Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
POLITIQUE
UNESCO
Le projet
On va y arriver quand nous parlerons
de la Maison Unesco. Vous me ten-
dez cependant la perche pour vous
interroger sur votre vision pour
l’Unesco. Vous êtes candidat au pos-
te de directeur général de l’Unesco
pour apporter quoi à l’Afrique et aux
Africains ?
Actuellement, dans la stratégie 2008-
2013 de l’Unesco, il y a 2 priorités
globales : la priorité Afrique et la prio-
rité Genre.
La priorité Afrique ne doit pas être un
vain mot. Elle doit être une réalité
faut construire les défenses de la éthique de la vie. Aujourd’hui, on par-
dans les faits. Sous Koïchiro Mat-
paix dans l’esprit des hommes. Nous le de dérive climatique. Mais si à tra-
suura, cette priorité a pris véritable-
devons utiliser la solidarité intellec- vers l’école, vous ne mettez pas en
ment son envol et les réalisations
tuelle, les valeurs partagées pour par- place des programmes dans la for-
sont là, sur le terrain, et peuvent à
venir à cette paix-là. C’est très impor- mation des journalistes et des com-
tout moment être constatées.
tant. municateurs sur la sensibilisation à
L’urgence, si j’étais élu, ce serait de l’écologie (parce que pour moi, les
convaincre les Chefs d’Etat, les déci- journalistes sont aussi des ensei-
Mais reconnaissez quand même que
deurs politiques qu’il n’y aura pas de gnants, qui atteignent un public beau-
l’Unesco embrasse beaucoup de
développement économique sans domaines de compétence. Vos mis- coup plus large que les maîtres dans
l’accélération du développement de sions régaliennes sont l’éducation, leurs classes), si dans leur formation,
la matière grise. Il faut que nous arri- la culture, la science, la communica- disais-je, on n’intègre pas l’approche
vions à mettre 50% du budget natio- écologique, nous allons vers la catas-
nal dans le domaine de l’éducation. Il
faut qu’on se batte pour que nos L’urgence, si j’étais élu, ce trophe. C’est pourquoi je dis que le
navire-amiral, c’est l’éducation. Nous
filles, nos femmes, aillent à l’école,
ne serait-ce que pour acquérir de serait de convaincre les prenons toutes les préoccupations
écologiques aujourd’hui, nous disons
meilleures méthodes de gestion de
leur propre business. Il faut aussi évi-
chefs d’Etat, les décideurs que dans les écoles normales supé-
rieures, dorénavant, il faut absolu-
ter les conflits qui anéantissent les
effor ts fournis : quand les rebelles
politiques qu’il n’y aura ment former des maîtres sensibilisés
arrivent, ils cassent tout, les écoles, pas de développement à l’écologie, nous disons que dans le
domaine de la bioéthique, il y a beau-
les laboratoires. Ils tuent même les
maîtres, transforment les filles et les
sans l’accélération du coup de problèmes qui se posent. Par
exemple, peut-on permettre à la
femmes en esclaves sexuelles. Ils
droguent les enfants et en font des
développement de la science de toucher à tout et n’impor-
te comment ? La réflexion de l’Unes-
enfants-soldats. Conséquence, tout matière grise co ici n’est pas marginale pour que
ce qui a été fait se retrouve détruit. cette éthique soit partagée. Dans ce
Quand la guerre est finie, il faut tout tion. A cela, l’Unesco a ajouté la cul- monde totalement déréglé par la cri-
reconstruire. Un éternel recommen- ture de la paix, l’environnement, le se, s’il n’y a pas une organisation
cement, ce travail de Pénélope ! climat. Finalement, vous faites beau- comme l’Unesco qui met en garde
coup de choses pour à la fin ne pas contre les dérives des uns et des
Est-ce pour cette raison que l’ancien faire grand-chose. autres, si l’Unesco n’est pas là pour
directeur de l’Unesco, Federico Non. Je ne suis pas d’accord avec dire : faites attention de ne pas tou-
Mayor, avait lancé le programme de cette façon de voir. Ce que nous fai- cher à l’éducation sous prétexte de
la culture de la paix ? sons fondamentalement, c’est de crise, faites attention de ne pas tou-
C’était une bonne lecture de l’Acte transmettre non seulement la scien- cher à la culture sous prétexte de cri-
constitutif puisque celui-ci dit qu’il ce, mais aussi une façon d’être, une se, on ne va nulle part. Ce ne sont
pas les éducateurs qui ont créé la l’Unesco qui assurons leur cohésion. réforme des Nations-Unies « unis
crise, mais les « économistes-finan- C’est nous qui allons vers le gouver- dans l’action » qui est en cours fait
ciers ». Ce n’est donc pas vers l’édu- nement, vers la société civile, vers que nous allons mettre nos synergies
cation qu’il faut venir prendre les res- les organisateurs sœurs dont vous ensemble avec comme unique
sources pour alimenter d’autres sec- venez de parler. gagnant, les Etats-membres.
