides avec la lignée des plaines de Bialowieza. La conservation des génomes
fondateurs (founder allele retention), qui diminue de manière générale, est d’ailleurs largement
inférieure pour les cinq spécimens hybrides Caucasiens. Dans le même temps, la contribution des
11
sept fondateurs communs aux deux lignes a donc augmentée. Le taux de parenté moyen (mk) a
augmenté, particulièrement ces cinq dernières années.
Les douze spécimens fondateurs n’ont pas contribué de façon égale à la formation des
troupeaux sauvages : le N°46 n’est même pas représenté et dans quelques troupeaux les gènes des
fondateurs N° 35 et 147 sont extrêmement peu nombreux. En règle générale, la contribution
(founder participation) et la conservation (founder retention) des génomes issus des cinq fondateurs
Caucasiens est inférieure à celle observée en captivité, au profit des génomes de race pure B.
bonasus bonasus. Cela peut être du au mélange de bisons originaires des deux lignées lors de la
formation des troupeaux sauvages à partir des années 50. Certains troupeaux sauvages Caucasiens
sont donc beaucoup plus proches de la lignée des plaines de Bialowieza que les bisons Caucasiens
en captivité. Par exemple, dans la partie occidentale du troupeau de Bieszczady en Pologne, la
contribution des fondateurs N° 42 et 45 (B. bonasus bonasus) a atteint 83% (Olech et Perzanowski
2002 – annexe 2).
Aucun des 19 troupeaux sauvages composant la lignée Caucasienne n’est hors de danger sur
le long terme, que ce soit sur un plan génétique ou démographique. Nombreux d’entre eux ont un
effectif trop petit pour renouveler leur population et maintenir leur variabilité génétique. Un seul
troupeau (Bukovinska, 138 animaux - annexe 2) peut être considéré comme une population
génétiquement et démographiquement réussie malgré les menaces persistantes (cf. I.5).
Malgré la protection et les réintroductions qui ont été menées au 20° siècle, déclarer que
Bison bonasus est complètement sauvé serait largement prématuré au vu des diverses menaces
pesant toujours sur l’espèce (I.4), concernant essentiellement la structure génétique et la gestion des
troupeaux : manque d’habitats et sur-chasse, manque de diversité génétique et problème
d’endogamie, maladies endémiques… Un déclin de l'effectif de bisons est d’ailleurs constaté
depuis le milieu des années 90 (cf. I.3.2 ; article 8).
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Le manque d’habitat est significatif pour le plus grand mammifère herbivore du continent
Européen, surtout à l’Ouest de son ancienne aire de distribution. La première cause à cela est la
densité de population humaine ; d’après « status survey », la sylviculture et l'activité agricole ne
sont pas des facteurs trop limitant. Les réintroductions en milieu naturel semblent avoir ralenti
récemment en raison du manque d'habitats appropriés ou peut-être des investissements
économiques dans les pays concernés.
Pour « status survey », la gestion traditionnelle basée sur des pratiques zootechniques,
plutôt que sur l'écologie des écosystèmes forestiers naturels, avec une alimentation supplémentaire
pendant l'hiver, ralentit le processus d'adaptation du bison européen dans les forêts contemporaines.
Souvent, les régions boisées artificiellement ne sont pas appropriées pour le bison européen et ne
permettent pas la naturalisation du bison au sein de grandes communautés d’herbivores des
écosystèmes forestiers européens. La conservation du bison d’Europe doit se faire à travers la
gestion de l’ensemble de l’écosystème auquel il appartient. La création de réserves, de parcs
nationaux ou tout au moins le développement des structures existantes sont indispensables à la
naturalisation de bison bonasus et au renouvellement autonome des populations.
