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DELQUÉ Julie
DUBOIS Isabelle
LONCLE Mathilde
DOSSIER DOCUMENTAIRE
L'ILLUSTRATION DANS
L'ÉDITION JEUNESSE
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Plan du dossier documentaire
L'illustration dans l'édition jeunesse
Revenons quelques années en arrière, à l’époque où nous n’étions encore que des
enfants. Souvenons-nous de tous ces livres qui sont passés entre nos mains ou que nos
parents nous lisaient le soir avant de nous endormir. Qu’en avons-nous retenu ? Des
images peut-être ? Sont gravées dans nos mémoires les images du petit prince,
chevelure blonde, écharpe au vent se tenant debout devant une rose, ou encore le petit
Nicolas au tee-shirt rouge et un cartable à la main. Plus récemment, on peut voir
ressurgir dans notre esprit des images du petit ours brun qui racontent des moments
clés de l’éveil de l’enfant ou encore les Monsieur, Madame, personnages hauts en
couleurs et aux formes totalement irréalistes. En un mot, ce que l’on retient de nos
livres d’enfance ce sont des images, de simples images qui ont marqué et qui
marqueront nos esprits encore très longtemps.
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SOMMAIRE
Note de synthèse……………………………………………..p10 à 16
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L’illustration dans l’édition Jeunesse
Référence l’ensemble des éditeurs, auteurs et illustrateurs français de littérature jeunesse, ainsi
que les prix littéraires et les salons consacrés au livre pour enfant. L’ouvrage se présente sous
la forme d’un annuaire professionnel qui s’adresse en priorité aux créateurs.
Cette interview d’une éditrice définit tout d’abord la mission du métier, à savoir coordonner
les différentes étapes permettant la réalisation d’un ouvrage à travers l’exemple d’un album
pour enfants. On présente ensuite les études suivies par l’éditrice, les débouchés, les atouts et
inconvénients de ce métier. La vidéo est accompagnée d’une fiche technique de ce métier.
L’auteur retrace l’apparition des albums jeunesse qui proposent un rapport texte-image
original et novateur. L’image dépasse sa fonction originelle d’illustration du texte en
proposant une lecture graphique qui prend de la liberté vis-à-vis de la lecture littéraire. Dans
ce contexte un débat sur le rôle et les dangers de l’illustration dans le livre pour enfant anime
éditeurs et pédagogues.
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• Document 4 : La petite boutique des illustrateurs. Histoire de l’illustration. [en ligne].
La petite boutique des illustrateurs. Disponible sur http://www.boutique-
illustrateurs.com/histoire-illustration3.php. (consulté le 1/12/2008)
c. Le métier d’illustrateur
A travers un exemple concret de deux commandes dont une pour un jeune public, cette
interview d’un illustrateur présente les tâches et la méthode de travail de cette profession en
insistant sur l’importance de l’illustration pour la littérature de jeunesse.
L’ouvrage s’ouvre sur un entretien avec l’illustrateur Henri Cueco qui situe la place de son
travail au sein du trio qu’il forme avec l’auteur et l’éditeur. Un panel de 80 illustrateurs
jeunesse français de styles diversifiés est par la suite présenté par le biais d’échantillons de
leurs travaux.
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II. Les fonctions de l’illustration jeunesse
a. Approche sémiologique
• Document 8 : VAN DER LINDEN, Sophie (dir.). Images des livres pour la jeunesse :
lire et analyser. Paris : Thierry Magnier, 2006. 231p. ISBN 9782844204820
Cet auteur propose d’analyser les livres illustrés pour les plus jeunes. A travers douze livres
illustrés par différents illustrateurs, Sophie Van Der Linden, amène à comprendre les livres
par les images. Elle analyse les images et parlent de pistes de lecture que les parents ou
enseignants peuvent retranscrire aux enfants.
b. Fonction esthétique
Pour cet auteur, l’esthétique tient une place importante chez l’enfant. L’enfant a droit au beau
comme tout un chacun et l’édition jeunesse va actuellement dans ce sens. A travers l’analyse
de différents albums dédiés aux plus jeunes, Jocelyne Beguery démontre que l’illustration
acquiert peu à peu un caractère artistique et esthétique. L’image n’est plus seulement un
vecteur pédagogique ou encore d’incitation à la créativité mais elle initie réellement l’enfant à
l’art. Le livre pour enfant, de nos jours préfère l’illustration et l’image esthétique.
