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tlPOuupn EIPU'EiE

SELON

.LE S.ENS SPIRI~rU.El~

où sout révélé,

Lu ARCANES QUI y SONT PRÉDITS, ET QUI JUSQU'A l'lIÉ5ElH


ONT l~TÜ PROFONDÉMENT CACHÉS.

OUVHAGE POSTHUME

])'EMMANUEL SWEDENBORG
TI\.\DIJIl' nu M1ï;.l

PAR J.-F.-E. LE BOYS DES GUAYS

TOME SIXIÈME.
C lU }) 1T RES X 1 V - X\' 1 1.

N'" RI8 il IOR(J,

SAINT -AMAND (CHEU),

A la librairie de LA NOUVEl,LE JÉRUSALE,U, chez [>OIr1'E, Libraire.

PARIS,

M. MINOT, l'lie du FOllr-5'-Germain, 40.

TREUTTEL et WUln'Z, Librail'es, l'lie de Lille, ii.

LONDRES,

5WEDEl'\BOllG SOCIETY, 36 Blooms)JUry Street, Oxforù Slreet.

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LiS ARCANES QUI Y SONT PRÉDITS, ET QUl JUSQU'A l'RÉSEl'rf


ONT tTJ~ PROFOND~MENT CA0HÉS.

OUVHAGE POSTHUME

D'EMMANUEL SWEDENBORG
','n.\IlUIT DU IA'fI)l

PAR J.-F.-E. LE BOYS DES GUAYS

TOME SIXIÈME.
CIlAPITRES XIV-XVIT.
;.;." Il Ul il '1 UR~,

SAINT-AMAND (CHER) ~

 la librairie de l.A NOUVEl.LE JÉRUSALEM, chez pOnTE, Lillrair\!.

PARIS,

M. MIl"OT, rue du Jo'our-5'-Gcl'lnain, 40.

TREUTTEL et WURTZ, Libraires, rue de Lille, n.

LONDRES,

SWEDENBOl\G SOCIETY, 36 Bloomsbury Slrcc~, Oxford streel.

l8 5 !I,

L'.APOCALYP8E.

CHAPiTRE QUATORZIÈME.

L Et je vis, et voici, l'Agneau se tena~t SUl' la montagne de


Sion, et avec Lui cent quarante-quatre milliers, ayant le Nom de
son Pèl'e écrit sur leurs fronts.
2. Et j'entendis une voix du Ciel, comme une voix de beaucoup
d'eaux, et comme une voix de gl'and tonnerre, et j'entendis une
voix de joueurs de harpes jouant de leurs hal'pes.
3. Et ils chantaient comme un Cantique nouveau devant le
Trône, et devant les quatl'e Animaux et les Anciens; et personne
Ile pouvait apprendre le Cantique, sinon les cent quarante-quatre
milliers, les achetés de la tene.
!J. Ce sont ceux qui avec les femmes ne se sont point souillés,
car vierges ils sont; ce sont ceux qui suivent l'Agneau, quelque
part qu'il aille: eux ont été achetés d'enll'e les hommes, prémices
à Dieu et à l'Agneau.
5. Et dans leul' bouche il n'a point été trouvé de fraude; cal' ils
sont sans tache devant le Trône de Dieu.
6. Et je vis un auU'e Ange qui volait par le milieu du Ciel,
ayant l'Évangile éternel, pour évangéliser ceux qui habitent sur la
terre, et toute nation, et tribu, et langue, et peuple,
7. Disant d"une voix grande: Craignez Dieu, et donnez-Lui
gloire, pal'ce qu'est venue l'heul'e de son jugement, et adorez Ce­
lui qui a fait le Ciel et la TelTe et la Mer et les Sources des eaux.
8. Et un autre Ange suivit, disant: l<:Ile est tombée, elle est
tombée, Bahylone, celle ville grande, parce.que du vin de la fUl'eul'
de sa scortation elle a alll'euvé toules les nations.
vr. 1,
2 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE.
9. Et un troisième Ange les suivit, disant d'uue \'oix grande:
Si quelqu'un adore la bête et son image, et (en) reçoit (le) carac­
tère SUI' son fl'ont et sur sa main,
10. Lui aussi boira du vin de la furelll' de Dieu, mêlé au (vz'n)
pur dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté de feu et de
soufre devant les saints Anges et devant l'Agneau.
H. Et la fumée de leul' tourment aux siècles des siècles mon­
tel'a; et n'auront de l'epos ni joUI' ni nuit ceux qui adorent la bête
et SOli image, et si quelqu'un reçoit le caractère de son nOI11.
12. Ici (est) la patience des saints; ici, ceux qui gardent les
commandements de Dieu, et la foi de Jésus. .
13. El j'entendis UDe voix du Ciel, me disant: Écris: Heureux
les mOl'ts qui dans le Seigneur meurent dès maintenant! Oui, dit
l'esprit, afin qu'ils se reposent de leurs Il'avaux, cal' leuI's œuvl'cs
suivent avec eux.
14. El je vis, et voici, une nuée blanche, et SUI' la Iluée Quel­
qu'un assis semblable au Fils de l'homme, ayant sur sa tête une
couronne d'Ol', et dans sa main une faux tranchante.
15. Et un autre Ange sortit du Temple, cl'iant d'une voix
grande à Celui qui était assis SUI' la nuée: Envoie ta faux et mois­
sonne, cal' est venue pour toi l'hcUI'e de moissonner, parce qu'esl
mÙl'e la moisson de la tene.
16. Et Celui qui était assis SUI' la nuée lança sa faux SUI' la
telTe, el moissonnée fllt la terre.
17. Et un autl'e Ange sortit du Temple qui est dans le Ciel,
ayant, lui aussi, une faux. tl·anchante.
18. Et un autre Ange sortit de l'Autel, ayant pouvoil' sur le
feu, el il cria d'un cri gl'and à Celui qui avait la faux tranchante,
disant: Envoie la faux tranchante, et \'endange les grappes de ia
vigne de la terre, parce que mllrs sonlles raisins.
19. Et l'Ange lança sa faux SUI' la tel'I'e, et il vendangea la vi­
gne de la tel'I'e, et il jeta dans le gl'and pl'esSOi!' de la colél'e de
Dieu.
20. Et fut Ioulé le pl'essoit' hOl's de la ville, et il sOl'tit du sang
du pressoir jusqu'aux fl'eins des chevaux à mille six cents staries.
Vers. :l. CHAPITnE QUATORZIÈME. 3

EXPLICATION.

8A8. Ver·s. 1. Et je vis, et roid, l'Agneau se tenant sur


la montagne de Sion, et avec Lui cent quarante-quatre mil-
liers, aYllntle lVom de SOit Père écrit sw' leurs {roilts. - Et
je vis, signifie une manifestation concemant la future séparation
des bons d'avec les méchants avant le Jugement demiel' : et t'où:i,
l'Avneau se tenant sur la montagne d~ Sion, signifie la pré-
sence du Seigneur dans le Ciel et dans l'Eglise, pour séparer les
bons d'avec les méohants, el pOUl' faire le J ugemenL : et avec Lui
cent quarallte-quatre milt'iers, signifie selon les Vl'ais dans tout
le complexe: ayant le lYom de son Ph'e écrit sur lellrs {ronts,
signifie ces choses selon la reconnaissance de son Divin d'après l'a-
moul'.
8lt9. Et je vis, sigllifie une manifestation concernant la
future séparation des bons d' avec les méchants avant le J uge-
ment dernier: cela est constant d'apl'ès la signification de je vis,
en ce que ce sont les choses qui ont élé vues par Jean, et qui mainte-
nant suivent, lesquelles, considérées dans le sens spirituel, trailenl de
la convocation et de la l'éunion des fidèles, eL de leur séparation d'a-
vec les méchants avanL le Jugement dernier, et sont celles qui sont
entendues par le Seigneur pal' ces paroles dans Mallbieu : (( Elles
verront le Fils de l'homme venant dans les nuées du Ciel
avec puissance et gloire. Et il enven'a ses Anges, et ils ras-
sembleront ses élllS des quatre vents, depui5 les extrémités des
Cieux jllsqu'à leurs extrémités. II - XXIV. 30, 31; - dans
ce Chapitre, il s'agit aussi du Jugement derniel' qui, là, est en-
tendu pal' la consommalion du siècle et pal' l'avéllement du Sei-
gneur : la réunion des bons et leur séparation d'avec les méclJants
sont alors décri les pal' ces pal'oles, de même qu'ici dans ce Cha-
pitre, Vel's. 1ft, 16, où il est parolé du Fils de l'homme assis SUlO
une nuée hlanche, et moissonnant la terre avec une faux il \a main.
Des choses semhlables à celles qui sont ùans ce Chapitre soni en··
tendues aussi pal' ces paroles du SeigntUl' t dans Mallhieu : Il Se~/l­
blable est le Royaume des Cieux à Urt homme qui avait SC/lié
€le bonne semence dans son champ; mais, pendant que les
6 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N° 849.

fwmmes dormaient, son ennemi vint et sema de l'ivraie, et il


s'en'al/a. Or, quand l'herbe eut poussé, et qu'elle eut {ait du
fruit, alors parut aussi /'ivraie, Et les serviteurs s'approche­
"en t, et dirent: Veux-tu que nous allions la ('ueil/i,.? Jlf ais il
dit: Non, de pew' que peut-être en cueillant l'ivraie vous
ne déraciniez arec die le {roment; laissez plutôt croitre l'une
et l'aull'e jusqu'Li la moisson, et au temps de la moisson, je
dirai aux moissonneurs: Cueillez premièremellt l'ivraü, et
liez·-la en {ai~'ce(/ux pOUl' la brûler; mais amassez le {romeRt
dans mon gl'mier, )l - XIII, 2A à 30; - là aussi il est prédit
par le Seigneur que la séparation des 1.>ons d'avec les méchants
aura lieu au temps du Jugement dernier, ce qui est entendu pal'
(! laissez croHl'e l'une el l'autre jusqu'à la moisson, et au temps de

la moisson, je dirai aux moissonnelll's : Cueillez l'ivraie pOUl' la


brOler', mais amassez le froment dans mon greniel'; Il par l'ivraie
sont entendus les méchants, qui alol's seront jetés dans l'enfer, et
pal' le froment SOllt entendus les bons, qui, séparés des méchants,
seront élevés au Ciel; ces choses sollt semblables à celles qui sont
dans ce Clli'pitre, Vel's. 15 et 16, où il est dit: « Est venue pour
toi l' heure de moissonner, parce qu'est mû/'e la moisson; et
Celui qui était assis sur la IHlée lança sa {aux sur la terre, et
moissonnée (ut la terre, Poul'quoi ce ne fut qu'au temps du
1)

Jugement dernier que les bons fUl'ent sépal'és d'avec les méchants,
et que les bons furent élevés au Ciel et les méchants jetés en enfer',
on le voit dans l'Opuscule SUI' LE JUGE~IENT DERNIER, et aussi ci­
dessùs, N°' 391, 392, 396, 397, 6U, 613, ld8, lI'19, 1126,
h89,A93, 697,668,669,670,674,675,676, 756,
850. Et voici, l'Agneau se tenant sllr la montagne de
Sion, signifie la présence du Seigneur dans le Ciel et dans
{,liglise, pour séparer les bons d'at'ee les méchants, et pour
{aire le Jugement: ou le voit pal' la signification de l'Agneau,
en ce que c'est le Seigneur quant au Divin Humain, comme ci­
dessus, N°' 297, 316, 363, h60, 682; par la signification de se
tenir, en ce que c'est êtl'e pl'ésent et être conjoint, ainsi qu'il \'8
êLI'e montré; el pal' la signification de la montagne'de Sioll, en
ce que c'est le Ciel et l'Église, où le SeigneUl' règne par son..Divin
VI'ai, comme on peut le voir pal' les passages de la Parole où la
Vers. i. CHAPITRE QUATOHZIf;~Œ. 5
montagne de Sion est nommée: mais il sera d'abol'd dit quelque
chose de la pl'ésence du Seigneur dans le Ciel et dans l'Église pour
sépal'er les bons d'avec les méchants, et pOUl' fair'e le Jugement:
Il y a pl'ésence pel'pétuelle du Seigneur dans tout le Ciel et dans
toule l'Église, car le Ciel est Ciel non pal' le propre des Anges, et
l'Église est Église non par le propre des hommes, mais par le Di­
"in du Seigneur chez eux; en effet, le pl'opre de ['Ange ne peut
pas faire le Ciel, ni le pl'opre de l'homme l'Église, pal'ce que le
propl'e, tant des Anges que des hommes, n'est pas le bien; c'est
poul'quoi, le Divin qui procède du Seigneu\', reçu pal' eux, fait le
Ciel et l' ~~glise dans le pal'tièulier chez chacun, et par suite' dans
le commun chez tous ceux dans lesquels il yale Ciel et ('Église;
de là il est évident que la pl'ésence du Seigneur est pel'prtuelle chez
tous ceux qui sont dans le Ciel et dans l'Église, mais c'est une
présence pacifique, tranquille, conservant et soutenant, par laquelle
toutes choses dans les Cieux et dans les ten'es sont constamment
tcnues dans lem' ordre et en connexion et y sont ramenées, pal'eil­
lement dans les enfers: mais la pl'ésence, qui est entendue ici par
se tenir sur la montagne de Sion, est IH présence du Seigneur, ac­
tive, extraordinaire, dans le but que son Divin influe par les Cieux
dans les lieux inférieUl's, et y sépare les bons d'avec les méchants,
et chasse les méchants de leurs lieux, où ils s'étaient fOl'll1é des
sortes de cieux; mais ci-dessus, N°s .H3, !l18, !Ii 0, lJ26, !l89,
!l93, 702, 701l, il a été traité de cette pt'ésence et de IH conjonc­
tion du Seigneur avec les Cieux, et par conséquent de son influx
dans les lieux inférieurs pour faire le jugement: c'est cette pré­
sence qui, 10l'squ'il s'agit du Seigneul', est signifiêe aussi ailleUl's
pal' se tenir; pal' exemple,- Ésaïe, 1II. 13 : - d'après ces con­
sidérations, on peut voir que pllr « voici, l'Agneau se tenllnt sur la
montagne de Sion, Il il est signifié la pl'ésence du Seigneul' dans le
Ciel et dans l'Église pOUl' séparel' les bons d'avec les mêchants, et
pour faire le Jugement. Si pal' la montagne de Sion il est signifié
le Ciel et l'Église où le Seigneur r'ègne pal' son Di\'in Vrai, c'e.~L
parce que Sion était une ville que David a bâtie, et dans laquelle en­
suite il a habité, et qui l)ar conséquent a été appelée la ville de Da­
vid; et comme par David a été représenté le Seigneur (jullnt il la
royauté, qui est le Divin Vrai, c'est pour ccla que pm' Sion, dans
6 L' APOCALYPSE EXPLlQUÉg. N" 850.

la Parole, il esl signifié le Ciel el l'Église oille Seignelll' règne par


le Divin Vrai: ce fuI aussi pOlir la même l'aison que l'arche de
Jéhovah, dans laquelle était p.Iacée la Loi, futtransfé"ée pal' David
dans celle ville, car par cette Loi dans le sens large esl signifié
aussi le Divin Vrai pl'océdant du Seigneur: ce fut encore pour
cette l'aison, que par Jérusalem, qui étai! située au-dessous tle
cette monlagne, il esl signifié l'Église quant à la doctrine, car
toule dOClrine de l'Église vient du Divin Vl'ai qui procède du Sei­
gneur, pa,' conséquent de la Pal'ole : si celle ville a élé hâlie sur
\lne monlague, c'est parce que dans ce temps les monlagnes par
leur hauteur représenlaient les Cieux, el par suite aussi dans la
Parole elles signifient les Cieux; la cause de celte l'eprésenlalion
el de la significaiion qui en résulte, c'esl que les Cieux suprêmes,
où sont les Anges du troisième degré, apparaissent dans la hau­
leur au-dessus des autres Cieux, et aux yeux des aull'es comme
des montagnes; et puisque les Cieux suprêmes appal'aissent comme
des montagnes, et que les Anges qui sont dess.us sont dans l'amour
envers le Seigneur, de là vienl que par les montagnes dans la Pa­
l'ole, el principalemenl par la monlagne de Sion, il est signifié "a­
mour envers le Seignem; que la monlagne signifie l'amour, on le
voit ci-dessus, N°' fJ05, 510, Que par Sion, il soil signifié le Ciel
et l'Église, dans lesquels le Seigneul' l'ègne par son Divin Vrai,
on peul le voi!' pal' les passages suivanls; dans David: Il Moi,}' ai
oint mon Roi sur Sion, la montagne de ma sainteté; j'an­
noncerni, concemant le statut: Jéhovah m'a dit: Mon Fi#,
Toi; Moi, nujourd'huije T'ai engendré; je donnerai les na­
tion,~ pour ton lzéritage, et pour til possession le,~ bouts de la
terre. Baisez le Fils, de peur qu'il ne s'irritf, et que 1)OUS ne
périssiez en chemin, cm' s'emhrasera bientôt ,~a colb'e; heu­
reux tous reux qui se confient en Lui! II - l's. Il. 6, 7, 8,
12; - que ces choses aienl été dites, non de David, mais du Sei­
gneUl', on le voit clairemenl en ce ql,l'i1 esl dit: Cl Mon Fils, Toi;
Moi, auJourd'hui Je l'ai engendl'é; je donnel'ai les nalions pour ton
hél'ilage, el pour ta possession les bouts de la terre; II puis: (1 Bai­
sez le Fils, de peur' qu'il ne s'il'l'He, et que vous ne périssiez en
chemin; heureux lous ceux (lui se confient en Lui! II aucune de
ces choses ne pelll ~lre dite de David; c'esl pourquoi, pal' oindl'e un
Vers. L CHAPITlŒ QUATORZIÈME. 7
roi sur Sion, la montagne de sainteté, il est signifié le ('oyaume du
Seigneut' dans le Ciel et dans j'Église pal' le Divin VI'ai; ce que
c'est qU'être oint, et ce que c'est que l'oint, quand il s'agit du Sei­
gl1eUl', on le voit ci-dessus, N° 375; le roi signifie le Seigneur
quant au Divin Vl'ai; Sion signifie le Ciel et l'Église; annoncer
concernant le statut signifie son avénement; « Mon Fils, Toi; au­
jourd'hui je T'ai engendré, » signifie le Divin Humain, qui est
aussi le Fils de Dieu; pal' (c je donnerai les nations pour ton hé­
J'itage, et pour ta possession les bouts de la terre, ) il est entendu
qu'il a tout pouvoir dans les Cieux et dans les terres j par (c bai­
sez le Fils, de peur qu'il ne s'irrite, et que \'OUS ne périssiez en
chemin, 1) il est signifié qu'il faut qu'il y ait conjonction avec Lui
par l'amour, afin qu'il y ait salvation j pal' (c s'embrasel'a bientôt
sa colèt'e, » il est signifié le JugemenCdernier par lui; par « heu­
l'eux ceux qui se confient en Lui! ) il est signifié qu'alol's sont sau­
vés ceux qui ont la foi en Lui; d'après ces explications, il est évi­
dent que par Sion il est entendu le Ciel et l'Église, où le Seignem'
règne par son Divin Vrai. Pal'eillement dans Zacharie: Cl Réjouis­
toi avec tran.~port, fille de Sion! éclate en cris d'allégresse,
-.
fille de Jérusalem! voici, ton Roi nient li toi, juste et SOllt'eUr,
doux et chevauchant Sllr un âne et SUI' un Onan fils d'ânesse, Il
- IX. g; - que ces choses aient été dites du Seigneul', ct de son
l'oyaume dans les Cieux et dans les tenes, l'oyaume qui est entendu
par Sion et pal' Jérusalem, .cela est évident dans les Évangélistes,
où ces choses, quand elles s'accomplissaient, sont rapportées ainsi:
« Jésus envoya deux disciples, pOll1' qu'il.ç lui amenassent une
ânesse et son poulain. Cela se fit, afin que fût accompli ce qui
a été déclaré par le prophNe, disant: Voici, dites à la fille de
Sion: Ton Roi 1Jient li toi, doux et monté sur une ânesse, el
Sllr un poulain fils de celle qui est sous le joug. l) - Mallh. XXI.
2,4, 5. Jean, XII. 14, 15; - que ehevaucher SUi' un âne et SUI'
Je poulain d'une ânesse ait été un insigne du roi, el que ce soit pour
cela que le Seigneur a chevauché ainsi quand il entra dans Jérusa­
lem, et aussi pOUl' cela qu'il fut appelé Roi pal- les acclamations de
la foule, et que des bl'anches de palmiers et des vêtements étaient
jetés devant Lui sur le chemin, on le voit ci-dessus, N° 31; et
puisque le SeigneUl' entm comme Roi dans Jérusalem 1 il est cons­
8 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N· 850.
tant que par Sion il est entendu le Ciel et l'Église. dans lesquels le
Seignem' règne par son Divin Vrai, Que les Rois de Jehudah et
d'Israêl aient repl'ésenté le seigneur quant au Divin Vrai. et que
pal' suite pal' les l'ois soient entendus ceux qui sont par le Seigneur
dans les \Tais d'après le bien, on le voit ci-dessus, N°' 3i, 408,
625; et que surtout pal' David, dans la Parole, ait été représenté
le Seigneul' quant à la royauté, qui est le Divin Vrai, on le voit.
N° 205" Dans Ésaïe: « Sur une montagne élevée monte, mes­
sagère de bonne now/elle, Sion! ÉlèlJe avec (orce ta voix,
me.~sagère de bonne lwllvelle, Jérusalem! élèt·e, ne crains
point, dis aux villes de J ehudah : Voici votre Dieu; voici, le
Seigneur Jéhovih en (ort vient. Il - XL. 9, 10;- comme ces
choses ont été dites du Seigneur et de son Royaume. et que par
Sion et pal' .lérusalem est signifié ce Royaume. c'est pour cela
qu'il est dit que Sion et Jérusalem seraient messagères de bonne
nouvelle, Sion d'après le lJien de l'amour, et ,Jérusalem d'après les
vl'ais de la doctrine; le message de bonne nouvelle d'apl'ès le bien
ùe l'amour est signifié par monter SUI' une montagne élevée, et le
message d'après les vrais de la doctrine, pal' élever avec force la
voix; pal' les villes de Jehudah est signifiée la doctrine de l'amour
envers le Seiglreur et de l'amour à l'égal'd du prochain dans tout
le complexe; le Seigneur, qui, quant au Divin Vrai et quant au
Divin Bien, doit venir et fail'e le jugement, est entendu par « voici
votre Dieu; voici, le Seignem' Jéhovih en fort vient, Il cal' le Sei­
gneur d'après le Divin Vrai est appelé Dieu dans la Parole. el d'a­
près le Divin Bien il est appelé Jéhovah. et aussi Seigneur Jéhovih;
venir en fOI't. c'est pOUl' faire leJugement, ainsi pOUl' subjuguel'les
enfel's. Dans Michée: (1 Dans l'extrémité des jours il arrivera
que la montagne de la maz:~on de J éhollOh sera établie en tête
des montagnes, et élevée au-dessus des collines; et vers elle
afflueront les peuples; et iront beauroup de nations, et elles
diront: Allez, et montons à la montagne de Jéhovah, à la
maison du Dieu de Jacob, a(in qu'ilnolls instruise de ses che­
mins, et que nous allions dans ses sentiers, car de Sion sor­
tira la Loi, el la parole de Jéhovah, de Jérusalem; alors ilju­
gera parmi beaucoup de nations, et il chûtiera des nations
nom~re!lsesjusqll'(Ill loin, J é/uJl'oh régnera da~Y la montagne
Vers. L CHAPITRE QUATORZIÈME. 9
de Sion dès maintenant et à éternité; et toi, tour du trou­
peau, coteau de la fille de Sion, à toi viendra et retournera
la IJomination première~ le Royaume à la fille de J é/'usalem.ll
- IV. 1, 2, 3, 7, 8; - que l'avénèmenl ou SeigneUl' et de son
Royaume oans les Cieux el dans les terI'es soit décrit ici, chacun
le voit; c'est pourquoi son Royaume, qui est le Ciel ei l'Église, est
entendu pal' la montagne de la maison de Jéhovah, qni alors sera
élalliie en tête des montagnes; comme pal' Sion il est entendu le
Ciel et l'Église, dans lesquels le Seigneur doit J'égner pal' son
Divin VI'ai, et que pal' Jérusalem il est entendu le Ciel et l'É­
glise, quant à la doctrine d'après ce Divin Vrai, c'est pour
cela qu'il est dit Cl de Sion sortir'a la Loi, et la parole de .Jého­
vah, de Jérusalem; Il l'instruction de tous pal' le Seigneur est
décrite pal' ce qui suit dans ce passage. D<ins Ésaïe: (1 Pousse
des acclamations et éclate en jubilation, habitante de Sion~
parce que grand est au milieu de toi le Saint d' braN. II
- XII. ô. - Dans le Méme : u Les rachetés de J é/zovah l'e­
tourntront il Sion avec chant, et une joie (['éternité (sel'a)
Sll1' lew' tête, Il - XXXV. 1.0. - Dans Séphauie : II E'clate
enjubil"tiol1, filte de Sion! (ais retentir tes cris~ Israël! sois
dans l'allégresse et bondis de tOllt ('œur, fille de J érlls"lem!
./éhO'L'ah a éloï,9rté tes jugements, il a r('11versé ton ennemi;
Jéhovah (est) au milieu de toi. Il - Ill. U. 15. - Dans Za­
charie : (1 Sois dans la jubilation et dan,ç l'allégre,ç,çe, fille de
Sion! Voici, je viens pour habite7' au milieu de toi; et alta­
('hées seront des nation,ç nombreuusà J éhomh en C6 jour-Ici;
j'habiter"i en toi, II - Il. H, 15. - Dans le Même: Il Je re­
tournerai ver.ç Sion, et j'habiterai au milieu de Jérusalem;
de là sera appelée Jérusalem la, vz:tle de l>l!rité, et la montagne
de Jéhovah, III montagne de sainteté. Il - VIII. 3. - Dans
David: 'II Qui donnera de Sion le salut d'Israël! quand J é/w­
valt ramenera la cnptinilé de son peuple, Jacob bondim, et
lsraN sera dOns l'allégresse. I l - Ils. XIV. 7. Ps, Lill. 7.­
Dans "~saïe : IC Le Seignezil' J éhovih (ondera en Sion une
pierre d'épreuve, angle de pri.7: de (ondation (ondée; cebd
qui aura cru ne se hûtera point. Alors je poserai te jugement
pour règle, et la justice pOlir aplomb; abolie sera l)otl'e al­
10 L'APOCALYPSE EXPLIQUltE. N" 850.

liance avec la mort, et votre vision avec l'enfer ne subsistel'a


point. l)·-XXVIII. 16,17,18. - Dans le Même: (( En ce
temps-là·sera apporté en présent à Jéhol)ah Sébaoth le peu­
ple dispersé et pillé, de parmi le peuple terrible, vers le lieu
du nom de Jéhovah Sébaoth, 1'ers la montagne de Sion. ) ­
XVIII. 7.- Dans le Même: Cl J'ai fait approcher majustice,
elle n'est pas éloignée, et mon salut ne tardera point; je don­
nerai en Sion le salut, à Israël mon honneur. Il -XLVI. 13.
- Dans le Même: (( Alors viendra à Sion le Rédempteur..,­
UX. 20; - dans ces passages il s'agit de l'avénement du Sei­
gneul', et de son Royaume dans les Cieux et dans les terres; et
comme ce Royaume est entendu par Sion et par Jérusalem, c'est
pOUl' cela qu'il est dit qu'ils y vienùront, et que Jéhovah le Saint
et le Roi d'Israêl y habitera; par Jéhovah le Saint et le Roi d'Israël,
il est entendu le Seignelll' quant au Divin Vrai; de là il est évident
que par Sion il est entendu le Ci~1 et l'Église, dans lesquels le Sei­
gneur règne par le Divin Vrai, et pal' Jél'Usalem le Ciel et l'Église
quant à la doctrine d'apl'ès ce Divin Vrai. Qui est-ce qui ne voil
que par le relour des nations vel's Sion el vers Jérusalem, el par
J'habitation du SeigneuJ' dans ces villes, il n'est pas entendu Sion
el Jérusalem où était la nation juive? Pal' les passages qui suivent
on peul encore voir que par Sion il est entendu le Ciel et l'Église,
dans lesquels le Seigneur règne pal' le Divin Vrai: Dans Ésare :
Il Sion dans le jugement sera l'achetée, et ceux qui retourne­

ront (le seront) dans la justice. )l - J. 27. - Dans le Même:


Il Le resté dans Sion, et le résidu dans Jéru,~alem, saint sera

appelé, quiconque a été écrit pour la vie dans Jérusalem.


Jéhovah cl'éera sur tout habitacle de la montagne de Sion,
et sur ses convotations, unr nuée pendant le jour, et une fu­
mée et une splendeur de feu de flamme pendant la nuit. ) ­
IV. 3, 5.-Dans le Même: II Jéhovah Sébaoth régnera dans la
montagne de Sion et dans Jérusalem, et denant les anciens
sagloire. l)-XXIV. 23. -Dans le Même: (( Jélzovah, de qui
le foyer est dans Sion, et le fOllr dam Jéru,çalem,) -XXXI.
9. - Dans le Même: Il Exalté Cl {;té Jéhol)ah, car il habite
haut; il a rempli Sion de jugement et de justice. Regarde
~ion la ville de notre fête ,çolennelle; que tes yeux: 7)oient J é­
Vers. 1. CHAPITRE QUATORZIÈME. 11
rusalem, l' habitacle tmnquille, la tente qui ne sera point dé­
pla('ée. 1) - XXXIll. 5, 20. - Dans le Même: l( Elle t'a mé­
pri.çé; elle s'est moquée de toi, la vierge fille de Sion; der­
rière toi elle a hoché la tête, la fille de Jéru.~alem, parce que
tu a.~ bla.~phémé et ('alomnié le Saint d' Israël. Il - XXXVII.
22, 23. - Dans David: Afin que tu (omptes tOlites les
(1

louanges dans les portes de la ville de Sion, les côtés du sep­


tClll/'ion, la ville du grand Roi; Dieu dans ses palais est con­
nu. Il - P~. XLVlll. 3, !J. - Dans le Même: « Entow'ez Sion,
et environnez-la de tOllte pm'(; comptez se.~ tours, appli­
lfuez t'otre cœur Ù son avant-mur, distinguez ses palais, et
rat.'olltez à la -génération suivante que ce Dieu (sera) not,'e
Dieu à toujours et à éternité, lui nous conduira. Il - Ps.
XLVIll. 12 à '15. - Dans le Même: Il En Sehalem est le ta­
bernacle de Dieu, et son habitacle en Sion. Il - Ps. LXXVI.
3. - Dans le Même: « Le Seigneur a choisi la Tribu de J ehu­
dah, la montagne de Sion qu'il a aimée. Il - Ps. LXXVIII.
68. -- Dans le Même: « J éhotwh aime les portes de Sion plus
que tous les habitacles de .Jacob; des (hoses glorieuses doivent
être pror/amées en toi, ville de Dieu; Jéhovah comptera pm'
écrif les peuples: Celui-ci est né là; toutes mes fontaines
St'ronl en toi. » - Ps. LXXXVII. 1, 2, 5, Ô, 7. - Dans le
Méme : Quandrllmènera J éltovah la captivité de Sion, alors
(1

sera remplie de ris notre bouche, et notre langue de chant. »


Ps. CXXVI. 1, 2. - Dans le Même: Cl Que te bénisse Jéhovah
de Sion, afin que tu t'oies le bien de Jérusalem tous les jours
de ta vie, afin que tu voies les fils de tes fils, la paz'x sur 1s­
mël. » - P~, CXXVllI. 5, 6. - Dans le Méme : Il .Jéhovah a
choisi Siol1, il l'a désirée pour son siège; elle (sera) mon re­
pos à éternité, j'y habiterai, parre que je l'ai désirée. 11­
Ps. cxxxn. 13, 1[1.-Dans le Même: « Que te bénisse Jého­
vah de Sion. Il - Ps. CXXXIV. 3. - Dans le Même: Il Béni
(soit) Jéhovah de Sion, lequel habile dans Jérusalem. )1 ­
Ils. CXXXV.-2'l.-Dans le Même: cc Jéhovah régnera à éter­
nité, Dieu, ton Dieu, Sion, à génératz"on et génération. 1 1 ­
Ps. CXLVI. 10. - Dans le Même: Il Que les fils de Sion bon­
di,~sent de joie ('11 leur Roi, qu'ils louent .~on Nom dam la
12 L'APOCALYPS~ EXPLlQUÈE. N" 850.

danse, avec tambourin et harpe qu.'ils Lui psalmodient! 11­


CXLIX. 2, 3; - ces passages SUI' Sion ont été rapportés afin que
chacun puisse voil' que par Sion, dans la Pal'ole, il est entendu,
~lon pas Sion, mais le Ciel et l'Église, où le Seigneul' règne .par
son Divin Vrai; plusieul's d'entre eux aussi sont des pl'ophétiques
sur le Seigneur, ell ce que, quand il viendra, il aimera Sion et y
demeUl'era à éternité, lorsque cependant ce u'est pas celle ville ni
Jérusalem qu'il a aimées, comme on le voit par ces paroles au sujet
de ces villes, mais c'eslle Ciel el l'Église, où Lui-Même est reçu
au moyen de son Divin VI'ai; de là vient que Sion est appelée son
J'epos, son habitacle, montagne de Jéhovah, ville de Dieu, ville du
gl'8nd Roi, ville de vél'ilé, el que son règne y sera à étel'l1ité, pOUl'
le siècle, à génél'ation et génération, expressions qui toutes ne peu­
vent nullement êtl'e dites ni êtl'e entendues de la Sion de David.
Comme le Seigneur est venu dans le monde pOlir fail'e le jugement,
et remellre par ce jugemenlloutes choses en ol'dl'e dans les enfers
et aussi dans les Cieux, el comme le jugement se l'ail par le Divin
VI'ai, car' selon la réception ce vl'ai fait l'homme spirituel, et selon
ses lois, qui sonl les préceptes dh'ins de la Parole, tous les juge­
ments se font daus le Monde spil'itnel, c'est pOUl' cela que le Sei­
gneur a pl'is l'Humain, et que, pendant qu'il a été dans le monde,
il a fait Divin Vl'ai cet Humain, afin qne, comme il a été dil, il fit
le jugement; que le Seigneur ait l'ait Divin Vrai son Humain, cela
est entendu, dans Jean, par « la Parole qui était chez Dieu, et
était Dieu, et par laquelle a étâ {ait tout ce qui a été {ait, et
par laquelle le monde a été o·éé. Il - I. '1 et suiv, ; - pal' la
Parole il est entendu le Divin Vrai; que le Seigneul' soit de\'el1l1 le.
Divin Vrai quant a son Humain, cela est dit en termes clail's, à
savoir: l( Et la Parole Chail' a été raite, et elle a habité parmi
nous, et nous avons vu sa gloire, gloire comme de l'Unique­
Engendré du Père, plein de grâce et de ?;érité. Il - Jean, I.
1lJ; - le Seigneur qnant au Di\'Ï11 Vrai esl aussi entendu par le
Fils de l'homme, - nom que Lui-Méme pl'end seuvent dans les
Évangélistes, -- duquel il dit aussi qu'il fel'a le jugement. 01',
comme le jugement a été fait par le Seigneur d'apr'ès son Divin
Vrai, et comme pal' Sion il est entendu le Ciel el l'Église, olt le
Seigneur l'ègnc par son Divin Vrai, c'est pOUl' cela que dans ee
Vers. L CHAPITHE Ql!ATORZIÈME, '13
Chnpilre de l'Apocalypse, où il s'agit de la séparation des bons
d'avec les méchants avant le Jogement demie,', )' Agneau fut vu se
tenant SUI' ln montagne de Sion, ce qui siguifie la présence du Sei-
gneu,' dnns le Ciel et dans l'Église pour séparer les bons d'avec les
méchants, et 110U1' fail'e le jugement, comme il a été dit ci-dessus,
A cause de éétte même signification de la montagne d.e Sion, il est
dit aussi aillenrs, dans la Parole, que le Seigneul' coni"baura de la
montagne de Sion pOUl' l'Église contl'e les méchants, et les dé-
troil'a; pal' exemple, dans les passages suivants; dans Ésaïe:
Il Jéhovah Sébaoth descendm pow' combaw'e sur la mon-

tagne de Sion et SUI' l;a colline, ») - XXX1. !Jj - là aussi, il


s'agit de l'avéncment du Seigneur, et de la rédelnption ou déli-
vrance des fidèles; c'est poul'quoi, pal' comhallre sur la montagne
ùe Sion et sur sa colline, il est signillé faire le jugement d'après le
Divin Vl'ai; si le ju/sement se fait d'après ce vrai, c'est par'ce que
tous sont jugés scion la réception qui en est faite, car Le Divin Vl'ai
ou la l'm'ole, el la doctl'ine qui en est tirée, en&eignent la vie, et
cl1acun est jogé selon sa vie. Dans David: II Jéhovah enverra ton
secours du saT/ctl/flire, et de Sion il te soutiendra. Nou,ç chan-
terollS ton ,~alut, et au nom de notre Dieu les étendards nous
Ih'erolls. Je r01l1wis que J éh01Jah sauve son Oiut; il Lui ré-
pondra du Ciel de sa saillteté par lel; forces du salut de sa
droite, » - PSt XX. 3, 6, 7; - ces choses aussi ont été dites
du SdgneUl' et de sa victoil'c SOI' les eufel's, et par conséquent de
la salvation des hommes; les combats et les victoires sont entendus
pal' l'épondre à son Oint du Ciel de sa sainteté pal' les forces du sa·
lut de sa droite, et pal' suite la salvation des fidèles est entendue pal'
1l0US soutenir de Sion et chanter dans son salut. Dans le Même:
Jéhovah parlera, et il appf'llem la terre depuis le lever du
solâl jusqu'ù son coucher; de Sion, per(et:l.ion de beal!té,
Dieu resplt'lldira; il viendra, notre Dieu; il criel'a au Ciel en
haut, et à la terre, pour juger son peuple: Assemblez-moi
mes saints. » - PSt L. 1, 2, 3, !J, fi; - ici il s'agit manifeste-
ment du jugement SUI' tous, fait de Sion, ainsi d'après le Seigneur t
pal' le Divin Vrai; la sépal'ation des bons d'avec les méchants est
entendue par II il appellel'a la tel'l'e depuis le lever du soleil jusqu'à
son ooucher; )) le jugement sur tous est entendu par (1 il criera au
14 L'APOCALYPSE EXPLlQUl~E.· N" 850.

Ciel en haut, et il la terre, pOUl" jugel' son peuple; » la l'éunion des


bons et leUl' salvation sont entendues par (1 assemblez-moi mes
saints; le Divin Vrai, dans lequel le Seigneur est dans sa gloil'e,
1)

est entendu par Il de Sion, perfeclion de beaulé, Dieu l'esplendira. ll


Dans le Même: l( Parole de J éh01)ah à mon Seigneu~: As­
sieds-toi à ma droite, jusqu' li ce que j'aie mis tes ennemis
pow' marchepied de tes pieds. Le sceptre de ta force, J ého­
van te l'em;e1'1'a de Sion; domine au militu de tes eIlnemis.»)
- Ps. ex, 1, 2; - qne ces choses aieut élé dites du Seigneur,
cela est noloil'e d'après les paroles du Seigneul' Lui-Meme dans
Matthieu, .- XXII, hIJ; - pal' s'asseoil' à la droite, il est si­
gnifié la Toute-Puissance Divine du SeigneUl'; par mettre les en­
nemis pour marchepied des pieds, il est signifié subjuguel' et sou­
mettre enlièi'ement les enfers; pal' (1 de Sion le sceplre de la force,»
il est signifié le Divin Vl'ai qui a la IOUle-puissance, Sion est le
Ciel où le Seigneul' règne par son Divin VI'ai; la ùominalion SUI'
les enfel's par ce vrai est signiliée pal' li Domine au milieu de tes
ennemis; 1) que le SeigneUl' seul ail la Toute-Puissance, et qu'il
l'ail pal' son Divin VI'ai, ou le voit ci-ùessus, N° 726 : que toule
puissance vienne des \'l'ais d'après le bien, el que le bien et pal'
suite le vl'ai viennent du Seigneur, on le voit aussi ci-dessus,
N°' 209, 338, 716, 776, 783, Dans Ésaïe: « Réveille-toi. 1'é­
veille-toi, ret'êts-toi de ta (orre, Sion! Ret'êts-toi de tc,s habits
de paf'ure. Jérusalem, ville de sailtteté! J) - LlI. 1; - comme
pal' Sion est signilié le Cid où le Seigneur l'ègne pal' son Divin VI'ai,
el que le Divin Vrai a la loute-puissance; c'esl pOUl' cela qu'i1 est
dit « réveille-loi, l'éveille-toi, rerêts-toi de ta force, Sion! 1) la doc­
trine qui en résulte est signiliée par les habils de parure que Jél'u­
salem revêlira, Dans Joël: Jéhovah de Siolt ,'ugira, et de J é­
(1

,'usalem il dOl11Jera de sa voix, en sorte que soient ébranlés


les deux et la terre, ALors vous connaitrez que JlI oi (je suis)
J é/wvah qui habite dans Sion, montagne de ma sainteté; et
sera Jérusalem sainteté.• et des étl"allge,'s ne passeront plus
par elle. » -IV. 16, 17, 21. - Dans Arnos: « Jéhovah de
Sion rugira, et de Jérusalem il donnera de sa voix', 1) - I. 2;
- par r'ugir el pal' le rugissement du lion, quand il s'agit de Jého­
,'ah, il est signifié un zèle ardent pour défendre le Ciel et l'Église,
\'crs. l. CHAPlTHE QUATOnZU~ME. 15
cl pOUl' sauver ceux qui y sonl; que ce soit en détruisanl par le
Divin Vrai et par sa puissance les maux el les faux qui surgissent
de l'cnfer, on le voit ci-dessus, N° 601; et comme par Sion il est
signifié le Ciel, où le Scigneur règne par le Divin Vrai, el par Jé-
rusalem la doctl'Ïne qui en résulte, on peut voil' ce qui esl signifié
en ce que Jéhovah de Sion I"Ugira, el que de Jérusalem il donnera
de sa voix; par (e vous connaîtrez que l\'Ioi je suis Jéhovah qui
habite dans Sion, montagne de ma sainteté, » il est signifié que le
SeigneUl' est la où il règne par son Divin Vrai, tant cbez les Anges
du Ciel que chez les hommes de l'Église; par li des étrangers ne
passeront plus pal' elle, 1) il est signifié qu'il n'y aura aucun faux
du mal, les étrangers sont les faux du mal. Dans Ésaïe: « LejouJ'
de la t'engeance de Jéhovah, l'année des rétributions pour le
procès de Sion. » - XXXIV. 8; - par le jour de la vengeance
de Jéhovah, et par l'année des rétrihutions, il est signilié le Juge-
ment derniCl', et la damnation de ceux qui pal' des faux et pal' des
maux ont l'avagé Lous les vrais de l'Église, ce qui est (\ pour le
procès de Sion. Il Dans David: « Jéhovah en Sion (est) grand,
et élevé, Lui, par dessus tous les peuples; la force du roi. 1) -
Ps, XCIX. 2, !J; - la, Sion est appelée la force du roi d'apl'ès le
Divin Vrai à qui appartient la puissance même. Dans le Même:
Jého'i'ah! Toi, tu te lèvems, et tu auras compassion de Sion,
parce qu'il est temps d'en avoir compas,çion; car il est venu,
le temps dhu'miné, parce que tes serviteurs désirent ses
pierres, et de sa poussière ils ont compassion, afin que les na-
tions craignen t le Nom de Jéhovah, et tous les rois de la terre
ta gloire, quand Jéhovah aura bâti Sion, et qu'il se sera
montré dans sa gloire. On racontera dans Sion le Nom de
Jéhovah, et sa. louange dans Jérusalem, quand seront assem-
blés les peuples ensemble, et les l'oyaumes, pour servir J ého-
t'llh. » - Ps. CIl, H, 1.5, 16, 1.7, 22, 23; - ces choses ont
été dites de l'avénernentcùu Seigneur, ct de la rédemption des fi-
dèles par Lui; son avénement esl signifié pal' le temps d'en avoi!'
compassion et pal' le temps déterminé; les Vl'ais a restaurer et res-
taul'és sont signifiés pal' les piel'l'es qu'ils désÎl'ent; l'instauration
de l'Église et le culte du Seigneur d'après les Divins Vl'ais sont
décrits pal' les choses qui suivent. La dévastation de l'Église par la
16 L'APOCALYPSE EXPLIQUl;:E. i\" 850.

Nation Juive, en ce que les Juifs avaient falsifié tout Divin Vrai,
est aussi décl'ite çà et là dans la Parole pal' la dévastation de Sion,
comme dans Ésale : (1 Les villes de ta Sainteté sont devenues
un désert; Sion un désel·t e.~t deurlU, et J érllsalem une dé­
vastation. ) - LXIV. 9. - Dans les Lamentations: (1 J~es filli
de Sion, précieux, estimés semblnbles à l'QI' fin, comment
ont-ils été l'éputés comme des vases de terre, oU1Ta.qe de
mains de potier? Il - IV. 2 jusqu'à la fin; puis, Ésaïe, Ill.
16 à 26. Jérém. VI. 2. Michée, Ill. 10,12, et ailleul's. - La
vierge et la fille de Sion sont aussi nommées dans un grand nombl'e
de passages; par exemple, dans les suivants : - II Rois, XIX. 21.
Ésaïe, I. 8. Ill. 16, 1i. IV.•/J. X. 32. XVI. LXXXVII. 22.
LII. 2. LXII. H. Jél'ém. IV. 31. VI. 2, 23. Lament. l. 6. Il. 1,
4,8,10, '13, 18. IV. 22. Mich. l. 13. IV. 8,10,13. Séph. m.
U. Zach. II. 10, H. IX. 9. PS, IX. 15. Matlh. XXI. 5. Jean,
XII. 15, ct ailleurs; - et par la tille de Sion est signiliée l'affec­
tion spil'ituelle du Divin V,'ai; ('affection spirituelle du Divin Vrai
est l'amOlli' du Vl'aï pOUl' le \'l'ai, et le désir du \'l'ai pOUl' les usages
de la vie éternelle. D'apl'ès ces explications, on peut voil' ce qui
est signilié en ce que" l'Agneau fut vu se tenant SUI' la montagne de
Sion, il savoir', que c'est parce Gue, dans ce qni va suivl'e, il s'agit
de la sépal'ation de:; hons d'avec les méchants pour fail'e le juge­
ment.
851. Et apee Lui cent qllamnte-qHatl'e milliers, signifie
selon les 1)l'ai5 dans tout le complexe: on le roit par la significa­
tion de cent quarante-quatre millier.ç, en ce que ce sont les \'l'ais
dans tout le complexe, comme ci-dessus, N° /J30; par ces paroles il
est signifié la même chose que pal' celles du Seignelll' à ses douze
disciples: (1 J élius leur dit .' En vérité, je VOliS dis que vous, qui
M'avez suivi dalls la "égénération, quand sera assis le Fils
de l'homme sur le trône de sa gloire, vous serez assis, vous
aussi, SHI' douze trônes jugeant le.ç douze tribus d'Israël.»­
Mallh. XIX, 28, - par' lesquelles il est entendu, non pas que les
douze disciples seront assis SUI' douze trônes, et jugel'Ollt les douze
tribus d'Israël, mais que le Seigneur fera le jugement sur tous se­
lon les vrais d'apl'ès le bien qui [lrocède de Lui; car' par les douze
disciples il est signifié tous ceux qui sont de l'Église, et dans le sens
Vers. 1.. CHAPITRE QUATORZIÈME. 17
abstr'aittoutes les choses de l'Église, lesquelles sont les vl'ais d'après
le bien; mais ces paroles ont déjà été ex pliqnées ci-dessus; voù'
No' 9, 206, 253, 270, 297, !J30. De semblables choses sont en­
core signiliées par les anciells ct les pl'illces, dans,Ésaïe : {( J ého­
vah s'est tenu pour plaider, et se tenant pour juger les peu­
ples; Jého1Ylh en jugement tJiendra anec les anciens de son
peuple, et ses princes. 1) - Ill. 13, '1lJ; - pal' les anciens du
peuple et pal' ses pl'inces, il est signifié la même chose que pal' les
ùouze disciples, à savoir, tous ceux de l'Église qui sont dans ses
vrais et dans ses biens, et dans le sens abslrait les vrais el les biens
de l'Église dans tout le complexe; que ce soit là ce qui est signifié
par les anciens, on le voit ci-dessus, N° 270, et aussi par les pl'in­
ces, N°' 29, !JOS. Si par cent quarante-quatre milliers il est en­
tendu les \'l'ais dans lout le complexe, c'est parce que par ce nom­
bre il est signifié la même chose que pal' douze, et pal' douze il est
signifié les vl'ais et les biens dans tout le complexe; si la même
chose est signifiée pal' cent quarante-qua Ire, c'est parce que les
nornbl'es composés ont la même signification que les nombres
simples dont ils viennent pal' multiplication, et que le nombre
cent quarante-quatre vient de la multiplication de douze pal' douze;
la signification du nomhre cent quarante-quatre mille est la même
qne celle du nombre cent qual'ante-quatl'e : mais, sur ce sujet,
• voir plusieul's détails dans l'Explication du Chapilt'e VII ci-dessus,
où il s'agit des douze mille mal'qués de chaque TI'ibu, et des cent
quarante-quatl'e mille marqués ensemble de taules les Tribus.
852. Ayant le Nom de son Père écrit sur lell1's fronts, si­
gnifie ces choses selon la reconnaissance de son Divin d'ap7'ès
l'amollI' : on le voit par la signification du Nom de son Père, en
ce que c'eslle Divin du Seigneur, ainsi qu'il va être montré; el
par la signification de écrit sur leurs (ronts, en ce que c'est la
reconnaissance plénière; si le N'am du Père éCl'it sur les fl'onts est
la reconnaissance plénière du Divin du Seiglleur, c'est parce que
le Seigneur lOUl'ne vers soi tous ceux qui .reconnaissent son Divin,
et les regarde au fl'ont, el qu'eux réciproquementl'egardent le Sei­
gneui' aux yeux; et cela, pal'ce que le front signi'fie "amour, et
l'œil l'entendement du vl'ai; ainsi, par cela qu'ils sOlltl'egal'dés au
front par le Seigneur, il est signitié qu'ils sontl'egardés d'apl'ès le
VI. 2.
:l~ L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 852,

bien de l'amolli' pal' le Seigneur, et pal' cela que, l'éciproquement,


ils l'egarùent le SeigneUl' aux yeux, il est signifié que c'est d'après
les vrai;) qui procèdent de ce bien, pal' conséqnent d'allrès l'enten­
dement du \'l'ai : que tous ceux qui sont dans les Cieux aicnl été
toul'nés vel's le Seigncur, et regardent de face \'ers Lui comme So­
leil, on le \'oit ci-dessus, N° 6!J6, et dans le Traité DU CIEL ET DE
L'ENFER, No' '17, 123, 1!J2, 272 : puis aussi, que le SeigneUi'
regarde les Anges au l'l'ont, etllue réciproquement les Anges re­
gardent le Seigneur aux )'eux, et cela, parce que le fl'ont cOrt'es­
pond à l'amoul', et que les yeux cOl'I'espondent à ('entendement du
vl'ai, on le voit aussi daus le Tl'aité DU CIEL ET DE L'ENFER,
No' 1!J5, 251; el le l'l'ont cOI'l'espond au bien de l'amour; voir ci­
dessus, N° 1127. Celui qui ne sail pas quelle est la Parole dans le
sens de la lettre peut croire que, lorsqu'il est dit Dieu et l'Agneau,
et ici l'Agneau et le Pèl'e, il est enlendu deux, 100'sque cependant
le Seigneur Senl est entendu par l'un et l'autre, de même que dans
la Pal'ole de l'Ancien Testament, lorsqu'il est dil Jéhovah, le Sei­
gneur Jého\'ih, Jéhovah Sébaoth, le Seigneur, Jéhovah Dieu;Dieu
au pluriel et au singulier, Dieu d'Israel, Sainl ,d'Israël, Roi d'Is­
l'aël, Créateur, Sauveur, Rédempteur, Schaùdaï, Rocher, etc"
10l'sque cependant par tous ces noms il est entendu, non pas plu­
sieurs, mais un seul, car le SeigneUl' est appelé de dh'el's noms
selon ses Divins Atll'ibuts : pareillement dans la Parole du Nou­
veau Testamenl, oit le Père, le Fils et l'Esprit Saint sont nommés
comme trois, lorsque cependant par ces tl'ois noms Un Seul est
entendu, cal' pal' le Pèl'e il est entendu le SeigneUl' quant au Divin
Même, qui Ilour Lui était l'Ame d'apl'ès le Père, pal'le Fils il est
entendu le Divin Humain, ct pal' l'Esprit Saint il est entendu le
Divin- Procédant, ainsi les tl'ois sont un; pareillement ici pal' l'A­
gneau et le Pèl'e. Que le SeigneuI', lorsqu'il pal'1ail du Père, ait
entendu le Divin en Soi, ainsi Soi-Même, on peut le voil' par un
grand nom})l'e de passages de l'un et de l'aull'e Testament; mais
ici je nlis seulement en rapporter quelques-uns de la Parole des
Évangélistes, d'après lesquels on peut voit' que le SeigneUl' par le
Pèl'C 11 entendu le Divin cn Soi-Même 1 Divin qui était en Lui
comme [' Ame dans le COI'PS, et que lorsqu'il nommait le Pèl'e et
Ltli-~Ièlllc comme deux, il enlendait Lui-Mùme pal' l'un et l'au­
Vers. L CHAPITRE QUATOnZIÈME. 19
tl'e, cal' l'Ame et le COI'PS sont un, puisque l'Ame appartient à son
corps, et que le COl'pS llppartient à son âme. Que le Divin, qui est
appelé Pèl'e, ait été le Divin Méme du Seigneur, d'après lequel a
existé son Humain, et d'après lequel l'Humain a été fait Divin, 011
le l'oit manifestement pal' sa conceplion d'après le Divin Même,
dans l\lallhieu : (1 Un Ange du Seigneur apparut en songe ri
Joseph, disant: Ne crain.ç point de ,'ccelJoir Man'e ta fian­
cée, car ce qui a été engendré en elle est d'Esprit Saint. Et
Joseph ne la connut point jusqu' li ce qu'elle eût ell{tmté SOit
Fils le Pl·emier-Né. )-- I. 20, 25.-Et dans Luc: L'Ange (1

dit il M({rie: Voici, tu concevras dans 1.011 ventl'e, ct tu en­


fimteras un Fils, et tu appelleras son Nom Jésus; celui-ci
sem grand, et Fils du Très-Haut il sera appelé. Mais Marie
dit à l'Ange: Comment sera ceci, puisque je ne connais
point d' homme; et, l'épondant, l'Ange dit : E,~prit Saint
viendra Sllr toi, et une puissance du Très-Ilaut t'ombragera,
c'est pourquoi ce qui naitra de toi, Saint, sera appelé Fils de
Dieu. ))- 1. 31, 3a, 35; - d'où il est évident que le Seigneul'
pal' conception est Jéhovah Dieu, et étl'e par conception Jéhol'ah
Dieu, c'est l'être quant à la vie même, qui est appelée l'âme ve­
nant du Pèl'e, d'après laquelle la vie est au COI'pS; pal' là aussi l'on
voit manifestement que l'Humain du Seigneur est ce qui est appelé
Fils de Dieu, cal' il est dit (1 ce qui naUm de toi, Sainl, sera appelé
Fils de Dieu. )) Que ce soit "Humain du Seigneur qui est appelé
Fils de Dieu, on peut le voir en outre par la Parole de l'Ancien
Testament, et aussi par la Parole du Nou l'eau dans plusieurs pas­
sages, mais ce sujel ser'a lraité en parliculier' aillenrs, avec la 1'0­
lonlé de Dieu; ici seront seulement l'apporlés les passages qui
prouvent que le Seigneul' pal' le Pèl'e a entendu le Divin en Soi,
ainsi Soi-Même; ce sont les sui l'anis ; dans Jean: «( Au commen­
mencement était la Parole, et la Parole élail chez Dieu, et
Dieu elle était, la Parole! Toules choses par Elle 01lt été (ai­
tes, et sans Elle ]l'a été (ait rien de ce qui a été (ail. Et la
Parole Chail' li été ((Jill.', et elle a habité parmi nous; et nous
avons vu sa gloire, gloire comme de l' Unique-Engendré du
Père, plein de grâce et de ?)érilé. » - 1. 1, 2, 3, 1!J; - que
pal' la Parole il soit entendu le Seigllelll' quant au Divin Humain,
20 l' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 852.

cela esl évident, car il est dit Il la Par'ole Chair a été faile, et nous
avons vu sa gloire, gloil'e comme de l'Unique-Engendl'é du Père: 1)
que le Seigneur soit Dieu aussi quant à l'Humain, ou que l'Hu­
main du Seigneul' aussi soit Divin, c'est encol'e é\'ident, cal' il est
dit (( la Pa l'ole était chez Dieu, et Dieu elle était, la Pal'ole i et la
Parole Chair a élé faite: Il par la Parole il esl entendu le Seigneur
quant au Divin VI'ai. Dans le Même: (( Mon Père jusqu'à pré­
~ent travaille,. c'est pourquoi i"l oiJe t7·trVaille. Alais les Juifs
cherchaient il le tuer, parce qu'il disait Dieu son propre Père,
se {ai,~ant Lui-Même égal à Dieu. Mais Jésus répondit et leur
dit .. Le Fils ne peut {aire de Lui-Même rien, à moins qu'il
ne le voie (ail'e au Père; car les choses que Celui-ci fait, le
Fils aussi les fait pareillement. De même que le Père ressu­
scite les morts, et vivifie, de même aussi le Fils, qui il veut_
vivifie. Qui n'honore pa:> le Fils n'honore pas le Père qui l'a
envoyé. En vérité, Je l'OUS dis qu'il vient une heure où tes
morts entendront la voix du Fils de Dieu., et ceux qui enten­
dront t,ivront. Comme te Père a la vie en Lui-Même, parei/­
ment il a donné au Fils d'avoir la vie en Lui-Même. ))- V.
i 7 à 28; - qu'ici par le Père il soit entendu le Divin qui dans le
Seigneur était sa vie, comme l'âme du père dans tout homme, et
que pal' le Fils il soit entendu l'Humain qui vivait d'après le Divin
Même en Lui, et qui pal' suite aussi a été fait Divin, et que par
conséquent le Pèl'e elle Fils soient un, on le voit par les paroles
du Seigneur dans ce passage, à savoir, que le Fils fait les mêmes
choses que le Pèl'e; que le Fils ressuscite les morls et viviOe comme
le Pèl'e; que le Fils a la vie en Soi-Même comme le Pèr'e; et que
ceux qui entendronl la voix du Fils vivront; d'après cela, il est
bien évident que le Pèl'e et le Fils sent un comme l'Ilme et le
corps; et que, parce qu'il disait Dieu son propl'e Père, et se faisait
égal à Dieu, les Juifs cherchaient à le tuer, Dans le Même: « Tout
ce que nt e donne le Père viendra, à 111 oi, et quiconque a en­
tendu de par le Père, et a appris, vient à },Iol~ non pas que
le Pèr.e, personne t'ait vu, si ce n'est Celui qui est chez le
Pere; Celui-là a vu le Père. Moi, Je suis le Pain vivant qui
du Ciel est descendu. Comme le Père vivant M'a envoyé,
Moi aussi je ris par le Pere. ») - VI. 37 eL sui\', j - là, le
Vers. L CHAPITRE QUATORZIÈME. 21
SeigneUl' parle de son Humain, qui est descendu du Ciel, et il dit
que chacun a la vie par Lui, pal' la raison que le Pèl'e et Lui sont
un, et que la vie du Pèl'e esl en Lui, comme l'âme venant du pèl'e
est dans le fils. Dans le Même: Moi. vie éternelle je donne à
(1

mes brebis. et elles ne péril'olll point à éternité. et nul ne les


mvira de la main de mon Père; Moi et le Père nous sommes
un. Les Juifs étant indignés de ce qu'il se faisait Lui-t.Ume
Dieu. Jésus leur dit: Vous. à Celui que le Père a sanctifié.
et qu'il a envoyé dans le monde. vous dites: Tu blasphèmes.
parce que j'ai dit: Fils de Dieu je suis! Sije ne (ais pas les
œuvres de mon Père. ne Me croyez pllS; mais si je (les) (ais.
croyez aux œuV/·es. afin que vous connaissiez. et que vous
croyiez que le Père (est) en Moi. et Moi en Lui. Il - X. 28 il
38;- ici, le SeigneUl' parle du Pèl'ecomme d'un autre, en disant
Il nul ne ravÎl'a les brebis de la main de mon Père, J) puis (1 si

je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne Me croyez pas; mais si


je les fais, cl'Oyez aux œuvl'es; Il et cependant ;de peul' qu'ils ne
crussent que le Père et Lui étaient deux, il dit (1 le Pèl'e et Moi
nous sommes un; Il et de peul' qu'ils ne crussent qu'ils étaient un
seulement J'lai' amoul', il ajoute Il afin que vous connaissiez, et que
vous C1'oyiez que le Père est en Moi, et Moi en Lui; J) de là on peut
voir que le Seigneur pal' le Père a entendu Soi-Même, ou le Div,in
en Lui par conception; et que par le Fils, que le Pèl'e a envoyé, il
a entendu son Humain, car dans le monde a été envoyé cet Hu­
main pal' cela qu'il a été conçu de Dieu le Père et est né d'une
vierge. Dans le Même: li J éaus cria el dit: Qui croit en il! oi.
croit non pas en !f1oi. mais en Celui qui M'a envoyé; et qui
Me voit, voit Celui qui M'a enroyé. Moi. Lumière, dans le
monde je suis venu. afi~que quiconque croit en llfoi dans les
ténèbres ne demeure point. 1) - XII. ââ, M, â6; - que le Sei­
gneur ait entendu Soi-Même par le Pèl'e, et son Divin Humain pal'
le Fils que le Père a envoyé, on le voit clairement aussi par ce
passage, car il dit II qui Me voit, voit Celui qui M'a envoyé, Il et
aussi (1 qui croit en Moi, cl'oit non pas en Moi, mais en Celui qui
M'a envoyé, Il el néanmoins il dit qu'ils doivent croire en Lui, pal'
exemple, Vers. 36, et ailleUl's. Dans le Même: (( J éSll3 sachant
que le Père lui a1Jaü donné tOlltes choses en les mains. et que
22 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N"S52.
de 'Dieu il était venu et vers Dieu s'ell allait, dit: Qui Me
reçoit, reçoit Celui qui M'a envoyé. )-XIII. 3,20;- comme
le Père et Lui étaient un, et que l'Humain du SeigneUl' était Divin
d'après le Divin en Lui, c'est pour cela que toutes les choses du
Père étaient à Lui, ce qui est entendu pal' « le Pèl'e a donné toutes
choses en ses mains: ) et comme ils étaient un, il dit (1 qui Me l'e­
çoit, reçoit Celui qui M'a envoyé; Il par venir du Père, et s'en al·
leI' vers le Père, il est entendu êlt'e conçu et ainsi exister pal' Lui,
et être uui à Lui, comme l'âme au corps, Dans le Même: 11! ai, (1

je suis le chemin, la vérité et la 1)ie, personne ne vient au


Père que par Mai, Si vous Ll[' am'ez connu, vous auriez aussi
connu mon Père, et des à présent vous l'avez connu et vous
l'avez vu. Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père.
Jésus lui dit: Depuis si longtemps je suis avec 'VOltS, et tu ne
M'as point connu, Philippe! Qui M'a vu, a vu le Père; et
comment, toi, dis-tu: lIfontre-nous le Père? Ne crois-tu pas
que itJoi (je suis) dans le Pere, et que le Père (est) en Moi?
Le Père qui en Moi demeure, Lui-Même fait les œuvres.
Croyez-Moi, que Moi (je suis) dans le Pere, et que le Père
(est) en Moi. )l -XIV. 6 à 11; -ici il est dit clairement que le
Père et Lui sont un, et que l'union est comme l'union de l'Ame et
du corps, qu'ainsi il y a une telle union, que celui qui le' voit, voit
le Pèl'e; celle union est en outl'e confirmée dans ce Chapill'e : et
comme il y avait une telle union, et que nul ne peut s'adressel' à
J'àme de l'homme, mais qu'on s'adresse à l'homme lui-même,
c'est pOUl' cela qu'il dit qu' (( ils s'adresseraient il Lui, et qu'ils
demanderaient au Père en son Nom, et que Lui·Même leur
donnerait, )l - Jean, XVI. 23, 26. - Celle union aussi est en­
tendue par: (( Je suis .wrti du Pèr~, et je suis venu dans le
monde; de nou'veau je laisse le monde, et je m'en vais au
Père. ) - Jean, XVI. 5, 10, 16, 17, 28. - Comme le Père et
Lui étaienl un, c'est aussi pour cela qu'i1 dit : le TOlltes les
choses du Père sont I1IÎennes Il et que (1 le COI~solateur, qui est
l'Esprit de t'érité, recet'ra da Seigneur leschous qu'il énon­
cera. Il - Jean, XVI. 13, H, 15. - Puis ailleurs: II Le Père
1ll'a donné po/wail' sl/r toute chair, afin qu'à tous ceuxqzt'il
m'a donnés, je dOt/ne la l,if' éternelll'. C'e.~l ici la 'vi, Ner­
Vers. i. CHAPiTRE QUA.TOnZlÈME, 23

netle, qu'ils Te cOllnaùsent, Toi, le seul Dieu, et Celui que


tu as envoyé, Jélius-Chrilit. Tout ce qui est mien est tien, et
tout ce qui est tien ebt mien, l) - Jean,.XVII. 2, 3,10; - ici
aussi, il est dit ouvertement que tout ce qui est au Pel'e est à Lui,
comme tout ce qui est à l'âme est à l'homme, cal' l'homme et l'âme
sont un, comme la vie et le sujet de la vie. Que le Seigneur soit
Dieu aussi quant à l'Humain, on le voit pal' ces paroles du Sei­
gneur (( afin qu'ils Te connaissent, Toi, seul Dieu: ct Celui que tu as
envoyé, Jésus-Chl'isl. ) Comme le Père et le Fils de Dieu sont un,
c'est pourquoi le Seigneur dit qu'il viendra Il dans la gloire de son
Père, J) quand il viendl'a pour le Jugement, - Marc, VIII. 38.
Luc, IX. 2(); - et c( dans sa gloil'e, 1) - Matlh. XXV. 3i; - et
Il qu'il a tout pouvoil' dans les Cieux et SUI' tene, 1) - Matthieu,
XXVllI. iS.-Que pal' le Fils de Dieu il soit entendu le Divin Hu­
main du Seigneur, cela a encore été manifesté dans d'aull'es pas­
sages de la Parole; et aussi dans des passages de ('Ancien Testa­
ment; par exemple, dans Ésaïe: (( Un enfant nous est né, un
Fils nous a été donné; sur son épaule (sera) la principauté,
et on appellera son Nom: Admirable, Conseiller, Dieu, Hé­
ros, Père d'éternité, Prince de paix. 1) - IX. 5 : - et dans
le ltléme : (( La vierge concevra et enfantera un Fils, et elle
appetlera son Nom: Dieu avec nous. Il - VII. 1ft; - qu'ici
pal' ('enfant né, et pal' le fils donné, il soit entendu le SeigneUl'
quanl au Divin Humain, cela est évident; et que le Seigneur quant
à cel Humain soit aussi Dieu, qu'ainsi son Humain Soil Divin, cela
est dit manifestement, cal' il est dit que son Nom sera appelé: Dieu,
Dieu avec nous, Père d'étel'l1iLé. Outre ces passages, plusieurs
autres pourraient aussi êtl'e l'apportés pOUl' confirmel' que le Sei­
gneUl' par le Pèl'e dans ia Parole a entendu son Divin, qui était la
vie ou l'âme de son Humain, et non un autl'e séparé de Lui, et que
méme il n'a pas pu en entendre un autl'e; de là le Divin et l'Hu­
main dans le Seignenr, selon la doctrine du Monde Chl'étien, ne
sont pas deux, mais sont une seule Personne, absolument comme
l'âme et le COl'pS, ainsi qu'il est dit en tCI'llle:; clairs dans la foi
athanasienne; et comme Dieu et l'homme dans le Seigneur sont,
non pas deux, mais une seule Pel'sonne, ct sont ainsi uni" comme
l'Arne et le corps, il s'ensuit qne c'est le Divin quc le Seigneur a eu
2h J: APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 852.
par conceplion qu'il a appelé le Père, et le Divin Humain qu'il a
appelé le Fils, et que pal' conséquent l'un et l'autre était Lui-Méme.
D'après ces considél'alions, on peut voir que pal' le Nom du Pèl'c
écrit SUI' leurs fronts, il est entendu le Seigneul' quant à son Divin.
853. Vers. 2, 3. Et j'entendis une voix du Ciel.. comme
une voix de beaucoup d'eaux, et comme une voix de grand
tonnerre; et j'entendis une voix de joueurs de harpes jouant
de lturs harpes. - Et ils chantaient comme un Cantique nou­
1JeaU del:ant le Trône, et devant les quatre Animaux et les
Anciens; et personne ne pouvait apprendre le Cantique, sinon
les cent quamnte-quatre milliers, les achetés de la terre. ­
Et j'entendis une voix du Ciel, comme une voix de beaucoup
d'eaux, signifie la :glol'ification du SeigneUl' d'après les Divins
Vrais qui procèdent de Lui: et comme une voix de grand ton­
nerre, signifie la glorification du Seigneut' provenant de son
Royaume Céleste: et j'entendis une voix de joueurs de harpes
jouant de leurs hm"pes, signifie la glorification du Seigneur pro­
venant de son Royaume Spit'iluel : et ils chantaient comme un
Cantique nouveau, signifie sur la reconnaissance et la confession
du Seignem' : devant le Trône, et devant les quatre Animaux
et les A ndens, signifie chez tous dans le Ciel entier: et personne
ne pouvait apprendre le Cantique, sinon les cent quarante­
quat1'e milliers, signifie que la ,'econnaissance et la confession du
Seigneut' n'ont pu être données que chez ceux qui sont dans la foi
d'après la charité, ou dans les vrais d'apl'ès le bien: les achetés de
la terre, signifie ceux qui ayant été instruits ont reçu dans le
monde.
854. Et j'entendis une voix du Ciel, comme uue voix de
beaucoup d'eaux, signifie la glorification du Seigneur d'a­
près les Divins V1"{/ÏS qui procèdent de Lui: on le voit pal' la
signilication d'une voix du Ciel, en ce que c'est la glorification du
Seigneur, cal' une voix du Ciel enveloppe le..'l choses qui pal' suite
ont été dites et vont suivre, et qui pl'incipalement sont contenues
dans le cantique nouveau, par lequel il est signifié la reconnais­
sance et la confession du SeigneUl'; et pal' la signification de beau~
coup d'eaux, en ce que ce sont les Divins Vrais qui pl'ocèdent du
Seigneur; que pal' les eaux dans la Parole soient signifiés les Di­
Vers. 2. CHAPITRE QUATORZIÈME. 25
vins Vrais qui procèdent du Seigneur, on le voit ci-dessus, No' 71.,
!J83, 518; et comme ees vrais sont signifiés par les eaux, c'est
pOUl' cela que les paroles du Ciel sont entendues parfois comme le
bruit d'caux qui coulent, de même que fut entendue la voix du Fils
de l'Homme qui marchait dans le milieu des chandeliers, (1 de Qui
la voix était comme une voix de beaucoup d'eaux, Il -Apoc. I.
15;- et dans ce qui suit: (1 J'entendis une voix de (oule nom-
breuse, et comme une 1)oix de beaucoup d'eaux, et comme
une voix de tonnerres violents. » - Apoc. XIX, 6: - pa['eil-
lement « le son des ailes des Chérubins (ut entendu comme un
son d'eaux grandes, » - f;zéch. I. 2fJ,
855. Et comme une voix de grand tonnerre, sign'ifie la
glorification du Seignew' provenant de son Royaume Cé-
leste: on le voit pal' la signification de la voix, en ce que c'est la
glorification du Seigneur, comme ci-dessus; et pal' la signification
d'un grand tonnerre, en ce que c'est la glorification du Seigneul'
provenant de son Royaume Céleste; si le tonnel'1'e signifie celle
glorification pl'ovenant du Royaume Céleste, c'est parce que dans
ce Royaume il est entendu, 110n pas des voix de langage, mais des
sons; et cela, pal'ce que tous ceux 9ui sont dans ce Royaume par-
Ient d'après l'amour, ou d'apl'ès l'affection qui appartient au creul',
et un tel langage, 10l'sque de ce Ciel il tombe vers les lieux infé-
rieUl's, est entendu comme lin tonner'I'e; cal' dans le Monde spiri-
tuel toutes les affections sont entendues comme des sons avec leurs
variations, tandis que les pensées qui procèdent des affections se ma-
nifestent par les al'liculaliolls du son, qui sont appelées mots; sur
ce sujet, voir ci-dessus, N°' 323, 393; et dans le Traité DU CIEL
ET DE L'ENfER, N°' 23/1 à M5 : mais tons ceux qui sont dans le
Royaume Spil'ituel parlent d'après la pensée qui appartient à l'en-
tendement ou à l'âme, et un tel langage, IOl'sque du Ciel il tombe
vel's les lieux inférieurs, ou est entendu comme une voix ou comme
une hal'monie musicale, ou apparaît devant les yeux comme la
blancheur éclatante d'une nuée, ou comme une flamme telle qu'est
celle de l'éclair avant le tonnerre j de là vienl que par les éclairs,
les tonnerl'es et les voix dans la Pal'ole il est signifié l'illustration,
l'entendement et la perception; voir ci-dessus, N°' 273, 702, 70fJ;
que les voix qui. descendent du Royaume Céleste soient entendues
comme des tonnelTes, on le voit, No' 353, 393, 82t.
2t1 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N' 856.

856. EtFentendis une voix de joueurs de harpes jouant


de leurs harpes. signifie la glorification du Seigneur prove­
nant de son Royaume Spirituel: on le voit par la signification
de la voix. en Ce que c'est la glorification du Seigneur, comme ci­
dessus; et pal' la significalion des joueurs de harpes jouant de
leurs harpes. en ce que ce sont les affections de ceux qui sont dans
le Royaume Spirituel du Seigneur; en effet, leUl's affections sont
entendues aussi comme des sons, mais comme des SOll3 d'instl'u­
ments à cOl'des, car les sons d'instruments à cOI'des correspondent
aux vrais d'après le hien, ou aux intellectuels, dans .lesquels sont
les Anges dans le Royaume Spiritue('du Seigneur, tandis que les
sons des instl'Uments à vent correspondent aux biens dans lesquels
sont les Anges dans le Royaume Céleste du Seigneur'; que ces cor­
l'espondances existent, on le voit ci-dessus, No' 3~3, 326; et que
les harpes signifient les confessions d'après les \Tais spirituels, et
les nablions les confessions d'après les biens, on le voil ci-dessus,
N° 323 : or, comme les Cieux ont été d~slingués en deux Royau­
mes, à savoit', en un Royaume Céleste, dans lequel sont les Anges
qui sont dans le bien de l'amoUl', et en un Royaume Spirituel, dans
lequel sont les Anges qui sont dans les vrais d'après ce bien, c'est
pour cela qu'il est dit qu'une vôix du Ciel fut emendue comme une
voix de grand tonnerre, et comme une voix de joueurs de harpes
jouant de leurs hal'pes, ce qui par conséquent signifie la glorifica­
tion du Seigneul' provenant du Royaume Céleste, ainsi provenant
du bien de l'amour, et sa glorification provenant dù Royaume Spi­
rituel, ainsi provenant des Hais d'après ce bien.
85i. Et ils chantaient comme lm Cantique nouveau. si­
gnifie sur la "econllaissance et la confession du Seigneur: on
le voit pal' la signification du cantique. en ce que c'est la confession
d'après la joie du cœUl', et pal' celle du cantique nouveau. en ce
que c'est la reconnaissance et la confession du Seignem', ainsi sa
glorification, comme ci-dessus, N° 326, Dans la Parole, en beau­
coup d'endroits, et principalement dans David, il est dit li un can­
tique, ) et pal' là il est signifié la confession et la glorification de
Dieu par le chant, et lorsqu'il est dit (1 un cantique nouveau, 1) il
il est signifié la confession et la glol'ification du Seigneur, car ce
,
cantique est appelé nouveau par la raison que, dans les Églises
Vers, 3. CHAPiTRE QUATOnZlJ~ME. 27
avant l'avénement du SeigneUl', Jéhovah était célébré pal' des can­
tiques, et qu'après que le Seigneul' ,fut venu dans le monde, et se
fut manifesté, le Seigneur était célébl'é aussi par des cantiques,
mais que maintenant dans l'Église qui désormais doit être instau­
rée, laquelle est entendue par la Nouvelle Jérusalem, le Seigneur
Seul sera célébré; et comme le même Seigneur était dans les Églises
Anciennes, mais célébré sous le nom de Jéhovah qui maintenant
est appelé Seigneur, et parce qu'ainsi, considéré en lui-méme, le
cantique SUI' Loi n'est pas nouveau, voilà pourquoi il est dit comme
un cantique nouveau; ici donc il est dit nouveau, parce qu'il est
pour la nOlivelle Église tloi désol'mais doit être instaurée par le
Seigneur.
858. Det'allt le Trône, et devant les quatre Animaux et
le,ç Anciens, $ignifie chez tous dans le Ciel entier: on le voit
par la signification du Trône, en ce qu'en généml c'est le Ciel,
spécialement le Ciel spirituel, et abstl'acti"cment le Divin Vrai
pl'océdant du Seigneur; de là le TrOne se dit du Jugement, comme
ci-dessus, N°' 253, 267, 297, 3ll3, ll60, h62, [177, ll82; el par
la signilication des quatre Animaux et des vingt-quatre Anciens,
en ce qu'ils sont les Cieux Supél'ielll's, comme aussi ci-dessus,
No' 313, 322, 362; de là Ilal' (1 devant le TrOne, et devant les
quatre Animaux ct les Anciens, )) il est signifié chez tous dans le
Ciel entier.
859. Et personne ne pOlwait apprendre le Cantique, sinon
les cent quarante-quatre milliel's, siguifie que la reconnais­
sance et la confession du Seigneur n'ont Plt ~tre données que
chez ceux qui sont dans la foi d'apl'ès la charité, ou dans les
vrai,ç d'après le bien: on le voit par la signification du cantique
nouveau, cn ce que c'est la reconnaissance et la confession du
SeigneUl', comme ci-dessus, N° 857; et par la signification des
cent qum'ante-quatre milliers, en ce que r,e sont tous ceux qui
sont dans les vrais !l'après le bien, ainsi ceux qui sont dans la
foi d'après la char'ité, et,' ahstraction fllite des personnes, les
\'l'ais d'après le bien, comme ci-dessus, N° ll30; que ceux-là
soient entendus pal' les cent quarante-quatre milliel's de toutes les
tribus, on peut le voir par l'Explication du Chapitre VIl, où il
s'llgit des clonze millr. mar'lnés de chaque tl'ibu, et des cent qua­
28 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, NO> 859,

l'ante-quatre mille de toutes les lI'ibus; puis aussi, que ceux-là


soient ceux qui reconnaissent le Seigneur et son Divin Humain, et
sont pOUl' cela même pal'mi ceux qui, au temps du Jugement der­
niel', sont séparés d'avec les méchants, et sont élevés au Ciel par
le Seigneul' et sauvés; car, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, il s'agit,
dans ce Chapitre, de la sépal'alion des bons d'avec les méchants
avant le Jugement demier; c'est pourquoi les bons, qui ont été
séparés d'avec les méchants, sont entendus par les cent quarante­
quatre mille marqués d'enl1'e toules les tribus. D'après ces consi­
dél'ations, il est donc é\'ident que par « pel'sonne ne pouvait appren­
dl'e le Cantique, sinon les cent qual'ante-quatl'e milliers, Il il esl si­
gnifié que la reconnaissance et la confession du Seigneul' n'ont pu
être données que chez ceux qui sont dans la foi d'apl'ès la chal'ité,
ou dans les vl'ais d'après le bien: si la reconnaissance eL la con­
fession du Seigneur n'ont pu être ùonnées chez les autres, c'est
parce que les autres ne peuvent pas recevoÎl' du Ciel l'influx, c'est­
à-dire, du SeigneUl' par le Ciel; cal' le Seigneur chez chacun influe
dans sa vie, et la vic du Ciel vient de l'amonr ou de [a charité, pal'
conséquent du bien j et l'amour ou la chal'ité est telle qu'elle est
formée par les vrais; de là donc la vie de l'homme; c'est pourquoi,
une autre vie ne reçoit pas du Seigneur l'influx du Ciel, et pal' suite
ne Le reconnaît et ne Le confesse de cœur, sinon la vie de la foi
d'après la charité, ou la vie du vrai d'après le bien; la vie de la foi
séparée de la charité, ou la vie du Vl'ai séparé du bien, est une vie
purement natul'elle, qui ne reçoit rien du Ciel, et ne peut l'ien re­
cevoir, pal'ce que d'après cette vie il n'est donné aucune commu­
nication avec le Ciel; car la communication est seulement donnée
par l'amOlli' Spil'ituel, qui est aussi appelé chal'ité, ainsi par la vie
selon les vrais d'apl'ès la Parole, laquelle vie n'est point donnée
chez ceux qui séparent la foi d'uvee la charité, et croient qu'ils sont
sauvés par la foi seule, c'est-à-dire, par la foi sépal'ée d'avec les
bonnes œuvres. Maintenant, c.omme par les cent quarante-quatre
milliers il est entenùu ceux qui sont dans les vl'ais d'après le bien,
ou dans la charilé d'après la foi, on voit claÎl'ement pOUl'quoi ceux­
là seuls ont pu apprendre le cantique, c'est-à-dire, reconnaltre et
confesser de cœUI' le Seigneur, à savoir, le l'econnailre et le con­
fesser de cœUl' seul Dieu, ella Trinité en Lui.
Vers. 3. CHAPITRE QUATORZIÈME. 29
860, Les achetés de la ten'e, signifie ceux qui ayant été
instruits ont 1'eçll dans le monde: on le voit pal' la signification
des achetés, ou l'achelés par le SeigneUl', en ce que ce sont ceux
qui reçoivent l'instruction d'après la Parole, principalement par le
Seigneur, ainsi qu'il sera expliqué; et pal' la signification de la
terre, en co que c'est l'Église, comme ci·dessus, N°' 29, 30h,
697,741, 7/12, 752: de la, par les achetés de la terl'e, sont signi­
fiés ceux qui, ayant été instl'Uits, ont l'eçu dans l'Église, par con­
séquent dans le monde, les choses que le Seigneur a enseignées
dans la Parole. Il faut qu'on sache qu'il n'y en a poinL d'autres qui
puissent reconnaître et confesser le Seigneur dans l'autre vie, que
ceux qui l'ont reconnu et confessé dans le monde, car tel est l'homme
quanL à la reconnaissauce et par' suite quant à la confession dans le
monde, tel il reste apl'ès la mort: quelques-uns croient que ceux
qui n'ont pas eu la foi dans le monde doivent néanmoins recevoir
la foi dans l'autl'e vie, quand par' les autres ils apprennent eL voient
par eux-mêmes que cela est ainsi; pal' exemple, qu'il y a un Dieu,
que le Seigneur est le Sauveur du monne, que la Parole esL sainte,
et autres choses semblables; mais je peux attester que ceux qui
n'ont pas eu la foi dans le monde ne peuvent pas avoir la foi après
la mort, quoique non-seulement ils appl'ennent pal' les Anges,
mais voient même pal' leurs propr'es yeux, que cela est ainsi:
on a essayé sur un grand Ilombre, qui n'avaient pas cru, de les
amenel' à la foi, mais en vain: par la il est devenn évident que tel
est l'homme quand il meurt, tel il reste éte,'nellement : cela aussi
est entendu par les cinq vierges insensées, qui n'avaient point
d'huile dans leurs lampes, mais voulurent en achetel', et qui, apl'ès
en avoir acheté et être venues à la maison de noces, ne furent ce­
pendant point admises; pal' acheter de l'huile il est signifié s'ac­
qUél'il' le bien de l'amOlli' après la mort: semblahles à ces viel'ges
sout plusieurs hommes qui s'acquièl'ent quelque chose après la
mort, quand ils sont devenus esprits, mais cela ne reste pas, parce
que cela n'a pas été eOl'aciné lm dedans, comme il arrive chez ceux
qui se l'acquièrent dans le monde. Si pal' les achetés de la terre il
est signifié ceux qui, ayant été instruits, ont reçu dans le monde la
reconnaissance du Seigneur, c'est parce que par acheter il est si­
gnifié s'acquéril' les connaissances du vl'ai et du bien, ce qui se fait
30 L'APOCALYPSE EXPLlQUÊK r;" 860,

par l'instl'uction; ainsi, par les achetés, ici, il est signifié ceux qui
llyant été instruits reçoivent. Que pal' acheter et vendl'e il soit si­
gnifié s'acquél'ir les connaissances du \'J'ai et du bien, et les com­
muniquer aux aull'es, on le voit ci-dessus, N° 8AO. Si ceux qui,
ayant été insll'uits, ont l'eçu la foi de Dieu sont dits achetés par le
Seigneur, c'est parce que ceux qui ont éLé éloignés pal' les faux
sont dits vendus; de là vienl que ceux qui des faux ont été l'amenés
aux vrais, ain!'i qui ont élé délivrés de l'enfer par le Seigneur, et
conduits au Ciel, sont dits Rachetés, el que le Seigneur est dil Ré­
dempLeul' : que l'acheter, quand cela se dil du Seigneur, signifie
affranchir des maux el délivrel' des faux, ainsi de l'enfel', et pal'
conséquent réformer et régénérel', on le voil ci-dessus, N° 328 :
on y voit aussi que l'achetel' pal' son sang signifie la conjonction
avec le Diviu pal' la reconnaissance du Seigneur, eL par la l'écepLion
du Divin Vl'ai qui procède de Lui, N°' 328, 329; et que le Sei­
gneur, quanl au Divin Humain, est dil HédempLeur, N° 328.
861. Vers. A, 5. Ce sont ccux qui avec des (emmes ne se
sont point souillés, car vierges ils sont; ce sont ceux qui sui­
ventl' Agneau. quelque part qu'il aille: eux ont été achetés
d'entre les hommes, prémices à Dieu et à l'Agneau, - Et
dans lew' bouche il n'a point été tl'ouvé de /raude; car ils
sont sans t(lche devant le Trône de Dieu. - Ce sont ceux
qui avec des femmes ne se sont point souillés, signifie qui n'ont
poinl falsifié les .vrais de la Parole: car vierges ils sont. signifie
pal'ce qu'ils sont dans l'affection du vrai pOUl' le vl'ai : ce sont ceux
qui suivent l'Agneau. quelque part qu'il aille. sil;nifie qui ont
élé conjoints auSeigneul' pUI' la reconuaissaDc.e de son Divin Hu­
main, et pal' la vie selon ses précepLes : eux: ont été achetés
d'entre les hommes. prémices à Dieu et il l'Agneau, signi­
fie eux. reçus dans la Nouvelle Église pal' le Seigneul' : et dans
leur bouche il n'a point été trOl/1)é de fraude, signilie qu'ils ont
en aversion de penser el de persuadel' les faux: car ils sont sans
tache devant le Trône de Dieu. signifie qu'ils sont à la vue des
Anges sans les faux d'apl'ès Je mal.
862, Ce ~ont Ccux qui avec des femmes ne se sont point
souillés. signifie qui n'ont point falsifié les t'1'ais de la Parole:
on le \'oiL pal' la siglJification de se souiller el de se cOl'I'omjll'e
\'crs, ~, CIIAPITllE QUATORZlliME. 31
avec des femmes, en ce que c'est falsifiel' les vrais de la Parole,
cal' pal' là il est signifié la même chose que pal' commettre scorta­
tion ct hanter les lieux de débauche; que par les sCOl'tations, les
débauches et les adultèl'es, qui sont si SOl1\'ent nommés dans les
Prophétiques de la Parole, il soit signifié des falsifications et des
adultél'atians du vrai et du bien de la doclrine de l'Église, pal' con­
séquent (je la Parole, on le voit ci-dessus, N°'1lI1, 16!, 511,
695, 803; de là vient qu'il est dit ensuite « cal' vicl'ges ils sont, Il
ce qui signifie qu'ils sont dans l'affection ou l'amoul' du vl'ai pOUl'
le \'l'ai, Si, au sujet de, ces cent quarante-quatl'e milliers, il est dit
qu'ils ne se sont point souillés avec des femmes, parce que viel'ges
ils sont, c'est parce que pat' ces cent quarante-quatre milliers il est
entendu tous ceux qui sont dans les vrais d'apl'ès le bien; et ceux
qui sont dans les vrais d'après le bien ne peuvent pas falsifiel' les
vrais, CUI' le bien ouvre le menlal spirituel qui !'cçoit la lumière
du Ciel, et illustre le mental naturel; de là les vl'ais, quand ils ap­
paraissent, sont reconnus et sont reçus, et les faux sont rejetés:
il eu est tout autrement chez ceux qui sont dans les vrais sans te
hien; quoique ceux-ci croient être dans les vl'ais, ils sont néanmoins
dans les faux, cal' les nais sans le bien n'ont .!lucune lumièl'e ni
aucune vie j c'est poul'quoi en dedans ils sont comme noirs, et ils
sont morts; lors donc qu'ils sont considérés intérieurement pal' eux,
ils sont ou falsifiés ou sé[lal'~s comme s'ils étaient nuls: tels sont
les vrais de la Parole chez ceux qui sont dans la foi sépat'ée d'avec
la charité; quand ceux-ci parlent d'après le sens de la letll'e de la
Parole, ils ne peuvent que p"ononcer des vrais, parce que toules
les choses de la Parole sont des vrais; mais celles qui se montt'ent
dans le sens de la lelll'c sont des apPul'ences du Hai, parce qu'elles
sont POUI' les simples et pOUl' les enfants, et pal' suite selon leur
compréhension; mais quand quelqu'un de ceux qui sont dans la foi
sépal'ée d'avec la chal'ité les examine intérieuremenl, et s'efforce
d'en lirCl' le sens réel ou le vrai réel, il tombe dans des faux, pal'
lesquels il détl'uitles "l'ais mêmes du Ciel, et par suite il se ferme
le Ciel: il en est aull'ement pour ceux qui sont dans les Hais d'a­
près le bien; en ell'et, ceux-ci sont conlinuellement illustrés par le
Seigneur, cal' le Seigneur inllue dans le hien, et (lai' le hieu clans
les vl'ais chez l'homme, mais non dans les vrais sans bien, ni pal'
conséquent ùans la foi sans charilé,
32 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. Nft 863.

