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LES BELLES ENDORMIES

de

Jean-François Rauzier

« Celui ou celle qui plonge dans le sommeil et les rêves retourne à l'état
d'innocence et inspire un respect sacré. Comme l'enfant. Comme la mort. » JFR

Les « Belles Endormies » de JFR ont comme point de départ le thème du sommeil,
considéré comme une porte au mystère, au rêve et au lyrisme. Cette série d’oeuvres où
résident, de façon tout à fait inconscient, l’amour de Séléné pour Endymion endormi,
l’univers baroque de Balthus et la sensualité de Kawabata, aspire à créer une dimension
parallèle où imagination et fantasme l’emportent sur la réalité « objective ». Le
personnage masculin qui se trouve à l’origine de cette rêverie visuelle, contemple, du seuil
de sa propre nuit, la jeune beauté endormie, comme l’expression de l’absolu perdu et
retrouvé.

L’oeuvre de JFR tâche de résoudre, dans le champ du symbolique, des contradictions qui,
dans le champ du réel, seraient sans issue : le passé et le présent, le même et l’autre, la
présence et l’absence, l’être et le non-être, la parenté mystérieuse entre l’amour et la mort.
C’est là où son œuvre nous révéle toute sa profondeur, sa complexité et son eternelle quête
d’un idéal à atteindre, d’un ailleurs, d’une utopie. Car pour l’artiste le rêve est le vrai visage
de l’évasion. Et qui dit « évasion » dit « réalités » : celles que l’on s’efforce de fuir, celles
que l’on recherche. Mais, le beau idéal qu’il arrive à créer s’avère implacable pour ses élus
puisqu’ils ne pourraient jamais l’atteindre. Dans la réalité palpable, il y aura toujours, entre
eux et l’objet de leur désir, une distance qui les condamne à la contemplation et à la
solitude. Le fantasme peut devenir réalité seulement à travers la création artistique.

Pour JF Rauzier, l’art est justement le lieu de rencontre entre la réalité palpable et le désir
chimérique de l’homme. Les deux mondes se mêlent et ne se distinguent plus : la caméra
de l’artiste photographie des personnes réels pour les transformer ensuite en personnages
qui habitent un monde inventé, ou plutôt réinventé. Au moyen des techniques de l’hyper-
photo, ses mondes fictifs sont vécus comme réels. Magicien, illusioniste, prestidigitateur, il
crée des illusions où transparaît l’intimité de l’artiste et de son modèle, mais aussi la
distance qui les sépare, le désir de la beauté et, en même temps, son caractère
inaccessible et pour cela intellectualisé, intériorisé, idéalisé.

Cher JFR la création des illusions photographiques n’est pas un moyen de fuir la réalité de
la vie. L’Ailleurs qu’il recherche à travers ses Belles Endormies, ses Babels ou ses Cités
Idéales ne se définit pas par rapport aux limites, par ailleurs estompées de la réalité et du
rêve, de l’éveil et du sommeil, de la vie et de la mort. C’est la quête d’un homme face à la
complexité incommensurable de l’âme, une quête sombre mais toujours triomphante
parce qu’humaine.
Yorg
os Archimandritis

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