Par le biais de techniques aussi diverses que l’aquarelle, l’acrylique, les encres ou les
gouaches, les illustrateurs jeunesse établissent une communication avec l’enfant au moyen des
jeux de couleurs qui l’initient au plaisir esthétique.
c. Fonction ludique
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L’auteur établit un panorama des jeux littéraires et formes ludiques données aux livres
destinés à la jeunesse et propose une synthèse de diverses recherches sur la lecture du texte et
de l’image.
d. Fonction narrative
Réflexion de Sara, auteur d'albums d'images pour la jeunesse sans texte, sur le pouvoir
narratif des images et sur son travail d’auteur-illustratrice.
e. Fonction pédagogique
L’illustration a plusieurs rôles dont celui d’être un vecteur pédagogique pour l’enfant. En
effet, l’illustration comme représentation graphique d’un texte permet de véhiculer des
notions ou idées relatives à l’éducation de l’enfant. Les images qui, à première vue, relèvent
du domaine du divertissement, peuvent être empreintes de messages éducatifs ou
pédagogiques.
f. Approche sociologique
Lors d’un programme de recherche intitulé « Attention album ! » réalisé en 1996, les
chercheurs avaient mis en avant l’impact négatif que pouvaient avoir les illustrations sur
l’enfant. Cet article s’attache à expliquer les résultats de cette étude. En effet, les images des
livres pour la jeunesse créent chez certains enfants des stéréotypes qui conditionnent leur
représentation de la société. Les images véhiculent parfois des idées qui peuvent nuire au bon
développement de leur mentalité future. Il est donc nécessaire de porter une attention
particulière aux images des livres pour enfants car la vision des adultes est souvent à l’opposé
de ce que voient les plus jeunes. Les images peuvent être mal interprétées et ainsi leur donner
une vision déformée de la réalité.
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III. L’actualité de l’illustration dans l’édition jeunesse
a. Les livres jeunesse : l’exception dans l’édition en France
Etat des lieux de l’édition de jeunesse dans les pays francophones. L’édition française connaît
aujourd’hui un léger déclin alors que l’édition jeunesse, elle, est en pleine expansion. Elle
reste cependant fragile et rencontre des problèmes liés à la mondialisation. Les petits éditeurs
peinent à se faire une place dans un paysage éditorial dominé par les grands groupes réunis en
oligopole. Cet ouvrage se propose de mettre en avant les différentes facettes de l’édition
francophone pour mieux en comprendre les enjeux actuels.
• Document 16 : THEVENOUX, Claire. Les livres, c’est pas que pour devenir grand.
[en ligne]. Ouest France, 26 novembre 2008. Disponible sur : http://www.ouest-
france.fr/actu/actuDet_-Les-livres-c-est-pas-que-pour-devenir-grand-_3639-
754662_actu.Htm
Entretien entre un critique littéraire et une journaliste de Ouest France à l’occasion du salon
du livre jeunesse de Montreuil. Bilan sur le monde de la littérature enfantine, les nouveautés,
les tendances, et le fait que la littérature jeunesse soit un secteur en plein essor alors que le
monde de l’édition est globalement en déclin. Discussion sur le fait que les choix éditoriaux
se portent aujourd’hui vers une littérature jeunesse responsabilisante.
c. L’édition de création
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Ce site est dédié au Salon de l’illustration et de la littérature jeunesse qui a lieu une fois par an
à Moulins dans l’Allier. Il propose des informations liées à cet événement et permet
également d’échanger des avis, de connaître les illustrateurs et auteurs participant au salon.
