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TD 3 – Construction d’une Question de Synthèse à l’issue

d’un travail préparatoire sur les chapitres culture,


socialisation, structure sociale

LA CULTURE OUVRIERE

I – Dossier documentaire

Document 1

L'origine sociale des élèves de la 6ème aux classes préparatoires


Unité : %
Elèves Ensemble Bachelier Bacheliers Inscrits en
de bachelier s généraux classe
6ème s généraux avec préparatoire
mention aux grandes
écoles
Ouvriers,
38 29 19 15 9
inactifs*
Employés 18 16 14 11 7
Agriculteurs,
artisans, 11 11 10 9 9
commerçants
Professions
17 21 24 23 20
intermédiaires
Cadres
supérieurs,
16 23 33 42 55
professions
libérales
TOTAL 100 100 100 100 100
*Les inactifs sont des personnes de milieu social très proche de celui des
ouvriers.
Source : Ministère de l'éducation nationale - Direction de l'évaluation de la
prospective et de la performance, suivi après le baccalauréat des élèves
entrés en sixième en 1995
Document 2

Taux d'équipement en téléphone mobile, ordinateur et Internet


selon les catégories sociales
Unité : %
Téléphone Ordinateur à Accès à Utilisation
mobile la maison Internet à la ordinateur au
personnel maison travail *
Indépendants 77 64 58 47
Cadres
92 91 81 87
supérieurs
Professions
88 60 77 77
intermédiaires
Employés 88 75 65 46
Ouvriers 78 62 47 23
Au foyer 63 50 40 -
Retraités 47 33 25 -
Elèves,
86 84 72 73
étudiants
Ensemble de la
75 66 55 59
population
* champ : élèves, étudiants et actifs
Source : Crédoc, Enquête conditions de vie et aspirations des Français.
Année des données : 2007

Document 3

Si les nouveaux mots d'usine sont acceptés par les jeunes, le terme
d'ouvrier fait l'objet d'un rejet, d'une disqualification. « Moi, je ne suis pas
ouvrier, je suis opérateur. Pour ceux qui ne bossent pas du tout dans
l'entreprise, on est ouvrier. Mais ouvrier, pour moi, c'est plus la main-
d'œuvre. Là, ce que je fais, c'est plus proche de l'électronique que d'aller
sur un chantier » (31 ans, niveau bac comptabilité). II s'agit là d'une
défaite symbolique lourde de sens, signe et symptôme d'un rapport de
forces dans l'espace social. Être ouvrier aujourd'hui, c'est être condamné à
demeurer dans un univers socialement disqualifié. Et cette perte du
vocabulaire ancien entraîne avec elle la crise de croyance dans le langage
politique : pour bon nombre de jeunes, le discours qui en appelle à « la
classe » apparaît devoir être rangé au magasin des accessoires.

[...] Ainsi, dans la France industrielle, deux types de population ouvrière


coexistent : d'un côté, des opérateurs de PME (smicards, jeunes, taillables
et corvéables à merci, non syndiqués) ; de l'autre, des ouvriers de grande
usine, « ouvriérisés » de longue date, bénéficiant d'une forme de
protection sociale notamment grâce à la présence de délégués syndicaux
dans les ateliers. Cette coexistence n'est pas sans effet sur les
représentations que se font les ouvriers du monde social.

[...] Ces nouvelles formes de précarité rendent aléatoire tout enracinement


usinier, toute transmission d'une culture de travail et d'une culture
d'opposition.

Stéphane Beaud et Michel Pialoux, « Cette casse délibérée des solidarités


militantes », Le Monde diplomatique, janvier 2000.

Document 4

Avec le chômage, l'usine et l'atelier ont perdu leur caractère de lieu


privilégié de la socialisation. L'urbanisation des années 1960-70 avait
déstructuré les quartiers ouvriers de centre-ville, leur image et leurs
réseaux de solidarité. La crise et la paupérisation ont fait de même dans
les grands ensembles.