863. Car vierges ils sont, signifie parce qu'ils sont dans
l'f)ffection du vrai pour te vrai: on le voit par la signification
des vierges, en ce qu'elles sont les affections du vrai, lesquelles
affections du vrai sont appelées spil'ituelles; car il y il des affections
naturelles du vrai et presque chez tous, surtout quand on est en­
fant et adolescent; mais les affections natm'elles du vl'ai ont pour'
fin la rémunération, d'abol'd la renommée, ensuite les honneurs et
les lucres; or, ces affections ne sont point entendues ici par les
vierges, mais il est entendu les all'ections spirituelles du vrai, les­
quelles sont celles qui ont pour fin la vie étel'nelie et les usages de
cette vie; ceux qui sont dans ces affections aiment les vl'ais parce
qu'ils sont des vl'ais, ainsi abstraction faite cie la gloil'e du monde,
des honneurs et des lucres, et ceux qui aiment les nais, abstraction
faite de ces choses, ceux-là aiment le Seigneur, car le Seigneur
clJez l'homme est dans les ''l'ais qui procèdent du bien; en effet, ce
qui procède du Seigneur' comme Soleil est le Divin Vrai, et le Sei­
gneul' est ce qui procède de Lui-Même; c'est pourquoi, celui qui
reçoit d'après l'amoul' spil'ituclle vrai parce qu'il est le vrai, celui­
là reçoit le SeigneuI'; de la vient qu'il est dit d'eux ce sont ceux
(1

qui suivent r Agneau, quelque part qu'il aille, Ceux-là aussi


1)

sont entendus par le Seigneur' par ces paroles dans Matthieu:


<c Semblable est le Royaume des Cieux à un trhor caché

dans le champ, qu'un homme, ayant trouvé, a caché; et,


dans sa joie, il s'en t'a et 'L'end tout ce qu'il 0, et il achète ce
champ, Encore semblable est le Royaume des Cieux ù un
homme commerçant qui cherche de belles pertes, tequel,
ayant trouvé une perle très-précieuse, s'en est allé, il litndu
tout ce qu'il avait, et l'a achetée. » - XIII. M, !l5, !l6;­
pal' le trésor caché dans le champ, et par les perles"sont signifiés les
vrais du Ciel et de l'Église, et pal' une perle très-précieuse est si­
gnifiée la reconnaissance du Seigneur; l'affection des vérités, parce
que ce sont des vérités, est entendue en ce que l'homme, dans sa
joie, s'en est allé, a vendu tout ce qu'il avait, et a acheté le champ
où était caché le trésol', et en ce que pal'eillement le commer'çant
s'en alla vend.'e lout et achela la piene précieuse. Si ceux qui sont
dans l'affection spirituelle du vl'ai sont dits viel'ges, c'est d'après le
mariage du bien et du vrai, d'où procède l'amour conjugal; en
Vers. 4, CHAPITHE QUATOnZIÈME. 33
effet, l'épouse est l'affection du tien, et le mari est l'entendement
du vrai, les femelles et les mâles naissent aussi tels: 01', comme
les viel'ges aiment à êtl'e conjointes à des hommes chez qui il y a
l'entendement du vrai, c'est pour cela qu'elles signifient les affec­
tions du vl'ai. Mais, sur ce sujet, Mil' plusieurs détails dans le
Traité DU CIEL ET DE L'ENFER, N°' 366 à 386, où il s'agit des
mariages dans le Monde spirituel. D'après ces considél'ations, on
peut maintenant voit' ce qui est signifié dans la Parole pal' les
vierges dans les passages suivants; dans les Lamentations: « Les
chemins de Sion sont dons le deuil, parce qu'on ne vient point
à la {ete; toutes ses portes sont dévfl.çtées, ses prêtres gémis­
sent, ses vierges sont tristes, et elle est dans l'amertume. Le
Seigneur a renversé tous mes robwtes flll milieu de moi; il a
proclamé contre moi le temps fixé pour brisel' mes jeulles
hommes: le Seigneur a (oulé le pre.çsoil' SUI' la vierge fille de
Jehudah. Écoutez, tous, je 'L'OIlS pl'ie, peuples; et voyez ma
douleur: !lJ es 1)ierges et mes jeunes hommes sont allés en
captivité. ) - I. h, 15, 18; - la dévastation du Db'in Vrai dans
l'Église est décrite par ces paroles; Sion, de qui elles sont dites, si­
gnifie l't~glise où l'ègne le SeigneUl' par le Divin Vrai; les chemins
de Sion qui sont dans le deuil signinent que les Divins Vrais ne sont
plus chel'chés; (Ion ne vient point à la fête, signifibopoint de cuILe
1)

alol's; (1 toutes ses pOl'tes sont dévastées, signifie qu'il n'y a point ac­
1)

cès vers les \'l'ais; (c ses prêtres gémissent, ses l'ierges sont tristes,)
signifie que les affections du tien et les affeclions du nai ont été pel'·
dues; (Ile Seigneur a renversé tous mes robustes au milieu de moi, li
signifie que toute puissance du vrai contre lcs.faux a péri; (( il a
proclamé contre moi le temps fixé, 1) signifie son demier état, quand
doit venil' le SeigneUl'; pour !Jl'iser mes jeunes hommes, li signi­
(1

fie quand il n'y a plus aucun entendement du vrai; (( le Seigneur a


foulé le pl'essoil' sur la vierge lille de Jehudah, Il signilie quand tous
les vl'ais de la Parole ont été falsiliés; (1 mes vierges el mes jeunes
hommes sont allés en captivilé, signifie quand IOUle affection du
1)

vrai et tout entendement d~ v('ai ont péri pal' les faux. Dans le Même:
(e Ils sonl GI;~is il terl'e, ils se taisent, les anciens de la fiUe de
Sion; ils ont {ait monter de la pOll~sière sur leur tête; ils St
sont ceints de SllCS; elles Ollt {ait descendre à terre leur tête, les
VI. 3.
3/1 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 863.

vierges de Jérusalem. Que t'attesterai-je? A quoi te compa­


rerai-je, 'I)ierge fille de Sion? 1 l~ sont étendus à terre dans
les rues, l'enfant et le vieillard; mes m'erges et mes jeunes
homme,~ SOllt tombés par l'épée. 1) - - Lament. II. 10,13,21;
- pal'cillement pal' ces pamles est décrite la dévastation du Divin
Vrai dans l'ltglise; la fille de Sion est l'Église dans laquelle le Sei­
gneur règne par le Divin Vrai; la douleur à cause de sa dévasta­
tion est décrite par être assis à terre, se taire, faire mOlltel' la pous­
sière SUI' la tête, se ceindre de sacs, faire descendl'e la tête à tel'I'e;
par les anciens de la fille de Sion sont signifiés ceux qui ont été
dans les Divins VI'ais; pal' les vier'ges de Jél'Usalem sont signifiés
ceux qui, d'après l'affection du vrai, ont enseigllé les vrais; ( ils
sont étendus à tel'I'e dans les l'ues, l'enfant et le vieillard, » signifie
que l'innocence et la sagesse ont été perdues avec les Divins VI'ais;
« lTIes vierges et mes jeunes hommes sont tombés pal' l'épée, l) si­

gnifie que tOllte atft'ètion du vrai et tout entendement du vrai ont


péri pal' les faux; la vierge est ['affection du vl'ai, le jeune homme
est l'entendement du vl'ai; tomber par l'épée, c'est périr pal' les faux.
Dalls le Mème : Nos peaux rom112e un l'our ont été noù'cz'es, à
(f

('ause des tempête,5 de la (amine; les (emrnes dans Sion ont


été forcées, les vierges dans les villes de J ehudah; les princes
par leur main ont été pendus, les (ares dps vieillards n'ont
point été honorées. » - Lament. V. 10,11,12; -ces paroles
cm'eloppent de semblables choses; ce qui est signifié par les femmes
dans Sion, pal' les vierges dans les villes de Jehudah, et par les
princes el les vieillards, a été expliqué ci-dessus, No' 540, 555,
655. Dans Amos: (1 Voici. les jours viendront que j'enverrai
IIne (amine en la terre. non pas (amine pour le pain, et nOIt
pas soi(pour les eaux, mais pour entendre les paroles de Jého­
vah; en ce jour-là dé(ailliront les vierges belles et les jeunes
!tommes par la soif. » - VIII. 11, 13; - ces choses ont été
dites du manque du Divin Vrai; ce manque est entendu pal' la fa­
mine et pal' la soif; c'est pourquoi il est dit II non pas famine pOUl'
le pain, non pas soif pour les eaux, mais pour entendre les pal'oles
de Jéhovah; ) que l'affection du vl'ai et l'entendement du vrai doi­
vent cesser d'apl'ès le manque, cela est signifié pal' (1 en cc jour-l'à
Iléf~illil'ont les vierges belles et les jeunes hommes par la soif, ))
Vers, 4, CHAPITlŒ QUATOnZIÈME. 35
Dans Ésaïe: Ct Rougis, Sidon; elfe il dit, lamer, la forteresse

de la me!', di,,{[llt: Je n'ai point été en travail d'enfant, et


je n'ai point ell!(LIItl, et je n'ai point élevé de jeunes hommes
ni !i!it croitre de vierg6s. » - XXlII. Il; - pal' Sidon et Tyr,
il est entendu l'ltglise quant aux connaissances du hien et du vrai,
et pal' la mer et la forteresse de la mer, il est entendu le naturel
où sont ces connaissances; pal' « je n'ai point été en travail d'en-
fan!, ct je n'ai point enfanté, » il est signifié qu'il n'yen a pas cu
de réformAs pal' ces connaissances; et pal' (( je n'ai point élevé de
jeunes hommes, je n'ai point fait cro1tl'e de vierges, ) il est signifié
qne par slllte il n'y• a ni entendement du vrai, ni affection du l'rai,
Dans David: (( Dieu a livré il l'épée son peuple, et contre son
héritage il s' ('st colll'rouré; ses jeunes 1t00mnes, un feu les ~
a dévorés, el ses vierges n'ont point eu de noces dlébràs;
ses prétn's pal' l'épée sont tombés. » - Ps. LXXVllI. 62,63,
6lt; -- ces choses aussi ont été dites de la dévastation de l'Église
pal' les faux et pal' les maux j « Dieu a livre à l'épée son peuple, et
contl'e son héritage il s'est COUl'l'oucé, » signifie que l'f~glise a pél'i
pal' les faux et pal' les maüx; l'épée signilie la deslruclion du vrai
pal' les fall~'(, s'irrit0r signi(je la destruction par les maux; le peuple,
ce sont ccux de l'Église qui sont dans les l'l'ais, et l'héritage CCliX
qui sont dans les biens, maintenant dans les faux et dans les maux;
(( ses jeunes hommes, un feu les a dévorés, » signifie que l'amour
de soi et pal' suite le faste de la propre intelligence ont détruit l'en-
tendement du vrai; (( ses vierges n'ont point eu de noces célébrées,»
signifie que les affections du vrai ont pél'i pal' le non-entendement
du l'l'ai; <l ses pl'ètrcs pal' l'épée sont tombés, » signifie que les biens
de l'Église, qui sonl les biens des œuvres, de 1<1 charité et de la vie,
ont été détruits par les faux, Dans ~loïse : (( Au dehors l'épée
privera, et des chambres la terreur, tant .feune homme que
?Jiergf', enfant qui lelle avec homme de vieillesse. » - - Deutér.
XXXII. 25; - « au dehors l'épée pl'iver'a, ct des chambres la
terrenr, » signilie que le faux el le mal, qui sont de l'enfel', dévas-
teront et l'homme llaturel et l'homme rationnel; (( le jeune homme
et la vierge, » signi[jc l'entendement du vl'ai et l'affection du vrai;
(( l'enfant qui tette ct l'homme de vieillesse, )) signifie l'i[)noc(~nce
et la sagesse. Dans .Téréll1 ie : « Je disperserai par toi les l1ation.~,
36 L'APOCALYPSE EXPLlQU1~E. N" 863,

et je détruirai par toi les royaumes; je disperserai pal' toi le


dteval et le ('ffl)alier; je disperyerai par toi le l'hm" et celui qui
y est porté; je disperserai pal' toi le vieillm'd et le jewie ga,.·
çon;je disperserai par toi le jeune homme et la vierge; je
disperurai par toi le berger et son troupeau; je disperserai
pm' toi le laboureur et son attelage; je di,çpel'serai pal' toi les
gouvel'new's et les magistrats, » - LI. 20, 2t. 22, 23;­
ces choses ont été dites de Jacob et d'Isl'aël, par lesquels dans le
sens suprême il est entendu le Seigneur', qui doit détruire les maux
et les faux dominants dans l'Église ver's le temps de son avéne­
ment; par les nations et les J'oyaumes qu'il détr~ira sont signifiés
les maux el les faux en génél'al; par le cheval et le cavalier sont
signifiés les l'aisollnements d'apl'ès les faux contre les vrais; par le
char et celui Qui y est pOI'té sont signifiés les faux de la doctrine i
pal' le vieil1al'd et le jeune gal'çon sont signifiés les faux confi'I'més
et lion confil'més; pal' le jeune homme et la viel'ge sont signifiés
j'entendement et l'affection du faux; par le hel'gel' et son tl'oupeau
sont siglliliés ceux qui enseignent et ceux qui apprennent; par le la­
boureUl' et son allelage sont signïnées des choses de même nalure;
par les goU\'erneuI's et les magisll'ats SOllt signifiés les pl'incipes du
faux et du mal. Dans Ézéchiel: (1 Jéhovah dit: Pa..çse par le
milieu de la m'Ile, par le milieu de Jérusalem; vieillard et
jeune !tomme, et 1/ierge, et en(ant, et (emmes, tuez jusqu'li
destructioll; maisd'aucun homme s/lr qui (sera) le signe n'ap­
pl'ol'hez, » - IX, h, 6; - pal' ces paroles est décrite la dévas­
tation de toules les choses qui appartiennent à l'Église; par Jé­
l'Usa lem est signifiée celle Egli.:ic; pal' le vieillal'd, le jeune homme,
la vierge, l'enfant el. [es femmes, sont signifiées toutes les choses
de l'Église; pal' le vieillard la sagesse, pal' le jeune homme l'in­
telligence, par la vierge l'affection du \'l'ai, par l'enfant l'inno­
cence, pal' les femmes les biens conjoints aux vrais; tuel' jus:..
qU'à destl'uclion signilie détruil'e entièrement; que ces choses
n'aient point été faites, mais qu'elles aient été seulement \'ues pal'
le pl'ophète, IOI'squ'i1 était en esprit, cela est évident d'apl'ès ce
qui précède là, où il est fait mention des ahominations de la mai­
son d'Israël et de .Iehudah pl'ésentées sous diverses appal'ences
et dil'ers ohjp-ts; et comme ces choses n'ont point été faites,
Vers. II. CHAPITRE QUATOllZIÈME. 37
mais ont été seulement vues, il est manifeste que par [e vieillaI'd,
le jeune homme, [a viel'ge, ['enfant et [es femmes, il est signifié
des choses telles que celles qui ont été dites; ce qui est signifié pal'
n'approcher d'aucun homme sur qui sera le signe, on le voit ci­
dessus, N° 427. Dans Joël: (c Sur mon peuple ils ont jeté le
sort, et ils ont donné le jeune garçon pour la prostituée, et
ont vendu lajeune fille pour le t'in qu'il.~ ont bu, 1) -IV. 3;
- jetel' le sort SUl' [e peuple signilie dispel'sel' les vrais de l'Église
par les faux; donnel' le jeune garçon pOUl' la pl'ostituée signifie fal­
sifier les vrais de la Pal'O[e; vendl'e la jeune fille pOUl' du vin signi­
fie fa[sifiel' les biens de la Parole; Il qu'ils ont bu,)) signifie s'être im­
bibé du faux. Dans Zacharie: Il Le,ç places de la ville seront 1'em­
plie.ç de jeunes garçons et de jeunes filles, jouant dam ses
places. 1) - VIII. 5; - pal' les jeunes garçons et les jeunes filles
sont signifiés les vrais et les biens de l'innocence, tels que sont [es
vrais el les biens de la Parole, qui essentiellement constituent
l'Église; pOl' les places de la ville sont signifiés les doctrinaux;
c'est pour cette raison que les anciens ont enseigné dans les places;
et jouer dans les places signifie étl'e dans [' allégl'esse el dans la
joie à cause des docu'inaux. Dans ,Jérémie: u De nouveauje te
bâtirai, vierge d'Israël; alors se réjouira la vierge dans sa
dame, et les jeunes /tommes el les vieillal'ds ememble. 1) ­

XXXI. 4. 1.3; - pal' la viel'ge d'Israël esl signifiée l'Église d'a­


pl'ès ['affection du vl'ai; «( alol's se réjouira la vierge dans la danse,))
signifie l'allégresse de creul' de ceux qui sonl dans l'affection spiri­
tuelle du vrai, car toute allégresse spil'iluelle vient de l'affection du
vrai; c'est pourquoi, jouer, danser el chanter, el autres ex pressions
semblahles, dans la Parole, se disenl des vierges ct des jeunes filles.
Comme l'Église e~ Église d'apl'ès l'affection spil'iluelle du vrai,
laquelle est l'amoUl' du vl'ai pOUl' le vrai, c'est I)OUI' cela qu'il est
dit dans la Parole çà et là l( Vierge d'/sraël,lI- Jérém. XVIII.
13. XXXI. 4,21. Amos, V. 2;-uVierge fille de Sion, 1 I ­
II Rois, XIX. 21. Itsaïe, XXXVII. 22. Lament. I. la. II. 13;
- I l Vierge fille de~onpellple,)) -Jérém. XIV.1.i;- li Vierge

fille de Sidon, 1) - Ésaïe, XXIII. 12; - Il Vierge fille de l'f.;­


gypte, li - Jérém. XLVI. 11;- et aussi II Vierge fille de Ba­
bel, 1) - Ésaïe, XLVII. 1, - Dans David: Il Ils ont mt" Us c/é­
38 L'APOCALYPSE EXPLIQl1ÉE. N" 863,

marches, ô Dieu! Les démarches de mOrt Dieu, de mon /loi,


dans Le Sanctuaire; devant allaient des chanteuses, ensuite
des joueuses d'instruments, au miLieu de vierges battant du
tambourin. Il - Ps, LXVIII, 25, 26; - ces choses ont été dites
du Seignem', qui est là « mon Dieu et mon Roi; Il et son avénement
est entendu par ses démal'ches ùans le Sanctuaire; par celles qui
chantent, celles qui jouent des instl'uments et celles qui battent du
tambourin, il est signifié tous ceux qui sont de son Royaume spi­
rituel et de son Royaume céleste; par les vierges qui chantent, ceux
qui sont du Royaume spil'ituel du Seigneur; pal' celles qui jouent
des instruments et ballent du tambourin, ceux qui sont de son
Royaume céleste; ils sont dits vierges d'après l'affeelion du vrai et
du bien, et chanter, jouer des instruments et ballre du tympanon
se disent de l'allégresse et de la joie de lem' cœur; car pal' les ins­
truments pulsatoires el Il veul est décl'ile la joie de ceux qui sont
du Royaume céleste, et par les instruments Il cOl'des et pal' les
chants est décrite l'allégresse de ceux qui sont du Royaume spil'i­
tuel. Dans le Même: (( Des filles de rois pal'mi tcs précieuses,
La Reine se tient à ta droite dans L'01' exceLLent d'Ophir;
écoute, fiLLe, et vois; incline ton oreiLLe; aLors Le Roi se déLec­
tera en ta beauté, parce que Lui (il est) ton Seigneur; c'est
pourquoi, prosterne-toi devant Lui, Aussi La fiLLe de Tyr un
présent t'apportera; tes face.~ ils supplieront, Les rielles du
peupLe; toute gLorieuse, La fiLLe de roi en dedans; de tl:SSUS d'or
(esl) son rêtement; en b"oderie,~ eLLe sera amenée au Roi; Les
vierges après eLLe, ses amies, Lui seront amenées, eLLes seront
amenées flrec joie et bondl:~sernent, eLLes viendront dans Le
paLais du Roi, l) - - Ps, XLV, 10 à 16; - que ces choses aient
été dites du Seigneul', cela esl évidellllJal' les Vet's, 3 à 9 qui pré­
cèdent, et pal' les Vers. 17 et 18 qui suivent; el par les illies de
rois sont signifiées les affections du DÏ\'in Vrai; par la Reine, qui
est il sa dl'oite dans 1'01' excellent d'Ophir, il est signifié le Ciel et
l'Église, qui sont dans les Divins Vrais d'après le Divin Bien;
écouler', voit' et incliner' l'oreille, ce qui est1jj de la fille de ('oi, si­
gnifie prêter attenlion, pel'cevoil', obéir, ainsi comprtmdr'e, faire
et devenir sage pal' le Seigneur; par alors le roi se délectera de
(1

ta heaulë, JI il est signiOé qu'alors clle sel'a acc,cplée pal' le Sci­


Vel's. 4. CHAPITRE QllATOltZlJ!;ME. 39
gneur; la beauté se dil de l'affection du vrai, cal' celle alleclion fait
la beauté des anges; c'est poul'quoi, pl'osternc-toi devant Lui, »
(1

signifie le cnlte d'apl'ès un cœur humble; (1 aussi la fille de Tyr un


présent L'apportera, II signifie le culte pal' ceux qui sont dans les
connaissances du vrai; li les faces ils suppliel'ont, lesI'iches du peu­
ple, 1) signifie l'adol'alion pal' ceux qui sont dans ['intelligence d'a­
près ces connaissances; li toute glorieuse, la tille de roi en dedans, Il
signifie l'affection spirituelle du vrai, laquelle est dite glorieuse d'a­
près l'abondance du vl'ai, et en dedans signifie le spil'ituel; (1 de
tissus d'or est son vêtement, Il signifie les vl'ais qui l'evêtent, formés
d'apr'ès le bien de l'amour; «( en brodel'ies elle sel'U amenée au Roi, Il
signifie les apparences du vrai, telles qu'elles sont dans le sens de
la leu,l'e de la Parole; (( les vierges après elle, ses amies, Il signifie
les affections spirituelles-natm'elles du vrai, qui servent; li elles
sel'ont amenées avec joie et bondissement, elles viendront dans le
palais du Roi, Il signifie avec joie céleste dans le Ciel olt est le Sei­
gneur. Comme les filles de roi signi fiaient les all'ections spirituelles
du vrai, el que leul's vêtements signifiaient les vl'ais dans le dernier
de l'ol'dre, tels que sont les vrais de la Parole dans le sens de la
lettre, c'est pour cela que Il lcs filles de roi étaient autre(oi,~ 'Vê­
tues de robes bigarrées, II comme on le lit au sujet de Thamar,
fille de David, - II Sam. XIII. 18. - Dans Zacharie: li Com­
bien grande sa bonté, et combien grande sa beauté! te (1'0­
ment (ait croître tcsjeunes hommes, et te moût tes vierges. 1)
- IX. 17; - ces choses aussi concernent le SeigneuJ', et par sa
bonté et sa beauté il est entendu le Divin Bien ct le Divin Vrai;
Il le fl'oment fait cl'oîll'e les jeunes hommes, et le moût les vierges, JI

signifie que l'entendement du vl'ai et l'affec 1ion du vl'ai sont formés


pal' le bien et par le vrai qui procèdent de Lui, D'après ces pas­
sages, il est évident que pal' les viel'ges dans la Parole sont signi­
fiées les affections du vrai. Pareillement ailleurs; pal' exemple,­
Ésaïe, LXII. 5. Jérém. Il. 32.•Toël, 1. Î, 8. Ps. CXLVllI. 12.
Jug, V. 30. - Comme pal' la vierge était signifiée l'affection du
vrai réel de l'Église, affection qui concorùe elltièl'emen~ avec le bien
de l'amoul', c'est pâlir cela qu'il fut statué «( que te grmut-prêt1'e,
ni t'cuve, ni 1'épudiée, ni corromp1te prostituée Ile prendrait,
mais qll'lme vierge d'entre ses peuptes it prcndmil pour (;pOIlSe,
hO L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 863.

afin de ne point proj(mer sa semence. Il -Lév, XXI. 1.3, U, 1.5;


puis Ézéch, XLIV. 22; - ce passage a été expliqué en particulier ci·
dessus; voir N° 768, Comme par la vierge il est signifié l'affection
du vrai réel, et pal' la vierge déshonorée la falsification du Divin Vrai,
c'est pour cela qu'il futsi sévèrement défendu decommettt'e scot·tation
avec une vierge; par exemple: li Quand quelqu'un aura pe1'suadé
li une vierge, et aura couché (wec eUe, dotant il la dotera à lui
pml1' femme; mais si son père 1'e/iue de la lui dOn1le1', de
l' m'gent il lui paie1'a selon la dot des vierges. Exod. XXII,
1) -

1.5, 1.6, Dentér. Xt'<.II. 28, 29; - ce passage a été expliqué dans
les ARCANES CÉLESTES; voir N°' 9181 à 9186. Comme l'a'ffection
du vrai et l'entendement du vrai constituent un mal'jage, comme
si une vierge était fiancée et mariée à un homme, et qu'ensuite ils
font un comme la volonté et ('entendement, ou comme ('affection et
la pensée, ou comme le bien et le vl'ai chez chaque homme, et que
des affections différentes ne peuvent pas être conjointes à une seule
et même pensée, ou des volontés différentes à un seul et même en­
tenùement, ou des vrais de l'Église diffél'cnls à un seul et même
bien de "amoUl', sans qu'il existe des falsifications et des dissipa­
tions du vl'ai, de là venait que l'union' charnelle avec une viel'ge
fiancée était un crime Jluni de mort, selon ces paroles dans Moïse':
(( Si llIl homme couche d(/l1,~ la ville avec uTlejeune fille vierge
fiancée il un homme, tous deux uront lapidés; mais si c'est
dans le champ, l'homme seul mourra; pour la jeune fille il
n'y II pas crime de m01't. » - Deutél', XXII. 23 à 27; - par
l'aclion charnelle dans la ville il est signifié l'adult6t'ation du bien
et du vrai de la ùoctrine d'après la Parole; en effet, la ville est la
doctl'ine, el la lapidation était la peine pour avoir lésé le vrai de la
doctrine; mais pal' l'action charnelle dans le champ il est signifié
la falsification du vrai de l'Église, avant qu'il ait été reçu comme
doctl'inal, ainsi ce n'est pas ('adultération de son bien; en effet, le
champ est l'Église où le vrai est d'abord implanté, ensuite croit, et
enfin devient chose de docll'ine; c'est pourquoi, l'homme seul devait
mourir, D'après cela, on peut encore voir quit .) )~
par la virginité il est
signifié l'affection pUl'e du vrai, comme -- Lévit. XXI. 13. Deu­
tél', XXII. 13 à 21. Ézéch, XXIII. 3, 8.
SM. Ce sont ceu:r. qui Mtivenl l'Agneau, quelque part
Vers. 4. CHAPITUE QUATORZIÈME. !J:l
qu'il aille, signifie qui ont été conjoints au Seigneur par la
reconnaissance de son Divin Humain, et par la vie Selon ses
préceptes: on le voit par la signification de l'Agneau, en œ que
c'est le Seigneul' quant au Divin Humain, comme ci-dessus, N° SU;
pal' la signilication de Le suivre, quelque part qu'il aille, en ce
que c'est reconnaîll'e son Divin, et faire ses préceptes; pal' suivl'e
le SeigneUl' il est signilié la même chose que par allel' et marchel'
après Lui; qu'aller et marcher après le SeigneUl' signifie recon­
nattre, obéir, faire et vivre pal' Lui et avec Lui, on le voit ci-des­
sus, N° 787; si c'est cela qui est signifié pur suivre le Seigneur,
c'est parce que personne ne peut suivre le Seigneur d'apl'ès soi,
mais que c'est d'après le Seigneur Lui-Même; en effet, le Seigneur
lire après Soi l'homme qni veut librement Le suivre, mais ne peut
tire,' quelqu'un qui ne veut pas_Le suine; cal' le Seigneur effectue
cela chez cet homme, comme si l'homme Le suivait de lui-même;
ainsi il innue dans son libre, et il fail cela pour la l'éception et l'iu.­
plantation du vrai et du bien chez lui, et pat'suite pOll\'la réfot'ma­
tion et la régénération, car s'il ne semblait pas à l'homme qu'il
suit le Seigneur comme pal' lui-même, c'est-à-dire, qu'il reconnait
son Divin et fait ses pl'éceptes con)~le par lui-même, il n'y aurait
aucune appropl'iation ni aucune conjonction, et pal' suite aucune
réformation ni aucune régénération, cal' dans l'homme enll'e et de­
vient comme lui appartenant tout ce qu'il reçoit d'apl'ès le libl'e t
c'est-à-dil'e, comme pal'lui-même, soit qu'il pense eL parle, soit
qu'il \'euille et fasse; mais cependant l'homme doittoujol\l's cl'oire,
ainsi que la chose est en elle-même, qu'il fait cela non pal' lui­
même, mais d'après le Seigneur'; c'est pourquoi il n'est pas dit
qu'il doit faire pal' lui-même, mais comme pal' lui-même: s'il en
est ainsi, c'est aussi pal'ce que l'homme ne perçoit pas l'opération
du Seigneur dans sa volonté el pal' suite dans sa pensée, cal'I'homme
ne sait rien de sa conjonction avec les Anges; c'est pourquoi il s'i­
magine que LouL ce qu'il veuL et pense, il le veut el le pense par
lui-même; il ne peUL donc savoir autl'ement, sinon que comme si
cela était fait par lui-Sême, 101'sque cependant tout hien intlue, Lant
le bien qu'il pense que celui qu'il veut et que par suite il fait; et
eomme il sait cela d'après la doctrine de l'Église, Il savoir, que tout
bien vient de Dieu, c'est pOUl' cela qu'il doit cl'oire qu'il ne fait pas
[12 L'APOCALYPSE EXPLlQuBE. N" 864.

le bien par lui-même, quoiqu'il le fasse comme par lui-même; ainsi


est entendu ce que le Seigneur a enseigné dans Marc: «( Il en est
du Royaume de Dieu comme si un homme jetle lasemence.sur
la terre; qu'il dorme ensuite, et qu'il se lève, de nuit et de jour;
la semence cependant germe et croit sans qu'il sache com­
ment. )) - IV. 26, 2ï; - et dans Jean: (1 Un homme ne peut
rien recevoir, à moins qu'il ne llli ait été donné du Ciel. Il ­
III. 27; - et dans le Même: (( Celui qui demeure en 111ai, et
Moi en lui, celui-Nt porte beaucoup de (ruit, car sans llloi,
vous Ae pouvez (aire rien. II - XV. 5. - Si reconnaître le Di vin
Humain du Seigneur et fail'e ses préceptes, c'est le suivre, c'est parce
qu'on ne peut pas être conjoint au Seigneur aull'ement : que chacun
soit conjoint au Seigneur selon la reconnaissance et la confession du
Seigneur d'après le cœur et selon la vie, on peutie voir en ce que
tous les Anges du Ciel ne reconnaissent d'autre Divin que le Divin
du SeigneuI', et de ce que tous les Anges des Cieux vivent selon les
lois de l'ordre, qui sont ses préceptes, c'est-à-dire, vivent dans le
Divin qui pl'ocède du Seigneur et qui est appelé Divin Vrai: comme
ils vivent ainsi, ils·vivent dans l'aure céleste ou dans l'éther cé­
leste, dans lequel ne peut être admis que quiconque est dans la vie
pl'ocëdallt du Seigneur; si un autre entrait dans cet éther, il sel'ait
comme des rats mis sous une machine pneumatique d'où l'air est
extmit, D'après ces considérations, on peut voir ce qui est signifié
dans le sens spil'ituel pal' suivre le SeigneuI', quelque part qu'il
aille: il est signilié la même chose par Le suivre dans les passages
suivants; dans Jean: (( Jésus dit: illoi, je suis la lumière du
monde; celui qui Mc suit ne n2aI·c!tera pas dans les Unebres,
mais il aura la lumièrc de la 1'Ïe. )1 - VIII. 12; - (( Moi, je
suis la lumièl'e du monùe, Il signilie qu'il est le Divin Vl'ai Même;
(( celui qui Me suit, )) signifie celui qui reconnaît son Divin, et fait
ses pl'éceptes; (( ne marchel'a point dans les ténèbres, II signifie
qu'il Ile sera point dans les faux; II mais il aura la lumière de la
"ie, Il signilie qu'il sel'a dans les Divins VI'ais, qui enseignent à
l'homme la vie éternelle, el conduisent au Ciel; que dans ce pas­
sage, par suivre le Seigneur, il soit entenà'u, non pas Le suivre,
mais l'econnattre SOIl Divin et Lui obéir, cela est évident. Dans le
Même: (1 Le bergcr des brebi,~, quand il a (ait sortir ses pro·
"Cl'S. li. CHAPITUE QUATOnZIEME.
43
pres brebis, marche devant elles, et ses brebis le suivent, parce

qu'elles connaissent sa voix; or, un étranger elles ne suim'ont


point, mais elle/) le litiront, parce qu'elles ne connaissent poillt
des étrangers la voix. 111 es brebis ma 't'oix enlendent, et Moi
je les connais, et elles ill e suirent. Il - X. II, 5,27; - là aussi
pal' suiVl'e le Seigneur, il est entendu reconnaHre son Divin et Lui
obéir, car il est dit qu'il marche devant ses propres bl'ebis, et que
ses hrebis Le suivent, et connaissent et entendent sa voix; connaHre
et entendre la voix du Seigneur signifie faire ses préceptes, Dans
les Évangélistes: (( Quiconque reut venir après Jlfai, qu'il re­
nonce à soi-même, et qu'il Me suive. » - Matlh. XVI. 2lt.
Marc, VIII. 3lt. Luc, IX. 23; - qu'aller après le Seigneur et le
suivre, ce soit renoncer à soi.même, cela est é\'idenl; et renoncer
à soi-même, c'est être conduit non pal' soi mais par le Seigneur,
et il l'enonce à lui-même, celui qui fuit et a en avers.ion les maux
pal'ce qu'ils sont des péchés; quand l'homme les a en aversion, il
est conduit pal' le Seigneur, car il fait les préceptes du Seigneur,
non par lui-même, mais d'après le Seigneur. De semblables choses
sont.aussi signifiées ailleurs par suivre le Seigneur; pal' exemple,
- Matlh. XIX. 21,28. Marc, Il..1ft, 15. Ill, 7,8, X. 21,28,
29. Luc, XVIII. 22, 28, Jean, XII. 26. XIII. 36, 37. XXI. Hl
à 22. - D'après ces considérations, on peut voir que suivre le
Seigneur, c'est êlre conduit pal' Lui et non par soi-même, et nul
autre ne peut être conduit par le Seigneur, que celui qui n'est pas
conduit par lui-même; et pal' soi-même est conciuit quiconQ,ue ne
fuit pas les maux parce qu'ils sont contl'e la Parole, et ainsi contre
Dieu, par conséquent parce qu'ils sont des péehés et viennent de
J'enfer; quiconque ne fuit pas ainsi les maux, et ne les a pas ainsi
en avel'sion, est conduit pal' soi-même; la raison de cela, c'est que
Je mal, que l'homme tienl de l'héréditaire, fait sa vie, parce que ce
mal est son propre, et que J'homme, a"ant que les maux aieol été
éloignés, fait lout d'après eux, ainsi d'apl'es lui-même: mais il en
est autl'ement quand les maux onl été éloignés, ce qui arrive quand
il les fuit parce qu'ils sont infel'llaux; alol's le Seigneur entre avec
les vrais et les biens du Ciel, et il le conduit: la pl'incipale raison,
c'est que chaque homme est son amOlli', et que l'homme, quant à
son cs[)('it, qui vit apl'es la mort, n'est que l'affection qui IIppal'lient
h!J L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 864.

à son amour, et tout mal vient de son amour, ainsi appal'tien! il sou
amour; de là il suit que \'amoUl' ou l'affection de l'homme ne peut
être l'éformé que par la fuite et l'aversion spil'ituelle des maux,
lesquelles sont la fuite et l'aversion des choses qui sont infernales.
D'après cela, on peut maintenant voir ce que c'est que suivre le
Seigneur, quelque palt qu'i! aille.
865. Eux ont été achetés d'entre les hommes, prémices à
Dieu et li l'Agneau, signifie eux reçus dans la nouvelle Église
par le Seigneur: on le voit par la signification des achetés par le
Seigneur, en ce que ce sont ceux qui reçoivent l'instruction d'après
la Parole, principalement sur le Seigneur, et qui vivent selon celle
instruction, ainsi qu'il a été montré ci-dessus, N° 860; ce sont
aussi les mêmes qui sont dits l'achetés pal' le Seigneur', et les l'ache­
tés sont ceux qui ont été régénél'és par le Seigneur, et ceux-ci sont
ceux qui suivent le Seigneur, c'est-à-dil'e, qui sont conduits pa,r
Lui, comme il vient d'ëtre dit; et pal' la signification des prémices
de Dieu et ùe l'Agneau, en ce que ce sont ceux qui se sont don­
nés au Seigneur' et ont été adoptés pal' Lui; que ce soit ceux qui
sont de la Nouvelle Église, on peut le voir en ce qu'il sont dits
« IH'émices Li Dieu et il l'Agneau, ) car ceux qui sont reçus dans
cette Église reconnaissent le Divin Humain du Seignelll', et vivent
selon ses pl'éceptes; les ault'es ne sont point reçus dans la nou­
velle Église, qui est appelée la Nouvelle Jérusalem, par lâ raison
que ceux qui ne croient pas cela, et ne vivent pas ainsi, ne con­
cOl'd~nt pas avec la vie du Ciel, ni avec la lumièl'e du Ciel, ni avec
la chaleur du Ciel, car la lumière du Ciel est le Divin Vrai, d'où
pl'ocèdent toute intelligence et toute sagesse, ct la chaleur du Ciel
est le Divin Bien, d'où procèdent tout amoul' et toute charité: toute
affection de ('homme, et toutf\ pensée qui pl'o\'ient de l'affection,
sont non-seulement au dedans de lui et font sa vie, mois sont aussi
hOl's de lui et font la sphère de sa vie; de là vient que le Ciel est
distingué en sociétés selon les \'3I'iétés des affections et des pensées
de ces affections; c'est pourquoi, si les affections et les pensées ne
sont pas des affections et des pensées spirilueHes, lesquelles sont
uniquement formées d'après la reconnaissance du SeigneUl' et la vie
selon ses préceptes, elles ne peuvent être admises dans aucune so­
r,ié~é du Ciel, cal' elles sont opposées; de là vient que ceux qui ne
Vcrs, II, CHAPlTRE QUATOHZIÈME. !.J5
reconnaissent pas le Divin Humain du Seigneur, eL Ile vivent pas
selon ses préceptes dans la Pal'ole, ne peuvent pas être consociés
aux Anges du Ciel. Qu'il en soit ainsi, c'est ce qui est devenu évi;;
dent pOUl' moi par de nombreuses expériences: 11 y en avait qui
n'avaient pensé à l'égard du Seigneur que comme à l'égal'd d'un
autl'c homme, et qui avaient vécu dans la foi d'aujoUl'd'hui, qui esL
la foi cogilative, salis aucun bien de la vie; comme cellx-ci avaient
cru que la vie étel'nelle consistait seulement à être inLl'oduit dans
le Ciel, ils fm'ent d'après leur souhait admis dans une société;
mais dès que la lumièr'e du Ciel fl'appa leurs yeux, ils commen-
cèrenL quanL à la vue et en même Lemps quant à l'enLendement à
éll'e touL-à-fait dans l'obscurité, et à tomber dans la stupeuI' et dans
la stupidité; et quand la chaleur du Ciel souilla SUI' eux, ils com-
menrel'ent à être tourmentés d'une manière afi'J'cuse, et à se roulel'
quant à la LêLe et quant aux memhres comme des serpenLs; c'est
pourqnoi, ils se jetèrent en: has, en jurant qu'enll'er dans le Ciel,
sans être dans la lumièl'e et dans la chalem' du Ciel, c'éLait pour
eux l'enfer, et qll'i1s n'avaient pas su que chacun a le Ciel d'apl'ès
l'amoUl' et la foi, ou d'après la vie selon les pl'éceptes du Seigneur
dans la Parole et d'après la foi au Seigneur, et nul'Iement d'apf<ès
la foi sans la vie de la foi, qui est la chari Lé, II sera dit en peu de
mots ce que signifient les pl'émices dans la Pal'ole : Les prémices
signifient les mêmes choses que les Premiers-nés;: mais les pre-
miel's-nés se disent des animaux, et les pl'émices se disent des vé- ...
gétaux; ainsi les premiers-nés sont les choses qui naissent en pre-
miel' lieu, eL les prémices sont d'entre les premières choses quf
sont produitl'.8; et les unes et les autl'es signifient le bien spil'iluel
le premier formé, qui en lui-meme est le vl'ai d'après le bien pl'O-
cédant du Seigneur: cela til;e son origine de ce que chez l'homme
il y a deux mentais, le mental naLurel et le menLal spirituel; d'a-
près le seul mental naturel il n'est produit qUI:) le mal et pal' suite
le faux; mais dèS que I~ menlal spil'ituel a été ouvert, il est produit
le bien et par suite le vl'ai; ce qui est d'abol'd produit est entendu
pal' le premier-né et par les pl'émîces : et comme Lou tes les choses
qui naissent du mental spil'Huel eL sont pl'oduiles viennent non de
l'homme mais du 8eigneUJ', c'est pOUl' cela que ces choses étaient
sanctiliées à Jéhovah, c'est-à-dit'e, au SeignliU1', par celte raison
46 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. ri" 8,Oô,

qu'elles Lui appartenaient, et que par suite elles étaient saintes; et


comme ce qui est né ou pl'qduit le premiel' signifie toutes les choses
qui suivent en sél'ie, de même que le conducteur signifie le peuple et
le berger le troupeau; voilà poul'quoi, pal' cela que les pl'emiers-nés
et les prémices avaient été donnés au Seigneur, il était signilié que
toutes les autres choses Lui appal'tenaient aussi. Mais pour qlle cela
vienne avec encore plus de clal'té dans l'entendement, il faut qu'oll
sache que le mental pUl'cment naturel est fOl'mé selon le modèle ou
l'image du monde, et le mental spil'ituel selon le modèle ou l'image
du Ciel, et que le mentalspiriluel n'est ouvert chez l'homme que
par la reconnaissance du Di vin du Seigneut' et par la vie selon ses
pl'éceptes; et avant que ce mental ait été ouvel't, il n'est produit
aucun bien ni pal' suite aucun vrai; mais dès qn'il a été ouvel't, il
y a production, et ce qui est produit vient du Seigneur; le pl'emier
donc qui est produit est dit saillt, et signifie que toutes les choses,
qui ensuite sont produites, sont saintes: d'apl'ès ces considérations,
il est évident que ['ouverture de l'utérus ou de la matrice signifie
l'ouvel'ture du mental spirituel; si l'ouverture de l'utérus ou de la
matrice a celle signilication, c'est aussi d'après la cOl'l'espondance,
car l'ntérus correspond au bien de l'amOlli' céleste; SUI' celle COI'­
l'espondance, voir ci-dessus, N° 710, et dans les ARCANES CÉ­
LESTES, No' 4918, 5050 à 5062. Comme les choses qui viennent
d'êlt'e dites étaient signifiées pal' les prémices, et que les biens et
les vrais du Ciel et de l'Église etaient signifiés par les choses qui
appartiennent à.la moisson, pal' exemple, [lai' le froment, l'orge,
etc., et aussi pal' la laine, pal'eillement pal' les bêtes utiles et pures,
de là vient que les premiers-nés de celles-ci, et les prémices de
celles-là, étaient donnés au Seigneur; et comme le gr'and-prêtre
repl'ésentait le Seigneur quant à son sacerdoce, qui est le hien de
l'amour, c'est pour cela que les premiers-nés et les prémices élaient
donnés à ce prêtl'e, et pal' suite étaient sanctifi~es toutes les choses
qui avaient été produites de hlé, de vin et d'huile. Mais, sur ces
prémices, t'oir les statuts pOUl' les fils d'Israêl dans la Loi de Moïse;
par exemple, SUI' les Pl'émices des Pl'Oduclions de la terre, de tout
blé, huile, moû.t, fruits de l'al'bre, et aussi des (oisons, sans parler
des premiel's-nés du gros et du menu bétail, toutes choses données
comme saintes à Jéhovah, et par Jéhovah à Aharon, et apl'ès lui
Vers. !J. CHAPITHE QUATORZlJ~ME. !l7
au gl'and-pl'êtr'o, - Exod. XXII. 18. Nomb. XlII. 20. XV. 17
à 22. XVIII. 8 à 20. Deutér, XVllI. /J. XXVI. 1. il 19: - et
SUI' la fête des pt'émices de la moisson, el des prémices du pain,­
Exod. XXIII. H, 15, 16, 19, 26. Lévit. 9, 10, '11,12,13, 1!J;
15, 20, 2'1, 22, 23, 2/J, 25. l\:omb. XXVlII. 26 à la fin; - et
ailleurs. D'après ces considél'ations, on peut maintenant voir que
pal' prémices il Dien et à l'Agneau Il il est entendu ceux qui se­
(c

ront de la Nouvelle Église, appelée Nouvelle Jérusalem, lesquels


reconnaissenl 10 Divitl Humain du Seigneur, et vivent la vie de l'a­
mour, c'cst-à-dil'e, la vie selon les préceptes du Seigneur dans la
Parole; chez eux et non chez les autres a élé ouvert le mental spi­
rituel; c'est pOUl'quoi les autl'es ne sonl point conduits pal' le Sei­
gneul', ou ne suivent point le Seigneur, quelque part qu'il aille.
Que pal' Dieu ct ['Agneau, dans l'Apocalypse, ·il soit entendu le
Seigneut' quant à son Divin et en même temps quant à son Divin
Humain, on le voit ci-dessus, No, 297, 3H, 3!J3, /J60, !J82.
866. Et dam' leur bouche il n'a point été trouvé de fraude,
signifie qu'ils ont en aversion de pense,,: et de persuader les­
faux: on le ,'oil pal' la signilicalion de la bouche, en ce qu'elle
est la pensée et pal' suite le langage, pal' conséquent aussi la pel'­
suasion, ainsi qu'il a été montré ci-dessus, N°' 580, 782, 79/J; et
pal' la signification de la fraude. en ce que c'est de propos déter­
miné, ainsi avec l'intention qui appartient à la volonté de trom­
per et de séduire, par conséquent avec le mental (animus) de pen­
ser et de persuader les faux qui perdenl l'homme à étemité : que
de telles choses ne soient point chez ceux qui sont conduits par le
Seigneur ou qui Le suivent, cela est signifié en ce que Il dans leUl'
bouche il n'a point été tl'ouvé de fr'aude, Il cal' le Seigneur est le
Divin Vl'ai uni au Divin Bien; dans ce vrai et dans ce bien sont
tous ceux qni sont dans le Seigneur', lesquels sont ceux qui reCOD­
naissent son Divin Humain et font ses préceptes; et comme pense l'
les faux est coutre le Divin VI'ai, et que vouloil' les persuader est
contr'e le Divin Bien, voilà pourquoi ils ont cela en aversion. Ce
que la fl'aude signifie en outre dans la Parole, on peut le voil' pal'
les passages oü il en est parlé; par exemple, dans les suivants; dans
Jean: « J ésu,~ dit de iVathanaiJl, qu.i venait à Lui: Voici un
t'rai lsraétitp.. en qui il n'y fi point df fl'aude. 1) I. 118;­
-
48 L'APOCALYPSE ~XPLlQUÉE. ~. 866.

par un ISl'aélite il est signifié qui est dans le bien de la charité el


d'apl'ès ce bien dans les vrais, ainsi qui est dans les vrais d'après
le bien; eux aussi sont ceux qui sont entendus par les cent qua­
rante-quatre milliers qui suivent le Seigneur, et dans la houche
desquels il n'est point trouvé de fraude; c'est pourquoi, là, par la
fraude, il est signifié la même chose. Dans Séphanie : Il, Les restes
d'Ism(!l ne (eront point la perversité, et ne pronon('eront
point le mensonge, et il ne sera p'oint trouvé dans leur bOlu:he
une langue de (raude. Il - Ill. 13; - pal' les restes d'Israël il
est entendu ceux qui sonL dans la foi spirituelle, parce qu'ils sont
dans le bien de la cllal'itr, de même que ci-dessus pal' le vl'ai Israé­
lite; pal' prononce l' le mensonge il est signifié enseigner le faux
par ignorance du ".'l'ai; mais par la fl'aude il est signilié le faux
non pat' ignol'ance du vl'ai, mais pal' résolution, ainsi pal' propos
délibéré de tromper, comme cela a lieu chez les impies. Pal'eille­
ment ùans les passages qui suivent: Il De violence il Il' a point
fait, .et point de (raude en sa vouche. 1) -Ésare, LIlI. g; ­
là, il s'agit du SeigneUl'. Il De ln fraude et de la violence qu'il
rachèle mon âme. Il - Ps. LXXII. H.-« Ses "iches ont été
rempli,~ de violence, et ses habitant.~ prononcent le mensonge;
et, quant il leur langue, la /;'aude est dan.~ leltl· bouche. II ­
Mich. VI. 12. - Il Ils remplissent la maison de leurs seigneurs
de violente et de fraude. )) - Séphan. I. g. - Il Les hommes
de .~ang et de lraude ne parviendront pas à la moilié de leurs
jours. II - Ps. LV. 2h. - Il Tu perdras ceux qui prononcent
le mensonge; l'homme de sang et de fraude est en abomina­
tion il Jéhovah. Il - Ps. V. 7;- pal' la violence et pal' le sang il est
signifié la perversion du vl'ai et la falsification cie la Pal'ole, et pal'
la fraude il esl signifié qne cela est fait de propos délihéré. Il Jého­
"Vah! prÜe l'oreille à mes prières, qui (sont) sans lèvres dB
fraude. II - Ps. XVIl. 1. - li Garde ta langue du mal, et tes
lèvres de prononcer la fraude. II - Ps. XXXIV. 1h. - Il Si
mes lèvres prononçaient l'iniquité, et que ma langue pro­
nonçât la fraude. II - Job, XXVII. h. - Il Jéhovah! délz't're
mon âme de la lèv1'e de mensonge, de la langue de fraude.
Que te donnera, que t'ajoutera la langve de lraude? II - Ps.
exx. 2, 3. - Il Ta bouche tu ouvres pour le mal, et ta lan­
Vere. 5. CHAPITRE QUATORZIÈME. 49
gue trame lo. fraude. Il - Ps. L. :19. - « Une bouche d'impie,
une bouc/te de f/'aude contre Moi ils ont ow:ert ; ils ont parlé
(tvec moi d'une lo.ngue de mensonge. )) - Ps. CIX. 2. - Cl .Ta
langue pense des destructions, comme un m.wir affilé, la
fraude. Il - Ps. LH. 4, 6. - II l: homme de son. compagnon
se moque, et la vérité ils ne prononcenllJoint; ils ont instruit
leur langue il prononcer le mensonge; ton habitation (est) au.
milieu de ln fraude; à cau~e de la p'(lude, ils ont refll.~/; de
Me conludtre. Il - Jérém. IX. 4,5; - par les lèvres el la langue,
avec lesquelles ils prononcent le mensonge eL la fmude, il esL signi­
fié la pensée avec intention de pCl'suader' les faux contrc les vrais
et de séduit'e, car les lèvres el la langue signifient la même chose
que:l(bouche. II Heureux l'homme auquel JéllOwh /t'impute
point l'iniquité! que seulement dans son esprit il n'y ait point
de fi·aude. )) - Ps. XXXlL 2. - « Les paroles de sa bouche,
iniquité et (raude; il cesse d'être intelligent, de faire le bien.))
- Ps. XXXVI. h. - « Prononce/'I'iniquité, et pronol/cer la
fraude. Il ~ Job, XIIl. 7; - l'iniquilé concerne le mal, et la
f1'aude le faux du mal. (1 De l'homme de fraude et de perve/'­
.~ité, JéhOt'a!z! délirre-moi. II . - Ps. XLIII. 1. - Cl Celui qui
est net de,~ main.~ el pur de l'œw', qui ne pO/·te point à la t'll­
lliLé son âme, et ne jW'e point avet.' fi·{/ude. Il - Ps. XXIV.
ft. - Il Contre les (gens) tranquilles de la terre des paroles de
fraude ils pensent, et ils O/tt dilaté leur bOUt'he cOl/tre moi.))
- Ps. XXXV. 20, 21. - II Destructions au milieu d'elle; de
sa place Ile se retù'eront point la tromperie et la fi'azule.l)­
Ps. LV. 12. - « Tu as foulé aux pieds tous ceux qui se dé­
tOIl1"naient de tes statuts, pm'ce que mensonge (est) leur
fraude. Il - Ps. CXIX. 118. - Il Il s'est détourné, ce peu­
ple; Jérusalem, qui s'est détournée, contin.ue; ils /'etiennent
la (raude; ils refilsellt de se l'etoumer; j'ai été attentif et
j'ai écouté; ce qui n'est point dro,it ils prononcent. Il - Jérém.
VIII. [); -- dans ces passages, pal' la fraude il est entendu, non pas
la fraude dans le sens naturel, dans lequel la fl'a.ude est une machi­
nation de tt'ompel'ie et un mensonge pal' malice contl'e un autre,
mais la fl'aude dans le sens spirituel, dans lequel la fraude est la
pensée d'après l'iOlention de la volont~, ou de propos délibéré ou
VI. 4.
50 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 866.

déterminé de pl'ononcer et de persuade l' des faux, et ainsi de perdre


l'âme. Pareillement au sujet des Prophètes, dans Jérémie: (( Cela
n'e.~t-il pas dans le cœur des prophètes qui prophétisent le
mensonge, et des prophètes de la fraude de leur cœur? Il ­
XXIII. 26. - Dllns leMême : Cl Les prophètes! vision de men­
songe, prestiges, et néant, et fraude de leur cœur, eux, ils
VOliS prophétisent. Il - XIV. 1lt; - pal' les prophètes, dans le
sens spirituel, sont signifiés ceüx qui enseignent les vrais d'apl'ès
la Parolc et la doctrine, et pal' suite dans le sens abstl'ait pal' eux
est signifiée la Parole quant il. la doctrine; c'est pourquoi, pal' eux
dans le sens opposé, comme dans ces passages, sont signifiés ceux
qui enseignent les faux, ainsi ceux qui falsilientles vrais de la Pa­
l'ole; cela étant fait de propos délibéré est entendu par la fraude de
leul' cœUl" Que pal' la fraude il soit entendu la falsification des vé­
rités de la Parole pal' propos délibéré, puis aussi pal' cupidité de
seduirc, on le voit clairemenl dans 1I0sée: (( Ils M'ont environné
de mensonge, Éphraïm; et de fraude, la maison d'Israël. Il
- XII. 1; - pal' Éphraïm est signifié l'entendement des vérités
de l'Église, et par la maison d'lsraêll'Église elle-même; pal' suite
par la fraude et le mensonge il est signifié pel'suader les faux pm'
p.'opos délihéré et pal' cupidité. Dans le Même: (( Ils sont devenus
comme Ill/. arc de fraude; ils tomberont par l'épée. leurs
princes, il cause de l'indignation de leur langue. )l - VII.
16; - ct dans David: Ils se sont retournés comme un arc
(1

de fraude, » - Ps. LXXVIll. 57; - ils sont compal'és à un al'C


de fraude, parce que par ['arc est signifiée la doctrine qui combat,
ùans l'un et dans \'uutl'e sens, à savoir, lu doctrine du faux, qui
combat contre le vrai, el la doctrine du \'l'ai, qui combat contre le
faux, cal' les flèche" et les traits signifient le!> faux ou les vrais,
pal' lesquels on combat; que ce soit là ce qui est signifié par l'urc
el par les traits, on le voit ci-dessus, N° 357; d'après cela, il est
de nouveau évident que pal' la fraude il est entendu dans le sens
spirituel la fraude qui est contre les vl'Uis et1es biens de la Parole
et de l'Église, ainsi l'intention (animus) et la cupidité de les dé­
tl'uil'c. Que l'intention et la cupidité de détruire les vrais et les
biens de la Parole, de la doclrine et de l'Église, ainsi de propos
déterminé el délibéré, soient signifiées pal' la fraude, on le voit dans
Vers, 5. CHAPITHE QUATORZIÈME. 51
Jérémie: (1 Ils épient comme font les oiseleurs, ils dressent un
piége destructew' pour prendre des hommelj; comme une cage
pleine (l'où;eaux, de mlme leurs maisons (sont) pleines de
fraude. 1) - V. 26, 27, - Dans Moïse: « Quand de propos
délibéré uura agi un homme contre son compagnon pour le
tuer par fraude, d'auprès de mon autel tu le prendras afin
qu'il meure. 1) - Exod. XXI. 1!J, - Et comme cela était un
péché si grave, \'oilà pourquoi il est dit dans Jérémie: (( Maudit
(soit) celui qui fait "œuvre de Jéhovah al~ec fraude! 1) ­
XLVlIl, 10;-si la fl'aude élait un cl'ime si gl'ave, c'est parce
que le p.'opos déterminé et délibéré appartient à la volonté, et que
tout ce qui appartient à la volonté appartient à l'homme lui-même,
et est appelé le mal de son creul" en effet, la volonté est l'homme
lui-même, tandis que la pensée, avant le consentement, qui appar­
lient à la volonté, n'est point dans l'homme, mais est hOl'S de lui,
puisque les choses qui influent dans la pensée sont comme les ob­
jets qui influent du monde dans la vue, dont quelques-uns plaisent
et d'autl'es ne plaisent point, et ceux qui plaisen t entreut dans
le plaisil' de sa vie, mais ceux qui ne plaisent point sont rejetés;
il en est ainsi de tout ce qui influe dans la vue inlel'OC de l'homme,
qui appal'lient à son entendement et par suite à sa pensée; si la
chose plait, elle entre dans sa volonté ct s'ajoute il sa vie, mais
si elle ne plait point, elle est rejetée. Il faut qu'on sache que
tous les méchants ont l'intention et la cupidité, conséquemment
la volonté de détl'uil'e les vl'ais du Ciel et de l'Église pal' des
faux. la raison de cela, c'est qu'ils ont été conjoints à l'enfel''
et que les infel'naux d'après le plaisir de leUl' amoul' brfilent du
désir de déll'uire toutes les choses du Ciel et de l'Église; et cela
par des fraudes astucieuses qu'ils tl'amenl avec adresse et qu'ils
exécutent d'une manière SUl'pl'ellante; si je les décrivais d'après
l'ex pél'ience, je remplirais des pages. pal' là j'ai vu clairement
que pal' la fl'aude, en général, il esl signilié tout mal avec inten­
tion de délruire les \'l'ais pal' les faux, Voir en outre ce qui a été
écrit sur la Fraude dan~ les ARCANES CÉLESTES, à savoir, que la
fl'aude détruil le tont de la ~'ie spirituelle et intél'ieul'e chez ['hom­
me, N° 9013 : que la fl'aude, la fourb<wie et la feinte étaienl pour
les Anciens un crime énorme, N° 3573 : que les fourbes ins­
52 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 866.

pectés pUI' les Anges apparaissent comme des sel'pents et des vi­
pèl'es, N° b533 : que même ils sont entendus dans la Parole pal'
les serpents et pal' les vipèl'es, N° 9013 : que le venin dans la Pa­
l'ole signifie la fl'auùe, N° 901.3 : des peines de ceux qui ont tendu
des embùches aux autl'es et les ont trompés par des fJ'audes,
N°' 831, 957, !J58, 959, 960, 1273 : de leurs enfers, No' 830,
831, 9!J7, !a95l.
867. Car il.ç sont sans tac/le devant le Trône de Dieu, si­
gnifie qu'ils sont il la vue des Allgès sans les {aux d'apr~s le
mal: on le voit pal' la signification d'être sans taclle, en ce que
c'est être sans les fa 1:1 X d'après le mal, ainsi qu'il va être expliqué;
et pal' la siguification de del:ant le trône de Dieu, en ce que c'est
il la vue des Anges; que [lai' le trône de Dieu il soit entendu le
Ciel où sont les Anges, on le voit ci-dessus, N° 253. S'ils appu­
l'aissent sans tache il la vue des Anges du Ciel, c'est parce qu'ils sont
conduits pal' le Seigneur', et que le SeigneUl' pOUl'voit continuelle­
ment à ce qu'aucun faux Il'entl'e dans leur volonté; il est admis, il
est \'l'ai, dans la pensée, mais non au-delà, el il en est rejeté; et
ce qui est rejeté de la pensée ne souille pas l'homme, mais ce qui
en est tiré (lat' la \'olont6 de l'homme le souille; en effet, cela ap­
paltient il son amolli' et devient chose de son amoul', ainsi chose de
sa vie, et s'attache aussi à ses actes, et cela ne peut être éloigné que
pal' une sél'ieuse et actuelle pénitenl:e de la vie, car la volonté, l'a­
mou 1" la vie ct les acles font un et sonl entendus dans la Parole par le
cœUl' : de là vient donc que ccux qui sont conduits pal' le Seigneur,
ou Le suivenl, sonl sans tache. Il est inévitable que l'homme pense
le faux, et aussi le mal, tant parce qu'il est né dans les maux de
tout genre, que parce que les doctrines de l'Église aujoul'd'hui ne
sent pas des doctrines ùe la vie, mais sont seulement des doctrines
de la foi, et que la doctrine de la foi séparée d'avec la vie n'enseigne
point les vrais par lesquels l'homme peut êlt'e réformé quant à la
vic: mais ceux qui sont dans le Seigneur, eeux-Ià sont tenus dans
l'affection spirituelle du \Tai, et ceux qui sont dans cette affection
peuvent, il est vrai, recevoir des faux, mais toutefois non d'un plein
consentement, mais seulement en tant qu'ils ne sont pas en désac­
cOI'd avec le hien et pal' suite avec les vrais: c'est poul'quoi, quand
ceux qui SOllt dans l'affection spirituelle du vrai puisent quelques
Vers, 5. CHAPITRE QUATOHZIÈME. 53
faux, ils peuvent facilement les rejetet', quand ils entendent les
vrais, tant dans ce monde que dans l'autr'e; telle est l'affection spi­
rituelle du vrai; c'est pOUl'quoi, ceux qui sont dans cette affection
sont perfectionnés ell intelligence et en sagesse étel'Oellement, ils
ont aussi la faculté de compt'endre les vrais: mais ceux qui ne sont
pas dans celle affection t'efusent et de comprcndt'e et d'entendre les
vl'ais; c'est pOUl'quoi, ils ne sont dans aucune faculte de les com­
prendre: qu'il en soit ainsi, une expét'ience génét'ale m'en a donné
la preuve dans le Monde spirrtuel. Maintenant, comme les Anges
du Ciel ne pel'çoivellt chez l'homme autl'e chose que son amOUI', et
par suite ses affections, ses désil's et ses plaisirs, pal' conséquent
ses fins, pour lesquelles il pense de telle manière et non de telle
autre, quand donc chez lui ils pet'çoivent l'amoUl' du vl'ai pour les
usages de la vie, qui sont les fins, alors ils ne voient aucun faux
d'apl'ès le mal, et si par aventure ils voient des faux d'apl'ès le
non-mal, ils savent toujours que ces faux Ile nllisent pas, parce
qu'en eux il n'y a pas le mal: les faux d'après le mal sont les faux
mêmes qui viennent de l'enfer, et cela, pat'ce que ces faux SOllt des
formes du mal, et qu'ainsi en eux il y a aussi les maux, Quant à
ce qui concerne Il sans tache, Il cela signifie entie,' et sans défaut j
mais, dans le sens spil'ituel, cela signilie sans les faux d'apt'ès le
mal: c'est pourquoi, liu nombre des prohibitions était celle-ci,
I( que l'homme de la semence d'Ahat'oll, en qui il y alll'ait une

tache, n'appt'ochel'ait point de l'autel, et n'entrerait point au de~


dans du voile, Il - Lévit. XXI. 17 à 23; - et I( qu'i'l Ile serait
fait aucun sacrifice, soit de bœufs, de veaux, de chèvres ou d'a­
gneaux, dans lesquels il y aurait une tache, ») -l.évit. XXII, 19
à 25 : - dans beaucoup d'endroits de la Parole il est fait anssi
mention de taches, et par to~tes ces tâches il est signifié des faux
et des maux de divet's genres.
868, Vers. Ô, i, Etie vis un autre Ange qui rolait par le
milieu du Ciel, ayant l'Ét'angile éternel, pour évangélisel'
ceux qui habitent sur la terre, et toute natiOJl, et tribu, et
langue, et peuple, - disant d'une 1)oix. grande: Craignez
Dieu, et donnez-Lui gloire~ parce qu'est venue l'heure de
son jugement ; et adol'ez Celui qui a fail le Ciel, el la terre,
et la mer, et le, sources des eaux, - Et je 1JÎS Ult autl'c Al1ge
54 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 868.

qui volait par le milieu du Ciel~ signiOe la manifestation de lout


côté par le Seigneur: ayant l'Évangile éternel. signilie sur son
avénemenL et sur ia salvation de ceux qui cl'oienL en Lni : pour
év{mgéliser ceux qui habitent sur la terre. signifie l'annonce
de cela à lous ceux qui sont de l'Église: et toute nation. et tribu.
et langue. et peuple? signifie à lous ceux qui sont dans les biens
eL pal' suite dans les vrais de Iii vie et de la doclJ'ine: disant d'une
voix grande, signifie l'exhol'Ialion : craignez Dieu. et donnez­
Lui gloire, signifie pOUl' qu'ils adol'enL le Seigneur d'après son
Divin Vrai par la vie selon ce Vl'ai: parce qu'est venue l'heure
de son jugement. signifie la sépal'alion de ceux qui vivent selon
les Divins Vl'ais d'avec ceux qui ne vivent pas selon ces vrais: et
adorez Ceilli qui a {ait le Ciel. et la terre. et la mer. et les
sources des eaux. signifie la reconnaissance el la confession du
SeigneUl', de qui pl'ocëde le 10nL du Ciel et de l'Église, I)t de qui
procède le Divin Vl'ai ou la Pa l'Ole.
869. Et je ris un autre Ange qui volait par le milieu du
Ciel. signifie la manifestation de tout côté par le Seigneur:
on le voit pal' la signification de l'Ange qui volait par le milieu
du Ciel. ell ce que c'est la manifeslation de tout cOté pal' le Sei­
gneur; en effel, pal' (' Ange il esl signifié quelque chose venanL du
Seigneur, pal'ce qne les Anges sont" Anges, non par eux-mêmes,
mais pal' le Seigneul" cal' ils wnt les l'écipienLs du Divin Vrai qui
procède dn Seigneur; c'est aussi pOUl' cela que les Anges dans la
Parole signilienL les Divins VI'ais; le Ciel lui-même u'est pas Ciel
non plus par le (ll'Opre des Anges, mais il l'est d'après le Divin
qui est chez eux; sur ce sujel, voi,. ci-dessus, N01130, 200,302:
pal' voler il est signifié la cil'conspeclion eL la présence; voir aussi
ci-dessus, N° 282, mais ici la manifestation, parce qu'il a mani­
feslé l'avénement d,li SeigneUl', qui esL entendu pal' C( ayant l'évan­
gile étcmel, l) et aussi l'avénement du Jugemenl demier; et pal'
(1 le milieu Il il est signifié de lout cÔlé, comme aussi ci-dessus,

N° 3t3 : de là.il est évident que pal' l'Ange qui volait pal'Ie milieu
du Ciel il cst signifié la manifeslalion de toul cOté par le Seigneul'.
870. Ayant/' ÉVllngiie éternel~ signifie sur son al)énement
, et ,çzir la salvation de ceux qui croient en Lui: on le voit pal'
la significaLion de l' É7'angill', en cc que c'est "avénemonl dn Sei­
Vers. 6. CHAPIT1Œ QUATORZIÈME. 55
gneur, et alol's la salvalion de ceux qui croient en Lui; ca,' il ya
eu et il doit aussi y avoir avénement du Seigneut' à la consomma-
tion du siècle, c'est-à-dire, il la fin d'une vieille Église el au com-
mencement d'une nouvelle Église, et alOl's aussi Jugement dernieJ',
comme il a été montl'é ci-dessus, N° 612; et par la signification d'é-
ternel, en ce que c'est le Divin quant à l'exister: Il y a deux uni-
versaux pal' lesquels est exprimé le Divin, à savoil', l'Infini et l'É-
lernel; l'Infini est le Divin quant il l'ÈII'e, et l'J~ternel est le Divin
quant à l'Exister, et l'un et l'aull'e doit être enlendu d'une manière
suréminente, à savoil', sans l'espace et sans le temps; celui qui
pen~e à l'Infini et à l'Éternel d'après l'espace et d'après le temps,
celui-là tombe dans des el'renrs; car l'espace et le lemps sonl les
propres de la nature, dans lesquels est l'homme quant il ses idées,
100'Squ'i1 vit dans le Monde naturel, mais il n'est poinl en eux lors-
qu'il laisse le Monde el vient dans le Ciel; il appal'aU, il est vrai,
dans le Ciel des espaces et des temps absolument comme dans le
Monde, mais ce sont seulement les apparences des états chez les
Anges; car les étals de leur' affection el de leur pensée se présenlent
devant leUl,/, sens exlernes comme des espaces et comme des temps,
mais néanmoins ne sont pas des espaces el des temps comme dans
le Monde naturel; or, quels ils sont, on peut le voil' pal' deux ul'li-
cles dans le Traité DU CIEL ET DE L'ENFER, où il s'agillle l'espace
et du lemps dan~ le Ciel. Comme le Divin est Infini el Éternel,
c'est pour cela que dans Ioules et dans chacune des choses qui sont
faites par le Divin il ya l'Intini el l'Éternel ; de là vient donc que l'É-
vangile, pal' lequel il est signifié l'avénement du Seigneur et la sal-
vation des fidèles, est dit éternel: que l'Infini et \' J~ternel se disent
du Seigneur Seul, on le voit ci-dessus, N°s 23, 286. Que l'Évan-
gile signifie l'avénemenl du Seigneur, et alors la salvalion des fi-
dèles, on le voit par les passages de l'un et de l'autre Testament,
où il esl dit n:vangile (bonne nouvelle), lesquels ont été l'apportés
ci-dessus, N° 612. Quant à ce qui concerne l'avénement du Sei-
gneur, quelques-uns croient que le Seigneur doit venir de nOll\'eau
en personne, et cela pour faire le .J ugement dernier, et ils ont celle
Cl'oyance, pal'ce qu'il esl dil dans Matthieu: Les disciple.~ s'ap-
(1

prochèrent, disant à J ésu,~ : Dis-nous quet (sera) le signe de


ton at,énement et de la consommation du .~ièete. JI - XXIV.
56 L' APOCAL YPSE EXPLiQUÉE. N" 870.

3; - et apres que le Seigneul' leur eut prédit les étals de l'Église


déclinant successivement-jusqu'a sa dévastation et à sa consom­
mation, il dit: li Alors apparaW'a le signe du Fils de l'homme
dans le Ciel, et on verra le Fils de r homme venant sur les
nuées du Ciel avec puissance et gloire. Veillez donc, parce
que VOliS ne sm:ez à quelle heure votre Seigneur viendra. 11­
Vers. 30,39, lI2; - [luis aussi dansJean,- XXI. 22 ;-- mais
là par son avénement il est entendu, non pas son a\'énement ènpel'~
sonne, mais qu'alors il se l'évèlera dans la Parole, en cela que Lui~
Même est Jéhovah, le Seigneul' du Ciel et de la terre, et que Lui
Seul sel'il adoré pal' tous ceux qui seront de sa Nouvelle Église,
elltendue pal' la NOl1\'eni Jérusalem; c'est aussi pOUl' celle fin qu'il
a maintenant ouvel't le sens inteme ou spirituel de la Parole, sens
dans lequel il s'agit pal'tout du Seigneur: c'est aussi cela qui est
enlendu pal' son avénement dans les nuées du Ciel avec gloire, ­
Mallh. XXIV. 30. XXVI. M. Mal'c, Xll1. 26. XIV. 62. Luc,
XXI. 27; - que tes nuées du Ciel signilientla Parole dans la let­
tre, et la gloil'e son sens spil'ituel, on le voil ci-dessus, N°s 36,
594. Puisque Lui-Même est la Parole, ainsi qu'il est appelé dans
Jean, - 1. 1, 2, 1!J, - voilà pourquoi sa révélation dans la Pa­
l'ole est son avénement.
871. Pour écangéliser ceux qui habitent sur la terre, si­
gnifie l'annonce de cela li tous ceux qui .çont de l'liglise : on
le voit pal' la signification d'éllangéliser, en ce que c'est annoncel'
l'avénement du Seigneul', ainsi qu'il vient d'ètl'e monll'é, N° 810;
et pal' la signification lie ceux qui habitent sur la telTe, en ce
que ce sont ceux qui sont de l'Église, et spécialement là les bons;
que la tel'l'6 soit l'Église, on le voit ci-dessus, No' 29, SO!J, 6i3,
lJ17, (i07, 7lJt, 7lI2, 752; et qu'habiter se dise des bons, on le ­
voit N°s !J79, 66'2.
872. Et toute nation, et tribu, et langue, et peuple, si­
gnifie à tous ('eu.x qui sont dans les biens et pm- suite dans les
vrais de la vie et de la doctrine: on le voit par la signification
ùe la nation, en ce que ce sont ceu" qui sont dans le bien de la
"ie, pal'ce qu'ils sont dans le bien de l'amoUl', comme ci-dessus,
No' 175, 33'1, 625; par la signification de la t1'ibu, en ce que ce
sont ceux f1ui sont.dans les \Tais d'après le bien, comme ci-dessus,
Vel'S, 6, CHAPITRE QUATORZiÈME. 67
N°' 39, h30, U1; pal' la signification de la langue, en ce que
c'est la confession d'après le bien dn cœur, ainsi dans le bien de la
doctl'ine, comme ci-dessus, NOl lJ55, 625; et pal' la signification
du peuple, en ce que ce sont ceux qui sont dans les vl'ais de la doc­
lI'ine, comme aussi ci-dessus, N°' 175, 331, 625; d'après cela, il
est évident que par le loute nation, et tl'ibn, ct langue, et peuple,l)
sont signifiés tous ceux qui sont dans les biens et par suite dans les
vl'ais de la vie et de la doCll'ine, ainsi tant les simples que les sa­
vants, en quelque endroit qu'ils soient, ou au dedans de l'Église~ ou
hors de l'Église. St!lon le sens de la leUre, par Il toute nation, tribu,
langue et peuple, JI il est entendu tons, de quelque religion qu'ils
soient; mais dans le sens spil'iluel, il est entendu tous ceux qui
vivent bien et comprennent bien,
873, Disant d'une voix grande, signifie l'exhortation:
on le voit par la signification d'une voix grande, en ce que c'est
l'exhortation, parce que celle ex pression enveloppe les choses qui
suivent, où il est dit II craignez Dieu, et donnez-Lui gloÏl'e : JI Dans
la Parole il est tl'ès-souvent dit CI une voix, Il puis aussi I( une voix
gr'ande, 1) et quand il s'agit du Seigneur, ou des Anges du Sei­
gneul', il est signilié en génél'al le Divin VI'ai, et tout ce qui pl'O­
cède du Seigneur, par conséquent aussi le commandement et le
pl'écepte, de même encore l'exhortation, et plusieul's choses, dont
il est pal'lé ci-de·ssus; t'oir No' 261, 302, lJ2lJ, 668,682; cal'
une voix venant des Anges esl une voix qui vient, non pas d'eux,
mais du Seigneur pal' eux.
87lJ. Craignez Dieu, et donnez-Lui gloire, signifie pour
qu'ils adorent le Seigneur d'après son Dit'in Vrai par la vie
selon ce vrai: on le \'oit pal' la signification de crnindre Dieu.,
en ce que c'est rél'él'el' et adol'er le Seigneur, comme ci-dessus,
N° 696; et par la signilication de Lui donner gloire, en ce que
c'est vi\'re selon le Divin VI'ai, c'est-à-dire, selon ses préceples dans
la Parole; par la gloire, lorsqu'il s'agit du Seigneur, il est signifié
le DiI:in Vrai pl'océdant de Lui, ainsi la Parole telle qu'elle est dans
le Ciel, car elle est pour les Anges une lumièr'e pal' laquelle 16
Seignem' manifesle sa gloire; en effet, par celle lumière il doiine
l'intelligence et la sagesse, et il pl'ésente aussi devant leul's yeux
rl~s magnificences qui brillellt pal' les choses leS plus précieuses;
58 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. 1\·874,

cela dans le sens le plus proche est signifié par la gloire du Sei­
gneul'; mais comme toutes ces choses sont données pal' le Seigneur
selon la réception du Divin V,'ai pr'océdant de Lui, ces magnili­
cences, qui brillent comme d'or et ùe Ilier'res pl'écieuses dans des
formes admirables, leur apparaissent absolument selon la sagesse
chez eux, car elles sont des correspondances: toutefois, comme ils
ont la sagesse selon la réception ùu Divin Vrai non-seulement par
la doctrine mais aussi par la vie, c'est pou,' cela que par Lui don­
ner gloire il est signifié vivre selon le Divin Vl'ai, Dans le Monde
on croit que la sagesse, pal' conséquent le Ciel, est à ceux qui savent
les Divins Vrais et qui en parlent avec science, 10l's même qu'ils
ne vivraient pas selon ces vrais; mais je puis attestel' que cPoux-11l
n'ont aucune sagesse; ils apparaissent, il est l'l'ai, êtl'e dans la
sagesse quand ils padent, mais dès qu'ils pensent en leur esprit ou
avec eux-mêmes, ils ne sont nullement sages, et même parfois ils
délil'ent comme des insensé.~, en pensant contre les Divins Vrais
qu'ils ont prononcés: il en est tout autrement de ceux qui vivent
selon les Divins Vrais; ceux-ci pensent sagement avec eux-mêmes,
et padent sagement aussi avec les autres; il m'a été donné de le
sa\'oir par mille exemples de J'cxpél'iencc dans le Monde spir'ituel,
car Iii sont manifestées des choses qui sont absolument inconnues
aux hommes dans le Monde natul'el; j'en ai er.tendu plusieurs y
parler si sagement, que je cl'oyais qu'ils étaient d'entre les Auges
du Ciel intérieur, mais néanmoins ils devinrent des diables, par'ce
qu'ils avaient rempli de l'l'ais leur mémoil'e par amoul' de la gloir'e,
.el n'avaient pas vécu selon ces vrais; c'est pourquoi, dès qu'ils
rentl'aient en eux-mêmes el dans l'amour de leur rie, ils par­
laient contre les vrais el disaient des ex tl'a\'agances, comme s'ils
n'avaient absolument rien sn cles l'l'ais: pal'Ià j'ai c1air'ement \'u que
chez presque tous il ya la facullé de comprendre, afin qu'ils puis­
sent êlre réformés; mais celui qui ne vit pas la vie du \'l'ai ne veut
pas etre réformé, et (;elui qui ne \'eut pas èlre réformé rejelle suc­
cessivement de Ini toutes les choses qui ont appartenu à son intelli­
gence et à sa sagesse, et il vil SOli amolli' qui esl conll'e ces choses,
et enfin il va trouver ceux qui sont dans l'enfer et dans un amour
semblable au sien, D'après ces considérations, on peut voit' que
donner gloil'e il Dieu signifie vivre selon le Divin Vrai; c'est même
Yeu. 7. CHAPITRE QUATORZIÈME. 59
ce que le Seigneur a enseigné par ces pal'oles, dans Jean: «( En
ceci a été glorifié mon Père, que beaucoup de (1'uit vous por­
tiez, et que l'OIIS deveniez mes disciples. Demeurez dans mon
"amour; si me,~ comrnalldemellt,ç vous gardez, vous demeu­
rerez dalls mon amour. Vous, mes amis VOliS ~te,ç, si vous j'aites
toutes le,~ choses que Moi je vous commande. 1) - XV. 8, 10,
14; - de là il est évident que gloriliel' Dieu, ou donner gloire à
Dieu, c'est pOl'tel' du fmil. Voir en outl'e les choses qui ont été
précédemment dites de la gloire; pal' exemple, que la gloire signifie
le Divin Vrai procédant ùu SeigneUl', et la l'éception de ce vrai par
les Anges et pal' les hommes, No' 33, 288, 345; et que la gloire
du Seigneur consiste à illustrel' les hommes et les Anges, et à les
béatifier de sagesse et ùe félicité, ce qui est uniquemenl fait au
moyen de la réception du Divin Vrai pal' la doctrine el en même
temps pal' la vie.
8io. Pa1'ce fIu'est venue l'heure de sonjl.lgement, signifie
lu séparation de teux qui vÎ1:ent selon les Divins Vrais d'avec
ceux qui Ile "rivent pas selon ces vrais: on le voit par la signi­
fication de l' heure, en ce qne c'est l'état, ici le dernier état de
l'Église, ainsi qu'il va être montré; et par la signification du ju­
gement, en ce que c'est la séparation des bons d'a\'ec les mé­
chants, ainsi de ceux qui vivent selon les Divins Vrais du Seigneur
d'avec ceux qui ne vivent pas selon ces vl'ais, car ceux-ci sont les
méchants, et ceux-là sont les hons; que leur séparation soit signi­
fiée pal' le Jugement dernier, on peutIe voir par les choses qui ont
été dites dans l'Opuscule DU JUGEMENT DERNlER : que ce soit la
séparation de ceux qui vivent selon les Divins Vrais d'avec ceux
qui ne vivent pas selon crs vrai:>, on peut le voir par les passages
de la Pal'ole où il s'agit du Jugement der'nier; par exemple, par
le Chapitre XXIV, dans Matthieu, où est décrite la séparation
des hrebis d'avec les boucs, en ce que les brebis sont ceux qui o.nt
fait les biens, et les boucs ceux qui n'ont pas fait les biens; puis,
par les passages de la Pal'ole, où il est dit que chacun sel'a jugé
selon ses œuvres, c'est-il-dire, selon sa vie, comme - Matth.
XVI. 27, Jean, V. 29. Apoc. XIV, 13, XII. 12, 13. XXII.
12, - et ailleul's; voir ci-dessus, N° 785, S'il est dit l'heure
du jugement, c'est pal'cc que l'heUl'e signifie lion-seulement le
60 L' APOCALYPSE I~XPLlQ(JÉE. N" 875.

teœps mais aussi l'élat, comme le JOUI', la semaine, le mois,


l'année, et en général le temps; voir ci-dessus, Nol 57:1., 610,
66A, 673, 7!J7, 761; et SUI' la significalion de l'heure, en parti­
euliel', No' 19!J, !J88, 673 : si dans la Parole il est dit tant de fois
l'heure et le jour, c'est à cause du sens spirituel dans chaque chose
de la Parole, car lorsque ('homme pense à l'heure et au JOUI', et par
suite au temps, les Anges qui sont dans le sens spil'ituel de la Pa­
role pensent à l'état; cela vient de ce que les Anges n'ont aucune
idée du temps, puisque pour eux il n'y a pas des jours, des se­
maines, des mois et des années, tels qu'ils sont dans le Monde,
mais il ya pour eux des changements d'état, d'apl'ès lesquels ils
mesuren t les choses qui se succèden t; SUI' ce sujet, voir dans le
Traité DU CIEL ET DE L'ENFER, NOl 162 à 169, où il s'agit du
temps dans le Ciel.
876. Et adorez Celui qui a {ait le Ciel, et la terre, et la
mer, et les sources des eaux, signifie la reconnaissance et la
con{ession du Seigneur, de qui procède le tout du Ciel et de
l'Église, et de qui procède le Divin Vrai Olt la Parole: on le
voit pal' la signification d'ado1'er, en ce que c'est reconnattre de
cœur, ainsi confessel' et rendre un cuIte, comme ci-dessus, Nos 790,
805, 821; par la signification du Ciel et de la ten'e, en ce que
c'est l'interne et l'externe de l't~glise, comme aussi ci-dessus,
NOl 30fJ, 752; si e'est le Ciel el l'Église qui sont signifiés, c'est
parce l'interne de l'Église chez l'homme est le Ciel; en effet, cet
inlel'De est en conjonction avec les Anges, au point qu'il faH un
avec eux; cal', ainsi qu'il a été dit ci-dessus, l'inlel'ne de l'hotnme
est formé au modèle et à l'image du C.iel, et l'externe au Modèle
et à l'image du M.onde j 01', l'Église chez ('homme, lorsqu'il Yi'
dans le Monde, est dans son naIUl'e!, qui est son exte,'ne, mllis il y
a Église chez l'homme dans son naturel ou extel'De, alo,'s que ('in·
terne a été ouvert, car il n'y a pas Églis~ ehez quelqu'un, à moins
qu'au dedans de lui il n'y ait le Ciel, d'où il y a par le Seigneur
illustration et influx dans le naturel ou externe qui est au-dessous;
et par la signification de la mer, en ce que c'esL le Divin Vrai dans
les derniers, ainsi la Parole dans la le11'"e, car c'est là le Divin Vrai
dans les demiers; si la mel' a cette sigllilicati(}n, c'est parce que dans
lès derniers du Ciel il apparat! comme des mers, Cal' c'est le Divin
\'ers, 7. CHAPITRE QUATORZIÈME. 6'l
Vrai procédant du SeigneUl' qui forme les Cieux et toutes les choses
qui y sont; les Cieux supériem's apparaissent comme s'Us étaient
dans une atmosphère éthél'ée, les Cieux infél'ieurs comme s'ils
étaient dans une atmosphèl'e aél'ienne, et les Cieux infimes comme
dans une atmosphère 'aqueuse; celle atmosphère-ci, aux yeux de
ceux qui se tiennent au loin, apparat! comme une mel', mais non à
ceux qui y habitent; ceux qui y habitent sont dans les derniel's du
Divin Vrai; ce Divin Vrai est tel qu'est la Pal'ole dans le sells de la
leUI'e, de là vient qu'il est signifié par la mel' ; mais, sur ce sujet,
voir ci-dessus, N°' 275, 342, 511,600. Si la mel' signifie ici la
Parole dans la lettre, c'est par'ce qu'il est dit « la mer et les sources
des eaux, » et que les sources des eaux signifient le Divin Vl'ai in­
térieur, tel qu'est la Parole dans le sens spil'ituel; que la source
des eaux signifie ce VI'ai, on peut le voir par des passages de la
Pamle, et pal' l'explication qui en a été donnée ci-dessus, N° 1183;
que les sources des eaux ici signifient les Divins Vl'ais qui sont ex­
traits de la Parole, on peut le voir en ce que par le Ciel et la terre
Uest signifié l'intel'De etl'exter'ne de l'Église, et que l'un et l'autl'e
a été formé par le Divin Vrai ou la Pal'ole, comme il est dit dans
Jean, - I. 1, 2, U, - l'interne ~e l'Église pal' le Divin Vl'ai
spÏl'ituel, et l'extel'De par le Divin Vrai naturel; c'est pour cela
qu'au nomhre des choses faites pal' le Seigneur, il est aussi faiL
mention ici des sources des eaux, D'après ces considérations et plu­
sieurs aull'es, on peut voil' comment les idées spil'ituelles, qui ap­
partiennent aux Anges, diffèl'ent des idées naturelles qui appar­
tiennent aux hommes; par adOl'el' Celui qui a fait le Ciel et la terre,
et la mer et les sources des eaux, les Anges, qui ont des idées spi­
rituelles, n'entendent autl'e chose que la reconnaissance et la con­
fession du Seigneur, de qui procède le tout du Ciel et de l'Église,
et de qui procède le Divin Vrai ou la Pal'ole clans le sens 'naturel et
dans le sens spirituel; la l'aisoll pour laquelle les Anges compren­
lient ainsi ces pal'oles, c'est que les Cieux dans lesquels ils sont,
qui il la vee apparaissent absolument semblables à nos telTes, mais
pleins de paradis, de parterres émaillés de fleurs, et de lieux de
verdure, ne sont pas permanents comme les terres de notl'e globe,
mais en un instant ils existent absolument selon la réception du
Divin Vl'ai pal' les Anges; e'est pourquoi les faces de toutes choses
62 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉ~. 1'\·876.

y sont aussi changées, de même qu'est changé l'étal de réception,


et par suite l'état de leur intelligence et de leur sagesse, ainsi se­
lon les états de l'Église chez eux, t~llement que, de même que
pour eux est l'Itglise, de même aussi existent d'une manière COI'­
respondante toutes choses devant leul' vue; lors donc que les Cieux
et la terre sont nommés, ils ne peuvent avoil' d'autre idée que l'idée
de l'Église, parce que pour eux toutes choses viennent de là : les
hommes, au contl'aire, 10l'sque le Ciel et la terre sont nommés, ne
peuvent pas avoir ceLLe idée spirituelle, parce qu'ils ignorent ces
choses, mais ils ont l'idée naturelle, qui est selon leur vue.; cal' ils
,'oient le Ciel et la tene, qui sonl pel'manents et ne changent pas,
comme dans les Cieux angéliques, selon la l'éception du Divin Vrai
et de l'Église; c'est pourquoi pal' le Ciel ils n'entendent pas autre
chose que le Ciel visihle, ni pal' la terre autl'e chose que la terre
habitée par les hommes. L'état du Ciel et de la Lel're selon l'état
de l'l<~glise était représenté chez les lils d'lsl'aël, en ce que les faces
de la terre de Canaan, où ils hahitaient, étaient changées selon les
états de l'Église chez eux, mais seulement quant aux productions,
à savoir, de la moisson, de l'olivier, du cep, des fruits, et quant
aux pluies; mais cela arrivait, plll'ce que toutes choses chez eux
étaient représentatives des célestes: de là vient qu'il est dit si sou­
vent dans la Parole que la lel'l'e donnel'a ses produits, s'ils gal'dent
les statuts et s'ils les font; mais aujourd'hui il en est autrement,
parce que les intérieurs de l'ltglise ont été ou\'el'ls par le Sei­
gneur', et que les externes, qui étaient représentatifs des inté­
rieurs, ont cessé. D'après ces considél'alions, on voit encol'e clai­
rement quelle dilférenr.e il y a enlre les idées des Anges et les
idées des hommes sur le nouveau Ciel et SUI' la nou\·elle terre, car
les Anges d'apl'ès leurs idées pel'çoivenlla destl'uttion des Cieux eL
des terres dans le Monde spirituel, elles hommes la destruction des
Cieux et des lel"'es dans le Monde naturel; et même dans le Monde
sph'ituel, selon les prédictions, Ollt pél'i les Cieux et les lerres SUI'
lesquels étaient ceux qui a'·aient vécu une vie morale dans les
externes, et non en même temps sllirituel1e d'après les internes;
mais, SUI' ce sujet, voir plusieul's choses dOlls l'Opuscule DU Ju­
GEMENT DERNIER.
877, Vers. 8, Et un autl'e Ange ~l/i?)it, disarlt .. Elle est
Vers. 8. CHAPiTRE QUATORZIÈME. 63
tombée. elle est tombée. Babylone. cette ville grande. parce
que du vin de la {ureur de sa scortation el/e a ab7'euvé toutes les
nations. - Et un autre Ange suivit. signifie une manifestation
pal' le Seigneul' : disant: Elle est tombée. elle est tombée. Ba­
bylone. signifie la damnation el la destruction de ceux qui ont
transféré en eux le divin pouvoil' du Seigneur: cette villv grande.
signifie la dévastation et la destruction quant à toules les choses de
la doclrine chez eux: parce que du vin de la {ureur de sa scor­
tation l'ile a abreuvé toutes les nations. signifie l'adullél'ation
de toutes les choses du bien du Ciel et de l'Église par les faux
.affreux du mal.
8i8. Et un autre Ange suivit• .n"g1li(ie une mani{estation
par le Seigneur: on peul le voir pal' les choses qui ont été dites
ci-dessus au sujet de l'Ange qui volail par le milieu du Ciel, où
par l'Ange il esl aussi signifié une mallifestation pal' le Seigneur.
Si alors lin autl'e Ange a été vu, c'est parce que par le pl'écédent il
a été fait une manifestation sur l'avénement du Seigneul', et sur la
séparation des hons d'avec les méchanls, et que par celui-ci il a été
fait une manifestation-sul' le Jugement dernier qui est proche.
8i9. Disant: Elle est tombée. elle est tombée. Babylone.
signi(i.e la damnation et la destruction de ceux qui ont trans­
{éré en eux le divin pouvoir du Seigneur: on le \'oit par la si­
gnification de elle est tombée. elle est tombée. en cc que c'est
qu'ils onl été damnés et entièremellt détruits; et par la significa­
tioll de Babylone. en ce que ce sonl ceux qui ont transféré ell eux
le divin pouvoir du Seigneur: il esl dit (( elle est tombée, elle est
tombée, 1) parce qu'il s'agit de Bahylone comme ville; mais quand
par Babyloue il est entendu ceux qui onl ll'ansfél'é en eux le divin
pou\'oir du Seigneur, et pal' la ville grande toutes les choses de
leul' doctrine, alol's par tomber il esl signilié être délruit; ainsi
(1 tombel' li esl changé en (1 être déll'uit, l) selon l'altribution du

sujet. Ce que Babylone signifie engénél'al et en pal'liculiel' sera dit


plus loin aux Chap. XVII el XVlll, où il s'agit de Babylone et de
sa destruction. Dans ce Vel'set il s'agil de Babylone, et dans les
qualJ'e suivants, de la bête du dl'agon, et ensuite à la fin de ce Cha­
pitre, de la dé\'astation de l'Église en génél'al : s'il s'agil de Ba­
hylone et de la bêle du l\l'agon, c'est parce que dans ce qui suit il
64 L'APOCALYPSE EXPLIQU~;K N"879.
s'agit de la dévastation de l'Église, d'abord en général, et ensuite
en particulier, et enfin du Jugement dernier. Mais sur la dévasta­
\ion de l'Église il sera donné comme préliminaire ce qui suit:
Toute Église dans son commencement est dans l'amour de fail'e les
biens, et dans l'amoUl' de savoir les vrais, mais par laps de temps
elle est dévastée quant aux biens et quant aux vrais, jusqu'à ce
qu'il n'y ait plus aucun bien ni aucun vrai dans l'Église: elle est
d'abord dévastée par l'amour de dominel' au moyen des choses
saintes, puis successivement sur les Ames des hommes, et enlin sur
le Ciel, et SUI' le Seigneul' Lui-~Ième; cela, dans l'Apocalypse, est
décrit pal' Babylone, et par la pl'ostituée assise sUl'la bête écarlate;
elle est en second lieu dé\'astée paI' la foi séparée d'avec la charité,
ainsi d'avec les biens de la vie, et enlin pal' la foi seule, dans la­
quelle il n'y a l'ien du vl'ai; cela, dans l'Apocalypse, cst décrit par
le dragon et pal' ses deux bêtes; c'est dans ces deux choses que
se terminent les primitifs.de l'Église, qui étaient, comme il a été
dit, l'amoul' de faire les biens et l'amoul' de savoir les vrais, et
quand ils s'y sont terminés, l'Itglise a été dévastée : l'amour de
faire les biens est changé successivement en amour de faire des
maux, qui sont appelés biens, et l'amour de sa\'oir les vrais en
amour de sllvoir des faux, qui sont appelés vrais; chez ceux qui
sont décrits par Babylone tout le bien de l'Église est adultél'é, et
par suite aussi tout son l'l'ai, car l'un suit l'autre; mais chez ceux
qui sont décl'its pal' le dragon tout le l'l'ai de l'Église est falsilié, et
l)al' suite aussi tout son bien, cal' l'un suit l'autl'e; ceci a lieu chez
les Réformés qui ont accepté la foi seule pour J'essentiel de l'Église,
et cela a lieu chez les Catholiques-Romains qui ont fait la domina­
tion sUl'les choses sàiïilëSdu Ciell'essenliél de l'Église: mais com­
ment hi. foi seule a dé\'3sté l'Église, cela a été montl'é ci-dessus,
où il a été traité du dr'agon et de ses deux bêtes; et comment la
domination sur les choses saintes du Ciel a dévasté l'~glise, cela
sera dit plus loin aux Chap, XVII et XVIII. Maintenant, d'après
ces explications, on peut voil' d'où vient que dans ce Verset il est
parlé de Babylone, dans les quatl'e suivants, de la bête du dragon,
et par suite, à la lin de ce Cbapitre, de la dévastatioll de l'Église
en général, et plus loin, Chap. XV et XVI, de la dévastation de
l'Église en pal'tif,uli(lr.
Vers. 8. CHAPITRE QUATOnZIÈME. 65
880. Cette ville grande, signifie la dévastation et la des-
truction quant à toutes les choses de la doctrine chez eux:
on le voit par la signification de tomber, quand cela est dit ù'une
ville, en ce que c'est être dévasté et détruit, comme ci-dessus,
N° 8i9; et pal' la signification de la ville, en ce que c'est la do/,,,-
trine et toutes les choses qui la concernent, comme ci-dessus,
N° 223; il est dit la ville grande, parce qu'il est signifié une doc-
trine pleine ùe maux et de faux du mal, car grand se dit du bien,
et dans le sens opposé il se dit du mal; voir N°s 336, 33i. Par
« elle est tombée, Babylone, celle ville gr'ande, 1) il est signifié que
chez ceux qui sont entendus pal' Babylone ont été dévastés tous les
biens eL tous les vrais, et aussi qu'eux-mêmes au temps du Juge-
ment derniel' seront entièrement détt'uits; qu'ils aient aussi été dé-
tt'uits, et que leul's grandes villes, qui étaient situées au midi et au
septentrion, aienL été entièrement renvel'sées, et que ceux qui y
habitaient aient été jetés dans les enfers, on le voit d'après ce qui a
été rappol'té, dans l'Opuscule DU JUGEMENT DERNIER, SUt' la Baby-
Ionie: de là il est évident que pal' cc elle est tombée, elle est tombée,
Babylone, celle ville graflde, Il il est entendu deux choses, à savoil',
la dévastation de leur Eglise quant à tous les biens et à tous les vl'ais
dans le Monde, puis aussi leUt' destruction au temps du Jugement
del'nier, On cl'oit que par la destruction de la Bahylonie il est en-
tendu la destruction de celle religion dans le Monde; cep~ndant, il
n'est pas entendu sa destruction dans le Monde, mais il est entendu
sa dévastation, là, quaflt à tous les biens-et à tous les vrais du Ciel
et de l'Église, ainsi la destruction de ceux qui ont tl'ansféré en eux
le ;divin pouvoir du SeigneUl', et l'onL exercé d'après l'amour de
soi, quant aux âmes, par conséquept quant à la vie éternelle; car
celle religion demeurera néanmoins chez ceux qui persistent dans
cet amour, et agissent d'après cet amOlli'; et comme il est entendu
celte deslruction, qui est la dévastation de I;Église, c'est pour cela
qu'il est entendu aussi leut' destruction après la vie dans le Monde,
dans le particulier et dans le commun, dans le particulier la dam-
nation de tous ceux d'entre eux qui ont été tels d'après celte reli-
gion, et dans le commun la deslruclion de tous ceux qui ont été
tels pat'le Jugement dernier.
881. Parce que du. lJin de la {ure!Îl' de sa scoI'tation elle a
VI, 5.
(j(i L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 881.
abreuvé toutlJS les nations, signifie l'adultération de toutes
les choses du bien du Ciel et de l'Église parles {aux affreux
du mal: on le voit pal' la signification du vin, en ce que c'est le
vrai d'après le hien, et dans le sens opposé le faux d'après le mali
comme ci-dessus, N° 376; par la signification de la (ureur, en ce
que c'est le mal dans tout Je complexe, et par suite la haine conlre
le bien et lé vrai, el la cupidité de les déll'uil'e, ainsi qu'il a été
monlré ci-dessus, N°' G93, 7.M; pal' la signification de la scorta­
tion, en ce que c'est la falsification du vrai, comme aussi ci-dessus,
No' 1111, 1G1.; et par la significalion d'abreuver toules les na­
tions, en ce que c'est adultérer les biens, car abl'euver signilie im­
biher, et les nations signifient ceux qui sont dans le bien de l'amour
el de la vie, et, abstraction faite des personnes, les biens; que boiJ'e
et aill'euver signifie imhibel' et appropriel', on le voit ci-dessus,
N° 617; et que les nations signifient ceux qui sont dans le bien de
}'amoul' et de la vie, el ailslL'activement les biens de l'Église, 011 le
voit, N°'175, 331,625 j si, pal' abl'eU\'el' toutes les nations, il est
signifié ici adultél'er les biens de la Parole, et pal' suite les biens de
l'Église, c'est pal'ce que pal' le vin de la fureur de la scoJ'tation il
est signifié la falsification du \'l'ai, et que le vl'ai falsifié adultère
le bien; mais comment ils falsilient tous les vrais de la Parole, et
en adultèl'ent ainsi LOus les biens, cela sera dit dans l'Explication
des Chapitres XVII et XVIII, où il s'agit de Babylone. Mainte­
nant, d'apl'ès ces collsidér'ations, on peut voir que pal' Cl du vin de
la fureur de sa scortation elle a abreuvé toutes les nations Il il est
signifié l'adultération de toutes les choses du bien du Ciel et de
l'Église pal' les faux affreux du mal. 11 est dil les faux du mal,
parce que tous les faux qui tirent leur origine de l'amour de do­
miner pOUl' soi et pOUl' la prééminence sont des faux du mal, et
selon cet amour sont affl'eux.
882. Vers. 9, 10, '1'1, 12. Et un troisième Ange les suivit.
disant d'uue voix grande: Si quelqu.'un adore la bite et son
image, et (en) reçoit (le) caract/:I'e sur son {ront ou sur sa
main,-llli aussi boira du 7)il1 de la colère de Dieu, mUé au vin
pur dans la cOl/pe de SOrt emporlement, et il sera tourmenté de
feu et de sou{re devant les saints Anges et devant l'Agneau.
- El la {umée de leur tourment aux sièdf.~ des siècles m~n-
Vers. 9. CHAPlTRE QUATORZIÈME. ôï
tera; et n'auront de repos nijour ni nuit ceux qui adorent
la bête et son image, et si quelqu'un reçoit le caractère de
son nom. ~ Ici est la patience des saints; ici, ceux qui gar­
dent les c01mnandements de Dieu, et la {oi de Jésus. -- Et
un troisième Ange. les suivit, signifie encore une manifestation
pal' le Seigneur: disant d'une voix grande, signifie une fOl'te
exhol'tation et une déclaration: si quelqu'un adore la b~te et son
image, signifie à ne point reconnaitre la l'eligiosilé de la foi séparée
d'avec la vie, ni sa doctrine: et en reçoit le caractb'e sur son
front ou sur sa main, signifie la l'éception et la l'econnaissance
comme étant des biens de l'Église, ou comme étant des Hais de l'É­
glise : lui aussi boira du vin de la colère de Dieu, mêlé au vin
pur dans la coupe de son emp01'tement, signifie l'appropriation
du faux et du mal du faux, conjoints avec les vl'ais falsifiés du sens
de la leul'e de la Parole: et il sera tourmenté de feu et de sou{re
deMnt les saints Anges el devant ['Agneau, signifie que leUl'
enfel' provient de l'amour du mal et du faux, et est atroce selon la
falsification, et par suite selon la destruction du Divin Vl'ai et du
Divin Bieu, ainsi de la Pafole: et la fumée de leur tourment aux
siècles des siècles montera, signifie le faux condensé qui les obs­
true, et qui découle continuellement de leUl's amoUl's : et n'auront
de repos nijour ni nuit, signifie ['infestation continuelle pal' les
maux, et pal' suite par les .faux : ceux qui adorent la bête et
son image, signifie ceux Qui l'econnaissent la religiosité de la foi
séparée d'avec la vie et sa doctl'ine : et si quelqu'un reçoit le ca­
ractère de son nom, signifie la l'éception et la reconnnaissance de
sa qualité selon la description ci-dessus: ici est la' patience des
saints.• signifie les persécutions et les tentations de ceux Qui ne
sont pas dans celle foi, mais Qui sont dans la chal'ité : ici, ceux
qui gar'dtnt les comrnatulements de Dieu, signifie que ce sont
eux qui vivent selon les préceptes du Seigneul' dans la Parole: et
la l'oi de Jésus, signifie l'implantation du vl'ai par le SeigneUl'.
883. Et un troi,~ièrne Ange les suivit, signifie enC01'e une
manifestation par le Seigneur: Oll le voil d'après les choses
qui, ci-dessus, onl été dites des deux Anges, N°' 869 el 878, en
ce qu'ils sont des manifestations par le Seigneul' sur son avéne­
,;IP,nt, et sur la séparalion des I>ons d'avec les méç,hants au jour du
os L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. Nt 883.
Jugement derniel', mais ici sur ceux qui sont entendus par le dl'a­
gon et par sa bête, c'est-à-dire, SUI' ceux qui par la doctrine et
p~r la vie séral'ent la foi d'avec It'.s bonnes œuvl'es.
88h. Disant d'une voix gl'ande, signifie une {orle exhor­
tation et une déclaration: on le voit par la signification d'une
voix grande, en ce que c'est une exhortation, comme ci-dessus,
N° 873; que ce soit une forte exhortation il. ne point pel'sistel' dans
cette h~résie, et en même temps une déclal'ation de leur deslrucLion,
on-le voit d'llf)I'ès ce qui suit, où il est dit «( si quelqu'un aoore la
Mte, lui aussi boira du vin de la colèl'e de Dieu, mêlé au vin pur
dans la coupe de son emportement, et il sera toul'lllenlé de feu et de
soufl'e,lI outre plusieul's autres choses.
885. Si queLqu'un adore La bêle et son image, signifie il
ne point l'ecO/maUre La religiosité de la roi séparée d'avlC La
vie, ni sa doctrine: on le voit pal' la signification de la bête, en
ce que c'est la religiosité de la foi sépal'ée d'avec la vie, ainsi qu'il
va êll'e montré; par la signification d'adorer, en ce que c'est re­
connattl'e et croire, comme ci-dessus, No' 790, 805, 821; et par
la signification de son imagl', en ce que c'est la doctrine de cette
l'eligiosité, et l'ordonnance établissant que de telles choses seraient
absolument enseignées et crues, comme ci-dessus, N° 827. Par la
bête qu'ils n'adoreront pas, non plus que son image, il est entendu
la bête qui montait de la mel', et dont il est question au Vers. 1 du
Chapitre pl'écédent; pal' elle sont signifiés les raisonnements d'a­
près l'homme natl1rel, qui confirment la séparation de la foi d'avec
la vie, comme ci-dessus, N° 77 h; que ce soit cette bête qui est
entendue, cela est évident pal' le Vers. 1!J du Chapitre pl'écédent;
mais pal' l'autre bêle, qui fut vue monter de la terre, sont signifiées
les con61'mations d'après la Parole en fa\'eur de cette séparation;
voil' ci-dessus, N° 815. Si l'on ne devait pas adorer la première
bète, ni son image, et si ceux qui ['adoraient devaient être tour­
mentés de feu et de soufl'e, c'est parce que les passages de la Pa­
role l'apporlés pour confirmel' la sépal'ation de la foi séparée d'avec
les honnes œuvres, sans les raisonnements d'après l'homme natu­
rel, n'implantent pas le faux ni le mal, mais pal' ces raisonnements
ils les implantent, car les l'aisonnemellts falsifient ces passages; en
effet, rien de ce qui est dans la Parole ne peut être falsifié sans les
Vers. 9. CHAPITRE QUATOUZIÈME. 69
raisonnements provenant de l'homme naturel; comment les raison­
nements ont falsifié la Pal'ole, c'est ce qui a été montré ci·dessus
en beaucoup d'endroits. Qu'il en soit ainsi, on peut surtout le voir
dans les Églises, où la foi seule a été reçue pour le moyen essenliel
du salut, en ce que ceux qui enseignent d'après leur doctrine, et
par suile d'apl'ès la Parole, enseignent tout autrement que ceux
qui enseignent d'après la Parole et non en même temps d'apl'ès
leur doctrine; ceux qui ensei~nent d'après leur doctrine et par suile
d'apl'ès la Pal'ole, ceux-là falsifient toutes les choses de la Parole,
mais ceux qui enseignent d'après la Pal'ole et non en même temps
d'après leur doctrine, ceux-ci ne falsifient point; la raison de cela,
c'est que la doctrine est pleine de raisonnements, quoique les rai­
sonnements n'apparaissent.pas ainsi, mais la Pal'ole est sans rai­
sonnements; de là vient que dans ces Églises plusieul's enseignent
la foi conjointe à la vie et la vie conjointe à la foi, et que d'autres
enseignent la foi séparée d'avec la vie; ceci est fait par les érudits
qui enseignent l1'après la docll'ine; cela, par les érudits et les non­
érudits qui enseignent d'après la Parole, ainsi en sens con tl'ai l'e ; tou­
tefois, les défenseurs de la doctrine le pel'mettent aussi, mais c'est
parce que la Parole enseigne manifestement la vie et la foi selon
la vie, et que les simples ne peuvent êl1'e enseignés que selon le sens
manifeste de la Pal'ole; et quelques-uns, parce qu'eux-mêmes ne
peuventl'ésistel' ouvertement à la vél'ité; en effet, la vérité opère
secl'ètement et persuade, cal' elle influe du Ciel chez chacun, et elle
est reçue pal' ceux qui ne vivent pas mal, et qui n'ont pas, dès leur
jeune âge et ensuite pal' le faste d'une érudition au-dessus des au­
t1'es, confirmé la foi seule, principalement le dogme de la justifica­
tion par elle, dogme dans lequel on place la gloire d'une érudition
supérieure; ceux-ci cependant pensent toujours de cœul' aul renlent,
10l'squ'ils entendent pal' d'autres les confirmations d'apl'ès la Pa­
role eu fa\'eur de la vie, car ils pensent que la fol seule contient cn
elle les œuvres, et qu'elles ont été conjointes selon le dogme de la
justification, quoique ce dogme, comme il est enseigné par plu­
sieurs, sépare les œuvres d'avec la foi, plus qu'il ne les conjoint
avec la foi; bien plus, il les l'epoussc comme non justifiantes, en
tant qu'il y a en elles quelque chose de l'homme ou de sa volonté.
Que dans les Églises où la foi seule a été J'eçuc il soit enseigné,
70 . L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 885.