La fragmentation et l'isolement des troupeaux sauvages, mais aussi captifs, ont comme
conséquence peu ou pas de migrations génétiques entre les troupeaux. Les petites populations
isolées perdent rapidement une grande partie de leur hétérogénéité génétique et sont plus
vulnérables à l'extinction (Franklin 1980). Cette menace concerne de nombreux bisons puisqu’en
2000, seulement 30% environ des troupeaux sauvages (30 à l’an 2000) contenaient plus de 50
animaux. Actuellement, la reconstitution d’une aire géographique plus compacte pour faciliter le
transfert du bison entre les troupeaux n'existe pas. Certaines zones ont même récemment diminué,
par exemple dans les montagnes du Caucase. La formation d’une métapopulation est essentielle à
la viabilité à long terme et au développement de l’espèce (cf. I.5.6).
A la suite de deux goulots d'étranglement, dans les années 1920 et 1940, le patrimoine
héréditaire est limité et les animaux sont hautement consanguins. Le coefficient moyen
d'endogamie est très élevé comparé à d'autres grands mammifères, 44% dans la lignée des plaines
de Bialowieza et 26% dans la lignée Caucasienne (Olech 1998). La perte d’hétérozygotie entrainée
par la dépression d’endogamie limite les possibilités d’adaptation du bison à son environnement,
par exemple en abaissant probablement la résistance aux maladies et exerce un effet nocif sur la
croissance squelettique, en particulier des femelles (Kobryńczuk 1985).
I.5.5. Pathologies
13
Les maladies observables chez certaines populations de bisons d’Europe peuvent être des
menaces sérieuses pour l’ensemble de l’espèce étant donné l’homogénéité génétique qu’elle
présente. La perte de variabilité génétique subie par l’espèce au cours du 20° siècle pourrait
d’ailleurs être à l’origine d’une diminution de l’immunité.
Des premiers cas d’épizooties ont cependant été détectées dés le siècle dernier dans forêt de
Bialowieza : le bison européen est un sujet sensible à la fièvre aphteuse, apparaissant dans la forêt
presque tous les ans au début du 20° siècle puis plus épisodiquement par la suite (Wróblewski
1927). En 1953, un après les premières réintroductions en milieu naturel, la fièvre aphteuse a sévie
dans 3 réserves polonaises.
Des cas de la tuberculose bovine, la plus infectieuse des tuberculoses, ont été enregistrés
récemment, notamment en 1996 dans les montagnes de Bieszczady en Pologne (Zorawski et Lipiec
1997). Ce n’est pas une maladie naturelle chez les animaux sauvages. De plus en plus de
populations sauvages infectées sont identifiées et diverses causes sont suggérées. Avec le
développement des fermes industrielles, mais aussi de l‘écotourisme, les effectifs d’animaux et les
surfaces occupées nécessaires à cette exploitation, ont augmentées : les contacts entre le bétail et la
faune sauvage se sont intensifiés. Dans la période 1997-2001, 18 bisons ont été éliminés du
troupeau « Brzegi Dolne » incriminé en 1996, dont 13 étaient porteurs du virus. Il est important de
noter que dans cette région, la localisation de la tuberculose bovine chez le bétail coïncide avec
l’aire de distribution des troupeaux de bisons (Welz et al., 2005 fichier maladie). Il est également
reconnu que d’autres espèces sauvages sont des hôtes réservoirs possibles de Mycobacterium bovis,
les cerfs notamment.
La maladie la plus importante chez le bison européen, se nommant balanoposthitis, affecte
les organes reproducteurs mâles et se manifeste par l'inflammation du pénis et du prépuce. Cette
maladie a été découverte au tout début des années 80 en Ukraine (Korochkina et Kochko 1982),
puis de manière plus explicite un peu plus tard en Pologne, particulièrement dans les forêt de
Bialowieza et de Bieszczady (Kita et al. 2002 fichier maladie). Malgré les nombreuses années de
recherches, les causes et les symptômes de cette pathologie n'ont pas encore été totalement
élucidés. Des analyses sérologiques visant à observer l’évolution du métabolisme du bison vivant à
Bialowieza ont été publiées en 2004 par Wolk et Krasinska. Il a été constaté des variations
biochimiques dans le sang depuis 20 ans, en relation avec les changements pathologiques observés
dans la population. Il est suggérer que la détérioration de l'état de santé du bison européen vivant à
Bialowieza puisse être reliée à des facteurs environnementaux et populationnels tels que les
agrégations provoquées en hiver, la pollution environnementale ou un déclin d'immunité relié à
l'endogamie. Certains auteurs pensent ainsi que des facteurs génétiques peuvent prédisposer le
bison à la maladie par une résistance réduite.
