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Oto-rhino-laryngologie

A 39

Surdité d’apparition brutale


Orientation diagnostique
PR Olivier DEGUINE, DR Bernard GARDINI
Service d’ORL, hôpital Purpan, 31059 Toulouse Cedex.

Points Forts à comprendre – le spasme de l’artère labyrinthique ;


– la thrombose ou l’embole au niveau de l’artère labyrin-
thique dans les cardiopathies ou chez les patients
• Les surdités d’apparition brutale correspondent porteurs de facteurs de risque cardiovasculaires
à la survenue ou à l’aggravation d’une surdité (dyslipidémie, diabète, hypertension artérielle…) ;
neurosensorielle se présentant brutalement – l’hyperviscosité sanguine avec formation de sludge,
ou rapidement progressive (3 j). notamment lors des macroglobulinémies.
• Bien qu’il existe des récupérations spontanées,
il s’agit d’une urgence thérapeutique.
• On distingue les surdités d’apparition brutale Hypothèse pressionnelle
symptomatiques, dont il faut rechercher La formation d’un hydrops labyrinthique (augmentation
la cause, et la forme idiopathique, appelée « sur- de la pression d’endolymphe) serait à l’origine de
dité brusque » pour laquelle il existe microperforations de la membrane de Reissner, provo-
plusieurs hypothèses étiopathogéniques. quant un mélange de périlymphe et d’endolymphe, qui
La surdité fluctuante correspond à l’apparition entraînerait un dysfonctionnement de l’organe cochléaire.
d’au moins 2 épisodes de surdité neurosensorielle Ce diagnostic est surtout évoqué lors des surdités
alternant avec des phases de récupération ; fluctuantes.
ses causes sont spécifiques.
• Toute surdité d’apparition brutale doit faire
rechercher un neurinome de l’acoustique. Hypothèse auto-immune
Chez certains patients cette hypothèse est évoquée
quand une surdité brusque survient dans un contexte de
maladie générale ou que le bilan retrouve des anticorps
Étiopathogénie des surdités anti-cochlée dirigés contre le collagène de types II et IX
brusques (voir : Pour approfondir 1).

Mécanisme des surdités brusques


Hypothèse virale
Le mécanisme majeur à retenir dans les surdités
Les virus les plus fréquemment évoqués sont le virus brusques en dehors de l’atteinte virale directe par
ourlien, l’herpesvirus, le virus de la rubéole, le virus de névrite ou labyrinthite est l’atteinte de la microvascula-
la rougeole et les virus grippaux. risation cochléaire.
Deux types de lésions sont évoqués :
– une atteinte directe du labyrinthe membraneux et (ou) Clinique
du nerf cochléaire par un processus inflammatoire
(névrite) ; Les surdités d’apparition brutale ont une incidence de
– une atteinte de la microvascularisation cochléaire par 5 à 20 pour 100 000 par an.
œdème endothélial et augmentation de la viscosité
sanguine par hémagglutination. Interrogatoire

Hypothèse vasculaire Il recherche :


– les circonstances de survenue de la surdité : son
La vascularisation de l’oreille interne est de type terminal. caractère brutal, la notion de récidive, le contexte
Toute diminution de flux entraîne une hypoxie voire une infectieux éventuel, les circonstances déclenchantes ;
anoxie cellulaire. – les signes accompagnateurs : acouphènes, troubles de
Il existe 4 types de mécanismes : l’équilibre, sensation de plénitude auriculaire, otorrhée ;
– l’hémorragie intracochléaire notamment chez les – les antécédents de dyslipidémie, de diabète, de trau-
patients sous anticoagulants ou souffrant d’une leucémie matisme sonore, de traumatisme crânien, de maladie
ou d’une aplasie ; générale ;

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SURDITÉ D’APPARITION BRUTALE