IOl'sque c'est d'après la Parole, tou t-à-fa itau tremen t que lorsque c'est
d'après la doctrine, on peut le confirmer pal' beaucoup d'exemples;
pal' exemple, dans l'Église Anglicane et dans l'Église Luthérienne:
On salt que l'Église Anglicane enseigne la fùi seule, et que les pl'é­
dicateurs, avec art, adresse et élégance, y adjoignent les œuvres
comme renfermées dans la foi, et que d'après la foi ils pel'ç,oivent
quelque chose d'un effort, comme d'une affection pour faire le bien,
pl'incipalement ceux qui ont été justifiés au troisième ou au qua­
trième degré par la foi seule, et que ceux chez qui la foi seule n'a
pas eu opération jusqu'à ce degré sont néanmoins sauv~.s, parce
que dans la foi se tient l'enfermé le bien de la vie, comme dans la
semence du frui t la faculté de production; mais que ces choses
soient les fruits d'un mental (animus) qui se glorifie et se vante
d'une érudition et d'un génie supérieul's aux autres, c'est ce qui a
été mon tré ci-dessus dans les Explications des Chapitres XII et
XIlI. Que dans l'Église Anglicane il soit enseigné tout-à-fait autre­
ment, quand c'est d'après la Parole, et non en même temps d'après
la doctl'ine, pour confil'matioll je vais rappol'ter ce qui, dans celle
Église chaque jour de fete, est enseigné et est lu par ceux qui se
pl'ésentent pour la Sainte Cène; ce sont les paroles suivantes :
Cl Voici la voie et le moyen de participer dignement à la

Sainte Cène: D'abord, que chacun examine les actions et


les habitudes de sa vie selon la règle des commandements de
Dieu; Ct, quelles que soient celles dans lesquelles il découvre
qu'il a (ailli par volonté, par parole ou par action, qu'il dé­
plore sa nature vicieuse, et ql(il s'en con(esse devant Dieu
Tout-Puissant, avec la (erme résolution d'amender sa vie;
et s'il découvre que ses offenses sont non-seulement contre
Dieu, mais aussi contre le prochain, alors qu'il se réconcilie
avec lui, et qu'il soit prompt à lui (aire restitution et satis­
(action selon tout son pouvoir, pour les injustices et les maux
qu'il lui aura (aits; et qu'il soit également prompt cl remettre
aux autres leurs offenses, commt1 il veut que ses offenses
soient remÎJies par Dieu; autrement, la réception de la sainte
communion ne {erait qu'aggrave,' sa condamnation. En r.on­
sé.quence, si quelqu'un d'entre vous est un blasphémateur de
Dieu, médi.~m1t et se moquant de sa Parole, Olt ,s'il est adul­
Vers. 9. CHAPITRE QUATOHZIÈME. 71
tère ou coupable de malice, d'envie ou de quelqu'autre énorme
crime, qu'il (asse pénitence de ses péchés; sinon, qu'il n'ap­
proche point de la Sainte Communion; autrement, après
l'avoir reçue, le diable en trera en lui, comme il est entré
dans Judas, et il le remplira de toute iniquité, et détruira et
I;on corps et son âme. Là, il n'est pas même fait mention de la
1)

foi, mais les œUVI'es seulement sont enseignées, pal' la raison que
cet enseignement est tiré de la Pal'ole, et non en même temps de la
doctrine. La Foi Athanasienne aussi, qui dans cette Église est sou­
vent lue aux fêtes annuelles devant le peuple, et qui, parce qu'elle
est tirée du Concile, a été reçue comme la commune doctrine de la
Tl'inité dans toutes tes Églises Chrétiennes, enseigne ces choses­
sur le Seigneur, et SUl' le Jugement dernier pal' Lui: « Tous les
hommes doivent rendre compte de leurs propres œuvre~, et
ceux qui ont (ait le bien iront dans la vie éternelle, et ceux
qui ont (ait le mal iront au (eu éternel: ceci est ta (oi Catholi­
que, et personne, li moins de s'y conformer avec une enticre
fidélité, ne peut être sauvé. Il Maintenant, observe attentivement,
réfléchis et examine; est-ce que ceux qui d'après la doctrine prê­
chent avec tant d'adresse, ou croient de semblahles choses, Ile l'en­
ferment pas ces choses de la foi comme cachées en elle? et comme ils
croient que les œuvres ne justifienI pas, et que personne ne peut fail'e
par soi-même le bien qui est le bien, et que le bien fait par l'homme
a en soi le mérite, ils omettent de faire, et croient qu'ils sont sauvés
par la vie cachée dans la foi seule, c'est-à-dil'e, dans la foi séparée
d'avec les bonnes œuvres; mais je puis attester que ceux qui cl'oient
ainsi~ et qui en même temps vivent ainsi, viennent tous dans l'enfer,
tandis que ceux qui vivent selon les préceptes lie la prière prépara­
toil'e pour la Sainte -Cène, et selon les dernièl'es expressions de la
Foi Athanasienne, viennent dans le Ciel; ceux-ci aussi ont la foi,
mais ceux-là ne l'ont point, quoiqu'ils s'imaginent l'avoir: il est dit
cellx qui croient et en même temps vivent d'après la doctrine, parce
que plusieurs, SUl'tout d'entre les plus simples, croient d'après la
doctrine, mais néanmoins ne vivent pas en même temps ainsi, et
ceux-ci sont sauvés. Il en est de même dans l'Église Luthérienne;
là aussi ceux qui enseignent d'après la doctrine et ceux qui ensei­
gnent d'après la Parole vont en sens contl'aire; ceux qui enseignent
72 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N" 885,

d'après la doctrine, enseignent absolument de même que dans


l'Église Anglicane sur la foi seule et sur la justification pal' elle
seule, et alors du moyen de salvation ils sépal'ent et éloignent les
œuvres comme non bonnes, et comme méritoires, et par suite non
justifiantes, pal'ce qu'elles viennent de l'homme; mais quand c'est
d'aprè!l la Parole. alol's par'eillemenl ils enseignent les œuvres,
comme on peUL le voir' par les choses qui sont écrites pour la com­
mune assemblée, el qui pal' conséquent sont insérées dans lous les
livres de Psaumes, el sont appelées Obstacles des Impénitents
(OBSTACULA hIPŒNITENTIUM). où sont les pal'oles suivantes: (( rA
sainte volonté de Dieu et son commandement manifeste, c'est
que ceux qui croient (assent de bonnes œuvres, lesquelles,
quand elles sont (aites pour de justes causes et tendent à la
vraie fiTl, c'est-à-dire, principalement pour 1ft gloire de Dieu
el pour les usages du prochain, sont alors acceptées par Dieu
à cause du Christ, et même Dieu, par pure miséricorde, le,
rémunère, tellement que l'homme pour toute bonne œuvre
qu'il (ait a une rémunération; car Dieu donne louange et
honneur, et étern.?lle béatitude, à ceux qui avec patience par
des œuvres s'appliquent à la vie éternelle: c'est pou,' cela
même que Dieu ,'egarde si attentivement aux œuvres des
hommes, comme il l'a manifesté dans ses paroles aux sept
Églises en Asie, et à tous les hommes lorsqu'il parle du Ju­
gement dernier; et c'est pour cela que l'Apl1tre Paul a (ait
usage de ces admonitions pour exhorter ses auditeu,'s aua:
bonnes œuvres, en disant: Ne cessons pas de (aire le bien,
parce qu'en son temps nous le moissonnerons .~ans interrup­
tion. C'est pourquoi ceux qui sont riches en bonnes œuvres
manifestent par là qu'ils sont riches en (oi, puisque quand la
t'oi est vive, elle opère les bonnes œwwes par la charité: bien
plus, la (oi qui seule justifie n'est jamais seule ni séparée,
mais elle porte avec eUe les bonnes œuvres, comme un bon
arbre les bons (ruitll, le soleil la lumière, le (eu la chaleur, et
l'eau {'humidité, Il D'apl'ès ceta. on peut maintenant. voir que
dans ces Églises autre chose esl enseignée d'apl'ès la doC\l'ine et par
suite d'après la Parole, et autre chose d'apl'ès la Parole IOl'sque ce
n'est pas cn même temps d'après la dOCll'ine; et que ceux qui en':'
Vers. 9. CHAPITRE QUATORZIÈME. 73
seignent et en~même temps vivent d'après la doctrine sont enten­
dus par ceux qui adorent la Mte et son image, dont il s'agit main­
tenant dans les Vel'sets 9, 10, 1.1; et que ceux qui enseignent el
vivent d'après la Pal'ole sont entendus pal' ceux de qui il est dit
dans le Verset suivant, 1.2 : « Ici est la patience des saints; ici,
ceux qui gardent les commandements de Dieu, et la foi de Jésus. Il
886. Et en reçoit le caractère Sll1' son front ou sur sa main,
signifie la réception et la reconnaissance comme étant des
biens de l'Église, ou comme étant des vrais de l'Église: on
le ,'oit par l'explication donnée ci-dessus, N° 838, où sont de sem­
blables pal'oIes ; pal' recevoir le caractère SUI' le front il est signifié
les aimel', et ainsi les l'eCOllDattre comme étant des biens de l'É­
glise, car le front signifie le bien de l'amour; voir ci-dessus!
N° !J'l7; ici, reconnattre les maux pOUl' des hiens; et pal' recevoir
le caractère sur la main il est signifié reconnattre les faux de cette
foi pour des vrais de l'Église, cal' les mains se disent des vrais;
voir ci-dessus, N° 298; de là il est é\'ident que par « en recevoil'le
cal'actère SUI' le front ou SUI' la main Il il est signifié recevoÏl' d'a­
près la reconnaissance les maux de la doctrine sur la foi seule pour
des biens de l'Église, et ses faux pOUl' des vl'ais de l'Église. Il est
dit pour des biens de l'Église ou pour des vrais de l'Église, cal' il
yen a qui aiment cette foi, signifiée par la bête, et il yen a qui
reconnaissent cette foi pour le nai de l'Église; dans ce dernier cas
sont les simples qui reçoivent cette foi, mais dans le premier cas
sont les érudits qui se glorifient de lem' érudition, parce que dans
les écoles ils 'ont appl'is les degrés de justification, et par suite se
sont crus plus sages que le vulgaire, puis aussi ceux qui vivent
pOUl' le Monde et à leul' gré, et néanmoins pensent parfois à la vie
éternelle, cal' ceux-ci confirment lem' vie par la foi.
887. Lui auasi boim du vin de la colère de Dieu, mllé au
vin pur dans la r.oupe de son emportement, signifie l'appro­
priation du {aux et du mal du faux, conjoints avec les vrais fal­
sifiés du sens de la lettre de la Par'ole : on le voit par la significa­
tion de boire, en ce que c'est s'imbiher et s'appl'opriel', comme ci·
dessus, N° 617; par la signification du vin, en ce que c'est le vl'a,
d'apl'ès le hien, et dans le sens opposé le faux d'après le mal, ci.,
dessus, No 376 ; par la signification de la colère, ~n ce que c'es~
'j 4 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 887.
le mal, parce que le mal s'irr'ite contr'e le bien, et en veut la des­
truction, N°s 693, 75li; il est dit la colère de Dieu, mais il est en­
tendu la colère contre Dieu, comme en beaucoup d'endroits, où la
colèr'e et l'empol'tement, et en génél'alle mal, sont allribués à Dieu;
voir Nos 481, f., 647; ici donc, par boire du vin de la colère de
Dieu, il est signifié s'imbiher du faux et du mal du faux, et se les
approprier: si s'imbiber du mal et se l'approprier a lieu par la foi
séparée d'avec les bonnes œuvres, c'est parce Que, quand les biens
de la vie, qui sont les bonnes œu\'l'es, sont séparés comme ne
justifiant point, ainsi comme ne sauvant point, alors à leur place
succèdent les maux, cal' autant les biens se retirent, autant (mtr'ent
les maux, puisque personne ne peut servi!' deux maUres, à savoir,
le mal et le bien en même temps; par' la signific;alion de être mélé
au vin pur, en ce que c'est être conjoint aux vrais falsifiés, ainsi
qu'il va être montré; par la signification de la coupe, en ce Que
c'est l'ex tel'De qui contient le Vl'ai, ainsi la Parole dans le sens de
sa lellre, cal' lorsque par le vin est signifié le Vl'ai, par la coupe est
signifié ce qui le contient, et le sens de la lellre de la Parole est ce
Qui contient le vrai tant naturel Que spirituel; que la coupe signifie
la même chose que le vin, ainsi le contenu, et qu'elle signifie aussi
le contenant, on peut le voir par les passages de la Parole, où la
coupe, le calice, le verre et la fiole sont nommés, passages qui se­
ront rapportés dans l'explication sur les Chapitres suivants, XVI
et X VII : comme la coupe signifie l'ex tel'ne ou le con~enant du
vrai, ainsi le sens de la lettre de la Par'ole, et que ce sens a été fal­
sifié par ceux qui sont dans la doctrine et en même temps dans la
vie de la foi séparée, c'est pOUl' cela qu'il est dit la coupe de l'em­
portement de Dieu. Il est dit ici colère et emportement de Dieu,
comme dans beaucoup d'aulres passages de la Pal'ole, et par la co­
lère il est entendu l'amoul' et la cupidité du mal chez l'homme, et
pal' l'empOl'tement l'amour et la cupidité du faux chez lui, car la
colère se dit du mal et l'empol'tement se dit du faux; SUI' ce sujet,
voir ci-dessus, N° 481, f. D'après ces explications, il est évident que
pal'Ie vin mêlé au vin JlUJ' dans la coupe de l'empol'tement de Dieu
il est signifié la conjonction avec les vrais falsifiés du sens de la JeUl'e
de la Parole. Si êtl'e mêlé au vin pur signifie être conjoint aux Vl'ais
falsifiés de la Parole, c'est parce qlle par le vin plll' il est entendu le
Vers. 10. CHAPITRE QUATORZIÈME. 75
vin qui eni.vre, et pal' suite aussi l'ivresse, par conséquent dans Je sens
spirituel J'extravagance dans les vrais pal' les faux, car l'extrava-
gance dans les vrais par les faux est l'ivl'esse spirituelle, et même
le mot par lequel est expl'imé le vin pUl' dans la Langue originale
est dérivé du mot êtt'e enivré; comme cela est signifié par le vin pur,
et que ceux qui falsifient la Parole ont été spirituellement enivrés,
c'est-à-dire, extravaguent quant aux vrais, voilà pOUl'quoi dans deux:
passages, où dans la Parole est nommé le vin pur, il s'agit de la fal-
sification du vrai, comme dans' Ésaïe et dans Rosée; dans Ésaie :
le Comment s'est-elle chan,qée en prostituée, la ville fidèle?

Pleine dejugement, lajustice y pernuitait; mais maintenant,


des homicides; ton argent s'est changé en srories, ton vin pur
a été mUé d'eaux. Il - I. 21, 22; - par la prostituée dans la
Pal'ole il est partout entendu le vl'ai falsifié; voir ci-dessus, No' 1M,
1.61; et par la ville la doctrine; de là, par l( elle s'est changée en
prostituée, la ville fidèle, Il il est signifié que la doctrine, qui aupa-
ravant avait été la doctrine du vrai réel, est devenue la doctr'ine du
vrai falsifié; l( pleine de jugement, la justice y pel'lluitait, 1) signi-
fie où le vl'ai de la doctrine et le bien de l'amoUl' étaient en abon-
dance, cal' le jugement dans la Parole se dit du vl'ai de la doctrine
et de l'entendement, et la justice se dit du hien de l'amour et de la
volouté; Il mais maintenant, des homicides, 1) signifie que la falsi-
fication a éteint l'entendement du vrai et la perception du bien; que
ce soit là ce qui est signifié par l'homicide, on le voit ci-dessus,
N° 589; « l'al'gent s'est changé en scories, Il signifie que le vrai réel
a été changé en faux; « ton vin pur a été mêlé d'eaux, Il signifie le
vl'ai devenu vil et détruit par sa falsification. Dans Rosée: (1 Asso-
cié aux idoles, Éphraïm; laisse-le; il s'en est allé, leur vin;
faisant commettre ils ont (ait l'ommettre scortation, ils ont
aimé. 1) - IV. 17, 18: - par Éphraim est signifié l'entendement
du vrai de l'Église; pal' les idoles sont signifiés les faux de religion;
de là on voit clairement ce qui est signifié pal' « associé aux idoles,
Éphraïm; 1) laisse-le signilie le rejet des faux de celte l'eligion par
l'Église; « il s'en est allé, leur vin, )) signifie que le vrai de la Pa-
role a péri; (1 faisant commettre ils ont. fait commettre scortation,)).
signifie sa falsification; « ils ont aimé, 1) signifie l'amour du faux.
Maintenant, d'après ces considérations, on voit clairement ce qui
est spécialement signifié par le vin pur.
76 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 888.

888. Et il sera tourmenté de feu et de soufre devant les


saints Anges et devant l'Agneau, signifie que leur enfer pro­
vient de l'amour du mal et du faux, et qu'il est atl'oce selon la
falsification, et par suite selon la destruction du Divin Vrai
et du Divin Bien, ainsi de la Parole: on le voit par la signifi­
cation d'être tourmenté, en ce que c;est l'enfer, car de même
qu'il est dit le Ciel, et qu'il est entendu en même temps la joie dans
le Ciel, de même quand il est dit l'enfer, il est entendu aussi le
tourment dans l'enfer, et vice versâ, principalement par êtl'e
tourmenté de feu et de soufl'e; pal' la signification du feu, en ce
que c'est l'amour dans l'un et dans l'autre sens, à savoil', l'amour
envel's le Seigneur et l'amour à l'égard du pl'ochain, amours qui
règnent dans le Ciel, et dans le sens opposé l'amour ùe soi et l'a­
mour du monde, amours qui regnent dans l'enfet', ainsi qu'il a été
montré ci-dessus, N° 504; et comme de l'amour envel'S le Sei­
gneur et de l'amoul' à l'égard du prochain naissent tous les biens,
et que par l'amOlli' de soi et par l'amour du monde naissent tous
les maux, il s'ensuit que par le feu il est signilié l'amour de toutes
les choses du bien, et ùans le sens opposé l'amour de toutes les
choses du mal; pal' la signification du soufre, en ce qu'il est 1'0.­
moul' du faux d'après le mal, proprement la convoitise de dé­
truire les VI'ais du hien de l'Église par les faux du mal, N° 578;
pal' la signilication des sllints Anges, en ce que ce sont les Divins
Vrais par le Seigneur, N°'i30, 200, 302, 800; et pal' la signi­
lication de l'Agneau, en ce que c'est le Divin Humain du Sei­
gneur, ici le Divin pl'océdant du Seigneur, qui est le Divin Bien
uni au Divin Vrai ùans les Cieux, ici donc le Divin Bien, parce
qu'il est dit l'Agneau en même temps que les saints Anges, par
lesquels SOilt signifiés les Diyins Vrais procédant du Seigneur. Si
êUe tourmenté devant [es saints Anges et devant l'Agneau signifie
l'atrocité de l'enfer selon la falsificatioll, et par suite sèlon la des­
truction du Divin VI'ai et du-Dlvin Bien, ainsi de la Parole, c'est
parce que L'atrocité de l'enfer, oille tOUl'ment dans ['enfer, esL ab­
solument selon celle falsification et celle destruction, car autant
l'homme falsifie la Parole, autant il se ferme le Ciel; et autant il
détrUit alors les Divins VI'ais intél'ieurs, qui sont les Divins Vl'ais
dans les CieuX el dont sont composés les Cieux, autant il esL éloi;..
vers. 10. CHAPITRE QUATORZIÈME. 77
gflé des Cieux et jeté p.lus profondément dans l'enfel'; que ce soit
là être tourmenté devant les Anges et devant ('Agneau, c'est parce
que la Parole dans la lettre communique par le sens spirituel avec
le Ciel; c'est pourquoi, autant elle est détl'uite par la falsification,
autant celui qui falsifie est rejeté du Ciel; et aulant quelqu'un es'
rejeté du Ciel, autant il est tourmenté: que ce soit là le sens spi­
rituel de ces pal'oles, on peut le \'oir en ce que nul n'est tourmenté
dans l'enfer par les Anges ni par le Seigneur, par conséquent ni
devant les Anges ni devant le Seigneur, mais chacun se tourmenle
soi-même pal' la falsification, et par suite par la desll'uction du Di­
vin Vrai, qui est signifié par les saints Anges, et du Divin Bien,
qui est signifié par l'Agneau. Comhien il est infernal, et par suite
combien il est dangereux de falsifier la Parole jusqu'à la destruc­
tion du Divin Vrai et du Divin Bien dans les Cieux, on peut le
voir en ce que toules les choses du sens de la lelll'e de la Parole,
qui sont les Divins Vrais pOUl' l'homme naturel, communiquent
par le sens spirituel avec les Anges du Ciel, tellement que les
hommes et les Anges du Ciel ont été conjoints par la Parole; C'est
pourquoi le sells de la lelll:e de la Pal'ole, chez l'homme qui le fal­
sifie, est perçu d'une double manière dans le Ciel, à savoir, comme
vrai réel, et en même temps comme vrai détruit, comme vrai réel
d'après le sens de la lettre selon les cOrI'espondances, et comme
vrai détruit selon les falsifications, d'où il alTive que le vrai et le
faux se présentent ensemble comme conjoints, ce qui irrite les
Anges du Ciel, el ils se détournent entièrement; ainsi le Ciel est
fel'mé, etloute communication du Ciel avec cet homme est détruite,
pal' suite il y a pOUl' lui conjonction avec "enfer, et aulant quel­
qu'un a été conjoint avec l'ellfer, autant il est dans l'amoUl' de tout
mal, et par suite dans "amour de tout faux, et d'apl'ès cela dans
la convoitise de délruil'e les \'l'ais et les biens de l'Église, et en
même temps alors dans le toul'ment; cela donc est signifié par êtl'e
tourmenté de feu et de soufre devant les saints Anges et devant
l'Agneau. Cela, a lieu pl'incipalement chez ceux qui pensent d'après
la foi seule, et vivent en même temps d'après la foi seule, c'est-à­
dire, qui confirment celte foi chez eux et PaI' la doctrine et pal' la
vie, comme font surtout ceux qui s'appliquent beaucoup à confir­
mer cette foi par des écl'ils et pal· des prédications; ceux-ci ne
78 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. 1'\" 888.

peuvent que falsifier la Parole jusqu'à la destruction de son· vrai


réel; en effet, la Pal'Oie dans tout le complexe concerne la vie de
l'homme, ainsi les œuvres, cal' le SeigneuI' diL que la Loi et les
Prophètes dépendent de ces deux commandements, à savoil', d'ai­
mel' Dieu par dessus toutes choses, et le prochain comme soi­
même; la Loi eL les Prophètes signifient la Parole dans tout le
complexe, et aimer Dieu et le prochain, c'est faire les préceptes,
ainsi ce sont les œuvres; voir ci-dessus, N° 826; les œuvres, les
défenseurs de la foi séparée les excluent, et pal' suite ils rejettent lous
les essenLiels de la Parole, quand ils la lisent; et, les essentiels étant
rejetés, Ioules les autres choses sont des scories, absolument de même
que quand la vie est ôtée à l'animal, son corps pourrit, car l'amour,
qui esL la même chose que les actes, est sa vie. J'ai même en­
tendu des esprits, - Qui avaienL embrassé la foi seule, lorsqu'ils
vivaient hommes dans le Monde, - parler au sujet de la Parole,
de ce qu'elle conlenait en abondance les Divins Vrais, eL dit'e :
Cl Qu'est-ce pour moi que les connaissances du bieu el du vrai?

Qu'imporle-t-il de savoir quelque chose de la régénéralion, de la


rémission des péchés, du lihre al'bitre, de la Providence, de l'amoul'
et de la charité, des bonnes œuvres, elc, , quand l'assurance et la
confiance de cette foi seule, que le SeigneuI' est mort pOUl' nos pê­
chés, sauve uniquement, et lorsque loutes les choses de la Pal'ole
doivenL être expliquées et peuvent êtl'e expliquées pour confirmer
ce dogme, puisque toules les choses qui y onL été dites de l'amour,
des bonnes œuvres et de l'obligation de faire, ont été l'enfel'mées
dans celle foi, et y ont été cachées comme des tl'ésors sous le\'l'e?)l
Que de tels hommes ne puissenl que falsifier lous les vrais eL lous
les biens de la Parole, 101'squ'ils la lisent, et lorsqu'ils pensent de
son sens plus intél'ieurement qu'ailleurs et l'appliquent à la foi
seule, cela est évideut.
889. Et la fumée de leur tourment aux siècles des siècles
montera, signifie le faux cOlldensé qui les ob.~true, et qui dé­
coule continuellement de leurs a;nours " on le voit pal' la signi­
fication de la fumée, en ce que c'est le faux condensé découlant
des enfel's d'apl'ès les maux des amours tel'I'eslt'es et corporels qui
sont chez les infel'naux, comme il a élé montré ci-dessus, N° 539;
par la signification du tourment, cn ce que c'estl'all'ocité de l'en­
Vers. 11. CHAPITRE QUATORZIÈME. 79
fer, par conséquent l'enfer, comme ci-dessus, N° 888; par la si­
gnification de monter, en ce que c'est obstruer et découler, ainsi
qu'il va être monll'é; et par la signification de aux siècles des
sièles, en ce que c'est continuellement; pl'oprement, par les siècles
des siècles il est signifié éternellement ou sans lin, mais dans le sens
spil'ituel, qui est sans l'idée du temps, il est signifié l'état qui
à l'intérieur règne continuellement; de là il est évident que pal' (1 la
fumée de leul' tourment aux siècles des siècles montera, Il il est
signifié le faux condensé qui les obtrue, et qui découle continuel­
lement de leurs amours. Si le faux conùensé les obstrue et découle
d'eux, c'est une suile de ce que chacun est son vl'ai ou son faux,
parce que chacun est son amour, cal' toutes les choses que l'homme
pense intél'ieurement, ou en son esprit, viennent de son amour, et
toutes les choses que l'homme pense se l'éfèl'ent ou il des \'rais ou
à des faux; de là, ('homme est ou son vrai ou son faux; et, ce qui
est eneol'e un arcane, l'homme est son vrai ou son faux, non-seule­
ment quant aux pellsées qui viennent de sa volonté, mais aussi
quant à tout son corps, cal' le corps avec tous ses organes, ses vis­
cères et ses membl'es, est un champ dans lequel les pensées pro­
venant de la volonté font des excursions et se répandent; par suite,
l'homme tout entiel', quant à toutes les choses qui lui appal'tien­
nent, tant les intél'ieures que les ~xtérieul'es, est son amour, et pal'
conséquent son \'l'ai ou son faux; SUI' ce sujet, l'OÙ' plusieurs dé­
tails, N°' 775,837. Que le vl'ai oule faux, qui provient des amours,
obstrue l'homme, et aussi découle de Ini, on peutie voil' en ce que
toutes les choses qui sont dans le monde, tant les choses animées
que les choses inanimées, répandeliL hOl's d'elles une sphère, qui
pal'fois est sentie de loin; pal' exemple, dans les fOI'êts, les exha­
laisons des animaux que les chiens flairent parfaitement bien, et
qu'ils suivent pas à pas en flairant; puis, dans les jardins et dans
les bois, celles des végétaux qui répandent de tout cOté une sphère
odorifér'ante; pareillement, celles de l'humus et de ses diverses mi­
nières; mais ces exhalaisons sont des exhalaisolls uaturelles : il en
est de m~me dans le Monde spirituel; de chaque esprit et de chaque
Ange découle la sphère de son amour, et pal' conséquent de son
vrai ou de son faux, et cela de tout cOté; de là vient que tous les
esprits peuvent êll'e connus, tels qu'ils sont, seulement par la sphère
80 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. [\" 88!).

spirituelle qui émane d'eux, et que selon ces sphères il ya pour


eux conjonction avec les sociétés qui sont d'un semblable amour,
et par conséquent d'nn semblable vrai ou d'un semblable faux;
avec les sociétés du Ciel pour ceux qui sont dans l'amour du bien,
et par conséquent du vrai, et avec les sociétés de l'enfer pour ceux
qui sont dans l'amoul' du mal, et pal' conséquent du faux. Je puis
affirmer que chez l'esprit, et aussi chez l'homme, il n'y a pas même
une seule pensée qui ne communique pal' celte sphère avec quelque
société: qu'il en soit ainsi, l'homme l'ignore encore, mais cela est
devenu évident pour moi pal' mille expériences dans le Monde spi­
rituel; c'est pourquoi, lorsqu'on examine 'luels sont les esprits, on
cherche aussi où se l'épandent leurs pensées, et par suite on con­
nait 'âvec quelles sociétés ils ont été conjoints, et ainsi quels ils sont,
les méchants étant conjoints avec des sociétés de l'enfel', et les bons
avec des sociétés du Ciel; par là il est encore devenu é\'ident pour
moi que, de même que l'œill'eçoit la qualité de sa vue d'après les
objets dans le Monde naturel, selon ses déterminations, de même
l'entendement reçoit la qualité de sa pensée d'apl'ès les vrais, qui
sont ses objets dans le Monde spirituel, aussi selon ses détel'mina­
lions, et qu'ainsi l'homme ne pense pas la moindl'e chose d'après
lui.même, mais que c'est ou d'après l'enfer ou d'après le Ciel, et
qu'il pense selon la détermination des affections qui appartiennent
à son amour; dans la détermination ré.-;ide son Iihre. Ces choses
ont été dites, afin qu'on sache comment il faut entendre que le faux
condensé les obstrue et découle d'eux; le faux qui découle des en­
fers, où ceux-là sont, est manifestement senti pal' tous ceux qui ne
sont pas dans les faux, 10l'squ'ils marchent au-dessus des enfers;
ces faux apparaissent parfois à la vue comme des fumées d'incen­
dies ou de fournaises, parfois comme de sombres ut'ouillards, par­
fois comme des eaux noil'es et fétides, parfois comme des odeurs
infectes; mais néanmoins, les enfers, pour qu'ils ne fl'appent pas
les nal'ines et ne nuisent pas aux intérieurs des autres esprits, ont
été couverts par des terres noirâtres, et là où règnent les pel'suasions
du faux, par des rochers, et en général par du gravier et par de la
terre stérile, et par conséquent ils sont fermés; mais cependant, il
en transpire continuellement des faux d'après les maux. Main­
tenant, d'après ces explications, on voit d'où vient que par les
Vers. H. CHAPITRE QUATORZIÈME.
81
fumées, dans la Pm'ole, il est signifié des faux d'apl'ès les maux.

890. Et n'auront de repos m'jour m' nuit, signifie l'infes­


tation continuelle pal" les maux, et par suite par les l'aux: on
le voit par la signification de n'avoir de repos, en ce que c'est
êl1'e infesté pal' les maux, et pal' suite pal' les faux, ainsi qu'il va
êtl'e montré; et par la signification de jour el nuit, en ce que c'est
continuellement; en effet, par le jour et la nuit il n'est pas entendu
le jour et la nuit, mais il est signifié leUl' état, ici quant à l'infesta­
tion; cal' dans le Monde spil'ituel il n'y a pour personne l'idée du
temps, mais il y a l'idée de l'état, comme il a été dit et montré
quelquefois ci-dessus; et même par le jour il est signifié l'état de
leur faux, et par la nuit l'état de leur mal, cal'l'homme estguanl
à la pensée dans la lumière, ainsi dans le jour, et quant à l'affec­
tion dans l'obscUl'ité ou dans la nuit, et les faux et aussi les vrais
appartiennent à la pensée, et les maux et aussi les biens appar­
tiennent à l'affection; de là vient que sur la Tente il y avait de jour
une nuée, et de nuit du feu; la nuée signifiait le vrai chez les fils
d'Israël, et le feu le bien de l'amour chez eux. Si cela concerne
l'infestai ion pal' les maux et pal' les faux, laquelle est signifiée
pal' n'avoir pas de repos, c'est parce que ceux qui sont dans l'en­
fer sont continuellement détournés de leurs amours, et toutes les
fois qu'ils s'y élancent ils sont punis; car leurs amoUl's sont les
haines, les vengeances, les inimitiés et les cupidités de faire le mal,
lesquels sont I-I0UI' eux de tels plaisirs, qu'ils peuvent êll'e appelés
les plaisÎl's mêmes de leur vie; c'est pOUl'quoi, en êtl'e détoul'né,
c'est être tourmenté; en effet, chacun est dans la joie de son cœuI',
quand il est dans son amour régnant, et par conséquent, vice
versa, il est dans la douleur du cœur, quand il en est détoul'né:
ce tourment de l'enfer est ',e tourment commun, d'après lequel
existent d'innombrables tourments, qu'il n'est à propos d'énumé­
rel' et de décl'ire ni dans cet Ouvrage ni dans ce lieu,
891. Ceux qui adorenl la bétt! el son image, signifie ceux
qui rel'onllais,çenlla religiosité. de la foi séparée d'avec la vie
et sa doctrine: on le voit d'apl'ès ce qui a été expliqué ci-dessus,
N° 885, où sont de.~ paroles semblables.
892. Et si quelqu'un l'eroit le caractère de son nom, si­
gnifie la réception el la reconnaissance de sa qualité ,~elon la
VI. 6.
82 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 892.

desCl'iption ci-dessus: on le voit pal' la signification de receroir


le cOl'actère, en ce que c'est la réception et la l'econnaissance,
comme ci-dessus, N°' 838 et 886; et pat' la signification du nom,
en ce qlle c'est la qualité de quelqu'un, N°' 102, 135, 148, 676,
696, 815, 841, ici donc selon la description de cette bête, ci­
dessus, Chap. XIII; C,II' de telles choses constituent leU!' nom
dans le Monde spirituel; en effet, là, chacun r'eçoit un nom selon
sa qualité, et la qualité de chacun y est ex primée pal' un mot de la
langue &pil'ituelle, mot qui peut, il est vrai, être énoncé dans une
langue naturelle, mais qui néanmoins ne peut pas être compl'is, cal'
il renrermc plusieurs choses qui ne peuvent pas être saisies pal' les
idées de la pensée naturelle, ui pal' conséquent êlre exprimées par
les mots du langage dans le Monde: d'après ces considérations, il
est évident que [lai' le caractèl'e du nom de la bête il est signifié la
reconnaissance de celle religiosité quant à toute sa qualité, qui a
été décrite ci·dessus,
893. Ici est la pat ienee des saillts, signifie les persécutions
et les tentations de ceux qui ne S01tt pas dans cette foi, mais
qui SOl1t dans la charité: on le voit par la signilication de la pa­
tience, en ce que ce, sont les tentations, comme ci-dessus, N° 813;
que ce soient aussi les persécutions, on le verra ci-après; et pal'
la signification des saints, en ce qu'ils sont ceux qui sont dans les
vrais d'après le bien, N° 204, ainsi ceux qui sont dans la chal'ité,
cal' ceux-ci sont dans les \Tais d'après le bien; ceux-ci aussi sont
dans la roi, mais ils savent que la chal'ité et la roi ront un, comme
le bien et le vl'ai, ou comme la volonté et l'entendement, 01\ cornrne
l'affection et la pensée; et, parce qu'elles font un, la roi aussi pOUl'
eux est la chal'ité; car tout ce qui vient de la chal'ité dans la pensée,
cela appartenant à la charité est, quant à l'essence, charité, quoi­
que, quant à l'existence, ce soit appelé foi; en elfet, il ne peut rien
exister dans la pensée, sinon ce qui vient de quelque affection, et
appal'tient pal' conséquent à l'affection, car l'affection est comme­
l'être, ainsi comme la vie et l'Ame de la pen~ée; il en est de même
de la charité et de la foi; il suit de là que la foi ne peut être donnée
que d'apl'ès la charité; puis aussi, que la foi est absolument telle
qu'est la charité: mais, sur ce sujet, il sel'a dit plusieurs choses
ailleurs. Quant il ce qui concel'Oc les persécutions ùe ccux qui sont
Vers. 1.2. CHAPITRE QUATOnZIÈME. 83
dans la chat'ité pal' ceux qui sont dans la foi séparée d'avec la cha­
rité, il n'y a pas aujoul'd'hui de lelles persèculions, c'esl-à-dir'e,
qu'on n'esl poinl banni el rejelé hors des communions du Monde
Chrétien, mais on est exposé aux blasphèmes de ceux qui sont dans
la foi seule, et on est damné pal' eux; car, en quelque royaume qu'il
soit, celui qui vit hien et dit qu'il faul vivre bien pour être sauvé,
ne. peut être ni banni ni rejelé; et il en est ainsi, parce que cela
.esl absolument COnfOl'l)le à la Parole, et pal'ce que pal' la lueur ra­
tionnelle chacun voit qu'il faut vivre bien; mais toujours est-il que
pal' ceux qui sont dans la foi seule on est damné comme gens qui
ne peuvent êlre sauvés, à cause du mél'ite dans les honnes œuvl'es,
el à cause des œuvres fa il es pal' soi-même, qui ne sont pas bonnes.
et de plusieurs autres choses, pal' lesquelles ils confit'ment la jus­
tification et la salvation pal' la foi seule; cela est bien évident chez
ceux qui son't de la communion Moravienne, lesquels sont des dé­
fenselll's de la foi séparée plus que les aulres; ils damlÏent telle­
ment qu'ils appellent non vivanls, mais pleinement morls, el qu'ils
rejettent du Ciel, lous ceux qui dans leur vie pensent pal' religion à
faire les biens; ceux qui ne sont pas de cette communion, mais qui
sont dans les Églises où les œU\Tes ont été l'ejelées comme n'élant
pas des moyens de salut, ne blasphèment poinl ainsi. mais néan­
moins ils pensent d'eux en mauvaise pari, pl'incipalement ceux qui
se sont heaucoup confirmés par des écl'its, ou par des prédications,
ou pal' des raisonnemenls, pOUl' la justification par la foi seule; ce
sonl ces persécutions qui sont entendues ici pal' la palience, el anssi
dans le Chapitre XII de l'Apocalypse, par ces paroles: (c Le dra­
gon se tint devant la (emme qui allait en(allter, afin que,
quand elle aurait en(anté, il dévorât son en(ant; et ensuite
il la poursuivit, et après elle il jeta de sa bouc/te de l'eau
comme un fleuve, afin que.par le fleuve il la (it emporter; et
irrIté (ut le dragon contre III femme, et il s'en alla (aire la
guerre aux restes de sa semence, qui gardent les commande­
ments de Dieu, et ont le témoignage de Jésus-Christ. Il ~
Vel's. h. 15, 1.7; - pal'eillement par les choses qui sont diles des
deux bêles, - Chap. Xlll. 5. 6, 7, 15; - qu'il y ait aussi pour
eux des pel'sécutions. à cause de la l'econnaissance et de la (',onfes­
sion du Divin Humain dans le Seigneur, on le vel'l'a dans ce qui
84 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N· 893.

suit. Mais quant à ce qui concel'ne les tentations, qui sont enten­
dues aussi ici pal' la patience, ce sont des tentations spirituelles,
que subissent ceux qui l'eçoivent du Seignem' la charité réelle; car
ils doivent comballl'e contre les maux qui son t pal' naissance chez
chaque homme, et quelques-uns conll'e les faux que dès l'enfance
ils onl puisés chez les maîtl'es el chez les prédicatelll's de la foi
seule; ces faux et ces maux sonl éloignés par les combats de tenta­
tions; cela est entendu pal' la cl'oix dans les passages suivants:
Il Jésus dit: Qui lie prend pas sa croix, et ne ~lIZ't pas der­

rière lIf oi, n'est pas dz'glle de lUoi. Il - Mallh. X. 38. Luc,
XIV. 27.- unsus dit il ses disdples: Sz' quelqu'un veut verdr
après Moi, qu'z'l ,'enonce à soi-même, et '1u'il porte sa croi.e
et Me suive. Il - Matlll. XVI. 2h. Marc, Vlll. 3h. Luc, IX.
23; - dans ces passages, pal' .la cl'oix sont entendues les tenta­
tions, el pal' suivl'e le Seigneur il esl entendu l'econnalll'e son Di­
vin et fail;e ses préceptes j qne cela soil entendu par suivre le Sei­
gneUl', on le voit ci-dessus, N° 8M; si pal' la cl'oix il est entendu
les tentations, c'est puce que les maux, et par suite les faux, qui
pal' naissance sont adhél'ents à l'homme, infestent et par conséquent
tOUl'mentent ceux qui sont natul'els lorsqu'ils deviennent spirituels;
et comme ces maux, et pal' suite ces faux, qui infeslent et tour­
mentent, ne peuvent être dissipés que pal' des tentations, de là
vient que les tentations sont signifiées pal' la croix; c'est pOUl'
cela que le SeigneUl' dit qu'ils doivent renoncer à eux-mêmes, el
pOI'ler leur croix, c'esl-à-dil'e, l'ejetel' les pl'Opl'es; la croix de
l'homme est son propre, conll'e lequel il doit combaUt'e. El ail':"
leurs: «( Jésus dit au n'che, qui lui demnndait ce qu'z'[ devait
{az're pour ht,.iter de la vie éternelle: Tu saz$ les comman­
dements : Tu ne commettras POÙlt adultère; tu ne tueras
poz'nt; tu ne voleras poz'1zt; tu ne porteras point de {aux té­
moignage; tu ne feras point de fraude; hono"e ton père et ta
mère. Celui-ci, répondant, dz't : Toutes ces choses j'm' ob­
servé dés ma Jèunesse, Jésus, l'ayant regar'dé, l'aima; il
luz' lUt: Cependant une chose te manque; va, vends tout ce
que tu as, el donne-(le) aux paltvr'es; ainsi tu auras url tré­
sor dalls le Ciel; viens cependan.t, suis-Moi, en portan.t la
c7'oz'x. )l - Marc, X, 1i, '19, 20, 21 j - ici aussi, par suivre le
Vers. 12. CHA.PITRE QUATORZIÈME.. 85
Seigneur et porter la croix il est signifié les mêmes choses que ci-
dessus, à savoir, reconnallre le Divin du SeigneUl', et le Seigneur
pour Dieu du Ciel et de la terre, car sans cetle l'econnaissance per-
sonne ne peut s'abstenir des maux, ni fair'e le bien, à moins que ce
ne soit par soi-même, et à moins qu'il ne soit méritoire; le bien
qui est le bien en soi et non méritoil'e vient seulement du Seigneul';
c'est pourquoi, à moins qn'on ne reconnaisse le Seignelll' et que
tout bien vient de Lui, on ne peut pas être sauvé: mais avant que
quelqu'un puisse agit' d'après le Seigneur, il faut qu'il subisse des
tentations, et cela, parce que par les tentations est ouvert l'interne
de l'homme, par lequel l'homme est conjoint au Ciel; maintenant,
comme personne ne peut raire les préceptes sans le Seigneur, c'est
pour cela que le Seigneur a dit Il cependant une chose te manque;
va, vends tout ce que tu as, et suis-Moi, en portant la cl'oix, 1) c'est-
à-dire, qu'il doit reconnattre le Seigneul', et subir des tentations;
vendre tout ce qu'il avait, et le donner aux pauvres, signifie dans
le sens spirituel éloigner de soi et rejeter leS propres, ainsi signifie
les mêmes choses que ci-dessus, renoncel' à soi-même; et par don-
ner aux pauvres, dans le sens spirituel, il est signifié faÎl'e les œu-
vres de la charité; si le Seigneur lui a parlé ainsi, c'est parce qu'il
était l'iche, et que pal' les l'ichesses, dans le sens spil'ituel, sont si-
gniliées les connaissances du bien et du vl'ai, et chez lui, qui était
Juif, les connaissances du mal et du faux, qui étaien,t les traditions:
par là on peut voir que le Seigneur, ici comme aillelll's, a parlé pal'
les col'I'espondances. Les tentations sont aussi signifiées par la coupe
qu'ils devaient boire: « Jésus dit à Jacques et il Jean: Vous ne
savez pas ce que t'OUS demandez; pourez-vous boire III coupe
que Moije bois, et être baptisés du baptême dont Moije suis
baptisé? Ils dirent: Nous le pouvons. Et Jésus leur dit: La
coupe, il est vrai, que Moi je bois, vous boirez; et du bap-
tême, dont Moi je suis baptisé, t'OUS serez baptisés; mais
d'être assis li ma droite et li ma gauche, il ne m'appartient
pas de le donner, excepté (à ceux) pour qui (cela) il été pré-
paré. Il - Marc, X. 38, 39, 40; - pal' boire la coupe que le
Seigneur boit il est signifié ta même chose que ci-dessus pal' la
cl'oix, à savoir, subir les tenta~ions; et pal' le baptême, dont a été
baptisé le Seigneur', il est signifié êtt'c régénéré par les lentations;
86 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 893.

mais enlt'e la coupe que le Seigneul' boit et la coupe qu'eux boil'Ont


il y a une difi'él'ence, comme entre les tentations du Seigneur et les
tentations des hommes; les tentations du Seigneur ont été les plus
graves et coult'e tous les enfers, cal' le SeigneUl' a subjugué tous les
enfers pal' les tentations admises en Lui, tandis que les tentations
des hommes sont contl'e les maux et les faux qui sont chez eux pal'
les enfers, contre lesquels le Seigneur combat, et non t'homme, si ce
n'est contre quelques douleurs: entl'e le baptême, dont le Seigneur
était haplisé, et le baptême dont seront baptis~s les hommes, il y a
la même différence qu'entl'e la glol'ilication et la régénél'ation; le
Seigneur par les tentations a glol'ifié son Humain d'après la propre
puissance, tandis que les hommes sont 'régénérés, non d'après la
propr'e puissance, mais par le SeigneUl', car par le baptême il est
signifié être régénéré pal' les tentations, tandis que pal' le baptême
du SeigneUl' il est signilié glol'ifier son Humain pal' les tentations:
que par le baptême il soit signifié la l'égénél'ation et aussi la ten­
tation, on le voit dans la DOCTRINE DE LA NOUVELl.E JÉRUSAJ,EM,
N°' 187 à 1H3 et suiv. Et que le Seigneur ait glorifié son Humain
ct l'ait fait Divin, comme ill'égénèl'e l'homme et le fait sph'ituel,
on le voit dans les ARCANES CÉLESTES, N°s 1725, 1729, 1.733,
3318, 3381, 3382, h286.
89fl. lei, ceux qui gardent les commandements de Dieu,
signifie que ce sont eux qui vivent selon les préceptes du
Seigneur dans la Parole: on le voit sans explication. Dans la
Parole il est dit, en lJeaucoup d'endr'oils, qu'il faut garder et faire,
les commandements de Dieu et ses préceptes, et par faire les pré­
ceptes de Dieu il est entenùu la même chose que pal' aimer le Sei­
gneUl' par dessus toutes choses et le pl'ochain comme soi-même,
car ce que l'homme aime intérieurement ou de cœUt', il le 'veut, et
ce qu'il veut, il le fait; et aimel' Dieu, c'est aimer ses préceptes,
pa l'ce qu'ils appartiennent à Dieu, tellement qu'ils sont Dieu. De là
on peut voir combien les sectateul's de la foi seule savent peu ce que
c'est que l'amour; ils accol'dent ou affirment que la foi vit de l'a­
moUl', et que la foi est morle sans l'amoul', et cependant ils ne sa­
venl pas que l'amoul' et les faits sont un; ils disent aussi que dans
la foi il ya l'amour, et cependant ils ignorent que dans la foi il n'y
a pas l'amour si on ne vit pas selon les pl'éceples du Seigneur dans
Vers, 12. CHAPITRE QUATORZiÈME. 8i
la Parole, et que c'est de là que dans la foi il y a quelque amour, et
non d'autl'e part, à moins que ce ne soit l'amolli' naturel qui con­
siste à aimel', non le Seigneur ni le prochain, mais soi-même et le
monde; et les amours de soi et du monde déll'uisent entièrement
la foi, et même falsifient les vrais qui doivent appartenir à la foi
réelle, et qui sont dans la Parole.
895. -Et la {oi de Jésus, signifie l'implantation du vrai
par le Seigneur et la reconnaissance du Seigneur: on le voit
par la signification de la (oi de Jésus, en ce que c'est l'implanta­
tion du vl'ai pal' le Seigneur, comme ci-dessus, N° 813; que ce
soit aussI la reconnaissance du Seignenr, c'est parce que les v('ais
ne peuvent pas être implantés, si on ne reconnalt pas le Seigneur,
à savoir, que son Humain est Divin, et qu'il est le Dieu du Ciel et
de la terre. II est à observer que le vrai et la foi dans son essence
sont un, pal'ce que la foi doit appal'tenir au vrai, et que le vrai
doit appartenit' à la foi; c'est pourquoi le~ anciens ne disaient pas
la foi, mais au lieu de la foi ils disaient le vrai, tandis que les
hommes d'aujourd'hui au lieu du vrai disent la" foi; la l'aison de
cela, c'est que les anciens disaient qu'on ne doit croil'e que ce que
l'on voit être vl'ai, tandis que les hommes d'aujolll'd'hui disent qu'il
faut croire, quoiqu'on ne voie pas ou qu'on ne saisisse pas pal' l'en­
tendement : de là, on voit clairement quelle est la différence entre
la foi ancienne et la foi d'aujourd'hui, à savoir, qu'elle est comme
entl'e ce qui est vu et ce qui n'est pas vu, puisqu'en effet on doit
nommer foi, non pas le vrai qui est vu ou saisi pal' l'entendement,
mais ce qu'on ne voit pas ou qu'on 11e saisit pas par l'entende­
ment; de là \Iient que les Anges dans les Cieux Supél'ieul's ne veu­
lent pas même nommel' la foi, car ils voient le \'l'ai d'apl'ès l'amour
du bien et d'après la lumière du vrai, qu'ils tiennent du Seigneur,
et ils disent qu'il est insensé d'avoil' foi en quelqu'un qui dit qu'il
faut croire telle ou telle chose et ne point la saisil' pal' l'entende­
ment, cal' ce serait pensel' que la chose est ainsi, soit que ce soit un
vrai, ou que ce soit un faux, et croire le faux est pernicieux: en
outre, ce que l'on croit et qu'on ne voit pas n'entl'e pas non plus
dans l'homme plus avant que dans la mémoire, et cela ne peut pas
lui être approprié. De là il suit qu'il vaut mieux laisse)' de côlé le
mot foi, et le remplacer pal' le mot vérité: néanmoins, ce que l'on
88 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 895.
C1'oit et qu'on ne voit pas peut être nommé foi, mais celle foi est
seulement une science, et dès que l'homme devient spirituel, ce qui
afl'ive quand son inteme, qui communique avec le Ciel, est ouvet't,
ce scientifique, qui est appelé foi, devient alors vérité, ca'l' il est vu
alors d'apr'ès la 'lumière du Ciel. 11 faut qu'on sache que tous les
Anges et tous les bons esprits voient les vrais du Ciel comme l'œil
du COl'pS voit les objets du monde, car les objets du Ciel sont des
vrais pour ceux qui sont spirituels, et cela, parce que leur enten­
dement est lem' vue spirituelle. Si au lieu de foi il faut dire l'él'ité,
c'est pal'ce que par les vérités il y a toute intelligence et toute sa­
gesse, et que par la foi, surtout pal' la foi séparée, il y a toute igno­
rance, à savoit', dans les choses spirituelles; c'est pourquoi, les
Anges des Cieux supérieUl's se détoul'nent quand ils entendent pro­
noncer le mot foi 1 et cela, parce que leur mental a en aversion ce
qui est pensé d'après ce mot, à savoir, que l'entendement doit être
tenu captif sous l'obéissance de la foi, et que ne point vOÏl' les vrllis
sel'ait éteindre la lumière du Ciel dans laquelle ils sont, et qui est
chez eux; ils sont même étonnés que quelques-uns croient qu.e la
foi intellectuelle n'est pas spil'iluelle, quand cette foi est la vérité,
puisque la foi sans son entend~ment est une foi historique, parce
qu'elle vient d'uu autre, et que considél'ée en elle-même elle est
seulement une science.
896. Vel's, 13. Et j'entendis une voix du Ciel, me disant:
É ais: Heureux les morts qui dans le Seigneur meurent dès
maintenant! Oui, dit/' esprit, afin qu'ils se reposent de leurs
trat'aux, car leurs œuvres suivent avec eux. - Et j'entendis
une voix du Ciel, me disant, signifie les consolatiolls pal' le Sei­
gneul' après les tentations: écris, signifie la certitude: hew"eux
les mOl"ts qui dans le Seigneur meurent dès maintenant! si­
gnifie la résurrection pour la vie éternelle de ceux qui auparavant
ont vécu la vie de la charité, et de ceux qui dans la suite la vivront:
oui, dit l'esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, si­
gnifie que pOUl' eux il n'y a plus de combat contl'e les maux et les
faux, ni d'infestation par eux : car leurs œU1JreS suilJent avec
eux, signifie qne pour eux il y a la vie spirituelle, qui est la vie
des Anges du Ciel.
89i, Et j'entendis une 1:oi:r: du Ciel, me disant, signifie
Vers. 13. CHAPITRE QUATORZIÈME. 89
"es consolations par le Seigneur oprés les tentatiollS : on le
voit pal' la signification de hl voix, disant, en ce que ce SOftt les
,choses qui suivent, lesquelles sont des consolations après les ten­
talions, ainsi qu'il est montré plus bas; et par la signiOcation de
dire du Ciel, en ce que c'est pal' le Seigneur, car ce qui est dit du
Ciel est le Divin Vl'ai, et cela, il est vrai, est dit du Ciel par les
Anges, et néanmoins c'est pal' le Seigneul' au moyen des Anges,
cal' les Anges, de même que les hommes, ne peuvent par eux­
mêmes ni pense., aucun nai ni fail'e le bien, mais c'est par le Sei­
gneur; c'est poul'quoi, pal' les Anges dans la Parole il est signifié
les Divins Vrais procédant du Seigneur, et par le Ciel le Seigneur:
ceux qui croient que les Anges ont été créés immédiatement Anges,
et dans un tel élat d'itltégrité qu'ils peuvent pal' eux-mêmes fail'e
le bien, se trompent beaucoup; cal' tous les Ànges, qui sont dans le
Ciel entier, ont été hommes, et par suite ont des propres, tels que
sont ceux des hommes, lesquels propt'es ne sont que des maux; mais
comme, lorsqu'ils vivaient hommes dans le monde, Ils ont été régé­
nérés par le Seigneul', ils peuvent par suite êtl'e détournés des maux
et des faux, et êtl'e tenus dans les biens, et quaild ils sont détoul'llés
des maux et tenus dans les biens par le Seigneur, i1leUl' semhle alors
êtl'e par eux-mêmes dans les biens, mais néanmoins ils savent et
pel'çoivent que cela leur vient du SeigneUl' 6t non d'eox-mêmes; de
là il e~t évident que tout le Ciel angélique, quant à l'intelligence et
à la sagesse, et quant aux affections du bien et du vrai, est le Sei­
gneur; c'est donc de là que par la voix disant du Ciel) il est sI­
(1

gnifié des choses qui viennent du Seigneur, ici des consolations après
,les tentations; et cela, parce que dans le Verset pl'écédent il a été
traité de la patience de ceux qui gardent les commandemcnts de
Dieu et la foi de Jésus, et que là pal' la patience il est signifié les terl..
tations. Maintenant, il sel'a dit quelque chose SUi' les consolations
apI'ès les tentations: Tous ceux qui sont l'égénél'és par le Seigneur
subissent des tentations, et apl'ès les tentations ij.g.ont des joies; mais
d'où viennen t les tentations et apl'ès elles les joies qui sont entendues
ici pal' les consolations, on l'ignore encore dans le Monde, par la
raison qu'il en est peu qlli aient des tentations spirituelles, parce.
qu'il en est peu qui soient dans les connaissances du bien et du vrai,
et qu'il yen a encol'e moins qlli soient dans le mal'iage du bien et du
90 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N' 897.

vrai, c'est-à-dil'e, dans les vrais quant à la doctl'ine et en même temps


dans les biens quant à la vie; et il n'yen a pas.~'antresque ceux-ci
qui soient envoyés dans les tentations spirituelles, parce que si
d'autres y étaient envoyés, ils succomberaient dans les tentations, et
s'ils succombaient, leur état postél'ieUl' seràit pire que leur état an­
tédeur. Si dans les tentations spirituelles il n'en est pas envoyé
d'autres que ceux qui sont dans le mariage du bien et du vrai, la
véritable raison, c'est que le mental spirituel, qui est pl'oprement
l'homme intel'lle, ne peut pas être ouvert chez les autres, car lorsque
ce mental est ouvel't, les tentations exislenl; et cela, parce que le
Ciel, c'est-à-dire, le Seigneur par le Ciel, influe par le mental spi­
rituel de l'homme dans son mental naturel ; il n'y a pas d'autre che­
min du Ciel, c'est-à-dire, du Seigneut' pal' le Ciel, dans l'homme;
et quand le Ciel influe, il éloigne alors les obstacle.>, c'est-à-dire,
les maux, et pal' suite les faux, qui résident dans le mental naturel
ou dans l'homme 'latul'el, et ils ne peuvent êtl'e éloignés que pal' la
vive l'econnaissance qu'en à l'homme, et pal' une douleul' de l'ame
à cause d'eux; de là vient que dans les tentations l'homme éprouve
des angoisses à cause des maux et (~es faux qui surgissent dans sa
pensée, et autant alors l'homme l'econnatt ses péchés, se juge cou­
pable, et supplie pOUl' la délivrance, autant les tentations lui sont
profitables; d'apl'ès ces explications, il est é\'ident que l'homme
est en tentation spirituelle 10l'sque son interne, qui est appelé men­
tal spirituel, est ouvert, ainsi lorsque l'homme est régénéré. Quand
donc les maux et les faux de l'homme ont été éloignés, tes tenta­
tions sont alol's achevées, et après qu'elles ont été achevées, la joie
influe du SeigneUl' par le Ciel, et remplit son mental naturel; c'est
cette joie qui est entendue ici par les consolations: ces consola­
tions, tous ceux qui subissent des tentations spil'ituelles les reçoi­
vent; j'en pal'le pal' expérience. Si l'homme apl'ès les tentations
reçoit des joies, c'est parce qu'après elles l'homme a été admis
dans le Ciel, cal' l'homme après les tentations est conjoint au Ciel,
et y est introduit; de là pour lui une joie semblable à celle dont y
jouissent les Anges.
898. Écris, si,r;nifie la certitude .' on le voit par la significa­
tion d'écrire, en ce que c'est la cel'titude, car ce qui est dit du Ciel,
et qu'on recommande d'éCf'il'e, est comme ce qui a été souscrit,
Ven. 13. CHAPITRE QUATORZIÈME. 91.
ainsi vrai et pal' suite certain, ici, que ceux qui souffriront des ten­
tations spirituelles auront des consolations et seront heUl'eux : si
écrire signifie la cer'litude, c'est pal'ce que ce qu'on écrit est le der­
nier' acte de la pensée, et pal' conSéquent du langage, et ainsi le
certain, parce que c'est cc qui est lerminé : il en est de cela comme
de toutes les choses que l'homme veul, pense, et pal' suite pl'O­
llonce, et qu'il ne termine pas en les faisant; elles ne sont pas en­
core dans la vie de l'homme, cal' il manque le dernier dans lequel
les antérieur's coexistent: que par éCl'ire il soit par suite signifié
inscl'ir'e dans la vie, on le voit ci-dessus, N° 222.
899, H eureu:r.: les morts qui dans le Seignnw meurent dès
maintenant ! ~'ignifie la résurre('tion pour la vie élernelle de
ceux qui auparavant ont vécu la vie de la ('hm'ité, et de ceux
qui dans la suite la vivront: on le voit par la signification des
morts dans le Seigneur, en ce que ce sont ceux qui l'essusciten
pour la vie étel'flelle, ainsi qu'il va être montré; et par la signifi­
cation des morts el de ceux qui meurent dès maintenant, en ce
que c'est la résUl;reclioll de ceux qui auparavant ont vécu la vie de
la chal'ilé, el de ceux qui dans la suite la vivent; car ces choses ont
élé dites de ceux qui gardenl les commandements de Dieu et la foi
de Jésus, lesquels sont ceux qui vivent selon les préceples du Sei­
gneur dans la Parole, et reconnaissent son Divin, ainsi qui vivent
par le Seigneur la vie de la charilé; voir ci-dessus, Nol 894,895.
S'il est dit dès maintenant, c'est.parce qu'il est enlendu ceux qui
ont vécu celle vie auparavant, et ceux qui la vivent dans la suite; ,
ceux qui ont vécu cette vie aupal'avant ont élé l'ésel'vés pal' le Sei­
gnclIl' au-dessous des Cieux, et mis en so.l'elé conll'e l'infestation
des enfers jusqu'au Jugement dernier; après que ce Jugement
ellt élé achevé, ils ont été retil'és de leurs lieux et élevés au Ciel;
si ,ce n'a pas élé aupal'avant, c'est pàl'ce qu'avant ce Jugement, les ..
enfers prévalaient, le sUI'poids élait de leuf' côté, tandis qu'après
le Jugement les Cieux pJ'évaIUl'enl, et ainsi le surpoids fut de leur
côté; en effet, pal' le Jugement demier toutes choses furent remises
en ol'dre, tant dans les enfers que dans les Cieux; si donc ils eussent
été élevês auparavant, ils n'auraient pas pu résister à la puissance
dans laquelle les enfers étaient plus que les Cieux; qu'ils aient été
élevés, il m'à été donné de le voir; en effet, de la terre inférieure,
92 L'APOCALYPSE EXPLlQUÉl!:. N·S9.9.

où ils avaient été réservés par le Seigneur, je vis sortir desphalange,s


qui furent élevées et transpol'tées dans les sociétés célestes; cela al'·
riva après ce Jugement demier, dont il a été tl'ailé dans l'Opuscule
DU JUGEMENT DERNIER. Semblahle chose a été faite apr'ès le pl'é­
cédent Jugement qui a été exécuté par le Seigneur quand il était
dans le Monde, et dont il a aussi été trailé dans le même Opus­
cule: c'est cet arcane qui est entendu pal' la résurrection de ceux
qui ont auparavant vécu la vie de la char'ité; cela aussi est en­
tendu pal' ces paroles, dans Jean: Cl At aintenanl il y a juge­
ment de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera
ielé dehors: mais Moi, quand j'aurai été élevé de la lerre,
tous je tirerai ù Aloi. 1) - XII. 31, 32; - et cela l\ été repré­
senté en ce que « beaucoup (le saints qui dormaient ressusci­
tèl'ent; et qu'étant sortis de leurs sépulcres après la résw'rec­
tion du Seigneur, ils entrèrent dans la ville sainte, et appa­
rurent à plusieurs, 1) - Mallh. XXVII. 52, 53 : - mais, sur ce
sujet, il en sera dit davantage, lorsque dans ce qui suit dans l'A­
pocalypse il sera question de la r'ésulTection QU de la p,'emière mort
et de la seconde mort. Que par heureu;x les morts et ceux qui
meurent il soit entendu ceux qui pOUl'ia vie doivent ressuscitel' dans
la suite, lesquels sont ceux qui vivent la vie de la charité, on peut le
voir en ce qu'il est dit Cl dès maintenant, II puis aussi Il les morts, Il
et Il ceux qui meurent; Il c'est pourquoi, Il dès maintenant 1) se ré­
fèl'e non-seulement à ceux qui sont tels après le Jugement dCI:nier,
mais aussi à ceux qui aupaI'avant Ollt été tels, et dont il vient d'êtl'e
padé, Que la mort signifie la réSlIITection, et que pal' suile les
morts signifient cenx qui ressuscitent pOUl' la vie éternelle, c'est
parce que la mOl't signifie t'enfer, et pal' suite les maux et les faux,
et que les maux et les faux doivent mourir, pour que l'homme re­
çoive la vie spil"ituelle, cal' avant qu'ils soient morts et éteints,
l'homme n'a pas la vie spirituelle, c'est-a-dire, celle qui est en­
tendue dans la Pal'ole pal' la vie, pal' la vie éternelle et pal' la l'ésur­
rection; c'est pourquoi, par mou l'il', ici et ailleurs dans la Pal'ole,
il est entendu l'extinction de la vie propl'e, qui considérée en elle­
même consiste uniquement en maux, et par suite en faux, et comme
lorsque cette vie a été éteinte, il sa place entre la vie spirituelle,
c'est de là que pal' Cl les mOl'ls dans le Seigneur li il est signifié
Vers. :13. CHAPITRE QUATORZIÈME. 93
ceux qui sont de\'enus spil'ituels par le Seigneur. En outre, dans le
sens spirituel, pal' mouril' il peut êU'e entendu la l'ésurl'ection, parce
que les Anges, qui sont dans le sens spirituel de la Pal'Ole, ne sa­
venl rien de la mort naturelle, Lelle qu'elle est pour les hommes
qui décèdent, mais ils ont connaissance de la mort spirituelle, Lelle
qu'elle est pour ceux qui pal' les lenlalions sont l'égénérés par le
Seigneur, et chez qui les maux, et par suite les faux, sont domptés
et mis à mOI'r. La marI oalul'elle aussi u'est autre chose que la l'é­
SUrl'eclion, puisque quand le COl'pS meurt, l'homme quanl à son
esprit ,'essusc.ite, el ainsi la mOl't est seu,lement la conlinuaLion de
sa vie, car l'homme après [a mOI't passe de la vie dans le Monde
naturel à la vie dans le Monde spirituel, avec la seule différence
que la vie dans le Monde nalUl'el est une \'ie extél'iellre et plus im­
parfaite, et la vie dans le Monde spirituel une vie inlérieure et plus
parfaite, mais néanmoins de pari et d'aulre semblable à l'appa­
rence, comme on peut le va il' pal' ce qui a été rapPol'té dans le
TraiLé DU CIEL ET DE L'ENFER, d'apl'ès ce qui a été entendu et vu.
D'après ces considél'alions, on peut voir que par la mOl't il est si-:­
gnilié el la mOl't spiriluelle, qui est la. damnation, el aussi la ré­
SUI'('cclion pmu: la de, qui esl la saivalion ; que pal' la mort il soit
signifié la damnalion, on le voil ci-dessus, NOl 186, 383, 551,
694; que pal' la mOI't il soit signifié la résurl'ection pour la vie
élel'nelle eL la salvalion, on peul le \'oil' pal' les passages suivanls;
dans Jean : «( Jésus dit: Moi, je suis la résurrection et la vie;
celui qui ("nit en Moi, bien qu'il meure, vivra; et quiconque
't,it et croit en Moi, ne mOU1"1Yl point pour l'éte1'nité. Il ­
Xl. 25, ~6; - «( Moi, je suis la l'ésul'I'ection et la vie, )l signifie
que par Lui il y a la résUI'rection el la vie, et non par un aulre;
(1 celui qui CI'oit en Moi, )l signifie celui qui cl'oit son Divin et

qu'il esl TOUL-Puissant et Seul Dieu'; el comme pel'sollne ne peut


croil'e cela que celui qui vil la vie de la chal'ilé, voilà pourquoi cela
aussi est enlendu par croil'e en Lui; (1 bien qu'il meure, vivra, )l
signifie que, bien qu'il melll'e nalUl'ellemenl, il l'essuscilera pour
la vie; «( el quiconque vil el croit en Moi, ne mOOl'I'a point pour
l'éternité, Il signifie que celui qui a été réformé ne mourra point
spirituellement, c'est-à-dire, ne sera poinl damné, mais ressusci­
tel'a pour la vie étel'nelle; ùe là il esl évident que pal' moul'il' il
Oh L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. 1'\"890.

est entendu, non pas mourir, mais ressusciter pour la vie. Dans
le Même: (1 Vos pères ont mangé la manne dans le désert,
et ils sont morts; c'est ici le Pain, qui du Ciel est descendu,
afin que si quelqu'un en mange, il ne meU/'e'point. » - VI.
!a9, 50, 58; - par la manne que les fils de Jacob ont mangé
dans le désert il est entendu quant à eux une nourriture natu­
relle, pal'ce qu'ils étaient naturels; et pal' le Pain qui du Ciel est
descendu il est entendu une nOUlTÎlure spirituelle, parce qu'elle
vient du Seigneur Seul, et comme elle vient de Lui Seul, dans le
sens suprême pal' le Pain il est entendu le Seigneur Lui-Méme;
c'est aussi pour cela qu'il dit Il Moi, je suis le Pain de vie; l) en
elfet, c'est du Divin Bien uni an Divin Vrai pt'océdant du Sei­
gneur que les Anges, et aussi les hommes, tirent la vie spil'Îluelle;
c'est pourquoi, pal' ces paroles, dans le sens spirituel, il est en­
tendu que ceux qui seu\el11ent se nourrissent naturellement de la
Parole, sont morts, c'est-à-diI'e, damnés, comme l'ont été les lIls
de .Jacob, ce qui même a été signifié pal' cela que tous dans le dé­
sert sont morts; mais que ceux qui se noul'l'issent spil'iluellement
de la Parole ne seront pas ~1Jjets à la damnation, ce qui est entendu
par (1 ils ne mourI'Ont point; » de là il est évident qtfil est entendu,
non pas mauri)', mais la résul'l'ection pOUl' la vie, parce que la mort,
si elle n'est pas la mort, est la vie. Dans le Même: CI Si quelqu'un
garde ma parole, il ne verra point la mort pour l'éternité. »
- VIII. 52, 53; - pal' garder les paroles du Seigneur il est si­
gnifié vivre selon les. préceptes du Seigneur; ne point voir la mort
signifie, non pas la damnation, mais la vie dans laquelle l'homme 1

ressuscite et entre par la mort. Dans le Même: Cl Jésus dit: En


vérité, je vous dis que quiconque entend ma Parole, et croit
à Celui qui M'a envoyé, a la vie éternelle; et en jugement il
ne vient point, mais il est passé de la mort à la vie. 1) - V.
26; - par entendre la Parole du Seigneur', et croire en Celui qui
L'a envoyé, il est entendu les mêmes choses que ci-dessus, car le
Seigneur par le Père a entendu le Divin qui était en Lui pal' con­
ception, ainsi Lui-Même; ne pas venil' en jugement signifie ne pas
être damné; passer de la mort à la vie signifie la r6surreclion et la
vie dans le Ciel; Cl de la mOl't » signifie non-seulement de la mort
natUI'elle à la vie éternelle, ainsi la l'ësurr'ection, mais aussi de la
Ve.t'3.13. CHAPITRE QUATORZIÈME. 95
mOI'l spirituelle, qui est la damnation, a la vie étemelle, Ilar con-
séquent aussi la résurrection, car dans la Parole il y a et un sens
natUl'el et un sens spil'ituel. Dans le Même: Jésus dit: De même
(1

que le Père ressuscite les- morts et m'vzfie, de même aussi le


Fils, qui il veut, vimfie. Il - V. 2:1; - pal' ressusciter les morts
et vivifier', non-seulement il est entendu la l'ésul'l'ectioll pour la vie
pal' la mort uatul'elle, mais aussi par la mort spil'ituelle; la l'ésur-
rection pour la vie se fait par la réformation et pal' la régénération,
et celles-ci se font pal' l'éloignement et la sépal'ation des manx qui
damnent l'homme, et qui sont la mort spirituelle. Daus le Même:
Jésus dit: En vérité, je vous dis qu'une helll'e vient où les
morts entendront la voix du Fils de Dieu, e( ceux qui l'au-
ront entendue vivront. Il -V. 25; - pal' les morts, ici, sont si-
gnifiés ceux qui sont dans les maux, el pal' suite dans les faux,
mais qui en out été déliVl'és pal' la réformation; que ceux-la doivent
ressusciter, c'est ce qui est entendu pal' ces paroles; en effet, eux
alors ne sont plus morts, mais ils sont vivants, car ce sont eux qui
écoutent la voix du Fils de Dieu, pm' conséquent qui vivent selon
ses préceptes, Pareillement dans Luc: Il Cela sera rétribué dans
la rés1l1'/'ection desjuste,ç, Il - XIV. th; -- pal'Ia résulTection
des justes il est entendu la résurl'ection non-seulement de ceux qui
mem'ent naturellement, cal' ceux-ci ressuscitent aussitôt après la
mort, mais aussi de ceux qui meurent spirituellement, et ont été
Yivifiés pal' le SeigueUl'. Dans Jean: (1 Jésus dit: /1 vient une
heure dans laquelle tous ceux qni sont dans les sépulcres en-
tendront la voix du Fils de Dieu, et sortiront, ceux qui au-
tont fait de bonnes choses, pour une résurrection de vie, et
ceux qui en auront fait de mauvaises, pour une résurrection
de jugement. )) - V. 28, 29; - pat' r,es paroles il n'est pas en-
tenùu que les sépulcl'es sel'ont ouverts, et que tous en sortiront au
jouI' du Jugement demier; mais par les sépulcl'es qui seront ou-
vel'ts il est entendu les lieux dans la tene inférieure, où avaient été
réservés et gal'dés par le Seigneur ceux qui aupal'avant avaient
vécu la vie de la charité et reconnu le Divin du Seigneur, et qui
au jouI' ÙU Jugement demiei', et après ce jour, ont été élevés dans
le Ciel, et dont il a été parlé ci-dessus dans cet MLicle; ces lieux
dans le scus spirituel sont signifiés pal' les sépulcl'es; qu'il ne
90 L'APOCALYPS~ EXPLlQm:E. 1'\" 899.

soit pas entendu que SUI' la tel're les sépulcres seront ou\'erts, et
qu'on en sortirai au jour du Jugement derniel', cela e.l;t manifeste­
ment évident en ce que tous les hommes, aussi lOt après la mort,
viennent dans le Monde spirituel, et y vivent en forme humaine de
même que dans le Monde naturel, qu'ainsi la l'ésurl'ection a lieu
pOUl' chacun aussitOt apl'ès la mOI't, réstll'l'ection de vie (lOUI' ceux
qui ont fait des biens, et résul'rection de jugement pOUl' ceux qui
ont fait des maux, comme on peut voir par ce qui a été rapporté
dans le Traité DU CIEL ET DE L'ENFHR d'après ce qui a été entendu.
et vu, Ces choses ont élé l'eprésentées pal' cela que u les sépulcre8
s'ouvrirent, et que beaucoup de corp8 de saints qui dormaient
ressuscitèrent; et qu'étant sortis des sépulcres après la résur­
rection du Seigneur, ils entrèrent dans la ville sainte, et ap­
parurent à plusieurs, Il - Matlh, XXVII. 02, 03; - que des
sépulcl'es aient alol's été ouverts, el que des saints, qui auparavant
étaient morls, en soient SOI'lis, et qU'étant elltl'és dans la ville
sainte ils aient appal'u à pll:Jsieurs, cela représentait la l'ésul1'ection
de ceux qui avaient été résel'Vés dans des lieux sous le Ciel par le
SeigneUl' jusqu'à son avénemelll dans le monde, et qui après sa l'é­
sUrl'ection en ont élé relirés et élevés dans le Cid; ces choses aussi
ont eu lieu et ont été vues pal' ceux qui étaient dans Jél"Usalem,
mais toujoUl's est-il qu'elles ont été des l'eprésentalifs de la résur­
rection de ceux dont il est pal'Ié maintenanl et ci-dessus; car de
même que toutes les choses de la Passion du Seigneur ont été des
représentatifs, comme le voile du temple qui fut déchiré en denx,
la terl'e qui trembla, et les rochel's qui se fendil'ent, - Mallh.
XXVlI. 51, - de même celles-ci, que les sépulcres s'ouvril'tmt,
et que des saints en SOI'tirent; c'est pourquoi il est dil aussi qu'ils
entrèrent dans la ville sainte et qu'ils y appal'urent; cal' pal' Sion,
qui est entendue ici par la vil1e saillte, était encol'e l'eill'ésenté le
Ciel, où le Seigneur règne par SOli Divin Vrai; SUI' la signilication
de Sion, voir ci-dessus, N° 850; celle ville, conjoinlement avec
Jél'usalem, était alol's plutOt profane que sainte; .c'est même pOUl'
cela qu;el1e est appelée Égypte et Sodome dans l'Apocalypse, ­
XI. 8; - mais elle est appelée sainte à cause de la repl'ésentation,
et pal' suile à cause de sa signification dans la Parole. La l'ésul'rec­
tlon d'entre les morts, tant dans le sens natUl'el que dans le sens
Vers. 13. CHAPITRE QUATORZIÈME. 97
spirituel, a aussi été représentée, et par suite signiOée par les morts
que le Seigneur a ressuscités; ainsi, pal' la résw"'ection de La­
zare. - Jean, X. 11 à hh; - pal' la résurrection du jeune
homme de ]\lain. - LuI:" VII. 1'1 à 18; - et par la résurrec­
tion de la fille du chef de la synagogue, - Marc, V. 21 à h3.
- En elfet, tous les miracles qui ont été faits pal' le Seigneur', et
aussi tous les mil'actes qui ont été décrits dans la Parole, enve­
loppaient des choses saintes du Ciel et de l'Église, et par consé­
quent les signifiaient; par suite Ces mil'acles étaient Divins, et dis­
tingués des miracles non Divins. Des choses semblahles sont signi­
fiées en ce qu'il a été donné aux disciples de ressusciter des
morts. - Manh. X. 8, - La régénération, qui est aussi la ré­
surrection d'entre les morts, a été représentée par la vivification
des os dâns ÉZéchiel, - XXXVII. 1 à 1!J; - que la régénéra­
lion ait été représentée par cette vivification, on le voit clairement
pal' les Versets 11 à U, où il est dit: « Ces os sont toute la mai­
son d' Israël; c'est pourquoi prophétise, el dis-leur: Voici.
lU oi, je ?:ais ouvrir vos sépulcres, mon peuple. et je vous amè­
nerai sur la terre d' I.~'·aël, afin que 'l,'OUS connaissiez que Moi
j'ai mis mon esprit en vous, pour que vous viviez;)) ici aussi il
est dit que les sépulCl'es seraient ouverts, ce qui signifieaussi la ré­
sUl'I'ection poul'la vie; être enseveli et la sépullure signifient la résur­
rection, puis aussi la régénération, paI'ce que c'est l'éloignement des
choses immondes; voir ci-dessus, N° 659. Que la mort naturelle,
qui est l'éloignement des choses immondes du corps, et la mort spi­
rituelle, qui est l'éloignement des choses immondes de l'esprit, si­
gnifient la l'ésurrcctioll, on le voit aussi pal' la suite dans l'Apoca­
lypse, où il s'agit de ln mort premièl'e et de la mort seconde, qui
aussi sont appelées résLll'I'ection premièl'e et rësurrection seconde,­
II. 11. XXI. 8; - puis aussi dans David: «(Précieuse aux yeux
de Jéhovah. III mort de .çes saints. 1) - Ps. CXVI. 15; - que la
mort des saints signifie, non pas la damnation, mais la sépal'alion
et l'éloignement des choses immQndes de leur esprit, ainsi la régé­
nérat.ion et la résurrection, cela est évident. Comme aussi dans
.Jean : Cl Jésus dit: Si le grain de fi'oment tombant dans la
terre ne meurt pas. il demeure seul; mais s'il meurt. il porte
beaucoup de fruit. 1) - XII. 2h. : - il en est aussi de même
VI. 7.
98 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 899,

ùe l'homme, qui doit mOUl'ir quant au COI'pS, pOUl' qu'il ressuscite,


et mounir quant à son propre, qui en soi est infernal; cal' si l'un et
l'autre Ile meurt pas, l'homme n'a pas la vie du Ciel. Comme les
hommes l'essuscitent apl'èsla mort, c'est pour cela que le Seigneur a
voulu subir la mOlt, et ressusciter le tl'oisième JOUI', mais dans le
but de dépouillel' tout l'humain qu'il tenait d'une mère, et de revêtil'
le Divin Humain; car tout l'Humain que le Seigneur avait pris d'une
mèl'e, il l'a rejeté de soi par les tentations, et enfin par la mOI't, et
ell se l'evétant de l'Humain provenant du Divin Même qui était en
Lui, il s'est glol'ifié, c'est-à-dire qu'il a fait Divin son Humain:
de là vient que pal' sa mort et par sa sépultul'e il est entendu dans
le Ciel, non la mort ni la sépulture, mais la pUl'ification de son
Humain, et la glorification: qu'il en soit ainsi, le Seigneur l'a en­
seigné pal' cette comparaison avec le froment tombant dans la terre,
qui doit moul'ir pour portel' du fruit: une semblable chose est aussi
enveloppée par ces paroles du SeigneUl' à Mal'ie la Magdaléenne :
Il Ne me touche pas, carje ne suis pas encore monté vers mon

Pè.re. ) - Jean, XX. i 7; - par montel' vers son Père il est en­
tendu l'union de son Humain avec son Divin, l'humain de la mère
ayant été pleinement l'ejeté.
900. Oui, dit l'esprit, afin qu'ils se reposent de leurs tra­
vaux, signifie que pour eux il n'y a plus de combat contre
les maux et les faux, ni d'infestation par eux: on le voit pal'
la signification de l'esprit dit, en ce que c'est l'affil'mation que
cela est vl'ai, cal' pal' l'Ange est signifié le vrai procédant du Sei­
gneUl', pal'eillement pal' l'espl'it; pal' la signilication des traLYlUX,
en ce que ce sont tes combats contre les maux et les faux, et les in­
festations pal' eux, ainsi les tentations, comme il va être expliqué;
de là, u repolier des travaux signilie que pour eux il n'yen aura
plus; il est donc évident que par l'esprit dit, afin qu'ils se repo­
(1

sent de leurs travaux, ) il est signifié qu'il est vrai que pour eux il
n'y a plus de combat contre les maux et le:>. faux, ni d'infestation
pal' eux, Dans le Verset précédenl, il s'agit des tentations de ceux
qui vivent selon les préceptes du Seigneur, et qui reconnaissent son
Divin; c'est pourquoi, dans ce Vel'set il s'agit des consolations
qui suivent les tentations spirituelles; cal', ainsi qu'il a été ~it ci­
dessus, N° 897, il ex iste des joies apl'ès toutes tentations spi ri­
Vers. 13. CHAPITIŒ QUATOnZlÈME. \)Û

tuclles, Si pal' les tl'uvaux il est entendu les tentations, c'ust pal'ce
que les tentations sont des truvaux de l':lme, ou ùes tl'avaux spiri­
tuels; elles sont aussi entendues par le travail dans Ésaie: (CJého­
vah a voulu l'épuiser, il L'a fait (aibLe; s'il dépose pour le dé­
lit son âme, il verra de La semence, iL prolongera (ses) jours,
et la volonté de Jéhovah par sa main prospèrera : par te tra­
vail de son âme il verra, il sera rassasié. Il . - LIlI. 10, 11 ;
-ces choses concel'llent le Seigneur, cie Qui il est traité dans tout
ce Chapitl'e; [es tentations du Seigneur, qui furent les plus graves,
parce qu'elles étaient contl'e les enfel's, sont décrites pal' ces paroles
«( Jéhovah a voulu l'épuiset', il l'a fait faible, 1) cal' pal' les tenta­
tions les propres amours sont réprimés, ainsi le corps est épuisé et
rendu faible; « s'il ùépose pout' le délit son âme l) signifie quand il
aura subi les tentations jusqu'à la mort; « il verra de la semence))
signifie que le Divin Vl'ai pt'ocèdet'a de Lui, la semence est le vl'ai,
et lot'squ'il s'agit du Seigneur le Divin Vrai; Cl il pl'olongera ses
jours l) signif1e que le Divin Bien pl'ocèdera aussi de Lui; le long,
et par suite prolongel', Sg dit du Lien; voir ci-dessus, N° 629, et
les jours signiHent les étals; «( et la volonté de Jéhovah par sa main
prospèrel'a )l signifie qu'ainsi toutes et chacune des choses dans les
Cieux et dans les terres seront tenues dans l'Ol'dl'e Divin; Cl pal' le
tl'avail de son ;1me Il signifie pal' les tentations; li il vel'I'a, il sera
"assasié Il signilie la glol'ilication : ces choses sont signiliées pal' ces
pa t'oies dans le sens suprême, où il s'agit du Seigneur; mais ùans
le sens respectif, pal' ces mêmes pal'oles est décrite la salvation du
genre humain, pour laquelle le Seigneur a comhattu d'après le Di­
vin ArnOUl'. Il est L1it (( s'il dépose pOUI' le délit son âme, )l comme
si c'était douteux qu'il la L1épos:lt; mais cela envelopPtl la méllle
chose que ce que Lui-Même dit dans Jean: ( Moi, Je dépose mon
âme, pour de nouveau La prendre; personne ne me La ravit,
mais Moi, je la dépose de :l1oi-iJ1éme. Pouvoir/ai de la dé­
poser, el pOllVoirj'ai de la prendre de nouveau; ce COmmfl/L­
dement i' ai reçu de mon Père, » - X. 17, 18;- l'al'cane qui
est caché dans ces paroles, personne ne peut le voil" à moins de
savoir quelles sont les tentalions pal' lesquelles l'homme est l'égé­
nél'éj car dans ces lentations l'homrne est leuu dans' son lihre,
J'après lequel il lui semble qu'il comhnl d'{l(ll'ès lui-ml~me, ct m~01e
tOO L'APOCALYPSE EXPLIQUF:B. N° 900.

dans les tentalions, le lihre spil'iluel chez l'homme est plus fOl't que
hors des lentalions, car il est intériel\l'; si l'homme ne combatlait
pas d'après ce lil)l'c dans les tenlalions, il ne pourrait pas devenÎl'
spirituel; p.n effel, tout libre appartient à l'amour j c'est pou l'quoi,
l'homme alors combat d'après l'amour du vrai, et par suite d'apI'ès
l'amour de la vie élemelle; ainsi, et lion autremenl, l'interne est
ouvert et l'homme est régénéré. D'après ce peu d'explicalions, on
peut en quelque sorle voir ce qui est enveloppé par ces pal'oles du
SeigneUl', à savoir, que d'après son libre il a combattu, et qu'en­
fin il a déposé son ~me, dans le but de faire toutes choses d'après
la propI'e puissance, et de devenir par' conséquent Justice pal' Soi­
Même, ce qni n'a pu êlre fait que d'après son Libre; de là il est dit
(1 Moi, je dépose de Moi-Même mon âme, pouvoil' j'ai de la dépo­
sel', et pouvoir j'ai de la pl'endre de nouveau; ce commandement
j'ai reçu de mon Père. Il Ceux qui ne savent pas cet Mcane intel'­
pl'ètent ces pal'oles, de même que les Ariens, en disant que le Sei­
gnel1l' a été, non pas le Fils aClnel, mais le Fils adoptif de Dieu,
qu'ainsi il a élé adoplé, parce qu'il a voulu déposer son âme, ou
subir la mort de la croix; ils ne savent pas que ces paroles envelop­
pent qu'il a comhattu d'aprè.> la propre puissance contre les enfel's
par son Divin Humain, ct les a vaincus, et que d'après la propre
puissance il a glol'ifié son Humain, c'est-à-dire, l'a uni au Divin
Meme en Lui, et ainsi l'a fait Divin, ce qni n'a pu en aucune ma­
nière êlre fait sans uu Libre absolu laissé à Lui-Même quant à l'Hu­
main. D'après ces considéraI ions, on voit maintenallt pourquoi dans
Ésare il est dit ,~'il met pOlir le délit son Inne. Que le Libl'e
soit ce qui appm'lient à l'amoul' et à la volonté, et pal' suite à la vie
de l'homme, et. que cela appal'aisse comme son propre, on le voit
dans la DOCTRINE DE LA NOUVELLE JERUSALEM, No' i 41,146. Que
('homme doive avoir le Libl'e pOUl' qu'il puisse être régénél'é, on le
voit dans les ARCANES CÉLESTES, N°' 1937, 19lJ7, 2876, 2881.,
3H5, 3158, 4031, 8700. Voir anssi, qu'autrement l'amour du
hien et du vl'ai ne peut être implanté dans l'homme, ni lui être ap­
proprié d'une manière apparente comme sién, No' 2877, 287û,
2880,8700: qlle rien de cc qui est fait dans le contraint n'esL con·
joint à l'homme, N°' 2875, 8700 : que sc contraindre vient du li·
bl'e, mais non êlre contraint, No' 1937, 2881 : que dans toute
Vel'S. 13. CHAPITRE QUATORZIÈME, fOl
tentation il yale Iibl'e, mais que ce Iibl'e est intérieur'ement chez
l'homme pal' le Seigneur', et que c'est pour cela que l'homme com­
bat et veut vaincre, et non êll'e vaincu, ce qu'il ne fel'ait pas sans
le libre, N°' 1937, 19h7, 2881 : que le Seigneur Seul et d'après
la propl'e puissance a combattu r,ontl'e tous les enfers et les a vain­
cus, No, 1692, '1813, 2816, l1295, 8273, 9337 : que de là le
Seigneur est devenu Justice pal' Lui Seul, N°'1813, 2025,2026,
2027, 9715, 9809, 10019 : que la dernière tentation du Sei­
gneur a été en Geth~émané et SUI' la el'oix, et alors aussi la com­
plète victoire, par laquelle il a subjugué les enfers, et en même
temps glorifié son Humain, N°' 2276,2803,2813,2814,10655,
10659, 10828 : toutes ces choses sont d'après les ARCANES CÉ­
LESTES, et un plus grand nombre encore ont été réunies dans la
DOCTRINE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM, où il est tl'aité du Libre
de l'homme, No, US, 1fJ9; des tentations en général, N°' 196 à
200; et des tentations du Seigneur, N°s 201, 302.
901. Cnr leurl$ œuvres I$uivent avec eux, signifie que POU1'
eux il y a la vie I$pirituelle,·qui el$t la vie des Anges du Ciel:
on le voit pal' la signification des œuvres, en r,e qu'elles sont la vie
spir'ituelle, telle qu'elle cst pour les Anges du Ciel, ainsi qu'il va
être monll'é; et pal' la signification de suivre avec eux, en ce que
c'est être en eux, cal' ce qui suit avec quelqu'un, quand cela est dit
de sa vie, cst en lui, et est comme lui; c'est pourquoi, il est dit
suivre avec eux, et non pas les suivre. Si les œuvres signifient la
vie de l'homme, c'est pal'ce qu'elles constituent sa vie; en effet,
chez l'homme il y a la pensée, il y a la volonté, et d'apl'ès l'une et
l'autre il y a l'action; ce qui est dans la pensée de l'homme, et non
dans sa volonté, n'est pas encor'c en lui; ce qui est dans la pensée
et dans la volonté, et non en acle, entre dans l'homme, il est vrai,
et commence sa vie, mais SOl't cependant et est dissipé, cal' cela n'a
pas encore été terminé; mais ce.qui est dans la volonté de l'homme,
ct pal' suite en acte, cela constitue sa vie et reste, que ce soit mal
ou que ce soiL bien. Que la pensée seule ne constitue pas la vie de
l'homme, on peut le voil' en ce que l'homme peut pensea' beaucoup
de choses qu'il ne veut pas, parce qu'il ne les aime pas: si la pensée
et la volonté de l'homme sans l'acle ne constituent pas sa vie, c'est
parr.e ~u'il n'y a pas volonté détel'l11illée, et que la volonté non dé­
'lO2 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 901.