Ce site est dédié au Salon du livre et de la presse jeunesse qui a lieu en Seine Saint Denis
depuis 24 ans. Outre la programmation et le détail des événements liés à ce salon, il met à
disposition l'actualité de ce centre ainsi que celle de la littérature de jeunesse en général. Le
site propose des outils pratiques comme l'annuaire des participants au Salon, des vidéos et
photographies, une liste de sites proche du sujet et une boutique en ligne. Ce site est riche en
information pour toutes les personnes intéressées par le domaine de la littérature jeunesse,
professionnel ou non.
Institut de référence qui a pour mission d’étudier et de présenter les enjeux de la littérature
jeunesse.
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Note de Synthèse
A l’heure actuelle, l’édition jeunesse fait figure d’exception. En effet,
dans un contexte où le marché de l’édition connaît un ralentissement, le
secteur jeunesse, prospère. Il représente actuellement 8 % de l’ensemble des
publications annuelles, se répartissant en trois catégories : les livres, les
albums et la BD. Le nombre important d’éditeurs (DOCUMENT 1) sur le
marché témoigne du caractère attractif dans ce domaine. De plus, le
dynamisme de ce secteur fait naître chaque année des manifestations en lien
avec l’édition et l’illustration jeunesse. Des salons et des rencontres
professionnelles ont vu le jour récemment (DOCUMENTS 18, 19, 20, 21).
L’intérêt pour la littérature jeunesse se manifeste également par la création de
pôles de recherche. De nombreuses universités proposent, à ce jour, des
formations spécialisées en édition jeunesse. L’Institut Charles Perrault
(DOCUMENT 22), référence en la matière, mène des recherches et organise
des stages de formation pour les professionnels cherchant à approfondir
certains sujets. L’image tenant une place prépondérante dans l’édition
jeunesse, les illustrateurs y trouvent un lieu de liberté et d’expression de leur
créativité (DOCUMENT 2) ; en témoigne l’accroissement constant du nombre
d’illustrateurs professionnels. L’image dotée d’une valeur informationnelle
omniprésente semble donc tenir un rôle primordial dans l’édition jeunesse.
De ce point de vue, dans quelle mesure l'illustration dans l'édition
jeunesse tient-elle une place majeure?
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adultes essaient de prendre en compte les désirs, les peurs, les rythmes
d'apprentissage de l'enfant, afin de faciliter son développement, les plaçant
parfois au dessus de tout (d'ou l'expression « enfant roi »). S'ouvre alors pour
le monde de la littérature enfantine de véritables réflexions sur les buts et
fonctions des ouvrages destinés aux plus jeunes. Et en particulier sur la place
de l'illustration (DOCUMENTS 7, 11, 12). Elle acquiert une force nouvelle. On
prend conscience que l'image peut véhiculer parfois plus d'informations que
des mots pour les jeunes enfants. Cela peut s'expliquer par les études
sociologiques et psychologiques, notamment dans le domaine de la publicité,
qui révèle que l'image possède un réel pouvoir. Parce que l'illustration parle
d'abord aux émotions et à l'inconscient, elle devient un vecteur privilégié de
communication. Et pour les jeunes enfants, au vocabulaire restreint, l'image
devient plus parlante que le texte.
Au milieu à la fin du XXème siècle, le monde de l'édition jeunesse
devient un secteur innovant, en pleine mutation (DOCUMENT 4). On parle
alors de l'âge d'or pour les éditeurs spécialisés dans les ouvrages destinés
aux plus jeunes. Le statut des illustrateurs s'en trouve également
profondément modifié. Jusqu'ici contraint à réaliser une image fidèle au texte
et réaliste, les illustrateurs ont désormais dans l'édition jeunesse un vrai
espace de liberté. La créativité, l'innovation, sont désormais permises dans la
littérature enfantine. L'image devient non plus inférieure au texte, mais
complémentaire, apportant un éclairage nouveau pour le jeune enfant.
