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CI TOYENS EN R D CONGO
par Kitoka Moke Mutondo
Doctorant Phd en éthique politique
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RESUME
Le présent article s’inscrit dans le domaine de l’éthique juridique et traite de l’accès aux Lois
comme droit constitutionnel des citoyens en RD Congo.
Le problème que traite l’auteur est celui du déficit d’une culture juridique en RD Congo et
soulève la question de savoir comment combattre l’ignorance du droit par les citoyens et
déraciner la culture de violence et la justice populaire en vue de l’émergence d’une culture
juridique dans le pays ?
La thèse soutenue par Kitoka Moke Mutondo est donc la suivante : il n’y a pas de culture
juridique sans une socialisation juridique globale et globalisante faite par l’Etat.
Etant parti de la Constitution de la RD Congo, l’auteur démontre que l’accès aux Lois est un
droit de chaque citoyen et un devoir de l’Etat en RD Congo.
Pour être efficace, cette socialisation juridique doit capitaliser les différents cadres et agents
de socialisation présents dans le pays, elle doit atteindre toutes les couches de la population et
avoir comme objet toutes les lois promulguées dans le pays.
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INTRODUCTION
Bref, la deuxième République a été caractérisée par des violations des Droits Humains sur tous
les plans.
Cette situation aura pour conséquence, la révolte populaire, les grèves, la délinquance juvénile,
le chômage, le taux élevé de l’analphabétisme, la formation des mouvements politico militaires
et des milices, la corruption de l’appareil judiciaire ainsi que les rebellions et les guerres
cycliques.
C’est dans ce contexte de violations des Droits Humains que, depuis les années 722, l’Eglise
congolaise, la société civile, l’opposition armée et non armée se sont positionnée en groupe de
pression, dénonçant les abus du pouvoir par les animateurs politiques à travers les pétitions,
l’organisation des marches pacifiques, des appels à observer les journées villes mortes, la
grève, etc. dans le but d’amener l’Etat Zaïrois à garantir et à respecter les Droits Humains.
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Cette inadéquation entre la démocratisation du pays et l’émergence de la délinquance en RD
Congo, soulève la question de savoir que faire pour déraciner la culture de violence et la justice
populaire et développer ainsi une culture juridique dans ce pays.
A cette problématique, deux hypothèses sont à vérifier :
- L’Etat congolais doit jouer son rôle constitutionnel de socialiser juridiquement les
citoyens pour que ceux-ci connaissent le droit et s’en approprient ;
- Pour être efficace, cette socialisation juridique doit être globale et globalisante i.e.
impliquant tous les cadres (famille, confessions religieuses, écoles, université,
mouvements syndicaux, partis politiques, la société civile, l’armée, la police, les
services de l’Etat, etc.) et agents de socialisation (parents, enseignants, pasteurs, curés,
etc.) disponibles dans le pays, atteignant toutes les couches de la population (enfants,
jeunes, adultes et vieillards) et ayant pour objet l’ensemble de Lois promulguées3.
APPROCHE METHODOLOGIQUE
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RESULTATS ET DISCUSSION
Dans son étude sur « la socialisation juridique et identité du sujet », le même auteur6
distingue deux approches les plus souvent utilisées pour socialiser :
- La première porte sur la période qui précède l’âge adulte et qui a une orientation
instrumentale plutôt qu’elle ne s’intéresse directement à la construction de l’identité du
sujet. Bien qu’elle ait recours à la théorie explicative empruntée à la psychologie
cognitive ou à la psychologie sociale, c’est plutôt du point de vue du système qu’elle
semble rechercher la voie d’une adéquation entre l’individu et le système juridique.
Cette approche passe par les questions d’obéissance (ou de non obéissance) aux lois, de
conformité (critique ou non) ou de déviance, d’utilisation des ressources du système
juridique ou au contraire l’évitement du système et de ses règles. C’est ce qui est à la
base de ce qu’elle appelle la culture juridique dominante.
- La seconde concerne les recherches sur les phénomènes de socialisation juridique qui
adoptent davantage le point de vue du sujet et s’attache à la construction par lui d’un
système de représentation du monde social qui fasse sens pour lui et dans lequel
s’inscrit le droit. C’est ce qu’elle appelle la culture propre de l’individu.
Dans le contexte de la RD Congo, aucune de ces deux approches ne suffit à elle seule
étant donné que les Congolais n’ont pas encore développé une culture juridique. Ayant défini
la culture juridique comme l’ensemble des valeurs, des attitudes, des traditions, de
comportements et des modes de vie fondés sur le droit, la socialisation juridique de la
population congolaise doit combiner les deux approches.
Cela sous-entend que la culture juridique propre au Congolais de l’après guerre ne peut
contribuer à l’émergence d’une culture juridique. Cette approche ne peut porter des fruits que
pour les nouvelles générations des pays démocratiquement avancés et non dans une société
comme la RD Congo où l’on voudrait encore renforcer le processus de socialisation juridique7.
Les dispositions prévoyant explicitement l’accès des citoyens aux lois sont nombreuses
dans la Constitution de la RD Congo. La revendication de ses droits par la population suppose
l’accomplissement préalable d’une mesure officielle d’information suivant la nature de la
règle: publication, notification ou affichage constituent la formule la plus répandue d’informer
les citoyens sur les lois les régissant. La publication des lois au journal officiel est l’un des
moyens prévus par article 141 de la Constitution. Malheureusement, l’irrégularité et
l’insuffisance de la pratique du journal officiel dans la publication et la diffusion des lois en
RD Congo a conduit à l’ignorance quasi-totale des lois du pays par les citoyens.
