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Judo-Ron 5/2009
Le Randori
La terminologie « Ran » le dénote comme étant un combat, une bataille, une guerre et un
champs de bataille où Tori fait la guérilla à l’autre. C’est aussi une situation où l’on
apprend à mieux se connaître. Les judokas tentent d’exhiber et de réussir leurs techniques
selon les opportunités qui se présentent. C’est dans ce genre d’exercice que la vitesse, la
souplesse et la fermeté se mêlent et s’entrecroisent.
Dans le Randori, il doit y avoir symbiose, Tori et Uke ne font qu’un dans le but de
s’améliorer mutuellement. C’est un travail à deux qui doit s’exécuter. Bien que les
éléments combatifs dangereux aient été supprimés par les règles du jeu, nous sommes
tout de même en présence d’un combat, d’une confrontation ou d’une danse en duo.
Sommes nous capables, avec le respect de soi et de l’autre devant nous, d’harmoniser nos
énergies physiques, mentales et spirituelles pour créer dans ces courts instants de défis,
de liberté d’action dans un environnement fraternel?
Une fois le but établi, vaincre l’autre ou s’améliorer, sont des buts que chacun doit
choisir. Dans les deux cas, il sera nécessaire de construire sa fondation avec patience et
ténacité. La structure de la rencontre prendra place graduellement lorsque nous
assumerons la responsabilités de notre comportement vis-à-vis l’autre.
La recherche d’une victoire à tout prix sur l’autre plus tôt que sur nous même, nous
conduira vite à des frustrations devant les difficultés de projeter ou de contrôler tous les
aspects de la rencontre afin d’y découvrir une gloire éphémère. L’apparition rapide de la
colère contre nous même va empoisonner et bouleverser tout notre système nerveux. Il
vaut mieux chercher à s’améliorer dans l’harmonie, la complémentarité, le Yin Yang, la
concentration sur la préparation et l’explosion du geste lui-même.
Babillard de discussion et d’opinion selon Ronald Désormeaux
Dans le Randori, il y a deux joueurs qui changent de rôles continuellement : Tori, que
l’on identifie comme celui qui initie, celui qui va et vient, qui va au-delà, qui disparaît
pour réapparaître de nouveau à n’importe quel moment. Nous sommes en présence d’une
liberté de penser et d’agir, une danse libre au mil mouvements qui s’expriment par tous
les sens.
Tori est souvent perçu comme le fauteur de trouble, le nez partout et cherchant la faille. Il
se déplace partout, à gauche, à droite, en avant et en arrière. Il pivote sur lui-même saute,
fléchi les jambes, devient raide comme un arc, demeure flexible et reprend vivement sa
forme. Il est celui qui cherche l’angle de l’attaque et essaye de se mettre au diapason et au
rythme de l’autre afin de devenir un tant avec sa technique qu’avec l’autre.
Pour ce qui est de Uke, nous pensons de lui, celui qui reçoit, qui interprète, qui anticipe et
qui s’adapte. Il est sur ses gardes même au repos. Il suit normalement le mouvement et
s’adapte à lui. Il réagi en souplesse et cherche à utiliser l’énergie de l’autre. Il se déplace
avec agilité et tente de maintenir son équilibre en tout temps. Pour ralentir la progression
du déroulement du combat, il utilise la posture Jigotai et s’abstiens de contrer la force par
la force. Il recherche à reprendre l’initiative dès qu’il peut et couvre tous ses angles
d’approche. Même dans sa chute, il suit en harmonie et devient un réel transformateur
dans la continuité du mouvement.
Dans le Randori, il est possible de réaliser une technique créatrice qui soit belle et
efficace parce qu’elle est exécutée librement et au bon moment. N’étant pas restreint par
la forme, je judoka s’exprime par la création de variétés spontanées. Une fois qu’on a fait
soi les principes fondamentaux de la technique par la répétition et l’apprentissage, il
l’incorpore à sa stratégie et l’adapte selon les circonstances. Par cette liberté d’action, le
judoka peut pousser son savoir et son savoir-faire sous différents aspects. Il sort du moule
primaire pour explorer avec confiance comment il peut mieux utiliser ses acquis. S’il ne
réussi pas, il peut toujours revenir en arrière et s’appuyer sur les principes antérieurs qu’il
a appris.
Faire du Randori c’est un peu faire de l’improvisation. Nous modifions les techniques
pour s’accommoder à de nouvelles circonstances et à des adversaires différents. Il n’y a
pas de tracé exact de ce qui doit être exécuté durant le temps de l’exercice. Nous sommes
face à des cadences variées et rentrons en harmonie avec différents rythmes qui se
succèdent sans se ressembler. Nous nous éloignons temporairement de la rigidité des
Uchi-Komi et du Kata pour pouvoir y revenir au moment de la réflexion qui suivra
l’exercice en cours.
Quelque soit le type de Randori choisi, il nous impose de respecter l’esprit du Budo c'est-
à-dire: conserver la maîtrise de soi en tout temps, être aux aguets devant toutes les
initiatives, être prêt à réagir spontanément par l’emploie intelligent de nos forces, et ce,
avec le plus grand respect envers le partenaire.