terminée est comme de l'eau qui s'é\-apol'e, car eIle est facilement
changée pal' un amolli' qui s'y oppose. D'après ces considérations,
on peut voil' que pal' les œuvl'es, qui SOllt les actes de la volonté, il.
est signifié la vie de l'homme. Que [es œnVl'es, l'amoul', la volonté
el l'acte, puis la vie de l'homme, fassent un, on le voit ci-dessus,
N° 8li2,
002, Puisqu'ici, comme en heaucoup d'autres passages de l'A·
pocalypse, il est parlé des œuvres, et qu'ici il est dit (1 leurs œu­
vres suivent avec eux, Il et que par là il estsignifié la vie spirituelle,
il sera dit en quelques mots comment celle vie est acquise, et com­
ment elle a été détruite par la foi d'aujourd'hui. La vie spirituelle est
uniquement acquise pal' la vie selon les préceptes dans la Parole:
Les preceptes sont, en somme, ccux que contient le Décalogue, à
savoit' : Tu ne commellr'as point adultère; tu ne voleras point; tu
• ne tueras point; 1u ne porteras point de faux témoignage; tu ne
convoiteras point les hiens des autres; ces préceptes sont enlendus
pal' les préceptes qu'il faut faire, cal' lorsque l'homme les fait, ses
œuvl'es sont bonnes, et sa vie devient spirilueIle, et cela parce que,
autant l'homme fuit les maux et les hait, autant il veut les biens et
les aime. En effet, il y a deux sphères opposées qui entourent
l'homme, l'une de l'enfer, l'ault'e du Ciel, de l'enfer une sphère de
mal et par suite de faux, du Ciel une sphère de hien et par suite
de vrai; et ces sphèl'es n'affectenl point le corps, mais elles affec-·
tent les mentais des hommes, cal' eIles sont des sphèl'es spiriluelles,
et pal' suite elles sont des affections qui appartiennent à l'amour;
l'homme a été placé au milieu d'elles; autant donc l'homme s'ap­
pl'Oche de l'une, autant il se ,'etire de l'autJ'e; de là vient qu'autant
l'homme fuit les maux et les hait, autant il veut et aime les biens
et par suite les vrais; (1 personne, en effet, ne peut à la {ois ser­
m'r deux maîtres; car, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou
il s'attachera il l'un et négligera l'autre, - Mallh. VI. 24.
- Mais il faut qu'on sache que l'homme doit fail'e ces préceptes
d'apl'ès la religion, parce qu'ils ont été commandés par le Seigneur;
si c'est d'après une autre cause quelconque, par exemple, si c'est
seulement d'après la loi civile ou d'après la loi morale, l'homme
l'este naturcl, et ne devient pas spirituel; car si l'homme agit d'a­
près la religion, alon,: il recollnaîl dc cœur qu'il y a un Dieu, qu'il
Vers. 13. CHAPITRE QUATORZIÈME. 103
y a un Ciel et un Enfer, et qu'il y a une vie apl'ès la mort; mais s'il
agit seulement d'après la loi civile et la loi morale, alors il peut
faire des choses semblables, et cependant nier de cœur qu'jj y ait
un Dieu, qu'il y ait un Ciel et un Enfer, et qu'il y ait une vie après
la mort; si celui-ci fuit les maux et fait les biens, c'est seulement
dans la forme externe, et non dans la forme intel'ne; ainsi, exté­
rieurement quant à la vie du corps, il est semblable à un Chrétien,
et intél'ieurement quant à la vie de son esprit, il est semblable à un
diable: d'apl'ès ces considérations, il est évident que l'homme ne
peut devenil' spirituel, ou recevoil' la vie spirituelle, autrement que
par la vie selon la religion d'après le Seigneur. Qu'il en soit ainsi,
j'en ai eu la confirmation par les Anges du troisième Ciel ou Ciel
intime, qui sont dans la plus grande sagesse et dans la plus grande
félicité; leur ayant demandé comment ils étaient de,'enus de tels
Anges, ils m'ont dit que c'était parce que, quand ils vivaient dans
le Monde, ils avaient considéré comme abominables les pensées
obscènes, qui pour eux étaient aussi des adultères; pareillement les
fraudes et les gains illicites,. qui pour eux étaient des vols; puis les
haines et les vengeances, qui pour eux étaient des meurtres; et
aussi les mensonges et les blasphèmes, qui pour eux étaient des
faux témoignages, et ainsi du reste: leur ayant ensuite demandé
s'ils avaient fait de bonnes œuvres, ils ont dit qu'ils avaient aimé la
chasteté, dans laquelle ils étaient, parce qu'ils avaient considéré
comme abominables les adultèl'es; qu'ils avaient aimé la sincérité
et la justice, dans lesquelles ils étaient, parce qu'ils avaient consi­
déré comme abominables les fraudes et les gains illicites; qu'ils
avaient aimé le prochain, parce qu'ils avaient considél'é comme abo­
minables les haines et les vengeances; qu'ils avaient aimé la vérité,
parce qu'ils avaient considéré comme abominables les mensonges
et les blasphèmes, et ainsi du reste; puis aussi, qu'ils avaient perçu
que, ces maux étant éloignés, agir d'apl'ès la chasteté, la sincérité,
la justice, la charité et la vérité, c'était agir non d'après soi, mais
d'après le Seigneur, et qu'ainsi les bonnes œuvres étaient toutes les
choses faites d'apl'ès ces principes, quoiqu'ils les eussent faites
comme d'apl'ès eux-mêmes; et que c'était pOUl' cela qu'après la
mort ils avaient été élevés par le Seigneur dans le troisième Ciel:
d'apl'ès cela, je "is avec clarté comment s'acquiert la vie spi-
10ft L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 902.

l'ituelle, qui eslla vie des Anges du Ciel. Mais maintenant il sel'a
dit comment celte vie a été détruite pal' la foi d'aujoUl'd'hui : La
foi d'aujourd'hui est, qu'il faut cl'oire que Dieu le Père a envoyé
son Fils, qui a souffert la croix pOUl' nos péchés, et a Oté la dam­
nation de la loi en l'accomplissant, et que celte foi sans les bonnes
œU\'l'es sauve qui que ce soit, même à la dernièl'e heul'e de la mOI't;
pal' celte foi imprimée dès l'enfance, et ensuite confirmée d'après
les prédications, il est al'l'ivé qu'on fuit les maux, non à cause de la
religion, mais seulement à cause de la loi civile et morale, ainsi,
. non parce qu'ils sont des péchés, mais parce qu'ils sont nuisibles :
Considère: Quand l'homme pense que le Seigneur a souffel't pOUl'
nos péchés, qu'il a Oté la damnation de la loi, et que cl'oire ces
choses 0\1 que la foi seule en ces choses sauve sans les bonnes œu­
VI'es, est-ce qu'il ne méprise pas tous les pl'éceptes de la Pal'ole et
toute la vie de la religion JlI'escl'ïte dans la Parole, et en outl'e tous
If.s vrais qui enseignent la chal'ité? Sépal'e-Ies donc et éloigne-les de
l'homme, y a-t-il chez lui quelque l'eligion? cal' la religion consiste,
non pas à penser seulement telle ou telle chose, mais à vouloil' et il
fail'e ce que l'on pense, et il n'y a aucuue l'eligion quand vouloir et
l'aire est séparé d'avec pense.'; il suit de là que par' la foi d'aujour­
d'hui la vie spil'ituelle, qui eslla vie des Anges du Ciel et la vie Chré­
tienne même, a été détl'Uite. Considèl'e enCOl'e : D'où vient que les
dix préceptes du Décalogue ont été pl'omulgués du haut ~e la mon­
tagne de Sinaï avec un si gl'and mil'acle; qu'ils ont été gl'avés sur
deux Tables de piene; que ces tables ont été placées dans l'Arche,
SUI' laquelle a été posé le PI'opitiatoir'e avec les Chérubins; que le
lieu où ont été placés ces préceptes a été appelé le Saint des saints,
au dedans duquel il ne fut perm is à Aharon d'enlt'er qu'une seule
fois chaque année, et cela avec des saCl'ifices et des parfums, et que
s'il y entrait sans ces pl'écautions i1tomhel'ait mort; et qu'enlin par
cette Arche tant de miracles ont ensuite été faits? :Est-ce que tous
dans l'univers entier ne connaissent pas de semblahles préceptes 7
Est-ce que leuI's lois civiles n'QI'donnent pas les mêmes choses 7
Qui est-ce qui ne sait pas, d'après la seule lueUl' naturelle, que, .
pOUl' l'ol'dl'e dans chaque royaume" il ne faut ni commettre adul­
tèl'e, ni voler. ni tuer, ni portel' de faux témoignage, ni fail'e plu­
sielll's aull'es choses qui y sont défendues? Pourquoi ces mêmes
Vel'l5.13. CHAPITRE QUATORZIÈME. f05
choses auraient-elle.." alors été promulguées par de si grands mira-
cles, et devaient-elles etre considérées comme si saintes! N'était-
ce pas pOUl' celte raison que chacun les fIL d'après la religion, et
ainsi d'après Dieu, et non pas seulement d'après la loi civile et mo-
rale, ni par conséquent d'après soi et pOUl' le monde? Ce fut là la
cause de leul' promulgation du haut de la montagnë de Sinaï, et la
cause de leur sainteté, cal' faire ces préceptes d'apl'ès la religion
purifie l'homme interne, ouvre le Ciel, admet le SeigneUl', et fait
de l'homme, quant à son esprit, un Ange du Ciel. De là vient aussi
que, hors de l'Église, les Gentils qui font ces préceptes ù'après la
religion sont tous sauvés, et non quiconque les fait seulement d'a-
pl'ès la loi civile et morale. Examine maintenant: Est-ce que la foi
d'aujourù'hui, qui est que le Seigneu( a souffert pour nos péchés,
qu'i! a ôté la damnation de la loi en l'accomplissanl, et que l'homme
est justifié et sauvé par celle foi sans les bonnes œuv!'es, n'a pas
rompu tous ces préceptes? Étends ta vue, et cherclJe comhien au-
jourd'hui dans le Monde Chl'étien il y en a qui ne vivent pas celte
foi. Je sais qu'ils répondent que le.." hommes sont faihles et déhiles,
nés dans les péchés, et èlntl'es choses de ce genre; mais qui est-ce
qui ne peut pensel' d'après la religion? le Seigneur en donne la fa-
cuM à chacun, et chez celui qui pense de tels préceptes d'après la
religion le Seigneur' les opère tous, en tant qu'il pense; et sache
que celui qui les pense d'après la religion croit qu'il y a un Dieu,
et qu'il ya un Ciel, un Enfer et une vie après la mOlt; quant à
celui qui ne les pense pas d'après la religion, j'affirme qu'il ne croit
point.
903. Vers. th, 1.5, f6. Et je tlis, et voici, une nuée blan-
che, et sur la nuée Quelqu'un assis semblable au Fils de
l' homme, ayant sur sa tête une couronne cl' or, et dans sa
main une (aux tranchante. - Et un autre Ange sortit du
Temple, criant d'une voix grande cl Celui qui était assis sur
la nuée: Envoie ta (au~r:, et rnoi~som,e, car est venue pour
toi l' heure de moissonner, parce qu'est mûre la moisson de
la terre. - Et Celui qui était assis sur la nuée lança sa (au'J!
sur la terre, et moissonnée fut la terre. - Et je lJis, signifie
la 'prédiction sur la séparation des bons d'uvee les méchants: et
void, une nuée MaI/cize" signifie le Divin Vrai dans les llerniel's,
lOG L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 003.

tells qu'est la Parole dans le sens de la lettre dans lequel est le sens
spirituel: et sur la nuée Quelqu'un assis semblable au Fils de
l'homme, signifie le Seigneur dans les Cieux dans le Divin Vrai
ou dans la Parole qui procède de Lui: ayant SUI' sa tête une
couronne d'or, signifie le Divin Bien prêt pour le Jugement: et
dans sa main une faux tranchante, signifie le Divin Vrai exa­
minant et sépal'ant avec justesse: et un autre Ange sortit du
Temple, signifie l'examen par le Seigneur SUl' l'élat de l'Église
dans le commun: criant d'une voix grande à Celui qui était
~sis sur la nuée, signifie l'annonciation après l'examen ou la vi­
site: envoie ta faux, et moissonne, car est venue pour toi
l'heure de moissonner, parce qu'est mûre la moisson de la
terre, signifie que c'est le temps de l'assembler les bons et de les
sépal'er des méchants, parce que c'est la tin de l'Église: et Celui
qui était assis sur la nuée lança sa faux sur la te1're, et mois­
sonnée fut la terre, signifie le ,'assemblement des bons et leur sé·
paration d'avec les méchants, et qu'ainsi a élé dévastée l'Église.
90li. Et je vis, signifie la prédiction sur la séparation des
bons d'avec le$ méchants: cela est évident en ce que voir envc­
loppe les choses qu'il vit, lesquelles sont celles qui suivent, ct comme
celles-ci dans le sens spirituel enveloppent la p,'emière ou commune
séparation des bons d'avec les méchants, c'est pour cela qu'ici par
c( je vis il est signifié la prédiction sur ceLLe sépm'ation. II est à
J)

observer que dans ce qui suit, dans ce Chapitre, est pt'édite la sé­
paration dans le commun, et dans les Cha pit l'es suivants, la sépa­
ration dans le particulier' ou dans le spécial, laquelle est décrite par'
les sept Anges ayant les sept fioles de la colèl'e de Dieu. Si la sé­
paration des bons d'avec les méchants est ainsi décl'ite, c'est con­
formémentà l'ol'dre Divin, qui est que le commun précède, avant
qu'il soit parlé des particuliel's et ùes singulier's, qui aussi sont les
spéciaux: s'il est conforme à l'ordr'e Divin qUe'le commun précède,
c'est afin que les parliculiers puissent y être insinués, être conve­
nablement mis en or'dre, devenir des homogènes et être conjoints
par affinité; SUl' ce sujet, voir ce qui a été clonné dans I~ ARCANES
CÉLESTES, à savoir', que les communs précèdent, et qu'en eux sont
insinués les particulier's, et dans les particuliers les singuliers,
No' 920, li325, 0329, li3h5, 5208,6089: que chez l'homme qui
Vers. 14. CHAPITRE QUATORZIÈME. 107
est régénéré les communs précèdent, et que les particuliers et les
singuliel's suivent en ol'dre, NOl 3057,4345, 4383, 6089: qu'en­
suite· chez lui il y a subOI'dination de toutes choses sous les com­
muns, ct ainsi connexion, N° 5339 : que les communs peuvent être
l'emplis de choses innombl'ables, N° 7131: que tel est l'homme dans
le commun, leI il est dans chacune de ses choses, Nol 917, 1040,
1316 : que ce qui l'ègne communément est dans toutes et dans'
chacune des choses, N°' 6159, 7648, 8067,8853 à 8858, 8865.
Ces extraits ont été ra[lpol'tés, afin ql)'On sache pourquoi ici les
communs et les génél'iques sont d'abord donnés, et ensuite les par­
ticuliers elles singuliers.
905. Et voici, une nuée blanrhe. signifie le Divin Vrai
dam les dernie1·s. telle qu'elit la Parole dans le sens de la let­
tre dans lequel est le sens spirituel: on le voit par la significa­
tion de la nuée. en ce qu'elle est le Divin Vrai dans les derniers,
et par suite aussi la Parole dans le sens de la lettre, ainsi qu'il a
été montl'é ci-dessus, N°' 36, 504; celle nuée fut vue blanche d'a­
pl'ès la transpal'ence du Divin Vl'ai dans les Cieux, telle qu'est la
Parole dans le sens spil'ituel; car toute blancheur qui apparait dans
les Cieux existe pal' la lumière du Ciel, laquelle dans son essence est
le Divin Vrai; de là vient que les Anges, pal'cc qu'ils sont dans le Di·
"in Vl'ai, ont des vêtements blancs et resplendis8ants. Que le Divin
Vl'ai procédant du Seigneur comme Soleil soit la lumière du Ciel,
on le voit dans le Traité DU CIEL ET DE L'ENFER, No'126 à 140; et
que pal' suite le blanc, dans la Parole, se dise des vrais, on le voit
ci-dessus, N° 196.
gOGo Et sur la nuée Quelqu'un assis semblable au Fils de
l' homme. signifie le Seigneur dans les Cieux dans le Divin
Vrai ou dans la Parole qui procède de Lui: on le voit pal' la
signilication de la nuée blanche, en ce qu'elle est le Divin Vrai
dans le8 derniel's, telle qu'est la Pal'ole dans le sens de la lettre dans
lequel est le sens spirituel, ainsi qu'il vient d'être montré; par la
signification d'être assis sur elle, en ce que c'est dans les Cieux,
où le Divin Vl'ai est dans sa lumière, telle qu'est la Parole dans le
sens spirituel; par la signification du Fils de l'hon/me. en ce
qu'il est la doctrine du Vl'ai, ct dans le sens supl'ème le Seigneur
quant il la Paroll', I:Oll1me t'i-dessus, N°' ô3, 151. Que par la nuée
108 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 906.

il soit signifié la Parole, et par Celui qui est assis sur la nuée le
Seigneur quant à la Parole, chacun peut s'en étonner, puisque
ceux qui saisissent tout selon le sens de la leltl'e de la Parole ne
peuvent voit' autre chose, sinon que la 1ll1ée signifie une nuée, et
non un spirituel tel qu'est la Pal'ole, cal' ce spirituel ne pal'aH pas
avoir de l'affinité ou de la concol'dance avec la nuée; mais loujours
est-il que c'est le Divin Vrai dans les derniel's, tel qu'est la Parole
dans la lelll'e, qui est signifié; et cela, parce que dans le Monde spi­
rituel le Divin Vrai découlant des Cieux supérieurs dans les lieux
infél'ieurs appal'atl comme une nuée, laquelle même a été vue pal'
moi, et d'après celte nuée et ses nuances, j'ai pu juger de la qualité
du vrai dont les Anges du Ciel supérienr s'entretenaient entre eux.
La même chose était signifiée par la nuée qui appal'ut SUi' la mon­
tagne du Sinai, quand la Loi, qui était le Divin Vrai, a Hé promul­
guée; et par la lIuée qui était vue chaque jouI' SUI' la Tente de con­
vention, et qui parfois la l'emplissait; puis aussi, par (( la nuée
lumineuse qui ombragea Piel're , Jacques et Jean, 101'S­
que Jésus fut transfiguré, et de laquelle {ut entendue une
voix disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me
suis complu, écoutez-Le, Il - Matth. XVII. 5. Luc, IX. 3lt,
35. - Puis, dans les passages suivants, dans les Évangélistes:
(( Alors apparaitra le signe du Fils de l'homme, et l'on verra
le Fils de l'homme venant sur les nuées du Ciel avec lJuis­
sance et gloire. )) - Matlh. XXIV. ao. Luc, XXI. 27. - Et
(( Jésus dit : Désormais vous verrez, le Fils de t'homme assis
à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du Ciet. II
- ~1alth. XXVI. 6ft. Marc, XIV. 6t, 62; - par venir SUI' les
nuées du Ciel il est entendu aussi dans ces passages la manifesta­
tion du Seigneur dans la Parole, cal' après son avénement on a
clairement vu, dans les Prophétiques de la Par'ole, des prédictions
sur le Seigneur qu'on n'y avait pas vues auparavant; etaujourd'hlli
on les y voit encore plus clairement, depuis qu'a été OU\'el't le sens
spirituel de la Parole, où pal'tout dans le sens suprême il s'agit du
Seigneui" de la subjugation des ellfel's [laI' Lui, et lie la glorifica­
tion de son Humain; c'est ce sens qui est entendu pal' la gloire dans
laquelle il devait venir; que la gloire signifie le Divin Vrai spiri­
~liel, tel qu'il est dans les Cieux, on le voit ei-dessus, N°s 33,
Vers. 14. CHAPITRE QUATORZIÈME, 100
874. D'apl'ès ces considérations, on peut voil' ce qui est signifié
par cela que Jean vit une nuée blanche, et sur celle nuée Quelqu'un
assis semblahle au Fils de l'homme; car, dans ce qui suit mainte­
nant, il s'agit de la séparation des bons d'a\'ec les méchants avant
le Jugement del'nier, el ensuite, de ce Jugement, de même qu'il
avait été prédit pal' le SeignellI', qn'il viendrait sm les nuées du
Ciel, dans les Évaugélistes, et aussi dans le Premiel' Chapill'e de
l'ApocalYllse, en ces termes: « Jésus-Christ, qui est le témoin
fidNe, le premier-nt d'entre les morts, et le prince des 7'ois
de la terre; voici, il vient aL'ec les nuées, el le verra tout œil. 11
- Vers, 5,7.
907. Ayant sur sa têle une couronne d'or, signifie le Di·
vin Bien prêl pour le Jugement: on le voit par la signification
de Ut COU7'Ol1ne d'or sw' la tête, en ce qu'ici c'est le Divin Vl'8i
prêt pour le ,Jugement, par'ce que dans ce qui suit maintenant il
s'agit de la séparation des hons d'avec les méchants, séparation
qui précède le Jugement derniel', aiesi le Fils de l'homme, par qui
est entendu le Seigneur quant au Divin Vrai ou Parole, prêt
pOUl' sépal'el' les bons d'a\'ec les méchants, et ensuite pour faire le
Jugement; que cela soit entendu pal' la couronne d'or SUI' la tête
du Fils de l'homme, on peut le voir chez les fils d'Isl'aël, et aussi
chez les Anciens, d'après les l'ois, qui l'eprésentaient le Seigneur,
en ce que prêts pour la guerre et dans les combats ils portaient des
couronnes d'or; SUI' ce sujet, t'OÙ' ci-dessus, N° 553; cela venait
de ce que les l'ois l'eprésentaient le Seigneur quant au Divin Vrai,
et ce vrai conjoint au Divin Bien procède du Seigneur; c'est pOUl'·
quoi, pour que cela fllt représenté, les rois portaient des coul'onnes
d'or, car 1'01' signifie le bien; 1:oir ci-dessuli, N° 262; que la cou­
ronlle d'or signifie le bien, el pal' suite la sagesse, et que ce soiell~
les vrais qui sont conronnés, on le voit aussi ci-dessus, N° 272.
L'al'cane qui est caché ici, c'est que le Divin Bien ne juge personne,
mais le Divin Vl'ai juge, ct cela, parce que le Divin Bien aime tous
les hommes, et les tire vel's le Ciel, en lant que l'homme le suit,
tandis qne le Divin Vrai séparé du Divin Bien les damne tous et
les juge pour l'enfel'; afin donc que Lous ne fussent pas damnés et
jugés pour l'cnfer, mais que le Divin Bien modérat et élevl\t au
Ciel, autant que possible, c'est pOUl' cela qu'il y eut une conronne
HO L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, ~. 907.

d'or sur la tête, ce qui signifie le Divin Bien prêt pour le Jugement,
à savoir, pour modérer, Que le Divin Bien ne juge personne, mais.
que ce soit le Divin Vrai qui juge, cela est entendu pal' ces paroles
du Seigneur: Il Le Père ne juge personne, mais le jugement
tout entier il a donné au Fils. )) - Jean, V. 22; - pal' le Père
il est entendu le Divin Bien, et par le Fils le Divin Vrai; que par
le Père il soit entendu le Divin Bien, on le voit ci-dessus, Not 200,
'lM; et par le Fils le Divin VI'ai, NOt 63,151, 72b. : puis aussi
par ces paroles: (1 Le Père a donné au Fils pow:oir de (aireju­
gement, parce que Fils de l'homme il est. »- Jean, V. 27;­
par le Fils de l'homme est signifié le Divin VI'ai; voir aussi ci-des­
sus, N° 778. Mais toujoul's est-il qu'il faut entendre que le Seigneul'
ne juge personne par le Divin VI'ai, mais que le Divin VI'ai, consi­
dél'é en lui-même, juge l'homme qui ne le reçoit pas, mais qui le re­
jelle, comme on peut le voir clairement pal' ces paroles du Seigneul':
Il Jésus dit: Si quelqu'un entend mes paroles, et ne croit pas,

Moi, je ne le Juge point; car Je suis venu, non pour juger le


monde, mais pour sauver le monde; qui me reJette. el ne re:'
çoit pas mes paroles. il a qui le juge; la Parole. que i' ai pro­
noncée, c'est elle qui le Jugera au dernier Jour. )) - Jean,
XII. b.7, 48; - puis aussi, - Jean, III. 17; - par la Parole il
est entendu le Divin Vrai, car ce vrai est dans la Parole, et est la
Parole; que ce vrai, considél'é en lui-même, doive jugel'l'homme,
et que ce ne soit pas le Seigneur qui jugera par ce vrai, on le voit
manifestement, car le Seigneur dit, Il Moi, je ne le juge point, cal'
je suis venu, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde.))
Si le SeigneUl' ne juge point, c'est parce qu'il est le Divin Amour,
et qu'il est le Divin Bien uni au Divin Vrai, et ce Vrai ne peUL êll'C
&éparé de ce Bien, car ils sonl un ; 01', le Divin Bien ne juge personne,
mais il sauve, comme il a été dit ci.dessus, pal' conséquent aussi le
Divin Vrai, lequel, uni au Divin Bien, pl'ocMe du SeigneUl', Si dans
Jean il est dit qu'il a été donné ail Fils de l'homme pouvoil' de fah'e
Jugement, cela doit être entendu comme ce qui a été dit du Seigneur,
qu'il se met en colère, qu'il s'empol'te, qu'il jeUe en enfer, lorsque
cependant le Seigneur ne se met en colère contre personne, et ne
jette pel'sonne en enfer, mais que c'est l'homme qui agil ainsi en­
vel's lui-même; sur ce sujet, voir dans le Traité ou CIEL ET DE
Vers. ill. CHAPITRE QUATORZIÈME. Hl
L'ENFER, NOl 545 à 550; il en est de même du mépris et du l'ejet
du Divin Vl'ai; conséquemment, c'est le faux d'après le mal qui juge
l'homme, ainsi c'est l'homme qui se juge lui-même. Il sera dit
aussi comment le Divin VI'ai, considéré en lui-même, juge l'homme:
L'homme qui est dans les faux d'après le mal, pal' mépl'is et rejet
du Divin Vrai, a de la haine contre ce Vrai et brüle de le déll'uil'e
chez quiconque est par le Seigneur dans ce vrai; quand il s'effOl'ce
de le détruire, il est comme celui qui se jelle dans le feu, ou comme
celui qui se meurtrit la face contl'e un rocher; ce n'est ni le feu ni
le rochel' qui en est la cause, mais c'est l'homme qui agit ainsi:
en effet, la chose en elle-même est telle, que c'est toujours, non pas
le Divin Vrai qui combat contl'e le faux d'après le mal, mais ce
faux contre ce vrai, par conséquent lion pas le Ciel contre l'enfer,
mais l'enfel' contl'e le Ciel.
90S. Et dans sa main une faux tranchante, signifie le
Divin Vrai examinant ct séparant avec justesse: on le voit
par la signification de fa faux, en ce qu'elle est le Divin Vl'ai exa­
minant et séparant avec justesse; si la faux a celle signification,
c'est parce que par elle il est signifié presque la même chose que
par le glaive et pal' l'épée, qui sont dans le sens spirituel le Divin
Vrai combattant contre le faux et le dispersant; voir ci-dessus,
N°' 73, 131, 367; ici donc, au lieu ùu glaive et de l'épée, il est
ùit la faux, pal'ce qu'il s'agit de la moisson; dans ce qui suit, il
sera dit plusieul's choses sur la moisson et sur la faux. Si la faux
tranchante signifie le Divin Vrai examinant et séparant avec jus­
tesse, c'est parce que par la moisson il est signifié le dernier état
de l'Église, lequel pl'écède le Jugement dernier, quand le SeigneuI'
examine chacun et sépare; et, cela étant fait, les bons sont élevés
au Ciel et les méchants sont jetés dans l'enfer, ce qui est le Juge­
ment dernier. Qu'avant ce Jugement il y ait un tel examen et une
telle séparation, et que cela ait aussi eu lieu aujourù'hui, il en a
été pal'Ié d'après l'expérience dans le Tl'aité DU JUGEMENT DER­
NIER, et aussi ci-dessus, et il en sera parlé davantage dans l'Ap­
pendice à la fin de ce LiVl'e. Que tranchant signifie ce qui est fait
avec soin, avec justesse et complètement, on le voit sans explica­
tion, car la faux tranchante, ùe même que l'épée aiguë, agit avec
prus de justesse, et pénètre avec plus de subtilité, comme on peut
112 L'APOCALYPSE EXPLIQUt:E. ['\°908.
le voir par les passages suivants; dans Ésale : (1 Jéhovah a di~posé
ma bouche comme une épée aiguë. Il - XLIX. 2; - par la
bouche du prophète il est aussi signifié le Divin Vrai; c'est pour­
quoi elle est compal'ée à une épée aiguê, parce qu'il est entenùu
ce vrai pénétrant, dispersant complNement et délruisant Je fanx.
Pareillement dans l'Apocalypse: De la bOllche du Fi!,y de
(1

l'homme sortait une épée aiguë il dell.'X trandtants. JI - I.


16. Il. 1.2. XIX. 15, 2'J.- La langue des impies, qui d'après le
mal intérieur prononce des faux, pénèll'e et disperse les vrais, est
aussi compal'ée à une épée aiguë et à des t~aits aigus, dans David:
(( Par mon âme au milieu des lions je couche; enflammés
sont les fils de l'hommc; leurs dents (sont) lance et traits, et
leur lallgue une épée aiguë. Il - Ps. LVII. 5; - et ailleurs:
( Jéhovah! délivre mon âme de la lè1'l'e dc mensonge, de la
langue de fraude, traits aigus d'un puissant. J) - ps. CXX.
2, &;-18. lèvl'C de mensonge et la langue de fl'llUde, ce sont les fallx
d'apl'ès le mal; la dispersion du vrai par ces faux est signifiée par
l'épée aiguë et pal' les traits aigus: pareillement dans ]<~zéchiel,~
V.1.
909. Et un autre Ange sortit du Temple, signifie l'exa­
men par le Seigneur SUI' l'état de l' Jt glise dons le commun:
on le voit pal' les choses qui suivent, cal' ensuite il est dit que l'Ange
(1 cria d'une voix grande: Envoie ta faux, et moissonne, cal' est ve­

nue pour toi l'heul'e de moissonner', pal'ce qu'est mfire la moissoi.


de la tel'l'e, Il ce qui signifie apl'ès l'examen l'annonciation que c'est
le temps de rassemble.' les bons et de les sépal'cr des méchants,
parce que c'est la fin de l'Église; pal' la signification du Temple,
en ce que c'est le Ciel et l'Église, et le Divin [lI'ocëdant du Sei­
gneur, comme ci-dessus, N°' 220, 630, 700 : s'il est entendu ici
l'étal de l'Église dans le commun,c'est parce qu'ensuite il est dit que
deux autres Anges sortirent, l'un du Temple qui est dans le Ciel, et
l'autl'e de l'Autel, œ qui signifie des manifestations par le Seigneur
sur la séparation; s'il est signilié l'examen par le Seigneur, c'est
parce que pal' l'Ange dans la Pal'ole il est entendu quelque chose
du Scigneur; voir ci-dessus, No' 869, 878, 883; en effel, les
Anges d'après eux-mêmes ne peuvent rien examiner de l'élal de
l'Église, mais ils le peuvent d'apt'ès le SeigneUl'.
Vers. 15. CHAPITRE QUATORZIÈME. 1.13
91.0. Criant d'une voix grande li Celui qui était assis sw'
la nuée, signifie l'annonciation après l'examen ou la visite:
on le voit par la significalion.de crier d'une. voix grande, en ce
-que c'est l'annonciation, ainsi qu'il va êlre monll'é; que ce soit
après la visite, c'est parce qu'il a annoncé à Celui qui élail assis
sur la nuée que l'heure de moissonner était venue, parce que la
moisson de la terre élait mû.re; que par Celui qui élail assis sur la
nuée il soit enlendu le Seigneur dans fes Cieux, on le voit ci-dessus,
N° 906; si par la voix grande de cet Ange il est signifié l'annon­
cialion SUl' l'étal de l'Église après la visite, c'est parce que la voix
enveloppe les choses qu'elle a dites, lesquelles sont celles qui sui­
vent. Il est dit l'annonciation après l'examen ou la visile, parce que
la visile précède la sépal'ation, et qu'après la séparation se faille
Jugement demie.'. En beaucoup d'endroils ir est dit la visite, et
par elle il est signifié l'examen sur l'étal de l'Église avant le Juge­
ment; non pas qu'il existe en actualité une telle visite, seulement
il !lrl'ive que les Anges commencent à se lamentel', à cause de la
puissance des méchants s'accroissant par l'enfer, et à supplier le
Seigneur pour du secoUl's, cal' le Seigneur connait toutes choses,
parce qu'il est Toul-Sachant; mais toujours est-il que la \lisite est
décrite en ce qu'il est dit que des Anges sont envoyés et annoncent;
comme aussi quand il est dit qU'à l'approche du Jugement dernier,
Il le Seigneur enverra ses Anges avec une grande voix de trom­

pette, qui rassemble/'ont ses élus des quatre vents, Il - Malth.


XXIV. 31; - non pas que quelques Anges soient envoyés pour les
rassembler, mais c'est le SeigneUl' qui fait cela par son Divin V.'ai;
car par les Anges, comme il a été dit précédemmenl, il est signifIé
les Divins Vrais. Pal'cillement il esl dit que Il les Apôtres seront
assfs sur douze trônes, et jugeront les douze Tribus d' Is­
raël, II - Matlh, XIX. 28. Luc, XXII, 30; - non pas que les
Apôll'es doivent ~tre assis SUI' des trônes ct jugel', mais c'est le
Seigneur qui jugera par son Divin VI'ai, car pal' les Apôtres, de
même que par les Anges, il est signifié les Divins Vrais, parce
que par eux sont signifiées toutes les choses de l'Église; pareille­
ment ailleurs, Mais, sur la visile, voir les choses qui en ont été
écrites dans les ARCANES CÉLESTES, à savoir, que la visite consiste
il rechercher queÎ est l'état de l'amour et de la foi dans l'Église, et
v, 8,
lU L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N" 910.

qu'elle précède le Jugement, N° 22!J2 : que le jour de la visite est


le demiel' état de l'Église dans le commun, No' 10509,10510;
ainsi, quand la vieille Église a été désolée, et que la nouvelle Église
est instaul'ée, N° 6588 : qu'elle cst la damnation des infidetes et
la salvation des fidèles, No' 6588, 10623: que la visite aussi est
l'avénement du Seigneur', parce que le Seigneur alors vient pour
le Jugement, N° 6895.
911. Envoie ta {flUX, et moissonne, car est venue pour toi
l' heure de moissomu1', parce qu'est mûre la moisson de la
terre, signifie que c'est le temps de rassembler les bons, et
de les séparer des méchants, parce que c'est kt /inde l'Église:
on le voit pal' la signification d'envoyer la (flUX, en ce que c'est
- rassemblel' les bons, et les séparcr des méchants, ainsi qu'il va être
montré; pal' la signification de est venue l'heu1'e de moissoner,
en ce que c'est le temps de faire cela; et pal' la signification de
7Jarce qu'est mûre la moisson de la terre, en ce que c'est parce
que c'est le dm'niel' état 011 la fin de l'Église, car la moisson signi­
fie le dernier état ou la fin, et la telTe l'Église: d'après cela, il es't
évident que par (1 envoie ta faux, et moissonne, cal' est venue l'heure
de moissonn~r, parce qu'cst mÛI'e la moiSSOn de la tene, Il il est
signifié que c'est le temps de l'assembler les bons, et de les séparel'
deS méchants, parce que c'est la fin de l'Église. Si envoyer la faux
et moissonner, c'est l'assembler les bons, et les sépal'el'des méchants,
c'est pal'ce que par la moisson de la ICl're il est signifié le demiel'
~lat de l'Itglise, lorsqu'arl'ive le Jugement demiel', et que les mé­
chants sont jetés dans l'enfer, et les bons ële\'és dans le Ciel, et
ainsi séparés. Que la réunion, la séparation et le Jugement dernier
ne se fassent pas auparavant, on peut le voir pal' les choses qui ont
été dites dans l'Opuscule DU JUGEMENT DERNIER, et par celles qui
seront dites en outre dans l'Appendice à ce LiY1'e, lesquelles en
somme sont contenues dans les pal'oles du Scigneur dans Matthieu:
I(Jésus dit cette Parabole: Semblable a été {ait le Royaume
des Cieux il un homme qui (wait semé de bonne semence dans
son champ; or, pendaltt que les hommes dormaient, son en­
nemi vint, et sema de l'iv1'aie parmi le froment, et il s'en alla:
mais qUllnd l'herbe ellt pou:isé, et qu'elle eut fait du fruit, alor,,;
parut flussi l'ivraie. Les serviteurs du Maitre de maison, s'é­
VOI's. {5, CHAPITRE QUATOnZIÈMK H5
tant approchés, lui dirent: Seigneur! Il'as-tu pas semé de
bonne semence da7l.s ton champ? d'Olt viellt donc qu'il y a de
l'i'l)raie? Mais il leur dit : Un ennemi a fait ceirl. Alors les Jer-
viteurs lui dirent: Veux-tu donc que 110tlS allions la cueillir:'
Mais il dit: Non, de peur que peut-ftre, en cueillant l'ivraie,
vous ne déraciniez. en même temps (wec elle le froment; lrtis·
sez. croître ensemble l'un et l'autre jusqu'àla moisson, et au
temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Cueillez
premièrement ['ivraie, et liez-la en faisceaux pow'la brûler,
mais amassez le {romerlt dans mon grenià. Et ses discipLe,~
s'approchèrent de Lui, en disant : Explique-nous la paI'a-
bole de l'ivraie du champ. Lui, l't'pondant, lew' dit: Celui
qui sème la bonne umence est le Fils de l'homme, mais le
champ est le monde; et la bonne semence, ce sont les fils du
Royaume, mais l'iV/'aie, ce sont les fils du méchant, et l'en·
nemi qui l'a ,çemée est le diable; mais la moisson e.st la cou·
sommation du siècle, et les moissonneurs sont les Anges, De
V'lême donc que l'ivraie est cueillie, et qu'au feu elle est ûrû-
lée, de même il en se/Yl il la consommation du silde : le Filll
de l'homme enverra ses Ange,ç, et ils recueilleront hors de
son Royaume tous les sujets de c/mteJ et c(;ux qui {out l'ilu'-
quité, et ils les jettel'ont dans la fournaise du feu, Là seront
les pleurs et Le grincement de dents l Alors lcs justes brille-
ront comme le soleil dans le RO'IJawne de leur Père, Il - XIII.
2[, à 30, 3G il !t3; - par celle Parahole le Seigneul' illusll'ü toutes
les choses qui, dans ce Chapitre de l'Apocalypse, du VeloS. 1ll au
Vers.t9, sont dites du Fils de l'homme ayant dans sa main UlJC
faux et moissonnant, et que pal' Lui ct par' les Anges la terl'e a ét(
moissonnée; en effet, il est enseigné que pal' Celui qui sème il est en··
tendule Seigneur, qui là aussi est appelé le Fils de l'homme, que
pal' les moissonneurs il est entendu les Anges, ct que l'inaie sem
jetée au fen, ct la bonne semence amass6e dans le gl'enicl', ct que
cela n'lll'1'ivera qU'à la consommation du siècle, pal' laquelle est si-
gnifié le demiel' état de l'I~~glisc, et cela, afin que le froment ne soit
pas al'racM en même temps avec l'ivraie. Comme c,elle Paral>~le
(lu Seignelll' contient eu elle-mt1me des Arcanes SUI' la séparation
<les méchants d'avec les bons, ct sU\' 10 JlIgcmrnl drrnicl', 11 est'
11.6 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N°9H.

important de l'expliquer en particuliel'. Par le Royaume des Cieux


il est signifié l'l~glise du Seigneur dans les Cieux et dans les terres,
car de pal't et d'autre il y a Église; par l'homme qui sème de bonne
semence dans son champ, il est entendu le -Seigneur quant au Di­
vin VI'ai, qui est la Parole, dans l'Église; l'homme qui, dans ce
qui suit, est appelé le Fils de l'homme, est le Seigneur quant à la
Parple, la bonne semence e.c;t re Divin Vrai, et le"champ est l'É­
glise où est ta Parole: Il pendant que les hommes dormaient, son
ennemi vint et sema de l'ivl'aie, et il s'en alla, II signifie que pen­
dant que les hommes mènent la vie naturelle ou la vie du monde,
alors secrètement ou à lenr insu les maux provenant de l'enfer in­
sinuent et implantent des faux; dOl'mil' signifie menel' la vie natu­
relle ou la vie du monde, vie qui est un sommeil respectivement à
la vie spirituelle, qui est une veille; l'ennemi signifie les maux
provenant de l'enfer, qui affectent celle vie séparée de la vie spiri­
tuelle; sem et' de l'ivraie signifie insinuer et implanter des faux ;et
Il il s'en alla 1) signifie que cela a é.té fait secrètement et à leul'

insu: ([ mais quand l'hel'1le eut poussé, et qu'elle eut fait du fruit~
, alors pal'Ut aussi l'ivl'aie-, II signifie que pendant que le vl'ai croissait
et que le bien était pl'oduit, les faux d'apl'ès le mal y étaient entre­
mêlés; l'herbe qui pousse s'ignifie le vl'ai tel qu'il est quand pre­
mièrement il est reçu, le fruit signifie le bien, et l'ivraie-signifie les
faux d'après le mal, ici ces faux entremêlés: CI les serviteurs du
MaUre de maison, s'étant approché.s, lui diJ'ent: Seigneur! n'as­
tu pas semé de bonne semence dans ton champ? d'où vient donc
qu'il y a de l'iVl'aie? Il signiOe ceux qui sont dans les vrais d'après
le bien pel'cevant que les faux d'après le mal élaient entremêlés, et
se plaignant; les serviteurs du Seigneur signifient ceux qui sont
dans les vrais d'après le bien; le Maltre de maison signifie le Sei­
gneur quant aux vrais d'après le bien, le Mattre le Seigneur quant
au hien, ct « de maison li le SeigneUl' quant aux vrais; la bonne
semence, le champ et l'ivraie signifient les mêmes choses que ei­
dessus: Il mais il leUl' dit: Un ennemi a fait cela, )1 signifie que ces
faux venaient du mal dans l'homme naturel: Il a10rs les serviteul's
lui dirent: Seiglleur! vemt-tu donc que nous allions cueillir l'i­
vraie? II signifie la séparation et le rejet des faux d'après le mal,
avant que les vl'ais d'apl'ès le bien aient été l'eçUS et augmentés:
Vers. 15. -CHAPITRE QUATORZIÈME. H7
(l mais il dit: Non, de peul' que peut-être, en cueillant l'ivraie,

vous ne déraciniez en même temps avec elle le fl'oUlent, l! signifie


qu'ainsi périraient aussi le vrai d'apl'ès le bien et l'augmentation
de ce vrai; cal' chez les nommes de l'Église, les vl'ais ont été entre­
mêlés de faux qui ne peuvent pas en êtl'e sépal'és ni êll'e rejetés avant
que les hommes aient été l'éformés : Il laissez cl'oHre ensemble l'un
et l'autl'e jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai
aux moissonneul's: Cueillez premièrement l'ivraie, et liez-la en fais­
ceaux pour la brûler, mais amassez le fl'oment dans mon gl'enier',ll
signifie que la sépal'alion des faux d'après le mal, et le l'ejet de ces
faux, ne peuvent se fail'e que lorsque l'Église est dans son demier
état, car alol's les faux du mal sont sépal'és d'avec les vl'ais du bien,
les faux du mal sont livrés à l'enfel', et les nais ùu bien sont con­
joints au Ciel, ou, ce qui revient au même, les hommes qui sont
en eux; ces choses se font dans le Monde Spirituel, où tous ceux
qui sont de l'Église, depués son commencement jusqu'à sa fin, sont
sépal'és et jugés de cette manièl'e; par la moisson est signifiée la
tin de l'Église ou son demier état, par lier en faisceaux il est si­
gnifié oonjoindre ensemble chaque espèce de faux d'apl'ès le mal,
par brOler il est signifié livrel' à l'enrel', et pal' amasser dans le
grenier il est signifié coujoindl'e au Ciel: (( celui qui sème la bonne
semence est le Fils de l'homme, 1) signifie le Divin Vrai procédant
du SeigneuI' : (1 le champ est le monde, Il signifie l'Église en quel­
que lieu que ce soit: Il la bonne semence, ce sont les fils du Royau­
me, Il signifie que le Divin Vl'ai est chez ceux qui sont de l'Eglise:
Il l'ivraie, ce sont les fils du méchant, 1) signifie les faux chez ceux

qui sont dans le mal: Il l'ennemi qui l'a semée est le diable, 1) si­
gnifie que les faux leur viennent du mal qui provient de l'en rel' :
(1 la moisson est la consommation du siècle, Il signifie le demier

Lemps et le' derniel: état de l'Église: (( les moissonneurs sont les


Anges, signifie que le Divin Vl'ai procédant du Seigneur sépal'e :
1)

Il le Fils de l'homme envena ses Anges, et ils l'ecueilleront hors de

son Royaume tous les sujets de chute, signifIe que le Divin Vrai
1)

pl'océdant du Seigneur éloignera ceux qui mettront obstacle à la


sépal'ation : Il ceux qui font l'iniquité, l) signifie qùe ce sont ceux
qui vivent mal: Il et ils les jeltel'ont dans la foul'llaise du feu, 1) si­
gnifie dans l'.enfer, où sont ceux qui sont dans l'amouI' de soi, dans
Hf V APOCA:L YPSE EXPLIQUÉE. N" 9H,

les llaines ct dans les vengeances: « là sGl'uOlI.cs pleurs et le grince­


ment de dents, 1) signifie où est l'atl'OCC d'après les maux et les faux:
(1 alors les justes hl'illeront comme le soLeil dans le Royaume de leUl'
Père, 1) signifie que ceux qui ont l'ail les préceptes du Seigneur vi­
\'l'ont dans les amours célestes et dans les joies de ces amours dans
les Cieux; sont dits justes ceux qui reconnaissent le SeigneuI' et font
ses pl'éceptes; un tel état a eu lieu pour les Anges apt'ès le Jugement
.dernier, cal' après ce Jugement la puissance supél'ieure qui était
auparavant du cOté de l'enfer fut restituée au Ciel; par suite joie
pOUl' les Anges avec de pet'pétuels accl'oissements. Il reste à ex­
pliquer enèol'e quelque peu les paroles du Seigneur' sur la sépara­
lion des méchants d'a\'ec les hons, à savoir, laissez cl'OUre en­
(1

semhle l'un et l'autre jusqu'à la moisson; et au temps de la mois­


son, je dirai aux moissonneurs: Cueillez premièrement l'ivraie, et
liez-la en faisceaux pOUl' la hrùlel', mais amassez le fl'oment dans
mon grenier,) pal'lesquelles est signifiée la sépal'ation des mé­
chants d'avec les bons, quand le Jugement dernier' est proche;
qu'ils n'aient pas été séparés aupal'avant, on en voit la cause dans
l'Opuscule DU JUGEMENT DERNIER, N°' 59, 70; à cela je veux
ajouter qu'il est selon l'Ordre Divin que les choses, qui doivent êll'e
séparées il la nn, croissent conjointement; et que, lorsqu'elles par­
viennent il la fin, la séparation se fait facilement et comme d'elle~
même; cela peut êtl'e illustré par mille enseignements de !'expé­
l'ienee dans l'un et dans l'autre monde, et même d'apl'ès les cOl'I'es­
l)oudances dans le'règne animal et dans le règne végétal; par elles­
on peut voir, comme dans un gl'and miroil', pourquoi les méchants
n'ont été séparés d'avec les bons qn'aux envil'ons du Jugement
dernier, ce qui est aussi signifié par les paroles qui sont maintenant
eXJlliquées dans l'Apocalypse, à savoil', que l'Ange dit à Celui qui
étoit assis sul' la nuée: Moissonne, ca,' est venue pOUl' toi l'heure de
moissonner, pal'ce qu'est 111l1l'e la moisson de la terre, Pal' la mois­
son aussi, il est signifié le derniel' état de l'Église, quand la vieille
Église a été dévastée, c'est-à-dir'e, quand il ne l'esle plus ni vrai ni
bien, qui n'ait été falsifié ou rejeté; ainsi, dans les passages suivants;
dans Joël: (( Vers la vllllée de J ellOschaphat je serai assis pour
juge/' toute.ç les nations cl'alentour, appliquez la j,lUcille, car
rmtre est la lIlois.>O/I; ~)en('z, descendez., ('(l/' pll'in est le
Vers. 15, CHAPITRE QUATORZIÈME. H9
pressoir; les l'mies ont débordé, parce que gl'ande est leur
mafice. Il - IV. 12, 13; - dans ce Chapitl'e, il s'agit de la fal­
sificatiin du vrai dans la Parole, et de la dévastation de l'Église
par cette falsification, et dans ce Verset il s'agit du dernier état de
l'Église quand vient le Jugement, état qui est décrit, comme dans
l'Apocalypse, pal' « appliquez la faucille, car mllre est la moisson; Il
la moisson est ce dernier état; puis aussi, pal' Cl plein est le pressoir',
les cuves ont débordé, )) comme dans ce Chapitre de l'Apocalypse,
Vel's. 19, 20; qu'alors ce soit le Jugement, cela est dit ouverte­
ment; la vallée de Jehoschaphat, où se fait le Jugement, signifie
la falsification de la Pal'ole. Dans Jérémie: (1 Retranchez de Ba­
bel celui qui sème et celui qui prend la {aurille dans le temps
de la moisson. Il - L. 16. - Et dans le Même: (1 La fille de
Babet(est) çomme une aire pour qu'elle soit {oulée~ encore
un peu quand viendra le temps de la moisson pour elle. li
- LI. 33; - ici aussi, pal' le temps de la moisson il est entendu
le demier état de l'Église,' quand il n'y a plus aucun bien ni au­
cun vl'ai; sa dévastation est décrite par retrancher celui qui sème
et celui qui pl'end la faucille dans le temps de la moisson; puis, par
êtl'e foulé comme dans une ait'e; par Babel sont entendus ceux qui
cherchent la domination au moyen des choses saintes de l'Église.
Dans Ésaïe: (1 Je déplorerai J ailser, le cep de Sibmah; je
l'arroserai de mes larmes, ô Chesbon, et É léalch, parce que
sur ta '1,,1endange et sur ta moisson l'hédad est tombée. II ­
XVI. g,; - ici aussi, pal' la moisson est signifié le dernier état de
l'Église, cal' par l'hédad est signifiée la tin, quand, la vendange
terminée et la moisson recueillie, on avait coutume de tl'iompher
de joie et de pousser Jes acclamations; ici, c'est se lamenter, parce
qu'il est dit (e elle est tombée; II par Jaëser, le cep de Sibmah, et par
Chesbon et Éléaleh, sont signifiés les hommes de l'Église externe,
qui expliquent la Parole en faveUl' des amOUl'S du monde: car ces
lieux avaient été donnés en héritage aux Rubéniles et aux Gadiles,
pal' lesquels était repl'ésentée l'Église externe, parce qu'ils habi­
taient au-delà du Jourdain; le cep de Sibmah signifie leur Église:
leur destl'uction, quand le Seigneur devait venir' et faire le Juge­
ment, est décrite allssi dans ce Chapitl'c, Dans Jérémie: Cl p{ls,~ée
est la moisson, adlet'é est l'automne; et nOliS, /tom ll'(lt'ons
120 L' APOGALYPSE EXPLIQUÉE. N" 9H.

pas été cOllservé~; au sujet de la (racture de ma fille j'ai été


brisé. J) - VIII. 20,21; - ici aussi, pal'la moisson il est signi­
fié le dernier état de l'Église; et par Il au sujet de la fracture j'ai
été brisé, 1) il est signifié la douleul' de ce qu'il n'y a plus ni bien
ni vl'ai; pal' la fille est signifiée l'affection du vrai, et par suite l'É­
glise, cal' cette affection est l'Église, et de celle affection vient l'É­
glise. Dans Ésaïe : (e Il arrivera comme quand on a,rul$$e la
moisson, le blé sur pied, et son bras les épis moissonnera; et
il sera laissé en lui des grapillages comme au secouage de
l'olivier, trois baies li la tete d'une branche tres-élevée;
quatre, cinq, dans les branches du {ertile, Un jour ta plante
tu {eras croitre, et le matin fleurir ta semence; un moneeau
(sera) ta moisson aujour de la possession, et douleur déses­
pérée (il y aUl'a). 1) - XVII. 5, 6, 11 ; - dans ce Chapill'e, il
s'agit des connaissances du vrai et du bien qui appartiennent à
l'Église, en ce qu'elles ont été entièl'ement perdues; ces connais­
sances y sont signifiées pal' Damas, dont il s'agit dans ce Chapill'e,
et par Aroël'; qu'elles aienl élé entièl'ement pel'dues, cela est dé­
crit pal' (e il y sera laissé des gl'apillages comme au secouage de
l'olivier, tl'ois baies à la tete d'une branche très-élevée; quatre,
cinq, dans les branches du fel'tHe; 1) puis aussi, par (1 un monceau
(se1'a) ta moisson au jour de la possession; 1) à savoir, qu'i! n'y
ama plus qu'un seul monceau; c'est pourquoi, il est dit aussi
Il douleur' désespérée; 1) de là il est évident que par la moisson il y

est signifié le dernier état de l'Église; cet état est encore signifié
par le malin, cal' lorsque le dernier état d'une Église est arrivé, il
y a matin pour ceux qui sel'onl de la Nouvelle Église, et il y a soir
et nuit pOUl' ceux qui sont de la vieille Église; que cela y soit en­
tendu par le malin, on le voit par le derniel' Verset de ce Chapitre,
où il est dit: (1 Vers le temps du soir, voici, la terreur; avant
le matin, elle n'est plus. 1) - Vers. 1.lI; - la terreur signifie la
destruction. Dans Joel: Il Confus sont devenus les laboureurs;
ils se sont lamentés, les ",'gnerons, à cause du froment et de
l'orge, parce qu'a péri la moisson du champ. li - J. 11; ­
la dévastation de l'Église quanl au bien et quant au vrai est enten­
due par II a péd la moisson du champ; 1) pal' les laboureUl's il est
entendu ceux qui sout dans le bien de ('Église; par les vignerons,
Vers, 15, CHAPITRE QUATORZIÈME. 1.21
ceux: qui sont dans les vrais; pal' le froment et par l'orge, le bien
lui-même et le vrai lui-même; la douleur à cause de la dévasta­
tion est signifiée en ce qu'ils sont devenus confus et se sont lamen­
tés. Si par la moisson il est signifié le dernier état de, l'Église t c'est
parce que par le froment, quiappal'tient à la moisson t il est signi­
fié le bien, et pal' suite le vrai de l'Église, et par le champ l'Église
elle-même; que par toutes les choses qui appartiennent à la nu­
tl'ilion natUl'tllle, comme froment, orge, huile, vin, et plusieurs
autres, il soit signifié des choses qui appartiennent à la nutrition
spirituelle, c'est ce qui a été montl'é ci-dessus en beaucoup d'en­
droits, et les choses qui appal'tiennent à la nutrition spiriluelle se
l'érèrent en génél'al au bien et au vrai, et aux connaissances du bien
et du vrai, ainsi à la doctl'ine et à la vie selon ces :connaissances :
de là il est dit dans Jérémie: Il Une natio!,- de loin mangera ta
moisson et ton pain, mangera tes fils et tes filles, mangera
ton menu bétail et ton gros bétail. mangera ton cep et ton fi­
guier, appauvrira pm' l'épée tes villes de rempart, sur les­
quettes, toi. tu te confies. IJ - V. 1.7; - pal' une nation de
loin il est entendu le faux du mal qui détl'uit, de loin signifie qui
ditfèl'e beaucoup du bien et du vrai; pal' la moisson et par le pain
il est sigoilié les vrais et les biens de l'Église qui nourrissent; pal'
les fils et par les filles, ces mêmes vl'ais et ces mêmes biens qui
engendl'ent; pal' le menu bétail et le gros bétail, les biens et les
vrais spirituels et naturels; pal' le cep et par le f1guiel', l'Église in­
teme spil'Huelle et l'Église externe natUl'elle; par les villes de rem·
part, SUI' lesquelles ils se confient t ~ont signifiés les doctrinaux d'a­
pl'ès la propre in telligence; être appauvri pal' l'épée signifie ~tre
détl'uit pal' les faux du mal, Comme pal' la moisson sont signifiées
toutes les choses qui nou1'l'issèut spirituellement l'homme, lesquelles
se réfèl'entaux vrais de la doctrine et aux biens de la vie, c'est
pour cela que pal' la moisson il est signifié l'Église dans le commun
et dans le particulier; dans le commun, dans ces passages des
Évangélistes: (1 Jésus dit aux disciples: lA moisson est abon­
dante, mais il y a peu d'ouvn'ers; priez donc le Seigneur de
ta moisson, pour qu'il envoie des ouvriers dans sa moislion. 1)
- Matth. IX. 37, 38, Luc, X. 2; - pal' la moisson, ici, sont en·
tendus tous ceux chez qui l'Église devait êtl'e instaurée par le Sei­
1:22 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. ~o 911.
gneur, pal' conséquent aussi l'Église dans le commun, et par les
ouvriers sont entendus tous ceux qui enseignel'Ont d'après le Sei­
gneur. Pareillement dans Jean : (1 Jésus dit aux disciples : Ne
dites-vous pas: Encore quatre mois il y a, et la moisson ar­
rive? ,/-Ioid, je vous dis: Levez vos yeux.! et regardez les
champs, car ils sont déjà blancs pour moisson; et ('e/ui qui
moissonne reçoit une récompense, et il amasse du fruit pour
la vie éternelle; car, dans, ceci, cette parole est la véritable,
que, autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne;
111oi, je vous ai envoyés moissonner ce li quoi, 'Vous, vous n'a­
viez point travaillé; d'autres ont travaillé, et vous dans lezll'
travail vous êtes elltrés. Il - IV. 35 à 38; - ces choses ont
-été dites par le Seigneur au sujet de la Nouvelle Église qui devait
êlre instaurée par Lui; par ulevez vos yeux, et l'egal'dez les champs,
cal' ils sont déjà blancs pour moisson, li il est entendu que l'instau­
ration de celte Église est maintenant pl'oche; par moissonner il est
signifié enseigner ceux qui doivent êlre de celle Église, et comme
le Seigneur le dit ailleurs, recueillit' et amasser dans le grenier;
pal' c( autre est celui qui sème, et autre celui qui moiss'bnne; Moi,
je vous ai envoyés moissonner ce à quoi, vous, VOliS n'aviez point
travaillé; d'autres ont travaillé, et vous dans leur tl'avail vous êtes
entrés, il est entendu que ceux qui enseignent, pal' conséquent qui l'e­
1)

cueillent et amassent, n'agissent pas pal' eux-mêmes, mais que c'est


le Seigneur qui agit par eux, car ceux que les disciples ont convertis
à l'Église, le Seigneur les avait préparés à l'ecevoir au moyen des
Anges, c'est-à-dire, au moyen des Divins Vrais d'après la Pamie.
L'accro'issement de l'Église chez l'homme dans le particulier, et
chez les hommes dans le commun, pal' le SeigneUl', est aussi décrit
par la moisson, dans Mal'c: (1 Jésus dit: lien est du Royaum,e
de Dieu comme si un homme jette la semence sur la terre;
qu'il dorme ensuite, et qu'il se lh'e de nuit et de jour, la se­
mence cependant ger1J1e et croit sans qu'il sache comment;
car d'elle-m~me la terre porte du fruit, premièrement herbe,
puis épi, puis du blé tout formé dans t'épi; mais quand a été
produit le fruit, au.ssitôt il envoie la fau.cille, parce que la
moieson est prête, 1) - IV, 26,27,28,29; - pal' le l\oyaume
de Dieu il est eJlten~u l'(j;gIise ùu Seigncul' dans les Cieux el dans
V~ril, 15, t:HAPlTRE QUATORZIÈME. 123
les tCl'teS; que celte Église soit implantée chez tous ceux qui re­
çoivent les vrais et les iliens, non d'eux-memes, mais du Seigneur t
cela est décrit par ces paroles, dont chacune correspond à des spi­
l'ituels et les signifie; par exemple, que l'homme jette la semence
SUI' la tClTe; qu'il dort ensuite et se lève de nuit et de jour; que la
semence germe et crolt sans qu'il le sache; en effet, pal' la semence
est signifié le Divin Vrai; par jeter la semence sur la terre est si­
gnifiee l'opél'ation de l'homme; par se level' de jour et de, nuit il
est signifié dans tout état, et enfin par envoyer la faucille; le reste
signifie l'opération du Seigneur, et la moisson l'implantation de
l'Église dans le particulier ct dans le commun: en effet, il faut
qu'on sache que, quoique le Seigneul' opère toutes choses, et que
l'homme n'opère rien pal' lui-même, cependant le Seigneur veut
que l'homme, en tant.qu'une chose vient à sa perception, opère
comme pal' lui-même; car sans la coopération de l'homme comme
(lai' lui-même, illl'Y a point de réception du vrai et du bien, ainsi
point d'implantation ni de régénération, car le Seigneur donne de
\'ouloir, et comme il semble à J'homme que ce soit comme pal' lui­
même, il lui donne de vouloir comme pal' lui-même. Puisque de
telles choses sont signifiées par la moisson, c'est pour cela que cbez
les fils d'Israël il avait été institué deUox fêtes, dont l'une, appelée
fête des semaines, concernait les Jll'émices de la moisson, et l'autl'e t
appelt\e fète des tabel'uacles, concel'llait la récolte des fl'uits de la
terl'e; la premièl'e signifiait l'implantation du vl'ai dans le bien, et
la seconde la production du bien, ainsi la régénération ; mais par
la fête ùes azymes ou de la Pâque, qui précédait, était signifiée la
f.!t\livrance des faux du mal, ce qui même est le pl'emier point de la
l'égénél'alion. .
912. Et Celui qui était assis sur la nuée lança sa faux sur
la terre, et moissonnée fut la terre, signifie le rassemblement
des bons et leur séparation d'avec les méch(tnts, et qu'ainsi
a été dévastée l'Église:. on le \Toit pal' la signification de Celui
{lui était assis sur la fluée, en ce que c'esL le Seigneur quant à
la Pal'ole, qui est le Divin Vrai d'après lequel et selon la récep­
Lion duquel sc fait le Jugement j pal' la significaLion de la terre~
p.n ee qu'elle èst l'f;glise. comme ci-dessus, N°s 29, 304 , h17,
GOï, 7U, 752, 87U; el \laI lil signiOcation Ùl la lene mois$on­
124 L'APOCALYPSE EXPLlOUÉE.

NU 912.

née, en ce que c'est que l'Église a été dévastée; car pal'la moisson
est signifié le dernier état de l'Église, comme il a été montl'é ci-des­
sus, N° 9H; c'est pourquoi par Il moissonnée fut la terre, Il il est si­
gnUié qu'il n'y a point Église, ou que l'Église a été dévastée, parce
qu'il n'y a plus le bien, ni par conséquent le vrai, ce qui est signifié
par le blé de la moisson. Il,est dit ici que la teI'l'e a été moissonnée
par Celui qui était assis SUI' la nu.ée, mais il est entendu que c'est pal'
l'homme, de même que, dans beaucoup d'autres passages, la dé\'as~
tation est attl'ibuée au Seigneur, lorsque cependant elle est faite
par l'homme; car, d'après sa pl'emièl'e idée conforme· à ce qu'est
la Parole dans le sens de la lettre, l'homme ne voit pas autrement.
Que la séparation des bons et des méchants, IOl'sque le Jugement
demier était proche, ait été .faite ainsi, on peut le voir d'après ce
qui a été dit ci-dessus sur ce sujet, à savoÎl', que quand les bons
en eurent été séparés, ceux qui intérieurement avaient été mé­
chants, mais qui extél'ieUl'ement avaient pu mener une vie morale
comme chl'étienne, et s'étaient pal' conséquent fait une sorte de
Cieux dans le monde des espl'ils, le lien avec les bons étant alors
rompu, viment dans leurs maux qu'ilS conservaient cachés intérieu­
j'ement; c'est de là que l'Église, qui consistait seulement dans les
externes, avait été dévastée-chez .eux: enelfet, s'ils avaient pu
mener une vie morale comme chrétienne dans les externes, c'était
uniquement à cause de leUl' conjonction avec les bons, et parce que
les intérieurs qui appartiennent à la volonté avaient pendant ce
temps-là été fel'll!és. Mais, sur ce sujet, voir ce qui a été dit dans
l'Opuscule DU JUGEMENT DERt'U&R; puis, ce qui a été dit ci-dessus
en quelques elldl'Oils, et ce qui sera dit plus bas en paJ'ticulier dans
l'Appendice; car, à moins que ces choses n'aient été exposées dans
leU!' sél'ie, elles ne peuvent pas tombel' dans l'entendemen.t sinon
obscurément.
913. Vers. 17, 1.8, 1.9~ Et un autre Ange sortit du
Temple qui est do.ns le Ciel, ayant, lui aussi, une faux tran­
chante. - Et un autre. Ange sortit de l'Autel. ayant pou­
voir sur le feu; et il cria d'un cri grand à Celu.i qui avait la
faux tranchante, disant: Envoie ta faux tranchante, et
vendo.nge les grappes de la vigne de la terre. parce que mûrs
sont ses rai~ins. - Et ['Ange lança sa faux sur la terre, .et il
Vers. 17. CHAPITRE QUATORZIÈME, 125
vendangea la vigne de la terre, et il J'eta dans le grand pres-
soir .de la colère de Dieu, - Et un autre Ange sortit du
Temple qui est dans le Ciel, ayant, lui aU,çsi, une faux tran-
chante, signifie une manifestation par le Seigneur sur la dévasta-
tion de l'Église quant au Divin Vrai, tel qu'il est dans le Ciel,
après l'examen: et un autre Ange sortit de l'Autel, signifie
une manifestation par le Seigneur sur la dévastation de l'Église
quant au bien de ('amoUl' et de la charité: ayant pouvoir sur le
feu, signifie ainsi quant à l'amour céleste et spirituel: et il cria
d'un cri grand, signifie l'annonciation après l'examen ou la
visite: disant: Envoie ta faux tranchante, et vendange les
grappes de la vigIle de late.rre, parce que mûrs sont ses
raisins, signifie que le rassemblement des bons et leur séparation
d'avec les méchants vont être faits, parce qu'il n'y a plus les vl'ais
de la foi, et cela, parce qu'il n'y pas le bien spirituel, qui est la cha-
rité: et l'Ange lança sa (aux' sur la terre, et il vendangea la
vigne de la terre, signifie ·cela faiL : et il J'eta dans le grand
pressoir de la colère de Dieu, signifie la falsification de la Parole
quant à tout vl'ai spirituel, et par suite la damnation, parce qu'il
n'y a pas le bien spirituel, qui est la charité.
91fJ. Et un autl'e Ange sortit du Témple qui est dans le
Ciel, ayant, lui aussi, une faux tranchante, signifie une ma-
nifestation par le Sei'gneur sur la dévastation de l'Église
quant au Divin Vrai, tel qu'il est dans le Ciel, après l'exa-
men: on le voit pal' la signification de rAnge qui sort et dit, en
ce que c'est LIlle manifestation par le Seigneur, comme ci-dessus,
Nol 869, 878, 883; par la signification du Temple, en ce que c'est
le Ciel et l'Église quant au Divin VI'ai, comme aussi ci-dessus,
N° 220; et par la signification de la faux tranchante, en ce que
c'est le Divin Vrai examinant et séparant avec soin, comme ci-dessus,
N° 908, ici aussi dévastant après l'examen, car par les paroles qui
ont été dites de l'Ange précédent, Vers. 1.5, 1.6, il est signifié aus-
si la visite et l'examen, et l'annonciation que l'Église avait été en-
tièl'ement dévastée; mais par celles qui sont dites de ces deux An-
ges, Vers. 17, 18,19, il est signifié la dévastation de l'Église;
pal' l'un, à savoir, par celui qui sortit du Temple qui est dans le Ciel,
la dévastation de l'l~glise quant au vrai; pal' l'autre, à savoir, par
126 L'APOCALYPSE EXPLIQllI~E. :-;" 014,

celui qui sortit de l'Autel, la dévastation de l'Église quant au bien;


car le Temple, dans le sens suprême, signifiait le Divin Vrai, et l'Au­
tel le Divin Bien, l'un et l'autre pr'océdant du Seigneur; d'apl'ès
cela il est évident que par le premier Ange, Vers. 15, il est entendu
une manifestation par le Seigneur, puis l'examen de ce qu'était .
l'Église, et qu'il fat découvert qu'elle était désol~e, d'où il suit que
par le second Ange sortant du Temple qui est dans le Ciel, et ayant,
lui aussi, une faux tranchante, il est signifié une manifestation par'
le Seigneur sUl'la dévastalion de l'Église quant au Divin Vrai, tel
qu'il est dans le Ciel, après l'examen. II est dit le Divin Vrai tel
qu'il est dans le Ciel, parce que ce Yl'ai est falsifié, mais non de
même le Divin Vrai tel qu'il est SUI' terre ou dans l'Église SUl' terre;
le Divin Vrai dans le Ciel est tel qu'est la Parole dans le sens spi­
rituel, mais le Divin Vrai sur ter're est tel qu'est la Pal'ole dans le
sens naturel, ou dans le sens de la lettr'e; ce Divin Vl'ai-ci est pour
les hommes et fait j'Église chez eux, mais ce Divin VI'ai-là est pour
les Anges et fait le Ciel chez eux; ils diffèrent entre eux comme
le spirituel diffère du natm'el j la diffét'ence est comme entre la sa­
gesse des Anges et la sagesse deshommes; la sagesse des hommes
cst à la sagesse des Anges comme la science est à l'intelligence;
cette différence est si grande qu'elle ne peut être décrite. Quant à
ce qui concel'ne la dévastation de l'Église quant au Di\'in Vrai, elle
se fait pal' la falsification de la Parole, car lorsque la Pal'ole est ex­
pliquée en faveul' des amours terresh'es et pour confirmer les faux
de la doctrine, l'Église alors est dévastée; elle n'est pas dévastée
10l'sque la Pal'ole est entendue simplement selon le sens de la lellre,
mais elle est dévastée alors qu'elle est expliquée jusqu'à destruction
du Divin Vl'ai dans le Ciel, car ainsi le Ciel est fel'mé, et quaod 1
Ciel a été ferme, il n'y Il aucune Église chez l'homme: au dedans
de l'Église il y en a qui expliquenlle sens de la JeUre de la Parole
jusqu'à destruction du Divin Vrai dans le Ciel, ct il y OT! a qui ne
l'expliquent pas jusque Iii, ccux-ci ne dévastent poinll'Église chez
eux, mais ceux-là la dévastent; le sens de la lettre entendu avec
simplicité ne cause de dommage à aucun vrai spirituel qui est dans
le Ciel; mais le sens de la leUI'c, expliqué selon les faux de la doc­
trine et selon les maux des amours, cause du dommage; car le sens
de la lettre de la Parole est le ])j\'in Vrai naturel; ce nivin Vrai
Vers, 17. CUAPITHE QUATOnZ1ÈME. i2­
diffère, à la vél'ité, du Divin Vrai dans le Ciel, comme le naturel
diffère du spirituel, mais 'néanmoins il fait un avec lui par .les cor­
respondances; or, quand le Divin Vrai naturel est expliqué jus­
qU'à destruction du Divin Vrai spiriluel, il ne peut plus taire un
avec lui par cOl'I'espondance; mais le faux, selon lequel est expli.­
qué le Divin VI'ai naturel, détruit le Divin Vrài spil'iluel; cela est
donc la falsification de la Parole, et la dévastation de l'Église pal'
les falsificalions. Il en a été dit davanlage SUI' ce sujet, 10l'squ'il a
été tl'aité du dl'agon et de ses deux bêles, et il en sera dil encore
davantage lorsque, dans la suite, il sel'a ll'ailé de la Pl'ostiluée as­
sise SUI' la bête écal'late. •
915. Et un autre Ange sortit de l'Autel, signifie une
manifestation pal' le Seigneur sur la dévastation de ['Église
quant au bien de l'amour ·et de la charité: on le voit par la
signification de l'An,qe qui sort, en ce que c'est une manifestation
pal' le Seigneut', comme ci-dessus, N° 91la; et par la signification
ùe l'Autel, en ce que, dans le sens supl'ème, c'est le Divin Bien ùu
Divin Arnoul', el par suile, dans le sens respeclif, le bien de l'amour
envel's le S~igneUl' et le bien de la charité à l'égard du prochain;
voir ci-dessus, No' 391, !J90. Il sera dit aussi en peu de mots d'où
vient que.l'Autel signifie ces biens: Dans l'Église, chez les fils
d'Israël, il avait élé élabli deux choses, qui étaient les principales
du culte, à savoiI', la Tenle de convention et \'Autel, et plus tard
le Temple et l'Autel; dans le Tem)lle on enseignail la Pal'ole, et
sur l'Aulel on faisail les sacrifices; ces choses étaient les princi­
pales ùe leur culte; el comme "Église inslaurée chez eux élait une
Église repl'ésenlali\'e, c'esl pour cela que ces deux représenlaicut
toules les choseS de l'Église en somme, et Ioules les choses ùe l'É­
glise en somme se l'éfèl'enl au vrai de la doctrine d'après la Parole,
et au bien de l'amour et de la charité; de ces deux aussi se compose
loul culle de l'Église; et comme tous les repl'ésentatifs ùe l'Église
. regal'ùaient le Scigneul' comme lin ct comme cause, par conséquent
vers qui el ùe qui s01l1 toules choses, voilà pourquoi par le Temple
était représenté le Seigneur quant au Divin Vrai, et pal' l'Alltel (e
Seignel1l' quant au Divin Bien; sur cetle représenlation du Temple,
voir ci·dessus, N° 220; el SUI' celle de l'Autel, N°' 391, l190. Main­
lenanl, comme Ioules les choses de l'Église, el pal' suite loutes celles
128 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N· 915.
du culte, se réfèrent à ces deux, à savoir, au vrai de la doctrine et
au bien de l'amour, et que toutes celles du Ciel"se réfèrent au Di­
vin Vrai et au Divin Bien, l'un et l'autre procédant du Seigneur,
et comme lorsque ces vrais et ces biens ont été dévastés, il n'y a
plus aucune Église, c'est pour cela que Jean vit deux Anges, par
lesquels a été représentée la dévastation de l'Église quant au vrai
et quant au bien.
9:16. Ayant pouvoir sur Le feu, signifie ainsi quant à L'a­
mour céleste et spzritueL : on le voit pal' la signification du feu,
en ce qu'il ellt l'amour dans l'un et dans l'autre sens, à savoir, l'a­
mour envers le Seigneur, lequel amour est chez ceux qui dans le
Ciel sont appelés Anges célesl$, et l'amour à l'égard du prochain,
lequel amour est chez ceux qui dans le Ciel sont appelés Anges spi­
rituels; et, dans le sens opposé, l'amom' de soi, lequel est chez ceux
qui dans l'enfer sont appelés diables, et l'amour du monde, lequel
amour est chez ceux qui dans l'enfer sont appelés satans; que ces
amours soient signifiés par le feu dans la Pal'ole, on le voit ci­
dessus, N°' 68, lI96, 50ll, 539. S'il est dit de cet Ange qu'il avait
un pouvoir sur le feu, c'est parce qu'il s'agit de la dévastation de
l'Église quant au bien de l'amom, et la dévastation quant à ce bien
est attribuée à cel Ange, comme la dévastation quant au vrai de la
doctrine a été allribuée à l'Ange précédent, qui par conséquent
avait dans la main une faux tranchante; de là on voit clairement ce
qui est entendu, en ce qu'il est dit que cet Ange avait pouvoi!' sur
le feu, à savoir, pour dévaster dans l'Église l'amour céleste et spi­
rituel et toutes les choses de cet amour. La dévastation de l'Église
est attribuée à l'Ange, comme ailleurs dans la Parole elle est allri­
buée au Seigneur; mais cela est seulement dit de Lui dans le sens
de la leUre, mais n'est pas entendu ainsi dans le sens spirituel, car
la vérité dans le sens de la lellre est comme une face que l'on , voit à
travers un voile, mais la vérité dans le sens spirituel est comme une
face à découvert; oU,)a vérité dans le sens de la lettre est comme
un nuage, mais la vérité dans le sens spirituel est cOIilme une lumière
et comme la splendeur de cette lumière; ou, la vérité dans le sens
de la lettre apparalt comme vérité devant l'homme sensuel, mais la
Vél'ilé dans le sens spirituel est vérité devant l'homme spirituel-ra­
tionnel; par exemple, dans la Parole il est dit du Soleil, qu'il se lève,
Vers. 18. CHAPITRE QUATORZIÈME. 129
marche, se couchc, fait les JOUl'S ct les années, ainsi absolument selon
l'apparence devant l'homme sensuel; mais toujours est-il que l'hom­
me rationnel pense que Je Soleil est immobile, et que la tene mar­
che; de là il est évident que l'entendement de l'hommè pense l'in­
vel'se de ce qui apparaît devant les sens, pOUl' se le pl'ésenter devant
soi dans la lumière du vrai. Il en est de même des choses qui main­
tenant, dans l'Apocalypse, sont dites de Celui qui était assis SUl' une
nuée blanche, et des deux Anges, à savoil', qu'ils envoient leur faux
dans la moisson, et la moissonnent, et qu'ils vcndangenlles grappes
de la vigne de la- terre, elles jeUent dans le pressoir de la colère de
Dieu; ces choses ont pareillement été dites scion les apparences de­
yant l'homme sensuel, mais néanmoins doivent être retournées et
comprises selon leur sens spirituel. D'apl'ès ces considél'ations, on
peut aussi voir que l'homme sensuel, tel qu'est un enfant et un jeune
garçon dans son premier âge, puis aussi un homme simple, peuvent
penser et ceoire ces choses et d'autres semblables selon le sens de la
lettre; par exemple, que Dicu ôte le bien et le vrai aux hommes à
cause de leur malice; mais l'homme adulte, qui veut devenir sage,
ne les expliquera pas jusqu'à dil'e que Dieu agit ainsi, et pal' consé­
quent enlève à l'homme tout bien et tout vrai, et introduit à leUl' place
le mal et le faux, et qu'il dévaste l'Église, et même qu'il se met en
colère et s'emporte; cal' si un adulte sage expliquait de tclles choses
selon le sens de la lettre, et les conûrmait pal' des raisonnements,
alors il détl'Uirait le vrai réel même tel qu'il est dans le Ciel, et par
suite il se fermerait le Ciel; en effet, qui est-ce qui peut entl'el' dans
le Ciel avec la croyance que Dieu se met eu colèl'e, se venge, punit
ét fait d'aulI'cs choses semblables, lorsque les Anges du Ciel sont
dans la pel'ception que Dieu ne se met jamais en colère, ne sc venge
jamais, ne punit jamais?" Ne se détourneraient-ils pas de lui, ne lui
ordonneraient-ils pas de se retil'el', et ne fermeraient-ils pas aussitôt
la porte après lui? De même aussi est fel'mé le Ciel pOUl' ceux qui,
IOl'squ'ils vivent dans le Monde, expliquent le sens de la lettl'e de
la Pal'ole jusqu'à destl'uction du Divin Vl'ai dans les Cieux, vrai
qui est aussi le même que le vl'ai du sens spirituel, lequel est dans
tous les vrais du sens naturel qui composent le sens de la lelll'e de
la Pal'ole.
917. El il cria (['un cri grand li. Celui qui avait la (aux
VI. 9.
130 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N°Ol7.

tranchante, signifie l'annoncitllion aprës l'examen ou la vi­


site: on le voit pal' les choses qui suivent, et aussi par celles qui
ont été dites et expliquées ci-dessus, N° 910, où sont des paroles
presque semblables.
918. Disant: Envoie ta {aux tranchante, et vendange les
grappes de la vigne de la terre, parce que mûrs sont ses rai­
sins, signifie que le rassemblement des bons et leur sépara­
tion d'avec les méchants vont lire raits, pal'ce qu'il n'y a
plus les vrais de la roi, et cela, parce qu'# n'y a pas le bien
spirituel, qui e.st la charité: on le voit pal' la signification d'en­
voyer la (aux tranchante, et de vendanger, ep ce que c'est
rassembler les bons et les séparer d'avec les méchants, ainsi qu'il
a été monll'é ci-dessus, N° 911; pal' vendanger, ici, il est signifié
la même chose que ci-dessus par moissonner, mais il est dit ven­
(langel' pal'ce qu'il s'agit de gl'appes et de raisins, et moissonner
parce qu'il s'agit de moisson, et pal' l'un et par l'au[I'e il est si­
gnifié dévaster et finil' l'Église qui est signifiée ta'nt par la moisson
que pal' la vigne; et quand l'Église a été dévastée et ainsi finie,
alors le rassemblement ùes bons et leur séparation d'avec les mé­
chants ont lieu; dans ce qui suit on verl'a ce qui est signifié en
outre pal' vendangCl'; pal' la signification des grappes, en ce que
ce Sont les biens et pal' suite les Hais de la foi, ainsi qu'il va être
montré; et pal' la signification de pm'ce que mZlrs sont ses rai­
sins, en ce que c'est parce qu'il n'y a plus les biens de la charité,
ainsi pal'ce que c'est la lin de l'Église: d'après ces significations,
on peut voil' que pal' Il envoie ta faux tranchante, et vendange les
grappes de la terl'e, parce que mOrs sont ses raisins, II il est signifié
que le rassemblement des bons et leur séparation d'avec les mé­
méchants vont être faits, pal'ce qu'il n'y a plus les biens et les
vl'ais de la foi, et cela, parce qu'il n'y a pas le bien spirituel, qui est
la charité. S'il n'y a pas les vl'ais de la foi parce qu'il n'y a pas le
bien de la chal'ité, c'est parce que le vrai n'est pas donné sans le
bien, car le vrai lÏl'e du bien son essence, ou sa vie, d'où il suit
que s'il n'ya pas le bien ou la charité, il n'y a ni les vl'ais ni la foi
des vl'ais, Il sera dit en peu de mots ce que c'est que la charité,
qui est la même chose que le bien spirituel: La charité, ou le bien
spirituel, consiste à faire le bien parce que c'cst le \'1'al, ainsi à
Vers. 18. CHAPITRE QU!TOHZIÈME. 131
faire le vl'ai, et faire le vrai, c'est faire les choses qui ont été com­
mandées par le Seigneur dans sa Pal'ole, d'où il est évident que la
charité est le bien spil'ituel; et quand l'homme fait le bien parce
que c'est le vrai, ou fait le vl'ai, la chal'ité alors devient un hien
mOl'al, qui dans la fOI'me externe devient semblable au bien que fait
aujourd'hui tout homme qui est homme moral et civil; mais la dif­
fél'cnce est que le bien mOl'al l'éel est hien d'apl'ès le bien spirituel,
dont il procède, car le bien spirituel vient du Seigneul', tandis que
le bien moral vient de l'homme; c'est pourquoi, si le bien que fait
l'homme ne vient pas du Seigneur, pal' conséql:lent n'est pas fait
par le SeigneUl' au moyen de l'homme, ce n'cst pas le bien; la fin
propter quem (pour laquelle on agit) montre quel il est; le bien
moral sépal'é du bien spirituel considère l'homme, son honneUl',
son prolit, sa volupté, comme fms pour lesquelles on agit; mais le
bien moral d'apl'ès le bien spirituel considère le Seigneur, le Ciel
ct la vie éternelle pour fin. Ces choses ont été dites, afin qu'on
sache d'où vient que, où il n'y a pas le bien de la charité, il n'y a pas
le vrai de la foi; que, par conséquent, où ce bien et ce vrai ne sont
pas, l'Église a été dévastée; c'est de cela qu'il s'agit ici et dans ce
qui va suivre dans l'Apocalypse. Qu'il n'y ait pas de foi où il n'y a
pas de chal'ité, on le voit dans l'Opuscule DU JUGEMENT DERNIER,
N°' 33 à 39, Que la Gl'appe et le Raisin signifient Je bien de la
charité, on peut le voil' par les passages de la Pal'ole où ils sont
nommés, par exemple, dans les suivants; dans Jérémie: « En
consumant je les consumerai; point de raisins au cep, point
de figues ail figuier, et la feuille est flétl'ie, et je donnerai il
ceux qui passent sur eux. l l - VIII. 13; - « point de raisins au
cep, signWe qu'il n'y a point le bien spirituel chez l'homme; c( point
J)

de Ilgues au figuier, signifie qu'il n'y a point le bien naturel chez


l)

lui; le cep et le figuier signifient l'homme quant à l'Église, ainsi l'É~


glise chez lui; mais ces choses ont été expliquées ci-dessus; voir
N° !l03. Dans i~saïe: tt Une vigne était il mon bien-aimé en une
C01"1W de (ils cl' huile; il!'enferma et !' épierra, et illil planta
d'un cep exquis, et il bâtÏlune tour au milieu d'elle, même un
pressoir il y creusa; et i( s'attendait qu'elle produimit des rai·
sins; mais elle a produit des fruits sa~l1Jages. )) - V. 1, '2, lJ;­
pal' la vigne qui était au bien-aimé est signifiée j'Église spirituelle,
J32 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 918.

qui fut instituée chez les fils d'Israel; (1 en une corne de fils d'huile, II
signifie dans laquelle étaient les vrais d'après le bien de la charité;
(cil l'enferma et l'épiel'ra;ll signifie gardéecontl'e les faux et les maux;
II il la planta d'un cep exquis, J) signifie dans laquelle étaient les vrais

réels; (t il bâtit une tour au milieu d'elle, II signifie les intérieurs dans
lesquels il y avait influx, et par lesquels il y avait communication
avec le Ciel; (1 même un pressoir il y creusa, Il signifie la production
du vrai. d'après le bien; « il s'attendait qu'elle produirait des raisins,
mais elle a produit des fl'U;ts sauvages, Jl signifie l'espoir de la fl'Uc­
titication de ces choses d'après le bien de la charité, mais en vain,
parce que l'inique était à la place du bien. Dans Michée: (1 Malheur
il moi! je suis devenu comme les cueillettes d'été, comme des
gmpillages de la vendange; pas une grappe pour manger,
mon âme désire .une primeur; le saint a péri de dessus la
terre, et le droit parmi les hommes; tous de sangs tendent
des piéges. JI - VII. 1, 2; -la douleur, à cause de la vasta­
tion du bien et du vrai dans l'Église, est entendue et décrite pal'
l( malheur il moi! je suis devenu comme les cueillettes d'été, comme

des gl'apillages de la vendange; JI qu'il lJ'y ait plus ni le bien spi­


rituel ni le bien naturel, d'après lesquels le Seigneur est adoré,
cela est signifié pal' c( pas une grappe pOUl' manger, mon âme dé­
sire une primeur; II qu'il n'y ail plus le vrai spirituel ni le vl'ai na­
turel, cela est signilié pal' (1 le saint a péri, et le droit parmi les
hommes; )) que les vrais et les biens de la Parole, et par conséquent
de l'Église, soient détl'Uits par les faux et par les maux, cela est
signifié pal' il tous de sangs tendent des piéges. Il Dans Rosée:
Cl Comme des raisins dans le désert j'ai tl'ouvé Israël, comme

une primeur dans un figuier dans son commencement j'ai vu


vos p~res. JI -IX. 10; - ces choses ont été dites de l'Église
Anciennfr, et de son instauration; cette Église, ici, est entendue
pal' Israël; son premier état est entendu pal' (c dans le désel'! Il et
(1 dans le commencement; Il et le bien spirituel qui était chez ceux

de celle Église est entendu par les raisins, et le bien qui en pro­
vienl dans l'homme naturel, pal' une primeur dans un figuier. Que
dans ce passage par Israël dans le désert, et par les pères dans le
commencement, il soit entendu les hommes de l'Ancienne f~glise,
et non les fils dtl Jacob, on Je voit dans MQIse : Du cep de 80­
(1
Vers. 1.8. CHAPITlm QUATORZIÈME. 133
dome, leur cep, et des champs de Gomorrhe; leUl'S raisins,
raisins de fiel, grappes d'amertumes pour eux. )1 - Deutér.
XXXII. 32; - ici, les fils de Jacob sont décrits tels qu'ils ont
été dans le désert; que chez eux la religion ait été infernale, parce
qu'ils ont adoré les dieux des nations et les idoles, cela est signifié
en ce que leUl' cep était du cep de Sodome et des champs de Go­
morrhe; qu'au lieu des biens de la charité ils aient eu des haines,
et au lieu des vrais les faux qui s'élançaient de leurs haines, cela
est signifié en ce que leurs raisins étaient des raisins de fiel, des
grappes d'amertumes pOUl' eux. Dans MoIse: Il Il attach.e au
cep son ânon, et au cep excellent le {ils de son ânesse; il lave
dans le vin son vltement, et dans le sang des raisins son
manteau. » - Gen, XLIX. 11; - ces paroles sont dans la dei'·
nière allocution d'Isl'am le père à ses fils, ici, à Jehudah, par le­
quel dans le sens suprême est entendu le Seigneur quant à l'Église
céleste et quant à la Parole; et pal' le sang des raisins il est signifié
. le Divin Vrai d'après son Divin Bien, et dans le sens respectif le
bien de la charité; mais ces paroles et les autres ont été expliquées
dans les ARCANES CÉLESTES; voir N°· 6375 à 6379. Le vrai d'a­
près le bien spirituel est aussi signilié par le sang des misj,M, de
même que par le vin, - Deutér. XXXII. H. - Si les raisins si­
gnifient le bien de la charité, c'est pal'ce que par la vigne il est si­
gnifié l'Église spirituelle, et par le cep l'bomme de cette Église,
c'est pourquoi par les grappes et par les raisins, qui sont les fruits,
il est signifié les biens qui constituent ceUe Églis~, biens qui sont
appelés biens spirituels, et aussi biens de la charité; et comme tout
vrai vient du bien, de même que lout vin vient des raisins, c'est
pour cela que dans la Parole par le vin il est signifié le vrai d'après
le bien; sur ceHe signification du vin, voir ci-dessus, N°· 329,
376. Mais par les grappes sont pal'liculiè,'ement signifiées les va­
J'iations de l'état du bien spirituel ou du bien de la charité, car en
elles plusieurs raisins sont attachés en série; quant à ce qui est en.
tendu par la variation de l'état du bien, cela sera. dit ailleurs.
Comme par la terre de Canaan il était représenté et par suite si­
gnifié l'Église, et que l'Église est Église (J'apl'ès le bien spirituel,
car ce bien est le caractèl'e de l'Église, c'est pOUl' cela l( que ceux
qui avaient été em,oyh pour explorel' la tfl're de· Canaan en.
13ft L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. .\' Oi8.
l'apporUrent une Grappe de raisins d'une grosseur considé­
rable, qu'ils portaieut sur un levier à deux, Il - Nomb. XIII.
23, 2ft; - cela était un signe représentatif de l'Église par la terJ'e
de Canaan. Si l'Église est Église d'après le bien de la chal'ité, c'est­
'parce que ce bien, considéré en lui-même, est le bien de la vie ti­
rant son origine de l'amour envel's le Seigneur, par conséquent est
l'effet de cet amour; pal' le bien de la charité il est entendu le juste,
le sincère et le droit dans toute œuvre et dans toute fonction, d'a­
pl'ès l'amour du juste, du sincère et du droit, amour qui vient uni­
quèment du SeigneUl'. Comme on ignore encore ce qui était repré­
senté par le Naziréen, et ce qui était signifié par cela qu'il devait
s'abstenil' de raisins et de vin, et faÎl'e croUre la chevelure de sa
tête, il est pel'mis de le dévoiler ici, Sur l'abstinence de raisins et
de vin on lit ainsi: Il De vin et de cervoise il s'abstiendra,
d'acide de vin et d'acide de cen>oise il ne boira point, et
même d'aucune macération de raisin:; il ne boira: de raisins
(rais ou secs non plus il ne mangera point: pendant tous les
jours de son Naziréat, de tout ce qui est produit de la vigne
à vin, depuis les pépins jusqu'à la peau il ne mangera point.))
- Nomb. VI. S, ft; -c'était une loi pOUl'ie Naziréen, avant qu'il
eut, achevé les joul's de son Naziréat, parce qu'alors il l'eprésentait
le Seigneur quant à son premier état; le premier état pour le Sei­
gneur a été comme il est pour tout homme, à savoir, a été sensuel;
cal' tout homme est d'abord sensuel, ensuite il devient naturel et
rationnel, puis spirituel, et enfin si le troisième degl'é chez lui est
ou\'ert, il devient céleste, tel qu'est l'ange du troisième Ciel; le
sensuel de l'homme est signifié par la chevelure de la tête; voir ci·
dessus, N°' 66, 555 : et comme le sensuel est l'extrême de la vie
de l'homme, et que dans l'extl'ême réside toute la puissance, c'est
pOUl' cela que les NazÎl'éens avaient tant de force; que toute la
puissance l'éside dans les extl'êmes ou dans les derniers, consé­
quemment dans le dernier sens de la Parole, qui est le sens de la
leth'e, lequel.aussi correspond à la chevelure et la signifie, on le
voit ci-dessus, N°s Sl16, lt17, 567,666,726; le Seigneur, quand
il était jeune garçon, avait une tellé puissance, par laquelle il a
vaincu et subjugué les enfers les {lI us terribles, où sont tous les
sensuels, Cet état du Seigneur élait repl'ésenté pal' les joul's d'ac­
Vers. t8. CHAPITRE QUATORZIÈME. i35
complissement chez les NazÏI'éens; ces jours étant accomplis le Sei-
gneUl' entra du sensuel et du naturel dans le Divin spÎl'ituel et cé-
leste: maintenant, comme cet état et le bien et le Vl'ai de cet état
sont signifiés par ~es raisins el par le vin, c'est pour cela qu'il n'é-
tait pas permis à un Naziréen de mangel' des l'aisins et de boil'e du
vin, avant d'avoir accompli ces jours; que cela ensuite lui fOt per-
mis, on le voit clairement pal' le Vers. 20 de ce Chapitre, où il est'
dit: Il Dans la suite le Naziréen boira du vin. Il Qu'à la fin des
jours d'accomplissement Il il devait tondre sa tête, et mettre les
cheveux de sa tête sur le (eu qui (était) sous le sacrz'fice des
pacifiques, Il - Vers. 1.8; - cela représentait le sensuel alol's
nouveau d'après le Divin Céleste, car de nouveaux cheveux crois-
saient sur la tête du Nazirêefl ; et aussi représentait que le Seigneur
d'après le Divin Vrai dernier, qui est le sens de la lettre, enll'a'
dans le Divin Vrai intériem' qui est la Parole dans le sens interne,
jusqu'au suprême, là; car le Seigneur, lorsqu'il était dans le
Monde, était la Parole, pal'ce qu'il était le Divin Vrai; et à mesure
qu'il gl'andissait, il était ce vrai plus intérieurement par degrés, jus-
qu'au degl'é suprême, qui est purement Divin, tout à fait au-dessus
des perceptions des Anges. Il faut qu'on sache que le Seigneur,
lorsqu'il était dans le Monde, depuis l'enfance jusqu'à son demier
jour, a progressé successivement vel's l'union avec le DiI'in Même,
qui était en Lui d'apl'ès la conception; SUI' cette progr'ession suc-
cessive, voir dans les ARCANES CÉLESTES, N°' i8M, 2033,2632,
31.lli, 11585, 70ill, 1.0076. D'après ces explications, on peut voir
ce qui était représenté en ce qu'il n'avait pas été pel'mis au Nazi-
l'éen de manger du raisin, ni de boil'e du vin, avant l'accomplisse-
ment des jours de son Naziréat.
919. Et l'Ange lança sa (aux sur la terre, et il vendangea
la vigne de la ten'e, signifie cela (ait : on Je voit d'apl'ès ce qui
vient d'être dit dans l'At'Ude précédent. Que la vigne signifie l'É-
glise spil'iLuelle, on le voit par les passages de la Parole où la Vigne
est nommée; par exemple,- É~aïe, I. 8. Ill. 14. V. 1. à 1.0. XVI.
10. XXXVI. 17. XXXVII. 30. LXV. 21. Jérém. XII. 10.
XXXII. 15. XXXV. 7,9. XXXIX. 10. Ézéch. XXVllI. 26.
Hos. II. 15. Arnos, IV, Ü. V. H, 17. IX. 1lI. Mich. I. 6. Séph.
I. 13. Ps, XVIII, 15, Ps. CVII. 37, Matth. XX. 1 à 8, XXI.
136 L'APOCALYPSE EXPLJ(lOÉ~, N' 019.

