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HISTORIQUE
PLAN DU COURS
Introduction : définition, obstacles, paradoxes, problématiques
Chapitre III :
• trois théories du soupçon au XIXème siècle
1) marxisme
2) freudisme
3) structuralisme
• contre-point :
1) positivisme
2) technicisme
3) histoire nouvelle
• catégories en histoire :
1) en profondeur : division analytique
2) en largeur : division géographique
3) en longueur : division chronologique
• concepts en histoire :
Thucydide est un athénien du cinquième siècle ACN, concerné par les guerres du Péloponnèse, qui vont
marquer le déclin d'Athènes. Il avait une haute responsabilité, or il a échoué et a donc été contraint de s'exiler. A
partir de son échec personnel, de sa position d'exilé, il repense les guerres, refait l'historique des guerres, pour
comprendre les raisons de son échec, en tant qu'acteur et en tant qu'observateur. Il est rationaliste, il veut tout
comprendre tout analyser en profondeur. Il souhaite qu'il n'y ait plus d'échecs dans des situations analogues, il
tire des leçons du passé pour maîtriser l'avenir. Il souligne la fonction sociale de l'histoire, son rôle pédagogique.
Il est nécessaire de comprendre le passé pour ne plus qu'il se reproduise. Il croit que l'histoire qu'il produit est
définitive, que personne ne pourra mieux faire, comprendre, analyser que lui-même. Il transforme l'histoire en un
théorème. Pour sa version définitive du passé, on peut le mettre en rapport avec les positivistes du dix-neuvième
siècle. Thucydide est habité par le rationalisme, il est sûr de la raison. Il a la volonté d'ordonner ce qui est
hétéroclite, n'est pas intelligible.
Polybe est un grec du deuxième siècle ACN, qui vit dans le monde romain. Il veut faire une histoire
universaliste. Il a l'idée d'une histoire globale, totalisante, donc il doit faire de l'histoire comparative. Tous les
événements du passé conduisent à un résultat, le triomphe de Rome est évident, déterminé. Polybe annonce les
philosophes de l'histoire, universelle et totalisante, car il a un point de vue globalisant. Il est influencé par le
stoïcisme ; la raison universelle, associée au tout de l'univers, est supérieure à l'homme, la raison fait l'histoire.
L'histoire-connaissance fait partie de la réalité, elle se transforme en fonction de la réalité, elle n'est pas détachée
de la réalité. L'historien doit regarder le passé avec les sensibilités d'autrefois, pas avec ses propres sensibilités.
L'histoire est une vision changeante, en évolution, un va-et-vient entre le passé et le présent. Hérodote,
Thucydide et Polybe sont tous très proches de l'événement qu'ils racontent. Le recul est positif car, plus on
s'éloigne d'un événement, plus il est accessible, on retrouve des sources, le temps joue en faveur des historiens.
Par exemple, les archives diplomatiques. Le temps permet à l'événement de s'accomplir, il permet une
accumulation de réflexions sur le passé, il permet une certaine sérénité sur l'objet étudié. Le recul est négatif car,
une trop grande sérénité peut amener à l'indifférence, il peut rendre étranger au passé. Il y a ici un paradoxe,
lorsque l'on est engagé, il y a des éléments de subjectivité, et lorsque l'on est désengagé, c'est une source de
mépris, d'indifférence.
L'illusion de la rétrospectivité, c'est le fait de dire que ce qui c'est passé devait nécessairement se passer ainsi.
C'est la projection sur le passé d'un état de fait que ce passé ne pouvait qu'ignorer. Mais en histoire, il n'y a pas de
déterminisme, l'avant n'est pas toujours la cause de l'après. Il ne faut pas confondre la causalité et la temporalité,
un événement n'arrive pas parce qu'il est précédé d'un autre événement.
Transformations du temps:
La représentation du temps est non universelle, non éternelle. Il y a deux grandes visions contradictoires.
A l'Antiquité, c'était une vision cyclique, car tout est cycle : saisons, jour, nuit... La caractéristique fondamentale
est qu'il n'y a ni début, ni fin, et donc provoque une certaine harmonie. Les choses sont inscrites à l'avance. Il n'y
a pas de place au progrès, à l'inconnu de l'évolution, mais bien à l'immuable, à ce qui ne change pas. C'est une
vision à la fois rassurante, car il y a un équilibre, et pesante, car nous fait prisonnier. La transition d'une vision
cyclique à une vision linéaire se passe dans le bassin méditerranéen. Le judéo-christianisme devient religion
d'état et amène le monothéisme. Il n'y a plus qu'un seul dieu, créateur et colérique, les relations se distancent.