En fait, la classe ouvrière a éclaté. Les ouvriers qualifiés se sont alignés


sur la vie moderne des classes moyennes, les moins qualifiés sont tombés
dans la précarité et la pauvreté. Les nouveaux visages des quartiers en
sont le reflet. Les familles populaires les plus aisées ont quitté les HLM
pour les nouveaux lotissements ou les quartiers rénovés. Les autres sont
restés dans les cités devenues des lieux de relégation. Dans les deux cas
l'empreinte du monde ouvrier - les associations, les fêtes, le bistrot du
coin, le syndicat ou la cellule du parti - s'est évanouie, remplacée dans un
cas par les associations de co-propriétaires, de consommateurs ou de
parents d'élèves, et dans l'autre par le vide. Dans l'ensemble du pays,
l'audience des syndicats ouvriers et du parti communiste a décliné, alors
que les nouveaux mouvements sociaux, écologistes, féministes ou autres,
sont apparus moteurs des transformations sociales. Depuis quelques
années, la montée de l'insécurité économique et sociale n'a pas entraîné
de retour aux formes traditionnelles d'organisation collective du
mouvement ouvrier. Mais elle a fait le lit de l'extrême droite et de
l'extrémisme religieux, pas toujours d'ailleurs, loin s'en faut, chez ceux qui
souffrent le plus.

Source : Alternatives Economiques, HS n° 29, 1996.


II – Travail préparatoire

1. Donnez le mode de lecture et de calcul des chiffres :


● 29 (doc 1)
● 47 (doc 2)
2. Quelles sont les données qui démontrent que le taux d’élèves de la sixième aux classes
préparatoires et le taux d’équipement en téléphonie mobile, ordinateurs et Internet sont
fortement influencés par la catégorie sociale ? (docs 1 et 2)
3. Montrez qu’il existait jusque dans les années 1960-70 une sous-culture ouvrière. (doc
4)
4. Démontrez que par un phénomène démographique survenu dans les années 1960-70 la
classe ouvrière s’est fortement appauvrie. (doc 4)
5. Quelles furent alors les conséquences pour la classe ouvrière ? (docs 3 et 4)
6. Expliquez la phrase soulignée. (doc 3)
7. Quelle stratégie ont-alors cherché à développer la classe ouvrière à la suite de ces
conséquences ? De quelle manière ?

III – Question de synthèse

Dans une première partie, vous constaterez qu’il existait dans les années 60 une classe
ouvrière fermée et homogène ayant conscience d’elle-même, qui a développé une sous-
culture, voire une contre-culture, comme le démontrent les théories marxistes et
déterministes. Dans une seconde partie, vous relativiserez en montrant que depuis il
n’existe plus de classe ouvrière, qu’elle a développé une stratégie d’ascension sociale,
comme le démontrent les sociologues interactionnistes.

CORRECTION DU TD

Travail préparatoire

1. 29 : En 1995, sur 100 bacheliers, 29 étaient fils d’ouvriers ou


d’inactifs.
(Nombre de fils d’ouvriers ou d’inactifs parmi les bacheliers en 1995 /
nombre total de bacheliers en 1995) x 100
47 : En 2007, sur cent ouvriers, 47 avaient accès à Internet de chez
eux.
(Nombre d’ouvriers ayant accès à Internet de chez eux en 2007 / nombre
total d’ouvriers) x 100

2. On voit que les élèves bacheliers généraux, bacheliers généraux avec mention et
inscrits en classes préparatoires sont majoritairement des enfants de cadres supérieurs,
professions libérales et professions intermédiaires, donc d’origine sociale élevée. En effet en
1995 55% des inscrits en classes préparatoires étaient enfants de cadres supérieurs et
professions libérales. Seulement 7% étaient des fils d’employés.
Concernant le taux d’équipement en téléphonie mobile, ordinateurs et Internet, ont retrouve
les mêmes inégalités puisque plus l’origine sociale d’un individu et élevée, plus il a de
chances d’être équipé de ces technologies : alors que 91% des cadres supérieurs disposaient
en 2007 d’un ordinateur à la maison, seulement 62% des ouvriers en possédaient un.
Le taux d’élèves de la sixième aux classes préparatoires et le taux d’équipement en téléphonie
mobile, ordinateurs et Internet sont donc fortement influencés par la catégorie sociale puisque
les chiffres montrent de grandes inégalités entre les classes populaires (en particulier
ouvrières) et les classes supérieures.