28, 38 à 41. Marc, XII. 1. à 9. Luc, XlII. 6, 7. XX. 0 à 16;


- sur le Cep, - Jean, XV. 1 à 12; - et en outre dans les His·
lOI'iques de la Pal'Ole ; par ces passages, on peut clairement voit'
que pal' la vigne il est entenùu l'Église; l)oir aussi ci-dessus,
N°' 376, 403, 638, 918, où plusieurs passages sur la vigne ont!
été expliqués. D'après la signification de la vigne, on peut voit' que
pal' vendanger il est signifié rassembler pOUl' les usages les choses
qui doivent sel'vir à l'entendement, et donner l'intelligence et lasa­
gesse, et dans le sens opposé dévastel' l'Église quant au bien spi­
rituel, et ainsi quant à l'affection et à l'entendement du vrai: dans
ce sens opposé il est dit la vendange et vendanger, quand il n'y a.'
plus de gl'appes ou de raisins de l'este, ce pal' quoi dans le sens spi­
l'ituel il est signifié que tout bien spirituel, et pal' suite tout vrai
qui en lui-même est vrai, a été entièrement perdu, ce qui a princi.
paiement lieu dans l'Église pal' les'falsifications de la Parole: puis,
quand le mal de la vie cort'ompt tout bien, et qu'alors le faux de la
doctrine pervertit tout vrai, cela est décrit aussi pal' les dévasta­
teurs et pal' les voleurs. Qu'en conséquence par l'action de ven­
danger il soit signifié la dévastation, on le voit clairement par les
passages suivants; dans Ésaïe: «( Clameur au sujet du vin dans
les rues; m~lée sera toute joie, exilée sera l'allégresse de la
terre; ce qui reste dans la ville (sera) désolation, et jusqu'ci
dévastation sem frappée la porte: car il en sera, au milieu
de la terre, comme du secouage de t'olivier, comme des grap­
pillages quand a été terminée la vendange. ) - XXIV. :11,
12, 13; - pal' ces pal'oles est décrit le deuil SUI' la dévastation de
l'Église quant au bien céleste, et quant au bien spirituel qui dans
son essence est le vrai d'après le bien céleste; celte dévastation est
comparée au secouagc ùe l'olivier et aux grapillages quand a été
terminée la vendange; mais ces choses ont déjà été expliquées;
rob- ci-dessus, N°' 3'13, 638. Dans le Même: (( Filles, qui vous
tenez en assurance~ par vos oreilles percevez mon discours:
Dans un an .~ur un an vous serez troublées, vous, qui vous
tenez en aSSU1'ance; Cal' consumée sera la vendange, la récolte
ne viend,'a point. » - XXXII. 9. '10; - par les filles qui se
tiennent en assul'ance sont signifiés ceux qui dans l'Église aiment
Ics fallx plus que les vrais ; qll~ les vrais chez eux soient diminués
vel'S. 19. CHAPITRE QUATORZIÈME. 137
successivement et dans tout état, cela est signifié par II dans un an
SUI' un an vous serez troublées; Il la dévastation de tout vrai jus­
qu'à ce qu'il ne reste rien, est signifiée par consumée sera ia ven­
(1

dange,la récolte ne viendra point. II Dans Jél'émie : II Sur tes


fruits d'automne et sur ta vendange le dévastateur est tombé;
de lli se sont retirées l'allégresse et lajoie de Carmel. II ­
XLVIII. 32, 33; - pal' les fruits d'automne sont signifiés les
biens de l'Église; par la vendange sont signifiés les vI-ais de l'É­
glise; car le pain, qui est là le fl'uit d'automne, signifie le bien de
l'Église, et le vin, qui appal'tient à la vendange, signifie le vrai de
l'Église; par le dévastateur, qui est tombé sur eux, il est signifié
le mal, et par suite le faux; que le plaisir de l'amour spirituel et
céleste, qui est la joie même du cœur, doive péril', cela est signifié
par (1 de Carmel se sont retirées la joie et l'allégresse. Il Dans Mi·
chée : Il Malheur à moi! jOo suis devenu comme les cueillettes
d'été, comme des grappillages de la vendange; pas une
grappe pour manger; mon â.me désire une primeur. l I - V I I .
i; - (1 comme des grappillages de la vendange, pas une grappe
pOUl' manger, Il signifie une dévastation de l'Église, telle qu'il n'y ait
plus aucun bien ni aucun vl'ai; voir le reste expliqué dans l'Alticle
pl'écédent. Dans Jérémie: (1 Si des vendangeurs viennent chez
tOl~ ils ne laisseront pas des grappillages; si des voleurs pen·
dant la nuit, ils gâteront leur suffisance. )1 - XLIX. 9. ­
Dans Obadie : (l Si des voleurs viennent chez toi, si des rava­
geurs de nuit, combien seras-tu saccagé, ne voleront-ils pas
leur suffisance? Si des vendangeurs viennent chez toi, laisse­
ront-ils du grappillage? Il - Vers. 5; - par les vendangeurs
sont signifiés les faux, et par les voleurs les maux, qui dévastent
les vrais et les biens de l'Église; et par les ravageurs sont signifiés
tant les faux que les maux; ne pas laisser de grappillages signifie
qu'il n'y a aucun bien, parce qu'il n'y a pas de vrais. Mais par ven­
danger il est signifié recueillir pour les usages, principalement les
choses qui doivent sel'vir à l'entendement, dans Jérémie, - VI.
9. Lévit. XIX. 10. XXVI. 5. Deutél'. XX. 6, 7. XXIV. 21.
920. Et il jeta dans le grand pressoir de la colère de Dieu,
signifie la falsification de la Parole quant Li tout vrai spiri­
tllel, ft pal' ,~uite la damnation, parce qu'il n'y a pas le Men
,
138 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 920.

spirituel, qui est la charité: on le voit par la signification du


pressoir. en ce que c'est la production du vrai d'après le bien. car
par les gl'appes et les raisins qui étaient mis dans le pressoir est
signifié le bien spirituel, et par le vin qui était produit est signifié
le V1'ai d'après ce bien; 7)oir ci-dessus, N°' 329, 376 : comme la
production du vl'ai d'après le bien spirituel est signifiée pal' le pres-
soir, c'est pour cela que dans le sens opposé pal' lui est signifiée la
production du faux d'apl'ès le mal; car de même que le bien produit
le vrai, de même le mal opposé au bien produit le faux. Si le pres·
soir signifie ici la falsification de [a Pal'o[e quant à tout vrai spirituel.
c'est parce qu'il est appelé le grand pressoir de [a colère de Dieu.
et que pal' [a colère de Dieu i[ est signifié le mépl'is et [e rejet du
vrai et du bien par l'homme, et le plus grand rejet pal' lui est la fal-
sification du sens de la lettre de la Pal'Ole jusqu'à destruction du
vrai spirituel, ou du Divin Vl'ai qui est dans [e Cie[; que celte fa[.
sification ferme le Ciel, on le voit, N° 888 : ceux aussi qui sont
dans [e mal, dans lequel sont tous ceux qui ne sont pas dans le bien
de la charité, ne peuvent que produil'e les faux, car de même que
le bien produit les vl'ais, de même [e mal produit les faux, Si [e
gl'and pl'essoir de [a colère de Dien signifie aussi [a damnation,
c'est parce que cela en est la conséquence, et pal'ce qu'il est dit la
colère de Dieu et le grand pl'essoir. Que [e Pressoi.' signifie les
choses qui viennent d'être dites, cela sera confil'mé d'après la Pa-
role dans ['Article suivant. Ici, il sel'a parlé en peu de mots de [a
production du vrai d'apl'ès [e bien, et aussi de la production du
faux d'après [e mal, lesquclIes sont signiliées pal' [e pl'essoir dans
[e sens spiritue[; l'origine et la cause de la pl'oduction, c'est que
tout bien appartient à l'amoOl', et que ce qui est aimé est un plai-
sil'; et comme le plaisir est agl'éable et flatte beaucoup, c'est pour
cela que ce qui appal'lient à l'amour, ['ho~me d'apl'ès [e plaisÏi'
le pense et. aussi [e confil'me; maintenant, comme ['amour et son
p[aisil' constituent la vie de ['homme,voilà pourquoi, quand l'homme
pense d'après l'amour et d'apl'ès le plaisir de l'amout', il pense d'a-
près lui-même et d'apl'ès sa vie: qu'il en soit ainsi, on peut mani-
feslement [e voit' d'apl'ès les hommes après [a mort, quand ils de-
viennent cspl'its; a[o\'s, quand ils pensent d'après eux-mêmes, ils ne
peuvenl penscI' que d'apl'ès lel1l' amour, pal'ce qlle Ioule leur vie ap-
Vers. 19. CHAPITRE QUATORZIÈME. 139
partient à leur amour. Puis donc que le bien appartient à l'amour, et
le vrai à la pensée, on voit c1ail'ement comment le vl'ai est pl'oduit
d'après le bien. Ce qui a été dit du bien et du vrai doit pareiilement
être dit de la volonté et de l'entendement, car tout bien, parce qu'il
appartient à l'amour, appal'tient à la volonté, et tout. vrai d'après
~ le bien, parce qu'il appartient à la pensée, appal'tient à l'entende­
ment, car la volonté aime et l'entendement pense. Ce qui a été dit
du bien et du vrai doit pareillement aussi êtl'e dit de la chalém' et de
la lumière, cal' la chaleur spil'ituelle est l'amour qui embrase la vo­
lonlé, et la lumière spirituelle est le vrai qui ilIustre l'entendement;
en efi'et, tout amour, qui appartient à la volouté, présente l'eft1gie
de lui-même dans la lumièl'e de J'entendement; là, il se connaU, et
comme il s'aime, il veut se vOÏl'; de là vient aussi que l'homme pense
ce qu'il aime. Ce qui a été dit de la production du vrai d'après le bien
doit pareillement aussi être dit de la production du faux d'après le
mal, car tout mal appartient à l'amour, et par suite aime le faux, et
le mal appartient à la volonté, et le faux à la pensée qui en provient.
Ces choses ont été dites, parce que par le pressoir, dans le sens spi­
rituel, West signifié la production du vl'ai d'après le bien, et aussi
la pl'Oduclion du faux d'après le mal; si par le grand pressoir de
la colère de Dieu il est signifié aussi la falsificalion de la Parole,
c'est parce que la falsification de la Parole est aussi la production
du faux d'après le mal; en effet, le mal falsifie, car le mal aime
l'idée de lui-même dans la pensée, et la pensée veut avoir cela con­
firmé dans la Parole, afin de persuader.
921. Vers. 20. Et fut foulé le pressoir hors de la vil/e,
et il sortit du sang du pressoir jusqu'aux freins des che­
vaux à mille six cents stades, - Et fut foulé le pressoir
!tors de la ville, signifie la production du faux d'après le mal pal'
l'enfet' : et il sortit du sang du pressoir jusqu'aux {l'eins des
chevaux, signilie les falsifications de la Parole jusqu'à la domina­
lion sur l'entendement, falsifications qui découlent du mal: àmille
six cents stades. signifie les maux dans tout le complexe.
922. Et fut roulé le pressoir hors de la ville, signifie la
production du faux d'après le mal par l'en{er: on le voit par
la signification de fouler le pressoir, en ce que c'est pl'oduil'e le
Vl'ai cl'après Je iJiell, et dans son opposé produire le faux d'après le
1fJO L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 922,

mal, car les raisins avec lesquels dans le pressoir se faisait le vin
signifient le bien de la charité, et dans le sens opposé le mal, et
d'après le bien est produit le vrai, et d'après le mal le faux; que
ces choses, puis aussi les falsifications de la Parole, soient signi­
fiées par le grand pressoÎl' de la colère de Dieu, on l'a vu dans
l'Article précédent, N° 920; et par la signification de hors de la
ville, en ce que c'est de l'enfer; en effet, par la vine est signifiée
la doctrine du vrai d'après la Parole; voir ci-dessus, N° 223; mais
hors de la ville signifie la doctrine du faux d'après la Parole falsi­
fiée; et comme la falsification de la Parole vient de l'enfer, de là
par hors de la ville il est signifié de l'enfer; par la ville dans la Pa­
role est signifiée la doctrine, mais par la ville de David ou Sion, et
par la ville de Jérusalem, est signifiée l'Église quant à la Pal'ole et
quant à la Doctrine d'après la Pal'ole; de là par hors de la ville il est
signifié non d'après la Parole et non d'après la doctrine qui en pro­
vient, et les choses qui ne viennent pas de la Parole, ni de la doc­
trine qui en provient, viennent de l'enfer, Hors de la ville signifie
la même chose que hors du camp des fils d'Israël dans le désert,
car pal'Ieur camp il était signifié le Ciel et l'F~gIi5e, et par hors do
camp il était signifié l'enfer; c'est pOUl'quoi les lépl'eux et tous ceux
qui étaient impurs étaient mis hOl's du camp, - Lévit, XIII, h6.
Nomb, V. 1. à 6; - et aussi les excréments, par lesquels étaient
signifiées les choses infernales, étaient portés hors du camp, ­
Deuté.', XXIII, 13, U, - Que le Pl'assoir et fouler le pressoir si­
gnifient la production du faux d'après le mal, et la production du
vrai d'après le bien, on peut Je voir d'après la Parole, où il est dit
le Pressoir; qu'il signifie la production du faux d'après le mal, on
le voïL pal' les passages suivants; dans les Lamentations: I( Le
Seigneur a renversé tous mes robustes au milieu de moi; il a
proclamé contre moi le temps fixé pour bl'iser mes jeunes
hommes; le Seigneur a (oulé le pres.~oir chez la 1J/'erge fille
de Jehudah, ) - I. 15; - là, il s'agit de la fin de l'Église chez la
nation Juive, et par les robustes, que le Seigneul' a renvel'sés au
milieu d'elle, il est signifié la destruction de l'amour du bien; ceux
qui sont dans l'amour du bien sont dits robustes dans la Paroles
pareo que le bien d'après son amour a de la force contre les enfers,
~t pal' SUltc estrobustc; au milieu signifie tout ct en quelque lieu
"ers. 20. CHAPITRE QUATORZIÈME. Ut
que ce soit; par briser les jeunes hommes est signifiée la destruction
de tout enlendement du vrai; le temps fixé, c'est quand toutes
choses, tant les biens que les vl'ais de l'Église, ont été dévastées chez
cetle nation; ce temps, c'était quand le Seigneul' vint dans le Monde,
ct il est entendu par la plénitude des temps; de là pal' (C le Seigneur
a foulé le pressoil' chez la vierge fille de Jehudah, Il il est signifié
la pel'version de l'Église, et l'adultél'ation de la Parole produite
pal' les maux de la vie et pal' les faux ùe la doctl'ine, la fille de
Jehudah est l'Église d'après la doctrine du vl'ai til'é de la Parole,
et [e p,'essoil' est la pr'oduction du faux d'après le mal, et par suite
l'adultération de la Pal'ole, et le renversement de ['Église: cela est
attribué au Seigneur' dans le sens de la leltl'e, mais il y a renver­
sement dans [e sens spirituel, où il est entendu que cela vient de [a
nation elle-même, Dans Joël: (l Appliquez. la faucille, car mûre
est la moisson; venez, descendez., car plein est le pressoir,
le,s cuves ont débordé, parce que grande est leur malice. 11­
IV. 13; - [a dévastation de ['Itglisc quant au bien et quant au
vrai est ainsi décrite, et pal' (1 plein est le pressoir, les cuves ont
débol'dé, Il il est signifié qu'il n'y avait que les faux d'après le·ma[;
le reste a été ex pliqué ci-dessus; voir N° 911.. Dans Hosée : « Ne
te réjouis pas, Israël, il la ressemblance des nations, parce
que tu as commis scol'tation de dessous ton Dieu, tll as aimé
le salaire de prostitution sur toutes les aires de blé; l'aire et
le p,'essoir ne les repaitront POÙlt, et le moût lui mentira. II
- IX. 1, 2; - [à, il s'agit de [a falsification de la Parole; (C l'aire
et le pressoit' ne [es l'epaitl'ont point, Il signifie qu'ils ne puiseront
point dans la Pal'ole [es biens et les vrais qui nounissent l'âme:
mais ce passage a aussi été expliqué pl'écédemment; voir N° 695.
Dans Jérémie: (1 Sur ta vendange le dlmastateur est tombé,
de là se sont l'etirées l'allégl'esse et la joie de Carmel et de
la terre de Moab; et le t'ill dans les pressoil'sj'ai fait cesser,
ii ne foulera plus l'hédad, l'hédad ne sel'a plus hédad. Il ­
XLVIII. 32, 33; - ce qui est signiOé par [a vendange sur la­
quelle [e dévastateur est tombé, et pal' ['allégresse et [a joie qui se
sont retit'ées, on le voit ci-dessus, N° 911; qu'il n'y aura plus le
vrai, pal'ce qu'il n'y a point [e bien, est signifié pal' (C le vin dans [es
pressoirs j'ai faiL cesser;' Il et qu'il n'y aura plus de joie provenant
1h2 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 922;

de quelque amour spirituel est signifié par (1 il ne foulera plus l'hé-


dad; Il le triomphe de ceux qui foulent le pressoir est entendu pal'
l'hédad. Dans Ésale : « Qui est celui-ci qui vient d'Édom, les
habits teints de Bosrah? celui-ci honorable dans son 1)Ote-
ment, s'avançant dans la multitude de sa force. Moi qui parle
dans lajustice, grand pour sauver, Pourquoi rouge en ton vB-
tement, et tes habits comme (ceux) d'un fouleur au pressoir?
Au pressoir j'ai foulé seul, et d'entre les peuples nul homme
avec Moi; c'est pourquoi, je les ai foulés dans ma colb'e, et
je les ai écrasés dans mon emportement; de là a été répandue
leur victoire sur mes habits, et tout mon vêtement j'ai souillé. Il
- LXIII. 1, 2, 3; - ces choses ont été dites du Seigneul', et de
ses combats contre tous les enfel's; et comme il a combattu contre
eux d'après l'Humain, dans lequel était le Divin Même, il est dit
« qui est celui-ci qui vient d'Édom, les habils teints de Bosrah, Il
ce qui signifie combattant d'après le Bien de l'amour et d'apl'ès le
Vrai qui procède du Divin, car Édom signifie le rouge, et Bosrah
l'action de vendange.', et le rouge se dit du Bien, et l'action de
vendanger se dit du Vrai; et comme ces choses sont signifiées par
Édom et pal' Bosrah, c'est pour cela que dans ce qui suit il est dit
Il l'ouge, li et (1 comme ceux d'un fouleUl' au pr'essoir; Il et comme

le Divin Bien et le Divin Vrai, qui sont entendus ici, c'est la Pa-
role dans la lettre, et que cela est signifié pal' les vêtements du Sei-
gneur, voilà pourquoi il est dit l( les habits teints, li puis (1 hono-
rable dans son vêtement; li et comme la Parole dans la lellre a toute
force, il est dit « s'avançant dans la mu(tilude rie sa force; li le ju-
gement sur les bons et SUI' les méchants d'après son Divin, et la
salvation qui en l'ésulte, som entendus par li Moi qui parle dans la
jùstice, grand pour sauver; 1) la violence faite à la Parole par la na-
tion Juive est signifiée par (1 pourquoi rouge en ton vêtement, et
tes habils comme ceux d'un fouleur au pressoir? Il rouge en ton
vêtement se dit de la violence faile au Divin Bien de la Parole, qui
a été entendu ci-dessus pal' Édoql, et les hahits comme ceux d'un
fouleur au pressoir se disent de la violence faile au Divin Vrai de
la Parole, vrai qui ci-dessus a été entendu par Bosrah; les vête-
ments du Seigneur signifient la Parole dans la lettre, à laquelle il
a été fait violence pal' les adultérations ct par les falsifications; le
Ver's. 20. CHAPITRE QUATOnZIÈME. 1.lJ3
rellvel'sement des enfers et des faux par la propre puissance est si­
gnifié par (1 au pressoir j'ai foulé seul, et d'entre les peuples nul
homme avec Moi; Il l'action de précipiter dans les enfers ceux qui
ont été ùans des maux affl'eux, et par suite dans les faux, est signi­
fiée pal' « je les ai foulés dans ma colère, et je les ai éCt'asés dans
mon emportement; II la colèl'e se dit des maux, etl'emporlement
se dit ùes faux; ces choses sont aUl'ibuées au Seigneur, quoique
ceux qui sont dans les maux, et par suite dans les faux, soient ceux
qui se meUent en colère et qui s'emportent contl'e le Seigneur; et
comn1e le Jugement, pal' lequel les enfers ont été mis sous le joug,
a été fait pal' le Seigneur au moyen des tentalions admises dans son
Humain, jusqu'à la dernièr'e, qui fut la passion de la croix, c'est
pour cela qu'il est dit (l de là a été l'épandue leur victoire sur mes
habits, et tout mon vêtenlent j'al souillé; II car le Seigneur par
toutes les choses de sa passion, et pal' la dernière tentation SUl' la
croix, a représenté la violence faite à la Parole ou au Divin Vrai
par la nation Juive; sur ce ~ujet, voir ci-dessus, NOliS3, 195 f..
627 f., 655, 805, Que pal' le pl'essoir et par fouler le pressoir il
soit signifié la production du vrai d'après le hien, parce que pal' le
raisin il est signifié le bien spirituel, et par le vin provenant du rai­
sin le vrai d'apl'ès ce bien, on le voit par les passages suivants;
dans Joël: Il Fils de Sion, réjouissez-vous; pleines sont les
aires de blé, et les pressoù's regorgent de moût et d' huile, Il
- Il. 23, 2ft; - les fils de Sion signifient ceux qui sont dans la
sagesse d'après le Divin V;'ai; (1 pleines sont les aires de hlé, II si­
gnifie le bien céleste qu'ils ont en abondance; «( les pressoÎl's re­
gOI'gent de moo.t et d'huile, II signilie que d'après le bien de la cha­
fité ils ont le vl'ai et son plaisil'. Dans Matthieu: « Un homme,
Maftre de maison, planta une vigne, et d'une haie l'entoura,
et y creusa un pressoir, et bâtit une tour, et il la loua il des
cullivateurs, qui tuèl'ent les serviteurs qu'il leur envoya, et
enfin SOli Fils, Il - XXI. 33; - pal' la vigne, que le Maitre de
maison planta, est signifiée l'Église instituée chez les fils de Jacob;
pal' la haie, dont il l'entoura, est signifiée la garde contre les faux
du mal qui viennent de l'enfel'; Il et il y Cl'eusa un pl'essoi!', Il si­
gnifie qu'elle avait le bien spil'ituel; (1 et il bâtit une tour, II signi­
fie les vrais intérieurs d'après ce bien, qui concerItaient le Ciel;
:14/1 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 922.

Il et il la loua à des cultivateurs, Il signiOe à ce- peuple; II qui tuè­

rent les serviteurs qu'il leur envoya, Il signifie les prophètes; Il et


enfin son Fils, Il signifie le seigneur. Dans Ésaïe: Il Une vigne
ltait à mon bien-aimé en une corne de fUs d'huile; il l' en{er.
ma el l'épierra; et il la planta d'un cep exquis, et il bâtit une
tour au milieu d'elle; mOrne il y creusa un pressoir, et il s'at­
tendait qu'elle produirait des raisins, mais elle a produit des
fruits sauvages. Il - V. 1, 2; - par la vigne, la tour et le pl'es­
soir, il est signifié ici les mêmes choses que ci-dessus dans Mat­
thieu; le l'este a été expliqué; voÏ1' N° 918. Dans la plupart des
passages où il est dit vendange et pressoir, il est dit aussi en même
temps moisson et ail'e, comme - Hos. IX. 1,2. Joël, 11. 23, 24.
IV. 13. Nomb. XVlll. 26 à 30. Deuté.'. XIII. U, 15. XVI.
1.3. Il Rois, VI. 27; - et cela, parce que la moisson et l'aire,
d'apl'ès le blé et le pain, signifient le bien de l'amour céleste, qui
est l'amour envers le SeigneUl', et que la vendange et le pressoir,
d'après le raisin et le vin, signifient I~ bien de l'amour spirituel,
qui est l'amour à l'égal'd du prochain; en elfet, ces deux amours
font un comme la cause efficiente et l'elfet; ces choses ont été dites,
parce que dans l'Apocalypse, ici, il est pareillement parlé de la
moisson, et ensuite de la vendange; de la moisson, Vers. H,15,
et de la vendange, Vel's. 19.
923. Et il sOl'tit du sang du pressoir jusqu'aux freins des
chevaux, signifie les falsifications de la Parolejusqu'ù la do­
mination sur l'entendement, falsifications qui découlenl du
mal: on le voit par la signification de sortir du pressoir, en ce
que c'est être pl'oduit ou découlel' du mal, ainsi qu'il a été montré
ci-dessus dans les Ar'ticles N" 920, 922; par la signification du
sang, en ce que c'est la falsification de la Parole; car par le sang,
dans le sens réel, il est signifié le Divin Vl'ai, mais dans le sens
opposé, il est signifié la violence faite au Divin Vrai ou à la Parole,
ce qui en est la falsification; sur celle signification du sang, voir
ci-dessus, N° 329; et par la signification de jusqu'aux {reins des
chevaux, en ce que c'est jusqu'à la domination sur l'entendement,
car pal'Ies chevaux il est signifié l'entendement, et par leurs fl'eins,
le gouvernement et la domination, car celui qui est monté sur les
chevaux les gouvel'De èt domine sur eux pal' le frein; que les che­
Vers. 20. CHAPITRE QUATORZIÈME. 1.45
vaux signifient l'entendement du vrai d'après la Parole, on le voit
ci-dessus, No' 355, 36ft; et que les freins signifient le gouvernement
et la domination, on le verra ci-dessous. Quant à ce qui concerne la
domination SUI' l'entendement, c'est l'entendement du vrai dans la
Parole, qui est entendu, car 10l'sque les faux de religion sont con­
fil'més d'après le sens de la lettre de la Parole, l'entendement ne
voit plus le vl'ai; en elfet, quiconque est dans l'affection spirituelle
du vrai est iIlustl'é par le Seigneul' pendant qu'il lit la Parole, et
c'est l'entendement qui est illustré; mais celui qui n'est pas dans
,l'alfection spirituelle du vrai ne peut pas être illustré quanl à l'en­
tendement, car il voit le vrai comme dans la nuit, et le faux comme
dans la lumière; el parce que telle est l'Église à sa On, l'entende­
ment du vrai périt alors au point qu'il ne peut pas être illustré, car
alors dans la même proportion les faux de religion sont conlirmés
d'après la Parole, c'est-à-dil'e que la Parole est falsiOée; cela a
lieu chez ceux qui sont entendus pal' Babylone, Vers. 8, et par la
bête, Vers, 10 de ce Chapitre; car de Babylone il est dil que Cl du
vin de la fureur de sa scortation elle a abreuvé toules les nations; Il
et de la héte il est dlt que Cl celui qui adol'e la bète boira du vin de
la fal'eUl' de Dieu, mêlé au (vin) pur dans la coupe de sa colèl'e; Il
que les falsificat.ions de la Purole soient signifiées par ces paroles el
par les pl'écédentes, on le voit ci-dessus, N°' 881. el 887. Si l'en­
tendement du vrai dans la Parole a péri chez ceux qui sont en­
tendus par les habitants de Babylone, et par les adorateurs de la
bête, c'est parce qu'ils n'onl aucun bien spirit.uel, et qne ce hien,
qui est le bien de la charité procédant du Seigneur, ouvre unique­
ment le mental spirituel par lequel le Seigneur influe et illustre, '
et sans l'ouverture de ce mental il ne peut pas y avoir illustra­
tion, ni par conséquent entend~ment du vrai; celui qui croil que,
pal' la lueur seule de la raison, il peut voir quelque vrai de l'Église,
se tl'ompe beaucoup; il pelll, à la Vél'ilé, savoir quelque vrai d'a­
près un autre, mais il ne peUL le voil' dans la lumière; 10I'squ'i1
veut le voir, ou y atteindre pal' la pensée, alentour surviennent de
pures ombres d'après des faux qui jaillissent des illusions et du
prop"e de l'homme et qui aveuglent: d'après ces considérations,
on pellt voir cc qui est entendu par les falsifications de la Pal'ole
jusqu'il domination. SIlI' l'entendement, falsiflcations qui découlent
VI. 10,
Uô L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 923.

dn mul ct sont signifiées par le sung qui SOl'tit du pl'essoir jus­


qu'aux freins des chevaux. Dans la Parole, en certains passa­
ge.e;, il esl parlé du frein, et pal' lui dans le sens spil'ituel il est si­
gnifié la coercition ct le gouvel'nement, et il se dit de l'entende­
ment et de la pensée de l'entendement; et cela, parce que le frein
concel'nc les chevanx, et rIal' les chevaux est signiOé l'entende­
ment; ct, chez ceux qui n'onl pas l'entendement, pal'Ie.e; chevanx
sont signifiés les raisonnements (l'après les faux j par là on voit
clail'ement cc qui e:it signifié pal' le frein, dans Ésare : Il Je met­
trai mon hameçon tl 101/ nez, rt mon (rein il trs h'>vres, et
je te raml~/lel'lli par le chemin par lequel tll es venu. l) ­

XXXVII. 29; -ces choses ont été diles du l'oi d'Aschur, par
lequel est signifié le raisonnement d'après les faux; car par As­
chur dans le sens bon est SiglliOé le ralionnel; comme ce l'oi as­
siégeait alors Jél'llsalem, et blasphémait Dieu, il lui fut dit qu'un
hameçon ser'ait mis il son nez, ce qui signifie qu'il y aurait pOUl'
lui stupidité et folie, car le nez signifie la perception, et l'hame­
ÇOII l'enlèvement de la pel'ception, particulièrement l'immersion
dans le sensuel corporel qui, séparé du ralionnel, esl stupide;
puis, il lui est dit qu'un fl'ein sel'ail mis à ses lè\'res, ce qui si­
gnifie la folie quant il l'entendement du vrai, cal' les lèvl'es signi­
fient la pensée d'apl'ès l'enlendement, et le frein l'enlèvement de
celle pensée; le ramener dans le chemin par leque. il est venu, si­
gnifie dans les faux, pal' lesquels il deit périr, c'est poul'quoi son
armée, pal' laqnelle sont signifiés les faux, a péri par une grande
défaite. Dans le Meme: Cl Le.ç llmres de J éhorah ,çont pleine,ç
d'ùldignation; sa langue, comme un (eIL qui dtnore; et son
esprit, comme un torrent qui inonde, qui jusqu'au cou divi­
sera. pow' crible,- les nations il un crible de t'anité. et un {rein
séduisant sW' les mâchoires des peuples. )1 - XXX. 27, 28;
- pal' les lèvres, la langue el l'esprit de Jéhovah, il est signifié le
Divin Vrai, qui est la Pal'ole, depuis les- del'niers jusqu'aux inli­
mes; c'est ce vrai qui est dit êlre plein d'indignation, comme un
feu qui dévol'e, et comme un torrent qui inonde, quand il est adul­
léré et falsifié; el cela, parce que son adu1tél'ation et sa falsiflcaliOJl
ferment le Ciel à l'homme, elle dévaslenl; d'après l'apparence qne
c'est le Ciel qui l'tlil r.ü13, ou, cc qui revient ail mème, que c'eslle
Vers. 20. CHAPITRE QUATORZIÈME. Hi
Divin Vrai d'où pl'ocède le Ciel, il est dit qu'il a de "indignalion,
et qu'il est un feu dévorant, et un lorl'ent inondant; «( qui jusqu'au
cou divisera, Il signifie sa dévastation par les faux jusqu'à ce qu'il
ne soit pas compl'is, car pal' le cou est sign ifiée la conjoncl ion, qui
périt quand ce qui est au-dessous est ôté; (1 pOUl' cribler les nations
à un crible de vanité, Il signifie l'adultération de la Par'ole au moyen
de fictions P?r ceux qui sont dans les maux; (( un frein séduisant
sur les mâchoires des peuples,» signifie ia falsification du V1'ai dans
la Parole par ceux qui sont dans les faux; un fl'ein séduisant est
proprement l'enlèvement de l'entendement du vrai; les mâchoit'es
sont les pensées provenant du sensuel cOI'porel, ainsi d'illusions;
les peuples se disent de ceux qui sont dans les faux, et les nalions
sc disent de ceux qui sont dans les maux. Celui qui ne connalt pas
les correspondances peut croire que le frein des chevaux signifie
Ic gouvel'Ocmcnt SUI' l'enlendement d'après la compal'aison seule,
mais c'cst d'apr~s la correspondance, ce qu'on peul manifestement
VOil', en ce que dans le Monde spiriluel il appal'aîl des chevaux di­
versement hamachés et caparaçonnés, et que loutes les choses qui
sont sur les chevaux sont, en même temps qu'eux, des correspon­
dances.
926. A mille ,six cents stade.s, signifie tes maux dan.s tOllt
le rompte.Te : on le voil pal' la signification des stade,s, en ce qu'ils
sont des pl'oductions en série; car les stades, comme 1('$ milles, et
CIl général comme les chemins, signifient des pl'<1gl'essions en sé­
rie selon les pensées d'après l'alfr.clïon; et par la signification de
mille six rents, en ce que ce sont les hiens dans [out le complexe,
ct dans le sens opposé, comme ici, les maux dans [out le com­
plexe; en effet, le nomhre seize cent signilie la même chose que
seize, et le nomhre seize la même chose que quatre et que deux, et
lous ces nomhres se disenl des hiens, et dans le sens opposé se
(lisent des maux; car les grands nomhres multiples signilienl la
même chose que les nomlwes plus pelits ou les nomhres simples,
d'où ils viennent pal' multiplication; par exemple, douze mille la
m~me chose que douze, el douze la même chose que lrois et qualre
multipliés entl'e eux; voir ci-dessus, No' h30, 851. Que trois dans
la Parole se dise des vrais, et que deux et aussi quatre se disent
des biens, qu'ainsi dans le sens opposé trois se dise des faux, et
U8 r.: APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 924.

que deux et quatre se disent des maux, on le voit aussi ci-dessus,


N° 532 : de là, il est évident que pal' mille six cents stades, il est
signifié des productions de maux en série continue, ainsi les maux
dans tout le complexe. Que pal' ces deux dévastateurs de l'Église,
qui sont entendus par Babylone et pal' la bête du dragon, soient
produits et aient été produits les maux en sél'ie continue, et ainsi
les maux dans tout le complexe, cèla peut être monh'é par beau-
coup d'exemples; mais la dévastation de l'Église par la bête du
dragon a été montrée dans les Explications sur les Chapitres XII
et XIII, et la dévastation par Babylone sera montrée plus loin dans
les Explications sur les Chapitres XVII et XVIII.
L'APOCALYP8E.

CHAPITRE QUINZIÈME,

1. Et je vis un autre signe dans le Ciel, grand et admirable:


Sepl Anges ayant sept plaies, les dernièl'es, parce qu'en elles a été
consommée la colère de Dieu.
2. Et je vis comme une Mer de verre mêlée de feu; et ceux qui
avaient'eu la victoire sur la bête, et sur son image, et sur son ca­
raclèl'e, et sur le nombre de son nom, se tenant aupl'ès de la Mer
de vel're, ayant des hal'pes de Dieu.
a. Et ils chantaient le cantique de MoIse, serviteur de Dieu, et
le cantique de l'Agneau, en disant: Grandes et mel'veilleuses, tes
œuvres, Seigneur Dieu Tout-Puissant! Justes et véritables, tes
chemins, Roi des saints!
h. Qui ne Te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait lon Nom?
car Seul (lU es) Saint; c'est pourquoi toutes les nations viendront
et adoreront devant Toi, parce que tes jugements ont été mani­
festés. .
5. Et après ces choses, je vis, et voici, ouvert fut le Temple du
Tabernacle du Témoignage dans le Ciel.
6. Et sOl'tirent les sept Anges, qui avaient les sept plaies, hOl's
du Temple, vêtus d'un lin pur et éclalant, ,et ~eints autour de la
poitrine de ceintures d'or.
7. Et l'un des qua1re Auimaux donna aux sept Anges sept
fioles d'or pleines de .la colère du Dieu qui vit aux siècles des
siècles.
150 L'AFOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 025.

8. Et ful J'empli le Temple de fumée pal' la gloire de Dieu et


pal' sa vel'tu, et personne ne put enlt'ül' dans le Temple, jusqu'à ce
que fussent accomplies les sept plaies des sept Anges.

EXPLICATION,

925. Vel's. 1. Et je vis un autre signe dans /e Ciel, grand


et admirable: Sept Anges ayant sept plaies, les dernières,
parce qu'en elles a été consommée la tolère de Dieu. - Et je

vis un autre signe dans le Ciel, signifie une révélation pal' le
Seigneul' SUI' l'état de l'Église avant le Jugement dernier: grand
et admimble, signifie d'après la Divine Toute-Puissance et la
Divine Providence: sept Anges ayant sept plaies, les dernières,
signifie que par le Seignem au moyen du Divin Vrai ont été ma­
nifestés dans tout le complexe les maux et les faux qui ont entiè­
l'ement dévasté l'Église quant à tous les biens et à tous les vrais:
parce qu'en elles a été consommée la colère de Dieu, signifie
ainsi la lin de l'Église.
926. Et je vis un autre signe dans le Ciel, signifie une ré­
vélation par le Seigneur sur l'état de l' Église immédiate­
ment avant le Jugement dernier: on le voit par la signification
d'un signe, en ce que c'est une révélation; et pal' la signification
du Ciel, en ce que c'est le Seigneur, ainsi qu'il va être montré. Si
le signe signifie une l'évélation, c'est parce que par le signe sont en­
tendues res choses que Jean a vues, et dont il est fail mention dans
ce qui suit, et que les choses qu'il a vues enveloppent des arcanes
sur l'état de l'Église immédiatement avant le Jugement dernier;
car, en général, tout ce qui apparaît dans le Ciel, apparaH absolu­
ment comme la chose de même gem'e qui existe dans noll'e Monde
matériel d'après ses tl'ois règnes; et ces choses, devant les yeux des
Anges, apparaissent absolument comme les choses de même genre,
qui sont de ces trois l'ègnes, appal'aissent devant les yeux des
hommes dans le Monde j il Y apparatt de 1'01', de l'Argent, du
Cuivre, de l'Étain, du Plomb, des pierl'es précieuses et non p"é­
e.!euses, de l'humus, des tel'l'es, des montagnes, des collines, des
Vers. 1. CHAPlTH.E QUlNZlf:ME. 151
vallées, des eaux, des fontaines, et toutes les autres choses qui sont
du règne minél'al; il Yappal'aIt des paradis, des jal'dins, des fOl'êts,
des al'bres fl'uitiel's de toute espèce, des lieux pleins de vel'dure,
des moissons, des campagnes pleines tle fleurs, d'hel'Iles et tle plantes
de tout geme, et aussi les choses qui en proviennent, comme huiles,
vins, bières et autres choses appartenant au J'ègne végétal; il yap­
paraît des animaux. de la telTe, des oiseaux du ciel, des poissons de
la mer, des reptiles, et il yen a de tout gem'e, et en pal'faite l'essem­
blance avec ceux qui sont SUi' notre tw'e, au point qu'ils ne peu­
vent être distingués; je les ai vus, moi, et je n'ai pu en fail'e la dis­
tinction. Toutefois, cependant, il y a cette diffél'ence, que les choses
qui apparaissent dans le Ciel sont d'ol'igine spirituelle, tandis que
celles qui appal'aissent dans nOll'e Monde sont d'origine matérielle,
et les choses qui sont d'origine spit'ituelle affectent les sens des
Anges, pal'ce qu'ils sont spirituels, de même que les choses qui sont
d'origine matérielle affectent les sens des hommes, pal'ce qu'ils sont
matél'iels; car les choses spirituelles sont homogènes avec ceux qui
sont spirituels, et les choses matérielles sont homogènes avec ceux
qui sont matériels. 11 est dit qu'elles sont d'origine spil'ituelle, parce
qu'elles existent pal' le Divin qui procède du SeigneUl' comme So­
leil, et le Divin pl'océdant du Scignelll' comme Soleil est spirituel;
cal' là le Soleil n'est point un feu, mais c'est le Divin Amour, ap­
paraissant devant les yeux des Anges comme le Soleil du monde
devant les yenx des hommes, et tout ce qui pl'ocède du Divin
Amoul' est Divin et est spirituel: ce qui procède appal'aH dans le
commun comme Lumièl'e, et est senti comme Ch:lleur, mais toute­
fois cette ~umièl'e est spit'ituelle, et aussi la Chaleur; CaI' cette Lu­
mière est la Divine Sagesse el est appelée Divin Vrai, el cette Cha­
leur est le Divin Amour et est appelée Di\'in Bien; c'est poul'quoi
celle Lumière intérieul'ement illustl'e l'entendement lies Anges, et
cette Chaleur intél'ieUl'ement l'emplit la volonté des Anges du bien
de l'amoul'; de cette origine sont tontes les choses qui ex rstent clans
les Cieux et appal'aissent dans des formes semblables à celles qui
sont dans notre Monde d'après ses trois règnes, comme il a été dit
ci-dessus; si elles apparaissent dans de telles formes, c'est d'llprès
l'ordl'e de création, qui est, que les choses appartenant à la sagesse
et les choses appartenant à l'amour chez les Auges, lorsqu'elles
152 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 926.
descendent dans la sphèl'e inférieure dans laquelle sont les Anges
quant à leurs corps et quant à leUl's sensations, se présentent dans
de telles formes et de tels types : ces choses sont des correspon­
dances. Ces explications ont été données, afin qu'on sache ce qui
est entendu pal' le signe que Jean dit avoir vu, pal'eillement par le
signe, Chap. XlI, Vel'S, 1 et Vers. 3, à savoir, que c'est une ré­
vélation par des choses qui existent dans le Ciel d'après une ori­
gine Divine-Spirituelle, et qui par suite contiennent des Arcanes
Divins, ici des Arcanes sur l'état ùe l'Église immédiatement avant
le Jugement derniel'; en effet, il vit sept Anges avec sept floles
d'ol" vêtus d'un lin pU!' et éclatant, et ceints autour de leurs poi­
trines de ceintures d'or; il vit aussi une Mer de verre mêlée de feu,
et ceux qui avaient eu la victoire SUI' la bête, ayant des harpes, et
il vit le Temple du Tabernacle du Témoignage, et il entendit des
Cantiques par lesquels on glorifiait le Seigneur; Ioules ces choses
sont appelées le signe qu'il vit, et cela, parce qu'elles signifiaient:
, mais les choses qui signifient ne peuvent être vues que d'après les
correspondances, et comme en elles il y a des Arcanes Divins, elles
ne peuvent ètr'e vues, à moins que le Seigneur ne l'évèle. JI est dit
un signe du Ciel, pal' quoi il est entenùu une révélation par le Sei­
gneUl' : que ce soit par le SeigneUl', c'est parce que le Cie' est le
Seignem' : il y a, il est vrai, les Anges, dont est composé le Ciel,
néanmoins les Anges ne sont pas le Ciel, mais le Seigneur est le
Ciel; en effet, le Ciel est le Divin procédant du SeigneUl', qui est
appelé le Divin Bien et le Divin Vrai, d'après lesquels tout amoul'
et toute sagesse sont aux Anges; d'après l'amour et la sagesse les
Anges sont Anges, et l'amour et la sagesse leur viennent du Sei­
gneur, et parce qu'ils JeUl' viennent du SeigneUl', ils appartiennent
au Seigneur', et pal' conséquent sont le Seigneur chez eux: c'est
même ce qu'on voit par les paroles du Seigneur aux disciples,
li qu'ils sont dans le Seigneur et que Lui est en eux, Il ­

Jean, XIV. 20; - et Cl qu'il a sa demeure dans la Parole qui


1J!'ent de Lui chez eux, JI -Vers. 23, 2!1; - puis donc que le Ciel
est composé d'Anges, et que les Anges sont Anges par le Seigneur,
il s'ensuit que le Ciel est le Seigneur.
927. G1'a/ld et admirable, signifie d'après la Divine Toute­
Pui.~s{(/lce et la D iâne Providence: on le voit pal' la significa~
Vers. 1. CHAPiTR.E QUINZIÈME. 163
lion de grand, quand il s'agit du Seigneur, en ce que c'est sa Di­
vine Toute-Puissance; et par la signification d'admirable, quand
il s'agit du Seigneur', en ce que c'est sa Divine Providence: en
effet, quand l'homme l'egarde le grand dans le Seigneur, il regal'de
sa Divine Toute-Puissance, et quand il regarde l'admirable dans le
Seigneur, il l'egal'de sa Divine Providence; et même les choses qui
suivent, au sujet de la salvation des bons et de la condamnation
des méchants, appartiennent toutes à la Divine Toute-Puissance
et à la Divine Providence.
928. Sept Anges ayant sept plaies, les dernières, signifie
que par le Seigneur au moyen du Divin Vrai ont été maui­
{estés dans tout le complexe les maux et les {aux qui ont
entièrement dévasté l'Église quant à tous ses biens et à tous
ses vrais: on le voit pal' la signification des Anges, en ce que ce
sont les Divins Vl'ais d'après le Seigneur; ci-dessus, N°' 130,
302; pal' la signification de :>ept, en ce que c'est toutes choses et
entièrement; ci-dessus, N°' 20, 24, 257, 300; pal' la significa­
tion des plaies, en ce que ce sont les maux et les faux qui ont dé­
vasté l'Église; ci-dessus, N° 584; et comme sept signifie toutes
choses et entièrement, de là par les sept plaies sont signifiés les
maux tt les faux dans tout le complexe qui dévastent entièl'ement
l'Église; tous les maux dans le complexe chez ceux qui dévastent
sont signiliés par le nombre mille six cent, Chap. XIV, Vel's. 20;
voir N° 9211; et tous les faux dans le complexe chez ceux qui dé­
vastent sont signifiés pal' le nombre six cent soixante-six, Chap.
XlII, Vers. 18; voir N° 847; et pal'la signification de les der­
m'ères, en ce que c'est quant à tous les biens el à tous les vrais,
car alors le dernier même a été consommé: d'apl'ès ces significa­
lions, il est évident que pal' sept Anges ayant sept plaies, les der­
nièr'es, il est signifié que pal' le Seignelll' au moyen du Divin Vrai
ont été manifestés dans tout le complexe les maux et les faux qui
.ont entièl'ement dévasté l'Église quant à LOUS ses biens et à tous ses
\'l'ais. La manièl'e dont ont été manifestés pal'le Seigneul'les maux
et les faux qui ont entièrement dévasté l'Église est décrite dans III
suite de ce Chapitre, du Vel's. 6 au Vers. 8. Que l'Église ait ét.6
dévastée quant il tous ses biens et il tous ses Hais, on peut le voir
Cil ce que l'Église Chrétienne dès son commencement a élé divisée
15l! L'APOCALYPSE EXPLlQUÉ~. N· 928.

en deux parties, dont l'une est décl'ite dans l'Apocalypse ilar le


Dragon et pal' ses deux bêtes, et l'autre pal' la prostituée assise sur
une bête écal:late et par la Babylonie; celle qui est décrite par le
dragon et par ses deux bêtes est l'Église chez les Réformés, et celle
qui est décrite pal' celte pl'ostituée et pal' la Babylonie est l'Église
chez les Catholiques-Romains: l'Église chez les Uéfol'més a été
dévastée pal' la foi seule, et l'Église chez les Catholiques-Romains
a été dévastée pal' la domination sur les âmes des hommes et SUi'
le Ciel; il .est traité de la dé\'astation de celle Église-ci quant à
tous ses biens, et par suite quant à tous ses \'l'ais, dans les Chap.
XVII et XVIII; et la dévastation de l'Église chez les Réfol'més
est décrite dans les Chap, XlI et XIII, et ullé,'ieurement dans 1e
Chap. XVI, pal' les sept Anges ayant les fioles pleines de fa colère
de Dieu. Que l'une et l'autre Église ait été déva:;tée quant il tous
les biens et à tous les vl'ais pal' les maux et pal' les faux, on peut
manifestement le voir en ce qu'il y a à peine quelqu'un aujourd'hui
qui sache que Dieu est un, et que ce Dieu est le Seigneur; puis
aussi, qui sache ce que c'est que l'amour envel's le Seigneul', et ce
que c'est que la charité à l'égard du prochain, et pal' suite ce que
c'est que les bonnes œuvres, et même ce que c'est que la foi dans
son essence, et que ce qu'on nomme la foi n'est point la foi; puis,
ce que c'est que la conscience, ce que c'est que le libre arbitl'e, ce
que c'est que la régénél'alion, ce que c'est que la teniation spil'i­
tuelle, ce que c'est que le baptême, ce que c'est que la Sainte Cène,
ce que c'est que le Ciel et l'Enfer, quelle est la Parole, outc'e plu­
sieurs autres choses; et comme on ne le sait pas, les biens et les
nais sont cachés, et autant les mondains et les corporels sont ai­
. més, autant ceux-là sont mép,'isés, et même rejetés, ct alors au
lieu des biens entrent les maux, et au lien des vrais les faux; ainsi
est dévastée l'Église.
929. Parce qu'en elles a élé consommée la colère de Dieu,
signifie ainsi la fin de l'Église: on le voit par la signification de
la colère de Dieu, en ce que c'est lorsqu'il n'y a plus ni le bien ni
le nai, mais qu'il yale mal et le faux, lesquels, pal'ce qu'ils sont
contre le Seigneur et conU'e le Ciel, sont appelés la colère de Dieu;
c'est de là aussi que le dernier temps de l'Église, et alors le Juge­
ment demier, sont appelés joUi' de la colèl'C, de l'emportement et
Vers. :l.. CHAPITIŒ QUiNZIÈME. 155
de la vengeance de Dieu; voir ci-dessus, N° 413; et que la colèl'e
est attl'ibuée au Seigneur, IOl'sque cepeudant elle est chez les mé­
chants, cal' dans tout mal il y a la colère contre le Seigneur, et par
suite contre le bien et le vrai qui viennent du Seigneur. Si la colèl'c
est dite consommée, c'est pal'ce que la consommation aussi signifie
la Hn de l'Église, ou 10l'squ'il n'y a plus le hien ni le vrai, mais
qu'il yale mal et Je faux; voir N° 39i; et pourquoi le Jugement
del'nier n'est venu qu'après que la consommation eut été faite, on
le voit, Nos 624,91.1.. Toute Église dans le commencement est dans
le bien et pal' suite dans les vrais, ou dans la chal'ilé et pal' suite
dans la foi, et plus tal'd elle est dans la foi et pal' suite dans la
chariLé, et enfin .dans la foi séparée de la charité; quand elle est
dans la chal'ité et pal' suite dans la foi, l'Église est spil'iluelle;
quand elle est dans la foi et pal' suite dans la charité, l'Église est
rationnelle; mais quand elle est dans la foi séparée de la chal'ité,
l'Église alOl's est natul'elle, et l'Église entièrement natul'elle est une
Église nulle, cal' l'homme entièl'ement naturel l'egal'de seulement
vers lui-même et vel's le monde, et non vers le Seigneur ni vers le
Ciel; il a sur ses lèvres le Seigneul' et le Ciel, et dans son creU!'
lui-même et le monde; et quand l'Église est telle, elle a été alors
consommée.
930. Vers. 2, 3, h. Et je ?)l's comme une liter de verre m€·
fée de {eu; et ceux qui avaient eu la victoire sur la bête~ et
sur son image~ et sur son caractère~ et sur le nombre de son
1l0m~ se tenant auprès de la Mer de verre~ ayant des harpes de
Dieu. - Et ils chantaient le cantique de Moïse~ serviteur de
Dieu~ et le cantique de l' Agneau~ en disallt : Grandes et mer­
veilleuses~ tes œuvres. Seigneur Dieu Tout-Puissant! Justes
et véritables ~ tes chemins ~ Roi des saints! - Qui ne Te
craindrait. Seigneur~ et ne glorifierait ton Nom? car Seul
(tu es) Saint; c'est pourquoi toutes les nations viendront el
adoreront devant Toi. parce que tes jugements ont été mani­
{estés. - Et je vis cO/nme une Mer de verre mUée de {ell. si.
gnifie les communs du vrai dans la Parole, tirant leur éclat des
vrais spirituels qui procèdent du bien de l'amOlli' : et ceux qui
avaient eu la victoire sur la bête. signifie qui avaient vécu la vie
de la charité, et pal' suite n'avaient pas falsifié la pal'ole : et sur
156 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 930.

son image, et sur son caractère, et sur le nombre de son nom,


signifie et qui n'avaient pas l'econnu la doctrine de la foi séparée
d'avec la charité, ni aucune qualité de cette doctrine: se tenant
aup~s de la Mer de verre, signilie parce qu'ils avaient été dans
les vrais d'après la Parole: ayant des harpes de Dieu, signifie
la glol'ification du Seigneur d'après l'affection spirituelle: et ils
chantaient le cantique de Aloise, serviteur de Dieu, et le can­
tique de l'Agneau, signifie la reconnaissance et la confession des
préceptes dans la Parole de l'un èt de l'aul1'e Testament, puis la
reconnaissance et la confession du Divin du Seigneur dans son Hu·
main: en disant: Grandes et merveilleuses, tes œuvres, signifie
que tous les biens du Ciel et de l'Église sont de Lui: Seigneur
Dieu Tout-Puissant, signifie parce que le Divilt Bien, c'est Lui:
justes et véritables, tes chemins, signifie que tous les vrais du
Ciel et de l'Église sont de Lui: Roi des saints, signifie parce que
le Divin Vrai, c'est Lui: qui ne Te craindrait, Seigneur, si­
gnifie le culle du Seigneur d'apl'ès le bien de l'amoUl' : et ne glo­
rifierait ton IVom, signifie son culte d'après les vrais qui pl'O­
cèdent de ce bien: car Seul (tu es) Saint, signifie pal'ce qu'i! est
le Bien Même et le VI'ai M~me, et que pal' suite tout bien et tout
vrai procèdent de Lui: c'est pourquoi tou tes les nations vien­
dront et adoreront devant Toi, signifie que tous ceux qui sont
dans le bien de l'amour, et par suite dans les vl'ais, reconnaltront
son Divin: parce que tes jugements ont été manifestés, signi­
fie que les Divins Vl'ais leur ont été révélés.
931. Etfe vis comme une Mer de verre mêlée de feu, si·
gnifie les communs du vrai dans la Parole, tirant leur éclat
des vrais spirituels qui procèdent du bien de l'amour: on le
voit par la signification tle la Ll1el' de verre, en ce que ce sont les
communs du vrai tÏl'ant leul' éclat des vrais spil'ituels, ci-dessus,
N° 275; et pal' la signification du feu, en ce que c'est le bien
ùe l'amour, Nos 68, ft96, 50ft, 916. 11 sel'a dit ici elt peu de
mots d'où vient que la. mel' de verre signifie les communs du vrai
dans la Parole, tÏl'ant leur éclat des vl'ais spirituels: Par la mel'
sont signifiés les vrais dans le commun, ~arce que par les eaux,
les fontaines et les neuves sont signifiés les vrais dont provient l'in­
!clligence, et que la mer en est le réceptacle commun: les vl'3is
Vers. 2, CHAPITRE QUINZIÈME. '157
dans le commun ou les communs du vrai sont tels que sont les
vrais dans le sens de la lettre de la Parole, et l~ sens de la lettre de
la Pal'ole est naturel, et tout naturel est un réceptacle commun des
spirituels; car il n'y a rien dans la natul'e du monde, ou rien de
natUl'el, qui n'existe d'après le spirituel, puisque le naturel a été
formé d'apl'ès le spirituel, comme l'effet d'après la cause efficiente;
et comme ainsi des milliCl's de choses, qui sont des spirituels, effec­
tuent et forment un seul naturel, c'est pour cela qu'un naturel,
parce qu'il est le contenant de ces milliers, est un commun. Telle
est aussi la Parole dans le sens de la lettre respectivement à la Pa­
role dans le sens spirituel: et comme le sens spirituel est dans le
sens naturel de la Parole, et que celui-là brille dans celui-ci devant
les Auges, de là vient que la Parole, quant aux communs du vrai
tirant leur éclat des vrais spirituels, est signifiée pal' la mel' de
verre: pareillement par la mer de verre ailleurs dans l'Apocalypse:
Cl Et devant le Trône une mer de verre semblable à du cris­

tal, » - IV. 6. - El même Cl la ville. la Nouvelle Jérusalem.


ct la place de la ville. (urent vues comme un or pur semblable
ci du verre transparent. 1) - XXI. 18, 21, - parce que, pal'
cette ville il est signifié la doctrine de l'Église, et pal' la place le
vl'ai de cette doctrine, et que les Hais de cette doctrine, étant réels,
til'ent des vl'ais spirituels leUl' lumière et par suite leUl' éclat; c'est
cet éclat qui est signifié par le verre et par le cristal. le L'étendue
au-dessus de~ têtes des Chérubins qui (ut vue semblable cl un
cristal admirable. 1) - Ézéch. I. 22, - signifie le Divin Spiri­
tuel ùans le Ciel. Que par la mer de vel're il soit signifié la Parole
dans le sens de la lettre, tirant son éclat de son sens spirituel, on le
voit aussi en ce que sur celle mer forent vus ceux qui avaient eu la
victoire sur la hête, et pal' eux sont signifiés ceux qui n'avaient pas
falsifié la Parole, et n'avaient pas pal' là éteint la lumièl'e du sens
spirituel.
932. Et ceux qui avaient eu la victoire sur la bête. si­
gnifie qui avaient 'vécu la vie de la charité. et par suite n'a­
vaient pas (alsifié la Parole: on le voit pal' la signification d'a­
t'oi7' la victoire sur la bête. en ce que c'est vivre la vie de la
charité, cal' par la bête sont signifiés ceux qui sont dans la foi sé­
parée de ln charité, ou, ce qui revient an même, cenx qui sont dans
........

158 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 932.

la foi sans les bonnes œuvres, et qui vivent selon cette foi; ceux donc
qui ne vivent pas selon cette foi, mais qui vivent la vie de la cha­
rité, ont la vicloire sur la bêle, cal' pal' leur vie ils comballent contre
celle foi, et parce qu'ils SOl'tent victol'ieux, ils reçoivent aussi apl'ès
la vie dans le monde le prix de la victoire, Puisque pal' la hêle il
est aussi signifié la confirmation de la foi séparée d'apl'ès la Pa­
role, et pal' suite la falsification de la Parole, par avoir la vicloir'e
SUI' la bête il est signifié aussi qu'ils n'avaient pas falsifié la Parole.
Que par les deux hêles du dragon, dont il est Il'ailé clans le Cha­
pitl'e Xlll, il soit signifié la foi séparée des hiens de la vie, et aussi
la falsification de la Pat'ole pour confirmer celle foi, on le voit ci­
dessus, N°' 77h, 815. - Puisque dans les Explications SUI' les
ùeux Chapitres pl'écédents, XII et XIII, il a été traité de la foi
sépal'ée des biens de la charité, qui sont les bonnes œuvl'es, et aussi
de la foi d'après la chal;ité, dans les Explications sur ce Chapitr'c
et SUI' le Chapitl'e suivant il va êtt'e tl'aité des Biens de la chal'ité.
Dans la Cht'étienté, uujoul'd'hui, la plupal't des hommes ignorent
ce que c'est que les biens de la charité ou les bonne.s œuvres; et
cela, parce que la religion de la foi seule, c'est-à-dire, de la foi
sép31'ée des biens de la charité, a prévalu; car si ces biens ne font
rien pOUt' le salul, ct que la foi seule suffise, il vient à l'esprit qu'on
peut les omellre, Quelques-uns, qui croient au conlrail'e qu'on doit
faiI'e de bonnes œuvres, Ile savent pas non plus cc que c'est que les
bonnes œuvres; ils pensent que les honnes œuvres consistent seu­
lemenl à donner aux pauvres, et à fail'e du bien aux indigenls,
aux veuves et aux orphelins, parce que rie lelles œuvres sont dé­
signées et comme commandées dans la Parole, D'aull'cs cl'oient
que s'il faut les faire pour oblenir la vie étel'nelle, ils doivent donner
aux pauVl'cs tout ce qu'ils possèdent, comme on le faisait dans la
primitive i~glise, et comme le Seigneul' l'a commandé au l'ichc, en
lui disant de vendre tont ce qu'il avait, de le donnel' aux pauvl'cs,
ct de le suivre en portant sa cl'oix. Mais cc que c'est que les bonnes
œuvres qui sont entendues dans la Pal'ole, cela va êtl'e dit en ol'dl'e
dans ce qui suit.
933. Et sur son image, el sur son caractère. et .mr le
nombre de son nom. signifie et qui n'(llmient pas reconnu la
doctrine de lfl roi sépm'ée d'(wec la charité. ni aucune qualité
Vers. 2. CHAPITR~ QUINZIÈME. 159
de celle doctrine: on le voit pal' la signification de la bêle, de
laquelle il est dit ici l'image, le caractère et le nombre de son
nom, en ce que c'est la foi séparée d'avec la charité, ou la foi sans
les bonnes .œuvl'es, No, 776, 815; par la signification de son
image, en ce qne c'est la doctrine de celle foi, N° 827; par la si-
gnification du caractère, en Ge que c'est la l'econnaissance et la
confession de celle doctrine, N° 838; et par la signillcation du
nombre de son nom, en ce que c'est la même chose de celle doc-
trine quant à la vie et quant à la foi, ainsi sa qualité, et en ce que
ce sont les faux dans tout le complexe, No' 841, 8â5, 847; de là
pal' l'image, le cal'actèl'e et le nomhre de son nom, pris ensemble,
il est signifié la non-l'econnaissance et la non-confession de la foi
séparée quant à sa doctrine, ct quant à aucune qualité de celle doc-
trine; avoir la victoil'e SUl' eux signifie les l'ejeter par la vie et pal'
la doctrine, ce qui même a lieu pal' un combat contre les faux que
les sectateurs de celle foi mettent en avant, - Dans l'Ai'licle pré-
cédent, il a été dit qu'on sail à peine aujourd'hui ce qne c'est que
la charité, par conséquent cé que c'est que les bonnes œuvres, si
ce n'est seulement qu'elles consistent à donner aux pauvl'es, à sou-
lager les indigents, à fail'e du bien aux veuves et aux orphelins, et
à contribuel' par des dons à fail'e bâti.' des temples, des hôpitaux
et des_lJospices; mais toujours ignore-t-on si elles sont de l'homme,
et en vue de récompense; car si elles sont de l'homme, elles ne sont
pas bonnes, et si elles sont en vue d'une récompense, elles sont
méritoil'es, ct dans l'un ct l'aull'e cas elles n'ouvrcnt pas le Ciel, et
pal' conséquent ne sont pas non plus reconnues pOlll' bonnes dans le
Ciel: dans le Ciel, on ne considère comme bonnes quc les œllVl:es
qui sont faites par le Seignel1l' chez l'homme; et toutefois les œu-
vres qui sont failes par le Seigneur chez ('homme, se présentent dans
la forme externe semblables à celles qui sont faites par l'homme 11Ii-
même; et de plus, elles ne sont pas même distinguées des aull'es
pal' l'homme qui les fait, car les œuvres qui sont faites par le Sei-
gncU!' chez l'homme sont même faites par l'homme comme par lui-
même, et s'il ne les fait pas comme pal' lui-même, elles ne le con-
joigncnt pas au Seigueul', et pal' conséquent ne le réfol'ment pas;
que l'homme doive fail'e les biens comme pal' lui-même, on le voit
ci-dessus, No' 01<l, SM, 0'11. La Conlinuation est dans l'Article
suivant.
1GO L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 936.

936. Se tenant auprès ete la Mer de verre, signifie parce


qu'ils avaient été dans les vrais et'après la Parole: on le voit
par la signification de la Mer ete verre, en ce que ce sont les com­
muns du vl'ai d'après la Parole, tirant leur éclat des vrais spiri­
tuels, N° 931; de là se tenir auprès d'elle signifie ill'e dans ces
communs. S'ils furent vus se tenant auprès de la mer de verre,
c'est pal'ce que ceux qui vivent la vie de la charité, et J'ejettent la
doctrine de la foi séparée, l'estent dans les vrais du sens de la lettre
de la Pal'ole, et ne les pervel'tissent ni ne les falsifient; par exem­
pie: Lorsque dans la Parole il est dit de faire et d'opérer, puis aussi,
quand il est parlé de fa ils et d'œuvres, ils n'enveloppent point ces
choses dans la foi comme y étant tenues cachées, mais ils veulent
qu'on fasse l'écllement, car ils savent que la foi sans elles n'est
point la foi, et que la foi n'est la foi qu'autant que les œuvres ont
été convenablement conjointes avec elle, c'est pourquoi ils condam­
n~nt comme hérésie l'enveloppement et la sépal'ation; pal' là on
peut voir qu'ils se tiennent auprès de la mer de verre, c'est-à-dire
qu'ils sont dans les vrais d'après la Parole. - Au sujet des œuvres
dans l'Article précédent, il a été dit que les œuvres qui viennent
de l'homme ne sont pas bonnes, et qu'il n'y a de bonnes que celles
qui sont faites par le Seigneur chez l'homme; mais pour que les
œuvres soient failes par le Seigneur el non par l'homme, deux
choses sont nécessaires: la Première, c'est de reconnaitre le Divin
du Seigneur, et de reconnatll'e aussi qu'il est le Dieu du Ciel et de
la terre, même quant à l'Humain, et que de Lui procède tout bien
qui est bien. La Seconde, c'est que l'homme vive selon les pré­
ceptes du Décalogue, en s'abstenant des maux qui y sonl énumé­
rés; par exemple, du culte d'autl'es dieux, de la profanation du
nom de Dieu, des vols, des adultères, des homicides, des faux té­
moignages, ùe la convoitise des possessions et des propriétés qui
appartiennent aux autl'es. Ces deux choses sont Requises, pour que
les œuvres qui sont faites par l'hQmme soient bonnes; la raison de
cela, c'est que tout bien vient du Seigneur Seul, et que le Seigneur
ne peut entrer chez l'homme ni le conduire, tant que ces maux
n'ont pas élé éloignés comme péchés, car ils sont infernaux et sont
même l'enfer chez l'homme; or, si l'enfer n'a pas été éloigné, le
Seigneul' ne peut ni enll'el', ni ouvrir le Ciel. C'est aussi. ce qui est
Vers. 2. . CHAPITRE' QUINZIÈME, 1.61
entendu pal' les pal'oles du Seigneul' au l'iche, - l\taltb. XIX. 16 à
22. Mal'c, X, 19 à 21. Luc, XVllI. 18 à 23, - qui l'interro­
geait SUI' la vie étel'Ue\le, et disait que depuis sa jeunesse il avait
observé les préceptes du Décalogue; il est dit que le SeigneUl'
l'aima et lui enseigna qu'il lui manquait une ~hose, c'était de
vendre tout ce qu'il avait, en portant sa croix; par vendre tout
ce qu'il avait, il est signifié qu'il devait abandonner ses pratiques
religieuses qui étaient des tl'aditions, car il était Juif, et aussi
abandonnel' ses propres qui consistent à s'aimer' et à aimel' le
monde plus que Dieu, ainsi il. se conduire soi-même; et par suivre
le Seigneur, il est signifié Le l'econnaill'e Seul, et être conduit par
Lui; c'est même pour cela que le Seigneur lui avait dit: (( POUI'­
quoi M'appelles-tu Bon? Pel'sonne n'est BOil, sinon Dieu seul; Il
par pOl'tel' sa cl'oix, il est signifié combattre conll'e les maux et les
faux qui proviennent du propre,
935. Ayant des harpes de Dieu, signifie la glorification
du Seigneur d'après l'affection spirituelle: on le voit par la
signification des harpes, en ce qu'elles sont des confessions et des
glorifications, N°s 323, 856; ~ là les harpes de Dieu sont des
confessions et des glorifications du SeigneUl' d'après l'affection spi­
l'ituelle; si ces choses sont signifiées pal' les harpes de Dieu, c'est
pal'ce que les affections spirituelles, qui sont les affections du vrai,
étaient exprimées par les instruments à cordes, tandis que les af­
fections célestes, qui sont les affections du bien, étaient exprimées
par les instruments à vent; voù' N" 323, 326. - Dans l'Article
précédent, il a été question des deux choses requises pOUl' que les
reuvl'es soient honnes, à savoii', l'econnaitl'e le Divin du Seigneur',
et fuir comme péchés les maux défendus dans le Décalogue, Les
maux qui sont énumél'és dans le Décalogue contiennent en eux
touS les maux qui existent; de là vient le nom de dix pl'éceptes,
car dix signifie toutes choses: le Premiel' précepte, « tu n'adol'eras
point d'autres ùieux, li conlient aussi celui de ne point s'aimer soi­
même et de ne point aimer le monde, car celui qui s'aime et aime
le monde pal' dessus toutes choses adore d'autl'cs dieux; cn effet,
le Dieu de chacun est cc qu'il aime pal' dessus toutes choses. Le
Second précepte, «.tu ne profanel'as point le nom de Dieu, 1) con­
tient aussi celui de ne point mépl'jser et de ne point rejeter de creul'
VI. H.
162 1: APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 935.

la Parole, la doctrine til'ée de la Pal'ole, ni par cOllséquentl'Église,


car ces choses sont le nom de Dieu. Le Cinquième précepte, (1 tu
ne voleras point, Il contient aussi celui de fuir les fl'uudes et les
gains illicites, cal' ce sont aussi des vols. Le Sixième précepte,
Il tu ne commettras point adultère, II contient en pal'ticulier celui

de ne point se plail'e dans ce qui coneerne l'adultère, ni se déplaire


dans ce qui conceme le mal'iagc, et spécialement de ne point penser
des choses obscènes SUl' ce qui appal'tient au mariage, car ce sont
là aussi des adultères. Le Septième précepte, (1 tu ne tuel'as poinl,ll
contient aussi celui de ne point avoil' de haine contre le pl'ochain et
de ne point aimer les vengeances, cal' les haines et les vengeances
respil'ent la mort. Le Huilième pl'écepte, (1 tu ne feras point de faux
témoignages, II contient aussi celui de ne point mentir el de ne point
blasphémer, car les mensonges et les blasphèmes sont aussi des
faux témoignages. Le Neuvième préceple, tI tu ne convoiteras point
la maison de Ion pl'ochain, )) contient aussi celui de ne point vou­
loir posséder ni lirel' à soi les biens des aulres malgré eux. Le
Dixième précepte, (1 tu Ile convoiteras point l'épouse de Ion Pl'O­
chain, ni ses sel'viteurs, ni les autres choses spécifiées, )1 contient
aussi celui de ne vouloil' ni avoir de l'empire sur les autres, ni les
mettre sous sa domination, cal' par les choses qui y sont nommées,
sont entendus les pl'opres de l'homme. Chacun voit que dans ces
huit préceptes sont contenus les maux qu'on doit fuir, et non les
biens qu'ondoil fair'e.
936. Et ils chantaient le rantique de Moise, sen;iteur de
Dieu, et le cantique de l'Agneau, signifie la reconnaissance
et la confession de.~ préceptes dans la Parole de l'un et de
l'autre Testament, puis la reconnaissance et la confession
du Divin du Seigneur dans son Humain: on le voit par la si­
gnification de chanter un cantique, en ce que c'est la confession
d'après la l'econnaissance et la joie du cœur, No' 326, 857; pal'
la signification de Moïse, en ce qu'il est la Parole de l'Ancien Tes­
tament, ainsi qu'il va être montré; et par la signification de l'A­
gi'lCfm, en ce qu'il est le Seigneur quant au ~ivin VI'ai, Nos 297,
3lJS, liGO, li82, ainsi quant à la Pal'ole, car la Parole est le Divin
Vrai; de là, puisqu'il est dit Moïse et l'Agneau, il est signifié la
Parole de l'Ancien et du Nouveau Testament: que le cantique de
t.

Vers, 3, CHAPITRE QUINZIÈME. 163


Moïse et le cantique de l'Agneau signifie la reconnaissance des pré­
ceptes qui sont dans la Pal'ole de l'un et de l'autre Testament, puis
la l'eeonnaissance du Divin dans l'Humain du Seigneur, on le voit
d'après les choses qui suivent dans ces deux Versets, cal' ce sont
celles qu'ils chantaient, ou qui appartenaient au cantique; dans le
pl'cmiel' de ccs Versets il y a glorification des œuvres du Seigneur
et de ses chemins, pal' lesquels sont Signifiés les préceptes; dans le
Verset suivant le Seigneur est glorifié, et il esl dit qu'il doit ê1l'e
craint de tous, pal'ce que seul il est saint; et comme ces choses ap­
1 pal'tiennent aux deux cantiques, et que par les cantiques sont si­
gnifiées les reconnaissances et les confessions de ces choses, il est
évident que pal' Ct ils chantaient le cantique de Moïse, serviteur de
Dieu, et le cantique de l'Agneau, Il il est signifié la reconnaissancr.
et la confession des préceptes qui sont dans la Parole de l'un ct ùn
l'autre Testament, puis la reconnaissance et la confession du Divin
du Seigneur dans son Humain: pal' ces deux choses aussi il y a la
\'ictoire sur la bête, victoire dont il s'agit ici, à savoil', pal' gal'der
les .préceptes, et par l'econnallre le Divin du Seigneur: sans ces
deux choses la bêle est victorieuse. - Dans l'Article pt'écéùcnt,
les maux qu'on doit fuir ont été énumérés d'après le Décalogue:
mais je sais que plusieurs pensent dans leur cœur que personne ne
peut les fuir' pal' soi-même, parce que l'homme est né dans les pé­
chés, ct que pal' suite il n'a aucun pouvoir de les fuir par lui­
même; toutefois, que ceux-là sachent que quir.onque pense du fond
ùu cœur' qu'il ya un Dieu, que le Seigneur est Dieu du Ciel et de
la terre, que ]a Parole est de Lui et par conséquent sainte, qu'il y
a un Ciel ct un Enfer, et qu'il y a une vie apl'ès la morl, peut les
fuir'; mais que cela n'est pas possiule pOUl' celui qui méprise ces
vél'ités et les rejelte de plein gré, et est absolument impossible pOUl'
celui qui •les nie; car quelqu'un peut-il pensel' que quelque chose
est un péché contre Dieu, IOI'squ'i1 ne pense point à Dieu? et quel­
qu'un peut-il fuir les maux comme péchés, lorsqu'il ne pense rien
... concernant le Ciel, l'Enfer, et la vie après la mort? un tel homme
ne sait pas ce que c'est qU'lm péché, L'homme a été placé dans un
milieu entre te Ciel et l'Enfer; du Ciel influent conLinuellementles
biens, de l'Enfel' influenl continuellement les maux; et comme il
esl dans cc milieu, il est dans le liure de penser les biens ct de
lM L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. Na 936.

penser les maux ;ce libre, le ·Seigneur ne l'enlève jamais à aucun


homme, car il appartient à la vie de l'homme, et il est le moyen
de sa l'éfol'mation; autant donc l'homme d'après ce Iibl'e pense Il.
vouloil' fuh' les maux parce qu'ils sont des pécbés, et implore le
secours du Seigneur, autant le Seigneul' les éloigne, et donne à
l'homme d'y renoncer et ensuite de les fuir comme par lui-même.
Chacun peut d'après le Iibl'e naturel fuir ces mêmes maux, pal'cc
qu'ils sont contl'e les lois bumairles; c'est ce que fait dans un
l'oyaume tout citoyen qui cl'ai'nt les peines de la loi civile, et la perte
de la vie, de la .l'éputation, de l'honneur', des richesses,. et par suite
cene de la fonction, des pl'ofils et des voluptés; le méchant aussi le
fait, et sa vie dans la fOl'me externe se montre absolument sem­
blable à la vie de celui qui fuit ces maux parce qu'ils sont contre
les Lois Divines, mais elle est tout à fait dissemblable dans la
forme interne: l'lm agit d'apl'ès le seul libre naturel qui vient de
l'homme, et l'autl'e d'après le libre spirituel qui vient du Seigneur,
tOus deux agissent d'apl'ès le libre; puisque l'homme peut fuir ces
n'lêmes maux d'apl'ès le libre naturel, pourquoi ne poun'ait-il pas
les fuil' d'apl'ès le libl'e spirituel, dans lequel il est constamment
tenu pal' le Seigneur? que seulement il pense qu'il le veut, parce
qu'il y a un Enfel', Un Ciel, uue vie après la mOI't, une punition et
tine rémunération, et qu'il implol'e le secours du Seigneur. Il faut
qu'on sache que chaque homme qui commence une vie spirituelle,
parce qu'il veut êtl'e sauvé, redoute les péchés à cause des peines
de l'enfCl'; mais ensuite, c'est Il. cause du péché lui-même parce
que le péché est en soi abominable; et enfin c'est Il. cause du vrai
et du bien qu'il aime, pal' conséquent Il. cause du Seigneur, car au­
tant quelqu'un aime le vrai et le bien, par conséquent le Seigneur,
autant il a en avel'sion l'opposé, qui est le mal. D'après aela, il est
évident que quiconque cl'oit au Seigneul' fuit les maux comme pé­
chés: et que, récipl'o'Quement, quiconque fuit les maux comme
péchés, croit; fnir les maux comme péchés est donc le signe de
la foi.
. 937, Que Moise signifie la Pal'ole de l'Ancien Testament, on
peut le voir par certains passages de la Parole où il est nommé;
dans quelques-uns, cependant, par Moise il est entendu la Loi dan\;
le sens le plus slricl, c'est-à-dire, la Loi donnée du haut de la
Vers. 3. CHAPITRE QUINZIÈME. 165
montagne du SinaI; dans d'autres, par lui est entenùue la Loi dans
un sen~ plus lal'ge:, c'est-à-dire, la Pal·ole Historique; mais. Wi,
c'est la Pal'ole tant Histol'ique que Pl'op~étiqij,e de l' Ancien Test~­
ment. Si Moïse signifie la, Parole, c'est {lal'ce que les dix pl'éceptes,
et ensuite les cinq Livres, qui étaient en pl'emiel' lieu la Parole,
venaie.nt, non pas de lui mai.s du Seigneur par lui., Que Moïse soit
nommé au lieu ùe la Loi et au. lieu de la Parole, on le voit pal' les
passages suivants; dans Luc: Il Abraham .lui dit: 11$ ont Moise
et les Proplzètes; qu'ils les écoutent; s'ils n'écoutent point
Moise et les Prophètes, lors meme que quelqz('un des morts
ressusciterait, ils ne seront poÏ1it persuadés. Il - XVI. 2,9,
31 ; - ici, par Moïse et les Prophètes il est entendu la m,ème ose en
que par la Loi et les Prophètes ailleul's, à savoir, la, Pal'ole His~o­
fique et la Parole Prophétique. Dans le ~ême : li J ésu,s, commen­
çant par Moise et par. tous les Prophètes, le~r expliqua dans
toutes les écritures les choses qui Lt} concernaient. Il - XXIV.
27. - Dans le Même: Il IL (allait que (ussent accomplies toutes
les choses qui ont été écrites dan~ la, Loi de Moise, et dans
les Prophètes, et c(ans les Psaume.~, à mon égard. ) - XXIV.
AlI. -Dans Jean: Il Philippe efrit: Celui qu'a décrit Moise dans
la Loi, nous l'avons l1'Olfvé, Jésus: » - I. 45. - DaQs le Même:
Dans la Loi Moise l'tO~tS a commandé. » - VIIl.. 5. ....,.. Dans •
Daniel: Il Sur '(WZ(S a (iécoul~ la malédiction, et le serment
qui a été icrit dans la Loi de Moise, servi/eur de Dieu~ parce
que nous avons péché contre Lui. Selon qu'il est écrit d.a.ns la
Loi de Moise, tout ce mal est venu sur nous. » - IX. 1.1,1.3.
- Dans Josué: (1 J ((hoschua écrivit sur la pierl'e de l'.(iUtel
une copie de la Loi de Moise. Il - VIII. 32. - Dans J~an :
!I Moise ne vous a-t-il p~ dOlmé la Loi? Mois~ vous a d(?nné
la circoncision; .~i un homme reFoit la circoncisio,11 le sali­
bath, afin que ne soit point violée ltz Loi de !If oise. » ,..- V\I.
1.9, 22, 23. - Dans Marc: Il Moise a dit: Honore ton pfre
et ta mère. J) - VII, 1.0. - Comm~! en l'aison de 1& représe~­
tation, il il été attrihué à Moise C~ qui est venu du Seigneur par
lui, ~'es~ pour Qela ~l,l'il est àit et la Loi d.~ Moïse eL la Loi dl,l Sei·
gneur, dllllS Luc: Il Quand (I{rent accomplis les jours de leur
purification sflon III Loi (~ M o~se, ils Le menèrent ù Jérusa­
~

:J66 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 937.

leJJ~, selon qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur, que tout
mdle ouvrant l'utérus sera appelé saint au Seigneur; et pour
donner en sacrifice, selon ce qui est dit dans la Loi du Sei­
gneur, une paire de tourterelles ou deux petits de colombes.)
-- II. 22, 23, 2ft, 39. - Comme Moïse représentait la Loi, il
lui a été permis d'entrer vel'S le SeigneUl' sur la montagne du Si­
naï, et non-seulement d'y recevoir les tables de la Loi, mais aussi
d'entendre les statuts et les jugements de la Loi, et de les comman­
dei' au peuple; et il est dit aussi que pal' là ils croiraient en Moise
éternellement: (1 Et dit Jéhovah à Jtl oise : Voici, 1Jf oi, je
riens à toi dans l'épaisseur de la nuée, afin qu'entende le
peuple alors que je parlerai avec toi, et qu'aussi en toi ils
croient éternellement, 1) - Exod. XIX, 9; - il est dit dans
l'épaisseul' de la nuée, pal'ce que par la nuée est signifiée la Pal'ole
dans la lettre; de là aussi, quand Moïse entra vers le Seigneul' SUI'
la montagne du Sinaï, il entra dans une nuée, - Exod. XX. 18.
XXIV. 2, 18, XXXV. 2, 3, ft j - que la nuée signifie le sens de
la lellre de la Parole, on le voit, No' 36, 59ft, 905, 906. Comme
Moïse représentait le Seigneur quant à la Loi ou quant à la Parole,
c'est pour cela que, ((quand il de"cendit de la montagne du Si­
naï, la peau de ses {aces rayonnaii; c'est pourquoi, quand il
parlait avec lç peuple, il mettait un voile sur ses (aces, ) ­
Exod. XXXIV. 28, jusqu'à la fin : - le rayonnement de ses faces
signifiait ['interne de la Loi, cal' cet interne est dans la lumière du
Ciel: s'il voilait ses faces quand il parlait avec le peuple, c'est
pal'ce que l'inteme de la Parole était couvert et tellement obscur
pOUl' ce peuple, qu'ils ne supportaient aucune chose de la lumière
qui en provenait. Comme pal' Moïse était représenté le Seigneul'
quant à la Pal'ole Histol'ique, eL pal' Élie le Seigneul' quant à la
Parole Prophétique, c'est pour cela que, quand le Seigneur a été
tl'ansfigUl'é, Moïse et Élie fUl'ent vus s'cntl'etenant avec Lui, ­
Matth. XVII. 3; - nul autre ne ,pouvait s'entretenir avec le Sei­
gneur, quand son Divin appal'ut dans le Monde, que ceux qui si­
gnifiaient la Parole, car l'entretien avec le Seigneur a lieu pal' la
Parole; qu'Élie ait représenté le Seigneur quant à la Parole, on le
vo!t, N° 62ft. Et comme l'un et l'autre, tant Moïse qu'Élie, rel'ré­
seutaient ensemble la Parole, c'est (10111' cela que, lorsqu'il est dit
Vers. a. CHAPITRE QUINZIÈME. 167
qu'Élie sel'ait envoye devant le Seigneur', il est fait mention de
l'un et de l'auUe dans Malachie: Il Soul'enez-vous de Ûl Loi de
Moise, mon serviteur, que je lui ai commandée en ChorefJ
pour tout Israël, des statuts et des jugements: Voiez', Moi,
je vous envoie Élie le Prophète, avant que vienne l~ jour de
Jéhovah, grand et terrible. 1) - III. 22, 23, 26 i - par Élie
le prophète il est entendu Jean-Baptiste, parce que par lui de même
que liaI' Élie a été repl'ésentée la Pal'ole i voir N°' 626, 726.
938. En disant: Grandes et merveilleuses, tes œuvres, si­
gnifie que tous {es biens du Ciel et de l'Église sont de Lui:
on le voit par la signification des œuvres du Seigneul', en ce
qu'elles sont tous les biens du Ciel et de l'Église; si ces biens sont
signifiés par ses œuvres, c'est parce qu'il est dit ensuite Il justes et
vél'itables, tes chemins, Il et que pal' les chemins du Seigneu' sont
signifiés tous les vrais du Ciel et ùe l'Église: en effet, dans la Pa­
role, lorsqu'il est padé du bien, il :Jst aussi parlé du vrai, à cause
du mariage céleste, qui est le mariage du hien et du vl'ai dans cha­
cune des choses de la Parole; de là il est encore évident que pal' les
œuvres, ici, sont signifiés les biens, et pal' les chemins les vrais:
que les biens du Ciel et de l'Église soient les œuvres du Seigneul',
c'est pal'ce que le Ciel est Ciel et que l'Église est Église d'apl'ès le
bien de l'amour envers le Seigneul' et le hien de l'amoUl' à l'égard
du prochain; voir le Tl'aité DU CIEL ET DE L'ENFER, NOl 13 à 19.
- Continuation: Il a été tl'ailé, dans l' Al'ticle 936, du renonce­
ment aux maux d'après le Libre spil'iluel dans lequel chaque homme
est tenu pal' le Seigneur: mais comme tous les maux, dans lesquels
l'homme nalt, til'ent lems racines de l'amoUl' de dominer SUI' les
autres et de l'amoUl' de posséder les biens des autres, et que tous les
plaisit's de la vie propl'e de l'homme jaillissent de ces deux amours,
el comme tous les maux en pl'oviennent, il en résulte aussi que les
amours et les plaisirs de ces maux appartiennent à la vie propl'e de
l'homme; mainlenant, puisque les maux appartiennent à la vie de
l'homme, il s'ensuit que l'homme ne peut en aucune manièl'e y re­
noncer pal' lui-même, cal' ce serait l'enoncer à sa vie pal' sa vie i
uns1\i a-t-il été POUI'VU à ce qu'il puisse y l'enoncer pal' le Seignem' i
et pOUl' qu'il le puisse, il lui a été donné le libre ùe penser qu'il
veut, et aussi d'implorer le secours du Seigneul'; s'il est dans le
1G8 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 938.

libre, c'est parce qu'il est dans un milieu entl'e le Ciel ell'Enrel',
par conséquent entre le hien et le mal; et celui qui est dans le mi..
lieu est dall:> l'équilil.lI'e, et celui qui est dans l'équilibl'e peut se
tourner facilement et commespomanément d'un Côté ou d'un au­
lt'e, et cela d'autant mieux, que le Seigneur s'oppose continuelle­
ment aux maux, les repousse, élève "homme et l'aUire il Lui.
Mais cependant il existe un combat, parce que les maux qui appar­
tiennent il la vie de "homme sont excités par les maux qui s'élèvent
continuellement de l'eorel'; et alol's l'homme doit combattre contre
eux, et pourlant comme par lui-même; s'il ne combat pas comme
par lui-même, les maux ne sont point sépal'és.
939. Seigneur Dieu Tout-Puissant, signifie parce que le
Divin Bien, c'est T,ui: on le voit pal' la signification de la Toule­
Puissance, ell ce que c'est être, exislel', pouvoir et vivl'e d'après
Soi-Même, NOIlJ3, 689; et comme tous les hiens et tous les vrais
sont de Lui, pal'ce, qu'ils' sont en Lili, il est dit Seigneur Dieu,
cal' Seigneur se dit du Divin BieD, et Dieu se dit du Divin Vrai;
el comme la toute-puissance est il Lui d'apl'ès le Divin Bien par le
Divin VI'ai, il est dit Seigneur Dieu TOllt-Puissant. Que le Sei­
gneur soit dit Seignem dans la Parole d'après le Divin Bien, on le
voil, N° 685; etqu'il soit dit Dieu d'apl'ès le Divin Vrai, on le voïl
NOl 2LJ, 220, 688. - Continuation: Il est notoil'e que l'Intérieur
de l'homme doit êlre pUl'illé-, avant que le bien que l'homme fait soit
le bien; cal' le Seigneul' a dit: Il Pharisien aveugle 1nettoie pre­
mièrement t'intérieur de la coupe et du plat, afin qu'aussi
t'extérieur devienne net. Il - Matth. XXllI. 26. - L'Intérieur
de l'homme n'est pUJ'ifié que quand il renonce, selon les préceptes
du Décalogue, à faire les maux; tant qu'il ne renonce pas à faire ces
maux, qu'il ne les fuit pas et ne les a pas en avel'sion comme péchés,
ils constituenl son intél'ieur el sont comme un voile ou une couvel'­
ture interposée, et cela apparail dans le Ciel comme une Éclipse qui
obscurcit le soleil et intercepte la lumière; c'est aussi comme une
source de bitume ou d'eau noire, d'où il ne découle ~ien que Q'im­
pur; ce qui détoule d'un tel homme, et pal'aH êlre le bien devant
le Monde, n'est cependant pas le bien, parce que cela a été souillé
de maux par l'intérieur; c'est, en effet, un bien pharisaïque el hy.
pocl'ire; ce bien est le bien qui vient cie l'homme, cl c'est aussi le
Vers. 3. CHAPITRE QUINZIÈME. 169
bien mél'Hoire : il en est autrement quand les maux ont été éloi­
gnés pal' une vie confol'me aux pl'éceptes du Décalogue. Mainte­
nant, eomme les maux doivent d'abord éll'e éloignés, avant quo les
biens deviennent des biens, c'est pOUl' cela que les dix préceptes
ont été le commencement de la Parole; cal' ils ont été p,'omulgués
SUI' la montagne du Sinaï, llvant que la Parole eo.t été écrite par
Moïse et pal' les Prophètes; et dans ces pl'éceptes sont contenus.
non les biens qu'on doit faire, mais les maux qu'on doit Cuir: c'est
aussi pOUl' cela que ces préceptes sont avant tout enseignés dans
les tglises, car ils sont enseignés aux jeunes garçons et aux jeunes
filles, à savoir, pour que l'homme commence par eux sa vie CIlI'é­
tienne, et nullement pour qu'il les oublie lorsqu'il est devenu gl'and,
comme cela al'rive cependant. Pareilles choses sont entendues par
ces paroles, dans Ésaïe: li Que m'importe la multitude de. t'OS
sacrifices? Votre Minchah, vot1'e parfum, vos nouvelles lunes
et vos feuis solennelles, mon dme les déteste: si meme vous
multipliez la prière, Moi, je n'écoute pol)1,(. Lavez-vous, pu­
rifiez-vous, éloignez de devant mes yeux la malice de vos
œuvres, cessez de faire le mal: alors, quand vos péchés se­
raient comme l'écarlate, comme la neige ils deviendront
blancs; quand rouges ils seraient comme la pourpre, comme
la laine ils seront. )l - I. 1.1 à 1.9; - par les sacrifices, la
minchab, les pal'fums, les noU"elles lunes et les fêtes. puis aussi
pal! la prière, sont entendues toutes les choses du culte; par (1 la­
vez-vous, purifiez-vous, éloignez la malice de vos œuvres et cessez
de fail'e le mal, » il est entendu que les choses du culle sont abso­
lument mauvaises, et même abominables, si l'Intérieur n'a pas
été pUl'ifié des maux; que toutes ces choses soient bonnes après
cette puriOcation, c'est ce qui est entendu par les paroles qui
suivent,
9!JO. Justes et véritables, tes chemins, signifie que (ous
les vrais du Ciel et de l' Église sont de Lui: 00 le voit par la
signification des chemins, en ce qu'ils sont les vrais, N° 97; lors
donc qu'il s'agit du Seigneur, il est signifié tous les vr.is du Ciel
et de l'Église; ces cbemins sont dits justes et véritables, parce
que les vrais appartenant au Seigneur et pl'océdant du Seigneur
sont !l'apl'ès le hien, ainsi sont des hiens, car juste dÔ\{ls la Pal'ole
1.70 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N" 940.

se dit du bien. Que les cbemins signifienl les vl'ais, c'est pal'ce que
les vrais, de même que des chemins, conduisent l'homme; c'~t
pourquoi, par les chemins sont signifiés des vl'ais qui conduisent; si
les chemins signifient ces vl'ais, c'est d'apl'ès le Monde spirituel; là,
tous marchent dans des chemins selon leul's vrais; les chemins dans
ce Monde-là ne sont pas comme les chemins dans notre Monde,
c'est-à-dire, aplanis et déterminés d'un lieu à un autre lieu, mais
ils sont ouverts à chacun selon ses vrais; et ils sont tels, que qui­
conque est dans d'autres ·vrais, ne les voit pas, mais celui-là seul
les voit; les chemins conduisent les esprits aux lieux. où ils vont;
par exemple, aux sociétés avec lesquelles ils doivent être conjoints,
ou hors des sociétés dont ils doivent être sépal'és, et enfin à la so­
ciété où ils doivent rester.- Continuation: Quand l'Intél'ieur de
['homme a été purifié des maux, par cela que l'homme y l'enonce et
les fuit pal'ce qu'ils sont des péchés, alors est ouvel'tl'Intel'l1e qui est
au-dessus de l'intérieur, et qui est nommé Interne spirituel; cet In­
terne communique avec le Ciel; de là vient que l'homme a alors
entrée dans le Ciel et est conjoint au Seigneur. II ya chez l'homme
deux. Intel'l1es, l'un au-dessous et l'autre au-dessus; l'Interlle qui.
est au-dessous est celui dans lequel est l'homme et d'après lequel il
peuse 10I'squ'i1 vit dans le Monde, car cet Interne est naturel; pour le
distinguer, il sel'a appelé Intérieur: l'Interne qui est au-dessus est
celui dans lequel vient l'homme après la mort, lorsqu'il entre dans
le Ciel; tous les Anges du Ciel sont dans cet Inteme, car il est
spirituel: cet Interne est OUVe\'t chez l'homme qui fuit les maux
comme péchés, mais il est tenu fermé chez l'homme qui ne fuit pas
les maux comme péchés. La raison pour laquelle cet Interne est tenu
fel'mé chez "homme qui ne fuit pas les maux comme péchés, c'est
que l'Intérieur ou l'Interne naturel est l'Enfer avant que l'homme
ail été purifié des péchés, et tant que l'Enfer est là, le Ciel ne peut
pas êtl'e ouvert; mais dès que l'Enfel' a été éloigné, alol's il est ou­
vert. Toutefois, il faut qu'on sache que l'Interne spirituel et le Ciel
sont ouverts chez l'homme à proportion que l'Interne naturel est
purifié de l'Enfer qui s'y trouve, ce qui se fait, non ell ulle seule
fois, mais successivement par degrés. D'après cela, on peut voir
que l'homme par lui-même est un Enfel', et que par le Seigneur il
devient un Ciel; que par conséquent le Seigneur l'arl'ache de l'Enfer
Vil)'!). 3, CHAPITR~ QULNZIf~ME. 17'l
et l'élève à Lui dans le Ciel, non immédiatement, mais médiate-
ment; les moyens sont les préceptes nommés il y. a un moment,
pal' lesquels le Seigneur conduit celui qui veut être conduit.
941. Roi des saints, signifie parce que le Divin Vrai, c'est
Lui: on le voit pal' la signification de Roi, quand il s'agit du Sei-
gneul', en ce que c'est le Divin VI'ai, No, 29, 31, 408, 625; et
pal' la signification des saints, en ce que ce sont ceux qui sont dans
les Divins VI'ais d'apl'ès le Seigneur, N° 204. Puisque le Divin
VI'ai procède du Seigneur, Lui-Même est ce Vrai, cal' ce qui pro-
cède de quelqu'un est ce quelqu'un; cela peut être illustré d'apl'ès
les Aqges; il procède d'eux une sphèl'e spirituelle qui vient de l'af-
fection de leU!' vie; celle même affection, qui est en eux, procède
ou est répandue hors d'eux à dislance; ù'après celle affection, les
autres connaissent même quels ils sont et où ils sont; et comme la
sphère pl'océdanl d'eux est la même que l'affection de leur vie en
eux, ils sont eux-mêmes leul' sphèl'e ou l'affection procédante.
Mais du Seigneul' comme Soleil pl'ocède le Divin, qui remplit tout
le Ciel et qui fait le Ciel, et ce Divin est appelé le Divin Vl'ai; de
là il est évident que le Divin Vl'ai, c'est Lui. - Continuation:
LOI'sque l'Intel'ne spiriluel a été ouvert, et que pal' là il a été donné
communication avec le Ciel et conjonction avec le Seigneur, il ya
pOUl' l'homme illustl'alion; l'homme est illustré principalement
quand il lit la Parole, pal'ce que le Seigneut' est dans la Pal'ote, et
que la Parole est le Divin VI'ai, et parce que le Divin Vrai eslla Lu-
mière pour les Anges. L'homme est illustl'é dans le Rationnel, car
le rationnel a été placé le plus près sous l'Interne spil'Huel, etl'eçoit
la lumière du Ciel, la tl'ansporte dans le natul'el pUI'ifié des maux,
remplit ce naturel des connaissances du vrai el du bien, et adapte
aussi à ces connaissances les sciences qui viennent du monde afin
qu'elles confh'ment et concordent: de là vient à l'homme le Ralion-
nel, et de là lui vient aussi l'entendement; celui qui croit que
l'homme a le l'ationneJ et l'entendement, avant que son naturel ait
été purifié des maux, se tl'ompe lJeaucoup; cal' l'entendement con-
sisle à voil' les vl'ais de l'Église pal' la Lumière du Ciel, et la Lu-
mièl'e du Ciel n'influe pas chez un autre. Les faux de la religion
et de l'ignol'ance et les illusions sont dissipés à mesme que l'ellten-
t1ell1cnl cst pCI'fccl,iollnc.
172 L'APOCALYPSE EXPLlQU.ÉK N" 042.