Avec la nouvelle vision, tout ce qui est produit est unique, il y a un côté dynamique, irrésistible, incertain,
aléatoire, mais avec des garde-fous, un début, la naissance du monde et une fin, la Parousie, c'est à dire le retour
du Christ sur Terre pour châtier les méchants et sauver le monde. La venue du Christ sur Terre réintroduit la
dimension cyclique, adoucie par la place du Christ dans le christianisme. Donc, le temps est un peu moins
irréversible, définitif. La vision monothéiste dramatise le temps et l'adoucit. Le moteur de la dynamique linéaire,
c'est Dieu, c'est le moteur du temps et de l'histoire. La dominance de la vision chrétienne va durer jusqu'au dix-
huitième siècle. Avec le siècle des Lumières, le temps va se laïciser. Il n'y a plus de garde-fous, la question du
début est hors réflexion et la fin, elle, n'est plus prévue. La récompense de ce temps dramatisé est la notion de
Progrès, qui est indéfini, ne s'arrête jamais, et continu, s'accélère toujours grâce à la raison. C'est maintenant le
Progrès qui est le moteur du temps et de l'histoire. C'est une révolution mentale, l'homme accepte les risques de
l'incertitude. Exemple: Pascal l'a illustré, il est fasciné par le silence infini et effrayant, mais il accepte son état
par rapport à la grandeur du monde. L'univers est infiniment puissant, tandis que l'homme est infiniment petit. La
différence, c'est que l'univers n'en sait rien. La base du Progrès est la science et la raison. Hegel va rendre plus
complexe, plus saccadée la linéarité du temps, hypothèse, thèse, synthèse.
La question de la datation est inévitable dans les civilisations, car le temps sert de point de repère. Le temps n'est
pas une unité de mesure mathématique. Les temporalités décrites sont variables. La perception est différente de
la partition du temps. Exemples. Le christianisme a unifié notre temps, il a rangé les faits, les événements du
passé, avec un point de repère, la naissance du Christ. En Chine, au Japon, ils avaient une conception circulaire,
les règnes des empereurs organisaient le temps. Dans l'empire byzantin, le cycle de quinze ans était appelé
l'indiction. La datation des Romains se faisait en référence aux règnes des consuls. Chaque civilisation a sa
propre échelle, sa propre référence. Le souci de l'humanité a provoqué une harmonisation du temps, propre de
l'ère chrétienne. Bède le vénérable, moine anglais, au début du huitième siècle, fait opter la chrétienté au comput
fondé sur la naissance du Christ. Le premier document daté en fonction de la naissance du Christ, date de 742.
L'ère chrétienne est généralisée au onzième siècle. Aujourd'hui, la chronologie universelle est fondée sur l'ère
chrétienne. En France, en 1792, le calendrier républicain est imposé. Mais cette tentative n'aboutit pas, la lecture
politique du temps est supprimée par Napoléon, après dix ans de vie.
Naissance de la critique historique:
La critique historique naît à la Renaissance. Il y a une série de changements par rapport à l'époque médiévale. La
notion d'état se renforce, c'est la fin de la féodalité. Il y a une poussée démographique grâce à un stimulant
économique, l'agriculture. C'est aussi le moment des grandes découvertes qui provoquent un changement sur la
définition que l'homme se donne, sur le rôle de l'Europe. Le protestantisme crée une zone de rupture,
l'omniprésence du catholicisme est ébranlée. Avec les progrès de la science, on s'interroge de manière
scientifique sur le corps humain et sur les corps célestes. Les humanistes sont des érudits, qui ont beaucoup de
connaissance sur la culture de leur temps. Ils veulent rajeunir la culture par la recherche d'exemples dans
l'Antiquité. Les humanistes sont des individus tournés vers le passé, ils recherchent dans le passé des critères, des
valeurs pour le présent. Ils se revendiquent chrétiens, ils ne veulent pas reproduire l'Antiquité, ils savent qu'elle
est morte. Les sources transfugent par les moines, les copistes du Moyen-Age, sans eux, beaucoup de sources
auraient disparu. Les humanistes développent des techniques très précises pour travailler sur ces sources, qui
sont la seule passerelle avec l'âge d'or. Leur cri de guerre est ab funtes.