teurs dits plus por teurs, ni même Vous savez que l’Unicef axe ses inter-
dans des secteurs sociaux comme la ventions sur la petite enfance et les Amadou Mactar M’Bow, l’ancien
santé. Mais au contraire, il faut plutôt femmes. L’éducation, ce n’est pas directeur général de l’Unesco, avait
considérer que la crise, qu’elle soit que cela. L’éducation, c’est aussi le tenté sans succès de lancer le Nou-
financière, alimentaire, économique, secondaire, l’éducation technique et vel ordre mondial de l’information et
c’est à travers l’éducation que des professionnelle, l’enseignement de la communication. Les Améri-
solutions vont émerger. D’autre part, supérieur, la recherche scientifique. cains et les Britanniques ont saboté
dans un monde qui est en guerre L’Unicef ne s’intéresse pas à ces son projet. N’est-il pas temps d’y
contre lui-même, si nous ne sommes domaines-là. penser ?
pas prêts pour dire voici les valeurs La Banque mondiale donne les Il y a des éléments qui datent de la
du vouloir-vivre ensemble, pas des moyens mais elle n’a pas les période de la guerre froide où les
valeurs de guerre, pas des valeurs de hommes, les spécialistes pour faire superpuissances se cognaient en uti-
choc de civilisation, mais des valeurs ce travail. Il y a une réforme du sys- lisant des petits Etats ou des organi-
où la diversité culturelle est un fait, si sations internationales. Aujourd’hui,
nous ne sommes pas prêts à montrer
que ce monde de tolérance peut être
Avec le retour nous n’en sommes plus là. En ce qui
concerne l’Afrique, nous sommes
bâti, nous n’allons nulle part. des Américains et des passés du système des par tis
Sauf que l’Unesco est contestée Britanniques, l’Unesco uniques où on comptait un journal
unique, à une démultiplication des
dans son domaine de prédilection
qui est l’éducation par la Banque est redevenue une journaux et radios communautaires.
La liber té d’expression signifie
mondiale et l’Unicef, par exemple.
Que reste-t-il à l’Unesco si on lui
organisation universelle quelque chose aujourd’hui. Et c’est
très bien ainsi. C’est pourquoi l’Unes-
conteste déjà l’éducation ?
Il n’y a pas de contestation. Si vous
grâce à l’action assidue co donne de l’importance au fait que
prenez les textes des Nations-Unies, de Koïchiro Matsuura les journalistes et les communica-
teurs, doivent former eux-mêmes
l’Unesco est la coordinatrice mondia- leurs associations professionnelles
le de l’éducation.... tème des Nations-Unies qui renforce
le par tenariat entre les organismes et doivent gérer eux-mêmes la déon-
du système des Nations-Unies. tologie de leur profession. De plus en
... L’Unesco est devenue une sorte plus, nous allons vers la désétatisa-
de cabinet d’études. tion de l’information.
Mais non. Le coordinateur en ce sens La Banque mondiale conteste même
votre expertise. Elle dit que vos spé- Le doyen M’Bow a eu à faire face à
que tous les ef for ts faits par les un moment donné à un problème
autres par tenaires, c’est nous à cialistes sont obsolètes.
Non. La Banque mon- gigantesque. Aujourd’hui, avec l’évo-
De gauche à droite : M. Koïchiro Matsuura, Directeur général de lution qui se fait dans le domaine de
diale ne peut pas tenir
l’UNESCO, Son Excellence M. Nelson Mandela et M. Nouréini l’information et la communication,
Tidjani-Serpos, Sous-Directeur général du Département Afrique,
ce langage. Celui qui
était jusqu’à la fin du dans chaque Etat, c’est le secteur pri-
au cours de la cérémonie de nomination de Nelson Mandela
mois de juillet, sous- vé qui prend en main les moyens d’in-
“Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO” le 12 juillet
2005, à la Fondation Nelson Mandela de Johannesburg en directeur général de formation, le rôle de l’Etat n’étant
Afrique du Sud. l’Unesco chargé de que de réguler et je pense que c’est
l’éducation, Monsieur bien ainsi.
Burnett, vient d’être
nommé directeur de Pendant des années, on a fait com-
l’Institut de la Banque prendre que l’Unesco était en crise
mondiale pour l’édu- parce qu’il n’y avait pas les Britan-
cation à Washington. niques et les Américains. Les Britan-
C’est pour vous dire niques et les Américains sont reve-
que nos experts sont nus, l’Unesco est-elle sortie pour
si bons qu’ils ont une autant de la crise ?
place de choix par- Par fois, on prend les crises comme
tout. Et puis, c’est un un élément négatif. Mais dans le pro-
système de vases cessus de croissance, il y a à chaque
communicants et non moment une crise. La crise est le
un système d’opposi- moment où se prépare un change-
tion ou de conflit. La ment dont on ne connaît pas la natu-
Non. Ils ne reviennent pas. Ils ne sont directeur général de par exemple, depuis le début des
années 90, bien avant son arrivée à
plus membres du personnel. Il est
clair qu’aujourd’hui, l’Unesco connaît l’Unesco. Dès qu’elle aura l’Unesco.
Non. Jusqu’à aujourd’hui, l’Unesco
une réduction du personnel. L’actuel
directeur général a recruté beaucoup
fixé elle-même la date se bat encore au niveau de la
CEDEAO (Conférence économique
de jeunes professionnels qui montent
en grade avec l’ambition de diriger
à laquelle elle désire des Etats de l’Afrique de l’Ouest), par
l’organisation dans un avenir proche. visiter l’Unesco, nous exemple, pour dire : Vous devez avoir
ce programme commun. Quand je
Il n’y a pas de médiocrité au sein de
l’Unesco. nous plierons en quatre fais le bilan de la colonisation fran-
çaise, il y a un seul élément que je