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En 1910, le gouvernement du Québec mit un embargo sur l'exportation du bois destiné à l'industrie des pâtes et papiers vers les États-Unis. Obligés de transformer la matière ligneuse dans la province, les industriels américains s'installèrent dans l'Ouest québécois, principalement dans la région de Trois-Rivières, s'alimentant en bois par la forêt mauricienne. Soutenus, entre autres, par une matière première abondante, facile d'accès et à faible coût, ils permirent au Québec de devenir un leader mondial dans la fabrication et l'exportation du papier. Ces compagnies, riches et lucratives, entreprirent de rehausser le niveau de protection des forêts contre le feu.
En 1910, le gouvernement du Québec mit un embargo sur l'exportation du bois destiné à l'industrie des pâtes et papiers vers les États-Unis. Obligés de transformer la matière ligneuse dans la province, les industriels américains s'installèrent dans l'Ouest québécois, principalement dans la région de Trois-Rivières, s'alimentant en bois par la forêt mauricienne. Soutenus, entre autres, par une matière première abondante, facile d'accès et à faible coût, ils permirent au Québec de devenir un leader mondial dans la fabrication et l'exportation du papier. Ces compagnies, riches et lucratives, entreprirent de rehausser le niveau de protection des forêts contre le feu.
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En 1910, le gouvernement du Québec mit un embargo sur l'exportation du bois destiné à l'industrie des pâtes et papiers vers les États-Unis. Obligés de transformer la matière ligneuse dans la province, les industriels américains s'installèrent dans l'Ouest québécois, principalement dans la région de Trois-Rivières, s'alimentant en bois par la forêt mauricienne. Soutenus, entre autres, par une matière première abondante, facile d'accès et à faible coût, ils permirent au Québec de devenir un leader mondial dans la fabrication et l'exportation du papier. Ces compagnies, riches et lucratives, entreprirent de rehausser le niveau de protection des forêts contre le feu.
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Poursuivre les transgresseurs des lois et règlements contre
le feu;
Promouvoir les mesures de législation et d’éducation pour
conserver les ressources forestières en général;
Coopérer avec le gouvernement de la province dans la pro-
tection des forêts et la conservation des ressources forestières;
Établir, maintenir et mettre en opération un système de
téléphone sur les terres sous licence, en rapport avec les opéra- tions de bois et les objets de l’association;
Construire des chemins, des voies et les maintenir sur des
terres sous licence et sur toutes terres jugées nécessaires pour établir la communication avec les terres sous licence, suivant la loi;
Construire et maintenir des tours d’observation ou stations
de vigie sur différents points sur les terres sous licence et autres, suivant la loi, lorsqu’il sera nécessaire;
Aider au rapprochement toutes corporations, sociétés ou
personnes possédant ou louant des terres à bois sur la rivière Saint-Maurice ou ses tributaires, coopérer dans la protection des forêts contre le feu110.
Dans l’après-midi, le ministre des Terres et Forêts, Jules Allard
(1859-1945), se joignit au groupe pour l’assurer de son soutien et de celui de ses fonctionnaires. Selon le rapport fait de l’événe- ment, le ministre Allard émit le souhait « que le gouvernement collaborerait avec l’Association et lui fournirait toute l’aide pos- sible. [De plus,] le ministre a exprimé son approbation cordiale du projet et il a promis toute l’assistance que son ministère jugerait pertinente et qu’il pouvait se permettre111. » Le groupe discuta longuement des causes de feu et des moyens pour le prévenir, et se choisit un « gérant général » (l’équivalent de ce qu’on appelle- rait maintenant un « directeur des opérations ») Henri Sorgius, ancien employé du Service forestier et disciple de Gustave Piché. Enfin, le 19 mars 1912, la St. Maurice Forest Protective Association reçut officiellement ses lettres patentes.
Les coûts de protection furent fixés par les membres à 0, 006 $
l’hectare. Les 16 actionnaires se partagèrent la protection de près de 3 000 000 d’hectares de forêt concédés, qui rapportaient à l’Association 18 000 $. Le territoire était aménagé en trois divi- sions, « a » « b » et « c », chacune étant surveillée par un inspec- teur (salaire de 80 $/mois) et divisé en 20 districts arpentés par 50 gardes-feu (salaire de 35 $/mois). Les rondes s’effectuaient en canot dans 17 districts, les trois autres étant patrouillés à pied et à dos de cheval. De plus, quatre équipes de deux gardes-feu furent déployées sur les voies ferrées à bord de speeders motorisés. Le gérant (salaire annuel de 1 500 $) était quant à lui chargé de la gestion et de l’inspection de l’ensemble du territoire de l’Association. La direction reposait entre ses mains à
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régions en ce qui a trait au transport, aux emplacements topo-
graphiques et aux dangers de feux de forêt. Il sera toujours dif- ficile d’assurer un service général qui soit approprié à toutes les circonstances de temps et de lieu à la fois tout en étant conforme à toutes les situations. Il est nécessaire d’avoir une organisation plus souple, plus adaptée aux circonstances114.