La critique externe:
La critique externe est une opération qui cherche à déterminer l'authenticité ou la provenance d'un
document. Un document authentique est un document qui provient bien d'où il prétend provenir, est un document
qui sort bien des mains de son auteur. Un document qui n'est pas authentique est un document apocryphe. Il y a
trois exemples célèbres. La donation de Constantin, empereur roman du quatrième siècle, qui fait du
christianisme une religion d'état, est un acte octroyant au pape Sylvestre 2, des territoires et le pouvoir sur cet
espace. Ainsi, le pouvoir spirituel et temporel est légitimé par la donation de Constantin. Mais au quinzième
siècle, Laurent Valla par la critique historique remet en question l'authenticité du document. C'est un document
qui a été fabriqué par les juristes du pape au douzième siècle. Le protocole des sages de Sion est un compte-
rendu édité d'une réunion secrète avec les élites juives mondiales. En fait, il n'y a jamais eu de réunion d'élites
mondiales. Ce document a été fabriqué par la police du tsar mais a servi aux thèses antisémites. L'affaire Dreyfus
repose sur un document faux. En juillet 1794, Robespierre tombe. La coalition, nostalgiques du royaume,
révolutionnaires plus extrémistes, publie les mémoires authentiques de Robespierre. Mais, en fait, c'est un
document faux qui va nourrir le discours anti-révolutionnaire, faisant de Robespierre, un monstre hypocrite, qui
voulait devenir à terme le souverain de la France. Les documents apocryphes sont actifs, même dénoncés. Ils
peuvent donner de l'information, sur le climat de l'époque, sur les faussaires, sur les intentions... Ils ont aussi leur
place en histoire. La critique externe concerne cinq questions. Qui a rédigé le document ? Il n'est pas toujours
évident de déterminer l'auteur. Exemples, faussaires, attribution de textes à des auteurs morts, homonymes,
changements de noms, anagrammes, pseudonymes... Quand le document a-t-il été rédigé ? Difficile aussi, car
l'usage de dater est relativement récent. Le calendrier grégorien date de 1582. On peu t identifier un document
dans le temps avec le C14, qui émet de la radioactivité présente dans les organismes vivants, et décroît au fil du
temps. On sait déterminer l'âge à 150-300 ans près. Pour les objets métalliques, on utilise la méthode de
thermoluminescence. Le terminus ante quem, c'est la limite avant laquelle le document doit avoir été écrit, et le
terminus post quem, c'est la limite après laquelle le document ne peut pas avoir été écrit. Où le document a-t-il
été rédigé ? La détermination du lieu de rédaction du document cause plusieurs problèmes, car les noms des
lieux changent. Quelle est la forme du document ? lettre, diplomatique, narratif... Exemple : Un titre juridique
sur une propriété foncière, le propriétaire fait une copie de ce titre pour avoir un double, et il perd l'original. Il
reste le faux, qui est quand même authentique car il provient bien d'où il prétend provenir, il y a là un paradoxe.
La critique interne:
Après la critique externe, la critique interne pose le problème de la véracité, de la crédibilité d'un
document. Ici aussi, il y a différentes étapes. La critique d'interprétation est l'étape où l'on cherche à savoir ce
que l'auteur a dit et ce qu'il a voulu dire. Il faut tenir compte de l'époque, du pays, su milieu, du contexte, et de la
langue de l'auteur, de ce que lui, attribue comme définitions et sens aux mots. Le concept est un mot et une
réalité, ils n'ont pas le même statut. Il faut se contenter du texte, de ce qu'il contient. On est souvent tenter de
comprendre ce que l'auteur a voulu dire avant de constater ce qu'il dit. La critique de compétence est l'étape, qui
consiste à déterminer dans quelles conditions, l'auteur à élaboré son témoignage et, s'il était à même de
comprendre ce dont il parle et, de l'appréhender correctement. L'auteur d'un témoignage peut être direct,
oculaire, il peut décrire sans comprendre...Le témoin peut également écrire son témoignage d'après d'autres
témoignages. Ephore disait que le maximum de crédit doit être réservé aux écrivains contemporains des faits
qu'il racontent. L'abondance de détails précis dénote un témoin bien informé, s'il s'agit d'un fait proche, tandis
qu'elle nous met en défiance contre le narrateur d'un passé lointain. Plus un témoin est éloigné des faits qu'il
rapporte, et plus les détails sont suspects et vice versa. La critique de sincérité cherche à savoir si l'auteur est
sincère ou s'il ne travestit pas son exposé pour différentes raisons. Elle contrôle les enjeux du témoin. Il y a
diverses raison de travestissement volontaire ou non. L'auteur peut avoir intérêt à mentir même dans les actes
officiels. Il faut être vigilant à la relation entre l'autorité et les subalternes. Il peut y avoir une altération de la
vérité de la part de l'auteur, car il est contraint à mentir, parce qu'il est dans les positions contraires aux règles
habituelles, par exemple, il peut antidater les documents. Mais aussi, par sympathie ou antipathie, par vanité, par
conformisme, au nom d'une esthétique...Les faux témoignages ne sont jamais à jeter car ils donnent des
renseignements sur l'auteur et sur l'époque. La critique d'exactitude cherche à déterminer les cas d'erreurs
involontaires, qui peuvent être d'ordre culturel, on ne voit pas tous la même chose. Les préjugés, les stéréotypes
évoluent à travers le temps. Dans la presse d'informations, des témoignages sont parfois anticipés. Les auteurs
affirment parfois un fait dont ils ne peuvent avoir eu connaissance, et parfois encore, ils sont induits en erreur par
eux-mêmes. Le contrôle des témoignages compare le contenu d'un témoignage avec d'autres témoignages
indépendants. Aucun témoin n'est absolument fiable, mais tout témoin est recevable. Dasn le cas d'un témoin
unique, l'adage juridique, testis unus, testis nullus, n'a pas sa place en histoire. Ce qui importe, c'est voir s'il faut
croire ou ne pas croire un témoin. On accorde donc une créance raisonnable aux affirmations d'un témoin qui
semble digne de foi. La question du contexte à connaître est indispensable. Il faut connaître le témoin le plus
profondément possible, les circonstances dans lesquels les témoins ont été établis. Dans le cas de témoins
multiples, il est toujours dur de résoudre un problème, lorsque les témoins se contredisent. Le nombre de témoins
ne fait pas la valeur, il faut les peser et non les compter. Non numerentur sed ponderentur. L'idéal pour
l'historien, c'est d'avoir une concordance dans le fond de témoignages, avec une différence de certains détails.