L'illustration est désormais un moyen d'éveiller l'imagination, la créativité chez
les plus jeunes. Elle devient un moyen pour l'enfant d'affirmer son individualité,
car celui-ci peut être susceptible de ne pas aimer tous les styles d'illustrations.
Les goûts de la jeunesse sont ainsi pris en compte, les éditeurs sont
conscients que c'est en diversifiant les formes et les styles d'images qu’ils
seront susceptibles de toucher le plus de jeunes enfants, ainsi bien sur que
leurs parents. C'est en cela que l'on parle d'âge d'or de l'illustration jeunesse,
puisque elle est synonyme d'une production artistique très variée par le biais
des ouvrages pour enfants.
La fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle vont confirmer et
même accentuer ces bouleversements dans le monde de la littérature
jeunesse (DOCUMENTS 3, 4). En effet, d'une image complémentaire au texte,
on voit apparaître une véritable émancipation de l'illustration dans les
ouvrages pour les enfants. L'illustration devient parfois le seul vecteur
d'histoire. Le texte est absent. On prend en compte le fait que l'enfant n'a pas
besoin de l'adulte pour « lire », il effectue seul une lecture iconographique.
L'enfant peut appréhender son histoire. Il y a une volonté d'autonomisation, et
cela se confirme également par l'évolution des histoires racontées aux plus
jeunes. De plus en plus d'ouvrages jeunesse ont pour vocation de
responsabiliser les enfants, en les confrontant à des problèmes actuels
(divorces, deuil, jalousie, frustration...). Et l'image entre dans ce processus de
responsabilisation par son pouvoir de représentation, de compréhension
immédiate pour les plus jeunes (DOCUMENT 16). Le débat sur la place et le
rôle de l'illustration destinées aux enfants reste à ce jour ouvert, puisque
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plusieurs spécialistes (psychologues, illustrateurs, éditeurs, parents ...) ont des
théories différentes (DOCUMENTS 7, 11, 12). Pour certain, l'illustration est
complémentaire au texte tandis que pour d'autres l’image est indépendantes
(DOCUMENTS 11, 12). Mais tous sont d'accord pour affirmer aujourd'hui que
l'image n'est en rien inférieure aux mots.
Les nouvelles considérations de l'enfant en tant que personne ont
profondément modifié l'édition jeunesse, et ont permis à l'illustration de trouver
sa place et de créer sa place dans ce domaine. Cela a permis aussi aux
illustrateurs de s'affirmer, et d'avoir un espace de créativité. La notoriété de
certains illustrateurs n'a été possible qu'a partir du moment où ils ont pu
utiliser un style reconnaissable, à pouvoir exprimer leur créativité
(DOCUMENT 7).
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l’illustration et du livre jeunesse organisé à Moulins (DOCUMENT 18) ainsi
que le salon Petite édition, jeune illustration de Saint Priest (DOCUMENT 19)
traduisent la confortable position de l’édition jeunesse en France.
Respectivement crées en 2007 et 1999, ils ont un véritable succès et
rassemblent chaque année de plus en plus de professionnels et de personnes
extérieures, curieuses de ce milieu. D’autres font figure de référence, à l’image
du Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil (DOCUMENT 20), crée
il y a maintenant 24 ans. Un point commun rassemble toutes ces
manifestations, c’est le désir de faire connaître le secteur de l’édition jeunesse
et de mettre en avant le rôle des auteurs, éditeurs et illustrateurs. C’est
d’ailleurs la place faite aux illustrateurs qui, ces dernières années, a le plus
évolué lors de ces rencontres ; place légitimée par la reconnaissance actuelle
de l’illustration comme véritable vecteur informationnel pour l’enfant.