Les maladies parasites sont une menace sérieuse pour les populations actuelles. Les
investigations ont débutées dans les années 50, sur la faune Helminthe des bisons vivant en
réserves fermées : 21 espèces d’Helminthes ont été trouvées. En comparaison, 14 espèces de
14
parasites helminthes supplémentaires ont été observés sur les bisons sauvages, 35 espèces au total,
toutes typiques des cervidés (Drozdz 1994, 2000). La distribution de certains parasites aurait même
tendance à s‘agrandir, par exemple Ashwortius sidemi détecté jusqu’à présent seulement dans la
forêt de Bialowieza. C’est un parasite typique des cerfs Asiatiques tel que Cervus nippon
réintroduit dans plusieurs régions de l’ancienne URSS, aujourd’hui l’Ukraine, la Slovaquie...,et des
analyses post-mortem de bisons de la région de Bieszczady (à l’Est des Carpates en Pologne) ont
révélées sa présence (article 6 maladies).
Une gestion rigoureuse et une coordination entre les différents programmes de conservation
sont essentielles pour contrer ces menaces. Les recherches sur les maladies et les parasites du bison
Européen doivent s’intensifier afin d’identifier les responsabilités. Actuellement, la recherche se
concentre essentiellement sur les problèmes de génétique et de santé du bison européen. Comme
précédemment indiqué, le problème fondamental pour Bison bonasus est sa variabilité génétique
largement inférieure à celle initiale. Les recherches phylogénétiques, effectuées à partir du livre des
Pedigrees du bison d’Europe (EBPB), pourraient ainsi être complétées par des analyses avec
marqueurs génétiques et moléculaires. Cette stratégie existe déjà dans certains centres de
reproduction en captivité (EEP, article 3), mais devrait sans doute être étendue à plus de troupeaux
sauvages.
Sur un plan démographique, bien qu’un certains succès soit reconnaissable, les populations
restent trop fragmentés et souvent trop petites. Limités par la capacité de charge de l’habitat, la
gestion des troupeaux intégrés aux communautés d’ongulés des écosystèmes forestiers, doit primer
sur les effectifs croissant, conduisant à l’élimination réglementée de certains animaux. Cependant,
selon status survey certains troubles politiques ou simplement des difficultés à faire respecter la loi,
dans de nombreux pays de l’ex-URSS particulièrement, ne permettent pas une bonne utilisation de
cette méthode et rendent même les chasses illégales de bisons sauvages encore d’actualité dans les
menaces pesant sur l’espèce. Des recherches sur la dynamique des populations doivent ainsi se
prolonger pour identifier au mieux les densités optimales pour le développement de l’espèce.
L'étude de la reproduction dans les différentes populations est donc très importante. Causé par la
faible variabilité génétique et la fragmentation des populations, le patrimoine génétique doit donc
être préservé pour les générations à venir, au delà des programmes de reproduction en captivité, par
le développement plus poussé par exemple des banques de sperme et des inséminations
artificielles.
Dans la deuxième partie de ce rapport, nous essaierons d’identifier les possibilités et les
conséquences liés à la formation des réserves naturelles, parcs nationaux ou même parcs animaliers
permettant le développement de l’espèce Bison bonasus, ainsi que les bénéfices et les dommages
provoqués par l’exploitation de ces sites à travers l’écotourisme.
Les premières réserves naturelles mises en place au 20° siècle pour favoriser la conservation
de Bison bonasus se situent dans la forêt primaire de Bialowieza en Pologne puis en Biélorussie.