L'argument du silence est déduit du silence gardé à son sujet dans les documents contemporains du fait en cause.
C'est le fait d'invoquer le silence des sources comme preuve de l'inexistence d'un fait. Pas de témoignages, donc
pas de faits. Cet argument est pertinent s'il réunit certaines conditions. Il faut avoir vu toutes les sources. Il faut
qu'un fait ait été lisible aux contemporains de l'époque, qu'il soit considéré comme suffisamment important. Il
faut que les contemporains d'un fait aient eu la possibilité de connaître le fait. Les certitudes expérimentales par
induction sont obtenues dans le cadre de la répétition d'une expérience, dans les mêmes conditions, en donnant la
possibilité d'une contre-enquête. Les certitudes historico-critiques sont fondées sur le discernement de la valeur
du témoignage. On a de la connaissance du passé que par des intermédiaires, et donc on doit faire acte de foi,
plus de l'ordre du croire, moins de l'ordre du voir.
Le but de ces démarches est de dégager des certitudes. En histoire, les certitudes ont une couleur particulière, à
degrés variables, qui vont du certain au douteux. Le possible est ce qui en soi peut exister amis le possible varie
selon les critères culturels d'une époque à l'autre. D'autre part, ce qui est possible ne signifie pas l'existence de
traces. Le probable est ce qui possible mais nous avons des indices réels, qui sont des éléments de preuve non
suffisants pour des événements certains. Les événements possibles ou probables peuvent entraîner un débat de
fond inépuisable. Le vraisemblable est ce qui nous semble vrai en fonction de certains critères de subjectivité,
qui peut être totalement imginaire. Ces différents degrés exigent l'auto-critique. Il y a trois types de certitudes.
Les certitudes hypothético-déductives sont obtenues par les mathématiques, la déduction, sont la conclusion
s'impose à tout le monde de façon certaine.
L'esprit critique doit être vif, mais parfois, lui aussi est sujet à critique, il n'est pas un référent absolu. Il a une
histoire et connaît ses dérivés et ses excès. On atteint l'hypercritique quand on a franchi la frontière entre le doute
méthodique et le doute hyper-méthodique. C'est une méfiance systématique, paralysante et excessive, qui a
également une histoire. Marshall, Ardouin, ont énoncés des principes hypercritiques comme, tout document est
faux jusqu'à preuve du contraire, un document est plus suspect s'il est plus ancien. L'hypercritique peut être au
service d'une politique, par exemple le négationnisme, qui prétend reposer sur une démarche scientifique en
mettant en doute systématiquement les témoignages, le travail d'enquêteurs...
L'herméneutique:
La troisième étape de la méthode critique est l'herméneutique ou critique d'interprétation. Il faut tenir compte de
deux dimensions : l'explication et la signification. Expliquer, c'est comprendre par les causes. La causalité
implique des rapports entre des phénomènes, c'est à dire ce qui apparaît à nos sens. S'il y a un rapport entre
antécédent et conséquent, il y a temporalité. Mais en histoire, la causalité est de l'ordre du contingent, de ce qui
arrive, et non du nécessaire. La causalité est multiple, elle dégage des possibilités, et il est impossible d'en faire
la liste complète. Il y a parfois les même effets, mais jamais les mêmes causes. La variété d'enchaînement de
causes empêche les lois scientifiques. Les causes premières sont souvent les plus évidentes. Exemples.
Robespierre meurt le 27 juillet 1794 parce que la Convention a voté son arrestation. C'est la cause première, mais
il y a plusieurs causes sur le pourquoi de ce vote. Les causes sont difficiles à déterminer. Exemple. Les causes
lointaines de la guerre 14-18, sont la rivalité économique et navale entre l'Angleterre et l'Allemagne, l'hégémonie
militaire de l'Allemagne, les agissements des pangermanistes, l'esprit revenchard de la France, les ambitions
russes vers la Méditerranée, le Congrès de Vienne où est restructuré le continent européen après la défaite de
Napoléon. Les causes proches sont la politique agressive de l'Autriche-Hongrie dans les Balkans, la rupture de
l'équilibre européen, la paix armée qui règne en Europe, le désir des Allemands d'une épreuve de force,
l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand par un fanatique serbe à Sarajevo le 28 août 1914. Il est nécessaire
de hiérarchiser les causes pour faire ressortir la dimension intelligible de l'histoire. Exemple. Les débats sur le
génocide pendant la deuxième guerre mondiale. La question des causes peut orienter l'un ou l'autre perspective
dans une certaine direction. Les historiens intentionalistes disent que le projet du génocide existe depuis Mein
Kampf et que dans les années trente, est mise en place l'idéologie hitlérienne. Hitler est donc le moteur de
l'histoire. Pour les historiens fonctionnalistes, le génocide a germé dans le projet des premières difficultés
militaires sur les fronts de l'est, ainsi que l'idée de la solution finale. Hitler n'est qu'un des éléments, il est inséré
dans un processus d'une Allemagne nazifiée et démilitarisée. Les causes ne sont pas en soi des causes, elle
doivent être articulées à autre chose.