9&2. Qui .ne Te craindrait, Seigneur, signifie le culte du


Seigneur d'après le bien de l'amour: on le voit pal' la signifi­
cation de craindre le Seigneur, en ce que c'est Lui rendre un
culte; que ce soiL d'après le bien de l'amoUl', c'est parce qu'il est
dit ensuite (C qui ne glOl'ifierait ton Nom?» par quoi il est signifié I~
culte d'apl'ès les l'rais qui pl'ocèdent de ce bien; si ces deux sont
entendus, c'est parce que tout culte du Seigneul' ex.isLe d'après le
bien de l'amour pal' les vl'ais; le bien craint le SeigoeUI', et les
vrais Le glol'illent. Par le culte d'après le bien de l'amour il est
entendu le culle par ceux qui sont dans le bien de la vie, chez les
null'es il n'y a pas le oulte d'après le bien de l'amoul'; le vrai cult~
consiste aussi dans la vie selon les pl'éceptes du Seigneul', et faire
les préceptes du Seigneur, c'est l'aimer. Ce qui, en outre, est en­
tendu par craiudl'e le Seigneur, on le voit ci-dessus, N° GÛG. ­
Continuation: Après que l'homme, par l'ouvel'ture de SOli Intel'Oe,
a eu entrée dans le Ciel et en reçoit la lumièl'e, les mêmes aft'ec­
tions, dont jouissent les Anges du Ciel, lui sOnt communiquées avec
les chal'mes et les plaisirs de ces affections: la Pl'enlière affection
qui est alors donnée est l'affection du nai, la Seconde est l'affection
du bien, et la Troisième est l'affection de fmctifiel'. En effet, après
que l'homme a eu entrée dans le Ciel et dans la Lumière et la Cha·
leur du Ciel, il est semblable à "A1'bl'e qui cmlt d'après sa semence;
sa pl'emière pousse vient de l'illustration, sa floraison avaot le fruit
vient de l'affection du vl'ai, la nais~ance du fI'uit qui en l'ésulte vient
de l'affection du hien, la multiplication de lui-même de nouveau en
al'bl'es vient de l'affection de fructifier: la chaleur du Ciel, qui est
l'amour, et la lumière du Ciel, qui est l'entendement du vl'ai d'a­
pl'ès cet amour, produisent dans les sujets vivants des choses sem..
blables à celles que la chaleur et la lumitl'e du monde produisent
dans les sujets non vivants: si elles produisent des chose;> sembla­
bles, c'est d'après la cOI'respondance. Mais la production se fait de
part et d'autre dans la saison du printemps; la saison du printemps
pour l'homme, c'est lorsqu'il entre dans le Ciel, ce qui al'l'ive quand
son Interne spirituel est ouvert; avant cela, c'est pour lui la saison
de l'hiver.
0!l3. Et ne glorifierait ton Nom, signifie le culte du Sei­
[lr/eur d'après le[, vrais qui procèdent de cc bien: on le voit
Vers. 4. CHAPITRE QUINZIÈME, 173
par la signi6calion de glorifier le Nom du seigneur, en ce que
c'est Lui rendre un culte d'apl'ès les v~ais qui procèdenf do bien,
car par le nom du Seigneur sont signifiées toules les choses par les:
quelles il est adoré; voir N°' 102, 135,696,815; et par Le glo­
l'jOel' ou Lui donnel' gloire il est signifié vivl'e selon ses Divins
Vrais, N° 87li; et viVl'e selon ses Divins Vrais, c'est Lui rendre
un culte, comme il a été dit dans un A!'ticl~ précédent.- Conti­
nuation : L'homme a l'affection du vl'ai lorsqu'il aime le vrai et a
en avel'sion le faux; il a l'affection du hien lorsqu'il aime les bons
usagp,s et a en aversion les mauvais usages; et il a·l'affection de
fructifiel' 10I'squ'i1 aime à faiJ'e les biens et fi êlt'e utile. Toule joiè
célesle esl dans ces affections et vient de ces affections; celte joie
ne peut être décl'ite par des comparaisons, cal' elle est au-dessus
de toute comparaison, et en outre elle est éternelle.
9!llJ. Cal' Seul tu es Saint, signifie pal'ce qu'il est le Bien
Meme et le Vrai Même, et que par suite tout bien et tout vrai
procèdent de Lui: on le voit pal' la signification du Saint, en ce
que c'est le Divin qui procède du Seigneur, car cela Seul est Saint
et est appelé le Divin Bien uni au Divin Vrai, et comme cela pro­
cède du Seigneur, c'est Lui-Même; car ce qui procède de Lui, c'est
cc qui est en Lui, ct par conséquent c'est Lui-Même; de là vient que
le Seigneur est le Di\'in Bien Meme ct le Divin Vl'ai Même. 11 en
est de cela comme de la chaleur et de la lumière qui procèdent du
soleil dans le Monde, ou même d'une flamme de feu; la chalcUI' et
la lumièl'e viennent du soleil, cal' elles viennent de ce qui est dans
le soleil; dans le soleil il y a un feu pur; ce feu hors du soleil est
une chaleur décroissant selon la distance de lui, et la lumière en
est la modincation ou l'action intérielll'e dans les substances qui
sont hOl's du soleil, et aussi pal' son feu; ces substances, dans les­
quelles celle modification et celle action existent et se font, sont
appelées atmosphères; d'après l'analogie correspondante, on peut
tirer des conclusions concernant la Chaleur et la Lumièl'e qui pro­
cèdent du Seigneur comme Soleil dans le Ciel; là, le SeigneUl'
comme Soleil est le Divin Amour, et la Chaleur qui en pl'ocMe est
le Divin Bien, el la Lumière qui en procède est le Divin Vrai: la
Chaleur procédantc, qui est le Divin Bien, est le Divin AmOllI'
dans son extension; et la Lumièl'e procédante, qui est le Divin
-
17!J L' APOCALYPSE EXPLIQO(~E, Na 9M,

Vrai, eslla modification ou l'action intérieure dans les sul)stances


qui sont hors de Lui; ces substances, dans lesquelles se fait celle
modification, sont les atmosphèl'es spit'ituelles, d'après lesquelles
les Anges respirent et vivent. Comme les semblables dans le Monde
sont des analogues correspondants, c'est pour cela que le Feu ùans
la Parole signifie l'Amour, la Chaleur le Divin Bien, et la Lumière
le Divin Vrai: la différence est, que comme la chaleuI' et la lu­
mière du Ciel vivifient les essences spirituelles, ainsi la chalem et la
lumière du monde vivifient les essences naturelles, mais néanmoins
la chalem' et la lumière du monde vivifient, non pas d'après elles­
mêmes, mais d'après la chaleur et la lumière du Ciel, ainsi d'après
le SeigneuI'. Ces choses ont été dites, afin qu'on sache que le Sei­
gneU!' est le Divin Bien Même et le Divin Vrai Même, ainsi Seul
Saint, - Continuation: C'est dans cet état que vient l'homme
qui fuit les maux comme péchés et toume ses regal'ds vers le Sei­
gneur : et il vient dans cet état en tant qu'il a en aversion et dé­
teste les manx comme péchés, et que de cœur il reconnait et adore
le SeigneUl' Seul, et Son Divin aussi dans l'Humain: c'est là le
sommaire.
9!J5. C'est pourquoi toutes les nations viendront et adore­
ront devant Toi, signifie que tous ceux qui sont drllls le bien
de "amour, et par suite dans tes vrais, recormaitront son
Dim'n : on le voit par la signification des nations, en ce qu'elles
sont ceux qui sont dans le bien de l'amoUl' et par suite dans les
vrais, Nol 175, 331,625; et pal' la signification d'adorer, en ce
que c'est l'econnaill'e de COlm' et l'endre un culte, No' 790, 805,
821, Que pal' loutes les nations il ne soit entendu que ceux-là,
cela est évident, car il y en a aussi qui ne recollnaltl'ont pas le Sei­
gneur, - Continuation: Quand l'homme est dans cet état, alors
il a été élevé au-dessus de son p.'opre : ell effet, l'homme est dans
son propre IOl'squ'il est seulement dans l'externe natureli mais il a
été élevé au-dessus du propre 10l'squ'il est dans l'Interne spirituel:
l'homme ne sent pas qu'il a été élevé au-dessus du prop"e. si ce n'est
en ce qu'il ne pense pas aux maux, et qu'il a en aversion d'y pen­
sel', et en ce qu'il se plait dans les vl'ais et dans les u:>.ages bons;
si cepenùant cet homme avance davantage dans cet état, il perçoit
j'influx par quelque pensée, mais néanmoin:>. il n'est pas d~tourné
"ers. 4. CHAPITRE QUINZIÈME. 175
de pensel' et devouloil' comme pal' lui-même, car le SeIgneur veut
cela à cause de la l'éfol'mation; cependant l'homme doit reconnallre
que rien de bien ni pal' suite l'ien de vrai ne vient de lui, mais que
tout bien et tout vl'ai vient du SeigneUl'.
9lJ6. Parce que tes jugements ont été manife.~tés, signifi
que les Divins Vrais leur ont été dl.:élés : 011 le voit par la si­
gnification des jugements, en ce qu'ils sont les Divins VI'ais, ainsi
qu'il va être montré; et pal' la signification d'être manifesté, en
ce que c'est êtl'e révélé. Que les Divins Vrais soientl'évélés à la fin
de l'Église, et qu'ils aient été révélés, cela sera dit dans ce qui suit
dans ce Chapitre, parce que là il en est question. Si les Jugements
signifient les Divins Vrais, c'est parce que les Lois du gouvel'lle­
ment dans le Royaume spil'ituel du Seigneul' sont appelées Juge­
ments, tandis que les Lois du gouvemement dans le Royaume cé­
lesle du Seigneur sont appelées Justice; cal' les Lois du gouverne­
ment dans le Royaume spirituel du Seigneul' sont des Lois d'après
le Divin Vrai, tandis que les Lois du gouvernement dans le Royaume
céleste du SeigneUl' sont des Lois d'apl'ès le Divin Bien; de là vient
que dans la Parole il esl dit Jngemenl el Justice dans les passages
sUÏ\'ants; dans Ésaïe: lt A la paix il n'y aura point de fin sur
le trône de Dunid, pour ['affermir et le soutenir en Jugement
et en Justice dès maintenant et ù éternité. )l - IX. 6; - ceci
a été dit du Seigneul' et de son Royaume; son Royaume spirituel
est signifié pal' le tl'One cie David, el parce que ce Royaume est
dans les Divins Vrais d'après le Divin Bien, il est dit (c en Juge­
ment et en Justice. » Dans Jérémie: lt Je susciterai à David un
germe juste, et qui régnera Roi, et avec intelligence agira,
et fera Jugement et Justice. Il - XXIII. fi; - ceci aussi a
été dit du Seigneur et de son Royaume spil'itllel, et comme ce
Royaume est dans les Divins Vl'ais d'après le Divin Bien, il est dit
qu'il régnel'a Roi, et qu'avec intelligence il agira, et qu'il fera. Ju­
gement et Justice; le Seigneur est appelé Ro1 d'après le Divin
VI'ai; et comme le Divin Vrai est aussi la Divine Intelligence, il
est dit qu'avec inlelligence il agira; et comme le Divin Vrai vient
du Divin Bien, il est dit qu'il fera Jugement et Justice. Dans
Ésaïe: II Exalté soit .Jéhovah, cal' il habite haut; il a rempli
Sion de Jugement el de Justire. » - XXXIII. 5; - par Sion
176 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N' 946.

il est entendu le Ciel et l'Église où le Seigneur règne par le Divin


Vrai; et comme tout Divin Vrai est d'après le Divin Bien, il est
dit (t il a rempli Sion de Jugement et de Justice. Il Dans Jél'émie :
Il "'foi, Jéhovah, je fais Jugement et Justice en la 'terre,

parce qu'en ces choses je me plais. Il - IX. 23 ; - ici encore


par jugement el justice il est signifié le Divin Vrai d'après le Divin
Bien. Dans Ésaïe: Il Qu'ils M'interrogent sur les Jugements
de Justice; que l'approche de Dieu ils désirent. Il - LVlII.
2; - les jugements de justice sont les Divins Vrais d'après le Di­
vin Bien; pareillement aussi le Jugement el la Justice, cal' le sens
spil'ituel conjoint les choses que le sens de la lettl'e distingue. Dans
Rosée: Il Jete fiancerai li Moi li éternité, et je te {iancemi à
Moi en Justice et Jugement, et en miséricorde el en vérité, Il.
- Il. 1.9, 20; - là, il s'agit du Royaume céleste du Seigneur,
se composant de ceux qui sont dans l'amoul' envers le SeigneUl';
et comme la conjonction du SeigneUl' avec eux est, pal' comparai­
son, comme la conjonction du mal'i avec l'épouse, cal' le bien de
l'amour conjoint ainsi, c'est pour cela qu'il est dit Il je te fiance­
tai à Moi en Justice et Jugement; Il il est dit Justice en premier
lieu et Jugement en second lieu, parce que ceux qui sont dans le
bien de J'amour envers le Seigneur sont aussi dans les vrais, cal'
d'après le bien ils les voient; comme la Juslice se dit du bien, et
que le Jugement se dit du n'ai, c'est pOUl' cela qu'il est dit aussi
Il en miséricorde et en vérité; II la misél'icorde aussi appartient au

bien, pm'ce qu'elle appartient à J'amour. Dans David: Il J éhowlt!


dans les Cieux, ta Justice, ('omme les montagnes de Dieu,
et tes Jugements, comme un abîme grand. Il - Ps, XXXVIr
6, 7; - la Justice se dit du Divin Bien; c'est pOUl'quoi elle est
cornpal'ée aux montagnes de Dieu, cal' pal' les montagnes de Dieu
sont signifiés les biens de l'amoUl'; voir NOlla05, 510, 850; et les
Jugements se disent des Divins VI'ais; c'est poul'quoi ils sont com­
parés à un abîme gl'and, car par un abîme grand est signifié le
Divin VI'ai. ,D'après ces considérations, on peut maintenant voir
que par les Jugements sont signifiés les Di\'ins VI'ais. Dan~ beau­
coup de passages, dans la Parole, il est dit aussi les Jugements, les
PI'éceptcs et les Statuts, cl là pal' les Jugements sont signifiées les
Lois civiles, par les Préceptes les Lois de la vie spirituelle, el par
Vers. 4. CHAPITRE QUINZIÈME. . 177
les Statuts les Lois du culte; que pal' les Jugements soient signi­
liées les Lois civiles, on le voit d'après l'Exode, Chap. XXI, XXII,
XXIll, où les choses qui y sont commandées sont appelées Juge­
ments, pal'ce que d'après elles étaient l'endus les Jugements par des
Juges aux pOl'tes des villes; mais toujours est-il que ces mêmes
choses signifient les Divins Vrais, tels qu'ils sonL dans le noyaume
spirituel du Seigneur dans les Cieux, cal' elles contiennent ces vrais
dans le sens spirituel, comme on peut le voir par leur Explication
'. dans les ARCANES CÉLESTES, N°' 897t à 9103, N°' 9f24 à 9231,
Not 9247 à 93la8. Que les Lois chez les fils d'lsl'a8l aient été ap­
pelées JugemenLs, Pl'éceptes et StaLuts, on le voit par les passages
suivants; dans Moise: Il Je te prononcerai tous les Préceptes.
les Statuts et les Jugements. que tu leur enseigneras. afin
qu'ils (es fassent. » - Deutél'. V. 28. - Dans le Même: « Ce
sont ici {es Préceptes, les Statuts et {es Jugements qu'a com­
mandé Jéhovah t'otre Dieu de vous enseigner. )1 - Deutér.
VI. 1.. - Dans le Même: Il Tu garderas donc les P/'éceptes, les
Statuts et les Jugements que Moi je te commande aujour­
d'Inti, afin que tu (es fa~ses.» - Deutér, VII. 11. - Dans Da­
vid : II S'ils abandonnent, ses fils. ma Loi. et dans mes Juge­
ments ne marchent point; si mes Statuts ils profanellt, et mes
Préceptes ils ne gardent point. je visiterai par la verge leur
prévarication. 1) - Ps. LXXXIX. 3i, 32, 33 : - et en oUll'e
plusieurs fois ailleUl's, comme - Lévil. XVIII. 5. XIX. 35. XX.
22. XXV. 18. XXVI. 15. Dentél'. IV.1. V. 1,6,7. XVIlI. 19.
XXVI. 17. Ézéch. V~ 6, 7. XI. :12, 20. XVIlI. 9. XX. H,
13,25. XXXVII. 24; - dans ces passages, pal' les Pl'éceptes
sont entendues les lois de la vie, SUl'WUt celles qui sont dans le Dé­
.clliogue, lesquelles pOUl' cela même sont appelées les dix PI'éceptes;
pal' les Statuts sont entendues les lois nu culle, qui concernaient
printlpalement les sacrifices et les saints ministères; et pal' les Ju­
gements sont entendues les lois civiles, et comme ces lois étaient
l'eprésentatives des spirituels, pal' elles sont signifiés les Divins
Vrais, tels qu'ils sont dans le R~yaume spirituel du SeigneUl' dans
les Cieux. - Continuation: Lors donc que l'homme fuit et a Cil
3\'ersion les maux comme péchés, et qu'i1 a été élevé par le Seigneur
dans I.e Ciel, il s'ensuit qu'jlu'est plus dans son pl'Opre, mais qu'il
\'l. 12.
1.78 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 946,

est dans le Seigneur, et que pal' suite il pense et "eut les biens :
maintenant, comme l'hommll agit en confol'mité de ce qu'il pense
et veut, car loute action de l'homme procède de la pensée de sa
volonté, il s'ensuit de lIouveau que lorsque l'homme fuit et a en
aversion les maux, il faiL les biens, non par lui-même, mais d'a­
pl'ès le Seigneul' : de là vient donc que fuil' les maux, c'est faire
les biens: les biens que l'homme fait alors sont entendus pal' les
bonnes œUVI'es, et les honnes œunes dans tout le complexe sont
entendues pal' la chal'ité. Comme l'homme ne peut être réformé à
moins qu'il ne pense, ne veuille et n'agisse comme par lui-même,
- ce qui est fait comme par l'homme lili-même est conjoint à lui
et l'este chez lui, mais ce qui n'est pas fait comme par l'homme
lui-même, n'étant reçu par aucune vie des sens, ll'ansllue comme
l'éther, - c'est pOUl' cela que le Seigneur veut que l'homme non·
seulement fuie et aie en aversion les maux comme pal' lui-même,
mais encore qu'il pense, veuille et agisse comme par lui-même, et
que néanmoins il l'econnaisse de cœur que tout cela vient du Sei­
gneul' : il le reconnatll'a, parce que cela est Vl'ai.
9la7. Vers. 5, 6. Et après ces choses, je vis, et voici, ou­
l)ert fut le Temple du Tabernacle du Témoignage dans le
Ciel. - Et sortirent les sept Anges, qui m'aient les sept
plaies, hors du Temple, vetus d'un lin pur et éclatant, et
ceints autour de la poitrine de ceintures d'or.-Et après ces
c11O.~es, je ds, et voici, ouvert fut le Temple du Tabernacle du
Témoignage dans le Ciel, signifie le Divin Vrai intérieul' dans
la Parole, révélé d'après le Seigneur: et sorti/'ent les sept An­
ges, qui avaient les sept plaies, hors du Temple, signifie que
[Jar là furent manifestés tous les maux et pal' suite les faux, et tous
les faux et par suite les maux, qui avaient dévasté l'Église: v2tus
d'un lin pur et éclatant, signifie pal' le Divin Vl'ai ou la Pal'ole
dans le sens spirituel: et ceints autour de la poitrine de cein­
tures d'or, signifie le Divin Bien spil'Uuel contenant les vrais
en ordre et en connex ion.
9la8. Et après c~s choses, je ViII, et voici, ouvert fut le
Temple du Tabernacle du Tlmoignage dalls le Ciel, signifie
le Divin Vmi intérieur dans la Parole, rét'été d'après le Sei­
gnrw.r : on le voit par la signification du Temple, en ce que c'est
Vers. 5. CHAPITRE QUINZIÈME. , ii9
le Divin Vl'ai d'après le Seigneur, N°' 220, 391, 915; par la si­
gnification du Tabernacle du Témoignage. en ce que c'est aussi
le Divin Vrai mais intél'ieul\ car par le Tabel'nacle il est signifié la
même chose que par le Temple; mais quand il est dit le Temple
du Tabernacle du Témoignage, il est signifié le Divin Vrai inté­
l'ieur; que ce vrai ait été révélé, cela est entendu en ce que Jean
Il vit que ce Temple avait été ouvel't dans le Ciel. Il Pal' le Divin

Vrai intérieUl' l'évélé il est entendu la Pal'ole quant au sens intel'ne,


car la Parole' est le Divin Vrai, et le sens intel'De ou spirituel est ce
vl'ai intérieur, Par le Témoignage il est entendu la Loi qui avait
été placée dans l'Al'che, laquelle pal' conséquent avait été appelée
l'Arche du Témoignage: quant à ce que signifie le Témoignage
dans le sens lal'ge et dans le sens strict, voir ci-dessus, N°'1 0, 392,
635, 6!J9, 749. Dans ce qui va suivre dans ce Chapitre, il s'agit
de la Parole intérieurement révélée avant que l'Église ait été enliè­
l'ement dévastée, cal' dans le Chapitre suivant il s'agit de sa com­
plèle dévastation, qui est décl'ile par les sept Anges qui avaient les
sept fioles pleines de la colère de Dieu et par ces fioles versées sur
la lel'I'e, Si la Pal'ole a été l'évélée intérieurement, c'est-à-dire, quant
au sells spirituel, avant que l'Église ail été complètement dévastée,
c'est parce qu'alol's devait êl1'e instaurée la Nouvelle Église, à la­
quelle sont invités ceux qui sont de la précédente Église, et le Divin
Vl'ai intél'ieur révélé est pOUL' la Nouvelle Église; ce vrai n'a pu être
l'évélé auparavant pour des raisons dont il sel'a pal'lé dans ce qui
suit. Il a été fait alol's la même chose que ce qui fut fait à la lin de
l'Église Juive; en effet, à la fin de celle Église, c'est-à-dire, quand
le SeigneUl' vint dans le Monde, la Parole intérieure fut ouverte;
car le Seigneur, lorsqu'il était dans le Monde, a l'évélé des vrais
intérieurs qui devaient servir et aussi servaient à la Nouvelle Église
qu'il allait instaUl'el' l aujourd'hui aussi, pour des raisons sembla­
bles, la Parole intérieure est ouverte, et par suite ont été révélés
des Divins Vl'ais encore plus intérieurs qui servÏ1'ont à la Nouvelle
Église, qui sel'a appelée la Nouvelle Jérusalem. Quelle a été la Di­
ville Pl'ovidence du SeigneUl' en révélant les Divins Vrais, on peut
le voit' par les Églises pl'ogressivement instaul'ées : il y a eu sur
notre globe plusieurs Églises l'une apl'ès l'autre; il Ya eu la Très"­
Ancienne, qui exista avant le Déluge; il y a eu l'Ancienne, qui
180 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N° 948,

exista apl'ès le Déluge; puis l'Hébraïque, et ensuite l'Isl'aélite;


après celle-ci il y a eu la Chrétienne, ct maintenant commence la
Nouvelle: les Divins Vl'ais intimes furent ré\'élés à ceux qui étaient
de la TI'ès-Ancienrre Église; les Divins Vrais extéricurs fUl'ent l'é­
vélés à ceux qui étaient de l'Ancienne Église, et les vl'ais ex trêmes
ou demiers à l'Église Hébraïque, ct c!1suite à l'Église Israélitc, avec
laquelle enfin tout Vrai Divin a péri; car dans la Pal'ole il n'y eut
enHn aucunc chose qui n'ellt pas été adultél'ée; mais après la fin de
cette Églisc, des vl'ais intél'ieuI's furentl'évélés par Ic SeigncUl' pOUl'
l'Église Chrétienne,..et maintcnant des vrais encOI'C plus intél'ieurs
sont l'évélês pOUl' l'Églisc à venÎl'; ce sont ces Vl'ais intél'ieuI's qui
sont dans le sens intel'ne ou spirituel dc la Pal'ole, D'apl'ès ces
considél'ations, il est évident qu'il ya eu progression dl! Divin Vl'ai
des intimes aux derniel's, par conséquent de la sagesse à l'igno­
rance complète, et que maintenant sa progression. se fait des del'­
niers aux intérieurs, par conséquent de l'ignol'ance de nouveau à
la sagesse, -- Continuation: La Religion chez l'homme consiste
dans la vie selon les préceptes Divins qui sont sommail'ement
contenus dans le Décaloguc; chez celui qui ne vit pas selon ces
pl'éccptes il ne peut pas y avoir de religion, cal' il ne cl'aint pas
Dieu, et il l'aiMe encore moins; il ne cl'3int pas non plus l'hommc,
et il l'aime enco1'C- moins; craint-il Dieu ou l'homme, celui qui
volc, commet adullère, tue, })orte faux témoignage? Toutefois, ce­
pendant, caacun peut vivre selon ces préceptes; et celui-là qui est
sagc les observe comme homme civil, comme homme moral et
comme homme natul'el; mais r,elui qui ne vit pas selon ces pl'é­
ceptes comme homme spil'itual ne peut êll'e sa'uvé; en effet, ViVl'C
selon ces préceptes comme hommc spirituel, c'cst à cause du Divin
qu'ils renferment; mais vivl'e selon eux comme bomme civil, c'est
à cause du juste, et pOUl' évitel' les peines du monde; vivi'e selon
eux comme homme moral, c'est à cause de l'honnête, et pour évi­
ter la pel'te de la l'éllutation et de l'honneul'; el vivre selon eux
comme llOmme nalUl'el, c'est à cause de l'humain, et pour évitel'
de passel' pour un insensé 1 les Lois lant civiles que morales el na·
tUI'elles enseignent toutes qu'oll ne doit ni voler, ni commettre
adu1tèl'e, ni tuer, ni portel' faux t~moignage; mais loujours est-il
que l'homme n'est pas sauvé, s'il fuit ces maux d'apl'ès ces lois
Vers. 5. CHAPlTilE QUiNZiÈME. 1.81
seules, sans les fuit' aussi d'apl'ès la Loi spirituelle; s'il les fuil d'a­
près cella loi, il les fuit tomme péchés, car chez Ini il y a de la re­
ligion, et il y a la foi qu'il existe un Dieu, un Ciel, un Enler, une
vie après la mort, et m~me chez lui il y a aussi la vie civile, la vie
morale et la vie naturelle; la vie civile parce qu'il yale juste, la
vie morale parce qu'il y a l'honnête, et la vie natul'elle pal'ce qu'il
ya l'humain; mais celui qui ne vit pas selon ces préceptes comme
homme spil'ituel n'est ni homme civil, ni hommoe moral, ni homme
naturel, car il n'y a en Lui ni le juste, ni l'honnête, ni même l'hu­
main, parce que dans ces choses il n'y a pas le Divin; en effet, il
n'y a de bien, qui soit bien en soi et par soi, que le bien qui vient
de Dieu; par conséquent, il n'y a rien de juste, rien de véritable­
ment honnête, ni l'ien de véritablement humain en soi et pal' soi,
que ce qui vient de Dieu, et que ce en quoi il yale Divin, Exa­
mine si quelqu'un en qui est l'enfer, ou qui est un diable, peut fail'e
le juste d'après le juste ou à cause du juste; n'en est-il pas de même
quant à l'honnête, et quant à ce qui est véritablement humain? Ce
qui est véritablement humain est d'après l'ordre et selon l'orllre et
vient d'une saine raison; 01' Dieu est l'ol'dre, et c'est de Dieu que
vient la saine raison: en un mot, celui qui ne fuit pas les maux
comme péchés n'est pas homme. Quiconque considère ces pl'éceptes
comme appartenant à sa religion devient citoyen et habitant du
Ciel; mais celui qui considère ces pl'éceptes comme n'appal'tenant
pas à sa religion, et qui néanmoins dans les extel'Des vit selon eux
d'après la loi naturelle, la loi morale et la loi civile, devient citoyen
et habiLant du monde, mais non, du Ciel. La plupart des nations
connaissent ces préceptes, et les considèrent aussi comme apparte­
nant à leur l'eligion, et vivent selon eux, parce que Dieu le veut el
l'a commandé; par là elles ont communication avec le Ciel et con­
jonction avec Dieu, aussi sont-elles sauvées, tandis qu'aujourd'hui
dans la Chl'éHenté, la plupart considèrent ces préceptes comme ap­
partenant, non à leu l' religion, mais à leUl' vie civile et morale; or,
dans la forme externe jusqu'à ce qu'ils se montl'ent, ils n'agissent
point frauduleusement, ne font point de gains illiciles, ne com­
meLlent point d'adultères, ne pOUl'suivent point ouvOI'tenlcnt les
aull'es par une haine mortelle ni par des vengeanccs, Cl ne pOl'tent
point de faux I.cllIoignagcs; mal!.' ils s'ahsticnnent de ces actions,
182 L'APOCALYPSE EXPUQUÉE. N°9li8.
non pal'ce qu'elles sont des péchés et contl'e Dieu, mais parce qu'ils
craignent pour leur vie, pour leur réputation, pour leurs fonctions,
pour leur commerce, pOUl' leurs possessions, pour lellr honneur ct
le lucre, et pour leOl's plaisÏl'S; c'est pourquoi, si ces liens ne ~es
retenaient, ils les commettraient; ceux-là donc, ne s'étant fait au­
cune communication avec le Ciel ni aucune conjonction avec le Sei­
gneur, mais ayant seulement eu communication et conjoMtion avec
le monde et avec eux-mêmes, ne peuvent être sauvés. Réfléchis:
Quand ces liens externes te seront ôtés, comme il arrive à tout
homme après la mort, si les liens internes .qui appartiennent à la
crainte et à l'amour de Dieu, pal' conséquent à la religion, ne te
retenaient et ne t'en détoul'Daient, ne te précipiterais-tu pas, comme
un diable, dans les vols, les adultèl'es, les massacres, les· faux té­
moignages et les convoitises de tout genre, par amol1r pour ces
maux, ainsi. par le plaisir que tu y trouvel'ais? Que cela arrive
ainsi, c'est même ce que j'ai vu et entendu.
9h9. Et sortirent les sept Anges, qui avaient les sept plaies,
h7Jrs du Temple, signifie que par là furent manifestés tous les
maux et par suite les faux, et tous les faux et par suite les
maux, qui avaient dévasté f Église: on le voit par la significa­
tion des Anges, en ce qu'ils sont les manifestations, comme ci­
dessus, N°' 869, 878, 883; par la signification de sept, en ce que
c'est toutes choses, et entièrement, N°' 257, 300; par la signifi­
cation des plaies, en ce que ce sont des choses qui détruisent la vie
spiI'ituelle, par conséquent l'Église, lesquelles sont les cupidités
provenant de l'amour mauvais et les faussetés, N° 58h, pal' consé­
quent les maux et par suite les faux, et les faux et par suite les
maux; et par la ~ignification du Temple, en ce que c'est la Parole
intérieUl'e révélée, dont il est parlé dans l'Article précédent: d'a­
près ces significations, il est évident que par Il sOl'tirent les sept
Anges, qui avaient les sept plaies, hors du temple, Il il est signifié
que pal' la Parole et pal' son sens spirituel furent manifestés tous
les maux et par suite les faux, et tous les faux et par suite les maux,
qui avaient dévasté l'Église, Il est dit les maux et par suile les
faux, et les faux et par suite les maux, parce qu'il est entendu l'É­
glise chez les Catholiques-Romains, et l'Église chez les Réformés;
ciaez les Catholiques-Romains, des maux et pal' suite des faux ont
Vers. 6. CHAPITRE QUINZIÈME. 183
dévasté l'Église, mais chez les Réformés, ce sont des faux et par
suite des maux: les maux chez les Catholiques-Romains sont les
maux d'après l'amour de dominer par les choses saintes de l'É-
glise sur toutes les choses du Ciel et sur to.utes celles de la terl'e, cet
amour est la SOUl'ce de tous les maux, et de ces maux dél'ivent des
faux de tout genre; mais, chez les Réformés, ce sont des faux et
par suite des maux, les faux ont leUl' source dans le principe de la
justification et de la salvation de l'homme pal' la foi seule, ou par
la foi sans les bonnes œUVI'es, et quand'les bonnes œuvl'es sont sé-
parées de la foi, au lieu de ces œuvres il y a de mauvaises œuvres;
de là vient que chez ceux-ci les faux et par suite les maux ont dé-
vasté l'Église, comme chez les Catholiques-Romains les maux et
par suite les faux. - Continuation: Autant les maux sont éloi-
gnés comme péchés, autant les biens influent et autant l'homme
fait ensuite les biens, non pal' lui-même, mais d'après le SeigneUl'.
Ainsi: Primo. Aulant l'homme n'adore point d'aull'es dieux, et
pal' conséquent n'aime point par-dessus toutes choses lui-même et
le monde, autant influe du Seigneur la reconnaissance de Dieu, et
alors il adore Dieu, non d'apl'ès lui.même, mais d'après le Sei-
gneur. Secundo. Autant il ne profane point le nom de Dieu, et
fuiL par conséquent les cupidités qui ont leur source dans les
amours de soi et du monde, autant il aime les choses saintes de
la Parole et de l'Église, car elles sont le Nom de Dieu; et les
cupidités, qui ont leur source dans les amours de soi et du
monde, les profanent. Tertio. Autant il fuit les vols, par con-
séquent aussi les fraudes et les gains illicites, aulant la sincél'Ïlé Cl
la justice entrent en lui, et il aime le sincère et le juste d'après le
sincèl'e et le juste, et par suite il agit avec sincérité et justice, non
par lui-même, mais d'après le Seigneur. Quarto. Autant il fuit
les adultères, par conséquent aussi les pensées inchastes et déshon-
nêtes, autant entre en lui l'amour conjugal, qui est l'amoUl' intime
du Ciel, amoul' dans lequel réside la chasteté même, Quinto. Au-
tant il fuit les homicides, pal' conséquent aussi les haines mortelles
et les vengeances qui respil'ent la mort, aUlant le Seigneur entre
avec la miséricorde et l'amoUl', Sexto, Autant il fuit les faux té-
moignages, pal' conséquent aussi les mensonges et les blasphèmes,
autant pal' le Seignenr entre la vérité. Septimo. Antant il fuit la
18!l L'APOCALYPSE EXPUQUÉE. N" 949.

convoitise des maisons des autres, par conséquent aussi l'amour et


par suite les cupidités de posséder les biens des autl'es, autant pal'
le Sei·gnelll' entl'e la charité à l'égard du prochain. Octavo. Autant
il fuit la convoitise des épouses des autres s de leurs servitem's, etc.,
pal' conséquent aussi l'amour el par suite les cupidités de dominel'
sur les autl'es, - car les choses qui sont nommées dans ce précepte
sont les propr'es de l'homme, - autant entre l'amour envel's le
SeigneUl'. Dans ces huit pl'éceptes sont contenus les maux qu'on
doit fuir; mais dans les deux autres, à savoil', dans le Tr'Oisième
et dans le Quatrième, sont contenues certaines choses qu'on doit
faire, à savoil', qu'on doit sanctifier Je Sabbalh, et honorer ses pa­
rents; quant à la manière dont ces deux préceptes doivent etre en­
tendus, non pal'les hommes de l'Église Juive, mais par les hommes
de l'Église Chrétienne, cela sera dit ailleurs.
g50. Vétus d'un lin pur et éclatant. signifie par le Divin
Vrai ou la Parole dans le sens spirituel: on le voit pal' la si­
gnification du lin. en ce que c'est le vrai, et, quand il s'agit du
Seigneur ou de la Pal'ole, le Divin Vrai; ce vrai est dit pur parce
qu'il esl réel, et il est dit éclatant d'après la lumière dans le Ciel,
lumière qui est éclatante, car pal' elle bl'illent toutes les choses qui
y sont; le Divin Vrai pl'océdant du Seigneur est ce qui appayait
çomme Lumière devant les yeux des Anges, et cela, pal'ce que le
Divin Vrai illustre lem' entendement, et ce qui illustre l'entende­
ment des anges brille devant leurs yeux: tel est le Divin Vrai clans
le Ciel, et telle est la Parole dans son sens spirituel, mais le Divin
Vrai sur la terre est tel que se pr'ésente la Parole dans le sens cie la
lettre, dans lequel il apparait peu de vrais réels tels qu'ils sont dans
le Ciel, mais ce sont des apparences du vrai; l'homme naturel n'en
reçoit pas d'autl'es; mais les vrais réels, tels qu'ils sont dans le
Ciel, se tiennent néanmoins cachés dans ces apparences du vrai,
car ils sont dans le sens-spirituel de la Parole. D'après ces consi­
dérations, il est évident que par cela que cr les Anges sortirent dll
Temple vêtus d'un lin pur et éclatant, )l il est signifié que les maux
et les faux qui ont dévasté l'Église ont été manifestés par le Divin
Vl'ai ou pal' la Parole d'après son sens spirituel. Si le sens spirituel
de la Parole est maintenant dé'"oilé, il y a de cela plusieurs causes :
Une Première, c'est q.~c les Églises dans le Monde Chrétien onl
VCI'S. 6. CHAPITRE QUINZIÈME. 185
falsifié tout le sens de la lellre de la Parole, et cela Jusqu'à des­
truction du Divin Vrai dans le Ciel, ce qui a fermé le Ciel; o'est
pourquoi, afin que le Ciel fO.t ouvert, il a plu au Seigneur de révé­
ler le sens spiI'itucl de la Parole, dans lequel sens il yale Divin
Vrai tel qu'il est dans le Ciel; cal' pal' la Pal'ole il y a conjonction
de l'homme avec' le SeigneUl', et par suite avec le Ciel; quand la
Parole est falsifiée jusqu'à destruction de son vrai réel, alors la
conjonction est détl'uite, et l'homme est séparé du Ciel; afin donc
que l'homme fOL de nouveau conjoint au Ciel, le Divin Vl'ai lei qu'il
est dans le Ciel a élé révélé, el cela a été confirmé par [e sens spi­
rituel de la Parole, dans lequel est ce Divin Vrai, Une Seconde
cause, c'est que les faux qui ont inondé l'Église, et l'ont dévastée,
ne. pouvaient êlre dissipés que pal' le Vl'ai réel ouvert dans la Pa­
role; les faux el par suite les maux el les maux et pal' suite les
faux ne peuvent nullemenl être vus, si ce n'est d'après les vl'ais
eux-mêmes; cal'les faux et [es maux, tant que [es vrais réels ne
sont point pl'ésents, apparaissent comme dans une certaine [u­
mière; la lumière leur vient des confil'mations par les raisonne­
ments til'és de ['homme nalurel, et par [e sens de la lettre ex­
pliqué et appliqué selon les apparences devant cet homme; mais
quand les vl'ais réels sont présents, alors pour la première fois
apparaissent les faux et [es maux; car la lumière du Ciel, qui
est aux vrais l'éels, dissipe [a lumière chimérique des faux et la
chonge en ténèhl'es, Une Troisième cause, c'est que la Nou­
velle Église, qui est entendue par la Sainte Jérusalem dans l'A­
pocalypse, a élé conjointe au Ciel pal' les Divins Vrais de la Pa­
role, qui sont dans son sens spiI'itue[, cal' la Parole est la conjonc­
tion, mais elle est la conjonction alors que l'homme perçoil la Po­
ro[e de même que les Anges la perçoi\'ent. Que le Lin signifie le
Vrai, on le verl'a dans ['Article suivant, - Continuation sur le
Premier Précepte: Tu ne te feras point d'autres dieux enveloppe
aussi la défense de s'aimer et d'aimel' le monde par-dessus toutes
choses; cal' ce qu'on aime pal'-dessus toutes choses, cela est Dieu,
II y a deux amoUl's aosolument opposés l'un à J'autre; l'amoul' de
soi et l'amour envers Dieu, de même l'amoul' du monde el l'amour
du Ciel; celui qui s'aime aime son propl'e, et le propre de ['homme
n'esl que le mal, par suite aussi celui-lit aime le mal dans 10llt
186 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 950.

le complexe, et celui qui aime le mal a de la baine pour le bien,


et par conséquent aussi pour Dieu, Celui qui s'aime par-dessus
toutes choses plonge ses affections et ses pensées dans le corps, et
ainsi dans son pl'Opl'e, d'où il ne peut par conséquent être élevé par
le Seigneur; et celui qui s'est plongé dans son corps et dans son pro­
pl'e est dans les idées corporelles et dans les voluptés qui appartien­
nent absolument au corps, et par suite dans les ténèbres quant aux
choses qui sont au-dessus, tandis que celui qui est élevé par le Sei­
gneur est dans la lumière; et celui qui est, non dans la lumière du
Ciel, mais dans les ténèbres, ne voyant l'ien de Dieu, Ilie Dieu, et
reconnalt pour Dieu ou la nature, ou un bomme, ou une idole, et
il aspire aussi à être adoré lui-même comme un Dieu; de là résulte
donc que celui qui s'aime par-dessus toutes choses adore d'autres
dieux, 11 en est de même de celui qui aime le monde, mais c'est
dans un degré moindre, car on ne peut pas aimer le monde autant
qu'on aime le prop1'6, aussi aime-t-on le monde d'après le propre
et à cause du propl'e, parce qu'il est utile au. propre, Par l'amour
de soi, il est entendu principalement l'amour de dominel' sur les
aull'es par le seul plaisir de la domination et pour la suprématie,
et lion pal' le plaisil' des usages ni pOUl' le bien public; et par l'a­
mour du monde il est entendu principalement l'amour de posséder
des biens dans le monde par le seul plaisil' de la possession et pOUl'
l'opulence, et non par le plaisir des usages qu'on en pourrait faire,
ni pOUl' le bien qui en résulterai!, Ces deux amoUl'S ne connaissent
point de bornes, ils s'élancent avec impétuosité à l'infini autant
qu'ils en ont la faculté,
951, Puisque par les sept Anges, qui avaient les sept plaies,
les dernières, il est signifié la manifestation des maux et des faux
qui ont dévasté l'Église, et que la manifestation a été faite pal' le
Divin Vrai dans la Pal'ole, voilà poul'quoi ces Anges appal'Urent
vêtus d'un lin pur et éclatant, car par le lin pUI' et éclatant est si­
gnifié le vl'ai réel: tous les Anges apparaissenf même vêtus selon
leUl's fonctions, cal' les vêtements dont ils marcbent revêtus corres­
pondent à leurs ministères, et en général à leurs intérieurs; les
Anges qui sont sages d'après le Divin Vl'ai apparaissent en vête­
ments blancs de satin, de On lin (byssus) ou de lin, parce que le
satin, le On lin el le lin cOl'l'espondent aux vrais dans lesquels ils
Vers. 6. CHAPITRE QUINZIÈME. 18i
sont: c'est même pour cela quoAharon et ses fils avaient des vêle­
ments de lin avec lesquels ils exerçaient le minislère; il en est pal'lé
ainsi dans Moïse: Il Tu feras pour Aharon et pour ses fils des
caleçons de lin pour couvrir la chair de leur nuditl, depuis
les lombes jusqu'aux cuisses; ils seront sur eux, quand ils en­
treront dans la Tente de convention, et qu'ils approcheront
de l'Autel pour exercer le ministère dans le Saint, en sorte
qu'ils ne portent point iniquité et ne meurent. II - Exod.
XXVlll. !12, !l3. - Ailleurs: Quand Aharon entrera dans
(1

le Saint, de la tunique de lin de sainteté il se rev~tira, et le,ç


caleçons de lin seront sur sa chair; du baudrier dè lin il se
ceindra, et du turban de lin il se coiffera. Il - Lévit. XVI. 4.
- Il Il revêtait les m~mes habits, quand il faisait expiation

pour le peuple. Il - Vers. 32 : - puis, (1 quand il enlevait La


cendre de l'Autel après l'holocauste, Il - Lévit. VI. 3.­
Pareillement, les Prêtres qui devaient exercer le ministèl'e dans le
Nouveau Temple; dans Ézéchiel: «( Lorsque les Pr€tres Lévites
fils de Sadock entreront par les portes du pan'is intérieur,
d'habits de lin ils se rev~tiront; il ne montera pas sur eux~e
laine, quanti ils exerceront le ministère aux portes du parvis
intérieur et au dedans: des turbans de lin seront sur leurs
t~tes, et des caleçons de lin seront sur leurs Lombes. Il - XLIV.
17, 18; - s'ils se revêtaient d'habits de lin quand ils exel'çaient
Je ministère pour les choses saintes, c'est parce que toute admi­
nistration sainte se fait pal' le Divin Vrai; en effet, Je sacel'doce
qu'Ahal'on et ses fils exerçaient représenlait le Seigneur quant au
Divin Bien; ce bien administre loutes choses par le Divin Vrai. Le
Divin Vrai aussi met en défense contl'e les faux et les maux qui
proviennent de l'Enfer; c'est même pOUl' cela qu'il est dit (1 en sorte
qu'ils ne portent point iniquité et ne meurent, Il ce qui signifie
qu'autrement les faux pl'ovenant de l'enfer les détruiraient. Ces
babits étaient appelés habits de sainteté, pal'ce que la sainteté se
dit du Divin Vrai. Comme les habits de lin étaient les habits du
ministère, c'est pour cela que les prêtres portaient un Éphod de
lin quand ils exerçaient le ministère, comme on le lit au sujet de
Samuel, -1 Sam. II. 18; - des prêtres que Saül tua, - 1Sam.
XXII. t8; -- et aussi de David, quand il allait devanll'AI'chc,­
188 VAPOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° !l5i.

n Sam. VI. fA; - et même du Seigneur dans Jean: Il J é~us se


leva du souper et posa ses v~tements, et prenant un linge il
se ceignit; et il versa de l'eau dans le bassin, et commença à
laver les pieds des disciples, et il les essuyer at'ec le linge dont
il était ceint. l) - XIII. h, 5; - le lavement des pieds des dis­
ciples repl'ésentait et par suite signifiait la purification des maux
et des faux par le Seigneur au moyen du Divin VI'ai, car toute pu­
rification de maux el de faux est faite par le Seigneur au moyen du
Divin Vrai; ce vrai était signifié par le linge dont le Seigneur s'é­
tait ceint, et avec lequel il essuya les pieds des disciples, Outre ces
sept Anges, dont il est parlé dans l'Apocalypse, d'autres Anges fu­
J'ent vus aussi en vêtements blancs; pm' exemple, Il l'Ange qui {ai­
sait une marque sur les fronts des hommes gémissants, et qui
entrait vers l' t'ntre-roue des Chél"ubins, et reçut des braises de
(eu, et les l'épandit sur la ville, 1) - Ézéelr. IX. 3, h, 11. X. 2, 6,
7;- puis, Il l'Ange, qui (ut vu par Daniel, relU de lin, dont les
~'eins étaient ceints d'or d'Uphaz, 1) -Dan. X. 5. XlI. 6,7;
- ces Anges apparUl'ent vêtus de lin, parce qu'ils étaient pl'êts
ponr des ministères. L'Ange qui mesurait le Nouveau Temple, et
qui avait l'aspect de l'ah'ain, Il (ut vu ayant à la main un cor­
deau de lin et une canne li mesurer, » - Ézéch. XL. 3;­
par l'action de mesUl'er le Temple il est décl'it, là, la Nouvelle
Église quant à sa qualité; les nombres de mcsUl'es signifient cetle
qualité, et toute qualité de l·.f~glise est connue pal' le Divin VI'ai;
de là vient qu'il avait un cordeau de lin à la main. Comme le
vrai est signifié pal' le lin, et le tout du vrai par la ceinture, CUI'
elle embl'asse et enfel'me tout, et comme chez les fils ù'lsraël il
p'était plus resté l'ien du vrai, e'est pOUl' cela qu'il avait été com­
mandé au Pl'ophète Jél'émie Il d'acheter une ceinture de lin,
et de la cacher dans un trOll du roelter vers l'Euphrate,
et qu'au bout de plusieurs jours elle était pourrie, et n'é­
tait plus propre à rien. » - XlII. 1. à 7; - par la ceinture
de lin est signifié tout vrai de la doctrine d'apl·è.~ la Pal'ole; ce qui
est signifié pal' Cl elle fut cachée dans un trou ùu rochel' vers l'Eu­
phrate, et elle y pourrit, l) on le voit ci-dessus, N° 509. Pal' le lin
est aussi signifié le vl'ai de l'Eglise, dans Ésaïe: cc Le rosealt
{roissé illle brisera point, et le lill {mI/li lIt il u ' él einclra poin t•
Vers. 6. CHAPITUE QUlNZIl~ME. 189
et à la t'érité il amènera le Jugement. Il - XLII. a; - ces
choses ont été dites du Seigneur; ,par Il le lin fumant il n'éteindra
point, Il il est signifié un peu du vl'ai d'après le bien chez quelqu'ull;
les autres choses ont été expliquées ci-dessus; voir N° 627. Par le
Iill est aussi signifié le vrai d'après la Parole, pal'ticulièrement le
vrai du sens de sa lettre, - Hos. II. 5, 9. - Parmi les statuts
chez les fils d'!sl'aël, il y avait aussi celui Il de ne point se vt1tir
d'un habit mélangé de laine et de lin. 1 ) - Deutél'. XXII. :1 t;
-la l'aison de cela, c'est que la laine signifie le hien, et le lin le
vl'ai, et que l'homme pal' ses vêtements a aussi communication avec
les sociétés du Ciel; or, il Ya des sociétés qui sont dans le bien,
et il y a des sociétés qui sont dans le vrai, et l'homme ne doit pas
avoil' communication en même temps uvec des sociétés ditfél'entes,
cal' pal' la il y a confusion; que ce soit là la cause de ce statut, jus­
qu'à présent pel'sonne ne l'a su; mais il m'a été donné de le savoil'
pal' le changement de mes habits; en effet, ayant quitté un vête­
ment de lin, ceux qui étaient dans les vrais dans le Monde spirituel
se plaignaient de ce qu'ils ne pouvaient pas être pl'ésents, et les
mêmes, quand j'eus repl'is le vêtement, étaient présents. Qu'il y
ait une telle cOl'I'espolldance de l'homme avec les vêtements mêmes,
on l'a ignoré jusqu'à présent, néanmoins on peut le voil' d'apl'ès ce
qui a été l'apporté ci-dessus, à savoir, d'après les habits de lin d'Aha­
l'on et de ses fils, d'après l'Éphod de lin des pl'êtres et de David, d'a­
près les vêtements de lin dont les Auges apparurent revêtus, d'après
le linge dont le Seigneul' se ceignit, et avec lequel il essuya les pieds
ùes disciples; puis aussi, d'après les autres vêtements d'Ahal'on et
de ses fils, vêtements qui tous étaient représentatifs, et d'après la
signification des vêtements en génél'al, en ce qu'ils sont les vrais
qui recouvrent le bien, ainsi qu'i1 a été montré ci-dessus, N°' 66,
65, 1.95, 271, 395, 475, 476, 637. - Continuation sur le
Premier Précepte: On ne cl'oit pas dans le Monde que l'amour
de dominer pal' le seul plaisil' de la domination, et l'amoul' de pos­
séder les biens pal' le seul plaisir de la possession, et non pal' le
plaisir des usages, cachent intérieul'ement en eux tous les maux;
et en même temps le mépl'is et le rejet de toutes les choses qUt
appartiennent au Ciel et à l'Église; la raison de cela, c'esl que
l'homme par l'amoul' de soi et pal' l'amour du monde est excité à
190 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, 1\" 951,

t'aire du bien à l'Église, à la Patrie, à la Société et au pl'ochain, eu


plaçant l'houDeul' dans ses bonnes actions, et en s'attendant à une
l'écompense, ce qui fait que beaucoup de personnes appellent ces
amours le feu de la vie et l'encouragement aux gl'andes choses;
mais il faut qu'on sache qu'autant ces deux amelll's placent les
usages au premier rang et se mettent au second, autant ils sont
bons; et qu'autant ils se placent au premier rang et mettent les.
usages au second, autant ils sont mauvais; cal' alors l'homme fait
tout pour lui-même, et par conséquent par lui-même, et alors il
est dans chaque chose qu'il fait, lui et son pl'opre, et le pl'opre,
considél'é en soi, n'est que le mal; mais placel' les usages au pre­
miel' rang et se mettre au second, c'est faire des bicns pOUl' l'É­
glise, pOOl' la Patric, pour la Société et pour le prochain, et les
hiens que l'homme leOl' fait pour eux-mêmes viennent du Seigneur
et non de l'homme; la diftërence cnll'c ces deux sortes d'amours
esl comme celle qu'il y a entl'e le Ciel et l'Enfel'; l'homme ignore
qu'il existe une telle différence, parce que par naissance, et de là
pal' nature, il est dans les amours de soi et du monde, et parce que
le plaisil' de ces amours est continuellement agréahle et flatteur:
mais qu'il sache cependant que l'amour de dominel' par le plaisir
de la domination et non pal' le plaisil' des usages, est absolument
diabolique, et peut être appelé athée, car aulant l'homme est dans
cet amOlli', autant il ne croit pas de cœur qu'il y ait un Dieu, et
aulant il se rit dans son creUI' de toutes les choses de l'Église, et
même autant il a en haine et pel'sécute pal' haine tous ceux qui l'e­
connaissent-Dieu, et principalement ceux qui reconnaissent le Sei­
gneur; le plaisil' même de la vic de tels hommes est de fail'e du
mal et de commellre des crimes et des infamies de tout genre; en
un mot, ils sont eux-mêmes des diables; l'homme ignore cela tant
qu'il vit dans le Monde; mais que cela soit ainsi, c'est ce qu'il
saura quand il viendra dans le monde spirituel, ce qui al'rive aus­
sitOt après la mort. L'enfer est plein de telles gens; là, au lieu d'a­
voh' la domination, ils sonl dans la servitude; là, quand ils sont
vus dans la lumière du Ciel, ils apparaissent même renversés,
comme s'ils avaient la têle en bas et les pieds en haut, parce que
pour eux la domination était au premiel' l'ang et l'usage au second;
car ce qui est au premier rang est la têle et ce qui est au second
Vers. 6. CHAPlTIŒ QUlNZIÈME. 191
constitue les pieds; or, ce qui est la tête, on l'aime; el ce qui est
aux pieds, on l'écrase.
952. Et ceints autour de la poitrine de ceintures d'or., si­
gnifie le Divin Bien spirituel contenant les vrais en ordre et
en connexion: on le voit par la signification de la ceinture d'or,
en ce que c'est ce qui contient en ordre et en connexion, car la
ceinture ou le ceinturon enferme les vête.menls et les contient; si
elle contient les vrais en ordre et en connexion, c'est parce que· les
vrais sont signifiés par les vêtements, et spécialement par les vête­
ments de lin : que ce soit le bien spil'ituel, c'est pal'ce que ce hien
est signifié pal' la poitrine, qui était ceinte, et aussi par Por dont
étaient composées les ceintures. Par ces pal'oles il est signifié de
semblables choses que ci-dessus, lorsqu' il est dit que (( le Fils de
l' homme au milieu des chandeliers {ut vu ceint ver~ les ma­
melles d'une reilltU"e d'or; Il voir l'Explication, N° 65. Que la
ceintul'e ou le ceinturon signifie un lien commun, alin que toules
choses soient en ordre et tenues en connexion, on le voit dans les
ARCANES CËLESTES, N°' 93!J1, 9828. Ce que signifie la ceinture
de l'Éphod, voir N° 9837, et ce que signifie le baudrier de la lu­
nique d'Ahal'on, N° 9944. Des choses semblables sont aussi signi­
fiées par la ceinture ou le ceinturon ailleurs dans la Parole; par
exemple, - Ésaïe, Xl. 5. XXlll. 10. Jérém~ XllI. 1 à 7. ­
Continuation sur le Premier Précepte: Il s'abuse étrange­
ment celui qui s'imagine reconnallre et cl'oire qu'il y a un Dieu,
avant de s'abstenir des maux nommés dans le Décalogue, SUl'tout
de l'amour de dominer par le plaisir de la domination, et de l'a­
moUl' de posséder les hiens du monde pal' le plaisir de la posses­
sion, et non par le plaisir des usages; lors même que pal' la Pa­
l'ole, par les pl'édications, par les livres, par la lumière de la rai­
son, l'homme se confirme, autant qu'il le peut, qu'il y a un Dieu,
et se persuade d'apl'ès cela qu'il croit, il n'en est pas moins vrai
qu'il ne croit point, si les maux qui sUl'gissent de l'amour de soi
ct du monde n'ont point été éloignés: la raison de cela, c'est que
les maux et leurs plaisirs font obstacle, et qu'il! arrètent et repous­
senties biens et leurs plaisirs qui procèdent du Ciel, et pal' consé­
quent la confirmation, et qu'avanl que le Ciel confirme, il y a seu­
lement la foi de la bouche, qui en soi est une foi nulle, el non la
192 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 052.

foi du cœUI', qui est la foi même; la foi de la bouche est la foi dans
les extel'nes, la foi du cœUJ' eslla foi dans les internes Lquand les
intel'Des ont été resserrés par les maux. de tout gem'e, alors les
ex.ternes étant enlevés, ainsi qu'il arrive à tout homme après la
mort, l'homme d'après ces maux. l'ejelle même la foi qll'i1 y a un
Dieu.
953. Vers. 7, 8. E.t l'un des quat,'e Animaux donna aux
sept Anges sept fioles d'or pleines de la colère du Dieu qui
vit aux siècles des siècles. - Et fut rempli le Temple de fu­
mée par la gloire de Dieu et par sa vertu, et personne ne put
entrer dans le T emp/e, jusqu'à ce que fussent accomplies /es
sept plaies des sept Anges. - Et l'un des quatl'e Animaux
donna aux sept Anges sept fioles d'or pleines de la colère du
Dieu qui vit aux siècles des siècles, signifie que par le Seigneur t
au moyen du Divin Vrai ou de la Parole, ont été manifestés tous
les faux du mal qui ont détruit la vie spirituelle des hommes de
, -l'Église ; et fut rempli le Temple de fumée par la gloire de
Dieu et pm' sa vertu, signifie le Divin Vl'ai ou la Parole dans le
sens natm'el en lumièl'e et en puissance d'après le Divin Vl'ai dans
le sens spirituel: et pel'solme ne put entrer dans le Temple.
signifie la Pal'ole dans l'obscul' devant l'entendement: jusqu'à ce
que fussent accomplies les sept plaies des sept Anges. signilie
av'ant que les maux et les faux. aient été rejetés, et que ceux qui
étaient en eux aient été précipités dans l'enfel'.
{'l5ft. Et l'un des quatre Animaux donna auœ sept Anges
sept fioles d' 01' pleines de la colère du Dieu qui vit aux siècles
des siècles, signifie que pal' le Seigneur. au moyen du Divin
Vrai ou de la Parole, ont été manifestés tous les faux du mal
qui ont détruit la vie spirituelle des hommes de l'Église.· on
le voit pal' la signification des quatl-e Animaux, en ce qu'ils sont
le Ciel inlime, N°s 277, 322, !J62, et en ce que c'est la Parole.
N° 277, par conséquent le Seigneur quant au Ciel et quant à la
Pal'ole, car le Ciel est Ciel par le Seigneur, pareillement la Pa­
role; par la signification des sept Anges, en CC 'Qu'ils sonlles ma­
nifeslalions au moyen du Divin Vrai ou de la Parole, comme ci­
dessus, N° 949; par la signification des sept fioles, en ce qu'elles
SGnt lous les faux et tous les maux, cal' parles sept fioles sont si­
Vers. 7. CHAPITRE QUINZIÈME. 193
gnifiées les mêmes choses que par les sept plaies, Vers, 6, à
savoil', les maux et par suite les faux, et les faux et par suite les
maux; voir ci-dessus, N° 949; elles sont dites pleines de la co­
lère du Dieu qui l}it aux siècles des siècles, parce qu'elles dé­
vastent l'Église, et détruisent la vie spirituelle des hommes de l'É­
glise; c'est là ce qui est signifié par la colère de Dieu: d'après
ces significations on peUL voir que par « l'un des quatre animaux
donna aux sept Anges sept fioles d'ol' pleines de la colère du Dieu
qui vit aux siècles des siècles, II il est signifié que pal' le Seigneur,
au moyen du Divin Vrai ou de la Parole, ont été manifestés tous
les faux du mal qui ont détruit la vie spirituelle des hommes de
l'Église. S'il est dit les fioles au lieu des plaies, c'est pal'ce que les
fioles sont les contenants, et les plaies les contenus, et que dans la
Parole, pOUl' l'ordinaire, les contenants sont employés au lieu des
contenus pal'ce que les contenants sont les demies's, afin que le
sens de la lettre de la Parole soit ùans les derniers; il en est de
même 10l'squ'i\ est dit les coupes et les caliccs au lieu du vin: mais,
SUi' ce sujet, voir dans le Chapitre suivant, où il cst Il'aité des sept
lioles et des sept plaies qu'elles contenaicnt. - Continuation sur
le Premie1' Prüepte : Autant l'homme l'ésiste aux deux amours
qui lui sont propres, savoil', à l'amOlli' de dominer par le seul plai­
sir de la domination, et à l'amour de posséder les biens du monde
pal' le seul plaisir de la possession, et fuit ainsi comme péchés
Ie.~ maux nommés dans le Décalogue, autant influe du Seigneur
par le Ciel qu'il y a un Dieu, qui est Créalelll' et Conservaleur
de l'univers, et même qu'il n'y a qu'un Dieu: la raison pour la­
quelle cela inOne alors, c'est que, quand les manx ont été éloignés,
le Ciel a été ouvC\'t, el que, quand le Ciel est onverl, ('homme
pense, non plus d'après lui-même, mais d'après le Seigneur pal' le
Ciel; et dans le Ciel, l'universel qui embrasse toutes r.hoses, c'est
qu'il y a un Dieu, et aussi qu'il o'y a qu'un Dieu, Que par l'influx
seul l'homme sache ct pour ainsi dire voie qu'i! n'y a qu'un Dieu,
cela esl évident pal' le commun aveu de toutes les nations, et par
la répugnance à penser qn'il yen oit plusieurs. La pensée inté·
rieure de l'homme, c'est-a-dire, la pensée de son esprit, vient ou
de l'Eofel' ou du Ciel; elle vient de ['Enfer avant que les maux aient
été éloignés, mais ellc vient du Ciel après qu'ils ont été éloignés :
VI, 13.
196 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 954,

lorsqu'elle vicnt de l'enfer, l'homme 'Ile voit autl'e chose, sinon que
la natm'e est dieo et que l'intime de la natul'e est ce qu'on nomme
le Divin; un lei homme après la mort, quand il devient espl'it, ap­
pelle dieu quiconque excelle en puissance, et- il aspire aussi lui­
méme à la puissance afin d'éll'e appelé dieu; il Y a chez tous les
méchants une semblable folie cachée dans leur esprit : quand
l'homme, au contl'aire, pense d'après le Ciel, ce qui arrive 100'Sque
les maux ont été éloignés, il voit d'après la lumièl'e qui est dans le
Ciel qu'il y a un Dieu, et qu'il n'y a qu'un Dieu. La vue d'après la
lumière qui procède du Ciel, c'esl elle qui est entendue pal'l'iu8ux.
955. Et {ut rempli le Temple de {umée par la gloire de
Dieu et par sa vertu, signifie le Divin Vrai ou la Parole dans
le sens naturel en lumière et en puissance d'après le Divin
Vrai dans le sens spirituel .. on le voit par la signification du
Temple. en ce que c'est le Divin Vrai ou la Parole dans le sens
naturel, illustrée d'après le Divin Vrai dans le sens spirituel,
N° 968; pal' la signification de la {umée, en ce qu'elle est l'enten­
ùement de la Parole dans le sens natm'el, ainsi qu'il va êtl'e mOIl­
tl'é; pal' la signification de la gloire de Dieu, en ce que c'est la Lu­
mière du Ciel, qui est le Divin Vl'ai dans le sens spirituel, N°' 33,
288, M5, 87ft; el par la signification de la vertu de Dieu, en ce
que c'est la Divine Puissance; en effet, dans le sens naturel de la
Parole d'après son sens spirituel il y a gloire et vertu, ou lumière
et puissance, mais non sans ce sens; sans ce sens sont ceux qui con­
sidèl'ent la Parole comme non sainte, pour lesquels pal' conséquent
le Divin Vrai y est sans lumière ni puissance; mais pour ceux qui
considèl'ent la Pal'ole comme sainte elle est lumière et puissance;
et cela, pal'ce que ceux-ci ont été conjoints au Ciel pal' le sens spi­
rituel, quoiqu'ils ne le sachent pas. Maintenant, d'après ces expli­
,cations, il est évident que par Cl fut rempli le Temple de fumée par
la gloire de Dieu et par sa \'erlu, )l il est signifié que la Parole dans
le sens naturel est en lumière et en puissance d'après le Divitl Vrai
dans le sens spirituel. Que la fumée signifie l'entendement de la
Parol~ dans le sens natul'el, c'est parce que par la fumée il est si­
gnifié la même chose que pal' la nuée; que par la nuée il soit si­
gnifié la Parole dans le sens naturel, on le voit, No, 36, 50h, 59h,
906; el parce qu'ici pal' la fumée il est signifté la même chose que
Vers, 8, CHAPITRE QUINZli~ME. 195 .
par la fumée des parfums; que par la fumée des parfums il· soit
aussi signilié la Parole dans le sens natm'el, on le voit, No' lJ9lt,
539 f. ; la raison pour laquelle cela est signifié par la fumée, c'est
que la fumée vient du feu, et que par le feu il est signifié l'amoUl'
dans l'un et dans l'autre sens, et par le feu saint l'amour cé-
leste; semblable est la Parole dans le sens de la lettl'e illustl'ée et
comme embrasée d'après le sens spirituel, à savoir, que quant à
son entendement c'est le vrai là dans l'ohscur comme d'après une
fumée, avant que les faux el les maux, qui répandent les ténèbl'es
sur la lumière et aveuglent, aienL été dissipés; c'est là aussi ce qui
est entendu par « personne ne put entrer dans le Temple jl,lsqu'à ce
que fussent accomplies les sept plaies des sept Anges, )) Le Divin
Vl'ai dans le sens naturel est aussi signilié par la fumée, dans
Ésaïe: Il Jéhovah créera sur tout habitacle de la montagne
de Sion, et sw' ses convocations, une nuée pendant le jow',
et Ilne (umée et une splendeur de (eu de flamme pendant .la
nuit; rar sw' toute gloire une couvertU/'e, ) - IV, 5. - Dans
le Même: li Ébranlés (urent les poteaux des seuils pm' la voix
des séraphins qui criaient; et la maison (ut remplie de (u-
mée. 1) - VI. lJ : - pal'eillement, par la fumée vue SUI' la mon-
tagne du Sinaï, quand fut promulguée la Loi: et çà et là dans la
Pal'ole pal' Il les montagnes en (umée quand descendait J é!lO-
vah; 1) puis aussi, par le Lin (umant, - Ésaïe, VII, h; - et
par (1 la (umée des par(ums montant aux prières des saints,))
- Apoc, VIII. h. - Continuation sur le Premier Précrpte.-
Lorsque l'homme fuit les maux et les a en aversion parce qu'ils
sont des pédlés, il voit d'après la lumière du Ciel, non-seulement
qu'il y a un Dieu et qu'il n'y a qu'un Dieu, mais encore que Dieu
est Homme, cal' il ,'euL voil' son Dieu, et il ne peut le voil' autre-
ment que comme Homme; ainsi ont vu Dieu les Anciens avant
Ahraham et après lui; ainsi voient Dieu d'après une perception
intérieure les gentils dans les contl'ées hors de l'Itglise, SUl'tout
ceux qui intérieurement ont acquis de la sagesse, quoique non pal'
les sciences; ainsi ·."oient Dieu tous les petits enfants, les enfanls et
les hommes prohes qui sont dans la simplicité; et ainsi voienl Dieu
les habitants de tous les globes, cal' ils disent que l'invisihle, parce
qu'il ne tombe pas dans l'idée, ne tombe pas dans la foi: la l'aison
lOG L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 955,

de cela, c'est que l'homme qui fuil ct a en aversion J'es maux


comme péchés pense d'après le Ciel, et que le Ciel entier et qui­
conque y réside n'a de Dieu d'autre idée que comme d'un Homme,
et ne peut en a\'oil' une autre, pal'ce que le Ciel entier est Homme
dans une très-gl'alllie effigie, et que le Divin procédant du Seigneur
fait le Ciel; il est donc impossible aux Anges de penser autremern.
de Dieu que suivant cette fOl'me Divine qui est la forme Humaine,
car les pensées angéliques se répandent pal' tout le Ciel. Que tout
lé Ciel dans le complexe ressemble à IiIn seul Homme, c'est ce
qu'on voit dans le Tl'aité DU CIEL ET DE L'ENFER, N°' 51 à 87; on
y voit aussi que les Auges pensent selon la fOl'me du Ciel, NOl 200
il 212. Celte idée de Dieu influe du Ciel chez tous ceux qui s~t
dans le Monde, et réside dans leur espl'il; mais elle pal'alt comme
extirpée dans l'Église cbez ceux qui sont dans l'intelligence d'a­
près lé pl'opre, et même extii'pée de manière à ne plus pouvoil'
ex.istel'; cela vient de ce qu'ils pensent SUl' Dieu d'apl'ès l'espace;
mais il en est autl'ement lorsque ces memes hommes ~eviennent es­
prits, ce qui m'a été c\ail'ement prouvé par un grand nomhre d'ex­
pél'iences; en effet, dans le Monde spiritnel, avoÎl' une idée indétel'·
1 minée de Dieu, c'est n'avoÎl' aucune idée de Lui j aussi est-il donné
de Dieu l'idée déterminée de quelqu'un qui siége ou en haut ou
ailleUl's, el donne des l'éponses. C'est de l'influx commun, qui vient
àu Monde spirituel, que les idées SUl' Dieu comme Homme ont été
reçues chez les hommes diversement selon l'état de la perception;
de là vient que Dieu Tl'iun chez nous est désigné sous le nom de
Personnes, et que Dieu le Pèl'e est peint dans. les Temples comme
Homme, l'Ancien des joul's. C'est aussi d'apl'ès l'inllux commun
que des hommes "i\'ants, et les hommes morts qui sont appelés
saints, sont adol'és comme des dieux pal' le peuple dans le Gen~i­
lisme Chrétien, et que leurs statues sont aimées : pareillement
comme cbez plusieurs nations ailleurs; et aussi chez les Anciens
dans la Grèce, à Rome et dans l'Asie, lesquels ont eu plusieurs
dieux, et les ont tous considérés comme hommes. Ces cboses ont
été dites, afin qu'on sacbe qu'il a été comme insité (greffé), à sa­
VOil', dans l'esprit de l'homme, de voir Dieu comme Ho l11 me : est
dit insilé ce qui vient de l'influx commun, .
956. El personne ne put entrer dans le Temple, signifie
Vers. 8. CHAPITlŒ QUINZIÈME. 197
la Parolt: dans l'obscur devant l'entendement: on le voit par
la signification du Temple, en ce que c'est la Parole, comme ci­
dessus; de là, par ne point entrer dans le Temple à cause de la fu­
mée, il est signifié que la Parole est dans l'obscur devant l'enten­
dement. Que la Parole soit dans l'obscur, au point de ne pouvoir
pas être comprise, c'est parce qU'à la tin de l'Église il n'y a aucun
vrai, et que par suite toutes les chQses de la Pal'ole ont été falsi­
fiées; c'est pourquoi, avant que les vl'ais réels aient été dévoilés,
la Pal'ole est dans l'obsCUl' devant l'entendement. - Continua­
tion sur le P"emic,' Précepte: Puisque l'homme, d'après l'in­
flux commun venant du Ciel dans son esprit, voit que Dieu est
Homme, il s'ensuit que si ceux qui sont de l'Église, où est la Pa­
role, fuient et ont en aversion les maux comme péchés d'après la
lumière du Ciel dans laquelle ils sont alors, ils voient le Divin dans
l'Humain du SeigneUl' eL le Trine en Lui, et Le voient Lui-Même
Dieu du èiel et de la Terre: mais c'eSt ce que ne peuvent voil'
ceux qui ont détl'uit chez eux, par l'intelligence venant du propre,
l'idée de Dieu comme Homme; ceux-ci, d'après la Trinité à la­
quelle ils pensent, ne voient pas non plus qu'il n'y a qu'un Dieu,
ils disent seulement de bouche qu'il n'yen a qu'-un. 01', ceux qui
n'ont pas été purifiés des maux, et qui par conséquent ne sont pas
non plus dans la lumière du Ciel, voient dans leur esprit comme
Dieu du Ciel et de la Terl'e, non pas le SeigneuI', mais un autl'e à
sa place; les uns, quelqu'un qu'ils cl'oient Dieu le Père; d'aulres,
quelqu'un qu'ils nomment Dieu, pal'ce qu'il excelle en puissance;
d'autres, quelque diable qu'ils craignent, parce qu'il peut faire du
mal; d'autl'es, la natul'e comme dans le Monde; et d'autres ne
voient aUCUll Dieul Il est dit dans leur esprit, parce que tels ils
sont apl'ès la mort, quand ils deviennent esprits; aussi ce qui dans
le Monde a été caché dans leur esprit est-il alors manifesté. Mais
10us ceux qui sont dans le Ciel reconnaissent uniquement le Sei­
gneur, cal' le Ciel enlier vient du Divin procédant de Lui et Lui
ressemble comme Homme; c'est pourquoi, on ne peut en LI-el' dans
le Ciel, à moins qu'on ne soit dans le SeigneUl', car on entre en
Lui quand on entre dans le Ciel; les autres, s'ils entrent, devien­
nent impotents de mental, et tombent à la l'enverse.
957. Jusqu'à ce que fussent accomplies {es sept p{aies de,ç
H)8 L' APOCALYPSE EXPLiQUÉE. Nu 957.

sept Anges. signifie avant que les maux et les faux aient éttJ
rejetés. et que cellx qui étaient en eux aient été précipités
dans l'enfer: on le voit par la signification d'êt7'e accompli. en
cc que c'est êtl'e tm'miné, mais ici êll'e rejeté; par la signification
des sept plaies. en ce qu'elles sont tous les maux et tous les faux
qui ont dévasté l'Église; N° 9!J9; et pal' la signification des sept
Anges. en ce qu'ils sont les manifestations, aussi N° 9!J9 : ainsi
par cc jusqu'à ce que fussent accomplies les sept plaies des sept
Anges, Il il est signifié avant qu'aient été rejetés les maux et les
faù=< qui ont été manifestés. Que par ces mêmes pamles il soit
aussi signifié avant que ceux qui sont dans les maux et dans les
faux aient été pl'écipités dans l'enfer, c'est paree qu'il est entendu
avant que le Jugement del'niel' ait été fail, et que les bons aient été
séparés des méchants, et les bous élevés au Ciel~ et les méchants
pl'éeipités dans l'enfel', ainsi avant que le nouveau Ciel et la Nou­
velle Terre -aient existé: qu'avant ce temps la Parole ait été ùans
l'obscuI' devant l'entendement, cela est signifié en ce que personne
ne put enll'er dans le Temple, avant que fussent accomplies les sept
plaies des sepl Anges. Mais cet arcane va êll'e davantage expliqué:
Les Divins Vrais qui se tiennent intél'ieurement cachés dans la Pa­
l'ole n'ont pu être manifestés qu'après que le Jugement dernier eut
été achevé; la l'aison de cela, c'est qu'avant ce Jugement les enfeJ's
IlI'évalaient, tandis que depuis ce Jugement les Cieux prévalent, et
que l'homme a été placé au milieu entre les enfers et les Cieux;
c'est pourquoi, quand les enfel's pl'évalent, le vrai de la Pal'ole est
alol's ou pel'vel'ti, ou méprisé, ou rejeté; le contraire afl'ive quand
les Cieux prévalent: d'après ces considérations, on peut voir d'où
vient que maintenant pour la première fois les Divins Vrais ont été
dévoilés elle sens spil'ituel de la Parole révélé. C'est donc là ce qui
esl entendu, quand il est dit que la Parole était dans l'obscul' quant
à l'entendement, avant que ceux qui étaient dans les maux et dans
les faux eussent été précipités dans l'Enfer. - Continuation sur
le Premier Précepte: L'idée qu'on a de Di~u est la principale de
toutcs, cal' telle e.'lt celte idée, telle est pour l'homme la commu­
nication avec le Ciel et la conjonction avec le SeigneUl', et pal' suite
tclles sont pour l'homme ~.!!I~.!.lltion,J'aft'ec.tio.n du vl'~i_ et du
bien, la pel'ception, l'intelligence ct la sagesse; cal' ces choses
Vers. 8. CHAPITRE QUINZIÈME. 199
viennent, non de l'homme, mais du Seigneul' selon la conjonction
a~ec Lui. L'idée qu'on a de Dieu est l'idée qu'on a du Seigneur et
de son Divin, car nul autl'e n'est Dieu du Ciel ni Dieu de la Terre,
comme il l'enseigne Lui-Méme dans Matthieu: (1 Il M'a été donné
tout pouvoir dans le Ciel et sur terre, )1 - XXVIlI. 18,­
Mais l'idée qu'on a du SeigneUl' est pJus ou moins pleine et plus
ou moins claire; elle est pleine dans le Ciel intime, moins pleine
dans le Ciel moyen, et encore moins pleine dans le del'nier; c'est
pourquoi ceux qui sont dans le Ciel intime sont dans la sagesse;
ceux du Ciel moyen, dans l'intelligence; et ceux du del'nier', dans
la sciel.l.ce : l'idée est claire chez les Anges qui sont au mili.eu dans
les sociétés du Ciel, et moins claire chez ceux qui sont autour d'eux
selon leur degl'é de distance du milieu. Tous, dans les Cieux, ob­
tiennent des pla<;es selon la plénitude et la clarté de l'idée qu'ils
ont du Seigneur; ils sont aussi dans une sagesse cOl'l'espondante
et dans une félicité correspondante. Tous ceux qui n'ont pas tIu
Seigneur l'idée du Divin, tels que le's Sociniens et les Miens, sont
sous les Cieux et malheureux. Ceux qui ont la double idée, à sa­
,'oir, d'un Dieu invisible et d'un Dieu visible sous forme humaine,
demeurent aussi sous les Cieux, et ne sont pas reçus avant qu'ils
reconnaissent un Dieu unique et visible. Quelques-uns, au lieu du
Dieu visible, voient comme quelque chose d'aérien, et cela, d'après
l'idée qu'ils se sont formée, pal'ce Dieu est nommé esprit; si chez
cux cetle idée n'est pas changée en l'idée d'un Homme, pal' con­
séquent en l'idée du Seigneur, ils ne sont point acceptés. Mais ceux
qui ont de Dieu une idée comme~erait celle de l'intime de la na­
ture sont rejetés, parce qu'ils ne peuvent que tombel' dans l'idée de
la nature en la place de Dieu. Toules les nations qui ont cru en un
seul Dieu, et qui ont eu de Lui l'idée d'un Homme, sont reçues par
le Seigneur. 011 peut voir d'après cela qui sont ceux qui adorent
Dieu Méme, et qui sont ceux qui adorent d'autres dieux, par con­
séquent ceux qui vivent selon le premier précepte du Décalogue,
et ceux qui ne vivent pas selon ce pl'écepte.
]~'.APOCALYPSE.

CHAPITRE SEIZIÈME.

:l. Et j'entelldis une voix grande du Temple, disant aux sept


Anges: Allez, et vel'sez les fioles de la colère de Dieu en la terre.
2. Et s'en alla le PI'emier, et il versa sa fiole sur la tene, et il
y eut un ulcère mauvais et pernicieux sur les hommes qui avaient
Je earactèl'e de la bbte, et qui adol'aienl son image.
3. Et Je Second Ange versa sa fiolQ dans la Mel', et il y eul du
sang comme d'un mort, et toute lime vivante mourut dans la Mel'.
h. Et le Tl'oisième Ange versa sa fiole dans les Fleuves et dans
les SOUl'ces des eaux, et il y eut du sang.
o. Et j'entendis l'Ange des eaux qui disait: Juste tu es, Sei­
gneuI" Qui Est et Qui Étail, et le Saint, parce que ces choses tu as
jugé,
6. Pal'ce que sang de Saints et de Pl'ophèles ils ont versé, ÙU
"
sang aussi lu leuI' as donné à boil'e, car dignes ils (en) sont.
7. J<~t j'en entendis un autre de l'Autel, disant: Oui, Seigneul'
Dieu Toul-Puissant, vl'ais et justes, tes jugements.
8. Et le Quatrième Ange versa sa fiole SUl' le Soteil, et il lui
fut donné d'affiiger de chaleUl' les hommes par le feu.
9. J<~t furent affligés les hommes d'une cbaleur grande, et ils
blasphémèrent le Nom de Dieu qui a pouvoir SUl' ces plaies, el ils
Ile vinrent poinl à résipiscence poUl' lui donnel' gloire.
10. Et le Cinquième Ange versa sa fiole SUl' le TrOne de la
\)êlC, el devinl son royaume lénébl'eux, et ils mordaient leUl'S lan­
gues de douleur,
11. l~l ils IJlasphémûrenlle Dieu du Ciel il cause de leUl's dou­
CHAPlTH.E SEIZIÈME. 201
.
lcu['s, ct il cause ùe leUl's ulcères; ct ils ne vinrent point à ['ésis­
piscencc ùe leU['8 œUv['es.
1.2. Et le Sixiême Ange versa sa fiole SUl' le gl'and Ileu\'e, l'Eu­
phrate; et fulla['ie son eau, afin que fll.t préparé le chemin des rois
ùe devers le levant du soleil.
13, Et je vis de la bouche du d['agon, et de la bouche de la
hète et de la bouche du faux p['ophètc, trois. esprits immondes
1

semblables à des grenouilles,


H, Car ce sont dei; espl'its de démons, qui font des signes pour
s'en allel' vers les ['ois de la terre et de lout le globe, afiri de les
assemble[' pOUl' la guene de ce joui' g['and du Dieu Tout-Puissant.
1.5. Voici, je viens comme un voleur; heu['eux celui qui veille
et garde ses vêtements, afin que nu il ne marche point, et qu'on ne
voie point sa honte!
16. Et il les assembla dans le lieu appelé en hébreu Armaged­
don.
i 7. Et le Septième Ange versa sa (joIe dans l'Air, et il sortit
une voix grande du Temple du Ciel, du TrOne, disant: C'en est
fait.
1.8. Et il Yeut des voix, des écIail's et des tonnerres; et il y eut
un tremblement de te1'l'e grand, tel qu'il n'y a point eu, depuis que
les hommes ont été SUI' la terre, un t['elllbiement de terre si grand.
19. Et devint la ville grande en trois parties, et les villes des
nations tombèrent; et de Babylone la g['ande il y eut mémoire de­
vant Dieu, pOUl' lui donner la coupe du vin de l'emportement de sa
colère.
20. Et toute tIe s'enfuit, et les montagnes ne furent point
t['ouvées.
21. Et une gt'èle grande t comme du poids d'un talent, des­
cendit du Ciel SUl' les hommes; et res hommes blasphémèrent
Dieu à cause de la plaie de la g['êle, parce que grande était sa plaie
exll'êmemenl.
20:2 L' APOCALYPSE EXPLIQm~K N° 958.

EXPLICATION.

958. Vers. 1., 2, Et j'entendis une voix grande du Tem­


ple, disant aux sept Anges: Allez, et vel'sez les fioles de la
colère de JJieu en la terre. - Et s'en alla le Premier, et il
versa sa fiole sur la Terre, et il y eut un ulcère grand et per­
nicieux sur les hommes qui alNlient le caractère de la bête,
et qui adoraient son image.- Et j'entendis une voix grande
du Temple, disant aux sept Anges, signifie par le Divin Vrai,
d'apl'ès la Parole, manifestation des maux et des faux qui ont dé­
vasté l'Église: allez, et versez les fioles de la colère de Dieu
en la terre, signifie l'état de l'Église dévastée: et s'en alla le
Premier, et il versa sa fiole sur là Terre, signifie la manifesta­
tionde l'état de l'Église dans le commun: et il y eut un ulcère
gl'and et pernicieux, signifie les mauvaises œuvres là, et pal'
suite les falsifications de la Parole: sur les hommes qui avaient
le caractère de la bête, et qui adoraient son image, signifie
qui reconnaissent la foi seule et sa doctrine, et vivent selon cette
doctrine.
959. Et f entendis une voix grande du Temple, disant aux
sept Anrtes, signifie par le Divin Vrai, d'après la Parole,
manzfestation des maux et des faux qui ont dévasté l'Église:
on le voit par la signification de la l'oix venant du Temple, en ce
que c'est le Divin Vl'ai d'après la Parole, car la voix signifie le
Divin VI'ai, N°' 261, 668; et le Temple du Tabernacle du Témoi­
gnage, d'où SOI'lit la voix, signifie la Parole, dans laquelle est le
-Divin Vrai tant naturel que spil'ituel, N° 9lt8: par la signilication
des sept Anges, en ce qu'ils sont les manifestations, ainsi qu'il a
été moutl'é ci-dessus quelquefois, et comme par les sept fioles ou
plaies qu'ils avaient sont signifiés les maux et les faux qui ont dé­
vasté l'Église, c'est pour cela qu'ici pal' les sept Anges sont signi­
fiées les manifestations de tous les maux et de tous les faux qui ont
dévasté l'Église: dans ce qui va suivre il s'agit aussi de leur ma­
nifestation. - Dans le Chapitre précédent, à la fin de chaque Ar'­
ticle, il a été tl'ailé du PI'emiel' Precepte du D6ealogue; "dans ce
Vers. 1. CHAPITRE SEIZIÈME, 203
Chapitl'e', dans les Articles qui vont suivre, il sera traité des
auUes Pl'éceptes du Décalogue; ici maintenant du Second Pré­
cepte : Tu ne profaneras point le Nom de Dieu: Il sel'a
d'abord dit ici ce qui est entendu pal' le Nom de Dieu, et en­
suite ce qui est entendu pal' profaner ce Nom. Par le Nom de
Dieu est entend~e toute qualité (omne quale) pal' laquelle Dieu est
adol'é; cal' Dieu est dans sa qualité, et il est sa qualité; l'Essence
de Dieu est le Divin Amour, et la Qualité de Dieu (Quale) est
pal' suite le Di\"in Vl'ai uni au Di\"in Bien; ainsi, chez nous dans
les terres, c'est la Parole; c'est pOUl' cela aussi qu'il est dit dans
Jean: Il La Parole était chez, Dieu, et Dieu elle-était, la Pa­
role. 1 ) - J•• 1;- et, pal' suite, c'est aussi la doctrine du vl'ai l'éel
et du bien réel d'apl'ès la Parole, cal' le culte est selon cette doc­
trine. Maintenant, comme la qualité de Dieu est multiple, cal' elle
contient toutes les choses qui procèdent de Lui, Dieu a pour cela
même plusieurs noms, et chaque nom enveloppe et exprime sa
qualité en général et en pal'liculier : en effet, il est nommé Jého­
vah, Jéhovah Sébaoth, Seigneur, Seigneul' Jéhovih, Dieu, Messie
ou Christ, Jésus, Sauveur, RédempteUl', Créateur, Formateur,
Facteur, Roi et Saint d'Israel, Rocher et Pierre d'Israël, Schiloh,
Schaddaï, David, Prophète, Fils de Dieu et Fils de l'Homme,
outre plusieurs aull'es dénominalions : tous ces noms'sont les noms
d'un seul Dieu, qui est le SeigneUl'; mais lorsqu'ils sont employés
dans la Parole, ils signifient toujoul's quelque Attribut univel'sel
Divin ou Qualité Divine dislinctedes autres Attributs Divins ou
Qualités Divines. Il en est de même 10l'squ'il est dit Père, Fils et
Esprit Saint, c'est non pas trois mais un seul Dieu qui est entendu,
ou non pas trois Divins mais un s@ul; et Ce Trine, qui est Un, est
le SeignêUl'. Comme chaque nom signifie quelque Attribut ou Qua­
lité distincte, c'est pour cela que par profaner le Nom de Dieu, il
est entendu profaner Sa Qualité et non pas le Nom lui-même: ce
qui fait aussi que le Nom signifie la Qualité, c'est que dans [e Ciel
chacun est nommé selon sa qualité, el que [a Qualité de Dieu ou
du SeigneUl' est tout ce qui procède De Lui, par quoi on lui rend
un culte. De là vient que dans l'Enfer, comme on n'y reconnaît
aucune Divine Qualité du SeigneUl', on ne peut nommel' le Sei­
gneUl', et que dans le Mon Lie spirituel pel'sonne ne peUL en pr'onon­
20fJ L'APOCALYPSE EXPLlQU]i;E. N° 959.

cel' les Noms que selon que le Di"in du Seigneur esl reconnu, cal'
là LOUS parlent d'après le creuI', par conséquent d'après l'amour et
d'apl'ès la reconnaissance provenant de l'amour,
960. Allez, et versez les fioles de la colère de Dieu en la
terre, signifie "état de l'Église dévastée: on le voit par la si­
gnification des fioles de la colère de Dieu. en ce que ce sont les
maux et les faux qui ont dévasté l'Église; car, par les fioles de la
colèl'e de Dieu, il est signifié les mêmes choses que pal' les plaies
dans le Cbapitl'e précédent XV, Vers. 6; en effet, il Y est dit
que les sept Anges sortirent du Temple ayant les sept plaies.
et là par les plaies sont signifiés les maux et pal' suite les faux,
et les faux et par suite les maux, qui ont dévasté l'Église; voir ci·
dessus, N°-9h9; des choses semblables sont signifiées par la colère
de Dieu, cal' la colère de Dieu se dit des maux et des faux qui dé­
vastent les biens et les Vl'ais de l'Église; et pal' la signification de
la terre. en ce qu'eUe est l'Église, N°' 29, SOh, hi7, 697, 7!J1,
752, 876, Que pal' versel' ces fioles en la tel're il soit signifié l'état
de l'Église ainsi fait, c'est parce que, dans la Parole, les vastations
de l'Église sont atll'ibuées à Dieu, par conséquent comme .étant
produites pal' le Ciel, quoique rien de ces vastations ne vienne de
Dieu, mais qu'eUes ne viennent que de l'homme; néanmoins il est
dit ainsi dans le sens de la leul'e de la Parole, parce qu'il appal'all
ainsi aux hommes, et que ce sens, étant le dernier, consiste en des
apparences. S'il est dit des fioles, c'est parce que les fioles sonl des
vases, el que les vases ont la même significalion que les choses
contenues en eux; aiusi les calices, les coupes, les verres, la même
chose que le vin ou toute aU\l'e liqueur qu'ils conliennent; ainsi
enCOl'e les cassolettes el les encensoirs, la même chose que les par­
fums; de même pOUl' plusieurs autres vases; la raison de cela,
c'est parce que le sens de la lettre de la Parole est le derniel' sens
du Divin Vrai, et qu'en conséquence il se comp,0se des demiers qui
sont dans la nature, car c'est sur les derniers que les intél'ieurs ou
supérieurs sonteonslruils et fondés. Que les Fioles, les calices, les
coupes, les verres, les plals, soient nommés au lieu de leul's conte­
nus, et qu'en conséquence ils signifient les mêmes choses, on le voit
d'uprès la Pal'olc, Cil l' ils y significnt les faux venant de l'cnfer, et
pal' suite 1'Ï\'I'esse ou la folie, l'uis encore les tentations, et aussi les
VCI'S, 1. CHAPITRE SEIZIÈME. 205
nais {H'océdant du SeigncUI' cl pal' suite la sagesse: qu'ils signi­
fient les faux venant de l'enfer et pal' suite la folie, on le voit par
les passages suivants; dans Jérémie: Cl A;nsi a dit Jéhovah:
Prends alte coupe du vin de la colère de Jéhovah, de ma
main, et fais-la boire à toutes les nations, vers lesquelles Moi
je t'envoie, afin qu'elles boivent et chancellent, et qu'elles
deviennent insensélJs Ù cause de l'épée, Quand ils l'efuseront
de prendre la coupe de ta main pour boire, tu leur diras:
Ainsi a dit Jéhovah Sébaoth: Buvant vous boirez. 11- XXV.
15,16,28; - ici aussi, par la coupe du vin il est signifié le faux
venant de l'enfel'; par boire il est signifié s'apPI'opriet'; par devenir
insensé il est signifié devenÏ\' spirituellement insensé, ce qui arl'Ïve
quaml le faux est appelé vl'ai, et que le vrai est appelé faux; par les
nations qui boiront sont signifiés les méchants, et dans le sens abs­
trait les maux, car lil sont énumérées plusieurs nations qui doivent
boil'e, mais toutefois pal' elles sont signifiés les maux et non pas
elles, cal' ce sont les maux qui boivent, c'est-à-dire, qui s'appro­
prient les faux: Que pal' la coupe du vin il soit signifié le faux,
cela est encore évident en ce qu'il est dit (\ afin qu'elles deviennent
insensées il cause de l'épée, Il cal' pal' l'épée est signifié le faux qui
détruit le vrai. Dans le I\'léme : Cl Coupe d'or, Babel, dans la
main de Jéhovah, enivl'ant toute la terre; de son l>in ont bu
les nations; c'est pourquoi elles sont folles, les nations. Il ­
LI. 7; - par coupe d'or est signifié le faux détruisant le bien;
pal' Babel est signifiée la dominaLionpar les choses sainles de l'É­
glise sur le Ciel et SUI' les âmes des hommes, domination d'où·jail­
lissent des faux profanes; par enivrer la te1'l'e il est signifié infa­
tuer l'Église, de telle SOI' le qu'elle ne voie plus aucun vrai: le vin
signifie ce faux. Dans Ézéchiel: If Dans le chemin de ta sœur
tu as marché, c'est pourquoi je mettrai sa coupe dans ta
main; ainsi a dit le Seignew' J éhovih : La coupe de ta sœur,
tu la boiras, profonde et large; tu seras en risée et en mo­
querie, ample pour prendre; d'ivresse et de tristesse tu seras
,'emplie, par la coupe de dévastation et de désolation, par la
coupe de ta sœur, Samarie; tu la boiras et exprimeras, et ses
tessons tu briseras, Il - XXIII. 3i, 32, 33, 36; - ces choses
ont été dites de Jérnsalem, pat' laquelle est signifiée l'Église céleste
206 L'APOCALYPSE EXPLlQUÊE. 1'\" 960,

quant à la docll'ine; et par Samarie, là, qui est sa sœUl', est signi­
fiée l'Église spirituelle, aussi quant à la doctl'ine, cal' la nation
Juive représentait le Royaume Céleste du Seigneur, et la nation
Israélite son Royaume Spirituel; mais ici par Jérusalem et par Sa­
marie est signifiée l'Église dévastée quallt à tout bien et à tout vrai;
la dévastation complète de l'Église chez la nalion Juive est décrite
par la coupe profonde etlal'ge de la sœur, et ell ce qu'ils seraient
remplis d'iHesse et de tristesse, et qu'ils boiraient la cotlpe, l'ex­
pl'imeraiellt et briseraient les tessons: il est dit la coupe de dévas­
tation et de désolation, pal'ce que la dévastation se dit du bien, et
que la désolation se dit du vrai. Dans Zacharie: Voici, Moi, je
(1

pose Jérusalem en coupe de tremblement pour tous les peu­


]Jles d'alentour, Il - XII. 2. - Dans Habakuk : (1 Tu seras
rassasié d'ignominie plus que de gloire; bois aussi, toi, afin
que ton prépuce soit il découvert; il la ronde ira vers toi la
coupe de Jéhovah, afin qu'un vomissement ignominieux (soit)
sw' tl.! gloi,.e. Il - II. 16; - la coupe, c'est le vrai falsifié, qui
en lui-même est le faux, et duquel se dit le vomissement ignomi­
nieux, c'est pourquoi il est dit (1 SUI' ta gloÏl'e; Il pal' la gloire est
signifié le Divin Vrai dans la Parole. Dans les Lamentations:
Cl Sois dans la joie et dans l'allégresse. fille d' É do'ln; aussi

vers toi passem la coupe, tu seras enivrée et te montreras il


nu. Il - IV. 21; - des choses semblables sont signifiées ici pal'
la coupe. Dans David: Cl Jéhovah (era pleuvoir sur les impies
des piéges, du (eu et du sou(re, et un l)ent de tempête (sera)
la portion de leur calice. Il - PSt Xl. 6. - Dans le Même:
(1 Un calice (est) dans la main de Jéhovah, et du vin il y a

mêlé; il l'a rempli d'un mélange. et il en a versé, mais ils


en suceront les lies, et ils les boil'ont, tous les impies d, la
ten'e. Il - P:;. LXXV. 9; - par les piéges, le feu et le soufl'e
sont signifiés les faux et les maux qui séduisent, et pal' un vent de
tempête est signifié l'assaut véhément du vrai; ces choses sont
dites la portion du calice, pal'ce que le calice, comme contenant,
les signifie; pal' mêler et l'emplir d'un mélange il est signifié falsi­
fiel' le vrai et le profane.'. Dans tous ces passages, la dévastation
du nai et du bien pal' les faux et les maux est alll'ibuée à Jého­
vah, cal' il est dit qu'ils prendraient la conpe de la colère de Jého­
Vers. i. CHAPlTH E SEIZIÈME. 20i
vah de sa main, que Jéhovah y mêlel'ait du vin, el la remplil'ait
d'un mélange, et aussi un calice est dans la main de Jéhovah; mais
néanmoins il faut entendre qu'aucune chose de la dévastation ne
vient de Jéhovah, mais que le tout vient de l'homme; si cela est
dit ainsi, c'est parce que l'homme naturel ne voit pas autre chose,
sinon que Dieu se met en colère, punit, condamne et jelie en enfer
ceux qui le méprisent et le blasphèment, en un mot, ceux qui ne
Lui donnent pas gloire. Parce que penser ainsi est naturel, c'est
pour cela que dans le sens ùe la lelll'e de la Parole, qui est le sens
natm'el, il est dit ainsi. Pareillement ailleul's dans l'Apocalypse:
IICeilli qui aura adoré la bete, boira du vin de la colère de
Dieu mêlé pur dans la coupe de sa colère. II - XIV. 10. --
li De Babylone la grande il y ellt mémoire devant Dieu, pour

lui donner la coupe du 1)ill de l'emportement de sa colè1'e. Il


-- XVI. 19. -((La femme avait en sa main une coupe d'or
pleine d'abominations et d'impureté de sa scortation. 11-
XVII. 6.- Cl Doublez-lui au double selon ses œuvres; clalls la
coupe, où elle a mélangé, mélangez-lui double, II - XVIII.
6. - D'après ces passages, on voil clail'cment ce qui est signifié
pal' les fioles des sept Anges, qu'ils vCI'sèrent en la tene, la mer,
les fleuves, les sources des eaux, le soleil, sur le tl'One de la bête,
SUI' le fleuve de l'Euphl'ate et dans l'air, à savoil', que ce sont les
états de dévastation qui sont décl'its par elles. Que le Calice ou la
Coupe signilie les Tentations, on peut le voir pal' les passages sui-
vants; dans les Évangélistes: li J lsus dit aux fils de Zébédée :
Vous ne savez ce que vous demandez; pouvez-vous boire la
coupe que je vais boil'e, et du b~ptême, dont je suis baptisé,
etre baptisés? Ils lui dirent : Nous le pouvons. Alors il leur dit:
Ma coupe, il est vrai, vous boirez; et du baptême, dont je suis
baptisé, vous serez baptisés. Il - MaUh. XX. 22, 23. Marc, X.
38, 39; - mais ces passages ont été expliqués ci-dessus; 1)oir
N° 893. Dans les Mêmes: (( Jésus dit il Pien'e : La coupe que
m'a donnée le Père, ne la boirai-je point? Il - Jean, XVIII.
H. - cc Jésus, àans Gethsémané, dit: S'il est possible, que
loin de Jloi passe ceUe coupe! Il - MaUh. XX VI. 39, 62, 66.
Mal'c, XIV. 36. Luc, XXII. 42; - que dans ces passages la
coupe ou le calice signifie les tentations, cela est évident: plll'eille-
208 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 960.

ment dans É:)aïe, - LI. 17, 22, - où même elle est appelée
coupe de la colère de Dieu, el coupe d'alal'me. Comme la coupe
signifie la même chose que le vin, et que dans le sens hon le vin
signifie le Divin Vrai, c'est pour cela que ce vrai est aussi signilié
pal' la coupe dans les passages suivants; dans les Évangélistes:
Il Jésus prenant la coupe, et rendant grdces, la donna aux

disciples, en disant: Blwez-en tous, car ceèi est mon sang,


celui du Nouveau l'estament. II - Mallh. XXVI. 27, 28.
Marc, XIV. 23, 26. Luc, XXIl. 17, 18; - comme par le sang
du Seigneul' est signifié le Divin Vrai procédant ùe Lui, et pal'eil­
lement pal' le vin, conséquemment par la coupe, c'est pour cela
qu'il est dit Il ceci est mon sang; II et comme par le Divin Vrai il y
a conjonction du Seigneul' avec l'Église, c'est pour cela qu'il est
dit (( celui du Nouveau Testament Il ou de la nouvelle alliance; que
le sang du SeigneUl' signifie le Divin Vrai, on le voit, N°s 328,
329,476,748; et que l'alliance signifie la conjonction, on le voit,
N° 701. Dans David: Il Jéhovah, portion de ma p(lrt, et mon
en.lice, Toi, qui soutiens mon lot. » -- Ps. XVI. 5. - Dans le
Même: li l'u dresseras devant moi la table en présence de mes
ennemis, tu oindras d'huile ma tête, ma coupe aura abon­
dance, II - l's. XXIII. 5; - dans ces passages, la coupe o.<;t
dite au lieu du Divin Vrai: comme la coupe signifie cc Hai, c'est
pour cela qu'elle est appelée Il coupe des saluts, 11- Ps. CXVI.
13. - Et li coupe des consolations, \1 - Jél'ém. XVI. 7. ­
Dans Marc: It Quiconque vous donnera ct boire un verre d'eau
en mon Nom, parce que vous êtes ct Christ, ne perdm point
sa "écompense. » -IX. hi; - donner à boire un verre ù'eau
en mon Nom, parce que vous êtes à Christ, signifie enseigner la
Parole d'après l'amour du vrai, ainsi d'après le Seigneur, pareille­
ment faire le bien; "amour du vrai pour le vrai est entendu par
donner un "ene d'eau au Nom du Seigneur; par Chl'ist aussi est
entendu le Seigneut' quant au Divin Vrai. Dans les Évangélistes:
liMalheur ct vous, Scribes et Pltarisiens, hypocrites! vous
nettoyez le dehors de la coupe et du plat, mais en dedans ils
sont pleins de rapine et d'intempérance; nettoie premiere­
ment le dn'ums de la coupe et du plat, afin qu'aussi l'exté­
rieur dem'emw net, Mallh, XXIII. 25, 26. Luc, XI. 39;
1) -
Vers. 1. CHAPITHE SEIZIÈME. 209
- si le Seigneur a dit la coupe et le plat t c'est parce que le conle­
nant signifie la même chose que le conlenu t ainsi la coupe la même
chose que le vint et le plat la même chose que la noul'ritUl'e; par
Je vin est signifié le Vrai de la Parole et de la doctrine t el par la
nourritUl'e le Bien de la Parole et de la docll'ine; l'homme nalurel
ou le menlal naturel est pUl'ifié en dedans quand les faux et les
maux Ollt été éloignés; c'est le contrail'e quand ils Il'ont pas été
éloignés; car tel est l'intérieur t tel devient l'extél'ieur; mais lei est
l'extérieurt tel ne devient pas l'intérieurt car l'intérieur influe dans
l'extérieur et le dispose à la convenance avec lui, mais non vice
1;ersâ. - ContinualioTI sur le Second Précepte: Puisque par le
Nom de Dieu il est entendu ce qui pl'ocMe de Dieu el ce qui est
Dieu, et que cela eslnommé le Divin Vrai el chez 1I0US la Parole,
celle Pal'ole élant en soi Divine el lrès-Sainle ne doit pas êll'e pro­
fanée, et elle esl profanée lorsqu'oll en nie la sainlelé, ce qui al'I'ive
lorsqu'elle est méprisée t rejetée et couvel'te d'oull'ages; quanll cela a
lieu t le Ciel esl ferme t el l'homme esl abandonné à l'Enfer'; en etfet t
la Parole est l'unique moyen de conjonction du Ciel avec l'Église;
c'est pourquoi t lorsqu'elle est rejetée de cœur t celte conjonction est
délruile t cl l'homme, étanl alol's abandonné ill'.Enfer, ne reconnail
plus aucun vrai de l'f:glise. II ya deux chosr.s qui ferment le Ciel
aux hommes de l'Église; l'une est de nier'ie Divin du Seigneur, et
l'autre de nier la sainteté de la Parole; la raison de cela t c'est que
le Divin du SeigneUl' est le lout du Ciel, et que le Divin Vrai t qui
est la P:H'ole dans le sens spil'ituel, fait le Ciel; ùe là il est é\'ideot
que celui qui nie l'un ou "autl'C, nie ce qui est le tout du Ciel et ce
par quoi est et existe le Ciel, et qu'ainsi il sc prive de la communi­
cation t et pal' con!'équent de la conjonction avec le Ciel. Pl'ofaner la
Parole est la même chose que hlasphémer'l'Esprit Sainl t ce qui n'est
l'emis à personne; c'est pOlll' cela même qu'il est dit dansce préceple
que celui qui profane le Nom de Dieu ne sera poinllaissé impuni.
961. E t ,~' en alla le P"emier, et il vel'sa sa {lole sur la
Terre, signi{le la manifestation de l'état de l'Église dans le
commun: on le voit pal' la significalion de verser la {lole sur la
terre, en cc que c'est la manifestation de l'état de l'Église dans le
commun t cal' par les sept Anges il est signifié la manifestation, et
pal' la Lel'I'e l'Église, ici comme ci-dessus, N° 960.
VI. H.
210 L' APOCAL YPSE I~XPLlQUI~E. N6 962.