– les traitements en cours ou antérieurement suivis : Audiométrie vocale


œstroprogestatifs, ototoxiques ;
L’existence d’une discordance entre les seuils de l’au-
– les antécédents familiaux de surdité.
diométrie tonale et vocale est en faveur d’une atteinte
rétrocochléaire (neurinome de l’acoustique).
Examens
1. Otoscopie Vidéo-nystagmographie
Elle n’est pas indispensable, mais doit être réalisée
Elle est normale dans les surdités neurosensorielles
lorsqu’il existe un trouble de l’équilibre associé. En cas
pures, mais peut retrouver un facteur étiologique dans
d’anomalie, une imagerie par résonance magnétique de
les circonstances suivantes :
la fosse postérieure doit être envisagée.
– une otite moyenne aiguë compliquée ;
– un cholestéatome ou une poche de rétraction à l’origine
d’une atteinte labyrinthique ; Potentiels évoqués auditifs (PEA)
– un hémotympan ; C’est l’examen clé à réaliser dans les surdités d’apparition
– une perforation tympanique. brutale.
Dans ces cas, la surdité d’apparition brutale correspond Les potentiels évoqués auditifs objectivent et quantifient
à une labyrinthite d’origine infectieuse ou traumatique. la surdité de perception. Ils permettent de différencier
3. Examen vestibulaire l’atteinte endocochléaire d’une atteinte rétro-cochléaire.
Toute suspicion d’atteinte rétrocochléaire est une indication
Il recherche un syndrome vestibulaire périphérique formelle d’une imagerie par résonance magnétique de la
associé. fosse postérieure (voir : Pour approfondir 2).
4. Examen neurologique
Il recherche une atteinte des autres paires crâniennes et
un syndrome cérébelleux.
V
5. Acoumétrie
II I
La réalisation des manœuvres de Weber et de Rinne au
diapason confirment le caractère neurosensoriel de la I
surdité : Weber latéralisé du côté sain, Rinne positif.

Examens paracliniques PEA normal


Leur but est triple : confirmer l’origine neurosensorielle
de la surdité ; quantifier la perte auditive ; rechercher une V
étiologie, dont le neurinome de l’acoustique. I

Audiométrie tonale
PEA d'un neurinome de grade I
Elle confirme l’atteinte neurosensorielle. Les courbes
peuvent prendre plusieurs formes : en plateau ; en cupule
(évocatrice d’hydrops labyrinthique) ; descendante
(prédominante sur les fréquences aiguës) ; ascendante 2 Potentiels évoqués auditifs normal et rétrocochléaire
(prédominante sur les graves). (neurinome).

Imagerie par résonance magnétique


de la fosse postérieure
Devant une surdité d’apparition brutale, les indications
de l’imagerie par résonance magnétique de la fosse
postérieure sont les suivantes :
– potentiels évoqués auditifs rétro-cochléaires ou plats ;
– fluctuation ou récidive d’une surdité de perception ;
– aggravation d’une surdité de perception existante ;
– association à un autre signe cochléovestibulaire
(acouphène, trouble de l’équilibre) ;
– cophose ;
1 Audiométrie tonale. Surdité de perception en plateau. – sujet jeune.

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Oto-rhino-laryngologie

Bilan biologique et préthérapeutique


Les examens à réaliser sont les suivants :
– sérologies virales : herpesvirus, rougeole, oreillons,
rubéole, hépatites B et C ;
– bilan biologique inflammatoire ;
– recherche des facteurs de risque : triglycéridémie,
cholestérolémie, glycémie, bilan de coagulation,
numération de formule sanguine ;
– bilan préthérapeutique (radiographie de thorax, électro-
cardiogramme).
3 Imagerie par résonance magnétique d’un neurinome de
l’angle ponto-cérébelleux. Étiologie
Causes tumorales

Tomodensitométrie haute résolution Le 1er diagnostic à éliminer devant une surdité d’appa-
des rochers rition brutale est le neurinome de l’acoustique : 10 % des
neurinomes de l’acoustique se révèlent par ce symptôme.
Cet examen doit être réalisé en cas de suspicion d’une Ce diagnostic doit toujours être évoqué et recherché
malformation de l’oreille interne, notamment chez (potentiels évoqués auditifs, imagerie par résonance
l’enfant, ou en cas d’atteinte associée de l’oreille magnétique).
moyenne (otite moyenne aiguë, otite chronique, trau- Les autres tumeurs de l’angle ponto-cérébelleux sont
matisme). plus rares.