La deuxième dimension est la signification, la question du sens, du dégagement de sens. La signification doit
être propre au contexte étudié. Entrer dans la logique de l'autre est encore plus difficile dans le passé. Il faut
s'impliquer pour assimiler la signification, il y a une inévitable transposition de sens. L'historien est soumis à son
propre système d'interprétation. Les documents sont donc des barrières qui nous empêchent de divaguer,
néanmoins, la traduction est une trahison inévitable. L'histoire ne dira jamais la vérité mais c'est une traduction
momentanée du passé par le présent. L'histoire dit les vérités d'autrui, ce que les hommes ont tenu pour vrai, ce
qui est appréhendé dans la mesure où ce que je tiens pour vrai est compatible avec le passé. L'obstacle est le
temps, qu'on peut corriger par les documents et la sympathie, ouverture d'esprit, générosité. La compréhension
implique la complicité, la sympathie.
CHAPITRE III:
Le dix-neuvième siècle est le siècle de l'histoire, les révolutions intellectuelles viennent peser sur les
conceptions de l'histoire, c'est le siècle où l'on réfléchit sur l'homme à travers différentes philosophies. Se mettre
dans la peau des hommes d'autrefois, pour connaître leurs intentions, leurs motivations, est devenu insuffisant.
L'historien a donc intérêt à se pencher sur les théories du soupçon. Ce sont des approches qui prétendent déceler
les motivations inconscientes des individus, qui complèteraient un premier travail de recherches des
significations apparentes des hommes d'autrefois. Il y a trois moments forts de la pensée contemporaine, trois
pistes explorant les inconscients individuels et collectifs, les espaces inconnus ou non révélés par les hommes
d'autrefois. Leur point commun est la volonté de dépasser les apparences, ce qui est tentation et risque pour
l'historien qui lui est soumis aux documents.
Karl Marx, philosophe, économiste et homme politique allemand, subit une triple inspiration, philosophique, la
dialectique d'Hegel, politique, les théoriciens socialistes français, et économique, l'économie politique
britannique. Il élabore une approche des faits historiques et sociaux qui fait de la lutte des classes un principe
d'explication, et accorde au prolétariat un rôle émancipateur de l'humanité. Marx a avant tout sous les yeux, la
société industrielle de son temps. C'est une société très dure, très rude, de la mécanisation totale, qui intègre les
nouvelles conceptions du travail. Les ouvriers sont remplaçables facilement, les machines, infatiguables, ont pris
le pas sur les individus. Au nom de la productivité, il faut soumettre l'homme à la machine et non le contraire. Il
constate l'apparition d'une nouvelle classe sociale, la classe ouvrière. Les premières théories socialistes,
utopiques sont inspirées du romantisme, elles pratiquaient l'analyse comme au dix-huitième siècle. Les idées
libérales sont issues de la Révolution française. Marx ne veut pas attaquer racines du mal sans comprendre les
racines. Mais il faut aller plus loin que les apparences pour découvrir les motivations cachées. Il est pour un
travail de fond sur sa société et les différentes périodes qui précèdent, il constate qu'il y a des constantes dans
l'histoire, des luttes de classes, récurrentes, qui changent de forme et d'apparence. Il distingue les infrastructures,
rapports de forces économiques, des superstructures, apparences d'une société, la religion, la culture, la politique,
pour masquer la réalité des rapports de force. La vraie historie est à déceler dans les rapports d'opposition entre
dominants et dominés, entre ceux qui détiennent les moyens de production et ceux qui ne possèdent que leurs
forces de travail. Il faut la déceler dans l'histoire non-apparente, inavouée. Les dominants sont à l'origine des
superstructures, ils construisent des masques, ils entretiennent l'exploitation des dominés. La culture est un
paravent. La religion est l'opium du peuple. Les discours religieux sont des illusions, pour éviter que les dominés
ne prennent leur sort en mains. L'histoire est dialectique, à chaque époque, il y a des tensions entre dominés et
dominants, qui sont dépassées à l'annonce de nouvelles tensions, qui elle-mêmes seront dépassées...Marx assigne
un sens à l'histoire, la dictature du prolétariat, qui abolira les rapports de forces.
La deuxième révolution de la pensée est le freudisme. Freud est un psychiatre, neurologue autrichien, qui fonde
la psychanalyse. Il s'interroge sur l'origine des troubles mentaux. Sa technique repose sur l'idée que la conscience
n'est pas tout, elle doit tenir compte d'autres dimensions comme l'inconscient. la passerelle entre les deux, est le
rêve. On explore donc l'inconscient par l'analyse des rêves. Les troubles du comportement sont dus à des
pulsions inconscientes, qui ont pour origine, des refoulements et des comportements inavouables aux yeux de la
morale ou de la culture. L'inconscient est tellement puissant qu'il détermine les comportements de l'individu. La
vérité de l'être n'est pas seulement dans ce qu'il dit mais aussi dans ce qu'il ne dit pas. Les historiens vont
maintenant tenir compte de ce qu'ils ne disent pas, ils vont essayer de trouver des méthodes pour accéder à cet
inconscient. C'est la voie ouverte vers une dimension nouvelle de l'histoire, à l'interprétation de motivations
cachées. Freud tente lui-même de pousser des recherches et des investigations, vers les grands problèmes de
civilisations.