D’ailleurs, cette forêt représentait déjà les premières réserves privées en Europe datées de 1680. La
partie polonaise de la forêt constitue le parc de Bialowieza, la partie Biélorusse le parc national de
Belovezhskaya Pushcha. Par la suite, des réserves ont très vite été constituées en Roumanie en
1958 et en Russie. Malgré des potentialités restreintes par manque d’habitats, d’autres pays tels que
l’Ukraine ou le Kirghizstan ont encore allongés la liste des sites favorables à la restauration des
troupeaux de bisons. La majorité de la population de bison bonasus se situe donc en Europe de
l'Est, dans la partie orientale de l'aire de distribution historique de l’espèce.
16
L’exploitation par l’écotourisme de ces parcs et réserves naturelles, activité souvent
favorable à une meilleure rentabilité des zones conservées et même au développement économique
pour ces pays de l’ex-URSS, ne s’est pas développé de manière semblable pour chacun d’entre eux.
Malgré le manque d’habitats disponibles, la situation économique, politique, et culturelle des pays
concernés reste un facteur essentiel au bon déroulement des programmes de conservation.
Cette immense forêt primaire, paléarctique de 150 580 ha, partagée entre le Nord-est de la
Pologne et la Biélorussie, a supporté beaucoup moins de perturbations humaines que les autres
forêts européennes : c’est un refuge de biodiversité. Cet habitat caractéristique du bison d’Europe
sur le plan de la diversité végétale est extrêmement diversifié : 26 espèces d’arbres, 55 espèces
d’arbustes, 14 espèces d’arbustes rampants (dwarf shrubs ?), des centaines d’espèces herbacées et
62 espèces de mammifères, dont les grands herbivores ongulés (bisons, cerfs, sangliers…) mais
aussi les loups et les lynx qui sont les prédateurs des jeunes et faibles bisons. Ce sont quelques unes
des plus de 10 000 espèces qui contribuent à la très riche biodiversité de la forêt de Bialowieza
(Falinski, 1999). Des prairies, des bosquets, des marais, ou des tourbières composent avec cette
dense forêt l’écosystème de Bialowieza.
La forêt de Bialowieza est le lieu de vie des derniers troupeaux sauvages de bison bonasus
au début du siècle, mais aussi du renouveau de l’espèce au cours des différents programmes de
conservation. La première réserve, d’une surface de 22 ha, a été instaurée en 1929 dans la forêt de
Bialowieza .Elle était divisée en 3 enclos: un grand et deux petits. Dans un des petits enclos les
bisons d’exposition pouvaient être observés à partir d’une tribune. Le bison est ainsi une espèce
pionnière en matière d'utilisation de l'écotourisme comme outil de conservation. Même si la gestion
de la variabilité génétique n'était pas encore assez rigoureuse, cette pratique a permis la
sensibilisation des populations locales et le financement de réserves supplémentaires. En 1932 le
parc destiné au tourisme fut agrandi par l’ajout d’un grand enclos de 37 ha destiné cette fois à des
bisons de souche pure des plaines de Bialowieza. une grande partie de la forêt de Bialowieza du
coté Polonais (10 000 ha)est considéré parc national de Pologne. La reproduction des bisons
d’Europe de la lignée des plaines de bIalowieza n’a effectivement commencé qu’en 1936, au
moment où fut intégré au troupeau un mâle de 3 ans. Ce fut un animal clé pour l’ensemble du
programme de restauration. En 1946, une réserve adjacente à la première fut entreprise permettant
aux espèces concernées de disposer au total de 203,23 ha. En 1951 une nouvelle réserve de 43,12
ha fut crée à proximité des précédentes. Elle constitue une partie du parc d'observation des bisons
actuel. Le bon développement de cet élevage après la seconde guerre mondiale a permis
d’entreprendre des réintroductions dés 1952 dans la partie polonaise de la forêt: 38 bisons ont été
lâchés jusqu'en 1966. Les troupeaux sauvages se sont alors développés, seulement la capacité de
charge de la réserve a vite été atteinte et la gestion du troupeau est alors devenue plus importante
que les effectifs croissants. On observe encore dans la forêt de Bialowieza les plus grands
troupeaux comportant plus de 100 bisons (Krasiński et al. 1999).
