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SOMMAIRE
Humeur :
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Malédictions ?
Les marchés :
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Le franc suisse résiste à la crise.
Humeur :
Malédictions ?
Alors que l’économie mondiale et les marchés financiers commençaient à se remettre doucement de leur plus grave
crise depuis l’après-guerre, un nouvel ennemi public numéro 1 s’est imposé en quelques jours : il nous vient une nouvelle
fois du continent américain, puisqu’après avoir été appelé « grippe porcine », l’Organisation Mondiale de la Santé le
nomme désormais « grippe d’Amérique ». A croire que tant l’Amérique que l’économie mondiale et les marchés financiers
ont vraiment attrapé la scoumoune…
Cette malédiction apparente n’est d’ailleurs pas nouvelle puisque depuis 2000, les catastrophes n’ont cessé de se
succéder. La liste (non exhaustive) est longue mais instructive : krach internet en 2000, attentats du 11 septembre 2001,
guerre en Afghanistan (qui n’est malheureusement pas encore terminée et qui risque même d’être prochainement
aggravée), scandales Enron et WorldCom en 2001-2002, guerre en Irak en 2003, pandémie de SRAS toujours en 2003,
cyclones Rita et Katrina en 2005, chocs pétroliers successifs qui vont faire passer le baril de brut de 20 dollars en 2002 à
150 dollars en juillet 2008, dégonflement de la bulle immobilière américaine en 2006, crise des subprimes et de la
titrisation en 2007, faillite (certes organisée donc avec des répercussions limitées) de Bear Stearns au printemps 2008,
hausse du taux refi de la BCE en pleine récession en juillet 2008 et, enfin, faillite non préparée de Lehman Brothers en
septembre 2008 avec les conséquences cataclysmiques que nous connaissons et que nous continuons encore de
supporter aujourd’hui.
Mais alors que l’on pensait avoir eu notre dose de catastrophes et d’émotions fortes, patatra, les forces du mal ont
encore frappé. Ainsi, la planète serait désormais menacée par une pandémie de grippe mortelle. Evidemment, face à un
tel risque, les créances toxiques des banques, le niveau des taux d’intérêt, la planche à billets, l’état des déficits publics
ou encore le niveau du Cac 40 paraissent bien dérisoires… Et ce d’autant qu’à en croire certains « spécialistes »
médicaux, il faut désormais se barricader, ne sortir qu’armés d’un masque, se nourrir de tamiflu… Bref, adieu veaux,
vaches et surtout cochons…
Pourtant, au-delà des craintes légitimes qu’un tel scénario peut engendrer, il serait complètement absurde de sombrer
dans un nouveau mouvement de pessimisme généralisé. Et ce, pour au moins trois raisons.
Primo, dans le cas extrême et très peu probable où la pandémie se développerait mondialement et causerait des
milliers, voire des millions de morts, il ne sert à rien de se faire des cheveux blancs : devenons simplement des adeptes
du « carpe diem » et profitons de l’instant présent avant qu’il ne soit trop tard…
Secundo, si ce cas extrême est évité (et gageons qu’il le sera, car les moyens matériels et médicaux pour éviter un tel
marasme existent dans la plupart des pays, en particulier en France, en Europe et sur les continents américain et
asiatique), l’exemple du SRAS de 2003 nous a montré que l’impact économique et financier d’une pandémie limitée était
globalement faible. A ce sujet, il est d’ailleurs étonnant d’observer que l’histoire se répète. En effet, en 2003 aussi, la
planète économico-financière commençait à peine à sortir d’une grave crise lorsque la psychose du SRAS est venue
l’affaiblir. Pour autant, cette dernière n’a pas été capable de casser la reprise. Bien au contraire, puisque du premier au
quatrième trimestre 2003, le PIB américain a progressé de 3,7 % et celui de la planète de 4,5 %. Quant aux marchés
actions, de mars à décembre 2003, le Dow Jones a flambé de 39 % et le Cac 40 de 48 %. Bien entendu, certains
secteurs d’activité (le tourisme notamment) souffrent tandis que d’autres en profitent (la pharmacie par exemple), mais au
final, l’impact économique global reste limité.