Grâce à cette revalorisation de l’image dans le live jeunesse, le métier
d’illustrateur a connu de nombreux bouleversements. L’illustrateur n’est alors
plus conditionné dans un mode de représentation mais peut s’ouvrir vers de
nouveaux horizons. Il peut aujourd’hui se dissocier des autres illustrateurs en
donnant une touche plus personnelle à ses œuvres. Cela est vrai depuis ces
dix dernières années mais les prémices de ce changement sont réellement
apparus dans les années 70 ou des illustrateurs modernistes ont revendiqué
des styles graphiques moins conventionnels (DOCUMENT 4). L’illustration
n’est donc plus noyée dans la masse mais empreinte d’émotions, d’imaginaire
et du style de l’illustrateur (DOCUMENT 5). Cette nouvelle liberté est tout de
même relative. Le public visé, à savoir les enfants, donne lieu à des
contraintes évidentes. L’illustrateur doit alors se positionner dans un contexte
enfantin où l’image peut être mal interprétée (DOCUMENT 14). D’autres
contraintes matérielles peuvent parfois freiner l’imagination de l’illustrateur
comme le nombre de pages de l’ouvrage, son format, … (DOCUMENT 7). On
peut dire aujourd’hui, que l’illustrateur est un artiste, un créateur reconnu dans
les livres pour enfants. Ce métier a su s’imposer et se faire respecter à sa
juste valeur.
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Ces influences artistiques, qu’elles soient contemporaines de l’artiste ou
non, se ressentent dans leur travail. La période Art-Déco en premier lieu,
marque un tournant stylistique dans l’illustration jeunesse. Les dessins
empruntent au Cubisme ses formes simplifiées, tantôt anguleuses ou
arrondies, ludiques ; les motifs d’ornement que l’on retrouve dans les
architectures ou le mobilier de cette époque, caractérisés par des
entremêlements de feuillages, de fleurs, courent dans la composition de
l’artiste. L’expressionnisme apporte une nouvelle tonalité à l’illustration
jeunesse dans ce qu’elle a de symbolique. Le message, l’information que l’on
veut faire passer à l’enfant ne lui sont pas donnés directement et lui
demandent donc de faire appel à son intelligence, à sa capacité d’associer un
symbole, une couleur, une forme à un événement de l’histoire. Il en est de
même, tous styles confondus, pour les éléments redondants qui lui
permettront de faire appel à son sens de l’observation, son imagination et à sa
capacité à associer des éléments (DOCUMENTS 10, 13, 17). L’image est
donc simplifiée, presque dépourvue de détails superflus ce qui lui acquiert une
grande lisibilité et une totale compréhension pour le jeune lecteur. Cette
intention se retrouve souvent dans la technique du collage de papiers
superposés, empreint de métaphore. D’un point de vue strictement stylistique
et non pas idéologique le Fauvisme, puis l’Expressionnisme permettent à
l’enfant d’éveiller ses sentiments, ses émotions grâce aux couleurs vives des
formes arrondies rendues par la peinture. Du fait de l’utilisation de la gouache
dans des juxtapositions d’aplats de couleur saturée, l’Art Naïf se rapproche de
ces trois derniers courants. L’illustrateur se rapprochant presque des dessins
que des enfants auraient pu réaliser (DOCUMENTS 4, 6, 7, 8, 12, 17).
L’utilisation de la peinture permet un travail plus poussé sur les effets de
lumière, le rendu du modelé allant presque au sfumato et permettant une
gamme chromatique, des tonalités plus riches (DOCUMENTS 4, 7, 10).
Le recours à la photographie dans la littérature enfantine est actuellement
toujours objet de débat et de controverse. Victime de son association à la
réalité, elle ne pourrait donc pas stimuler l’imaginaire de l’enfant et reste donc
majoritairement utilisée pour les imagiers et les documentaires. Elle apparaît
dans la mise en scène de personnages en pâte à modeler, en papiers
mâchés, papiers déchirés. Par nature, l’illustrateur a tendance à retravailler
son illustration, il exagère un élément, il transforme dans le but de coller le
moins possible à la réalité (DOCUMENT 7). La photographie ne déroge pas à
ce principe et est souvent retravaillée en la colorisant, la déformant, en la
redessinant ou en rajoutant des éléments extérieurs. Cependant, la
photographie, tout comme le dessin peut également faire appel au sens de
l’observation de l’enfant en utilisant des objets réels comme allusions, liens
avec d’autres personnages ou événements et montrer parallèlement à l’enfant
que des objets, des lieux qui lui sont familiers peuvent être le théâtre
d’histoires fantastiques (DOCUMENTS 17).