Surdité brutale

PEA anomalie paire crânienne cophose


troubles de l’équilibre
acouphènes
céphalées
fluctuation ou récidive

endocochléaires rétrocochléaires

sujet jeune

PEA à 6 mois IRM de la fosse


suivi audiométrique postérieure

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SURDITÉ D’APPARITION BRUTALE

Causes vasculaires Surdités ototoxiques

Étiologie la plus fréquente, elle doit être évoquée chez Elles sont évoquées sur la prise de traitements oto-
tout patient présentant des facteurs de risque cardio- toxiques dont les plus fréquents sont les aminosides,
vasculaires, des hémopathies ou un traitement par le furosémide (Lasilix), le cisplatine, le 5-fluoro-uracile,
œstroprogestatif. la quinine et l’aspirine à forte dose.
Ces surdités sont bilatérales, symétriques et progres-
sives (voir : Pour approfondir 3).
Causes virales
Les virus les plus fréquemment retrouvés sont le virus
ourlien, l’herpesvirus, la rougeole, la rubéole. Surdités traumatiques
Le diagnostic de certitude d’infection virale est difficile. La fistule périlymphatique doit être évoquée devant
Il est évoqué devant un contexte épidémiologique asso- une fluctuation de l’audition, notamment après un
cié à une séroconversion affirmée sur 2 prélèvements traumatisme crânien ou pressionnel. Elle est souvent
réalisés à 15 jours d’intervalle et dosés dans le même associée à un trouble de l’équilibre. Elle est due à une
laboratoire. fuite de liquide périlymphatique au niveau des fenêtres
ronde et (ou) ovale. Son traitement est chirurgical.
Causes bactériennes Les fractures du rocher, les traumatismes directs par
éléments contondants, les surdités après chirurgie de
Les otites moyennes aiguës et l’otite chronique évolutive l’oreille, l’électrocution et la fulguration ne posent pas
peuvent provoquer une atteinte neurosensorielle de difficulté diagnostique.
d’aggravation rapide en cas de labyrinthite soit par
contiguïté, soit par fistule labyrinthique. L’atteinte
labyrinthique peut être inflammatoire, permettant Maladie de Ménière
d’espérer une récupération auditive, ou suppurée, la
récupération étant rare. La triade symptomatique est caractéristique : surdité,
vertiges et acouphènes évoluant par crises. L’aspect de
La syphilis est un diagnostic classique mais rare.
la courbe audiométrique en cupule est évocateur.

Surdités auto-immunes
Surdités idiopathiques (brusques)
Ce diagnostic est à évoquer dans le cadre de maladie
générale connue ou en cas de surdités de perception Il s’agit d’un diagnostic d’élimination, lorsque les autres
fluctuante ou bilatérale. causes n’ont pas fait leurs preuves. C’est la forme la
Les diagnostics les plus fréquents sont la périartérite plus fréquente.
noueuse, la maladie de Wegener, le syndrome de Cogan.

Surdités d’origine allergique Formes cliniques


Ce diagnostic est rarement évoqué dans un contexte très
spécifique et serait consécutif à une atteinte de la micro-
vascularisation cochléaire. Chez l’enfant

Les causes malformatives et ourliennes sont les plus


Affections neurologiques fréquentes.
La sclérose en plaques peut donner des épisodes initiaux
de surdités d’apparition brutale. Cette cause est rare. Le
diagnostic est évoqué sur l’histoire de la maladie et la Formes bilatérales
présence de potentiels évoqués auditifs rétrocochléaires Les causes auto-immunes, ototoxiques, malformatives,
ou désynchronisés nécessitant la réalisation d’une ima- vasculaires doivent être évoquées en priorité.
gerie par résonance magnétique cérébrale.

Malformations de l’oreille interne Formes fluctuantes


Elles doivent être systématiquement recherchées chez Les causes les plus fréquentes sont le neurinome de
l’enfant. Les plus fréquentes sont le syndrome de l’acoustique, la maladie de Ménière et la fistule péri-
Mondini. lymphatique.

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Oto-rhino-laryngologie

Moyens thérapeutiques drofuryl : Praxilène) et systémique. Ils sont utilisés à


forte dose les premiers jours puis per os pour des durées
Il s’agit d’une urgence thérapeutique. variables.
Dans la grande majorité des cas une hospitalisation est
souhaitable, associant le traitement étiologique lorsqu’il Diurétiques
existe, le repos et différentes thérapeutiques. Il n’existe
pas de consensus thérapeutique pour les surdités Ils sont principalement prescrits en cas d’hydrops. Le
brusques. Diamox (acétazolamide) est le plus utilisé.

