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Rocco MORELLO
Les frères Nuncio et Joseph RUVIO
Les frères Paul et François GRAFFEO
Vincent FORTINO
EXTRAITS et DEPOUILLEMENT
ARCHIVES ADMINISTRATIVES
Actes de vente
Francisation
- Bordereau d’envoi (Direction Gale des Douanes et Droits Indirects), 24 avril 1979
A l’attention du Receveur principal de Sète.
« Documents joints » : Acte de francisation n° 77709/3 du Tarzan en retour après visa.
Demande de vérification des dates reprises à la rubrique « caractéristiques » du
bateau : Date d’importation 26 juin 1960 et date d’établissement de jauge 1er juin
1960.
Réponse manuscrite : ces dates sont celles qui figurent sur les documents. « Il
semblerait que ce bateau n’a pas été dédouané dès son arrivée en France. Par contre les
formalités de mesurage ont été effectuées avant le dédouanement. »
- Acte de francisation provisoire, n°299, 1er août 1960, Sète (formulaire n°303)
Chalutier moteur, bois, Tarzan, construit à Sfax en 1950.
Importé de Tunisie le 26 juillet 1960 où il était sous pavillon tunisien.
Attaché au port de Sète sous le n°1783.
1 pont, pas de vaigrage, 2 mâts
Longueur : 20,54m
Plus grande largeur ext : 4,90m
Hauteur sous pont : 1,74m
Volume de la coque : 31,18tx
Jauge brute : 31,18tx
Jauge nette : 21,20tx
Propriétaire : 51% à Vincent MARINELLO, 49% à Joseph MARINELLO
Annotations postérieures à
l’établissement de la fiche,
en rouge.
Nom et prénoms du MARINELLO Joseph CALI Ange
propriétaire
N° et rue 6 bis quai Aspiran Herber 14 rue Elie Elia
Ville Sète Sète
Nom du navire Tarzan
Type du navire chalutier
Année de construction 1950
Pays de construction Tunisie
Pavillon antérieur tunisien
Mode de propulsion 2 moteurs Baudouin diesel Moteurs débarqués le
2/12/1978
Puissance des appareils 160*2 barré
moteurs
Catégorie pêche
Genre de navigation Pêche côtière
Jauge brute 31,18
Jauge nette 21,20
N° de francisation
Nationalité du propriétaire fr
Pavillon du navire fr
Nbre de mois restant à 12
recouvrir
Nbre de pont 1
Constructeur (nom, Tunisie
département)
Date d’importation 26/07/1960
Signal distinctif FTUE
Immatriculation Qx maritime de Sète n°1991
Jaugeage Sète, le 1/06/1960, motif :
francisation
Copropriétaires LEBOFFE Alain (50%)
Hypothèques 1960 (2), 1965, 1968, 1970,
1976, 1977 (2), dernière
radiation le 21 novembre 1978
- Fiche d’identité d’un navire (pas de date mais postérieure à 1965) (formulaire
n°304)
Chalutier moteur, bois, Tarzan, construit à Sfax en 1950.
Importé de Tunisie le 26 juillet 1960
Lieu et date de francisation : Sète, 1er août 1960
N° de francisation : 1783
N° du brevet de francisation : 299
Longueur : 20,54m
Plus grande largeur ext : 4,90m
Hauteur sous pont : 1,74m
Jauge brute : 31,18tx
Jauge nette : 21,20tx
Propriétaire : 51% à Vincent MARINELLO, 49% à Joseph MARINELLO, puis
Joseph seul.
Jaugeage maritime
Moteur
- Note manuscrite
Aurore : 2 moteurs de marque Baudouin jumelés, type DNK6, puissance 160*2=320cv
Idem pour le Tarzan
Documents tunisiens
Le Congé est accordé à Vincent MARINELLO et Cie pour sortir du port avec le
Tarzan et circuler librement.