Que ce soit intentionnel ou non, l’influence et l’utilisation des techniques
de différents courants artistiques permettent à l’enfant d’accéder au «beau ».
On conçoit par conséquent cet enfant comme une personne capable de
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ressentir des émotions face à un dessin, une couleur, une forme. L’éveil
artistique, une éducation au goût et à l’intelligence sont donc des notions
souvent présentes dans les illustrations de la littérature jeunesse
(DOCUMENT 9, 12, 13).
La fonction pédagogique est également représentée dans de nombreux
ouvrages pour les jeunes lecteurs. Les abécédaires par exemple permettent à
l’enfant d’associer une image, une représentation à un mot, voire à une notion.
Certaines illustrations se veulent moralisatrices ou désireuses de leur
apprendre la réalité du monde. L’illustration est utilisée pour leur apprendre
des notions idéologiques et répondre à leurs questions sur le monde qui les
entoure mais également sur ce qui les concernent directement. Elle se veut
parfois facilitatrice du passage du monde des enfants au monde de petits
adultes (DOCUMENTS 4, 10, 11, 13, 17).
L’illustration joue le rôle d’une écriture, d’un langage visuel universel où
le texte n’est plus forcément le meilleur vecteur d’information et de
compréhension. Dans le cas des livres illustrés, il égale voir prédomine
l’illustration ; cette dernière étant par conséquent contrainte de suivre
strictement le déroulement de l’histoire écrite afin de la rythmer et d’en faciliter
la lecture. Le texte peut également faire office de simple légende afin de
donner un complément d’information qui ne pourrait pas être retranscrit sur
l’illustration. Mais elle peut également s’émanciper du texte et se suffire à elle-
même impliquant un travail sur la lisibilité ; elle sera dans ce cas découpée
séquentiellement, alternant phases de repos et phases d’action. Les
différentes techniques d’illustration sont plus ou moins pertinentes selon le
type de narration illustrée (DOCUMENTS 4, 7, 10, 12, 17).
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corroborent l’idée que l’image enfantine, contrairement aux apparences, n’est
en rien innocente. Cela renforce la nécessité d’accorder une attention
particulière aux choix des images destinées aux enfants (DOCUMENT 14).
Parallèlement, les images participent de surcroît à l’éducation du regard de
l’enfant et forgent ses goûts artistiques. De ce fait, il s’avère fondamental
d’être dans la mesure d’offrir des images de qualité à la jeunesse. Dans le
contexte d’une économie de marché mondialisée, une fracture apparaît dans
le monde de l’édition jeunesse entre les quelques groupes importants
(Hachette jeunesse, Editis…) qui détiennent des départements jeunesse
lucratifs portés par des produits commerciaux qui ont tendance à reproduire
les mêmes stéréotypes culturels et la multitude de petits éditeurs qui luttent
pour défendre une création diversifiée avec peu de moyens. (DOCUMENT 15)
Ces acteurs prennent les risques éditoriaux dans des choix d’illustrations
innovantes (DOCUMENT 17) et dans la publication de jeunes illustrateurs
originaux. Ils jouent un rôle dans l’émergence de talents qui suscitent la
convoitise des majors qui se les approprient par le biais d’à-valoir alléchants
que les petites structures ne sont pas à même de proposer.
Ce marché de l’édition jeunesse à double vitesse est cependant tempéré par
l’émergence d’éditeurs jeunesse de taille moyenne marqués par une volonté
d’indépendance (Le Rouergue, Les éditions Thierry Magnier…).
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