Autres
Traitement étiologique
Les antiviraux, les antiagrégeants, les anticoagulants
Traitement chirurgical d’une fistule périlymphatique, sont prescrits en fonction de l’étiologie. ■
antibiothérapie et corticothérapie dans le cadre d’une
labyrinthite bactérienne…

Repos POUR EN SAVOIR PLUS


Il fait partie intégrante du traitement. Estève Fraysse MJ, Vincent M, Rugui MG, Bounaix MJ, Fraysse B.
Valeurs des potentiels évoqués auditifs et ECoG dans le diagnostic
des petits neurinomes de l’acoustique. Notre expérience sur 131 cas.
Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1993 ; 110: 203-10.
Hémodilution normovolémique
Lienhart H, Gouteyron JF, Faugère JM. Surdités brusques et
fluctuantes. Éditions techniques. Encycl Med Chir (Paris France),
Le but de ce traitement est la diminution de la viscosité Oto-rhino-laryngologie, 20 183 A10, 1991, 12 p.
sanguine. Une partie du volume sanguin est remplacée
par des macromolécules afin d’obtenir une hématocrite Mosnier I, Bouccara D, Sterkers O. Les surdités brusques en
1997 : hypothèses éthiopathogéniques, conduite à tenir, facteurs
aux alentours de 30 % en gardant une normovolémie. pronostiques, traitements. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1997 ;
Il existe des contre-indications absolues : l’angor 114 : 251-66.
instable et l’insuffisance cardiaque. Zennaro O, Dauman R, Poisot A. Intérêt de l’association hémodilution
normovolémique-oxygénothérapie hyperbare dans le traitement
des surdités brusques à partir d’une étude rétrospective. Ann
Oxygénothérapie hyperbare Oto Laryngol 1993 ; 110 : 162-9.

Appelé aussi caisson hyperbare, son but est d’augmenter


la pression partielle artérielle en O2. Ce traitement
présente des risque de pneumotoxicité, d’angor et de
barotraumatisme auriculaire et sinusien. Points Forts à retenir

Corticothérapie • La surdité d’apparition brutale est une pathologie


fréquente, dont les causes sont multiples.
Elle est utilisée dans un but anti-inflammatoire. • L’examen clinique est essentiel et doit être
Généralement, elle est prescrite à forte dose et en intra- complété par une audiométrie tonale
veineux pendant plusieurs jours ou un relais per os sur et des potentiels évoqués auditifs, pièce angulaire
plusieurs mois est instauré si l’on suspecte une origine de la stratégie diagnostique. L’imagerie
auto-immune. par résonance magnétique de la fosse postérieure
doit être pratiquée au moindre doute, afin
d’éliminer un neurinome de l’acoustique.
Vasodilatateurs • Il s’agit d’une urgence thérapeutique.
• Le traitement repose sur la corticothérapie
Ils n’ont pas fait la preuve de leur utilité mais sont très et l’amélioration de la vascularisation cochléaire
employés. Le plus utilisé est le carbogène : c’est un (oxygénothérapie hyperbare, hémodilution
vasodilatateur puissant entraînant une amélioration de la normovolémique, vasodilatateurs).
perfusion cochléaire. Il est administré en aérosol mélangé • Le pronostic est lié à l’importance de la perte
à de l’oxygène. initiale et au délai de prise en charge.
D’autres produits sont utilisés : les vasodilatateurs Un grand nombre de surdités d’apparition
neurotropes (dihydroergotoxine, trimétazidine : Vastarel), brutale récupère spontanément.
musculotropes (dérivés de l’acide nicotinique, nafti-

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SURDITÉ D’APPARITION BRUTALE

POUR APPROFONDIR

1 / Physiopathogénie des surdités brusques 2/ Potentiels évoqués auditifs rétrocochléaires

Ischémie Délai I-V = 4,5 ms


Délai I-III = 2,5 ms
Baisse production ATP Différence interaurale = 0,3 ms
Désynchronisation des ondes
Acidose intracellulaire

Radicaux libres intracellulaires


3 / Médicaments ototoxiques

Lésions membranaires Aminosides


Furosémide
Blocage des ions Ca 2+ intracellulaires
5-fluoro-uracile
Cisplatine
Blocage de la chaîne
Quinine
Mort cellulaire Aspirine à forte dose

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