3. Il existait dans les années 1960-70 une sous-culture ouvrière. Les ouvriers avaient
développé leurs propres rites, normes et valeurs: association, fêtes, « bistrot du coin »… Il y
avait une réelle solidarité entre les ouvriers qui s’organisaient en syndicats pour défendre leurs
intérêts communs (exemple : Force Ouvrière), qui vivaient dans des quartiers qui leur étaient
presque « réservés » et qui avaient ainsi développé une conscience de classe.

4. Avec la crise ouvrière et l’urbanisation des années 60-70, le niveau de vie des classes
ouvrières a diminué, obligeant les ouvriers a quitter les quartiers du centre ville et à adopter le
mode de vie des classes moyennes, certains tombant même dans la pauvreté et la précarité.

5. La classe ouvrière s'est désolidarisée : désormais, ce n'est plus une « fierté » d'appartenir
à la classe ouvrière puisque certains ouvriers (les jeunes majoritairement) vont même jusqu'à
rejeter le terme d'ouvrier, comme un jeune homme de 31 ans qui préfère se qualifier
d'opérateur. Les traditions de cette classe ne font également plus partie de la vie des ouvriers,
et les syndicats ouvriers ont perdu de leur importance, souvent remplacés par des nouveaux
mouvements sociaux. Cette perte des rites et de la conscience de classe dans le monde ouvrier
a fortement remis en question l'existence d'une sous-culture ouvrière.

6. Cette phrase signifie qu'aujourd'hui à cause de la précarité des emplois (CDI,


délocalisations...), les ouvriers n'ont plus le temps de se consacrer aux syndicats ou autres
organisations destinées à protéger leurs emplois. De plus, avec la mécanisation des usines, les
anciens ne peuvent plus transmettre leur savoir aux nouvelles générations et il n'y a donc plus
de culture de travail.

Question de synthèse :

Intro : Aujourd’hui, avec la crise financière, de nombreuses usines se sont


vues dans l’obligation de licencier des salariés voire même de fermer,
notamment dans le secteur de l’automobile. Cependant, on n’entend que
très peu parler de mouvements de grèves chez les ouvriers.
Cela veut-il dire que la classe ouvrière a totalement disparu ? Ou
seulement que, contrairement aux années 1960-70, la solidarité n’est plus
une des principales caractéristiques de cette classe ?
Dans une première partie, nous montrerons qu’il existait bien une classe
ouvrière jusque dans les années 60-70 et que celle-ci avait développé une
sous culture voire une contre-culture. Dans une deuxième partie, nous
relativiserons en expliquant qu’aujourd’hui, cette classe a presque disparu,
que sont objectif aujourd’hui est de monter dans la société.

I) L’existence bien réelle de la classe ouvrière jusque dans les années


60-70 :

A) Constat : une classe ouvrière fermée et homogène


1) Fermée : les ouvriers vivent aisément, ils occupent les
quartiers ouvriers dans le centre ville, fêtes…
2) Homogène : peu de mobilité sociale car les ouvriers sont
contents de leur place plutôt élevée dans la société, les
ouvriers fréquentent majoritairement des ouvriers et
proviennent souvent des mêmes milieux

B) Conséquences : développement d’une sous culture, voire une


contre-culture
1) sous culture : propres rites (« les fêtes, le bistrot du coin », les
loisirs sportifs), normes (force physique, virilité, camaraderie
masculine) et valeurs (dignité, fierté, solidarité,) + création de
partis politique, syndicats
+ question 3
2) contre-culture : mouvements collectifs, protestations,
révoltes…

C) Explication : théories marxistes et déterministes


1) Dans un premier temps : pas de prise de conscience de
classe, la classe ouvrière n’existe pas en tant que classe
mobilisée, la concurrence divise les ouvriers. Mais déjà se
développe la classe en soi, c'est-à-dire que les ouvriers se
mobilisent face au prolétariat qui les exploite. La classe ouvrière
n’existe pas en dehors de cette lutte
2) Dans un second temps se constitue la classe pour soi :
désormais les ouvriers ne luttent plus seulement contre les
capitalistes dans le cadre de la société capitaliste, ils
développent un projet alternatif de société qui vise à détruire la
société capitaliste et à faire apparaître après la révolution une
nouvelle société.