En 1977, la forêt de Bialowieza est l’un des premiers sites naturels classé par l'UNESO
"Réserve mondiale de la Biosphère" (document 8). Dès l’origine, les réserves de biosphère visaient
à concilier les besoins des populations et la conservation de l’environnement, grâce à un système
de zonage : le noyau central de chaque réserve, c’est-à-dire la zone qui a besoin d’être protégée, est
entouré par une zone tampon et une aire de transition, qui forment comme un sas avec le monde
moderne et ses pratiques destructrices. Aujourd’hui, le besoin de conservation de l’environnement
est beaucoup plus fort qu’en 1976, quand les premières réserves de biosphère ont été créées. Mais
il n’en demeure pas moins que les populations qui vivent dans ces réserves ou autour continuent à
vouloir se développer sur le plan économique. L’enjeu est donc de faire cohabiter ces objectifs
potentiellement conflictuels. L'écotourisme peut alors être une solution en contribuant à la
conservation d’une réserve de biosphère mais il peut aussi, au contraire, provoquer des dégâts. Tout
dépend de la façon dont il est développé. L’afflux touristique à Bialowieza est important, sans
17
doute trop d’après certains auteurs (Wesolowski, 1997) pour un développement durable favorable à
la conservation des espèces présentes. Les moyens mis en œuvre pour la gestion du parc et la
conservation des espèces s’y reproduisant dont le bison d’Europe en est le symbole restent bien
supérieurs à la plupart des autres régions concernées par le la protection de l’espèce.
Document 8.
L’immense forêt primaire de Bialowieza est un refuge de biodiversité en Europe.
1952 – Les 2 premiers bisons mâles sont relâchés à Bialowieza (Hinrichsen, 1990).
Des femelles sont relâchées pas longtemps après (Riccuiti, 1973)..
1960 – 31 bisons des plaines en milieu naturel (Riccuiti, 1973).
1977 – L'U.N.E.S.C.O. classe le Parc national de Bialowieza
"Réserve mondiale de la Biosphère". Le bison d'Europe en est son symbole.
1979 – Inscription à la « World Heritage List »
1999 – Extension de la zone « World Heritage List »
Il y a près de 50 ans, l'initiative a été prise de créer des réserves en Roumanie favorables
aux troupeaux de bisons aperçus autrefois dans les forêts des Carpates. Un couple de bisons a été
importé de Pologne en 1958 dans la forêt d'Hateg-Silvut. Actuellement, le bison d'Europe ne se
reproduit en Roumanie quasiment qu’en captivité dans les trois réserves d'élevage d’Hateg-Silvut,
Neagra-Bucsani et Vanatori-Neamt.
La réserve d'Hateg-Silvut : Cette zone est le premier site roumain a accueillir le bison
d'Europe, en 1958, en provenance de la Pologne. Cette réserve cynégétique a une surface de 784,4
ha dont 489,5 ha y représentent la zone tampon. De nos jours, seulement 5 bisons vivent dans cette
réserve.
La réserve Neagra-Bucsani(à 80 Km de Bucarest). Elle fut établie en 1980, sur une zone de
162 ha dans la forêt Neagra et comprenant également une partie de la région de Bucsani. De nos
jours, il y a environ trente-deux bisons vivant dans la réserve.
La réserve de Vanatori-Neamt a vu l’arrivée de trois bisons d’origine Caucasienne en 1970
puis cinq autres en 1977. Par la suite, quelques échanges d’individus ont été faits entre les réserves
de Roumanie avec pour objectif de maintenir une diversité génétique. La Société Zoologique de
Londres fit une étude en 1998 confirmant la viabilité de l'écosystème forestier afin de mettre le
bison en liberté dans les montagnes de Neamt. Le parc National de Vânatori-Neamt est créé en
1999. Il s'étend sur une surface de plus de 30 818 ha, dont 26 300 ha boisés. Les programmes de
conservation visent ainsi la conservation de l’écosystème dans son ensemble au travers d’une
gestion durable de la forêt et des espèces clefs tel que le bison d’Europe, la plus grande des
espèces. L'établissement
d'un centre d'élevage du Bison d'Europe entièrement équipé (laboratoire vétérinaire, émetteurs…)
et la création des conditions idéales pour la réintroduction de l’espèce en milieu naturel (enclos de
quarantaine, enclos d'accommodation, enclos de pré-libération…) démontrent l’attention
particulière donnée à cette espèce dans les réserves Roumaines. La conservation du patrimoine est
une notion importante dans la stratégie de développement économique durable : le développement
de l'écotourisme et la promotion des richesses naturelles de la région est un moyen de
sensibilisation et de financement important des programmes de conservation.