Le troisième courant est le structuralisme. Le structuralisme définit les faits à partir de structures invariantes
dont on peut tirer un modèle. C'est une méthode d'analyse qui trouve son origine dans les travaux des linguistes,
dans l'analyse des mots et des formes verbales. Le principe est qu'un mot n'est pas qu'un mot. Cette méthode
inspire d'abord les anthropologues. La culture extra-européenne est codée, le comportement répond à des règles
strictes que les individus ignorent. Ici aussi, la vérité est cachée, elle renvoit à un au-delà de la réalité apparente.
La quête de l'arrière-scène de l'histoire va motiver les historiens. Cette méthode est pleine de pertinence, mais
comporte certains dangers. L'effet de mode et de séduction. Quand on est grisé, on a tendance à faire une grille,
un système d'analyse exclusif. On a une clé mais jamais l'ultime clé. Deuxième danger, le viol de document, c'est
à dire, comprendre un document en y appliquant une grille de lecture pour aller au-delà du document. Il est
dangereux de malmener le document, de faire ressortir de ce document ce qui n'est pas inscrit, de projeter dans
un document son propre inconscient du présent.
Le contre point :
Le contre-point à ces nouvelles perspectives est dominé par le positivisme. Le positivisme est le système
d'Auguste Comte, qui considère que toutes les activités philosophiques et scientifiques doivent s'effectuer dans le
seul cadre de l'analyse des faits réels vérifiés par l'expérience, et que l'esprit humain doit se borner à formuler les
lois et les rapports qui s'établissent entre les phénomènes. Il développe la religion du fait et du document, le
document et rien que le document. Il est lié au contexte même du dix-neuvième siècle, révolutions industrielles,
explosion du rationalisme, envol des sciences exactes. Le positivisme est en réaction contre le romantisme, il
trouve ses origines dans l'empirisme et le rationalisme. L'empirisme est la recherche, par les sens, des faits,
comme des objets indépendants, qu'on peut rassembler comme des briques pour construire l'histoire, et
l'architecte serait la raison. Le rationalisme permet l'articulation entre les faits pour dégager des lois en histoire.
La forme extrême est le scientisme, qui est la tendance qui consiste à n'accorder de valeur qu'au savoir
scientifique et à attendre de la science seule la satisfaction des besoins matériels, intellectuels et moraux de
l'humanité. Le scientisme a une confiance totale dans les infinies possibilités de la science. Les nouveaux pays se
cherchent une identité à travers l'histoire. Le positivisme joue un rôle dans la formation des identités nationales,
en se forgeant sur une histoire événementielle, énumération méthodiquement construite des faits historiques. Les
faits sont les faits, ils s'articulent entre eux. On révèle des faits grâce aux documents, on dégage des lois. Le
positivisme est réductionniste, le champ historique est limité à l'histoire politique, diplomatique et militaire.
Cependant il y a quelques apports, à savoir, le développement du travail professionnel de l'historien car, on
publie de grands recueils de sources, de matériaux de base et on forme des séminaires.
Le technicisme est en réaction au positivisme et, est initié par Fustel de Coulanges. Il souligne l'illusion du
positivisme qui dégage des lois à partir de faits comme si les faits existaient indépendamment des autres. Mais il
retient l'importance accordée aux documents et aux sources de qualité. Il dit qu'il ne faut pas être dupe de la
notion de fait historique car l'homme est lié au temps, caractéristique inévitable, irréversible, seul le présent est
réel. On ne rencontre pas de faits historiques. Le fait historique à l'état brut est une notion fallacieuse, c'est déjà
une interprétation, soumise à d'autres interprétations. Y a-t-il une irréductible subjectivité ? pas tout à fait, car en
perdre conscience, c'est déjà une manière d'y répondre. L'historien renonce à des représentations chaotiques du
passé, il se situe grâce aux documents dans une certaine fourchette d'interprétation. La subjectivité est sous
contrôle.