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En ce début de la troisième République, l’Etat congolais doit respecter les clauses de
l’article 45 qui lui demandent d’intégrer les droits de la population à la connaissance de la loi
au programme d’alphabétisation et d’enseignement aux différents cycles scolaires et
universitaires et dans tous les programmes de formation des forces armées, des forces de
sécurité publique et assimilés. Il doit également l’assurer dans les quatre langues nationales,
par tous les moyens de communication de masse, en particulier par la radiodiffusion et la
télévision, la diffusion et l’enseignement des lois.
Les dispositions des articles 44, 45, 62 et 141 de la Constitution comportent un double
intérêt quant au droit des Congolais de connaître les lois qui les régissent: Non seulement elles
affirment l’obligation du pouvoir public à pourvoir et à faciliter l’accès aux lois, mais encore,
elles en prévoient les moyens.
On comprend dès lors que le principe nul n’est sensé ignorer la loi de l’article 141 puisse
être contesté en RD Congo en l’absence d’une véritable politique de publication et de
diffusion des règles juridiques. La pratique du Journal Officiel est très limitée dans ce pays et
circonscrit l’accès aux textes juridiques aux seuls chefs lieux des provinces si ce n’est qu’à
Kinshasa, et encore qu’il faut avoir le moyen de se le procurer.
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juridique des militaires, des policiers et des agents de sécurité en RD Congo. L’accès aux lois
sous-entend à la fois une adaptation des moyens d’information et de publication des
différentes lois et une diversité des cadres et agents pouvant contribuer à la socialisation
juridique des citoyens.
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CONCLUSION
Au terme de cette analyse sur l’accès aux lois comme droit constitutionnel des citoyens
en RD Congo, il sied de rappeler que la situation de violation des Droits Humains reste encore
un problème sérieux qui risque de mettre en cause tous les efforts jusque là fournis pour la
stabilité politique de ce pays en particulier et de la sous région des pays de Grands Lacs
africains en général.
Il sied d’affirmer qu’il est impossible de parler d’un Etat de droit lorsque les citoyens
n’incarnent pas la culture juridique qui est l’ensemble des valeurs, des attitudes, des traditions,
de comportement et de mode de vie fondés sur le droit.
Pour y arriver, l’Etat congolais doit procéder à l’information et à la formation des citoyens au
droit afin que, connaissant les lois, ils s’y conforment dans leurs comportements de chaque jour
et défende ses droits lorsque ceux-ci sont violés.
En tant que processus, la socialisation juridique doit être permanente pour éviter les générations
qui sont différentes les unes des autres en matière de connaissance du droit.
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NOTES
1
C’est l’année que Mobutu a pris le pouvoir par un coup d’Etat militaire
2
Cette date présente plutôt le début des tiraillements entre le régime Mobutu et l’église catholique. Elle ne signifie
pas que nous voulons taire les l’engagement politique de l’Eglise au Congo qui remonte même de l’avant
l’indépendance. Pour en savoir plus, lire Louis NGOMO OKITEMBO, 1998, L’engagement politique de l’Eglise
catholique au Zaïre 1960-1992, l’Harmattan, Paris et KABONGO MBAYA Philippe, 1992, L’Eglise du Christ au
Zaïre. Formation et adaptation d’un protestantisme en situation de dictature, Karthala, Paris, 1992
3
Pour plus de détails sur la capitalisation des cadres et agents de socialisation dans le processus de socialisation
juridique en RD Congo, il faut se référer à KITOKA MOKE MUTONDO, 2007, Apport de Héritiers de la Justice
à l’émergence d’une culture juridique et de paix au Sud-Kivu, Mémoire de DEA inédit, Université protestante
d’Afrique Centrale, Yaoundé.
4
La littérature sur la socialisation juridique est abondante. C’est le cas des travaux de Chantal KOURILSKY, de
MALEWSKA-PAYRE, de S. N. NAOUMOVA, J. L. ROULAND TAPP et KOHLBERG L., de J. L. TAPP et F.
J. LEVINE ainsi que celui de J.V. TORNEY pour ne citer que ceux là
5
C. KOURILSKY, « socialisation juridique : naissance d’un champ de recherche et d’un concept aux confins de la
sociologie du droit et de la psychologie », Annales de Vaucresson, « Adolescence et socialisation », n°8, 1988 in
www. http://www.reds.msh Paris.fr/publications/revue/html/ds019/ds019-05.htm
6
Ibidem
7
Dans le cas de RD Congo, le travail à faire est celui de faire connaître et comprendre le droit aux citoyens. C’est
de cette connaissance et compréhension que, avec l’aide de l’Etat qui doit respecter et faire respecter le droit par la
justice, que l’appropriation du droit par la population sera possible.
8
Ibidem
9
Il s’agit de la Constitution régissant la troisième République promulguée le 16 février 2006
9
CEDAC, Loi n° 04/023 du 12 novembre 2004 portant organisation générale de la défense et des forces armées,
éd. du CEDAC, Bukavu, mars 2005, pp. 59 et 53
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BIBLIOGRAPHIE
4. KOURILSKY CH., 1988, « socialisation juridique : naissance d’un champ de recherche et d’un
concept aux confins de la sociologie du droit et de la psychologie», Annales de
Vaucresson,inhttp://www.reds.msh/Paris.fr/publications/revue/html/ds019/ds01
9-05.htm consulté le 20 août 2008.
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