II)La classe ouvrière depuis les années 1960-70


A) Constat : Disparition de la culture ouvrière
1) Avec la crise ouvrière et l’urbanisation des années 60-70, le niveau de vie
des classes ouvrières a diminué, obligeant les ouvriers à quitter les quartiers du centre ville et
à adopter le mode de vie des classes moyennes, certains tombant même dans la pauvreté et la
précarité.
2) La classe ouvrière s'est désolidarisée : désormais, ce n'est plus une « fierté »
d'appartenir à la classe ouvrière puisque certains ouvriers (les jeunes majoritairement) vont
même jusqu'à rejeter le terme d'ouvrier, comme un jeune homme de 31 ans qui préfère se
qualifier d'opérateur. Les traditions de cette classe ne font également plus partie de la vie des
ouvriers, et les syndicats ouvriers ont perdu de leur importance, souvent remplacés par des
nouveaux mouvements sociaux.
Les ouvriers n'ont plus le temps de se consacrer aux syndicats ou autres organisations
destinées à protéger leurs emplois. De plus, avec la mécanisation des usines, les anciens ne
peuvent plus transmettre leur savoir aux nouvelles générations et il n'y a donc plus de culture
de travail. Cette perte des rites et de la conscience de classe dans le monde ouvrier a fortement
remis en question l'existence d'une sous-culture ouvrière.

B) Conséquence : Développement d’une stratégie d’ascension sociale


1) Les ouvriers appartiennent maintenant à des associations sans distinction de
classe, moteurs de transformations sociales (ex : associations écologistes, féministes, de
copropriétaires, de consommateurs, de parents d’élèves…)
2) De plus en plus d’enfants d’ouvriers font des études
la majorité des élèves de 6ème et des bacheliers sont des enfants d’ouvriers
les enfants d’ouvriers sont plus nombreux à avoir leur bac avec mention et à s’inscrire en
classes préparatoire aux grandes écoles que les enfants d’employés
Malgré leurs faibles revenus, les ouvriers essayent de s’équiper technologiquement (envie de
se cultiver et de ne pas se distinguer)
Inégalités persistantes

C) Explication : Théories interactionnistes


1) Critique des analyses marxistes et déterministes : selon les sociologues
interactionnistes (en particulier Weber), les hommes ne sont en aucun cas déterminés par des
forces productives échappant à leur conscience. Ce sont eux les acteurs de l’histoire, tout en
ayant une rationalité limitée.
De plus ils considèrent que rien n’est écrit à l’avance et que le futur est indéterminé. Weber
reproche à Marx de ne pas avoir fait preuve de neutralité axiologique.
2) Les ouvriers sont des HSA. Depuis la crise ouvrière, ils ne vivent plus aussi
aisément qu’avant les années 1960-70, mais ont au contraire une situation plutôt précaire
malgré leur travail difficile. Ils cherchent donc à monter dans la société (en particulier ils ne
veulent pas que leurs enfants deviennent ouvriers, mais qu’ils fassent des études). Ils n’ont
plus de conscience de classe car désormais ils luttent pour eux même, et non pas pour leur
cause commune, même si cela doit se faire au détriment des autres.

Conclusion : De l’industrialisation jusqu’aux années 1960-70, la classe ouvrière était une


classe aisée qui occupait les centres-villes et ne se fréquentait qu’entre elle. C’était donc une
classe très fermée, très solidaire, avec des rites, normes et valeurs communs. Cette sous-
culture très présente s’expliquait par une forte conscience de classe, qui poussait les ouvriers à
s’unir contre le prolétariat, pour défendre leur cause commune.
Depuis la crise ouvrière et la paupérisation, la classe ouvrière est au bas de l’échelle sociale,
et la sous-culture ouvrière a disparu, les ouvriers préférant se confondre au reste de la
population. Même si les inégalités persistent, les ouvriers continuent à développer une
stratégie d’ascension sociale, que les sociologues interactionnistes voient comme un moyen
pour eux et leurs enfants d’échapper à leur condition précaire.
Comment la situation de la classe ouvrière va-t-elle évoluer ?

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