19
Malgré les bonnes conditions de conservation de l’espèce Bison bonasus en Roumanie, les
habitats restent trop fragmentés. Il est dit que, durant les hivers rudes, les bisons de la réserve de
Bucovinskaia en Ukraine arrivaient à traverser la frontière tortueuse dans les territoires du Nord
dans la région de Suceava, à 80 Km de la réserve de Vanatori-Neamt en Roumanie. La création de
couloirs favorisant les migrations, de corridors, permettant la formation de métapopulations est
indispensable à la viabilité à long terme et au développement autonome du troupeau. La
réhabilitation et l’élargissement des réserves et parcs nationaux demeurent donc une priorité dans la
gestion des troupeaux de bisons. L’écotourisme peut ainsi s’avérer être un bon outil de
conservation.
Le dernier bison européen sauvage aurait été tué dans les montagnes du Caucase occidental en
1927. L’espèce fut réintroduite une dizaine d'années plus tard. La zone correspond à la réserve
naturelle du Caucase de l'Ouest, instaurée par le Gouvernement soviétique dés 1924, est inscrite sur
la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO considérant qu'il s'agit du seul grand massif
montagneux européen qui n'a pas subi d'impact humain trop important. Les habitats sont d’ailleurs
exceptionnellement variés pour une zone si peu étendue, allant des plaines jusqu'aux glaciers et un
tiers des espèces de haute montagne sont considérées comme endémiques. L’activité écotouristique,
qui n’est cependant que très peu développée, manque considérablement de contrôle dans cette
région riche en biodiversité. De plus, le manque de variabilité génétique chez Bison bonasus et
notamment pour cette lignée phylogénique des montagnes Caucasienne doit être un argument
supplémentaire en faveur d’une protection rigoureuse du massif montagneux.
20
Des centres d’élevages et de reproduction en captivité s’étendent un peu partout au sein ou parfois
en dehors de l’aire de distribution historique de l’espèce. L’écotourisme joue souvent un rôle
déterminant pour ce type de stratégie de conservation ex-situ, mais le développement économique
de ces structures ne doit jamais prendre le pas sur l’objectif de conservation du
patrimoine. Mis à part quelques spécimens dans des zoos, les seuls bisons d’Europe
présents en France sont dans les réserves de Sainte-Eulalie-en-Margeride (Lozère), et
du Haut-torenc ??.
Le Parc animalier de Gramat est géré par une association Loi 1901, l'Association pour
l'Etude et la Protection de la Faune et de la Flore du Causse, qui fut créée en 1976. Le Parc
animalier a ouvert ses portes en 1979. L’objectif du parc n’est pas la réintroduction de l’espèce
Bison bonasus en milieu naturel mais simplement la sensibilisation du grand public : réapprendre à
connaître, à apprécier et à protéger notre propre patrimoine et sa faune. Depuis 1985, un second
objectif mais d’importance majeure pour la conservation du bison est visé, en effet le parc
animalier s'inscrit dans la ligne directe de la lutte entreprise à l'échelle mondiale pour la sauvegarde
de certaines espèces fortement menacées et la gestion des ressources génétiques en participant à
plusieurs Programmes Européens d'Elevage (EEP) dont celui du Bison d'Europe.