Droit payé pour le congé : 100 francs
Document signé par le Directeur des Travaux Publics et le Capitaine du port
Divers
Le Tarzan au chantier Manno le jour de son lancement, au premier plan la famille Marinello
(qui a souhaité ne pas apparaître), mars 1950.
Photographies de gangaviers, années 1950, Sfax
Quai des gangaviers au port de Sfax : St-Vicente, Miccilino, St-Dominico, Capitaine Spirou,
St-Nicolas, la Mascotte, photo frères Ruvio
Gangavier en mer, frères Ruvio
Quai des gangaviers au port de Sfax, au premier plan la Mascotte, photo frères Graffeo et
Ruvio
Tunisiens à bord de l’Aurore en route vers Kerkéna pour fêter l’Indépendance, en arrière plan
on devine le Tarzan (BOURGUIBA à bord ?), avril 1956, Sfax, photo famille Fortino
Pêche à la gangave
Cartes postales et photographies, Sète, années 1960
Sète, 1963
Sète, fête de la mer, Tarzan ( ?), 1960 ( ?)
Sète, L’Aurore, années 1960
Photographies du Tarzan, années 1980-90-2000, Languedoc-Roussillon
Tarzan sous voiles (voilure actuelle), années 1990, St-Cyprien, photo Gille Boutibones
Tarzan sur ber (dernier carénage), 2003, chantier Yves Bernadou, Canet, photo Patrick Sabaté
Tarzan à quai, 2004, chantier Yves Bernadou, Canet, photo William Chérino
Planches extraites de :
En Tunisie
Rocco a été mousse dès 5 ans sur le bateau de pêche à l’éponge de son beau-frère.
Il a continué la pêche à l’éponge et a navigué sur de nombreux bateaux : St-Nicolas, St-
Joseph, Vero Luciano, St-Dominico, Marie-Marcelle, Ste-Thérèse.
Son poste à bord était mécanicien puis mécanicien doublé de 2nd à bord de la Ste-Thérèse,
dont le patron était Nuncio RUVIO (Gino). En Tunisie il n’a jamais été patron.
La pêche à l’éponge
Le plus souvent celui qui achetait le bateau (l’armateur) le faisait commander par un autre.
Ils étaient 8 sur les bateaux pour la pêche à l’éponge. Il fallait un minimum de 4 à 5 personnes
pour manœuvrer. Il y avait toujours du bois de réserve et 3 ou 4 gangaves embarqués au cas
ou il y ait eu de la casse. A bord tout le monde participait aux manœuvres et à la pêche. Le
mécanicien en plus s’occupait du moteur.
La drague était toujours à bâbord (sur tous les bateaux) et ils tiraient par le travers.
Les 8 personnes étaient sur le bord pour récupérer le filet. Ils mettaient des morceaux de bois
dans les mailles du filet et avec des « ramfiro » sorte de crochet à 4 dents ils récupéraient les
éponges. En les touchant de la main, ils savaient si l’éponge était bonne ou pas. Si elle était
mauvaise ils la rejetaient à la mer sinon ils la jetaient sur le pont. Vers 3h du matin, ils
écrasaient les éponges, les mettaient dans des filets pour les remettre à l’eau (dans la drague)
afin de les faire blanchir. L’éponge est noire à sa sortie de l’eau, « on dirait de la viande ».
Ensuite au levé du jour de part et d’autre de 2 demi-fûts les hommes nettoyaient les éponges
au couteau et les enfilaient sur une corde.
Les conditions étaient difficiles : « on était des esclaves », anecdote du café renversé sur le
pont et du coup de sabot du beau-frère sur la tête, anecdote des cigarettes allumées 5 par 5
pour les matelots…Avec les frères GRAFFEO et Joseph RUVIO, ils évoquent les cas
d’hommes (tunisiens) se jetant à la mer pour fuir le bateau et rejoindre la côte tellement c’était
dur. Certains en sont morts.
