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DATE DE PARUTION : 5 MARS 2009

Christine Frérot, historienne de l’art, expose dans un livre inédit, la résistance des artistes
mexicains d’Oaxaca aux événements politiques de 2006. La création artistique est ici
présentée, mettant en exergue toute la splendeur de ce jaillissement d’énergies créatrices
dont la ville d’Oaxaca est aujourd’hui, au Mexique, un des terrains les plus novateurs.

Resistencia visual, de Christine Frérot (Talmart 2009). 96 p.


Préface d’Edouard Glissant.
ISBN : 9782903911898
Prix : 15 euros
Editions Talmart
Collection [mnêma]
En co-édition avec la Maison de l’Amérique Latine et l’Institut du Tout-Monde.
Avec l’aide de la Région Ile-de-France.

Pour commander l’ouvrage : écrire à contact@talmart.eu et envoyer un chèque de 17 euros (15


+ 2 euros de frais de port) à Talmart, 22 rue du Cloître Saint-Merri, 75004 Paris.
Née en 1944, chercheur à l’Ecole des Hautes Etudes en

Sciences Sociales (Paris), Christine Frérot enseigne

l’histoire de l’art latino-américain contemporain à

l’Université de Paris III et collabore à la revue

colombienne Art Nexus.

Parmi ses œuvres publiées :

Echanges artistiques contemporains, La France et le


Mexique (L’Harmattan, Paris, 1996).

Mexico Mosaïques. Portraits d’objets avec ville


(Autrement, Paris, 2000).

Art contemporain d’Amérique latine, chroniques


françaises 1990-2005 (L’Harmattan, Paris 2005).
Préface

LA VOLONTE INNOMBRABLE

Edouard Glissant

L’expérience du contact avec la peinture mexicaine depuis le


début du XX° siècle nous rapproche d’abord d’une sensation
charnelle, c’est-à-dire totale, de l’existence et de la réalité. Il ne s’agit
pas là d’une vision seulement, ni d’un bonheur purement esthétique,
mais d’un brassage inlassable des racines encore enfouies, des
combats devenus légende, des soleils devenus déserts, des ombres
tournées en féeries de mort, du temps qui foudroie et du temps qui à
l’infini se perd, éclair et ombre, fulgurance et ténèbres, comme dans le
Que viva Mexico d’Eisenstein. Il semble par exemple que nous
défilons au long des peintures des muralistes, même quand elles
s’étendent au haut des buildings, nous entrons dans une foule, nous
passons sous un bras qui brandit un flambeau, nous dépassons des
paysannes qui s’exaltent. Cette peinture, dont on aurait trop vite fait
de la rapporter aux fresques optimistes et insupportables du réalisme
socialiste, malgré les convictions communistes d’Orozco et de Rivera
et de beaucoup de ces artistes et malgré leur désir didactique et peut-
être naïf d’enseigner, a plutôt la masse rythmée de l’art maya, qui se
serait soudain répandu et tendu vers un avenir, et par conséquent le
mouvement (lent et hiératique) du campesino du Chiapas. C’est en
tout cas une totalité en marche, qui occupe tout l’espace et au delà, et
qui à force de poser les gestes du quotidien autant que ceux de
l’histoire générale du pays, finit par nous faire sentir, par dessous,
comme une sorte de destinée mexicaine, en réalité une manière simple
et en même temps exaspérée de fréquenter les mêmes volontés.
Ce qui se passe à Oaxaca est d’un autre désordre. Ce n’est pas
là un art de la totalité en marche, mais un démembrement minutieux et
sauvage, qui souligne les sursauts de la résistance sociale. Le trait du
dessin n’est plus souverain ni sûr de lui, non plus que la structure de la
représentation, ils tremblent et disparaissent jusqu’à ne plus être que le
moule hésitant d’une réalité éventuelle, improbable, mais qui ne veut
plus être l’ombre d’elle-même. Le ricanement est entré dans ces arts,
dessin, peinture, photographie, œuvres murales sans aucune solennité,
et avec lui l’éphémère, qui est peut-être la vraie manière de désigner
ou d’honorer toute souffrance. Le rouge éclate partout, ce n’est plus le
rouge symbolique des idéologies, c’est le sang forcené qui tombe de
toute décapitation, et les têtes coupées sont ici nombreuses, des
bourreaux et des victimes.
Ce qui donc éloigne et distingue les artistes de Oaxaca de ceux
de l’école de Mexico, c’est l’absence de mise en scène, au sens de la
confiance dans un devenir historique sans accidents ni failles. Cette
critique implicite est peut-être ce qui indique la maturité d’un peuple,
le moment où il n’est plus ébloui de lui-même et où par paradoxe il
démêle au mieux ses chances d’être au monde, sa liberté dans la
Relation à l’Autre, ses doutes salutaires et ses résolutions imparables.
C’est peut-être aussi le moment d’irrésolu par lequel doit passer toute
impulsion de création artistique, pour prendre force en elle-même.
Un des nombreux mérites de Madame Christine
Frérot est de nous rendre perceptibles ces évolutions, différences,
contradictions et rassemblements (comme d’un meeting généralisé) de
l’art mexicain, au cours du siècle qui vient de s’écouler, de Mexico à
Oaxaca. Un siècle, c’est bien court pour un Art, et c’est toute une
éternité.

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