Même si les effectifs de bisons sont très bas dans ce type de structure, le développement des
centres de reproduction en captivité est essentiel à la bonne gestion de l’espèce, notamment à
travers une bonne traçabilité génétique, des échanges entre les établissements ou les réserves, et des
effectifs de bisons bien contrôlés. Une chute du nombre d’animaux et d’établissements concernés
par cette stratégie, observée au cours des années 90 (document4), révèle d’autant plus l’importance
de mieux considérer cette technique dans la réussite des programmes de conservation de Bison
bonasus.
b) Sainte-Eulalie, en Margeride
A partir des années soixante, les scientifiques polonais cherchèrent à créer un pôle de
reproduction éloigné de la Pologne mais dans une région faisant partie de son ancienne aire de
répartition, peu peuplée, suffisamment boisée et avec un climat assez rigoureux. La Margeride dans
le Massif Central en France correspondait parfaitement à ces critères. Un premier lot de six mâles
et trois femelles, transporté par camion de Bialowieza, fut lâché dans le parc animalier de Sainte-
Eulalie en juin 1991, en semi-liberté sur 200 ha. Après une acclimatation réussie, un second lâcher
de bisons plus jeunes eut lieu en avril 1992.
Une tentative de reconstitution de la faune existante il y a six siècles en France est en effet
pratiquée dans les Alpes ? (Haut-Torenc). Les gestionnaires ont déjà fait revenir sur une propriété
privée de 700 hectares le bison d'Europe et se préparent à y accueillir le cheval sauvage, dit de
Przewalski, qu'ils feront cohabiter avec les animaux présents dans les Alpes-Maritimes. Un
troupeau de 13 bisons d'Europe broute sur 300 des 700 hectares de la Réserve naturelle touristique
du Haut-Thorenc depuis le début de l’année 2006, région qui compte 7 habitants au km². Ensuite
ces animaux seront lâchés sur l'ensemble de la propriété clôturée par l’équipe de Patrice Longour,
l'un des vétérinaires à l'initiative du projet de réimplantation d'animaux disparus d'Europe depuis
six siècles dans les Alpes-Maritimes. Les 13 bisons qui s'ébrouent ici, originaires de la forêt de
Bialowieza en Pologne, ont été sélectionnés en juillet 2005 par Mme Olek, coordinatrice du
programme d'élevage européen(EEP, cf I.2.3), pour leurs qualités génétiques. Prochainement, des
chevaux de Przewalski, chevaux sauvages jamais domptés par l'homme et localisés en Mongolie
au ?° siècle, devraient donc se joindre aux bisons sur le même site.. De la même manière que pour
les bisons, une poignée de spécimens a permis de reconstituer les troupeaux grâce à des
21
programmes européens de reproduction en captivité. Par le passé, ces animaux, qu'il s'agisse des
bisons ou des chevaux, étaient parfaitement adaptés à tous les climats. Dans cette réserve, aux
alentours de 1 200 mètres d'altitude, la température leur convient très bien. D’après Patrice
Longour, la propriété va permettre aux scientifiques d'étudier les interactions entre les espèces et
leur action sur la flore locale. Ils ont déjà pu constater, en l'occurrence, que les bisons s'entendent
bien avec les sangliers. Ils ont pu observer que les bisons ouvrent le milieu en broutant les branches
proches du sol, ce qui constitue un pare-feu efficace. Patrice Longour a une longue expérience de la
protection de l'environnement acquise il y a plusieurs années en Afrique dans des sites naturels.
Outre son initiative purement écologie, il a commencé à exploiter sur un plan écotouristique cette
réserve unique par la diversité de sa faune, en France.
L'écotourisme a maintenant été reconnu dans les "hautes sphères" comme étant un vecteur
essentiel du développement durable. L'ONU avait ainsi déclaré 2002 comme étant l'année
internationale de l'écotourisme. Des exemples ont été observés un peu partout sur la planète, et il a
été démontré que l'écotourisme s'accompagne souvent de résultats très positifs sur la préservation
de l'environnement et sur le développement des populations locales. Deux notions favorables
ressortent prioritairement de cette activité : l’éducation et les profits économiques. L'éducation du
public est une des importantes tâches que les zoos ont à remplir : de plus en plus d'établissements
mettent à la disposition de leurs visiteurs, outre des explications sur le mode de vie et l'habitat de
l'animal, des informations sur les dangers croissants qui menacent les animaux et sur la destruction
des écosystèmes viables. Toutefois il y a certaines erreurs à ne pas commettre pour ne pas tomber
dans les travers du tourisme de masse que sont la dégradation de l'environnement et les impacts
négatifs sociaux et culturels. Une gestion rigoureuse de l'environnement et une limitation dans le
développement des activités écotouristiques ne doit jamais être perdu de vue.