Ces évolutions nous rappellent que, psychose ou pas, une fois que les ajustements économiques et financiers sont
terminés, le rebond devient inévitable. C’est d’ailleurs ce que nous devrions revivre cette année. Certes, le PIB américain
a fortement reculé au premier trimestre et celui de la zone euro et du Japon devraient en faire de même. Néanmoins, ce
recul n’est aucunement prémonitoire du futur. Bien au contraire, puisqu’il s’explique principalement par un mouvement de
déstockage historique et par un désinvestissement excessif par rapport aux efforts de relance qui ont été mis en place.
Dès lors, à partir du deuxième trimestre et de la mise en musique de cette relance, ces deux mouvements d’ajustements
baissiers devraient s’inverser et relancer l’économie américaine sur le chemin d’une croissance soutenue et durable qui
dépassera même la barre des 2,5 % dès 2010. Quant à l’Europe et au Japon, en dépit d’un léger retard à l’allumage et
d’une vigueur moins marquée, la reprise finira également par arriver au second semestre 2009.
Tertio, et pour conclure cette nécessité de ne pas croire au fatalisme et à la malédiction sur une note presque
philosophique, l’avènement puis le dépassement de cette crise grippale rappellent l’essence même de l’Etre humain, à
l’instar d’ailleurs des nombreuses crises que nous avons traversées depuis dix ans et finalement depuis des siècles. En
effet, l’espèce humaine est fragile, soumise à la peur et aux catastrophes naturelles et sanitaires. Pis, elle a même
parfois tendance à s’auto-détruire. Pour autant, on ne sait par quel miracle, elle réussit toujours à s’en sortir. De temps en
temps en passant par des malheurs, mais surtout en faisant preuve d’une capacité d’adaptation exceptionnelle.
Dans ce cadre, il serait vain de sombrer une fois de plus dans le défaitisme, de croire que la croissance mondiale ne
redémarrera pas avant des années, d’analyser le récent rebond boursier comme un feu de paille qui sera vite inversé, de
laisser croire que toutes les entreprises endettées sont vouées à l’échec, que toutes les créances risquées des banques
sont toxiques ou encore que toutes les grippes sont porcines.
Ne l’oublions pas, de la même façon que les vaccins sont obtenus à partir des maladies, la croissance est souvent un
produit de l’endettement. Mieux, les crises permettent souvent de repartir sur des bases plus saines pour retrouver une
économie en croissance, certes modérée mais moins risquée et plus saine.
Marc Touati
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Marc Touati
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Les Marchés :
Le franc suisse résiste à la crise.
Croissance faible, crise financière, pertes abyssales Autrement dit, la résistance de l’économie helvétique
d’UBS, affaire Madoff, débat acerbe sur les paradis comparativement aux graves difficultés de ses
fiscaux… Depuis quelques années et surtout depuis partenaires occidentaux constitue un argument de poids
quelques mois, la Suisse est attaquée sur tous les fronts. pour continuer de faire confiance au franc suisse. Si bien
A tel point que de la mi-2006 à l’automne 2008, le franc que la forte baisse du taux directeur central de la BNS
suisse a connu une forte dépréciation, notamment vis-à- de 2,75 % à l’automne dernier à 0,25 % depuis février
vis de l’euro. 2009 n’a non seulement pas déprécié le franc suisse
mais l’a au contraire apprécié, notamment vis-à-vis de
Ainsi, alors que le niveau de l’euro/franc suisse
l’euro.
atteignait 1,45 en 2002-2003, il frôlait les 1,70 franc
suisse pour un euro fin 2007. Pis, la remontée du taux La récession et le chômage reste contenus.
directeur central de la Banque Nationale de Suisse
(BNS) de 0,25 % en 2004 à 2,75 % fin 2007 n’y a 6 6
quasiment rien changé. 5
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Il faut dire qu’entre temps, la BCE a augmenté son 4
taux refi jusqu’à 4,25 % en juillet 2008, réduisant 4
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mécaniquement l’appétence pour la devise helvétique au
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profit de son homologue eurolandaise.