Malgré tout, il garde de bons souvenirs : « Tout ce que j’ai appris c’est en étant mousse », il
montait au mât et descendait la tête en bas (sorte de concours avec Nuncio RUVIO) ou
descendait par la voile.
En France
Il fait l’armée en 1955. Il n’arrive donc pas à Sète en même temps que les 5 bateaux des
MARINELLO mais le 3 décembre 1957. Le « Tarzan » était alors commandé par Toto le
Géant, l’oncle de Vincent MARINELLO.
Le bateau a rapidement été désarmé par manque de moyens et n’a repris la pêche qu’en 1965
(environ).
Rocco a armé le Tarzan et l’Aurore (il est allé chercher des mâts à EDF) C’est Joseph
MARINELLO qui commandait alors le Tarzan.
Ca n’a pas été très facile avec les sétois… On leur a mis des bâtons dans les roues. Il voulait
se faire faire un bateau par CANDELLA, mais ça ne s’est pas fait et il a finalement a récupéré
l’Etoile du Nord. Il possédait déjà l’Ange des mers. Il avait une vision asse moderne de la
pêche, notamment en augmentant la motorisation et la puissance des bateaux (idée des
moteurs jumelés) ou en pêchant au lamparo.
Sur Sète il a été patron de plusieurs bateaux et a fait partie des gens qui ont modernisé la
pêche.
Anecdote concernant son père : quand Rocco l’a débarqué (à Sète à 71 ans) celui-ci ne lui a
plus adressé la parole pendant 2 mois et est mort peu de temps après. Il ne voulait pas s’arrêter
de travailler.
Motorisation du Tarzan
- A la pêche à l’éponge le bateau était équipé d’un petit moteur, un DB6, 90CV.
- Lorsqu’il est passé au chalut, il a été équipé d’un moteur plus lourd, un Burmeister de
180CV. C’est avec cette motorisation que le Tarzan est arrivé en France.
- Quand Rocco a réarmé le Tarzan et l’Aurore il les a équipés de moteurs jumelés avec
une seule hélice.
Entretien avec
Vincent FORTINO
Né en 1938 en Sicile.
Son père a été prisonnier des français en Tunisie pendant la 2ème guerre mondiale. Après
l’Armistice et la libération du père, la famille tente de le rejoindre pour s’installer en Tunisie.
Vincent est renvoyé en Sicile par des « policiers » car il ne possède pas de papiers et est
considéré comme un clandestin. Il finit par retrouver sa famille en Tunisie après obtention de
papiers en règle.
La construction du Tarzan
Le Tarzan a été copié sur la Furieuse mais en un peu plus grand.
Construit par des Siciliens au chantier MANNO de Sfax, c’est un bateau de type italien,
différent des bateaux des Grecs, des Maltais ou des Arabes autres communautés qui pêchaient
alors en Tunisie.
Construit tout en bois, il était équipé, au départ lorsqu’il était armé pour l’éponge, d’un petit
moteur de 35CV qui servait pour les jours de beau temps.
Tunisie
Son père, Giro FORTINO, est associé aux MARINELLO et commandait la Furieuse. Ce
bateau était armé au chalut. Comme cela marchait plutôt bien, les MARINELLO ont fait
construire d’autres bateaux et ont transformé en chalut ceux qui pêchaient l’éponge. Vincent,
lui, naviguait avec son père et n’a jamais fait l’éponge.
Son oncle, Antoine FORTINO, était patron du Tarzan quand celui-ci était armé pour l’éponge
puis après au chalut vers 1955.
Avant l’Indépendance, il y avait au moins une quinzaine de bateaux du type du Tarzan qui
faisaient l’éponge à Sfax.
Avant 1956 l’ambiance était plutôt bonne entre les différents groupes et communautés
(italiens, grecs, arabes, français) qui vivaient en Tunisie.