Certaines décisions prises au cours de cette première saison
avaient forcé la compagnie à engager des gardes supplémentaires pour protéger ses concessions plus nordiques. Van Bruyssel esti- mait que, n’eût été de la pluie abondante, il aurait assurément perdu ses derniers lots en bois debout le long des voies du Northern Transcontinental Railway. Toutefois, les critiques formu- lées par Van Bruyssel furent prises en considération et des chan- gements furent apportés pour que la compagnie demeure au sein de l’association.
Malgré ces quelques notes discordantes, les différents interve-
nants du milieu forestier jugèrent cette association, économique et viable. La revue officielle de l’Association forestière canadienne, The Canadian Forestry Journal, titra en mars 1913 : « St. Maurice Forest Protective Ass. THE MOST HOPEFUL STEP TAKEN FOR MANY YEARS IN CANADA ». L’auteur du texte concluait au succès de l’expérience : « Il était généralement admis […] que le travail de pionnier de cette première association de protection contre les feux de forêt avait connu tellement de succès et avait produit de telles économies en effort et en argent que cette œuvre serait bientôt copiée dans tout le Canada115 ».
Un exemple à suivre
Au Québec, le message fut bien reçu et, en 1914, les compa-
gnies forestières de la région de l’Outaouais se regroupèrent pour former la Ottawa Forest Protective Association. En 1917, d’autres régions leur emboîtèrent le pas avec la création de la Laurentian Forest Protective Association pour la Côte-Nord et le Saguenay- Lac-Saint-Jean et de la Southern St. Lawrence Forest Protective Association pour la rive sud du Saint-Laurent et la Gaspésie. Dans chaque cas, la St. Maurice Forest Protective Association mit son expertise à contribution. Ainsi, à l’été 1917, la quasi-totalité des concessions forestières (19 424 548 hectares) étaient sous la pro- tection de ces organismes. En 1918, ils se rassemblèrent sous le nom de Quebec Forest Protective Association, une association qui devint un lieu d’échange et de partage de connaissances en matière de protection.
Enfin, en 1924 et en 1927, deux autres associations vinrent
compléter le tableau. La compagnie Price Brothers se dissocia d’abord des deux associations dont elle était membre (la Southern et la Laurentian) pour regrouper ses actifs dans une association qu’elle contrôlait entièrement : la Price Brothers Forest Protective Association. Par la suite, en 1927, la Canadian International Paper
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fit la même chose dans l’Outaouais en formant la Lower Ottawa
River Forest Protective Association, dont elle avait le contrôle à 70 %*. Ces deux dernières associations vinrent compléter le mou- vement de protection coopératif du Québec, en activité jusqu’en 1972.
Le Québec avait ainsi fait son choix. Pendant que certains
gouvernements provinciaux confiaient la gestion à l’État ou encore à des organismes indépendants, le Québec développait un modèle distinct, en collaboration avec l’industrie, à qui il avait laissé le soin d’organiser la protection sur les territoires qu’il lui avait concédés. Le gouvernement québécois accordait de légères subventions et remboursait la moitié des frais d’extinction des incendies. Comme le soulignait un chroniqueur du Canadian Forestry Journal en 1917, le reste du Canada n’avait nullement l’intention de suivre le modèle privilégié par l’Association fores- tière canadienne :
La méthode ne sera probablement pas appliquée dans les
autres provinces. L’Ontario a choisi d’imposer une taxe de feu à chacun des détenteurs de licence. De plus, elle confie au Provincial Forester la responsabilité de la sélection et de la ges- tion des patrouilles, etc., n’accordant ainsi aux détenteurs de licence aucune autorité en matière de protection contre les feux de forêt. La Colombie-Britannique adopte également cette poli- tique visant à taxer les détenteurs de permis afin de compenser les frais de protection contre les incendies. Elle entend gérer le personnel de gardes forestiers par la direction des forêts116.
Toutefois, la protection des quelque 19 424 548 hectares de
concessions forestières du Québec ne suffisait pas. Le gouverne- ment, par l’entremise de son Service de la protection, allait devoir s’impliquer sur le terrain pour protéger les forêts non concédées, tout aussi menacées par le feu.
* La Canadian International Paper possèdait plus de 70 % des territoires concédés à l’intérieur de la
Lower Ottawa Forest Protective Association (2 364 356 hectares sur 3 338 432). Les autres compagnies en 1927 sont : James McLarean (643 600 hectares), E. B. Eddy (279 713 hectares) et Estate of James B. Klock (48 172 hectares). Pour la Price Brothers Forest Protective Association, la superficie est contrôlée entièrement par la compagnie Price. Dans les revenus pour l’année 1925, l’association indique que 60 195,19 $ sur 63 216 $ de son revenu proviennent de la compagnie Price et que les autres sommes proviennent des ententes particulières comme le paiement de la moitié des frais d’extinction de feux par le gouvernement et des remboursements de la part de la Laurentian Forest Protective Association et de la compagnie Wayagamack.