902. El il Y cul lm ulcère grand el perniciewr, signifie


les mauvaises œuvre.s là, et1Jar suite les falsifications du vrai:
on le voit pal' la signification de l'ulcère, en ce que ce sont les
œuvl'es qui sont faites d'apl'ès ('homme, ainsi qui sont de son pro­
pre, lesquelles sont des maux, comme il va être montré; et comme
grand se dit du hien, et, dans le sens opposé, du mal, et que per­
m'cieux se dit du falsifié, c'est pour cela que par un ulcère grand
el pernicieux il est signifié les mauvaises œuvres, el par suite les
falsilications du \'l'ai. Si pal' les ulcères sont signifiées les œunes
d'apl'ès le pl'opre, et par suite les maux, c'esl parce que du propre
de l'homme il ne peul être pl'oduit que le mal; cal' le propre de
"homme est ce dans quoi il naU, et que plus tard il contl'acte par
sa vie, et comme son p"opre par la naissance même est composé
de pUl'S maux, c'est pour cela que l'homme doit de nouveau êtl'e
quasi créé, c'est-à-dire, être l'égénéré, pOUl' qu'il soit dans le bien,
et qu'ainsi il puisse être reçu dans le Ciel: quand il esl J'égénéré,
les maux qui sont de son propre sont éloignés, et à la place de ces
maux sont implantés des biens, ce qui est fait par les nais. Que
les mauvaises œuvres et les falsifications du vl'ai soient chez ceux
qui reconnaissent la foi seule par la doctrine, et qui la confirment
par la vie, cela est entendu pal' les choses qui vonl suivre, il savoir,
que l'ulcère grand el pel'llicieux fut sur les hommes qui avaienl le
caractère de la béte, et qui adoraient son image. Que les ulcères si­
gnifient les œuvl'es qui viennent ,du propre, on peut le voir d'apl'ès
la Parole, quand il y est parlé d'ulcères et de blessures, puis aussi
de maladies de divel's genre, comme lèpre, fièvre, charbon, hé­
morl'holdes, et plusieul's autl'es, qui toutes correspondent aux cu­
pidités qui ont leur source dans les amours mauvais, ef par suite
signifient ces cupidités, Ce que signifient en outre les ulcères ou
blessur'es, on peut le voir pal' les passages suivants; dans Ésare :
Il Depuis la plante du pied jusqu'à la t~te, e1l lui rien de sain,

blessure et cicatrice, et plaie récente, qui n'ont été ni pres­


sées, lIi bandées, ni adoucies par l'huile; votre terre, soli­
tude; t'OS l'liles, brûlées par le feu. Il - I. 6. 7; - par ces
I)al'oles il est décrit que dans l'Église il n'y a pas le bien ni pal'
suite le vrai, mais qu'il yale mal et par suile le faux: (L ùepuis la
piaille llu pied jusqu'il la tête, en lui rien de sain, signifie que tant
l)
Vers, 2. CHAPITllE SEIZiÈME. 2lt
les naturels que les spil'ituels, qui sont les intél'ieurs de l'homme ct
de sa volonté, ont été entièrement détruits; (1 hlessUl'e et cicatrice,
et plaie l'écente, li signifie les maux de la volonté, et pal' suite les
faux de la pcnsée, continuellement en grand nombre; les maux de
la volonté sont aussi les mauvaises œuvl'es; (1 qui n'ont été ni pl'es­
sées, ni bandées, ni adoucies pal' l'huile, Il signifie non amendées
pal' la résipiscence, ni tempél'ées pal' le bien; « vou'e telTe, soli­
tude; vos villes, ùrû.lées pal' le feu, Il signifie que l'Église a été dé­
vastée quant à tout vrai, et que ses doctrinaux ont été détruits par
la vic selon les cupidités qui ont leul' sOlll'ce dans un amoul' mau­
vai~, Dans Hosée : (1 Éphraim a vu sa maladie, et J ehudah Sil
blessure; et Éphraïm s'en est allé vers l'Assyrien, et il a en­
voyévers le ,'oi Jm'eb, el celui-ci n'a pas pu vous guérir, et
il ne prendra pas soin de votre blessure, Il - V, 13; - par
]~phraïm est. signifiée l'l~glise quant à l'entendement du vrai, ici
quant il l'entendement du faux; et pal' Jehudah est signifiée la vo­
lonté du hien, ici la volonté du mal; par l'Assyl'ien et le roi Jareh
est signifié le l'ationnel perverti quant au bien et quant au vl'ai; de
là on voit clairement ce qui, dan~ la série, est signifié pal' ces pa­
l'OIes, à savoil', que l'honlme d'après la propre intelligellce ne peut
corriget' les faux qui ont leur source dans les maux de la volonté;
le mal de la \'OIOllté, qui est aussi le mal de la vie, est entendu par
la blessure. Dans David: Il Mes iniquités ont dépassé ma tête;
puallles el gallgrCllées .~ont mes blessures li cause de ma (o­
lie. 1) - Ps, XXXVlll. 5, 6; - ici aussi les blessures sont mises
pour les maux de la volonté, qui sont les mauvaises œuvres; ell<,s
sont dites puantes et gangrenées à cause de la folie, quand le plai­
sil' de la volonté, el pal' suite celui de ta pensée, est de les faire.
Dans Ésaïe: (1 Ali jOllr 'Ille Jéhovah bandel'a III {racture de
son peuple, el que la blessure de sa plaie il guérira. Il - XXX.
26; - par la fracture du peuple il est signifié le faux de la doc­
trine, et pal' la hlessure de la plaie le mal de la vie; la réformation
de la doctrine par les vrais est signifiée en ce que Jéhovah bandera
la fractul'e de son peuple, ct la réformation de la vie pal' les vl'ais
(',st signifiée en ce qu'il guél'im la blessure de la plaie, Pal' u le Sa­
marilain qui ballda les blessures de l'homme blessé par les
,,'olellrs, el y versa de l' huile et du vin,» - Luc; X. 33, 3'A,
212 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉB. N" 962.

- il est signifié quc ccux qui sont dnns le bien de la charité veu­
lent pal' les vrais d'après le bien cOl'I'iger les maux qui ont leur
source dans les faux; les voleUl's sont ceux qui ont introduit les
faux d'où pl'oviennent les maux, spécialement les Juifs; les bles­
sures sont ces maux, l'huile est le bien de l'amoul', le "in est le vrai
de la Par'ole et de la doch'ine; mais ces paroles ont été expliquées
ci-dessus; voir No' 376 et hM, Pal' Il Lazare couvel'l d'ulcères,
étendu à la porle du riche, Il - Luc, XVI. 20,2:1, - sont en­
tendues les nations qui étaient dans les faux par ignorance du vl'ai,
et pal' suite non dans les biens; c'est de là qu'il est dit couvert
d'ulcères; par le riche, à la pOl'te duquel il était étendu, était si­
gnifiée la nation Juive, qui avait pu êtl'e dans les vrais d'après la
Parole qu'elle possédait. Que l'ulcère fiorescent ait été une des
plaies de l'Égypte, cela est évident dans Morse : lc J ého",'ah dil à
Moscheh el à Aharon : Prenez-vous plein vos poings de suie
de foul'naise, et que Moise la répande vers le ciel aux yeux
de Pharaon; cl elle ,~era en poussière ,ml' toule la terre d'É­
gyple, El ils prirenl la suie de la foumaise, et Moscheh la
l'épandit ver,~ le ciel, et elle devint ulcb'e de pustules flores­
cent sur l'homme et sur la bêle: el les mages ne purent se
tenir delJant Moscheh à cause de l'ulcb'e, cnr l'ulcère était
sur les mages et sur tous (es Égyptiens, Exod. IX. 8, g,
1) -

10, 11 ; - pal' Pharaon et les Égyptiens il cst signifié l'homme


natlll'ei obsédé pal' les maux et les faux de tout genre, et le violent
désil' de domination de l'homme naturel sur l'homme spirituel;
l'homme spirituel était signifié, là, pal' les Ols d'Isl'aêl; les miracles
qui y étaient autant de plaies, et même étaient appelés maladies,
signifiaient tout autant de maux et de faux infestant, dévastant et
détruisant l'Église qui était chez les hommcs spil'itucls; par la suie
de fournaise, que Moschch ,'épandit vel's le ciel, sont signifiés les
faux des cupidités qui étaient excitées; plu'la poussièl'c sUI'la tel'l'c
d'Égypte est signifiée la damnation; pm'l'ulcère de pustüles 110 res­
cent sont signifiées les impUl'etés de la volonté avec les blasphèmes;
mais ces choses ont été expliquées en particulier dans les ARCANES
CÉLESTES; voir N°' 75'16 à 7532, Des choses semblables sont donc
signifiées par ces paroles dans Morse: IC Jéhovah te frappera de
l'ult'ère d'Égyptl', el d'hémol'roide,~, el de teigne, el de gale,
Vers. 2, CHAPlTUE SEIZIÈME. 213
au point que tu ne puisses étre guéri; et tu en deviendras in-"
sensé à ['aspect de tes yeux. Jéhovah le frappera d'un ul­
cere malin sur les genoux et SUT' les cuisses, dont tu ne pou,'­
ras pas ~tre guéri. l I - Deuté!'. XX Vlll. 27, M, 3b, 36; - par
les plaies nommées dans ces passages sont signifiés des maux et des
faux de divel's genre ayant leUl' sOUl'ce dans les amours impUl's de
l'homme naturel; en effet, ils correspondent, car les ulcèl'es et les
blessures existent pal' la lésion de la chail' et du sang, et les maux
et les faux existent par la lésion du Divin Bien et du Divin Vrai,
et dans la Pal'ole la chail' c01'l'espond au bien et pal' suite le signi­
fie, et le sang correspond au vrai et par suite le signilie. Comme
par la lèpl'e est signifiée la profanation du vrai, et que la profana­
tion du vrai est diverse, légère ou grave, intérieure ou extél'ieure,
et selon la qualité du vrai profané, c'est pOUl' cela que ses effets
aussi sont ùivel's; ils sont signifiés pal' les appal'ences dans la lèpre,
apparences qui étaient (1 les tumeurs, les ulcères de tumeurs,
les pustules blanches, roussâtres, les abcès, les inflamma­
tions, les taches blanches, les teignes, etc. 1 li - Lévi!. Xlii.
i à 59 : - de telles maladies existaient chez les Juifs, d'après la
cOl'l'espondance, à cause des profanations de la Parole, non·seule­
ment dans leur chair, mais aussi dans leurs vêtements, leUl's mai­
sons et leurs meubles. - Continuation sur le Second Pré­
cepte: Puisque par le Nom de Dieu il est entendu le Divin Vl'ai ou
la Pal'ole, et que pal' sa profanation il est entendu l'action de lIier
sa Sainteté, et par conséquent le mépl'is, le rejet et le blasphème, il
en l'ésulte que le Nom de Dieu est intél'ieu!'ement profané )laI' une
vie opposée aux préceptes du Décalogue; il y a, en effet, une pro­
fanation intérieure et non extérieUl'e, et il y a une profanation in­
térieure et en même temps extérieure, et il peut aussi y en avoil'
une extérieure et non en même temps intérieure; la profanation
intél'ieure se fait par la vie, et l'extél'ieUl'e par le langage; la pl'O­
fanation intél'ieure, qui se fait par la vie, devient aussi apl'ès la mort
profanation extérieure ou pl'ofanation par le langage, cal' alors
chacun pense et veut, et, autant qu'il lui est permis, pade cl agit
selon sa vie, et non par conséquent comme dans le Monde; dans le
Monde, l'homme a coutume de parlel' ct d'agi., autrement qu'il ne
pense ct qu'il ne veut c!'ttprès sa vic, à cause du monde ct pOUl' se
:li!J L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N'!)62,

faire une I.>onue répulation; c'esl de là qu'il vient d'êll'e dil qu'il y
a une profanaLion intérieure el non en même temps exlél'ieure.
Qu'il puisse aussi exister une profanation extél'ieure el non en
même lemps inlérieul'e, c'esl parce que le style de la Pal'ole, n'é­
lanlIlullemenl le slyle du monde, peuL par conséquent être en quel­
que sOl'le méprisé pal' ignorance de sa sainleté intél'ieure.
963. Sur les !tommes qui avaient le camclère de la bêle,
el qui adoraient son image, signifie qui l'econnaissent la (oi
seule et sa doctrine, et vivent selon celle doclrine : on le voit
par la signification de la béie, en ce que ce sont ceux qui sonl dans
la foi seule ou dans la foi sépal'ée des I.>iens de la vie, et qui confir­
ment celle foi par des J'aisonnemenls d'après l'homme nalurel, ainsi
qu'il a élé monlré dans le Chapill'e XIII depuis le commencement
jusqu'à la fin; pal' la significalion de son caraclère, en ce que
c'est la l'econnaissance, la réceplion el l'atlestation de celle foi, ci­
dessus, No, 838, 886; pal'Ia significalion de son image, en ce que
c'esl la doctl'ine; el pal' l'adorer, en ce que c'esl la reconnaitre de
camI' et pal' la vie, N°' 827, 833 : que chez eux il y ait les mau­
vaises œunes et les falsifications de la Parole, cela a été montré
dans le Chapilre sur le Dragon, el dans le Chapill'e sur les deux
bêles du dragon, el cela est hien évidenl en ce que, d'apl'ès la foi
sauvante ou juslifianle, ils excluent les honnes œuvl'es, en ensei­
gnant que la foi sans elles justifie el sauve; et parce qu'ainsi elles
ne sont point nécessaires, elles sont omises; \1 esl de Statut éternel
ou d'O,'dl'e Divin que, là où il n'y a poinl les bonnes œuvres, il y
a de mauvaises œunes; ce sont donc celles-ci qlli sonl signifiées
pal' un ulcèl'e grand el pemicieux ell la terre ou dans l'Église che?
ceux qui sont dans la foi seule el par' la doctrine et par la vie. -­
Continuation sur le Second Précepte: Celui qui s'ahslient de
profauel' le Nom de Dieu, c'est-à-dil'e, la sainLeté de la Pal'ole,
par le rnépl'is, par le rejet, ou pal' Quelque I.>lasphème, celui-là a
de la l'eligion, et il en a suivant la manière dont il s'abstient;
car personne n'a de religion, si ce n'esl d'apl'ès la l'évélation, et
chez nous la l'évélalion est la Pal'ole. C'est de cœUI', et non de
bouche seulemenl, qu'il faul s'al.>stenir de profanel' la saintelé de
la Pal'ole; ceux qui s'en abstiennent de cœul' vivent d'après la
religioll, màis eeux qui s'en ahslienllenl seulement de houche ne
Vers. 2, CHAPITRE SEIZIÈME. 215
vivent pas d'après la l'eligion; CUI' ceux-ci s'cn ahstiennent ou
pour eux-mêmes ou pOUl' le monde, pal'ce que la Parole leUl' serl
de moyen pOUl' acquérÏl' de l'honneur et du profit, ou ils s'cn abs­
tiennent par quelque crainte; mais plusieUl's d'entl'e eux sont des
hypocrites qui n'ont aucune l'eligion.
966. Vers. 3. Et le Second Ange versa sa (iole dans la
Mer, et il y eut du sang comme d'un mort; et toute âme t,i­
vante mourut dans la Mer, - Et le Second Ange versa sa
(iole dans la mer, signifie l'étal de l'Église manifesté quant aux
connaissances du vrai dans l'homme naturel: et il y eut du sang
comme d'un mort, signifie qu'elles ont. toutes été falsifiées: et
toute âme vivante mourut dans la mer, signifie que dans
l'homme naturel il n'y a plus rien du spirituel d'apl'ès la Parole.
965. Et le Second Ange l)erSa sa (iole duns la Mer, signi­
(ie i' état de l'Église manifesté quant aux connai.çsances du
vrai dans l'homme naturel: on le voit par la signification de
l'Ange versant la (iole, en ce que c'est l'~tat de l'Église mani­
festé, comme ci-dessus, Nol 960, 961 ; et par la signification de la
mer, en ce que ce sont les communs du vrai dans l'homme natu­
l'el, NOl 275, 362, 511, 876, 93'1, 936, ici d'apl'ès [a Parole,
d'après laquelle les communs du vrai sont les connaissances; de là,
pal' la mer est signifié l'homme naturel quant aux connaissances
du vrai d'après la Parole, et aussi les connaissances du bien qui en
dél'ivent, cal' les connaissances du bien sont même les connaissances
du vrai; en effet, savoir qu'une chose est un bien, et qu'elle esl tel
hien, c'est un vrai; puis aussi, voir par l'entendement divers biens
et leurs diffél'ences, el aussi leUl's opposés qui sont appelés maux,
en tant que ce sont des connaissances, ce sont des vl'ais, et ils ne
sont pas essentiellement des biens, si ce n'est quand ils sont senlis
comme plaisirs ou comme non-plaisÏl's, ainsi quand ils sont per­
çus par quelque sens ou d'apl'ès quelque amour. - Suit mainte­
nant l'Explication du Troisième Précepte du Décalogue, qui
consiste ù sanctifier le Sabbath. Le Troisième Précepte du Dé­
calogue et le Quatrième contiennent les choses qu'il faut fail'e,
à savoir, qu'il faut sanctifiel' le sabbath, et honorer' son pèl'e et
sa mèl'c; Ics autres préceptes conliennent les choses qu'il nc faut
point faire, à savoir, (IU'il ne faut ni auorcr d'autrcs dicux, ni
2lü L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. NO, !l65.

profanel' le Nom de Dieu, ni voler, ni commellre adullèl'e, ni


luel', ni pOl'ler faux lémoignage, ni convoilel' les biens des ault'es.
La l'aison pOUl' laquelle ces deux pl'éceptes sont des commande­
ments de fail'e, c'esl que la sanctification des autres pl'éceples en
dépend; en effet, le sabbath signifie l'union du Divin Même el du
Divin Humain dans le Seigneul', puis la conjonction du Seigneur
avec le Ciel et l'Église, et par suile le mariage du bien el du vrai
chez l'homme qui est régénél'é. Comme le sabbath avait ces signi­
fications, voilà pourquoi il élait le principal rept'ésenlalif de toutes
les choses du culle dans l'Église Israélile, comme on le voil dans
Jérémie, Chap. XVII. 20 à 2ï, el ailleul's; s'il a été le prin­
cipal l'epl'ésenlalif de toutes les choses du culte, c'était pal'ce que
la plus impol'lante de Ioules les choses du culle eslla l'econnais­
sance du Divin dans l'Humain du Seigneur, C!!t' sans cette recon­
naissance l'homme ne peut que croire et faire pal' soi-même; or,
ct'oire pal' soi-même, c'esl croire des faux, et faire pal' soi-même,
c'esl faire des maux; ce qui aussi esl bien évident d'apl'ès les pa··
l'oies du SeigneUl' Lui-Même dans Jean: Il A ceux qui lui
avaient demandé: Que {erons-nous pour opérer les œuvres
de Dieu, Jésus répondit et dit: L'œuvre de Dieu, c'est que
vous croyiez en Celui qu'il a envoyé, Il - VI, 28, 29, ­
Et dans le Même: (1 Qui demeure en Moi, et 1IIoi en lui,
celui-là porte du {ruit beaucoup; car sans Moi t'ous ne pou­
vez (aire rien, )/ - XV, 5, - Qne le sabbath ail l'eprésenlé
celle union el la sainte l'econnaissance de celle union, c'est ce qui
a été monll'é en beaucoup d'endroits dans les ARCANES 'CÉLESTES,
à suroit' : Que le Sabbalh dans le sens suprême a signifié l'union
du Divin Même el du Divin Humain dans le Seigneut'; dans le
sens intel'lle, la conjonclion de l'Humain du SeigneUl' avec le Ciel
et avec l'J~glise; et, en général, la conjonction du bien et du nai,
par conséquent le mal'iage céleste, N°' 8lJ95, 1.0356, 10730:
Que de là le repos, le jour du salJbath, a signifié l'étal de celle
union, parce qu'alors il y a eu Repos pOUl' le Seigneul', el par là
aussi paix et salut dans les Cieux et dans les tel'rés; et dans le sens
respectif, la conjonction de l'homme avec le SeigneUJ', parce qu'a­
10l's il y a eu pour j'homme paix et salul, N°' 8lJ9lJ, 851.0, 10360,
10367, 103'iO, to37ft l l060S, 10730 : Que I(',~ six jours qui
"crs. ;J. CllAl)JTRE SEIZIÈME. 217
précèdent le sabbath ont signifié les tmvaux et les combats avant
l'union et ~a conjollction, No' 8510, 8888, 9431, 10360,1.0667.
Il ya deux états pour l'homme qui est régénéré; le premiel', tandis
qu'il est dans les vl'ais, et que pal' les vrais il est conduit au bien
et dans le bien; le second, lorsqu'il est dans le bien : quand
j'homme est dans le pl'emier état, il est dans les combats ou tèn­
tations; mais quand il est dans le second état, il est dans la tran­
quillité de la paix. Le pl'emier état est celui qui est signifié pal' les
six jours de tl'avail qui précèdent le sabbath, et le second état celui
qui est signifié par le repos le jour du sabbath, N°' 9274,9431,
1.0360 : Que le SeigneuI' a été aussi dans ces deux états; dans le
premier, 10l'squ'il était dans le Divin Vl'ai, et que pal' cc vl'ai il
eomballit contre les enfers et les subjugua; dans le second, 100's­
qu'il devint le Divin Bien pal' ['union avec le Divin Même en Soi:
Le premier étut dans le sens suprême était signifié pal' les six joul's
de travail, ct le second par le sabbath, N° 10360 : Le sabbath,
parce qu'il représentait de telles choses, était le principal repl'ésen­
tatif du culte, et le repl'ésentatif le plus saint en comparaison des
autres, No' 10367,10370 : Que fail'e une œuvl'e le jour du sah­
bath a signifié étl'e conduit, non par le Seigneur, mais par soi­
même, ainsi étl'e disjoint, No' 7893, 8!J95, 1.0360, 10362,
1036!J : Que le jour du sabbath n'est pas repl'ésentatif aujour­
d'hui, mais que c'est lin jouI' d'instl'Uction, N° 10360 f.
966. Et il Y eut du sang comme d'un mort, signifiequ'clles
ont toutes été falsifiées .' on le \'oit pal' la signification du sang,
en cc que c'est le Divin VI'ai, et dans le sens opposé le Divin Vrai
falsifié, N°' 30, 328, 329, !J76, 7!J8, ici donc, que toutes les con­
~Iaissances du vrai d'après la Parole ont été falsifiées: les connais­
sances du \'l'ai d'apl'ès la Pal'ole sont les vl'ais du sens de sa lettl'e,
ou les vrais dans la Pal'ole pOUl' l'homme natul'el, vrais qui aussi
sont des Divins Vrais; ces vl'ais entièl'ement falsifiés sont signifiés en
ce que dans la mer il y cut du sang comme d'un mOI't. Les Divins
Vrais du sens de la relire de la Parole sont dits falsifiés, 10l'Squ'ils
ont été pel'vertis jusqu'à desh'uction du Divin Vl'ai intérieUl', ou du
Divin Vrai dans [es Cieux; alOl'S aussi dans les Cieux ils apparais.
sent chez l'homme comme le sang d'un mort: que ceux qui séparent
la foi d'avcc Ics biens de la vic falsifient la Parolc, cela a été montl'é
218 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. j\" 1166.

quelquefois ci-dessus; ces choses ont été dites d'eux, comme il est
évident par le second Verset de ce Chapitl'e. .,- Du Quatrième
Précepte du Décalogue. que le père et la mère doit'ent être
honorés. Ce précepte a été aussi donné, pal'ce que l'honneur, l'eudu
au père et à la mère, \'eprésentait et pal' suite signifiait j'amour en­
vel's le Seigneur et l'amoUl' à l'égal'd de l'Église i en effet, le père
dans le sens céleste, ou le Père C~leste, est le Seigneur, et la Mère
dans le sens céleste, ou la Mèl'e Céleste, est l'Église ; l'honneur si­
gnifie le bien de l'amour, et la prolongation des jours qui est pro­
mise signilie la félicité de la vie éternelle; ce Précepte est entendu
ainsi dans le Ciel, où ('on ne connall pas d'aull'e Père que le Sei­
gneur, ni d'autl'e Mère que le Royaume du Seigneur, qui est aussi
l'Église i cal' le Seigneur donne de Lui-Même la vie, et par l'Église
il donne la nOUl'riture. Que dans le sens céleste aucun Pèl'e dans
le monde ne doive être entendu, ni même êtl'e nommé, 10l'sque
l'homme est dans l'idée céleste, c'est ce que le Seigneur enseigne
dans Matthieu: I( N'appelez personne votre père sur la ten·e.
car un seul est votre Père. celui qui est dans les Cieux. Il ­

XXIII. 9. - Que le Pèl'e signifie le Seigneur quant au Divin Bien,


on le voit ci-dessus, N°' 32, 200, 25!J, 297. Que la Mèl'e signifie
le Royaume du Seigneur, l'Église et le Divin VI'ai, on le voit dans
les ARCANES CÉLESTES, N°' 289, 2691, 2717,3703,5581,8897;
que la pl'olongalion des joUl's signifie la félicitê de la vie éternelle,
N° 8898, ibid.; et que l'honneur sign~fie le bien de l'amour,
N° 8897, ibid., et No' 288, 3!J5, ci-dessus. D'après cela, il est
maintenant évident que le tt'oisième Précepte et le quatl'ième enve·
loppent des arcanes SUI' le Seigneur, à savoir, la reconnaissance et
la confession du Divin du SeigneUl', et le culte du Seigneul' d'après
le bien de l'amoul'.
967. Et toute dme vivante mourut dans la Mer, signifie
que dans l'homme naturel il n'y a plus rien du spirituel d'a­
près la Parole: on le voit pal' la signification de l'âme vivante
dans la mer. en ce que c'est ce qui a en soi la vie spil'Ïtuelle, ainsi
qu'il va être montré; pal' la signification de la mer, en ce que ce
sont les communs du vrai dans l'homme natm'el, et pal' suite aussi
les connaissances du nai d'après la Pal'ole, comme il vient d'être
dit, NO) 965; quand cclles-ci n'onl aueullc l'ie d'après le Monde spi­
Vers. 3, CHAPITlŒ SEIZIÈME. 219
l'ituel ou d'apl'ès le Ciel, elles sont dites mOI'tes. Pal' l'âme vivante
dans la mel' sont entendus les poissons de divers genre, par lesquels
il est signifié les scientifiques de l'homme naturel; voir ci-dessus,
N: 513; et aussi les connaissances du vl'ai d'apl'ès la PaJ'Ole, chez
les hommes natul'els, car chez ceux-ci les connaissances du vrai
d'après la Parole ne sont pas autrement que comme des scientifi-
ques du monde; cela vient de ce que chez eux elles n'ont en elles-
mêmes aucune vie d'après le spil'ituel, et cependant les connais-
sances tirées ùe la Parole, à moius que le spirituel n'influe du Ciel
en elles, ne sont point vi vantes, Illais sont mortes. Les connais-
sances du vrai d'après la Parole ne vivent point chez l'homme,
avant que l'homme interne-spirituel ait été ouvel't; il est ouvert
pal' le Seigneur', 10l'sque l'homme est régénéré, et alors pal'
l'homme spirituel ouvert le spirituel influe du Ciel dans les con-
naissances du nai et du bien qui sont d'après la Pal'ole dans
l'homme natul'el, et Hies vivifie; Hies vivifie de celle manière, que
les connaissances du vrai et du bien dans l'homme natUl'e! devien-
nent les connaissances des spirituels qui sont dans l'homme in-
teme-spirituel, et quand elles sont des correspondances, elles vi-
vent, cal' alors dans chacune des connaissances ou dans chacun des
vrais il y a un spirituel l'enfermé, comme l'âme dans son corps; il
résulte de là que l'homme après la mort vient dans ces spil'ituels,
et que les connaissances auxquelles ils ont correspondu leur sel'vent
ùe base; mais il en est tout aul\'ement en ceux chez qui les connais-
sances tÏl'ées de la Pal'ole n'ont pas été vivifiées. Le spirituel qui
influe du Ciel dans les connaissances est l'affection du vrai, l'affec-
lion du bien et l'affection de fructifiel'; cal' c'est la chalem' spÏl'i-
tuelle qui esl l'amoul' ou l'affection du bien, et c'est la lumière spi-
rituelle qui est l'affection du vl'ai; ce sont là les spil'ituels qui in-
Huent el qui vivifient les connaissances du vrai tirées de la Pal'ole
chez ceux qui sonl dans la vie de la chal'ilé el par suite dans la foi;
mais ces mêmes connaissances, chez ceux qui sont dans la foi sé-
paréè de la vie de la chal'ité, sonl mortes: c'est donc là ce qui est
signifié par (1 toute âme vivante moul'ut dans la mel'. » - Du
Cinquième Précepte: Tu ne voleras point. Pal' les vols sont
enlendus non-seulemenl les \"ols manifestes, mais encore les vols
non-ma\lifcslc~, eomme les prêts il usure et les gains illicites,
220 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 967.

qui se font pal' des f1'audes ~t des ,'uses, sous ditfél'entes fOl'mes
afin qu'ils paraissent comme licites, ou clandestinement afin qu'ils
ne paraissent point du tout; de tels gains se font communément
cbez ceux qui administrent en chef ou en sous-ol'dl'e les biens
des autres, cbez les négociants, puis aussi chez les juges qui
vendent des jugements et font ainsi de la justice un tl'3fic. Ces
actes et plusieurs autres sont des vols dont il faut s'abstenir, et
qu'on doit fuil' et enfin avoir en aversion comme péchés contre
Dieu, parce qu'ils sont conll'e les Lois Divines qui sont dans la
Parole, et contre celle-ci qui est une des lois fondamentales. de
toutes les l'eligions dans l'univet's enlier; cal' ces dix préceptes sont
des préceptes universels, donnés dans le but que l'homme vive d'a­
près la religion, IOI'squ'j[ vit d'après eux, cal' la vie d'apl'ès la re­
ligion conjoint l'homme au Ciel, mais la vie d'après ces préceptes
par ohéissance à la loi civile et morale le conjoint au monde et non
au Ciel; or, êtl'e conjoint au monde et non au Ciel, c'est être con­
joint à l'enfer.
968. Vers. h, 5, 6, 7. Et le TroisùJmeAngeversasafiole
dans les Fleuves et dans les Sources des eaux, et il y eut du
sang. - Et j'entendis l'Ange des eaux qui disait : Juste tu
es, Seigneur, Qui Est et Qui Était, et le Saint, parce que ces
choses tu as jugé. - Parce que sang de Saints et de Pro­
phètes ils ont versé, du sang aussi tu leur as donné à boire,
car dignes ils (en) sont.-Etj'en entendis un autre de l'Au­
tel, disant: Oui, Seigneur Dieu Tout-Puissant, vrais et
justes, tes jugements. - Et le Troisième Ange 1)erSa sa {tole
dans les Flew)cs et'dans les Sources des eaux, signifie l'état de
l'Église manifesté quant à la faculté de comprendre les vrais de la
Parole: et il y eut du sang, signifie qu'elle avait été perdue d'a­
près les falsifiés: et j'entendis l'Ange des eaux qui disait, si­
gnifie la pl'édication de la Justice du Seigneur d'après son Royaume
spil'ituel: Juste tu es, Seigneur, Qui Est et Qui Était, signifie
le SeigneUl' quant au Divin Bien d'étel'llité : et le Saint, signifie
quant'au Divin Vl'ai : parce que ces choses tu as jugé, signifie
pal' Qui il a été pl'évu que ces choses aniveraient, et pal' Qui il a
été pourvu à ce qu'elles ne cau"assent point de dommage aux
Cieux qui sont dans le Divin Bien el dans le Oivin Vrai: 1)(11'('1'
Ver's. I,. CHAPITRE SEiZI ÈME. 221.
que sang de Saints et de Prophètes ils ont vel'sé, signifie parce
qu'ils ont falsifié les vrais de la Parole et de la doctrine d'apl'ès la
Pal'Ole : du sang aussi tu leur as donné li boire, signifie que par
suite eux sont dans les faux du mal: cm' dignes ils (en) sont, si­
gnifie qu'i1leUl' est fait comme ils font: et j'en entendis un au­
tre de {'Autel, disant, signifie la prédication de la Justice du
Seigneul' d'après son Royaume céleste : oui, Seigneur Dieu
l'out-Puissant, vrais et justes, tes jugements, signifie que ces
choses sont faites, parce que d'après le Divin Bien et I~ Divin Vrai
toutes choses sont, vivent et peuvent.
969. Et le Troisième Ange versa sa fiole dallS les Fleuves
et daT/S les SoU/'ces des eaux, signifie l'état de l'Église ma­
ni{esté quant à la {aculté de comprendre les vrais de la Pa­
l'ole: on le voit par la signification de l'Ange versant la fiole,
en ce que c'est l:état de l'Église manifesté, comme ci-dessus,
No' 960, 961, 965; par la signification des {lewyes, en ce que
ce sont des choses qui appartiennent à l'intelligence, et par suite
li la faculté de compl'end.'e, N° 518; et pal' la signification des
,~OUI'ces des eaux, en ce que ce sont les Vl'ais de la Parole,
N° 483; de là il est évident que par (1 le Troisième Ange versa sa
fiole dans les Fleuves et dans les Sources des eaux, Il il est signifié
l'état de l'Église manifesté qnant il la faculté de comprendre les
v.'ais de la Pal'ole. - Continuation Sl/r le Cinquième Pré­
cepte : L'homme a été créé pOUl' être l'image du Ciel et l'image
dulVlonde, cal' il est un microcosme (petit monde), L'homme naH
pal' ses parents image du monde, et il natl de nouveau pour être
image du Ciel; naitl'e de nouveau, c'est être régénéré, ct l'on est
régénéré par le Seigneur au moyen des vl'ais d'après la Parole, et
au moyen d'une vie selon ces vl'ais. L'homme est l'image du
Monde quant à son mental naturel, et il est l'image du Ciel quant
à son mental spil'ituel; le mental natmel qui est un monde est au­
dessous, et le mental spirituel qui est un Ciel est au-dessus. Le
mental naturel est plein de maux de toute espèce, par exemple, de
vols, d'adultères, d'homicides, de faux témoignages, de convoi­
tises, et même de blasphèmes et de profanations de Dieu; ces maux
et plusieurs autres résident dans ce mental, car c'est là que sont
le!l amours de ees maux, et PaI' suite Ie.c; plaisirs d'y pen!ler, de les
222 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. 1\" flG().

vouloir et de les fail'e; ces maux sont dans ce mental par naissance
d'apl'ès les pal'ents; en effet, l'homme nait et croit dans les choses
qui sont dans ce mental, seulement les liens du dl'oit civil et les
liens de la vie morale le t'etiennent de les faire, et de manifester
ainsi les efforts de sa volonté dépravée. Qui ne peut voÏl' que le Sei­
gneur ne peut influer du Ciel chez l'homme, ni l'enseignel', ni le
conduire, avant que ces maux aient été éloignés, car ils empêchent.
l'epoussent. pervel'lissent et étouffent les vl'ais et les hiens du Ciel.
qui de la partie supérieure s'approchent, pressent et s'effol'cent
d'influer? En effet. les maux sont infernaux et les biens sont cé­
lestes, et tout ce qui est infernal est embrasé de haine contre tout
ce qui est céleste. II est donc évident. d'après cela, qu'avant que
le Seigneur puisse influer du Ciel avec le Ciel. et fOl'met' l'homme
à l'image du Ciel. il est de toute nécessité que les maux qui l'ési­
dent amoncelés dans le mental natul'el soient éloignés. Maintenant,
comme la première chose à faire est d'éloigner les maux. avant que
rhomme puisse êll'e enseigné et conduit par le Seigneul', on voit
r.\ail'ement poul'quoi dans huit préceptes du Décalogue il y a un re­
censement des œuvres mauvaises qu'on ne doit pas faire. sans qu'il
soit parlé des bonnes œuvres qu'on doit fail'e; le hien n'existe pas
de compagnie avec le mal, et il n'existe pas avant que les maux
aient été éloignés; avant cela. il n'y a pas de chemin qui vienne du
Ciel dans l'homme: en effet, l'homme est comme la me.' noire,
dont les eaux doivent être écal'tées de part et d'autre, avant que le
Seigneur dans la nuée et dans le feu donne un passage aux fils d'Is­
l'a!!l : la mer noil'e aussi signifie l'enfel'. Pharaon avec les Égyp­
liens l'homme natm'el, et les fils d'Israël l'homme spirituel.
970. Et il Y eut du sang. signifie qu'elle avait été perdue
d'après [es falsifiés: on le voit pal' la signification du sang. en
ce que c'est le vrai falsifié, comme ci-dessus, N° 966; c'est pOUI'­
quoi. de ce que les fleuves ct les SOU l'ces sont devenus du sang, il
est signifié que la faculté de comprendJ'e les vrais de la Parole a été
entièrement pel'due d'après les falsifiés. Il y a, à la vél'it~, dans
chaque homrlle la faculté de comprendre les vrais. car c'est pal'
celte facu\lé que l'homme est distingué des Mtes; elle l'este aussi
chez chaque homme. même chez le méckant, car elle est le spiri­
tuel de j'homme, et le moyen même (ipsissimum) de sa régéné­
VP/,s, Il, CHAPITR~ S~IZIl~ME. 223
ration; en ell'et, au moyen ùes vl'ais l'homme est l'égénéré par le
Seign~ur; s'il ne pouvait pas les comprendre, il ne pourrait pas les
recevoir, ni par conséquent être réfOI'mé, car recevoir ce qu'on ne
peut comprendre ne sert à rien. Qu'il en soit ainsi, cela a même
été confil'mé par expél'ience dans le Monde spil'ituel : On agita
parmi les esprits cette question : Si chacun a la faculté de com­
prendre les vrais; et alors on pl'it un eS[lI'it infernal pour s'assurer
s'il comprendrait les vl'ais du Ciel, et l'on découvrit que 100'squ'il
les entendait pl'ononcer, il les compl'enait aussi bien qu'un espl'it
bon, mais néanmoins il ne voulait pas les comprendre, cal' il les
avait en aversion, parce qu'ils étaient opposés aux maux et par
suite aux faux qui étaient pour lui des plaisirs; et il fut dit que par
celle faculté l'homme a conjonction avec le Seigneur, puisque cette
faculté est propre à l'homme. S'il est dit que celle faculté avait été
perdue d'après les falsifiés, c'est pal'ce que ceux qui ont falsifié la
Parole ne veulent point comprendl'e les vl'ais mêmes, et ceux qui
ne veulent pas sont comme s'ils ne pouvaient pas, quoiqu'ils puis­
sent pOUl'VU qu'ils veuillen t; en effet, tant que leUl' mental ['este
attaché aux opposés, il rejette les vrais; et, comme un sOUl'd, il ne
les entend pas; mais quand les opposés SQnt éloignés, il devient
comme lorsque les oreilles sont ouvertes au sourd. Ces choses
ont été dites, afin qu'on sache comment il faut entend.'e que la fa­
culté de compl'endre les vrais de la Pal'ole est perdue d'après les
falsifiés, - Continuation sur le Cinquième Précepte: Il a
été dit ci-dessus qu'il n'y a pas de communication avec le Ciel
avant qu'on ait éloigné les maux et par suite les faux, par lesquels
le mental natm'el a été obstrué; en effet, les maux et les faux sont
comme des nuages noirs entre le soleil et l'œil, ou comme une mu­
l'aille enLI'e la lumièl'e du ciel et la lueur d'une chandelle dans une
chambre; en effet, l'homme est comme renfermé dans une cham­
bre, où il voit au moyen d'une ~lJandelle, tant qu'il est seulement
dans la lueur de l'homme naturel; mais dès que l'hommt!"naturel a
été purifié des maux et des faux qui en proviennent, il est alors
comme si, au moyen de fenêtres pratiquées dans cette muraille, il
voyait pal' la lumière du Ciel les choses qui concer'nent le Ciel;
cal' ùès que les maux ont été éloignés, il y a ouverture du mental
sUllérieur, nommé mental spirituel, qui, considél'é en soi, est le
22li L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. NO> (liO.

type ou l'image du Ciel; par ce mental le Seigneul' influe et fait


qu'on voit par la lumière du Ciel, et par ce mental aussi il réforme
et enfin régénère l'homme natUl'el, et il y implante les vrais à la
place des' faux et les biens à la place des maux; le Seigneur fait
cela par l'amoul' spirituel, qui est l'amour "du vl'ai et du bien;
l'homme alors a été placé dans un milieu entre deux amours,
entre l'am OUI' du mal et l'amour du bien; quand l'amour du
mal se retire, l'amour du bien en prend la place : l'amoul' du
mal se retire uniquement pal' la vie selon les préceptes du Déca­
logue, à savoir, lorsque l'homme renonce aux maux qui y sont l'e­
censés, parce qu'ils sont des péchés, et qu'enfin il les fuit comme
infel'naux. En un mot, tant que l'homme ne renonce pas aux maux
parce qu'ils sont des péchés, le mental spirituel est fermé; mais
dès que l'homme renonce aux maux parce qu'ils sont des péchés,
le mental spirituel s'ouvre, et avec ce menlal s'ouvre aussi le Ciel;
quand le Ciel a été ouvert, l'homme vient dans Ulle autre lumière
quant à toutes les choses qui coneernent l'Église, le Ciel et la vie
éternelle, quoiqu'il puisse difficilement remal'quel' la différence de
cette lumière et de la précédente, tant qu'il vit dans le Monde; el
cela, pnrce que l'homme dans le Monde pense naturellement même
SUI' les spirituels, et que les spirituels sont l'enfermés dans les idées
naturelles, jusqu'à ce que l'homme passe du Monde naturel ùans le
Monde spirituel, où alors les spirituels sont découvel'ts, perçus el
manifestés.
971. Et j'entendis l'Ange de$ eaux qui disait, signifie la
pl'édication de la Justice du Seigneur d'après son Royaume
,çpirituel : on le voit par la signification de l'Ange des eaux, en
ce qu'il est le Royaume spirituel du Seigneur, car par l'Ange dans
la P81'ole il est signifié quelque chose du Seigneur, puis une société
céleste, et aussi le Ciel; ici par l'Ange des caux sont signifiés les
Cieux ùont se compose le Royaume spirituel du Seigneur; en effet,
pal' les eanx sont signifiés les vrais, ainsi les spil'ituels, car le Di­
vin Vrai dans les Cieux est ce qui est appelé le Spirituel, mais le
Divin Bien est appelé le Céleste: Tous les Cieux sont distingués
en deux Royaumes, l'un est appelé Royaume Spirituel et l'autre
Royaume Céleste; le Royaume Spirituel consiste en Cieux, et là en
Anges qui sont dans le Divin VI'ai, et CP.'; Cieux sont dans la Plage
Vers. 5. CHAPITRE SEIZIÈME. 225
Méridionale et dans la Plage Septentrionale; mais le Royaume Cé­
leste consiste en Cieux, el là en Anges qui sont dans le DivinlJien,
et ces Cieux sont dans la Plage Orientale et dans la Plage Occiden­
tale; le Royaume Spirituel donc qui consiste en Cieux, et là en An­
ges qui sont dans le Divin Vrai, est entendu pal' l'Ange des eaux,
mais le Royaume Céleste qui consiste en Cieux, et là en Anges qui
sont dans le Divin Bien, est entendu par l'Ange de l'Autel, dont il
est parlé dans le Vel'set 7 suivants, car pal' "Autel est signifié le
Divin Bien. Que "Ange des eaux ait prêché la Justiee du Sei­
glleUl', on le vo.it par les choses qui ont été dites par cet Ange, et
qui suivent. - Continuation sur le Cinquième Précepte: Au­
tant l'homme l'enonee aux maux, les fuit et les a en aversion
comme péchés, autant le bien influe du Seignelll'; le bien qui influe
est l'affec~ion de savoil' et de comprendre les Hais, et l'affection de
vouloir et de faire.'es biens; mais l'homme ne peut pas par lui­
même renoncer aux maux en les fuyant et en ayant de l'avel'Sion
pour eux; en effet, il est lui-même.dans les maux pal' nais~ance et de
là pal' natul'e~ et les maux ne peuvent d'eux-mêmes fuir les maux,
cal' ce serait comme si "homme fuyait sa nature, ce qui n'est pas
possible:; ce sera donc le Seigneur qui, étant le Divin Bien et le
Divin Vrai, fera que l'homme les foie; mais tOUjOUl'S est-il que
l'homme doit fuir les maux comme pal' lui-même; en effet, ce que
nlOmme fait comme par Ini-même devient sa chose, eL lui est ap­
pl'oprié comme sien; mais ce qu'il ne fait pas comme pal' lui-même
ne devient jamais sa chose. et ne lui est pas approprié: ce qui vient
du Seigneur à l'homme doit être reçu pal' l'homme, et ne peut être
reçu pal' lui sans sa participation, c'est-à-dil'e, sans qu'il agisse
comme pal' lui-même; ce récipl'6ql1e est nécessaire pour la l'éfol'·
malion. De là vient que les dix Pl'éceptes ont été donnés, et qu'il
ya, été commandé que l'homme n'a~orel'a point d'autres Dieux,
qu'il ne profanel'a point le Nom de Dieu, ne volera point, ne com­
mettra point adultère, ne tuera point, ne convoitera point la mai­
son, l'épouse, les serviteUl's d'autrui; que par conséquent l'homme
renoncera à commettre ces actions, en pensant, quand l'amour du
mal l'excite et le pousse, qu'e\les ne doivent pas être faites, parce
qll'elles son~ des péchés contre Dien, et qu'elle:> sont en elles.mêmes
infernales. Autant donc l'homme les fuil, autant entre en lui l'a­
VI. 15.
226 L'APOCALYPSt EXPLIQUÉE. N" 971.

mour du vrai et du bien procédant ùu Seigneur; et cet amoul' fait


que l'homme fuit ces maux comme péchés, et les a enlill en avel'­
sion: et comme c'est l'amour du vrai et du bien qui met en fuile
ces maux, il en l'ésulte que l'homme les fuit, non pas pal' lui-méme,
mais d'apl'ès le Seigneur; car l'amoul' du vrai et du bien vient du
Seigneur: si l'homme les fuit pal' la seule crainte de l'enfer, les
maux, il est vrai, sont éloignés, mais cependant les biens n'en
Ill'ennent pas la place, car 10l'sque la cl'ainte cesse, les maux l'e­
viennent. 11 a été donné à l'homme seul de penser comme par lui­
même sur le bien et le mal; pal' conséquent, que le bien doit être
aimé et doit ê!I'e fait parce qu'il est Divin et demeure étel'Delle­
ment, et que le mal doit êtl'e haï et ne point être fait parce qu'il
est diabolique et demeure éternellement: il n'a été donné à aucune
bête de penser ainsi; la hête peut, à la vél'ité, faire le bien et fuil' le
mal, mais ce n'est pas pal' elle-même, c'est ou pal' instinct, ou pm'
habitude, ou pal' cl'ainte, et nullement par la pensée que telle chose
est bien ou que telle chose est mal, ain:>i ce n'est pas par elle­
même: ceux donc qui veulent que l'homme· ne fuie pas les maux
comme pal' lui-même, et ne fasse pas les biens comme par lui­
même, mais que ce soit pal' un influx non-pel'ceptible ou par l'im­
putation du mél'ite du Seigneul', ceux-là veulent que l'homme vive
comme la bête sans pensée, sans pel'ception, et sans affection du
vrai et du bien. Que cela soit ainsi, c'est ce qui m'a été manifesté
pal' de nombreuses ex périences dans le Monde spirituel : 'fout
homme apl'ès la mort y est préparé ou pOUl' le Ciel ou pour l'en­
tel'; chez l'homme qui est préparé pour le Ciel les maux sont éloi­
gnés, et chez l'homme qui est pl'épal'é pOUl' l'enfer les biens sont
éloignés, et tout cela est fait comme pal' eux-m~mes : pareille­
ment, ceux qui font des maux sont fOl'cés par des châtiments à les
l'e.jeter comme pal' eux-mêmes; si ce n'est pas comme pal' eux­
mêmes, les châtiments ne sel'vent à l'ien, Pa,' là j'ai vu clail'ement
que ceux qui demeurent les bras croisés, en allendant l'influx ou
l'imputation du mérite du Seigneur, restent dans l'état de leur
mal et ùemeurent les hras croisés à étel'llité. Fui!' les maux
comme péchés, c'est fui!' les sociétés infernales qui sont dans les
maux, ct l'homme ne peut fnir ces sociétés, s'il ne les a en avel'­
sion, ct si par suite il ne s'en détonrne; et l'homme Ile peut s'en
Vors, 5. CHAPITRE SEIZIÈME. 227
détournel' par avel'sion à moins qu'il n'aime le bien, et que d'après
l'amour du bien il ne veuille pas le mal; car l'homme ou voudra le
mal, ou voudra le bien; autant il veut le bien, aulant il ne veut pas
le mal, et il lui est donné de vouloir le bien lorsqu'il considère les
pl'éceptes du Décalogue comme étant. de sa religion, et qu'il vit
selon ces préceptes. Puisque l'homme doit \'enOnCCl' aux maux en
taut que péchés comme par lui-même, c'esl pour cela que ces dix
pl'éceptes ont été inscrits pal' le Seigneur sur deux lables, el que
ces tables ont élé appelées l'alliance; car cette alliance a été con­
tl'actée comme ont coutume d'être contractées les alliances entre
deux parties, à savoil', en ce que l'un pl'opose et l'autre accepte, et
que celui qui acceple consent; s'il ne consent point, l'alliance n'a
point été établie; ici consentir, c'est pensel', vouloil' et faire comme
pal' soi-même. C'est, non pas l'homme, mais le SeigneUl' qui fait
que l'homme pense à fuir le mal et à faire le bien commc par lui­
même; si le SeigneUl' fait cela, c'est pour le réciproque et pour la
conjonction qui en résulte; car tel est le Divin Amoul' du Seigneur,
qu'il veut que les choses qui sont à Lui soient à l'hommc; el
comme elles ne peuvent êll'e à l'homme, puisqu'elles sont Divines,
c'est pour cela qu'il fait qu'elles sont comme à l'homme: de là
vient la conjonction réciproque, c'est-il-dire, que l'homme est dans
le Seigneur et le Seigneul' dans l'homme, selon les pal'oles du Sei­
gneul' Lui-Même dans Jean , - Chap. XIV. 20, - ce qui ne peut
1\\'Oil' lieu, à moins qu'il n'y ait quelque -chose comme de l'homme
dans la conjonction, Ce que l'homme fait comme par lui-même, il
lc fail comme par sa volonté, par son affection, pal' son libre,
conséquemment comme par sa vie; si ces choses ne venaient pas
ùu côlé de l'homme commc étant de lui, il n'y aurail pas de récep­
tif, parce qu'il n'y aurait aucun réactif, pal' conséquenl ni alliance,
ni c~lIjonclion, ni même jamais aucune impulalion d'avoil' fait le
mal ou le bien, ou d'avoir CI'U le vl'ai ou le faux; par conséquent,
on ne pourrait dire, ni que quelqu'un a l'cnfer à cause des mau­
vaises œuvres d'après ce qu'il mérite, ni que quelqu'un a le Ciel à
cause des bonnes œuvres d'après la grl1ce.
972. Juste tu es, Seigneur, Qui Est et Qui B'tait, signifie
le Seigneur quant au Divin Bien d'éternité: on le voit par la
~ignincation de Juste, quand il s'agit du Seigneur, en ce que c'est
228 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 972,

le Divin Bien, cal' daus la Parole le juste se dil du bien, et le saint


se dil,du vl'ai; voir ci-dessus, N° 20fl; et par la signilication de Qui
Est ei Qui Était, en ee que c'est l'Infini et l'Étemel; car Est et
Était, c'est de meme que Jéhovah, et le Seigneur dans la Parole
est appelé Jéhovah l1'apl'ès le Divin Bien, et Diêu d'apl'ès le Divin
VI'ai; et ttre, quand il s'agit du Seignelll', c'est :f:tl'e d'apl'ès Soi,
c'est-à-dit'e, en Soi; et Existel', quand il s'agit de Lui, c'est aussi
Exister d'a\n'ès Soi et en Soi; et, dans le sens re..~pectif, Existel' c'est
1SlI'e dans toutes les choses'du Ciel et de l'Église, ce qui a lieu par
le Divin Vrai, cet :f:lI'e cst entendu par l'Éternel; en effet, quand
il s'agit du Seigneur, l'Éternel dans le Ciel est sans l'idée du temps,
tout autl'ement que dans le Monde: cal' dans l'idée Angélique, l'It·
ternel est l'état de la Divine Existence, laquelle toutefois fait un avec
la Divine Essence qui est Jéhova.h; l'Infini quant à l'f:t''e est signi­
fié par Est dans Jéhovall, et l'Infini' quant à l'Exister est signifié pal'
Était dans Jéhovah; l'Existel' infini, qui allssi estl'Étel'l1el, est le
Divin procédant d'où dérive le Ciel et tout ce qui appal'tient au
Ciel. Le Divin Exister est auss·i le Divin Être, il est dit Existel'
pal' l'apport au Ciel où il Est tout dans tous. - Continuation sur
le Cinquibne Précepte: Celui qui s'abstient des vols entendus
dans un sens large, et qui meme les fuit par une antre cause que
par religion et pour la vie éternelle, n'en est pas purifié, car les
fuir par une autre cause, cela n'ouvre pas le Ciel; en effet, le Sei­
gneur pal' le Ciel éloigne les maux chez l'homme, comme pal' le
Ciel il éloigne les cnfel's. Soient pour exemples ceux qui adminis­
tl'ent en chef ou en sous-ordre les biens des autl'es, les négociants,
les juges, les fonclionnail'es de toute espèce, les al'lisans; s'ils
s'abstiennent des \'ols, c'est-à-dire, des gains illicites et des prêts
à USine, el s'ils les fuienl pOUl' s'alti rel' de la l'éputation, et par ce
moyen obtenir de ['honneUl' ou du profit, ou si c'est à caus,e des
lois civiles et morales, en un mot, par quelque amour nMut'el ou
par quelque crainte naturelle, ainsi pal' des liens extel'lles seule­
menl et non par l'eligion, leurs intél'ieurs n'en restent pas moins
pleins de vols et de rapines, et se montrent tout à coup lorsque les
liens externes leur sont cnle\'és, ce qui al'l'ivc pour chacun après la
mOl'l : leul' sincérité el leU!' droiture sont seulement un masque, un
déguisement et une l'use.
Vers, 5. CHAPiTRE SEIZiÈME. 229
973. El le Saillt, signifie et quant au Divin Vrai: on le
voit pal' la signification de Saint, en ce que c'est le Divin Vl'ai
procédant du Seigneul', car ce vrai dans la Parole est eutendu par
le saint, et aussi par l'esprit saint, qui pal' conséquent est appelé
esprit de vél'ité. Que dans la Parole le saint se dise du Vrai et le
juste du Bien, on le voit, N° 20h; et que le Seigneul' soit le Seul
Saint, parce qu'il est le Divin Vrai Même, on le voit, N°' 2Oh,
285, 328. - Continuation sur le Cinquième Précepte: Au-
tant donc les genres et les espèces de vols ont été éloignés, et sont
davantage éloignés, autant les gemes et les espèces de biens, aux-
quels ils cOl'respondent I)al' opposition, entrent et les l'emplacent;
ces biens se réfèrent dans le commun au sincère, au droit et au
juste: en effet, quand l'homme fuit et a en aversion les gains illi-
cites qu'on obtient pal' des fraudes et des ruses, autant il veut le
sincère, le droiL et le juste, et enfin il commence à aimer le sincère
parce que c'est le sincèl'e, le droit parce que c'est le droit, et le juste
parce que c'est le juste; s'il commence à les aimel', c'est parce
qu'ils viennent du Seigneur, 'et que l'amour du Seigneul' est en
eux; en effet, aimer le Seigneur, ce n'est pas aimer sa personne,
mais c'est aimel' les choses qui pl'ocèdent du Seigneur, car elles
sont le Seigneur chez l'homme; par conséquent, c'est aimer aussi
le sincère même, le droit même et le juste même; et comme ces
choses sont le Seigneur, voilà pourquoi autant l'homme les aime,
et agit pal' suite d'apl'ès elles, autant il agit d'après le Seigneur,
et autant le Seigneur éloigne les choses non sincèl'es et non justes,
quant aux intentions et aux volontés mêmes où sont leurs l'acilles,
et toujoul's avec moins d'effort et de combat, par conséquent avec
plus de facilité que dans les commencements. De celle manièl'e
l'homme pense d'apl'ès la conscience, et agit d'après l'intégl'ité,
non pas, il est Vl'ai, que ce soit par lui-même, mais c'est comme
par lui-même; cal' alors par la foi, puis pal' la pel'ception, il recon·
naU qU'à la vél'iLé il semble qu'il pense et agit par lui-même,
10l'sque cependant c'est, non pal' lui-même, mais d'apl'ès le Sei-
gneur.
97h. Parce que ces choses tu a,sjugé, signifie par Qui ila
été prlvu que ces dwses arrilJeraient, et par Qui il (l été
fJourw Il Cf' qu' C{[(\I IlC CilllSl/Slicnt poin t de dlJI/wwflc au:c
230 L'APOCALYPSE EXPLlQU ÉE. N" 974.

Cieux qui sont dans le Divin Bien et dans le Divin Vrni: on


le voit par la signification de juger ces choses. en ce que c'est
faire qu'elles arrivent, à savoir, celles qui suivent, que, comme ils
ont vel'sé du sang de saints et de prophètes, il leur donnera du sang
à boire: mais comme ces choses sont dites du Seigneur, et que le
SeigneUl' ne donne jamais à peJ'sonne ùu sang à boire, ou .ne donne
jamais ce qui est signifié pal' boil'e dn sang, et que cependant ces
choses, comme beaucoup d'autres semblables dans la Parole, sout
dans le sens de la lellre allrihuées au Seigneul', il s'ensuit que pal'
ces paroles il faut entendl'e que pal' le Seignenr il a été prévu que
ces choses alTivel'aienl, el qu'il a été pourvu à ce que pal' là il ne
fût point causé de dommage aux Cieux qui sont dans le Divin
Bien et dans le Di\'in Vrai, car le Seigneur prévoit le mal et pour­
voit au bien; c'est là,en effet, ce qui est signifié par ces paroles
dans le sens spirituel, ou lorsqu'est dépouillé le naturel qui est
l'extérieUl', et qu'apparallle spirituel qui est l'intél'ieur, pal' con­
séquent lorsque la pensée naturelle de l'homme, qui est selon les
apparences, est extraite de la pensée spil'HueHe des Anges, qui est
selon l'essence de la chose; de là on voit c1ail'ement quel est le sens
de la lettre de la Parole, et quel en est le sens spil'ituel, puis aussi
quelle est la pensée humaine et quelle est la pensée angélique, à
savoil', que néanmoins elles s'accordent comme l'Interne et l'Ex­
tel'ne, ou comme la cause et l'effet, et que l'effet ou l'externe est
dépouillé chez l'homme, et que la cause ou l'intel'Oe se pré­
sente chez les Anges qui sont chez l'homme j de là' vient que le
saint intel'ne influe toujours des Anges dans la pensée externe de
l'homme qui considère la Parole comme sainte, quoique celui-ci ne
le sache point. - Continuation sur le Cinquième Précepte:
Quand l'homme commence à fui .. et à avoir en aversion les maux
parce qu'ils sont des péchés, toutes les choses qu'il fait sont des
biens, et peuvent aussi êlt'e appelées de bonnes œuvres, avec diffé­
rence selpn l'excellence des usages: en effet, les cho~p,s que l'homme
l'ait, avant de fuil' et d'avoir en aversion les maux comme péchés,
sont des œuvres venant de l'homme lui-même; et comme en elles
il yale pl'opre de l'homme, qui n'est autl'e chose que le mal, et
qu'il y a aussi le monde pour lequel elles ont été faites, voilà pOUl'·
quoi ellcs sont de mauvaises œUVl'es j mais celles que l'homme
Vers. 5. CHAPITRE SEIZIÈME. 231
fait, apl'ès qu'il fuit et a en aversion les maux comme péchés, sont
des œuvl'es venant du Seigneur, et comme en elles il yale Sei­
gneur, et avec Lui le Ciel, elles sont de bonnes œuvres, La diffé­
l'ence des œuvres venant de l'homme et des œuvres venant du Sei·
gneur chez l'homme ne se pl'ésente pas à la vue des hommes, mais
elle se présente clairement à la vue des Anges; les œuvres qui
sont failes d'apl'ès l'homme sont comme des sépulcl'es extérieure­
ment blanchis, qui au dedans sont pleins d'os de morts; elles sont
comme des coupes et des plats extérieul'ement propres dans les­
quels sont contenues des impuretés de tout genre; elles sont comme
des fruits intérieurement pourris dont cependant la pellicule eXlé­
\'ieure est bl'illante, ou comme des noix ou des amandes intérieu­
rement l'ongées par des vers, quoique la coque soit saine, ou
comme une infecte courtisane dont le visage est beau; telles sont
les bonnes œuvres venant de l'homme lui-même, car de quelque
manière qu'elles paraissent honnes à l'extérieul', cependant toujours
est-il qU'à l'intérieur elles abondent en impuretés de tout geme,
cal' leul's intél'ieurs sont infernaux, et leuI's extérieurs pamissent
comme célestes. Au con:i'aire, après que l'homme fuit et a en aver­
sion les maux comme péchés, ses œll\'I'eS sont non-seulement bOlllles
extérieul'ement mais encore intérieurement, et cela d'autant plus
qu'elles sont plus intérieures, car plus elles sont intérieurcs et
plus elles sont près du SeigneUl'; en effet, elles sont alOl's comme
des fruits dont la chail' a de la saveUl', ct au milieu desquels sont
des gousses contenant plusieurs pépins, d'où peuvent SOl'lil' de nou­
veaux arbres jusqu'à former des jardins; elles sont toutes en géné­
rai et en particulier dans son homme naturel comme des œufs,
d'où des nuées d'oiseaux peuvent sOl'lir et remplir successivemcnt
un gl'and espace du ciel. En un mot, lorsque l'homme fuit et a Cil
aversion les maux comme péchés, les œuvres qu'il fait sont vives,
tandis que celles qu'il avait faites auparavant étaient mortes: en
effet, le vif est ce qui vient du Seigneur, et le mort ce qui vient de
l'homme.
975. Parce que sang de Saints et de Prophètes ils ont
versé, signifie parre qu'ils ont falsifié les vrais de la Parole
el de la doctrine d'"près la Parote : on le voit pal' la significa­
tion du san !J, en ce que c'cst le Divin Vrai, No> 30, 328, 32U,
23:2 L' APOCALYPSE EXPLiQUÉE, N" 976,

h76, 7h8 i et pal' là signification de le l'erser~ en ce que c'est


fail'e violence au Divin VI'ai, ce qui est le falsifier, N° 329; pal' la
signification des saints. en ce que ce sont ceux qui sont dans le
Divin Vrai par le SeigneUl', N° 2û'h, mais dans le sens abstl'ait les
Divins Vrais par le SeigneuJ', N° 325; et comme par les choses
saintes sont entendus les Divins Vrais dans la Pal'ole, ainsi pal'
eiles il est entendu la Parole; et pal' la signification des prophètes.
en ce que ce sont ceux qui enseignent la docU'ine d'après la Parole,
et dans le sens abslrait, les vl'ais de la doclrine d'apl'ès la Pal'ole,
N° 62h; de là maintenan~ pal' versel' du simg de saints et de Pl'O­
phètes, il est signifié falsifiel' les \'l'ais de la Parole et les vrais de
la doctl'ine d'après la Parole, - Continuation sur le Cinquième
Précepte: Il a élé dit que, aulantl'homme fuit el a en aversion les
maux comme péchés, autant il fait les biens; et que les biens qu'il
fait sont les bonnes œuvres qui sont entendues dans la Parole, par
celte raison que ces biens sont fails dans le SeigneUl'; puis aussi, '
que ces œuvl'es sont bonnes en propol'lion que l'homme a de l'aver­
sion pour les maux qui y sont opposés, parce qu'eiles sont faites
selon celle proportion pal' le Seigneul' el non par l'homme. Les
œuvres cependant sont bonnes à un degré plus on moins élevé selon
l'excellence des usages, car les œuvres doivent être des usages; les
meilleures sont celles qui sont faites pour le.s usages de l'Église,
puis viennent celles qui sont faites pOUl' les usages de la patrie, et
ainsi de suite; ce sont les usages qui délçrminent la bonté des œu­
vres. La bonté des œUVl'es chez l'homme augmente selon la pléni­
tude des vél'ilés pal' l'affeclion desquelles elles sont faites; cal'
l'homme qui a en aversion les maux comme péchés veut savoir les
vrais, pal'ce que les vrais enseignent les usages et la qualité du llien
des usages; de là vient que le bien aime le vrai, et que le nai aime
le llien, et qu'ils veulent être conjoints; autant donc un tel homme
apprend les vl'ais pal' l'affection pour les vrais, autant il fait les biens
avec plus de sagesse, et plus de plénitude; avec plus de sagesse,
parce qu'il sait distinguel' les usages et les faire avec jugement et
justice; avec plus de plénitude, parce qu'en opérant des usages t-ous
les vrais sont pl'ésents, et fOl'ment la sphère spirituelle que leul'
aft'eclion pl'oduit.
076, Dit sang mw;i tu leur as donné li boire, signifie que
Vers. 6, CHAPITHE SE!ZIÈME. 283
par suite eux sont dans les faux du mal: on le voit par la si­
gnification de boire du sang, en ce que c~st puiser les faux, car
pal' le sang est signifié le vrai falsifié, et par boire est signifié
puiser; et comme le vrai falsifié est le faux du mal, c'est pOUl' cela
qu'ici pal' boire du sang il est signifié être dans les faux du mal.
Si le Vl'ai falsifié est le faux du mal, c'est pal'ce que le mal falsifie
le vrai. LeuI' état dans les faux du màl est attribué au SeigneUl',
car il est dit Il du sang tu leUl' as donné à boire, II comme si le Sei­
gneUl' eo.t fait cela par vengeance, quoique cependant le SeigneuI'
ne ie venge jamais du mal qui Lui est fait pal' l'homme; de là il
est évident que dans ces mêmes paroles il y a un sens intérieUl'
caché, et que ce sens se montre quand le sens de la lettre, qui est
le sens du vl'ai appaœnt, est dépouillé; et quand il est dépouillé,
alol's sort le sens spirituel, qui est que le Seigneur ne leur a point
donné du sang à boire, mais que l'homme s'en est donné il lui­
même, c'est-à-dire que l'homme, d'après le mal dans lequel il est,
a falsifié la Parole, et que pal' suite il est dans les faux du mal.
- Continuation sur le Cinquième Précepte: Soient, pour
exemple, les Juges: Tous ceux qui rendent vénale la justice, en
aimant la fonction de juge pour les pl'ofits qu'ils tirent des juge­
ments, et non pour les usages de la 'pat1'Ïe, tous ceux-là sont des
voleurs, et leurs jugements sont des vols; il en est de même s'ils
jugent par amitié et pal' faveUl', car les amitiés et les faveurs sont
aussi des gains et des profits: lorsqu'ils ont ces choses pour fin et
les jugements pOUl' moyens, toutes les œuvres qu'ils font sont des
maux, et ce sont elles qui sont entendues dans la Parole pal' les
mauvaises œuvres, et par ne faire ni jugement ni justice eu per­
vertissant le droit des pauvres, des indigents, des orpbelins, des
veuves, des innocents: bien plus, si même ils font justice, mais
qu'ils aient le lucl"e pour fin, ils font, il est vl'ai, une œuvl'e bonne,
mais non poUl' eux; cal' la Justice, qui est Divine, est pour eux le
moyen, et un tel lucre est la tin; or, ce qui est pour fin est tout,
tandis que ce qui est pour moyen n'est l'ien, si ce n'est qu'en tant
qu'il sert à la fin; aussi de tels juges, après la mort, aiment-ils au­
tant l'injuste que le juste, et sont-ils comme voleurs condamnés à
l'enfer: je dis cela d'apl'ès l'expérience: ce sont là ceux qui s'abs­
tiennent des maux, non paree qu'ils sont des péchés, mais scule­
234 L'APOCALYPSE EXPLIQUltg. N· 976.

ment pal'ce qu'ils cl'aignent les peines de la loi civile, el la pcrte de


la réputation, de l'honneur, de la fonction, et par conséquent du
lucre. Il en est autrement des Juges qui s'abstiennent des maux
comme péchés, et qui les fuient pal'ce qu'ils sont contl'e les Lois
Divines, et ainsi contre Dieu; ceux-ci ont la justice pour fin, et ils
la vénèrent, l'honorent et l'aiment comme Divine; ceux-ci voient
pOUl' ainsi dire Dieu dans la justice, pal'ce que tout ce qui est juste,
comme tout ce qui est bien et vl'ai, est de Dieu; ils joignent tou­
joul's le juste à l'équitable, et l'équitable au juste, sachant que le
juste doit êtl'e de l'équitable pOUl' qu'il soit le juste, et que l'équi­
table doit être du juste pour qu'il soit l'équitable, de même que le
vrai appartient au bien, et que le bien appartient au vrai. Puic;­
qu'ils ont pour fin la justice, il cn l'ésulle que pour eux rendre des
jugements, c'est fail'e de bonnes œunes; mais ces œuvres~ qui sont
les jugements, sont bonnes pOUl' eux à un degl'é plus ou moins
élevé, selon qu'il y a dans les jugements plus ou moins de consid~­
rations d'amitié, de faveur et de lucl'e, et selon qu'il y Cl en eux
plus ou moins d'amour du juste pOUl' le bien public, c'est-à-dil'e,
pOUl' que la justice règne chez les concitoyens, et qu'il y ait sécu­
rité pour ceux qui vivent selon les lois, Ces juges ont la vie étel'­
nelle dans un degré en rapport avec leurs œuvres, car ils sont ju­
gés de la même manière qu'ils ont eux-mêmes jugé.
977. Car dignes ils en sont, signifie qu'il leur est {ait comme
ils {ont: on le voit par la signification d'être dignes, à savoir,
qu'ils soient dans les faux du mal, pal'ce qu'ils ont falsifié les vrais
de la Parole et de la doctrine, ce qui est signifié en ce qu'il leur a
été donné à hoire du sang de saints et de pf'ophètes qu'ils ont versé,
conséquemment qu'il leUl' soit fail comme ils ont fait: en effet, il
est de l'ordre que les œuvres de chacun le suivent et le jllgent, d'où
il arl'ive qu'il est fait à chacun comme il a\'ait faiL; c'est donc là
ce qui est entendu ici par ê!J'e digne, ou avoir mél'ité une telle
chose. - Continuation sur le Cinquième Précepte: Soient,
pour exemple, ceux qui administrent en chef ou en sous-ordre les
(1 ,biens des autl'es : S'ils fl'UslrentA!lleur~ biens lem's !:.ois, leUl' pa­
tl'Ïe Q.u le~rs maHI'es, soit clandestinement par Ges artifices, soit
sous des prétextes pal' des fraudes, ils n'ont aucunc religion ni pal'
r-onséqucnt aucune I~on:;tien~(), cal" ils m~pi:isCillla Loi· Di\'iuc ~ur
Vers. 6. CHAPITHE SEIZIÈME, 235
le vol, et n'en font aucun cas: encore bien qu'ils fr'équ(lntent les
Te!Pr~~§, qu'ils soient exacts à allel' entendre les' l)I'édicalions,
qu'ils participent au sacrement de la cène, qu'ils pl'ient malin et
soit', et qu'ils pàrlent pieusement de la Parole, t6ujours est-il ce­
pendant qu'il n'y a J'ien du Ciel Aui intlue, et qui soit dans leur
cuIte, dans leur piélé et dans leul's discours, pal'ce que leurs inlé­
l'ieurs sont pleins de vols, de rapines, de lal'cins et d'injuslice ; et
lant qu'ils sont dans cet élat, le chemin qui vient du Ciel est fermé
en eux; pal' suile les œuvres qu'ils font sont (outes-!nam'aises.
2 - C'est le conlraire pour les Administraleurs de biens qui fuient les
lucres illégitimes et les gains frauduleux parce que ces aclions sont
conlt'e la Loi Divine SUl' le vol; ceux-ci ont de la religion, par con·
séquent aussi de la conscience, et les œuvres qu'ils font sont toutes
bonnes, car ils agissent avec sincérité pol!!. la..§_L~céIjlé, et avec
juslice pOUl'!a jlJs~~e; ils sont en outre contents d'eux-mêmes,
d'un esprit gai et d'un cœUl' joyeux, toules les fois qu'il leur arrive
de ne pas Il'OO1pel'; et après leUl' mOI'I, ils sont acceptés par. les
Anges, reçns par eux comme frèl'es, et gratifiés de biens jusqu'à
êë qÎl'i1s en aient abondamment. Mais au conlraire, les Adminis­
trateurs mauvais sonl, apl'ès leul'!ll0rl, chassés des sociélés; en­
suite ils demandent l'aulllane, et enfin ils sont envoyés dans des
• cavel'Des de voleurs pOUl' travaillel'.
978, Et j'en entendis un autre de l'Autel, disant, signifie
la prédication de lajustice du Seigneur d'après son Royaume
céleste: on le voit par la signification de l'Ange de l'Autel, en
ce que c'est le Royaume Célesle du Seigneur, car pal']'Aulel est
signifié le Seigneur quant au Divin Bien, pal' conséquent aussi le
Ciel qui est dans le Divin Bien; ce Ciel ou ces Cieux conslituent
le Royaume Célesle du SeigneUl' : que l'Autel signifie le Seigneur
quant au Divin Bien, on le voit, N°· 391, 490, 915. Si l'Ange
qui pade de l'Autel signifie le Royaume céleste du Seigneur, c'est
parce que pal' l'Ange des eaux qui a parlé, Vel's. 5, il est enlendu
le Royaume ,spirituel du Seigneur, ci-dessus, N° 971. Comme
ici la Justice du Seigneur est pl'êchée des Cieux, et que les Cieux
consistent en deux Royaumes, à savoir, le spirituel et le céleste,
c'est pour cela que de l'ull et de l'autre Royaume il est fait une
prédicalion, cl 'lue l'ull des Hoyau mes es 1. enlendu pal' l'Ange des
236 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. NU 978.

caux, et l'auu'e par l'Ange de l'Autel. - Continuation SUT' le


Cinqui~me Précepte: Soient enCOI'e, pour exemple, les Mal'­
chands: Leurs ŒlUVl'es sont toutes mauvaises, tant qu'ils ne consi­
dèrent pas et par suite ne fuient pas comme péchés les pl'onts illé­
gitimes, les gains illicites, les ruses et les fraudes; car de telles
œuvres ne peuvent pas être faites d'après le Seigneur, mais elles le
sont d'après l'homme lui-même; et leurs œuvres sont d'autant plus
mauvaises, qu'ils savent avec plus d'adresse et de subtilité com­
poser intérieul'ement des al'tinces, et tromper les associés; et en­
core plus mauvaises quand ils savent mettre à exécution de tels
artifices sous l'apparence de la sincél'ilé, de la justice ~t de la piété:
plus le marchand perçoit le plaisil' de telles manœuvres, el plus ses
œuvl'es tirent leul' origine de l'enfer: si le marchand faiL ce qui est
sincèl'e et juste pOUl' oblenir dé la réputation, et par la l'épulation
acquél'ir des richesses, de sorte qu'il pal'aisse agir pal' l'amoul' de
la sincél'ité et de la justice, et qu'il ne fasse pas ce qui est sincère
et juste pal' affection pour la Loi Divine ou pal' obéissance à celte
Loi, il est néanmoins intérieUl'ement non sincère et non juste, et
ses œuvres sont des vols, cal' il veut volel' en feignant 'la sincérité
et la justice. Que cela soit ainsi, c'est ce qui est malJifesté après la
mort, quand l'homme agit d'après sa volonlé et sun amour inté­
rieurs, et non d'après sa volonté et son amoul' extérieurs; alors il
ne pellse et ne machine que des arlifices et des bl'igandages, il se
relire d'avec ceux qui sont sincères, et il se l'end ou dans des forêts
ou dans des désel'Ls, el s'étudie à dresser des embû.ches; en un
mot, de tels hommes deviennent des bl'igands, 11 en est autl'ement
des marchands qui fuient comme péchés les vols de tout genre,
surtout les vols intérieUl's et cachés qui se font par astuce et par
ruse; leurs œuvres sont toutes bonnes, parce qu'elles sont faites
d'après le Seigneur; cal' l'influx qui vient du Ciel, c'esl-à-dil'e,
du Seignelll' par le Ciel pour les opérel', n'a pas été intercepté pal'
les maux dont il a élé ci-dessus parlé, Les richesses ne leUl' sont
aucunement Iluisibl.es, parce que pour eux les richesses sonl des
~oyens pour les usages, et les usages pOUl' eux sonlles négoces,
pal' lesquels ils sonl uliles à la patl'ie ct aux concitoyens; ils sont
aussi par les richesses en état de faire les usages auxquels l'uffcc­
~iul1 du ùicn les conduit.
Vers, 7, CHAPITRE SEIZIl~ME. 237
979. Oui, Seigneur Dieu Tout-Puissant, vrais et justes,
tes Jugements, signifie que ces choses sont faites, parce que
d'après le Divin Bien et le Divin V"ai il y a toute essence,
vie et puissance : on le voit par la signification de Seigneur
Dieu, en ce que c'est le Seigneur quant au Divin Bien et quant au
Divin VI'ai, car le Seigneur est appelé Seignem' d'apl'ès le Divin
Bien, et Dieo d'après le Divin Vrai; pat' la signification de Tout­
Puissant, en ce que c'est ttre, Vivre et Pouvoil' d'après Soi­
Même, N°' 43, 689, 939; et par suite aussi en ce qu'il est l'tll'e,
le Vivre ct le Pouvoir de tous, car ces choses sont le SeigneUl' d'a­
près Lui-Même, mais sont l'homme d'apl'ès le Seigneur; pal' la si­
gnification de tes jugements, en ce que ce sont les choses qui sont
faites, à savoir, celles qui ont ét~ dites au Vers. 6; que ce soit là
ce qui est entendu pal' les jugements, on le voit clairement par le
Vel's. 0, où il cs~ dit li Juste, Seigneur, tu es, et Saint, pal'ce que
ces choses tu as jugé: )l ces jugements sont dits vl'ais d'après le
Divin VI'ai, et sont dits justes d'après le Divin Bien, VI'ai et Bien
d'upl'ès lesquels toutes choses sont faites; que le juste se dise du
Divin Bien, on le voit, N° 972. Ces pal'oles, à savoir, c( oui, Sei­
gneur Dieu Tout-Puissant, vrais et justes, tes jugements, Il enve­
loppent les mêmes choses que les paroles <.lu Vers. 0, à savoir,
li Juste tu es, Seigneur, Qui Est et Qui Était, et le Saint, parce

que ces choses tu as jugé; Il il Ya seulement cette différence,


que celles-ci ont été dites <.lu Royaume spirituel du Seigneul', et
celles-là, de son Royaume céleste; Oui, ici, est une expression con­
firmative de ce qui a été dit dll Royaume spirituel; qu'elles enve­
loppent les mêmes choses, on le voil ci-dessus, N°' 972, 973,
974. - Continuation sur le Cinquième Précepte: D'après ce
qui a été dit ci-dessus, on peut maintenant voir ce qui est entendu
dans la Parole par les bonnes œuvres, à savoir, que ce sont toutes
les œUVl'es qui sont failes par l'homme, lorsqlle les maux ont été
éloignés comme péchés; car les œuvres qui sont faites, après qu'ils
ont été éloignés, ne sont faites pal' ['homme que comme par lui­
même; en effet, elles sont fa il es d'après le .seigneur, et toules les
choses qui sont faites d'apl'ès le Seigneur sont bonnes, et sont
nommées biens de la vie, biens de la charité et bonnes œuvres;
par exemple, tous les Jugements da juge qui a pour fin la justice,
238 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. ~" !>79.

qui la vénère et l'aime comme Divine, et qui déteste comme des


infamies les décisions judiciaires rendues pour des présents, par
amitié et par faveur; car il pourvoit ainsi au bien de la patrie, en
faisant que le Jugement et la Justice y r~gnent comme dans le
Ciel, et il poul'voit par conséquent à la paix de chaque citoyen
tranquille, et le pl'ésel've de la violence des malfaiteuI's, toutes
choses qui sont de bonnes œuvres, Les devoirs des administrateurs
et les négoces des mal'chands sont lous aussi de bonnes œuvres,
quand ils fuiel1tles gains illicites comme péchés contl'e les lois Di­
vines. Lorsque l'homme fuit les maux comme péchés, il apprend
de joUi' en jour ce que c'est qu'une bonne œuvre, et chez lui s'ac­
croissentl'alfection de fail'e le bien, etl'affeclion de savoir les vl'ais
pour fail'e le bien; car autant il sait les vrais, aulant il peut faire
les œuvl'es avec plus de plénitude et plus <le sagesse, ainsi les œu­
Vl'es deviennent bonnes avec plus de l'ëalité. (1 Cesse donc de te de­
)1 mander: Quelles sont les bonnes œuvres que je fel'ai? ou : Quel

)) bien ferai-je pOUl' recevoil' la vie éternelle? Abstiens-toi seule­


Il ment des maux comme péchés, et tourne tes regal'ds vers le Sei­

)) gneUl', et le Seigneur t'enseignera et te conduil'a. Il


980. Vers. 8,9. Et le Quatrième Ange versa sa {tole sur
le Soleil, et il lui fut donné d'affliger de chaleur les hommes
pm' le feu. - Et furent affligés les hommes d'une chaleur
grande, et ils blasphémèrent le Nom de Dieu qui a pOllvoir
sur ces plaies, et ils ne vinrent point à résipiscence pour Lui
donner gloire. - Et le Quatrième Ange versa sa {tole sur le
Soleil, signifie l'élat de ['Église manifesté quant à l'amoUl' envers
Dieu, ainsi envers le Seigneur: et il lui fut donné d'affliger de
chaleur les IlOmmes par le feu, signifie les cupidités de falsifier
les vrais, cupidités qui ont leur source dans les amoul's de soi et
du monde: et fll1'ellt affligés les hommes d'une chaleur grande,
signifie Ulle véhémente cupidité d'adullél'er les nais et les biens de
la Pal'ole : et ils blasphémèrent le Nom de Dieu, signifie la fal­
sification de la Parole du Seigneur jusqu'à destruction du Divin
Vrai dans les Cieux: qui a pouvoi1' sur ces plaies, signifie point
de Cl'ninte pour le Jugement dernier par le Seigneur, et alors pour
la damnation et pour la punition des maux el des faux qui ont dé­
\'aslé l'Église: et ils ne vinrent point li résipiscence pour Lui
"ers. 8. CHAl'lTlH~ SEIZIÈME. 239
donner gloire: signifie qu'ils n'ont point voulu se convertir, en
,'ivant selon les préceptes du Seigneur.
981. Et le Quatrième Ange versa sa {lole sur le Soieil, si-
gnifie t'état de l'Église manifesté quant à l'amour envers
Dieu. ainsi envers le Seigneur: on le voit pal' la significalion
de l'Ange versant sa {lole. en ce que c'est l'état de l'Église ma-
nifesté, comme ci-dessus, N° 969; et pal' la signification du So-
leil. en ce que c'est l'amour envers Dieu, ainsi envel's le Seigneur,
N·· AOi, 41.2, 422, 525, 527, 708; si le Soleil signifie l'amour
envers Dieu, ainsi envel's le Seigneur, c'est pat'ce que le, Seigneur
devant les Anges dans les Cieux apparalt comme Soleil, ct que son
apparence comme Soleil vient de son Divin ArnOUl'; en effet, tout
amour dans le Monde spirituel cOfl'espond au feu et à la flamme,
et parce qu'il cOlTespond, il se montl'e aussi l'eprésentativement
par un feu et pal' une flamme; c'est pOUl' cela que le Divin Amour'
du Seiglleur apparait comme Soleil : de là vient que dans la Pa-
l'ole le Soleil signifie le Seigneul' quant à l'amoul' à l'égal'd de tous
ceux qui sont dans le Ciel et dans le Monde, et dans le sens l'e8-
pectif l'amour envers le Seigneur. Pal' l'amoul' envers le SeigneUl"
est signifié l'amour ou l'affeclion de faire ses commandements,
ainsi l'amoul' ùe gardel' les pl'éceptes du Décalogue; car autant
l'homme par amour ou affection les garde elles fait, aulant il aime
le Seigneul', et cela, pal'ce que ces pl'éceples sont le Seigneur chez
l'homme, - ,Jusqu'ici ont élé expliqués cinq pl'éceptes du Déca-
logue, maintenant vient l'Explication du sixi~me Prüepte.
qui est: Tu ne commettras ]Joint adultère. Qui peut cl'oire
aujoul'd'hui que le plaisir de l'adultèl'e est l'enfel' chez l'homme, ct
que le plaisil' du mal'iage est le Ciel chez lui j qu'ainsi, aulant
l'homme est ùuns le pl'emiel' de ces plaisirs, autant il n'est pas
dans l'autre, car autant l'homme est dans l'Enfer, aUlant il n'est
pas dans le Ciel? Qui peut croil'e aujourd'hui que l'amour de l'a-
dultère est l'amOlli' fondamental de tous les amoul's infernaux et
diaboliques, et que ['amOUI' chaste du mariage est l'amour fonda-
mental de tous les amours Célestes et Divins j qu'ainsi, aulant
l'homme esL dans l'amour de l'adultère, autant il est dans tout
amoul' mauvais, sinon en acte, du moins en effort; et que, d'un
autl'e côté, autant l'homme est dans l'amoul' chaste du mariage, au-
260 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 981.

tant il est dans tout amour bon, sinon. en acte, du moins en effort?
Qui peut croire aujourd'hui que celui qui est dans l'amoUl' de
l'adultère ne croit rien de la Parole, ni par conséquent rien de
l'Église, et que même il nie Dieu dans son cœU!'; et que, d'un
autre côté, celui qui est dans le chaste amour du mariage est
dans la charité et dans la foi, et aussi dans l'amour envers Dieu;
que, de plus, la chasteté du mariage fait un avec la l'eligion, et que
la débauche de l'adultère fait un avec le natUl'alisme? La l'aison
pour laquelle ces choses sont aujoUl'd'hui ignorées, c'est que l'É­
glise est à sa fin, et a été dévastée quant au vrai et quant au bien;
et lorsque l'Église est dans cet état, l'homme de l'Église vient, pal'
l'influx de l'enfer, dans la persuasion que les adultères ne sont ni
des choses détestables ni des abominations; et par suite il vient
aussi dans la foi que les mariages et les adultères diffèrent, non
dans leUl' essence, mais seulement quant à l'ol'dl'e, lorsque cepen­
dant il y a entl'e eux une différence telle que celle qui existe entl'e
le Ciel et l'enfel' j qu'il y ait entre eux celte diffél'ence, on le velTa
dans la suite. De là vient donc que dans la Parolê le Ciel etl'É­
glise sont entendus dans le sens spirituel pal' les noces et les ma­
l'iages, et que 1'.Enfer et le rejet de toutes les choses de l'Église,
sont entendus dans le sens spil'ituel de la Parole pal' les adultères
et par les scortations.
982. Et il lui fut donné d'agUger de chaleur les hommes
par le feu, signifie les cupidiUs de falsifier les t'rais, cupidités
qui ont leur source dans les amours de soi et du monde: on
lè voit par la signification de la chaleur, en ce que c'est la convoi­
tise du faux et pOUl' le faux, N° A81; et pal' la signification du
feu, en ce que c'est l'amow' dans l'un et dans l'autre sens, à sa­
voir, l'amour envers le Seigneur et l'amour à l'égard du pl'oehain"
el dans le sens opposé l'amour de soi et l'amour du monde, et par
suite la cupidité pour les maux de tout genre; que les amours de
~oi et du monde soient les ol'igines de tous les maux, on le voit,
N~ 162 T 171, 506, 510~ 512,517, 650, 653,~50,951jM
comme ces amours sont les ol'igines de tous les maux, et que dans
leur continuité ces IrmoUl's sont appelés cupidHés. e~ aussi convoi­
tises, de' là pal' affliger de chaleUl' les hommes par le feu. il est
signifié la cupidité 00 la con.voilise pOUl' les faux d'après les maux
Vers. 8. CHAPITRE SEIZIÈME, 2U
(k lout genre, et pal' suite aussi pOUl' le mal ou pOUl' causel' du
dommage aux autres; cal' c'est là le plaisir de la .vie de ceux qui
sont ÙUIIS l'amour de soi et dans l'amour du monde; c'est d'après
ce plaisir que les continuités de leuI's amoul'S sont appelées cu­
pidités et convoitises. Dans le Monde, à peille sait-on que tous
ceux qui sont dans l'amoUl' de soi sont, selon le plaisil' de cet
amoul', dans le plaisil' de nuit'e aux autl'es qui ne font poinl un
avec eux; qu'il en soit ainsi, cela est bien é\'ident par ces mêmes
hommes après la mOl't; alors le plaisil' de leul' vie est de causer du
dommage et de fail'e du mal aux ault'es, de quelque manière que
r..e soil, SUl'tout aux hons; ce plaisil' qu'ils ont est le plaisit' de la
haine, cal' ils ont de la haine, et pat' haine ils poursuivent tous ceux
qui adorent le Seigneur: celte haine n'est point manifest6e chez eux
ùans le M.onde, et cela, pal'ce que les liens externes, qui sont les
crainles pour les punitions de la loi civile, pOUt' la pel'te de la ré­
putation, de l'llonneUl', du profit, des fonctions, des voluptés, de la
vie, et pour les dangel's de la vie, retiennenl et empêchellL qu'elle
ne se niontre à la vue des autl'e:;, mais elle l'este cachée d'ans
leur espl'it; c'esl pourquoi, après la mOI't, quand l'homme devient
espril et que les liens externes lui sont ûtés, elle s'élance, et en taul
que les freills sont lâchés, jusqu'à devenil' meui'll'ière; de telles
choses sont aussi signifiées pal' affliget' les hommes de chaleur pal'
le feu. S'il est dit que l'Ange versa sa fiole SUI' le soleil, et qU'il lui
fut donné d'aflligel' de chaleur les hommes pal' le feu, et que pal' le
soleil il est signifié l'amoul' em'el's Dieu, et pal' la chaleut' et le feu
la cupidité pour le faux et pour faire le mal, cela vient aussi de
là, pal'ce que les amours eL pal' suite les cupidités du faux et du mal
se monlrentet sont manifestés chez les méchants PUI' l'influx de
l'amoul' ou de l'affection du ùien et du vrai provenant du Ciel; cal'
autant les affecLions et les amours célestes influenL chez les mé­
chants, autant les méchants sont embrasés de chaleur et de cupi­
dité pour faire le mal et proférer le faux: la raison de cela, c'est
que tout bien du Ciel chez eux e3L changé en mal, et tout vrai du
Ciel en faux; cal' leurs intérieurs, qui apparLiennent à la volonté el
pal' suite à la pensée, sont toul'llés dans Ulle direction contraire re­
IMivcrnenL aux célestes, eL tout ce qui inliue dans un contl'ail'e est
changé Cil conLI'aire, et si ce qui inllue l)l'end de la fOt'ce, il est
VI. 15.
242 L'APOCAL y PSE EXPLIQUÉE. N' 98i.