La nouvelle histoire, terme de Henri Berr, est l'étape suivante qui tient compte des sensibilités du dix-neuvième
siècle. Nouvelle, car elle a cherché à renouveler la problématique de l'histoire. Comment aborder le passé en
tenant compte des différentes disciplines en sciences humaines qui, début du vingtième siècle, prenaient aussi
leurs marques, comme la sociologie, l'anthropologie, la psychologie, la géographie...Une des caractéristiques de
la nouvelle histoire va donc être, l'interdisciplinarité. L'histoire nouvelle retient une double dimension
fondamentale de deux démarches en sciences humaines, de la géographie humaine, interaction entre l'homme et
le milieu, et la science économique et sociale, en liaison avec l'apport du marxisme, l'économie est le moteur de
l'histoire. La théorie des cycles économiques est empruntée aux économistes. L'économie est faite de cycles, de
crises pas nécessairement perceptibles des contemporains. L'histoire est construite en fonction de ses cycles
économiques, et est pertinente que s'il y a le concept de longue durée, une idée d'un temps long, quasi-immobile,
celui des structures matérielles, géographiques et techniques, s'opposant aux temporalités plus courtes de
l'échange économique ou à la rapidité de l'action politique et militante. Il faut du recul pour pouvoir analyser un
fait historique. Les crises, les faits historiques sont a posteriori, non perceptibles des contemporains. Les
phénomènes historiques doivent être étudiées en dégageant sur le temps long, des grandes structures sociales,
économiques, démographiques...Le concept de longue durée est nécessaire pour appréhender correctement les
mouvements de fond de l'histoire. L'histoire nouvelle est une histoire totale, qui fait appel à toutes les sources
possibles : écrites, matérielles..., qui utilise les sciences auxiliaires, qui aborde des thèmes non limités et
nouveaux. Un des premiers ouvrages de l'histoire est Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 d'Emmanuel Le
Roy La Durie. La méthode le l'auteur est intéressante, il a choisi une période brève, un espace ciblé, il traite de
toutes les sources possibles, il révèle les évidences et les apparences d'une petite population, il aborde l'histoire
des mentalités, ce que les hommes ont fait et pensé et pensé qu'ils faisaient. La nouvelle histoire est fondée à
partir d'une revue les annales d'histoire économique et sociale en 1929, par Lucien Febvre et Marc Bloch. Leur
objectif est de ne pas limiter l'histoire à l'histoire bataille, politique, événementielle...Ils proposent un
élargissement du champ de l'histoire. Après la deuxième guerre mondiale, le titre change et devient les annales,
économies, sociétés, civilisations, au pluriel, car parle des hommes, pas de l'homme. Le mot civilisation a un
autre sens que au dix-neuvième siècle. Au siècle des Lumières, ce mot renvoie à un modèle de civilisation, la
société française ou européenne où la raison est triomphante, la liberté défendue, la science, l'avenir de
l'humanité. Civilisé veut dire policé. Conséquence, au dix-neuvième siècle, ça justifie les entreprises coloniales
européennes. Avec les progrès de l'anthropologie, et le contact avec des sociétés extra-européennes, le concept de
civilisations englobe différentes formes d'organisations humaines dans le présent et le passé, qui en fonction de
l'environnement naturel, s'adaptent. Ce n'est plus l'apologie d'un modèle de civilisation mais l'existence de
civilisations qui ont toutes leurs particularités. Il n'y a plus de hiérarchie entre les civilisations mais des modèles
de sociétés que l'histoire fait évoluer vers une direction ou une autre. La civilisation est la combinaison entre le
domaine spirituel et matériel. La vision des annales est en opposition avec des historiens comme Toynbee, qui dit
que dans l'histoire de l'humanité, il est possible de faire une distinction entre 21 civilisations et 650 sociétés
primitives qui n'avaient pas atteint le stade de civilisations. Il élabore une hiérarchie que l'histoire semblait
confirmer, un petit nombre de civilisations et un grande nombre de sociétés primitives. L'histoire des
civilisations est vitaliste, car les sociétés, les civilisations, naissent, se développent et meurent. L'histoire est un
mélodrame. La nouvelle histoire est une histoire à thèmes, à problèmes comme la mort, les sentiments religieux,
les croyances, exemple : le problème de l'incroyance au seizième siècle, la religion de Rabelais, de Lucien
Febvre. Toutes les sources sont nécessaires, les approches sont multiformes pour tâter la dimension du passé,
discours, représentations iconiques, cérémonies, médecine...Voltaire en 1744, entrevoit les fondements de cette
nouvelle histoire dans les Nouvelles considérations sur l'histoire, donc il faut l'apport des économistes, qui
donnent leurs points de vue sur l'histoire. François Simiand dénonce les trois idoles de la tribu des historiens,
l'idole politique, l'idole individuelle, faire de l'individu le personnage principal, l'idole chronologique, s'en tenir
exclusivement aux événements qui se succèdent. Les historiens sont invités à passer du singulier aux relations
stables, aux phénomènes réguliers pour y dégager de véritables lois, des systèmes de causalité. Les historiens en
tiennent compte avec excès parfois, ils octroient une place surdimensionnée à l'économie, qui nie complètement
l'événement. Les historiens de la nouvelle histoire essaient de produire une histoire équilibrée, par exemple, la
méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe 2, de Fernand Braudel. Il propose trois niveaux
d'analyse. Le premier cadre est le temps immobile de la géographie, les forces permanentes antérieures ou
postérieures au seizième siècle, contenues dans la géographie, la géopolitique de la Méditerranée. Le deuxième
cadre est le temps long de l'économie, les forces impersonnelles qui agissent dans le seizième siècle, qui font
ressortir un contexte. Le troisième cadre est le rythme rapide de la guerre et du politique, c'est à dire les
événements, tumultueux, qui tiennent compte d'une donnée, le hasard, qui fait aussi l'histoire.
