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Par Nouriel Roubini, 11 mars 2009

Les Américains ont vécu dans une économie de la bulle à la Madoff et Ponzi depuis une
décennie, voire plus. Madoff est le reflet de l’économie américaine et de ses agents
endettés à l’excès : un château de cartes bâti à coup d’effet de levier sur effet de levier
par les ménages, le secteur de la finance et les entreprises, et qui s’écroule, désormais.
Lorsqu’on a aucun apport initial lors de l’achat d’une maison, que le capital investi est
nul, l’effet de levier est littéralement infini. C’est un jeu semblable aux pyramides de
Ponzi.
Et la banque qui a accordé sans apport initial à un NINJA (une personne sans revenu, sans emploi et sans
apport) un prêt sans aucun remboursement du principal pendant un certain temps, avec un
amortissement négatif et un taux initial incitatif, jouait elle aussi un jeu à la Ponzi.
Et les fonds d’investissement qui ont réalisé pour plus de 1000 milliards d’opérations de Leverage Buy
Out durant ces dernières années avec un ration dette sur bénéfice de 10 ou plus étaient également des
entreprises Ponzi jouant un jeu à la Ponzi.
Un gouvernement qui émet des milliers de milliards de dollars de nouvelles dettes pour régler la facture
de cette grave récession et pour socialiser les pertes du privé peut risquer de devenir un gouvernement à
la Ponzi s’il ne revient pas à moyen terme à la discipline budgétaire et à un niveau de dette soutenable.
Un pays qui a depuis plus de 25 ans dépensé plus que ses revenus, qui a connu une litanie sans fin
d’années de déficit de sa balance courante, qui est de la sorte devenu le plus grand pays débiteur envers
l’étranger au monde (avec une dette extérieure nette pour l’année qui pourrait dépasser les 3000
milliards) est également un pays à la Ponzi, qui pourrait en fin de compte faire défaut sur sa dette
extérieure, s’il ne se serre pas la ceinture avec le temps et ne commence pas à réduire les déficits de la
balance courante et ne dégage pas des excédents commerciaux réels.
A chaque fois que l’on persiste à consommer plus que son revenu, année après année (tel un ménage
avec une épargne négative, un gouvernement avec un déficit budgétaire, une entreprise ou un
établissement financier faisant des pertes répétées, un pays avec un déficit de sa balance extérieure), on
s’adonne à ce jeu à la Ponzi. Dans le jargon de l’économie on dit qu’on échoue à satisfaire aux
contraintes budgétaires inter-temporelles quand on emprunte pour financer le remboursement des
intérêts sur la dette antérieure. On est alors entré dans une dynamique de dette insoutenable qui conduit
finalement à la faillite pure et simple.
Selon Minsky et selon la théorie économique les agents de type Ponzi (ménages, entreprises, banques)
sont ceux qui doivent emprunter encore pour pouvoir rembourser tant le principal que les intérêts de leur
dette. Ceux que Minsky appelle les « emprunteurs Ponzi » ne peuvent honorer ni leurs intérêts ni le
principal. Ils sont surnommés ainsi car ils ont besoin d’une augmentation continue des prix des actifs
dans lesquels ils ont investi pour être à même de continuer à refinancer leur dette.
Selon cette norme les ménages américains moyens dont le pourcentage d’endettement par rapport au
revenu est passé de 65% il y a 15 ans à 100% en 2000 puis à 135% aujourd’hui, jouaient un jeu à la
Ponzi.
Et une économie où la dette totale par rapport au PIB (des ménages, et des entreprises y compris
financières) est de 350% est une économie folle à la « Made-Off » et Ponzi. Aujourd’hui où le prix des
biens immobiliers a baissé de 20% et tombera encore de 20% avant d’atteindre son point bas et que le
cours des actions a chuté de plus de 50% (et pourrait encore diminuer) espérer transformer les maisons
des distributeurs automatique de billet et emprunter pour financer une consommation à la Ponzi n’est
désormais plus possible. La fête est finie pour les ménages, les banques et les sociétés pratiquant un fort
effet de levier.
L’éclatement de la bulle immobilière, de la bulle des actions, de la bulle des hedge funds et de la bulle des
fonds d’investissement montre que la plupart de la « richesse » qui soutenait ces effets de levier massifs
et la surconsommation des agents économique n’était qu’une fausse richesse basée sur des bulles ;
maintenant que ces bulles ont éclaté, il est clair que le roi est nu et que nous sommes ce roi nu. La
marée montante des bulles dissimulait le fait que la plupart des américains et de leurs banques nageaient
nu. L’éclatement de la bulle, avec la marée basse, révèle quels sont ceux qui étaient nus.
Madoff pourrait désormais passer le reste de sa vie en prison. Les ménages américains, les entreprises -
de la finance ou non- et le gouvernement pourraient passer quant à eux la prochaine génération dans
cette prison qu’est l’endettement et avoir à se serrer la ceinture pour régler les pertes causées par une
décennie ou plus d’effet de levier insouciant, de surconsommation et de prise de risques.
Américains, regardons-nous dans le miroir : Madoff, c’est nous, et Monsieur Ponzi, c’est nous !

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