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Les tortues des Comores qui à la manière des bisons d’Europe manquent d’habitats ou souffrent du
braconnage ont également pu bénéficier de cette activité.
Les moyens financiers entrepris pour la conservation des espèces sont beaucoup plus
important dans l'hémisphère nord et surtout en Amérique du Nord. L'écotourisme reste cependant
un moyen important de sensibilisation du grand public et d'amélioration de la rentabilité des zones
protégées, à une époque le tourisme et l'industrie des loisirs sont en croissance partout dans le
monde. Certains services rendus par la biodiversité tel que l'écotourisme doivent donc être chiffrées
afin de les comparer à la valeur des projets qui pourraient exclure la conservation
environnementale dans certaines régions sujettes à la restauration. Cette comparaison pourrait
permettre une meilleure valorisation pour les populations locales des territoires concernés par la
conservation des écosystèmes. On peut citer en exemple le premier parc naturel, Yellowstone, crée
au profit du…bison d’Amérique (Bison bison), ou bien le parc du Mercantour en France avec la
réintroduction de loups, ou encore les Everglades avec le lamantin...
Les bisons, au même titre que d'autres espèces charismatiques de mammifères et d'oiseaux
essentiellement, ont sans aucun doute bénéficié d'un traitement préférentiel à travers les différents
programmes de conservation, au détriment d'autres espèces de reptiles et d'insectes par exemple.
Les bénéfices économiques importants que peuvent engendrer les activités liées à ces espèces
grandement appréciées, tel que l'écotourisme ne sont probablement pas étranger au phénomène. Ce
dernier n'est tout de même pas toujours défavorable puisque les mammifères préférés étant souvent
les plus gros, leurs habitats sont suffisamment grands pour contenir d'autres habitats qui se
trouveront par la même occasion protégés. L'approche espèce par espèce en matière de
conservation des espèces reste très souvent critiquée, autant du point de vue biologique
qu'économique. L'aigle pygargue à tête blanche, emblème des Etats-Unis , qui a bénéficié de 10 %
entre 1989 et 1991de l'ensemble du budget américain alloué à la conservation des espèces en
danger d'extinction, n'est pas forcément le bon exemple à suivre. On tend ainsi de plus en plus à
favoriser la conservation d'écosystèmes entiers où l'on retrouve plusieurs habitats. A travers les
moyens entrepris pour sauver l'espèce Bison bonasus depuis le début de ce siècle, c'est l'ensemble
des écosystèmes colonisés par les troupeaux de bisons qui ont pu être un peu plus épargnés de la
pression anthropique que d'autres forêts européennes. La forêt de Bialowieza en Pologne et en
Biélorussie et certaines régions des montagnes du Caucase sont les reliques des forêts primaires
d'Europe. Cependant, si une meilleure rentabilité dans l'exploitation de ces régions peut être
obtenue par l'écotourisme, ce dernier doit être rigoureusement estimé et contrôlé afin de ne pas
endommager les différents biotopes. Un article (...?) intègre les populations de touristes aux
communautés animales composant l'écosystème. Ainsi, en estimant la capacité de charge maximale
qui peut être soutenue, les auteurs essaient de mieux prévoir les impacts de l'écotourisme sur la
zone étudiée.
Malgré les menaces du tourisme sur les grandes forêts naturelles (piétinements,
aménagements…), ce type d’exploitation dans la mesure ou sa gestion est rigoureuse, reste
bénéfique à la conservation des écosystèmes concernés au vue des activités économiques
actuellement pratiquées : exploitation du bois, agriculture..
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