Les concepts nous amènent aussi à réfléchir sur une définition de l'histoire. L'histoire n'a pas de concepts
spécifiques, elle va les puiser ailleurs. Par exemple, l’énoncé suivant, à la veille de la Révolution, la société
française traverse une crise économique d'Ancien Régime. Il y a deux types de concepts, séparés par leur origine
chronologique. Révolution est un terme d'époque, propre à l'époque concernée. L'Ancien Régime est appelé
comme tel dès le deuxième semestre de 1789, un régime est en train de disparaître pour un nouveau. Ce terme va
être adopté par les générations postérieures. Les deux autres concepts ne datent pas de l'époque révolutionnaire,
ne sont pas forgés par les contemporains de l'événement, ils ne s'inscrivent pas dans le même héritage
chronologique. L'énoncé historique, est en fait constitué par des concepts de niveaux différents, contemporains
des faits et utilisés par les historiens a posteriori. Il y a deux niveaux pour les discours historiques, l'historien
analyse des faits déjà exprimés et reconstruit des faits qui n'ont pas été exprimés. Cette construction peut paraître
ambiguë, par exemple le terme capitalisme, datant du dix-neuvième siècle, a servi pour des époques antérieures.
Il y a risque d'anachronisme lorsqu'on pense le passé avec des concepts contemporains. Certains concepts
étrangers semblent cohérents dans une analyse, viennent combler un vide explicatif, conceptuel. D'autres, qui
désignaient des réalités aujourd'hui disparues, sont abandonnés. Il y a un assemblage permanent, dans le discours
historique, entre les concepts du passé, prises de conscience d'autrefois, et concepts inventés, prises de
conscience d'aujourd'hui. L'analyse historique est juge. L'historien construit l'histoire à partir de concepts
sélectionnés. Les concepts ne sont pas figés, pas finis, ils contiennent à évoluer. Le problème des concepts
historiques est la question des relations entre l'histoire et la mémoire, canal par lequel le monde des médias
réactive telle ou telle époque. L'articulation éclaire le présent qui parle d'histoire. Il y a des concepts de deux
types, les concepts évoluent et se chargent de définitions à travers le temps.
Le cœur de toute démarche intellectuelle est de poser des questions. L'historien dépend des sources et des
documents. Il n'y a pas de questions sans documents, mais en échange, tout document peut soulever des
questions. Le propre de l'histoire est de l'ordre de l'interrogation : celle qui porte sur le changement dans le
temps. Le document est la clé du questionnement historique, à cela deux conséquences. On a jamais fait une
lecture définitive d'un document même le plus élémentaire. On peut faire parler des documents avec des
nouvelles méthodes. Exemples. Les archives de notaire du dix-huitième siècle, sont très riches pour étudier la vie
économique et sociale, car elles font la liste des biens des personnes. Mais elles sont aussi porteuses d'autres
informations, comme les violences conjugales, pour étudier l'aspect des relations entre hommes et femmes. Les
archives de police à propos des réunions ouvrières, servent à appréhender la sociabilité d'une classe sociale. On
peut aussi s'interroger sur la configuration d'un imaginaire, et alors chercher à savoir ce qui s'est dit lors des
meetings du passé. Les documents parlent plusieurs langues. Les questions se renouvellent sur les traces, et les
documents, qui ne changent pas. Au dix-neuvième siècle, l'écrit, le texte dominent, à la Renaissance aussi. Au
vingtième siècle, avec l'anthropologie et le structuralisme, il y a d'autres sources matérielles, on s'interroge sur
les pratiques, les rituels, les non-dits, les symboles...Les questions les plus légitimes sont les questions qui n'ont
pas encore été posées, elles font avancer la réflexion. Même les genres historiques ont une histoire. Par exemple,
le statut de la biographie, a évolué au fil du temps. Elle a connu son heure de gloire avec le positivisme, car les
historiens du dix-neuvième siècle font une histoire politique. Le rôle des grands hommes, des événements sont
décisifs pour les positifs. L'histoire nouvelle relativise le rôle des acteurs. Dans les années 50, la biographie est
poussée dans les exercices de style, mais ce n'est pas un travail sérieux. Le marxisme et sa traduction politique
sont un échec, et donc est relancée l'histoire politique et les rôles des individus. La biographie est un des plus
anciens genres historiques, à travers différentes formes, pamphlets, éloges...L'objet de la biographie est la
transmission véridique d'une personnalité. C'est le confluent entre la psychologie et la l'histoire, l'homme agit sur
son temps, ou le temps agit sur l'homme. Aujourd'hui, il y a une nouvelle relation entre l'histoire et la mémoire,
notre société est axée sur le présent, elle anticipe l'avenir sur une base de gestion, pas sur des utopies. L'histoire
apparaît comme une nécessité pour comprendre les tragédies. Quelque soit l'époque et la manière de traiter le
passé, la subjectivité a été à la base de l'histoire. Nous savons que nous sommes subjectifs, mais les documents
nous ramènent vers une objectivité relative et aussi les autres historiens, et le fait que tout ce qui est dit, peut être
critiqué par les autres. L'objectivité n'est jamais atteinte, mais ne conduit pas à l'impuissance. Elle est comme
l'horizon pour le marin, un chemin escarpé, difficile de la liberté.