La fuite
En 1956, les biens des européens sont nationalisés. Les bateaux des MARINELLO ne leur
appartiennent plus. Un tunisien est nommé à bord de chaque bateau pour le commander. La
situation n’est pas très bien acceptée…
Photo de l’Aurore en premier plan (Tarzan aperçu derrière) avec à bord une foule de
tunisiens : elle date d’avril 1956. BOURGUIBA était à bord (du Tarzan ?). Il faisait le tour de
la Tunisie pour fêter leur victoire et là on l’emmenait à Kerkéna. [ce soir-là Vincent
FORTINO a « pris sa première cuite avec des Arabes »]
Les hommes FORTINO (Antoine et Giro) et MRINELLO (Joseph et Vincent) se décident à
« faire un coup sans avertir personne ». Il fallait que cela reste secret pour fonctionner. Ni les
femmes, ni les enfants, ni visiblement certains matelots, n’étaient au courant jusqu’au moment
de l’embarquement. Ils embarquent le soir de l’Aïd en juillet 1957 car tous les matelots
tunisiens, originaires de Kerkena, sont retournés sur l’île pour la fête. A l’homme qui garde
les bateaux ils disent qu’ils vont voir le lever de soleil…
La flotte de 5 bateaux (la Furieuse, le Tarzan, l’Aurore, le Dany, la Mamma Bianca) quitte la
Tunisie avec à bord : la famille MARINELLO, la famille FORTINO (Vincent, ses parents,
son frère, ses deux sœurs + son oncle, sa femme et ses enfants), Nuncio RUVIO, quelques
matelots.
A cause du mauvais temps, ils ont du s’abriter 3-4 jours sur l’île de Mariteno ( ?) entre la
Sicile et la Tunisie. Puis ils font route vers la Corse, s’arrêtent à Porto Veccio puis Bastia où
ils sont très bien accueillis et peuvent faire le plein de provisions. Arrivés à Port de Bouc, ils
prennent la route de Sète.
L’arrivée à Sète
Ce sont les MARINELLO qui ont choisi Sète comme destination (visiblement sans
concertation aucune…). Personne n’y avait de famille et la communauté sicilienne y était
alors inexistante. Il semble que la ville ait été choisie car c’était un port de pêche, donc pour le
travail.
L’accueil sétois a été des plus frais pour ces rapatriés. Différentes raisons : ils arrivaient avec
des bateaux plus gros et plus puissants (donc concurrence…), ils étaient siciliens (alors que
les pêcheurs sétois étaient pour beaucoup d’origine napolitaine…).
Le Prud’homme, comme l’ensemble de la communauté de pêcheurs, n’a pas apprécié cette
arrivée et on les a empêchés de travailler. Les bateaux ont été mis en cale pendant 5 ans.
De son côté, la municipalité ne les a pas du tout aidé. Les familles ont dormi pendant assez
longtemps sur les bateaux, quai d’Alger.
Ca a été assez dur. Les hommes allaient travailler sur des bateaux sétois.
Leur arrivée a fait office d’appel pour d’autres familles d’origine sicilienne. Ex : Rocco
MORELLO, qui n’est pas arrivé avec la flotte en 1957 mais plus tard. Ils se connaissaient à
Sfax.
La pêche à Sète
Au tout début des années 1960, la situation évolue, notamment avec l’arrivée des rapatriés,
Pieds-noirs, d’Algérie. La pêche se modernise à Sète.
On redonne l’autorisation de naviguer à ces bateaux venus de Tunisie.
Si le Dany et l’Aurore ont un peu pêché au lamparo, le Tarzan jamais.
Exemple des relations tendues avec le Prud’homme : « on est venu à bord du Dany nous
interdire de pêcher la sardine en hiver »
Modifications du Tarzan
L’arrière semble modifié : le bateau avait une poupe plus ronde.
Le gouvernail était en bois.
A l’époque de la pêche à l’éponge, il n’y avait comme aménagement extérieur qu’un petit
roof à l’arrière.