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En fait, il a fallu atteindre la faillite de Lehman Brothers
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et la crise qui en a suivi pour redonner des couleurs au 1 T4 08
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franc suisse qui a alors retrouvé son rôle de valeur
refuge. Néanmoins, cette embellie a été en partie freinée 0 -2
d’UBS et sur les risques d’altération du secret bancaire. Taux de chomage (non ajusté des variations saisonnières)
Glissement annuel du PIB suisse
Pour autant, depuis le début 2009, le franc suisse se
stabilise autour des 1,50 pour un euro. Ce qui nous Cette situation pourrait paraître d’autant plus
paraît être un niveau entièrement justifié. Et ce, pour au étonnante que, dans le même temps, la BCE est restée
moins cinq raisons. frileuse dans la baisse de son taux refi qui est d’ailleurs
Premièrement, l’économe helvétique apparaît comme encore de 1,25 %.
une des plus résistantes face à la crise. Ainsi, alors que La baisse des taux de la BNS ne fait plus baisser le
les PIB de ses voisins (Allemagne, Italie et France en franc suisse.
tête) ont affiché des glissements annuels nettement
négatifs dès le quatrième trimestre 2008, celui de la 1 ,7 4
Suisse limite les dégâts avec une baisse de seulement 3 ,5
0,1 %. 1 ,6 5
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L’économie suisse fait bien mieux que ses 1 ,6
2 ,5
homologues eurolandaises.
1 ,5 5 2
a/a, %
5 1 ,5
1 ,5
1
4
1 ,4 5
0 ,5
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1 ,4 0
2 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09
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Glissement annuel du PIB : relancer une croissance qui est déjà l’une des plus
France Allemagne Suisse résistantes des pays occidentaux et qui ne pourra donc
que s’améliorer avec le soutien de la politique monétaire.
Parallèlement, alors que le chômage flambe dans la
plupart des économies développées, en particulier en Troisièmement, après avoir fait craindre le pire, le
Europe, le taux de chômage suisse demeure contenu à sommet du G20 de Londres n’a finalement pas porté
3,4 % en mars dernier. atteinte au secret bancaire suisse. Pour faire plaisir aux
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Français et aux Allemands, le G20 s’est effectivement historiquement fortes avec les institutions financières
contenté de publier une liste noire des paradis fiscaux, helvétiques.
sur laquelle la Suisse ne figure évidemment pas, laquelle
Aussi surprenant que celui puisse paraître, la Suisse
devra simplement se contenter d’une liste grise non
pourrait donc sortir gagnante de cette crise. Dans ce
coercitive. Le risque d’une fuite de capitaux de la Suisse
cadre et comme nous l’avions déjà annoncé mi-2008,
vers d’autres horizons s’est donc largement estompé.
nous continuons d’anticiper que le franc suisse devrait
Quatrièmement, la réduction drastique des salaires se stabiliser autour des 1,50 pour un euro. Un niveau
des opérateurs financiers londoniens ainsi que particulièrement optimal puisqu’il s’agit de celui du taux
l’augmentation tout aussi drastique de la fiscalité des de change naturel dit Natrex, c’est-à-dire du niveau
revenus outre-Manche devraient inciter de nombreuses d’équilibre en fonction des fondamentaux économiques
maisons à s’installer sur des terres fiscalement moins (croissance, inflation, épargne, balance commerciale).
contraignantes, à commencer par Genève et Zurich.
De quoi rappeler une nouvelle fois que cette crise agit
Enfin et cinquièmement, dans la vague avant tout comme un moteur de reconnexion entre les
d’investissements financiers des fonds souverains qui grandeurs financières et la réalité économique.
est en train de se mettre en place, la Suisse devrait
Marc Touati
constituer un intermédiaire de choix, notamment avec les
fonds des pays de l’OPEP qui entretiennent des relations
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