changé en fureur, et s'il prévaut, il est changé en tortul'e; ainsi,


quand le bien influe avec fOrce chez les méchants, les méchants
viennent en fureur ou dans une torture infemale; et quand le, mal
influe avec puissance chez les bons, les bons viennent même en an­
goisse, et aussi dans une certaine torture de la conscience, La cause
intime de ces effets, c'est que la vie des affections et des pensées de
tous dans le Monde entiel', tant dans le Monde spirituel que dans
le Monde naturel, procède de la sou l'ce unique de la vie, qui est le
SeigneUl', eL que celle vie est l'eçue pal' chacull selon la qualité de
sa vie, ainsi selon la qualité de son amoul'; ceux donc qui ont
changé chez eux l'amour céleste en amour infel'1lal ne peuvent faÏl'~
autrement que de changer l'inOux de l'amour du Ciel en leul'
amour; c'est ainsi qu'il en est de la chaleul' et .de la lumière
du soleil qui influent dans les objets de la terre, dont les uns
d'après cet influx répandent une odeur suave, et les autres ulle
odeul' puante, lorsque cependant la chaletll' et la lumière en elles­
mêmes sont semblables, et viennent anssi d'une SOut'ce unique, à
sa\'oir, du soleil. - Continuation sur le Sixième Précepte:
Puisque l'adultère est l'enfel' chez l'homme, et que le mariage est
le Ciel chez lui, il s'ensuit qu'autant l'homme aime l'adultèl'e, au­
lant il s'éloigne du Ciel, et que pal' conséquent les adultères fer­
ment le Ciel et ouvl'ent l'enfer; c'est là ce qu'ils produisent, en
tant qu'on les croit pel'mis, et qu'on les perçoit plus agréables que
les mariages: c'est poul'quoi, l'homme qui confirme en lui les adul­
tères et les commet avec l'agrément et le consentement de sa vo­
lonté, et qui a en avel'sion les mariages, se fel'me le Ciel, jusqu'à
ne plus cl'oil'e enfin à rien de l'Église ou de la Parole; il devient
absolument homme sensuel, et après la mort esprit infernal; car,
ainsi qu'il a été dit ci-dessus, l'adullère est l'enfel', et par suite
l'homme adultère est la forme de l'enfer. Puisque l'adultère est
l'enfer, il s'ensuit que si l'homme ne s'abstient des adultères, ne
les fuit ct ne les a en a\'ersion comme infernaux, il se ferme l'entrée
du Ciel, et n'en reçoit pas le moindre influx; il fait ensuile ces rai­
sonnements, que les mariages et les adultèl'cs sont similaires; mais
que les mariages doivenL être pl'otégés dans les Royaumes à cause
de l'ol'dl'e ct de l'éducation des enfants; et que les adultères Ile
sont pas criminels, puisqu'il en nalt également des eMants, puisque
Vers, 8, CHAPITRE SElZli~MF, 2h3
les femme;; n'en éprouvent pas de pl'éjuùice Ilal'ce qu'elles peuvent
les supporter, et puisque pal' eux, la procréation du genre humain
est augmentée; ne sachant pas que de tels raisonnements, et
d'autl'es du même gent'e cn (a\'cUl' des adultères, sortent des eanx
mal'écageuses de l'emel', et que la natul'61ibidineuse et grossière de
l'homme, qu'il tient de naissance, les til'e à soi elles suce avec dé-
lices, comme un pourceau son fumiel', Que de semblables raison-
nements, qui assiégent aujourd'hui les mentais d'un grand nomhre
de personnes dans la Chrétienté, soient infel'Daux, c'est Ce qu'on
\'erra dans la suite,
983. Et furent affligés le:; hommes d'une chaleur grande, •
signifie une véhémente cupidité d'adultérer les vrais et le:;
Meus de la Parole: on le voit par la signification d'une chaleur
gmnde, en ce que c'est la convoitise du faux et pom' le faux, ainsi
la cupidité d'adultérer les vrais ct les lJiens de la Parole, N° h81.
Ces choses ont été dites de ceux qui sont dans la foi séparée des biens
de la vic, lesquels sont entendus pal' ceux qui ont le caractère de la
hète et qui adorent son image, Vers, 2; comme ceux-ci sépal'enl de
la foi l'essentiel même de l'l~glise, qui esl le bien de la vie, et pal' con-
séquent l'éloignent du moyen de salut, ils ne peuvent fail'e autre-
ment que de falsifier tous les vrais de la Pl.lrole; cal' ceux qui re-
poussent la vie selon les préceptes <lu Seigneur, annihilent loules
les choses de la Pal'ole, puisque toutes les choses de la Parole sont
des pl'éccptes de la vie; les (wéceptes de la foi, qui sont les vrais de
la Parole, enseignent la vie, - Continuation SUI' le Sixième
P/;écepte : Qlle le mal'iage soit le Ciel, et que l'adultcl'c soit l'En-
l'cr, cela ne peut pas être micux l'U que d'après leur ol'igine, L'o-
rigine de l'amour vraiment conjugal cst l'amour du SeigneuI' à l'é-
gard de l'Église; de là, le SeigneUl' est nommé dans la Parole
fiancé et époux, et l'Église fiancée et épouse; c'est pal' ce mal'iage
que l'Église est Église dans le commun et dans la pal'tie; l'Église
dans la partie est l'homme dans lequel il y a l'Église; de là il est
évident que la conjonction du Seigneur avec l'homme de l'Église
est l'origine même de l'amoul' vraimenl conjugal. Mais il va aussi
êll'e dit comment celle conjonction penl en êt~'e l'ol'igine : La con-
jonction du SeigneUl' avec l'homme de l'Église est la conjonction
dn bien et du vrai; du Seigneur vient le bien, et chez l'homme esl
2hla L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N"983.
le vJ'ai; de là, la conjonction qui est appelée mal'iage céleste; pal'
ce mal'iage existe 1',UllOUl' \'l'aiment conjugal cntl'e deux époux,
qui sont dans une telle conjonction avec le Seigneur: par là on
voit d'abord que l'amoUl' vl'aiment conjugal vient du SeigneUl'
Seul, et 'est chez ceux qui sont pal' le Seignem' dans la conjonction
du bien et du vl'ai; comme cette conjonction est l'écipl'oque, elle
esL décl'ite par le Seigneur, 10l'squ'il dit qu' (( ils sont en Lui, et
Lui en eux, Il - Jean, XIV, 20, - Celle conjonction ou ce ma­
riage a été établi ainsi pal' cl'éalion : L'homme a été créé pOUl' êll'e
entendement du vl'ai, et la femme pOUl' êtl'e affection du bien, par
conséquent l'homme pour être le l'l'ai, et la femme pour être le
bien i 10l'sque l'entendement du vl'ai, qui est chez l'homme. fait UII
avec l'aft'ection du bien, qui est chez la femme, il y a conjonction
lies deux mentais en un; cette conjonction est le mariage spil'ituel,
d'où descend l'amoUl' conjugal; car lorsque les deux meutals ont
été conjoints de manièl'e qu'ils sont comme un seul mental, il y a
elll1'e eux amoul'; cet amour, qui est l'amour du mal'jage spil'ituel,
devient l'amoUI' du mal'iage natul'el, quand il descend dans le COI'pS.
Que cela soit ainsi, c'est ce que chacun, s'il le veut, peut clairement
pel'cevoir; les époux qui s'aiment mutuellement etl'écipl'oquement
à l'intél'icUl' quant aux mentais, s'aiment aussi mutuellement etl'é­
cipl'oqucmcnt quant aux COl'ps': il est notoil'e que tout amoul' des­
cend dans le COl'pS d'apl'ès l'affection du mental, et que sans ceLte
ol'igine il n'cxiste aucun amOUI', Maintenant, comme l'origine de
l'amour conjugal est le mal'iage du bien et du vl'ai, mal'jage qui
dans son essence est le Ciel, il est bien é\'ident que l'ol'igine de l'a­
moul' de l'adultère est le mariage du mal et do faux, mal'iage qui
dans son essence est l'enfer. Si le Ciel cst le mal'iage, c'est pal'ce
que Lous ceux qui sont dans les Cieux sont dans le mariage du bien
et du vl'ai; et si l'enfer est l'adultèl'e, c'est pal'ce que tous ceux qui
sont dans les enfel's sont dans le mal'jage du mal et du faux; de là
l'ésulte que le mariage eL l'adultèl'e sont enll'e eux aussi opposés
que le Ciel et l'Enfel'.
984. Et ils blasphémèrent le Nom de Dieu, signifie la {al­
sification de la Parole du Seigneur iusqu'à destruction du
1)irilt Vrai dans ies Cieux: on le voit pal' la signification de
blasphéme/', Cil ce que c'est falsifie!' le Divin Vl'ai jusqu'il sa des­
Vel's,9, CHAPITRE SEIZIÈME. 245
truction dans le Ciel, N° 778; et par la signification du Nom de
Dieu, en ce que c'est le Divin Vrai procédant du Seigneur~ ainsi
la Parole, N° 962 : de là, par blasphémel' le Nom de Diim il est
signifié la falsification de la Parole jusqu'à destl'uction du Divin
Vrai dans les Cieux, SUI' la falsification de la Parole jusqu'à des­
truction du Divin Vrai, qui est là, dans le Ciel, voir No' 778,888,
9ila, 9i6 [.,950. - Continuation sur le Sixième Précepte:
L'homme a été créé pour êt1'e amour spirituel et céleste, et par con­
séquent image de Dieu et ressemblance de Dieu: l'amour spirituel,
qui est l'amour du vrai, est l'image de Dieu; et l'amour céleste,
qui est l'amour du bien, est la ressemblance de Dieu: tous les
Anges dans le troisième Ciel sont des ressemhlances de Dieu, et
tous les Anges dans le second Ciel sont des images de Dieu.
L'homme ne peut devenir l'amour, qui est l'image ou la ressem­
blance de Dieu, que par le mariage du vrai et du bien, cal' le vrai
et le bien s'aiment intimement, et désirent ardemment s'unir pour
être un; et cela, parce que du Seigneur procèdent unis le Divin
Bien et le Divin Vrai, par conséquent ils doivent être unis dans
l'Ange du Ciel et dans l'homme de l'Église. Cette union ne peut
avoir lieu d'aucune autre manière que par le mariage des deux
mentais en nn; car, ainsi qu'il a été dit fJrécédemment, l'homme a
été créé pour être l'entendement du vl'ai, par conséquent Je vrai, et
la femme a été créée pour être l'affection du bien, par conséquent
le bien; en eux existe donc la conjonction du bien et du vrai, car
l'amour conjugal qui descend de cette conjonction est le moyen
même (medium ipsissimum) pour que l'homme devienne l'amour
qui est l'image ou la ressemblance de Dieu: en effet, deux époux
qui sont par le Seigneur dans l'amour conjugal s'aiment mutuelle­
ment et récipl'Oquement de cœur, ainsi par les intimes; et de là,
quoiqu'ils soient en apparence deux, toujours est-il qu'en actualité
ils sont un; ils sont deux quant aux corps, mais ils sont un quant
à la vie, ce qui peut être comparé aux )'euX: en ce qu'ils sont deux
quant aux organes, mais un quant à la vue, et de même aux ol'eilles
qui sont deux quant aux organes, mais un quant à l'oule; de même
aussi les bl'as et les pieds sOnt deux quant a~x memhres, mais un
quant aux usages, les h.'as sont un quant aux actes, et les pieds
sont un quant [t la marche; il en est de même des autres parties
2l!(i L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 91)4.

paires chez l'homme, elles se l'éfèrenl aussi au bien et au vrai, l'or­


gane ou le membl'e qui esl à droite au bien, et celui qui est à gauche
au vrai j c'est la même chose pour le mal'i et l'épouse entre lesquels
existe l'amolli' vraiment conjugal, ils sont deux quant anx corps,
mais il5 sont un quanlLà la vie; c'esl pour cela même que dans le
Giel, en parlanl tle deux époux, on dit, non pas deux Anges, mais
un Ange, D'après cela, il est évidenl que par le mariage l'homme
devient une forme de l'amoUl', et pal' conséquent une forme du Ciel,
c'esl-à-dil'e, l'image el la l'essemblance du Seigneur. L'homme lIall
dans l'amour du mal el du faux, cel amour est l'amour de l'adul­
tère; un tel amour ne peUL êlre ni converti ni changé en amour
spil'ituel qui est l'image de Dicu, ni à plus forle raison en amour
célesle qui est la l'essemblance de Dieu, que pal' le mariage du bien
el du vrai \'enant du Seigneur, ct il ne peUL l'êll'e pleinement que
par le mal'iage dcs deux menlais et ùes deux corps, On voit clai­
rement par là d'où vient que'les mariages sont célesles, et les adul­
tèl'es infel'Daux; car le mal'jage est l'image du Ciel, et l'amour
vraiment conjugal l'image du Seigneur, et l'adultère est l'image de
l'enfer, et l'amour de l'adultère l'image du diable: l'amoUl' conju­
gal apparail même dans le Monde spirituel dans une forme comme
un Ange, et l'amOllI' de l'adultère dans une fonne comme un dia­
hIe: Cl Le~teul', retiens cela en loi, et après la mOI't, lorsque tu vi­
l) Has homme-espl'it, recherche si cela est vrai, et tu verras. Il
985. Qui a pou'voir sur ce~ plaies, 'Signifie point de crainte
pOU1' le Jugement dernier par le Seigneur, ni alors pour la
damnation et pOU1' la punition de,~ maux et de.ç faux qui ont
dévasté l' Église: on le voit par la signification d'a1)oir pouvoir,
quand il s'agit de Dieu, dont ils blasphémèrent le Nom, en ce que
(;'est le Seigneur quant au Jugement dernier; et par la signification
des plaies, en ce que ce sont les maux et par suite les faux, et les
faux et par suite les maux, qui ont dévasté l'Église, N° 9â9; que
ce soit le Seigneul' quant au Jugement dernier, qui est signifié pal'
celui qui a pouvoir sur les sept plaies, dont il est parlé dans ce
Chapitre, c'est pal'ce qu'ici il s'agit de la fin de l'Église, quand il
y a ces plaies, c'est-à-dire, ces maux et ces faux; après cette tin,
le Jugement est fail par le Seigneur; par le Jugement del'Dier aussi
tous ceux qui sont dans ces plaies, e'cst-à-dil'e, dans les maux ct
Vers. 9. CHAPITRE SEIZIÈME. 247
dans les faux qui ont dévasté l'Église, sont jetés dans l'Enfer; ainsi
l'Église nouvelle, qui doit être alors instaUl'ée, en est purifiée. D'a­
près cela, on voit clairement ce qui est signifié par Celui qui a pou­
voir sur ces plaies. - Continuation sur le Sixième Précepte:
Par la sainteté du mariage on peut juger combien les adultères
sont profanes, eL par suite combien on doit les détester. Toutes les
choses qui sont dans le corps Humain llepuis la tête jusqu'aux
pieds, tant celles qui sonL intérieures que celles qui sont extél'ieu­
l'es, correspondent aux Cieux; de là vient que l'homme est le Ciel
dans la forme la plus petite, et que les Anges et les Esprits sont
aussi dans une forme pal'faitement humaine, car ils sont des formes
du Ciel: tous les membres destinés àla génération, dans l'un et
l'autre sexe, surtout l'utérus, correspondent aux sociétés du Troi­
sième Ciel ou Ciel intime: la l'aison de cela, c'est que l'amour
vraiment conjugal est dérivé de l'amour du Seigneul' il l'égard de
l'Église, et de l'amour du bien et du vrai, amour qui est celui des
Anges du Troisième Ciel; aussi l'amour conjugal qui en descend
est-il, comme l'amour de ce Ciel, l'innocence qui est l'être même
de tout bien dans les Cieux; de là les embryons dans l'utérus sont
dans l'état de paix, et apl'ès qu'ils sont nés les petits enfants sont
dans l'état d'innocence, de même que leur mère à leur égard.
Puisque telle est la correspondance des membres génitaux de l'un
et de l'autre sexe, il est évident que pal' création ils sont sainls, et
qu'ainsi ils ont été uniquement destinés au chaste et pur amour
conjugal, et ne doivent pas être profanés par l'inchaste et impur
amour de l'adultère; par là l'homme change chez lui le Ciel en en­
fer; car, de même que l'amour du mariage cOITespond il l'amour
du Ciel suprême qui est l'amour envers le Seigneur d'apl'ès le Sei­
gneur, de même l'amour de l'adultère cOl'I'espond il ('amour de
l'enfer le plus profond. Si l'amoul' du mariage est si saint et si cé­
leste, c'est pal'ce que, procédant du Seignenl' Lui-Même, il com­
mence dans les intimes de l'homme, descend selonl'o\'dre jusqu'aux
derniers du corps, remplit ainsi de l'amour céleste l'homme tout
entier, et introduit en lui la forme du Divin Arnoul', forme qui est
la forme du Ciel, et est l'image du Seigneur, comme il a déjà été
dit: l'amour de l'adullèl'e commence, au contraire, par les dcrniers
de l'hommc, et il y provient d'un feu lascif implll', el dc là il pé­
2lt8 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 985,

/Jetre conu'e l'ordre vcrs les intél'ielll's, toujours dans les pl'ppres
ùe l'homme, qui ne sont que des maux, et il y introduit la forme
de l'enfer, forme qui est l'image du diable; c'est pourquoi l'homme
qui aime l'adJlltèrc ct a de l'aversion pour le mariage est dans la
fOI'me un diable, Comme les membres ùe la génér!ltion ùans l'un
et l'autre sexe cOl'l'espondent aux sociétés ùu Tl'oisième Ciel, et
l'amour des époux à l'amour du bien et du vrai, c'est aussi pour
cela que ces membl'es et cet amOlll' correspondent à la Parole; cela
vient de ce que la Parole est le Diviu Vrai uni au Divin Bien pro­
céùant du Seigneur: c'est de là que le Seignellr est appelé la Pa­
l'ole; c'est aussi de là que dans chaque chose de la Parole il yale
mar'iage du bien et du vrai, ou le mariage céleste: qu'il y ait celte
cOITespolldance, c'est un ar'cane qui est -encore inconnu daps le
Monde, et qui m'a été manifesté et confirmé pal' de nombreuses ex­
pél'iences. On voit aussi par là combien en eux-mêmes les mal'iages
sont saints et célestes, et combien les adultères sont profanes et
diaboliques. C'est de là aussi que les adultères méprisent les Divins
Vrais, par conséquent la Parole, et même s'ils parlaient d'après
leur cœur, ils blasphémeraient les choses saintes qui sont dans la
Parole; c'est ce qu'ils font quand ils sont devenus esprits après la
mort, CUl' tout esprit est forcé de parler selon son cœm', afin que
ses pensées intérieures soient révélées,
986. Et ils ne vinrent point li résipiscence pour lui don­
ner gloire, signifie qu'ils n'ont point 1Joulu se converlù', en
1Jivant selon le,~ préceptes du Seignew' : on le voit par la signi­
fication de t'e'(/ir li résipiscence, en ce que c'est se convertir des
maux et des faux du mal, ici, avant que sur eux vienne le Juge­
ment dernier, et aussi la damnation et la punition; et par la signi­
fication de donner gloù'e au Seigneul', en ce que c'est vivre selon
ses préceptes, N~ 8i 4, - Continuation sur le Sixième Pré­
cepte : Comme tous les plaisirs qui appartiennent à l'homme dans
le Monde naturel sont changés en choses correspondantes clans le
Monde spirituel, il el1 est d~ même des plaisirs de l'amour du ma­
riage et des plaisirs de l'amoul' de l'aduLtère: l'amour du mariage
est représenté dans le Monde spirituel comme une Vierge d'une si
grande beauté, qu'elle inspire à celui qui la yoil les délices cie la
vic; l'amour de l'adullère esl au contraire représenté cians le Monde
Vcrs. \1. CHAPiTRE SEIZiÈME. 2&9
spirituel pal' une Vieille d'une telle laideur, qu'elle inspire à. celui
'lUi la voit le froid et la mort pOUl' toutes délices de la vie; de
là vient que dans les Cieux la beauté des Anges est selon la qualité
de l'amour conjugal chez eux, ct que dans les enfel's la laideur des
esprits est selon la qualité de l'amour de l'adultère chez eux: en
un mot, chez les Anges du Ciel, dans les faces, les gestes du corps
et lc langage, il y a la vie selon l'amour conjugal; et, chez les es­
prits de l'enfer, dans les faces il ya la mort selon la qualité de l'a­
mour de l'adultère. Les plaisirs de l'amour conjugal dans le Monde
spirituel sont l'eprésentés d'une manière sensible par les odeurs
suaves que répandent des fruits et des Oeurs de divers genres; elles
plaisirs de l'amour de l'adultère y sont représentés d'une manièl'C
sensible par les mauvaises odeurs que répandent des excréments et
des pourritures de différents genres; les plaisirs de l'amour de l'a­
dultèl'e sont même réellement (actualiter) changés en de tels ob­
jets, parce que loutes les choses de l'adultère sont des ordures spi­
rituelles j de là vient que dans les enfers il s'exhale des lieux de
débauche des puanteurs qui excitent le vomissement,
987. Vers. 10,11. Et le Cinquième Ange versa sa {iole
sur le Trône de la bête, et devint son royaume ténébreux, et
ils mordaient leurs langues de douleur. - Et ils blasphé­
mèrent le Dieu du Ciel à cause de leurs douleurs. et il cause
de leurs ulcères; et ils ne vinrent point.à résipiscence de leurs
œuvres. - Et le Cinquième Ange lJerSa sa {iole sur le Trône
de la bête. signilie l'état de l'Église, manifesté quant à la doctrine
de la foi: et devint son royaume ténébreu.x, signi.fle l'Église
par suite dans. des faux purs et denses: et ils mordaient leur,ç
langues de douleur, signifie que par dédain ils ne veulent ni per­
cevoir ni savoir les biens.et les vrais réels: et ils blasphémèrent
le Dieu du Ciel. signifie la falsification de la Parole: à cause de
leurs douleurs, et à cause de leurs ulceres, signifie d'après les
dédains et les dégoo.ts pour les vrais et les biens réels, ayant leur
source dans les faux e~ les maux dans lesquels sont ceux qui sont
dans la foi seule : et iLç ne ninrent point il résipiscence de leur,ç
œw)res, signifie qu'ils ne voulurent point vivre selon les préceptes
du Seigneur.
g~S. El le Cillquibnc Ange r{'l'sa sa (iole sur le Trône dt
zao L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 988.

la b~te, signifie l'état de l'Église, mam'{esté quant à la doc­


trine de la foi: on le voit pal' la signification de l'Ange qui
verse la fiole, en ce que c'est l'état de l'Église manifesté, comme
ci-dessus; et pal' la signification du trône de la bête, en ce que
c'est la doctl'ine de la foi: si pal' le trOne de la bête est signiliée la
doctrine de la foi, c'est parce que par le TI'One est signifiée l'É­
glise quant au vrai qui y règne, et par la bête la foi, telle qu'elle
est dans cette Église; de là, par le tl'One de la bête est siguifiée
l'Église quant à la doctrine de la foi: cela aussi résulte de ce que
le quatrième Ange a versé sa fiole sur le soleil, ce qui signifie l'état
de l'Église, manifesté quant à l'amour; voir ci-dessus, N° 981; il
suit de là que pal' la fiole versée par cet Ange-ci SUI' le trOne de la
bête il est signifié la manifestation de l'état de l'Église quant à la
foi; car l'amour et la foi constituent l'Église, mais quand ils sont
un et non deux : mais pal' le trOne de la bête il est entendu la foi
telle qu'elle est aujourd'hui dans cette Église, et c'est la foi séparée
des biens de la vie, La raison pOUl' laquelle la doctrine de la foi est
entendue par le trOne de la bête, c'est que par le trOne, dans le sens
suprême, il est entendu le Ciel et l'Église quant au Divin Vrai, et
que le Divin Vrai dans l'Église Chrétienne est appelé foi, tout au­
trement que dans les Églises anciennes; dans ces Églises on ne sa­
vait pas ce que c'était que la foi, parce que la foi enveloppe quelque
chose qui n'est point compris, et que cependant il faut cl'oire comme
si c'était le vrai; telles sont pl'esque toutes les choses de l'Église
et de sa doctrine aujourd'hui, comme ce qu'il faut croire au sujet
de la Trinité; par exemple, qu'il ya tl'ois Personnes de la Divi­
nité, que le Seigneur est né d'éternité, qne l'Esprit saint procède
du Père et du Fils, et que le procédant est une Personne, qui est
Dieu, par soi, et cependant qu'ils ne sont pas trois, mais sont un,
et qu'ainsi la Trinité est dans l'unité et l'unité dans la Tl'inité;
outl'e cela, que la foi sauve sans sa vie qui vient des biens de la
charité ou des bonnes œuvres; qpe toutes les œuvl'es, mêmes les
mauvaises, sont pardonnées à celui qui es.! justifié par la foi seule,
et que la Loi ne le damne point, pa l'ce que le Seigneur par l'accom­
plissement de la Loi et par la passion de la croix a enlevé la dam­
nation; qu'il faut cl'oil'e seulement cela, et l'homme sera sauvé: il
y a aussi plusieurs autres choses qu'il faul I~roil'c Gomme vl';lies,
Vers. IO. CHAPITRE SEIZIÈME. 201
qui sont dites appal'tenil' à la foi, pal'ce qU'ail ne peut pas voir si elles
sont vraies; pal' exemple, celles qui sont l'apportées sur le Librc
Arbitre, sur la foi des enfants, sur la chair et le sang dans la Sainle
Cène; puis aussi, celles qui concernent la vie de l'homme après la
mort, et le Jugement det'niel'; on dit qu'il faut les croire, quoi­
qu'cn elles l'entendement voie de purs pal'adoxes qui surpassent
toute foi; pal' exemple, que l'homme après la mort est une sorte
d'omhre, de \'ent, de fantOme forillé d'éthel', qui ne voit pas, n'en­
tenù pas, ne parle pas, et qu'ainsi, ou il vole dans l'ail', ou il est
dans on ne sait où, et altend le Jugement qui doit venir' avec la
liestl'uclion de l'univel's entier, non-seulement du ciel visible, du
soleil, de la lune, des astres, mais aussi de la terre, et qu'alors
toutes les choses du corps laissé dans le Monde apl'ès la mort se
réunit'ont et revêtit'ont l'âme, et qu'ainsi l'homme recevra ses sens;
sans parlel' de plusieurs autres choses semblables; ces choses, ne
pouvant pas tomber dans l'entendement, ne peuvent être dites des
vérités, mais sont appelées la foi; une telle foi est entendue pal' le
IrOne de la Mte : qui est-ce qui ne peut voir que l'homme par une
telle foi peut être induit à croire des choses purement contradic­
toires et l'élusses, pOUl'VU qu'elles soient imposées comme dogmes
par ceux qui ont été constitués en autorité, et confirmées par d'au­
tres qui par diverses cau~es aiment à vivre dans une obéissance
aveugle? cal' les faux, même infernaux, peuvent êlre Confirmés,
jusqu'à appara1tre comme vrais, pal' des illusions et par des sophis­
mes; par exemple, ce faux infel'llal que la nature est tout, que tout
ce qui appara1t est idéal, que l'homme et la bête diffèrent peu, meu­
rent pal'eillement, et après la mort ne vivent point, que la Parole
n'est pas sainte, et autres choses semblables; d'après cela, il est évi­
dent que tout aveuglement dans les choses spil'ituelles a été intro­
duit p::U' la foi d'aujourd'hui; cet aveuglement a été commencé et
porté à la plus grande ohscul'ité par la gent Babylonique; les Ré­
formés ell se séparant de cette gent sont, il est \'l'ai, sOl'lis de celle
obscurité pOUl' entrer dans quelque lulitière pal' la lecture de la Pa­
l'ole, mais non dans une lumière à pouvoil' voir les \'l'ais, comme
les Anciens; et cela, purce qu'ils ont séparé la foi d'avec la vie, et
que l'homme a la lumièl'e d'apl'ès la vie, et non d'après aucune foi
sépal't~~e. D'apl'ès (',C~ considérations, on peut maintenant voir ce
252 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N' 988,

qui est entendu par le trOne de la bête, de même que pl'écédem­


ment pal' Il le trône que le Dragon dit avoir donné ci la bete,ll
-Apoc. XlII. 2,-dont il est traité ci-dessus, N° 783; puis aussi,
par l( le tr~ne de Satan, Il - Apoc. Il. 13. - Les doctrinaux
faux sont aussi signifiés ailleurs dans la Parole par des trônes,
comme dans Ézéchiel: III ls descendront de dessu,ç leU/'s trônes,
tous les pl'inces de la mer; et ils se dé{eront de leurs man­
teaux, et de terreurs ils se vêtiront. Il -'- XXVI. 16. - Dans
Hastée: Il Je l'enverserai le trône des royaumes, et je détrui­
rai la {oree des l'oyaume~ des nations. Il - II. 22. - Et dans
Daniel: Il Voyant je {us, jusqu'à ce que les tl'ônes {urent r6n­
1;ersés, et que l'Ancien des jours s'assit. Il - VIl. 9. - Con­
tinuation sur le Sixième Précepte: On peut voir combien les
mariages sont saints en eux-mêmes, c'est-à-dire, de création, en
ce qu'ils sont les Pépinières du genre humain; et comme le Ciel
Angélique vient llu gelll'e humain, ils sont aussi .les Pépinières du
Ciel; par conséquent les mariages remplissent d'habitants non­
seulement les terres, mais encore les Cieux: et puisque la fin de
toute création est le Genre humain et par suite le Ciel, où le Divin
Même habite comme dans ce qui est sien et comme en soi, et que
la procréation des hommes a été instaurée selon l'Ol'dre Divin par
les mariages, on voit combien les mariages sont saints en etix­
mêmes, ainsi de création, et combien par conséquent ils doivent
être saints. La tert'e, il est vrai, peut être aussi bien remplie d'ha:­
bitants par les fornications et les adultères que par les mal'jages,
mais non le Ciel, par la raison quc l'cnfel' vient des adultères, et
que le Ciel vient des mariages: si l'enfer vient des adultèl'es, c'est
parce que l'adultère vient du mariage du mal et du faux, ce qui
fait que l'enfer dans tout le complexe est nommé adultère; et si le
Ciel vient des mariages, c'est parce que le mariage vient du ma­
riage du bien et du vrai, ce qui fait aussi que le Ciel dans tout le
complexe est nemmé Mariage, comme il a été déjà montré. Pal'
adultère il est entendu où règne 1'3moOl' qui est nommé amour de
l'adullère, soit qu'il existe au dedans ou a!!-~ehQrs de.~Jie.!I.$.lIIjltri~
moniaux; el par mariage il est entendu où l'ègne l'amour qui est
nommé AmOllI' conjugal. Que la ICITe puisse êtl'c aussi bien J'em­
plie d'hahilants pal' les forniealions cl les adulLercs que par les ma­
\'ers. iO. GHAPITlŒ SEIZIÈME, 25a"
l'iages, cela sel'a expliqué plus amplement dans l' Mticle suivant,
Quand les PI'ocl'éations du Gema humain se font pal' des Mariages
dans lesquels l'ègne par le Seigneur un saint amoul' du bien et du
vrai, alors il al'l'ive dans les terres ce qui arrive dans les Cieux, et
le Royaume du Seigneur dans les terres cOl'l'espond au Royaume du
Seigneur dans les Cieux; en effet, les Cieux consistent en sociétés
disposées en ol'dl'e selon toutes les val'iétés des affections célestes et
spirituelles.; pal' ceLLe ol'dinaLion existe la fOl'me du Ciel, laquelle
sUl'passe éminemment toutes les fOI'mes qui sont dans l'univers; il
y aurait Ulle semblable forme dans les terres si les procréalions s'y
faisaient par des Mariages dans lesquels règne l'amour vraiment
conjugal; cal' il existel'ait alors dans ulle pal'eille val'Ïété autant
d'images des sociétés du Ciel qu'il descendl'ait successivement de
familles issues d'un seul Père de famille; les familles seraient alol's
comme des arill'es fruitiers de ditfél'entes espèces, d'oul'ésultel'uient
autant de jal'dins, dans chacun desquels seraient des fruits de son
espèce, jal'dins qui pris ensemble pl'ésenteraient la forme du PUI'a-
dis céleste; mais cela a été dit comparativement, pal'ce que les al'-
bl'es signilient les hommes de l'Église, les jal'dins l'intelligence,
les fl'uits les biens de la vie, et le Paradis le Ciel. Il m'a été dit du
Ciel qu'une telle ~orrespondunce des familles dans les terres uvec
les sociétés dans les Cieux, a\'ait existé chez les Très-Anciens par
lesquels a été instaurée SUI' ceLLe Tel're la Premièl'e Église, qui fut
aussi nommée pal' les écrivains Auciens siècle d'QI', pal' la l'aison
qu'alors l'égllaient l'amour em'el's le SeigneUl', l'amour mutuel,
l'innocence, la paix, la sagesse, et la chasteté dans les mal'Ïages;
et il m'a aussi été dit du Ciel qu'on avait alol's intérieurement de
l'hol'I'eul' pOUl' les adultères comme pOUl' des choses abominables
de l'eufer,
989, Et devint son royaume ténébreux, signifie t'É-
glise pal' suite dans des faux purs et denses: on le voit pal' la
signification du Royaume, en ce que c'est l'Église quant aux
vrais, N°' 48, 684, 685; et pal' la signification des ténèbres, en
ce qu'elles sont les faux, N° 526, ici des faux pUl'S et denses,
parce qu'il est dit ensuite que ce fut au point qu'ils mordir'ent leurs
langues et blaspMmèl'ent le Dieu du Ciel à cause de leurs douleurs
el de leul's ulcèl'es, Que pal' la foi seule, ou pal' la foi séparée des
2511 L'APOCALYPSE EXPLlQU(Œ, 1''' 98().

bonnes œuvres, tOtlS les vrais de l'ltglise aient été chass~s, et qu'à
leul' place soient entrés de purs faux, cela a été montré ci-dessus'
très-souvent: il ne peut pas en être autrement lorsque pal' la foi
la vie est séparée et ainsi exclue de la religion. - Continuation
sur le Sixième Précepte: Il a été dit ci-dessus que le Ciel vient
des Mariages, et que l'Enfer vient des Adultères; il va être dit
maintenant comment cela doit être entendu. Les maux hérédi­
taires dans lesquels l'homme naU ne vieunent pas d'Adam en
raison de ce qu'il a mangé de l'Arbre de la science, mais ils
viennent des parents à cause de l'adultél'ation du bien et de la fal­
silication du vrai, par conséquent à cause du mariage du mal et du
faux, mariage d'après lequel existe l'amour de l'adullère; l'amOllI'
régnant des parents est par transmission (pel' traducem) dél'ivé
ct ll'ansfél'é dans la race, et il devient la nalul'e de la l'ace; si ('a­
mour des parents est l'amour de l'adultère, il est aussi l'amour du
mal pOUl' le faux et du faux pOUl' le mal; de celle origine vient
tout mal chez l'homme, et pal' le mal l'cnCel' est chez lui. De là il
est évident que l'enfer chez l'homme vieut des adultères, si l'homme
n'est pas réformé par le Seigneur au moyen ùes nais et d'une vie
selon les vl'ais; et aucun homme ne peut être réformé, s'il ne fuit
pas les adulLères comme infemaux et n'aime pas les mariages
comme célestes; c'est ainsi, et non aull'ement, que le mal hél'édi­
taire est brisé, ct devient pltlS doux dans la l'ace. Mais il faut qu'on
sache que quoique l'homme naisse enfel' par ses parents adultères,
toujoUl's est-il cependant qu'il naH pOUL' le Ciel et non pOUl'I'enfer;
car il est pourvu par le SeigneUl' à ce que personne ne soit con­
damné à l'enfel' pOUl' les maux héréditaires, mais qu'il y ait con­
~amnation pOUL' les maux que l'homme aUl'a fait siens par la vic
actuelle: c'est ce qu'on peut voir pal' les petit:; enfants qui tous
après la mort sont adoptés par le SeigneUl', élevés sous ses aus­
pices dans le Ciel, et sauvés; de là il est évident que tout homme,
quoiqu'il soit enfer par les maux nés a\'ec lui, nait cependant pOUl'
le Ciel et non pOUl' l'enfel', Il en est de même de tout homme, même
né d'un adultère, s'il ne devient pas lui-même adultère; pal' deve­
nir adullère, il est entendu vine dans le mariage du mal et du
t'aux, en pensant aux maux et aux faux par plaisir pour eux, et en
les faisant par amoul' pour eux; toul homme qui agit ainsi de\'ienl
Vt~I'S. 10. CHAPITHE SEIZIÈME. 255
aussi adultère. 11 est même de la Justice Dil'ine que personne ne soit
puni pour les maux de ses parents, mais que chacun le soit pOUl'
les siens propres; aussi est-il pourvu pal' le SeigneUl' à ce que,
après la mort, les maux hél'éditaires ne l'eviennent pas; mais les
maux pl'opl'es reviennent, et alors l'homme est puni pour ceux qui
reviennent.
990, Et ils mordaient leurs langues de douleur, signifie
que par dédain ils ne veulent ni percevoir ni savoir les biens
el les vrais réels: on le vOil pal' la signification de mordre sa
langue, en ce que c'est ne vouloir ni percevoil' ni savoil' les biens
et les vrais l'éels, ainsi qu'il va être expliqué; el pal' la signification
de la doulew', en ce que c'est le dédain. Si par mOl'dl'e sa langue
il est signifié ne vouloir ni percevoir ni savoir les biens et les vrais
réels, c'est parce que par la langue il est signifié la pel'ceplion du
l'l'ai, el pal' mordre sa langue se l'etenir; cal' la langue signine di­
verses choses, parce qu'elle est un ol'gane tant du langage que du
goûl, et comme organe du langage elle signifie la confession, la
pensée, la doctl'ille et la religion, et comme organe du goû.! elle si­
gnifie la perceplion naturelle du bien et du l'l'ai, landis que l'odo­
1'at signifie la perception Spil'ituelle du bien el du vrai; en effet, la
langue gollte el SU\'OUl'e les mets et les boissons, et pal' l~s mets et
les boissons sont signiliés les biens el les l'l'ais qui noul'I'issent le
menlal natul'el; Ile vouloil' pas avoil' celte perception, ou ne vouloil'
pas pel'cevoil' les biens et les l'l'ais réels, est signifié par mordre sa
langue: ces choses ont été dites de ceux qui sépal'ent la foi d'avec
les biens de la vie; car ceux-là renferment toutes les choses de
l'Église ou de la religion dans un seul point de la foi, par lequel ils
disent que l'homme est justifié; et puisque l'homme est juslifié et
sauvé par ce seul point, il s'ensuit que toules les alitres choses de
la foi, qui sont les vrais de l'Église, ils les dédaignent au point
qu'ils ne veulent ni les percevoÎl' ni les savoir, car chacun d'eux
dit en son cœul' : Aquoi cela sel't-il, puisqu'un seul point me saul'e,
(1

à savoir, que Dies le Père a envoyé son !,'ils qui pal' la passion de
la croix. m'a l'acheté d~ l'enfel'? Les œuvres de la loi ne me con­
damnent donc pas ni ne me sauvent pas, puisque penser et croire
avec confiance ce seul point, c'est ce qni sauve; li de là vient donc
qu'en raison du dedain ils ne veulent ni percel'oÏ!' ni savoil' les biens
256 L' APOCALYPSE EXPLlQU ÉE. X" {HW.

et les vl'ais l'éels. S'ils ont du dégotH pOUl' ces biens et ces vl'ais,
c'est parce que ceux qui sont dans la foi seule sont inlél'ieu­
l'ement contre les biens et les vrais du Ciel et de l'Église; puis
aussi, parce que po LU' y penser il faut pensel' intérieurement, cal'
ces choses sont au-dessus de leurs idéès matérielles; ee dégollt el
ce dédain sont ce qui est signifié ici pal' la douleur. - Continua­
tion sur le Sixième Précepte: 11 a été dit ci-dessus qu'entre l'a­
moul' du mariage et l'amoul' de l'adultère il ya la même différence
qu'enll'e le Ciel et l'enfer; une semblable différence existe enh'6
les plaisirs de ces amoUl's, cal' les plaisirs tirent tout ce qui les
constituent des amoUl'S dont ils pl'oviennent. Les plaisil's de l'a­
dl1ltèl'e tirent ce qui les constitue des plaisirs de fail'e des u:;ages
mauvais, ainsi de malfail'e, el les plaisirs de l'amour du mariage
le lil'ent des plaisirs de fah'e des usages bons, ainsi de bienfaire;
tel donc est le plaisil' pOUl' les méchants à malfah'e, lei est le plai­
sir de leur amour de l'adultère, pal'ce que l'amour de l'adlJ,.~I'e en
descend: qu'il descende de là, à peine quelqu'un peul-il le croire,
mais néanmoins de là vient son origine; il est donc évident que le
plaish' de l'adullère s'élève de l'enfel' le plus profond. Au contl'aire,
le plaisir de l'amoUl' du mariage, parce qu'il vient de l'amoul' de la
conjonction du bien et du Vl'ai et de l'amour de fail'e le hien, est un
plaisir céleste; il descend même du Ciel intime ou lrG1sième Ciel,
où règne l'umour envers le SeigneUl' d'apl'ès le Seigneul' : par là on
peut voil' qu'il existe entre ces deux plaisirs lu même différence
qu'entl'e le Ciel et l'Enfer. Ce qu'il ya d'étonnant, c'est que l'on
croie que le plaisil' du mariage et le plaisil' de l'adulLèl'e sont sem­
hlables; mais tOUjOUl'S est-il qu'il y a entre eux la différence dont il
vient d'être padé: loulefois, celle différence ne peut êlre ni dis­
cernée ni sentie pal' aucun autre que pal' celui qui est dans le plai­
sir de l'amoul' conjugal; celui qui est dans ce plaisir sent manifes­
tement que dans le plaisir du mariage il Jl'y a fien d'impUI' Jli
d'inchaste, paI' conséquent fien de lascif; et que dans le plaisit'
de l'adultère il n'y a rien qui ne soit impur, incllaste et lascif; il
sênt que ce qui est inchaste monte d'en bas, et que ce qui est
eliaste descend d'en haut; maIs celui qui est dans le plaisir de l'a­
dultère ne peut pas sentil' cela, pUl'ce qu'il senll'infel'llal comme
éti\nt son célf.st.e. De là il l'esulLe que l'amour du mariage, même
Vel'S, 10. CHAPITRE SEIZl1~ME. :lui
ùans son demier acte, est la pureté même et la chasteté même, et
que l'amour de l'adultèl'e dans ses actes est l'impureté même et
l'inchasteté même. Comme les plaisil's de ces deux amours pa­
raissent extél'ieut'ement semblables, quoiqu'à l'intérieur ils soient
absolument dissemblables parce qu'ils sont opposés, il est en con­
séquence pou l'VU par le SeigneUl' à ce que les plaisirs de l'adultère
ne montent point dans le Ciel, et à ce que les plaisirs du mariage
ne descendent point dans t'enfel', mais à ce qu'il y ait toutefois une
('.el'taine conespondance du Ciel a\'ec la pl'olification dans les adul­
lères, sans qu'il y en aH une avec le plaisir même qui est en eux,
99'1. Et ils b{aspkémèJ'ent le Dieu du Ciel, signifie la fal­
sification de la Parole: on le voit p,u' la signifieation de blas­
phémer, quand cela concerne Dieu, en ce que c'est falsifiel' la Pa­
l'ole jusqu'à destl'uetton du Divin Vl'ai daus les Cieux, N° 778;
et pal' la signiftcati'On du Dieu du Ciel, en ce que c'est le Divin
Vrai pt'océdant do Seigneut'; ce vrai est entendu, ici et ai!leul's
dans la P",u'O{e) pat' le Dieu du Ciel, puisque tout le Ciel consiste
en ce Divin; c'est de là que les Anges sont appelés dieux, el qu'ils
signifient les Divins Vrais qui procèùent du Seigneur, et c'est aussi
de là que le Seigneul'est appelé la Parole, qui esl le Divin Vrai;
de l'à \'ieut donc que par Il ils blasphémèrent le Dieu du Ciel, ) il
esl signifié la falsification de la Parole jusqu'à destr'uclion du Di­
vin Vrai dans les Cieux. - COTtlinualion SUI' le Sixième Pré­
('oepte : Il a été dit que l'an10ut' conjugal, qui est natm'el, descend
de f'amout' du bien et du vrai qui esl spirituel; par' suite ce s[lil'i­
IHetesl dans l'amour naturel du mariage, comme la' cause est dans
l'effet; par le m-al'iage donc du bien el du vrai existe l'amoUl' de
fl'Uctifiel', à savoir, le hien pal' le vrai ct le vrai d'apr'ès le bien,
amour d'où descenù l'amour de proliliel., dans lequel il y a tout
délice et toute volupté. D'un autre ooté, l'amour de l'adultèl'e, qui
est naturel, vient de l'amour du mal et du faux. qui esl spirituel;
pal' suite ce spil'ituel est dans l'amour naturel de l'adultère, comme
la cnuse est dans l'effet; pal' le mariage donc du mal el du faux.
existe ('amour de fr'ucLificl', à savoil', le mal pal' le faux el le faux.
d'apl'ès le mal, amouI' d'où ùcscend l'amoul' de pi'oliflel' dans les
adultères, dans lequel il y a tout délice et toule rolupté. Que dans
l'amOllI' de proliliel' il y ait 10Ht délice et toute volupté, C'esl parce
V1. '17.
25~ L'APOCALYPSE EXPLlQUÉE, W 99'1,

que tout plaisir, tout agrément, toute béatitude, toute félicité dans
le Ciel entier et dans le monde entier, ont été pal' création mis en-
semble dans l'effOl't et pal' suite dans l'action de produire des usages;
ces joies croissent en degré ascendant selon la bonté et l'excellence
des usages dm'ant l'étel'Oité; par là on voit clairement d'où provient
cette si grande volupté de prolifiel', qui sUI'passe toutes lës autres
voluptés; si elle les sUl'passe, c'est il cause de l'usage qui sUl'passe
tous les autres usages, cet usage étant la procl'éation du genre hu-
main et par cOnséquent du Ciel. De là aussi proviennent la volupté
et le délice de l'adllltèl'e, mais comme la prolification par les adul-
tères correspond à la production du mal pal' le faux, et du faux
d'apl'ès le mal, celle volupté et ce délice décroissent et s'affaiblis-
sent pal' degrés jusqu'à se changer enfin en dégoù.t et en nausée.
Puisque le plaisir de l'amour du mal'iage est un plaisil' céleste, et
que le plaisil' de l'adultèl'e est un plaisil' infel'Oal, ainsi qu'il a été
dit ci-dessus, il s'ensuit que le plaisil' de l'adultèl'e vient d'un cel'-
tain feu impul', qui simule le plaisir de l'amoul' du bien, tant qu'il
dure, mais qu'en lui-même il est le plaisir de l'amour du mal, qui
dans son essence est le plaisil' de la haine contre le bien et le vrai;
et comme son origine vient de là, il n'y a point d'amour entre un
adultère et une adultère, sinon un amoul' comme l'amour de la
haine, qui est tel, qu'ils peuvent être en conjonction dans les exter-
nes, mais non dans les internes; en effet, dans les externes c'est du
feu, dans les internes c'est de la glace; aussi le feu s'éteint-il même
après peu de temps, et la glace survient-elle ou avec l'impuissance
ou avec une avel'sion comme celle qu'on éprouve pom' ce qui est
ignoble, Il m'a aussi été donné de voit' cet amour dans son essence;
il était tel, que c'était au dedans une haille mortelle, et qu'au dehol's
il paraissait comme un feu ardent de matières stercol'ales, félides
et infectes; et Selon que ce feu avec son plaisir s'éteignait, de même
expirait par degrés la vie de com'el'sation et de commel'ce mutuels,
et se montrait la haine, d'abord sous une apparence de mépris, en-
suite d'aversion, puis de rebuts, enfin de reproches outrageants et
de voies de fait: et, ce qui était étonnant, quoiqu'il yeù.t haine en-
11'e eux, ils pouvaient cependant palofois se rapprochel', et senlil'
alors le plaisir de la haine comme le plaisil' de l'amolli'; mais cela
d'après le prurit chamel, On Ile gaurait ni L1écrire ni cl'oire quel
\'ers, 11. CHAPITRE SEIZIÈME. 25!)

plaisir ùe haine, et pal' suite quel plaisil' de malfail'c, il y a chez


ceux qui sont daus l'enfer; faire Ic mal est la joie de leur cœur', et
celle joie ils la nomment leur Cicl : leur plaisir' de malfaire tire son
tout de la haine et de la vengeance contre le bien et le nai; aussi,
poussés par une haine mOl'telle et diaholiqlle, sont-ils en fureUl'
~ontre le Ciel, surtout contre ceux qui sont du Ciel et adorent le
Seigneur; car ils sont enflammés d'un violent désir de les massa-
crer, et comme ils ne pem'cnt tuer les corps, ils veulent faim périt'
les âmes; c'est donc lep!aisir' de la haine, qui, étant devenu un feu
dans les extr'êmes et étant injecté dans une chair portée à la las-
dveté, devient en ce moment le plaisir de l'adultère, l'ame dans la-
quelle se cache la haine se tournant alors en sens contl'ail'e. De là
vient que "enfer est dit adultère; de lil vient aussi que'ceux qui se
livrent épel'dû.ment à l'adultère sont impitoyables, féroces et cl'Uels.
Voilà le mariage infernal. Puisque l'adullère est un feu dans les ex-
ternes et de la glace dans les internes, et 11Ilisqu'ainsi l'interne ue
pl'oduit pas l'externe, comme il arrive dans les mariages, mais que
l'Întel'Oe et l'externe agisseITt mutuell~ment en sens opposé, de là
vient que l'homme épl'ouve de l'impilissance quand la femme veut
"acte, et plus eRcore quand elle le sollicite; cal' l'interne qui est
r,'oid; vienl alol's en effort, eb il influe dalls le feu qui est dans les
ex,ternes et l'éteint, el par conséquéo~il 'le rcjelle comme inhabile;
il faut ajouter à cela que le dé~ir de fail'e "iolence; qui eXJ~ite aussi
r.e feu impur, 'est alors pel'du.
992. A cause de leurs douleurs, et à ('(lUSe de leurs ulcères,
,~ignifie d'après les ,dédains' et le.~ dégozlt.~ pour les vrais et les
biens 1'éel.~, ayant IcUl' source dans les fau~r: et le.s maux dall,~
lesquels sont ceux qui sont dans la foi sâtle : on le voit par' la
signification des douleurs, en ce que ce sont les dédains pOUl'les vrais
et les biens réels par suite des faux dans lesquels sont ceux qui sont
ùans la foi seule, N° 990 ; et pal' la signification des !lü'ères, en ce
que ce sont les dégoûts pal' suite des maux de la vie ; que par les ul-
cèl'es il soit signifté les mauvaises œ'uvres qui pl'oviennent du pl'opl'e
ùe l'homme, et par suite les falsificatiotls ÙU Vl'ai et du bien, on le
voil ci-dessus, N° 962 ; si le dégoût est signifié, c'est parce qu'il est
entendu une ùouleul' provenant des ulcères, à caüse de laquelte ils
ont.blasphém(lle Dieu du Ciel; m'ais néanmoins il est en{cndu, nou
200 L'APOCALYPSE EXPLJQU(.~~, N° 992.
pas une douleul' pOUl' cela, mais un dégoOt pOUl' les "l'ais el les
hiens par suile de ces faux et de ces maux. - Continuation sur
le Sixieme Prérepte : Il a élé dit que l'amoUl' de l'adullère est
un feu embrasé I>al' des impurelés, qui se raleotit 1)ientOt et se
change en un f.'oid et en une aversion correspondante à la haine;
mais c'est le contraire pOUl' l'amoul' du mariage; cet amour est un
feu embl'asé par l'amoul' du bien et du vrai el pal' le plaisir de
hienfaire, ainsi par l'amour cnvel's le Seigneur et par l'amour à
l'égard du prochain; ce feu, qui est céleSte pal' son origine, est
l'empli de plaisirs innom1)rables, à savoil', en aussi grande quantité
qu'il y a'de délices et de béatiludes célesles, 11 m'a été dit que les
charmes et les agréments que l'enferme cet amour, et qui se mani­
feslent successivement, sont en si grande quantité et lels, qu'il est
impossible de les nomhrer et de les décl'ire; ils sont même multi­
pliés avec accroissement dUl'ant l'étel'nité. L'origine de ces délices
vient de ce que les époux veulent être unis en lin quant aux men­
lais, el de ce que le Ciel conspit'e à une telle union d'après le ma­
l'iage du 1)ien el du vl'ai qui y existe par le Seigneur. Je désire
l'apporter quelques parlicularités sur les mal'iages des Anges dans
le Ciel: lis disent qu'ils sont dans une puissance continuelle; qu'a­
près les actes ils n'éprouvent jamais de lassitude, moins encore de
trislesse, mais qu'il y a activité de la vie et hilarité du mental
(animus); que les époux passent la nuit dans le sein l'un de l'autre
de même qu'ils ont été créés en un; que les effets sont constam­
ment ouverts pour qu'ils ne manquent jamais tant qu'ils veulent,
parce que sans les effels ('amour serait comme la veine 1)ouchée
d'une fontaine; J'effet ('ouvre,. et établit la pél'ennité, el aussi la
conjonction pOUl' qu'ils deviennent comme une seule chair, car le
vital du mal'j s'ajoule au vital de l'épouse et il y a union; ils disent
que tes délices des effets ne peuvent être décrites par les mots d'au~
cune langue dans le Monde naturel, ni être pensées par des idées,
sinon pal' des idées spirituelles, lesquelles cependant n'épuisent pas
le sujet. Voilà ce qui m'a été dit par les Anges.
993, Et ils ne vinrent poilu (~ résipiscence de leurs œu­
t'l'es, signifie qu'ils lle voulurent point vivre selolt les pré­
ceptes du Seigneur: on le voit pal'la signification de venir à ré·
sipiscence, en ce que c'est menel' tlne aull'e vie; et par la signifi­
Vers. H. GHAPlTRE SEIZIÈME. 261
cation de leurs œuvres. en ce que ce sont les maux d'après les
faux, cal' ceux qui s6parent la foi d'avec les œunes, en disant que
les œuvres, parce qu'elles sont faites pal' l'homme, ne sont point
bonnes et qu'elles sont méritoil'es, et ainsi ne doivent point être
conjointes à la foi, qui est sp:irituelle et justifiante, ceux-là fonl\es
maux d'après les faux; cal' d'après un faux principe l'homme ne
fail aucun bien, et où il n'y a pas le bien, là est le mal; il en est
autl'ement lorsque l'homme vit selon les préceptes du Seigneur,
qui sont, qu'on doit s'abstenir des maux et qu'on doit faire les biens;
de là, par a ils ne viment point à résipiscence de leurs œuVl'es, 1) il
est signifié qu'ils ne voulurent point vivre selon leipl'éceptes du Sei­
gneur.-- Continuation sur le Sixièille Précepte: Que l'amour
vraiment conjugal contienne en soi tant de délices ineffables qu'eUes
sont au-dessus des nombl'es et des-expressions, c'est aussi ce qu'on
peut voil' en ce que cet amour est l'amour fondamental de tous les
amours célestes et spil'ituels, parce que par lui l'homme devient
amour, cal' le conjoint aime son conjoint par cet amour comme le
bien aime le vrai et comme le vrai aime le bien; ainsi, d'une ma­
nièl'e représentative, comme le Seigneur aime le Ciel et l'Église;
un tel amour ne peut exister que par le mariage dans lequel le mari
est le vrai et l'épouse le bien. Quand par le mariage l'homme est
devenu un tel amOUI', il est aussi dans l'amoUl' envers le Seigneur
et dans l'amour à l'égal'd, du prochain, par conséquent dans l'a­
moul' de tout bien et dans l'amour de tout vrai; car de l'homme
comme amour il ne peut procédel' que des amours de tout genre;
de là l'ésulte que l'amour conjugal est l'amour fondamental de tous
les amours du Ciel. Maintenant, puisqu'il estl'amoul' fondamental
de tous les amours du Ciel, il esl aussi l'amour fondamental de
tous les plaisirs et de toutes les joies du Ciel, car tout plaisir el
toule joie appartiennent à l'amour: il suit de là que les joies cé­
lestes, dans leur ordre et dans leurs degl'és, tirent de l'amour con­
jugal leurs origines et leurs causes. Des félicités du mal'iage on
peut conclure les inféliciLés des adultères, à savoil', que l'amour de
l'adullèl'e est l'amour fondamental de tous les amours infernaux,
qui en eux-mêmes sont des haines et non des amoul's; qu'en con­
séquence' c'est de l'amour de l'adultère que sUI'gissent les hailles de
tout genre, tant conll'(} Dieu que coulre le prochain 1 et en génél'al
202 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N"!J!J3,

conLre LouL bicn eL LouL vrai du Cicl eL de l'Église; delà l'OUI' lui
Loules les ill félici Lés ; cal' pal' les adulLèl'es l'homme devienL ulle
fonDe de l'enfer, et pal' l'amour des adultères il devient une image
du diable, comme il a été diL précédemment. Que pal' les mariages
où ,:ègne l'amour vraiment conjugal, Loutes les délices et Loutes les
félicités cl'oissent jusqu'aux délices et aux félicités du Ciel intime,
et que dans les mariages où règne l'amour de l'adultère les dis­
grâces et les infortunes croissent en cl'uauté jusqu'à l'enfel' le plus
Iwofond, on le voit dans Ic Traité DU ClI!L ET DE L'ENFER, N° 386.
99ft. Vers. 12, '13, 1ft, 15, 16. Et le Sixième Ange versa
sa fiole sur le grand fleune, l'Euphrate; et (ul tarie son eau,
Il/in que (ût préparé le chemin des rois de devers le levant du
soleil. - Et je vis de la bouche du dragon, et de la bouche
de la bête, et de la bouche du (aux prophète, trois esprits
immondes semblables il des grmouilles. - Cm' ce sont deS
esprits de démons, qui (ont des signes POUf' s'en aller vers les
rois de la ten'e et de tOllt le globe, afin de les assembler pour
la gùerre de ce jOlir grand du Dieu Tout-Puissant. - Voici,
jt vims comme un voleur; heureux celui qui veille et garde
.~es vêtements, afin que 1111 il ne marche point, et qu'on Ile
?)oie point sa honte! - Et il les assembla dans le lieu appelé
en hébreu Armageddon. - Et le Sixième Ange versa sa fiole
,ml' le grand fleuve, l'Euphrate, signific l'élat de ('Église quant
aux ralionnels, et pal' suite quant il l'inLelligence : et (ut tarie
son eau. signilie que les faux furent él0ignés : afin que (ût pré­
paré le chemin des rois dedelJers le levant du soleil, signifie
afin que le Divin Vl'3i procédant du Seigneut l'fiL influer' : et je vis
de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, signifie
d'après la pensée, le raisonnement, la religioll et la doctrine de
ceux qui sont dans la foi seule, et dans les confirmaLions de celle
foi d'après l'homme uaLul'el : et de la bouche du (aux prophète,
signifie la docll'ine de la foi sépal'ée d'avec la \'ie, et de la justifi­
calion pat' celle foi confirmée d'après la Parole falsifiée: trois es­
prits imll/ondés semblables ri des {J1'enouilles, signifie les rai­
sonnements d'après de purs faux contl'e les Divins Vrais: car'ce
sont des esprits de démons, signifie de faux raisonnemenls d'a­
près l'enfel' ; (lui (0/11 des ,~igncs, :-ignific pCI'SUadllut pal' des iliu­
Vers. 12. CHAPiTRE SEiZIÈME. 263
SiOllS et par des sophismes: pour s'en aller vers les rois de la
te,'re et de tout le globe, afin de les assembler pour la guerre,
signifie pour exciter des dissensions et des comhats contre les vrais
chez tous ceux qui sont de l'Église: de ce jour g1'and du Dieu
Tout-Puissant, signifie le derniel' état de l'Église quand il y a
avénement du: SeigneUl' et Jugement demier : voici, je viem
comme un voleur, signifie l'avénement du Seigneul' et le Juge­
ment dernier: heureux celui qui veille, signifie l'état de félicité
de ceux qui tOUl'Dent leurs regards vers le Seigneur: et qui garde
ses vftements, signifie qui vivent selon les Divins Vl'ais : afin que
nu il ne marche point, signifie afin qu'il ne soit point sans vrais,
et par suite sans biens: et qu'on ne voie point sa honte, signifie
et par suite dans d'impurs amours: et il les assembla dans le.
lieu appelé en hébreu Armageddon, signifie l'élat du combat
d'après les faux contre les vrais, ayant sa source dans l'amour de
soi chez les hommes de l'Égli~e.
995. Et le Sixième Ange ve1'sa sa (iole sur le grand {leune,
l'Euphrate, signifie l'état de l'Église, manifesté quant aux
rationnels, et par suite quant à l'intelligence: on le voit par
la signification de l'Ange versant sa (iole, en ce que c'est l'élat
de l'Église manifesté, comme ci-dessus plusieurs fois; et pal' la
signification de l'Euphrate, en ce que c'est le rationnel, comme
ci-dessus, N° 569, lequel est appelé gl'and fleuve à cause de l'in­
telligence, qui est à l'homme d'après lel'ationnel; cal' le fleuve si­
gnifie l'intelligence; voù' N° 518; en effet, toute intelligence natu­
l'elle de l'homme vient de son rationnel, car le ralionnel-est un
médium entl'e le spirituel et le natul'el, et comme il est un mé­
dium il lire d'abord l'influx du Monde spirituel et le transfère
dans le Monde naturel; de là vient que, avant que le mental spiri­
tuel, qui est appelé homme spirituel, puisse être ouvert, et que pal'
lui l'influx puisse être donné dans le mental natm'el, le ralionnel
doit être cultivé, ce qui se fait par les scientifiques qui sont les
vrais naturels et moraux, et par les connaissances du vrai et du bien
d'après la Pal'ole; par ces choses, le mental rationnel est ouvel't
en dessous; mais dès que le mental spirituel a élé ouverl, et que
pal' suite l'influx a lieu, le mental l'aliounel est olll'eri en dessus,
et ainsi le rationnel eommr, Icnantle milic~lI fournil le pflssage, et
2ôlt L' APOCAL y PS.E l:XPLHlllEE. N" IIU5.

alors par lu i le mental lIatul'el, dans lequel sont les scientifiques et


les conuaissances, est suhordonné au mental Sl)irituel, pal' consé­
quent au Ciel et au Seigneur. - Continuation sw' le Sia:ième
Précepte .. L'amour vraiment conjugal vient du Seigneur Seul;
s'i! vient du Seigneur Seul, c'est parce qu'il descend de l'amour du
Seigneur à l'égal'd du Ciel et de l' l~glise, et par conséquent de l'a­
moU!' du uien et <lu vrai; en effet, c'est du Seigneur que vient le
Bien, et c'est dans le Ciel et dans l'Église qu'il yale vrai; de la
résulte que l'amour vl'aiment conjugal est dans sa Iwemière essence
l'amour envers le Seigneur. C'est de là que personne ne peut êtl'c
dans l'amour vraiment conjugal, ni dans les chal'mes, les plaisirs,
les béatitudes et lesjoies de cet amOlli', si ce n'est celui qui l'econnait
lc Seigneur Seul, c'est-à-dire, qui reconna~t le Trine dans le 5ei­
gneul' : celui qui s'adl'esse au Pèl'e comme à Ul.e personne par soi,
ou à l'J<~sp\,it Saint comme à une pet'sonne par soi, et à eux non
dans le Seigneul', celui-là n'a IJas l'amour conjugal. Le conjugal
réel existe principalement dans le TI'Oisième Ciel, parce que là les
Anges sont dans l'amour envers le Seigneur, le reconnaissent Seul
pOUl' Dieu, et font ses commandements: pOUl' eux faire sescom­
mandements, c'est l'aimer; pOUt eux les commandements du Sci­
gneUl' sont les vrais dans lesquels ils le reçoivent: il y a conjonc­
tion du SeigneUl' avec eux et d'eux avec le Seigneur, cal' ils sont
dans le SeigneUl' parce qu'Hs sont dans le Bien, et le Seigneur est
en eux parce qu'il est dans les Vrais; c'est là le mariage céleste,
d'où descend l'amour vl'aiment conjugal.
996. Et fut tarie son eau, signifie que les fau:J: furent éloi­
gnés .. on le voit pal' la signification des eaux, en ce que ce sont
les vl'ais, et dans le sens opposé les faux, N° 518; ici les faux,
parce qu'ensuite il est dit Il afin que flU préparé le chemin des rois
de devers le levant ou 8oleil, Il pal' quoi il est signifié, afin que le
Divin Vrai du Seigneut' pût influel'; et pal' la signification d'être
tari, en ce que c'est être éloigné. Ici est décl'it l'état de l'homme
quant au l'ationnel : c'est d'apl'ès le rationnel que l'homme peut
voir et comprendre les nais, et il peut les voir en tant que les faux
d'api'ès les maux ne font point obstacle, cal' tout homme, même le
méchant, a la faculté cie comprcndl'c les vrais; voir No' 87"., 970:
mai:; si l'homme ne les \'oil pas el Ile lc~ comprend pas, (',test parce
l'crs. 12, ClIAPlTUE SEIZll~MI!:. 26b
qu'il aime le mal, et le mal amène le faux; el ensuite, quand le vrai
tombe dans le faux, le vrai ne peut apparaHr'e dans sa lumièl'e, cal'
il est émoussé, obscul'ci, étoUffé, l'ejeté. Mais les faux d'après les
maux n'entrent point, ainsi ne font point obstacle dans le premier
âge de l'homme; en elfet, ils entrent dans son second et dans son
troisième âge, quand i1·ne pense plus d'après la mémoire seule ou
d'après le mallre, mais qu'il pense d'après son propl'e entende­
ment, cal' le l'ationnel, dans lequel il y a l'entendement, est ouvert
successivement a mesu\'e que l'homme gl'andit; œaprès cela il est
évident que pendant ce temps-là les faux sont éloignés, el qu'alol's
entrent les connaissances du nai et du bien d'après la Parole, que
l'homme voit aussi dans une cel'laine lumière, sans les faux: mais
que plus tal'd la vue l'3lionnelle soit pel'vertie par les raisonnemenLs
d'après les illusions et les faux, cela est signifié pal' les Il'ois esprits
immondes, semblables à des grenouilles, qui sortirent de la bouche
du dl'agon, et de la bête, et du faux prophète, dont il est parlé dans
ce qui suit. Le plus proche sens des paroles, que l'eau du fleuve de
l'Euphrate fut tarie, afin que ffit préparé le chemin des l'ois de de­
vers le levant du soleil, c'est qu'un passage serait donné pal' l'f~glise
où sont les Divins Vrais que le dl'agon, la bête et le faux prophète
voulaient pel'vel'lir; car l'Euphrate limitait d'un côté la telTe de
Canaan et la séparait de l'Assyrie, et par la terre de Canaan il est
signifié l'Église, et pal'I'Assyrie le l'ationnel,-Continuation sur
le Sixième Précepte: Comme l'amour vraiment conjugal dans sa
première essence est l'amour envers le SeigneUl' d'apl'ès le Sei­
gneur, il est aussi l'innocence, L'innocence consiste à aimer le Sei­
gneur' comme son Pèl'e, en faisant ses commandements, et en vou­
lant êll'e conduit pal' Lui et non par soi-même, ainsi comme un
petit enfant. Comme l'innocence est cet amour, elle est l'être même
de tout bien, et pal' conséquent autant l'homme est dans l'amour
conjugal, autant il a en lui du Ciel, ou autant il est dans le Ciel,
lIai'ce qu'aùtant il est dans l'innocence. Puisque l'amou,' vl'aiment
conjugal esl l'innocence, voilà pOUl'quoi les jeux entre époux son~
comme les jeux des petits enfants entl'e eux; et autant ils s'aiment,
autant leul's jeux sont tels, ainsi qu'on le voit chez tous les époux
. les premiel's joul's après les noces, quand leul' amour cherche it
imiter l'amour vraiment conjligal. L'innoccnr:c de l'i\mOul' (~(lnju·
266 L'APOCALYPSE EXPLlQUÉE. N"996.

gal est entendue dans la Parole par la nudité dont Adam et son
épouse ne rougirent pas; et cela, parce qU'i111'Y a l'ien de lascif, ni
pal' conséquent aucune rougeur pudibonde entl'c les époux, pas
plus qu'entre les petits enfants lorsqu'entre eux ils sont nus.
997. Afin que fût préparé le chemin des rois de devers le
levant du soleil, signifie afin que le Di1.,in Vrai procédant du
Seigneur pût influer: on le voit par la signification du chemin
des rois, en ce que c'est l'influx du Divin VI'ai, cal' par le chemin
est signifié l'influx, et pal' les rois sont signifiés les vrais: que ce
soit l'influx .du Divin Vrai qui est entendu, c'est parce qu'il est dit
lc chemin des l'ois de devers le lelJant du solei~; car pal' les che­
mins .sont signifiés les influx, puisque tout influx d'une société il.
une autre, ainsi procédant du Seigneur, se fait pal' des chemins
ouverts ùans le Monde spirituel; et puisque par le lever du soleil il
est signifié où est le Seigneur, ainsi de devel's le levant du so­
leil, c'est pl'océdant du Seigneur. Que le Seigneul' soit le soleil
du Ciel, et que par suite dans la Parole par le soleil il soit entendu
le SeigneUl' quant il. l'amour, on le voil ci-dessus, No, 401, 412,
527; puis aussi, que pal' l'orient et par le levant du soleil il est en­
tendu oil est le Seigneur, N° 422; et que par les rois sont signifiés
les Divins Vrais, N°' 29, 31, 553, 625; ce qui est entendu pal'
ces paroles dans le sens le plus proche, cela a été dit ci-dessus, il.
savoir, afin qu'il fût ouvel't un chemin de la teITe de Canaan, par
laquelle est signifié le spirituel de l' J~glise, vers l'Assyrie par la­
quelle est signifié le l'atioilllei de l'Église; le fleuve de l'Euphrate sé­
parait et distinguait ces terres; de là par le chemin des rois de devel's
le levant du soleil il est signifié un passage par l'Église; que ce pas­
sage serait ouvert, cela estentendu dans ce sens par cela queul'eau
de l'Euphrate fut tal'ie. II Maintenant il sera dit quelque chose de
('influx du Divin Vrai pl'océdant du Seigneur chez les hommes:
Du Seignel:1r comme Soleil il sort et Chaleur et Lumière; mais la
Chaleur est le Divin Bien et la Lumière est le Divin VI'ai; la Lu­
mière, qui est le Divin Vrai, influe et entl'e chez tout Ange du Ciel,
et aussi chez tout homme du Monde, et donne la vue interne, qui est
l'entendement; car chaqne homme, quant à son espl'il, quoique non
quant au corps, a la faculté de recevOir celle lumièrc, c'est-à-dire,
rlc eompl'endre le Divin Vrai; mais celle racullé est ouverte à me­
Vers. 12, CHAPITHE SEIZIÈME. 267
sUl'e que l'homme gl'andit, et que pal' les sciences et par les con­
naissances du bien et du vrai il cultive et forme son rationnel selon
l'ordre; mais la Chaleur, qui est le Divin Bien, n'influe pas chez
l'Ange et chez l'homme de la même manière que la Lumière qui
est le Divin Vrai; et cela, parce que l'homme naît dans les maux
de tout gent'C, et que les maux font obstacle; c'est pourquoi les
maux doivent d'abol'd être éloignés, avant que la Chaleur, qui est
le Divin Bièn, puisse influer, et les maux sont éloignés pal' cela
qu'on les regarde comme péchés conLt'e Dieu, et qu'on les fuit en
suppliant le Seigneur ()our le secoul's : autant donc l'homme reçoit
ainsi le Divin Bien; autant, il vient dans la Lumièl'e de comprendre
le Divin VI'ai, car le chemin du Divin Vrai dans l'homme qui est
réfOl'mé est pal' le Bien de la volonté, et de là par le Bien de la vie
chez lui. Quand l'homme n'est pas dans le Divin Bien, mais dans
le mal, il est néanmoins dans la faculLé de recevoi!' la lumièl'e, ou
de compl'endre le Divin Vl'ai, mais en tant qu'il est dans l'état sé­
paré; s'il n'est pas dans l'état séparé, alors il ne le comprend pas
de même: il y a pOUl' l'homme état séparé quand il est tenu seule­
ment dans la pensée qui appal'tient il l'entendement, et non en même
temps dans l'affection qui apparUent à sa volonté; mais dans cet
état l'homme n'est pas réformé, pal'ce que cette lumièl'e alors n'af­
fecte pas sa vie, ou parce que le Divin Vl'ai n'est pas im(llanté : il
y a, au contraire, état non-séparé pOUl' l'lJomme quand il est tenu
dans la pensée d'après l'entendement et en même temps dans l'af­
fection d'apl'ès la volonté; dans cet état, l'homme ne reçoit pas la
(umière, ou ne com(lrend pas le Divin Vrai, s'il n'est pas ell mê­
me temps dans le Divin Bien quant il l'affection de la volonté; car
dans cet état, les maux qui appartiennent il la volonté, et par suite
les faux qui appartiennent il l'entendement, font obstacle et élei­
gnent la lumièl'e. Mais SUI' ces deux étals de l'homme il en sera
dit davantage dans ce qui suit - Continuation sU" le Sixième
Précepte: Comme l'amouI' conjugal dans sa pl'emièl'e essence est
('amoul' ellvel'S le Seigneur d'après le SeigneuI', et que pal' suHo il
est aussi l'innocence, c'est aussi pOUl' cela que l'amour conjugal est
la Paix, telle qu'elle eflt dans les Cieux chez les Anges; cal' de
même que l'lnllocenc:e esl l'f~lre même de tout hien, de même aussi
la Paix est l'Être même rie fout plaisir qui procède du bien, par
268 L' APOCALYPSE EXPLIQUEE. NU 997,

conséquent elle est l'Ètre même de toute joie entl'e les époux :
maintenant, comme toute joie appartient à l'amour, et que l'amoul'
conjugal est ~'amoUI' fondamental de tous les amours du Ciel, voilà
poul'quoi la Paix el/e-même réside principalement dans l'amour con­
jugal. Que la Paix soit une béatitude du cœur et de l'Arne, til'ant
son origine de la conjonction du SeigneUl' avec le Ciel et l'Église,
et pal' conséquent aussi de la conjonction du bien et du vrai, apl'ès
la cessation de tout dissentiment et de tout combat du mal et du
faux contre le bien et le vl'ai, on le voit ci-dessus, N° 365; et comme
l'amoUl' conjugal descend de ces conjonctions, voilà encol'e pour­
quoi tout plaisir de cet amoul' descend et til'e son essence de la Paix
céleste. Celte Paix brille même, dans les Cieux, comme une cé­
leste béatitude SUI' les faces des époux qui sont dans cet amoul', cl
qui, d'après cet amoul', se regal'dent mutuellement; et celle céleste
héatitude, qui affecte intimement les plaisil's des amours et est
nommée paix, ne peut être chez d'a1uu'es que chez ceux qui peuvent
être conjoints intimement, ainsi quant aux cœurs mêmes.
998. Et je vis de la bouche du dragon, et de la bouche de
la bête, signifie d'après la pensée, le raisonnement, la reli­
gion et la doctrine de ceux qui sont dans la foi seule, et dans
les confirmations de cette foi d'après l'homme naturel: on
)e voit pal' la signification de la bouche, en ce que c'est la pensée,
)e raisonnement, la religion et la doctl'ine, N°' 580, 782, 79h;
par la signification du dragon. en ce que ce sont ceux qui sont
dans la foi seule, tant quant à la doctrine que quant à la vie,
NOl 71h, 715, 71ô, 737; et pal'Ia signification de la bête, en ce
que ce sont ceux qui pal' des raisonnements d'apl'ès l'homme natu­
rel confil'ment la foi seulc, N° 773. En effet, il y a,'ait dcux bêtcs,
l'une montant de la mer et l'autre montant de la tene; pal' la bête
montant de la mer r.st entendue celte foi confirmée pal' des raison­
nements d'après l'homme natUl'el, et par la bête montant de la
lel'l'e est entendue cette foi confirmée d'apl'ès le sens de la leUre de
la Parole, et par suite la falsification de la Parole; mais ici il est
~fllendu la bête montant de la mer, ainsi la foi confirmée pal' des
raisonnements, pal'ce qu'il est ajouté (1 de la bouche du faux pro­
phètc, 1) ct que pal' le f~ux [lI'ophète il est signifié la m~me ehose
Ille pal' la bête montant de la tCI'I'0, il. stlvoir, la foi seule r,onlirm6c
Vers. 13. CHAPITRE SEIZIÈME. 269
par la Parole, ainsi la doclI'ine du faux d'après les vrais falsiliés.
Pal' ces pal'oles et pal' les suivantes il est maintenant décrit que la
doctrine sur la foi seule a émoussé et presque éteint la faculté de
comprendre le Divin Vrai, faculté qui cependant a été donnée à.
chaque homme par le seignem', en tant que les faux d'après le
mal ne fel'ment pas l'influx et l'enU'ée afin que rien du Ciel ne
soit perçu; en effet, ('homme est comme un jardin qui reçoit la lu-
mière également j'hiver et l'été, mais non la chaleur, et selon que
le jardin ,'eçoÎl la cbaleul', il fleurit et porte du fruit; de même
l'homme, en ce qu'il peut également l'ecevoir la lumière, c'est-à-
dil'e, compl'endre le Divin VI'ai, soit qu'il soit mauvais ou qu'il soit
bon, mais il ne peutllelll'ir et porter du fruit, c'est-à-dire, devenir
sage et fail'e les œu,vl'es qui sont des biens, si ce n'est que selon
qu'il reçoit la chaleur, c'est-à-dil'e, le bien de l'amour. Beaucoup
croient que les Érudits, parce qu'ils savent un grand nombre de
choses ue la Pal'ole et de la doctrine d'après la Parole, sont plus in-
telligents et plus sages que les autl'C.5, mais néanmoins ils n'ont pas
plus d'intelligence et de sagesse, que selon la chaleur spirituelle,
c'est-à-dire, le bien de l'amoul' chez eux; cal' selon oe bien la faculté
de comprendre les vrais est ouverte et est vivifiée, mais par les
maux de l'amoul' du propre cf'J,te même faculté est comme couvèl'te
et ohlitél'ée; que cependant la faculté intellectuelle soittoujoUl's chez
eux, quoique couvel'te et oblitérée, je l'ai souvent entendu prouver
par l'expérience; cal' des espl'its qui étaient absolument dans les faux
d'apl'ès le mal, et niaient de tout leUl' cœul' le Divin inl1ux dans
loutes les choses de ('entendement du vrai et de la volonté du bien,
pal' conséquent la Divine Providence, et pal' suite confirmaient cbez
eux que toutes choses appartiennent à la natul'e et à la pl'opre Pl'U-
lIence, ces esprits, quoiqu'ils fussent presque sans aucune faculté
de comprendl'e les vrais lorsque chez eux ils les pensaient, cepen-
dant lorsqu'ils entendaient dit'e pal' d'auU'es que le Divin est tout,
et que respectivement le naturel n'est rien, si ce n'est comme l'ins_
trument de l'ouvrier. ils le comprenaient alors aussi clairement que
ceux qui l'enseignaient, et que les autr'es qui s'étaient confirmés
dans ce Divin Vrai; mais aussitôt qu'ils avaient détoul'né l'oreille,.
ils tombaient dans l'opposé, et ne le comprenaient plus, et cela,
parce qu'ils l'avaient couvert par des faux d'apl'ès les confil'ma-
2ïO L' APOCA 1. YPSE EXPLIQU I;:E, 1'1" 998.

lions, Pal' là il était évident que chez 10US il y a la facullé de COOl­


prendl'e le vrai, ou de recevoil' du Ciel la lumièl'e, mais que néan­
moins on ne la reçoit qu'aulant qu'on est dans le bien de l'amoUl'
pal' la vie; de la même manière qiIe pour le jardin, qui admet la lu­
mière du soleil également l'hh'er comme l'été, mais qui néanmoins
ne fleurit et ne porte du fruit qu'autanl qn'il reçoit en même temps
du soleil la chaleur, ce qui a lieu pOUl' lui pendant le pl'intemps et
l'été. - Continuation sur le Sixième P"écepte : L'homme a
de l'inlelligence el de la sagesse en proportion de ce qu'il esl dans
l'amour conjugal, et chez lui l'intelligence et la sagesse sont leIles
qu'est son amour conjugal; la raison de cela, c'est que l'amoUl'
conjugal descend de l'amoul' du bien et du V1'ai, comme l'effet des­
cenù de sa cause, ou comme Je naturel descend de son spil'ituel; et
c'est par le mariage du bien et du vl'ai que les Anges des lrois
Cieux ont aussi toute intelligence et toute sagesse; cal' l'intelli­
gence et la sagesse ne sont autre chose que la l'éception de la lu­
mière et de la chaleur procédanl du Seigneur comme Soleil, c'est­
à-dil'e, la réception du Divin Vrai conjoinl au Dh'in Bien, et dll
Divin Bien conjoint au Divin Vl'aij ainsi elles so[]t le mariage du
bien et du \Tai procédant du SeigneUl'. Que cela soit ainsi, c'est ce
que j'ai vu d'une manière bien mapifeste pal' les Anges dans les
Cieux; quand ils sont séparés de leul's épouses, ils sont, il est vrai,
dans l'intelligence, mais non dans la sagesse, tandis que lorsqu'ils
sont avec leul's épouses ils sont aussi "dans la sagesse; et, ce que
j'ai admiré, c'est qu'ils sont dans l'état de sagesse à proportion
qu'ils tournent leur face vers leuI' épouse; cal' la conjonction dll
vrai et du bien se fait dans le Monde spirituel par l'aspect, et là l'é­
pouse est le bien et le mari esl le vrai; c'est pOUl' cela que le vrai
est vivifié à proportion qu'il se tourne vers le bien. Pal' intelligence
et sagesse il est entendu, non pas le laient ingénieux' de raisonnel'
SUI' les vl'ai~ et les biens, mais la faculté de voir et dc comp1'endl'c
les vl'ais el les hiens, faculté que l'homme tient du SeigneUl'.
999. Et de la bouche du (aux p,'ophète, signifie la doc­
trine de la (oz' .séparée d'avec la vie, et de la justification par
cette (oi confirmée d'après la Parole (alsifiée : OH le voit pal'
la signification du faux prophète, en ce que c'est la doctrine du
l'aux d'après les nais falsifiés de la Parole: si cela esl signifié pal'
VI!I'S, 1:{, CHAPITRE SEIZIÈME. 2ïl
le faux prophète, c'est pal'ce que pal' le prophète il est entendu la
doctrine du vrai d'après la Parole, et dans le sens suprême la Pa­
l'ole; voir N° 624; de là le contl'aire est entendu pal' le faux P('O­
phète. En outre, pal' le faux prophète il est entendu ici la même
chose que par la bête montant de la terre, car il est dit Il de la
bottche de la bête et du faux pl'ophète : 1) en elfet, il y avait deux
bêtes, par lesquelles le dragon a été uitérieul'ement décrit, l'une
qui fut vue montel' de la mer, et l'autre monter de la terre; par la
bête montant de la mel' sont signifiées les confirmations de la foi
sépal'ée d'avec la vie par les raisonnements d'après l'homme natu­
rel, et par la bête montant de la terre sont signifiées les confirma­
tions de la foi séparée d'avec la vie d'après la Parole, et par suite
les falsifications de la Pal'ole; et comme pal' suite a été faite la doc­
tl'iue de l'Église, et que celte doctl'ine enseigne la foi séparée d'avec
la vie, et la justification par celle foi sépal'ée, c'est pour cela que cette
~econde bête est entendue par le faux IH'ophète. - Continuation
sur le Sixième Précepte: Par l'amour vraiment conjugal il y a
puissance et protection contre leS enfers, parce qu'il y a puissance
et pl'otection contre les maux et les faux qui s'élèvent des enfers;
et cela, pal'ce que par l'amour conjugal il y a pOUl' l'homme con­
jonction avec le Seigneut', et que le Seigneur Seul a pouvoit' sur
tous les enfers; et allssi parce que pal' l'amoul' conjugal l'homme a
le Ciel et l'Église; c'est pourquoi, de même que le Seigneur pro­
tége continuellement le Ciel et l'Église contl'e les maux et les faux
qui s'élèvent des Enfers, de même anssi il pl'otége tous ceux qui
sont dans l'amour V1'aiment conjugal, car le Ciel ct l'Église sont
chez ceux-ci et non chez d'autres; le Ciel et l'Église, en effet, sont
le mariage du bien et du vrai, mal'iage d'où pro\'ientl'amour con­
jugal, comme il a été dit ci-{!essus. C'est de là que l'homme pal'
l'amour conjugal possède la Paix, qui est la joie intime du cœur
procédant de ce que, de toute manièl'e, il est en sl)reté conll'e les
enfers, et protégé contre les infestations du mal et du faux qui en
proviennent.
1000. Trois esprz'ts immondes semblables il des grenouil­
les, signifie les raisonnements d'après de purs faux contre
les Divins Vrais: on le voit par la signification des esprits im­
mondes, C11 ce qu'ils sont les faux du mal qui viennent de l'enfer,
272 L' APOCAL YPSE EXPLlQUI~E. ~" 1000.

car tous ceux qui sont dans les enfers sont immondes d'après les
faux du mal, et cela, parce que toutes les choses immondes existent
d'après les faux qui proviennent du mal, et toutes les choses pures
d'après les vrais qui proviennent du bien; pal' la signification de
Irais, en ce que c'est toutes choses et le plein, et en ce qu'il se dit
des vl'ais ou des faux, N°' 435, b06, 532, 658; de là aussi paI'
trois il est signifié entièrement et purement, ici le pur faux; et par
la signification des grenouilles, en ce qu'elles sont les l'aisonne­
ments d'apl'ès les faux; si ces raisonnements sont signifiés pal' les
grenouilles, c'est non-seulement à cause de leUl' coassement, mais
aussi à cause de leur demeure dans les étangs marécageux et in­
fects, par lesquels aussi sont signifiés les faux infernaux; cal' ceux
qui raisonnent d'après les faux conU'e les Divins Vrais demeurent
dans des enfers qui appal'aissent comme des marai:; et des étangs
fétides, et ceux qui sont là, lorsqu'ils sont vns dans la lumière du
Ciel, sont semblables à des grenouilles, quelques-uns dans une
forme gl'ande, d'autl'es dans une fOl'me plus petite, selon l'orgueil
du mental (animus) pl'ovenant de la manièl'e de l'aisonner plus ou
moins subtile; ils sont aussi plus ou moins immondes, selon les
l'aisonnements contl'e des Divins Vrais plus intérieurs et d'une plus
gl'ande dignité, Que les grenouilles signifient les raisonnements d'a­
l)l'ès de pUl'S faux contre les Divins Vrais, on peut le vQir d'après
le mil'ac1e des gl'enouilles en Égypte; '~n effet, par tous les mira­
cles qui y ont été faits sont signifiées les plaies ou les maux dont
!\ODt affectés après la m<Jrt ceux qui combattent par les scientifiques
de l'hof!lme naturel contl'e les vl'ais et les biens spirituels, et s'ef­
fOl'cent de les détruire; car par Pharaon et par les Égyptiens étaient
l'eprésentés et par suite signifiés les hommes naturels, et pa.. les
fils d'Israel, qu'ils infestaient et voulaient réduil'e en esclavage,
étaient repl'ésenlés et par suite signifiés les hommes spirituels, par
conséquent aussi pal' les Égyptiens les choses qui appartiennent à
l'homme naturel, et pal' les fils d'Israël les choses qui appartien­
nent à l'homme spirituel; celles qui apP&I'tiennent à l'homme
naturel se réfèrent aux maux et aux faux, et les maux se l'éfèrent
à l'amoul" et les faux à la doctrine de l'amour; et celles qui ap­
partiennent à "homme spirituel se l'éfèl'ent aux biens qui ap­
partiennent à ('amour, et :lUX vrais qui appartiennent il la t1oc­
Ver!. -13, ~HAPlTRE SEIZIÈME. ~n

tl'ine de l'amoul', Que là pal' les grenouilles soient signiHés les rai-
sonnements de l'homme natul'el d'après les faux contl'e les n'ais
de l'homme spil'ituel, cela est évident pal' la description de cc mi-
racle dans Moise: « Le fleuve (era pulluler de.ç grenol/iIles, ct
elles monteront et viendront dans la maison de Pharaon, el
dans l'appartement de sa couche, et SUI' son lil, et dal18 la
maison de ses urvitellrs et de son peuple, el dans les (ours el
dans les huches. El après qu'elles (U/'ent mortes, ils les amas-
sèrent par monceaux, eL la te/Te en puait. Il - - Exod. VII.
27, 28, 29. VIII. 1 à 10; - qu'ici les grenouilles signifient les
raisonnements de l'homme naturel d'après les faux contre les Di-
vins Vrais, on peutie voir pal' l'Explication de toutes ces pal'oles
dans les ARCANES CÉLESTES, du N° 7345 au N° 7356, el du
N° 7379 au N° 7h09. Puis aussi, dans David: « Il changea
leurs eaux en sang, et il tua leur poisson; il fit pulluler sur
leur terre des grenouilles, dans les appartements de leurs
rois. 1) - Ps, CV, 29, 30; - ces choses ont été dites des plaies
d'Égypte; par les eaux changées en sang sont signifiés les vl'ais
falsifiés; par les poissons tués il est signifié que les vrais scientifi-
ques et les connaissances de l'homme naturel ont péri; pal' les gre-
nouilles pullulant sur leur terre sont signifiés les raisonnements de
l'homme naturel d'apl'èsles faux; les appartements des rois signi-
fient les nais intérieurs qu'ils ont pervertis pal' les l'aisonnements
d'après les fa'ux; les appartements sont les intél'ieurs, et les l'ois
sont les vrais: des choses semblables sont signifiées pal' les gre-
nouilles qui monlèrent dans la maison de Pharaon, dans l'apparte-
ment de sa couche et dans son lit, Maintenant, d'après ces expli-
cations, on voit claÎl'emenl ce qui est signilié pal' les trois esprits
immondes, semblables à des 'grenouilles, qui sortit'ent de la bouche
du dragon, de la bête et dU faux prophète, - Continuation sur
le Sixi~me Précepte: LOI'sque, apl'ès la morl, ceux qui sont dans
l'amour vraiment conjugal deviennent Anges, ils reviennent dans
leur jeunesse et dans leur adolescence j les maris accablés de vieil-
lesse deviennent des jeunes gens, et les épouses décrépites par l'âge
deviennent des jeunes filles; les deux époux reviennent dans celle
tleur et ces joies de l'âge, où l'amour conjugal commença pal' des
plaisir's nouveaux à exalter la vie et à inspirer des jeux pour la
VI. 18,
'274 L' APOCAL YPSE EXPLIQUÉE. N" 1000,

pl'olificatioll, Duns cel état l'ient Ll'ahoJ'~ extél'ieurcmcllt, puis de


plus en plus intél'ieul'ement durant l'étel'Oilé, l'homme qui a fui les
adultères comme péchés et a été inauguré dans l'amour conjugal
pal' le Seigneul' dans le Monde. Comme les époux rajeunissent
toujours intérielll'ement, il en résulte que l'amour vraiment conju­
gal augmente continuellement, et entre dans ses délices et ses béa­
titudes qui, dès la création du Monde, ont été poul'vues pour lui,
et qui sont les délices et les béatitudes .du Ciel intime, tirant leur
origine de l'amour du Seigneul' envel'S le Ciel et l'Église, et par
conséquent de l'amour récipl'oque du bien et du l'l'ai, amOUJ'S qui
dans les Cieux conslituent toute joie. Si l'homme l'ajeunit ainsi
Jans le Ciel, c'est parce qu'alors il enll'e dans le mariage du bien
et du Hai, et qu'il y a dans le bien un continuel effol't pOUl' aimer'
le Hai, et daus le vrai un continuel effort pOUl' aimer le hien; et
pal'ce qu'alors l'épouse est le bien en forme, et le mari le vl'ai en
l'orme; par cet effort l'homme dépouille tout ce que la vieillesse a
de sévèl'e, de triste et de sec, et l'evét ce que la jeunesse a de vif,
ùe joyeux et de vert, ce qui fait que l'effort vit et devient joie, 11
m'a été dit du Ciel que les époux ont alors la vie de l'amour, qui
ne peut étl'e décl'ile qu'en ce sens qu'elle est la vie de la joie même.
Que l'j'lomme qui, dans le Monde, vit dans l'amour vl'aiment con­
jugal, vienne après la mort dans le mariage céleste, qui est le ma­
riage du bien et du vrai, tirant son origine du mariage du Seigneul'
avec l'Église, c'est ce qu'on voit manifestement en ce que dans les
Cieux, quoique les époux s'y unissent de la même manièl'e que
dans les tenes, il ne naU point d'enfants de leurs mal'iages, mais.
qu'au lieu d'enfants ils pl'oduisent des biens et des vrais, et pal'
conséquent de la sagesse, ainsi qu'il a été dit précédemment; de là
vient que, dans le sens spirituel de la Pal'ole, pal' les enfantements,
les nativités et les générations, il est entendu des enfantements, des
nativités et des générations spil'iluels; pal' les fils et les filles, des
l'l'ais el des biens de l'Église; et par les bl'US, les belles-mèl'es et
les beaux-pères, des biens et des vrais différents, mais ayant de la
ressemblan~e arec les précédents, D'après cela, on peut encol'e voil'
clairement que les mariages dans les terres correspondent aux ma­
l'iages ùans les Cieux, eL que l'homme alll'ès la mort vient ùans la
c01Tesp~ndancet c'est-à-dire, qu'il passe dLl mal'iage naturel· COI'­
Vers. 13. CHAPITRE SEIZIÈME. 275
porel <.Ialls le mariage spiriluel-célesl~, qui est le Ciel lui-même
et la joie du Ciel.
1.001. Car ce sont des esprits de démons, signifie de ((/u,x
l'aisonnements d'après l'enfer: on le voit par la signification
des esprits immondes, semblubles à des grenouilles, en ce que r.!\
sont des raisonnements d'après de pUl'S faux contre les Divin;'.
Vrais, ainsi qu'il vient Ii'être montré, N° 1000; et pal' la signill
cation des démons, en ce que ce sont les choses qui viennent de
l'enfeq en effet, dans l'enfer SOllt appelés démons ceux qni sont
dans la cupidité de falsifier les vrais, ce qui a lieu principalement
pal' des raisonnements; de là pal' les démons dans le sens abstrait
sont signifiées les cupidités et les fausselés, comme on peul le voir'
par les passages de la Parole Oil ils sont nommés; par exemple,­
Lévi!. XVII. 7. Deutér. XXXII. 1.7. Ésaïe, XIlI. 21. XXXIV
th. Ps. CVI. 37. Mallh. IV. 2h. VIII. 16, 1.7, 1.8. IX. 32, :\3
X. 8. XII. 22. XV. 22. Marc, 1. 31., 32, 3h. Luc, IV. 33 ;,
38,!li. VIII. 2,26 à hO. IX. 1, 37 à M,50. XIII. 32. Apoc, IX.
20. XVIII. 2.- C071tinllation sur le Sixième Précepte: Che;;
les Anges toute beauté vient de l'amour conjugal, ainsi chez chaque
Ange la beauté est en raison de cet amour: en effet, tous les Ange"
SOllt les formes de leurs affections; et cela, parce que dans le Ciel
il n'est pas permis de feindre sur la face des choses qui n'appul'­
tiennent pas à l'affection; aussi la face des Anges est-elle le type
de leur menlal (animus); lors donc qu'ils ont l'amour conjugal, ils
ont l'amoul' envers le Seigneur, il3 ont l'amour mutuel, ils ont l'a­
moul' du hien ct l'amoul' du vrai, ils ont l'amour de la sagesse; ces
amours chez eux forment leUl' face, ct se présenlent dans leurs
yeux comme de~ fenx de viej auxquels se joignent en outre l'inno­
cence et la paix qui complètent leul' beauté. De tel/es formes sont
des for.mes du Ciel Angélique intime, et sont des fOl'mes vél'ilahle­
ment humaines.
1002. Qui font des signes, signifie persuadant par de."
illusions ct pal' des sophismes: on le voit pal' la signification rIes
signes. en ce que ce sonl des témoignages et des persuasions, et
pal' conséquent aussi des confirmalions, No' 706, 82h; ici, des
persnasions pal' des illusions el par des sophismes, car il s'agit de
ceux q1Ji pal' des raisonnements confirment la fui séparée d'avec la
2715 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE., N* iOO'!.

vie, et comme cela a lieu pal' des illusions et des sophismes, par
lesquels les simples sont persuadés, c'est pour cela qu'ici pal' «( qui
l'on t des signes, » il est signifié des persuasions et des confirmations
pal' des illusions et pal' des sophismes; que les pel'snasions aient
lien pal' des illusions, cela a été montré ci-dessus. où il a été traité
de la bêle montant de la mel', Chap, XllI. 1 à 13; pal' elle aussi
ont été signifiées les confirmations par des raisonnements d'après
l'homme naturel. Si de telles choses sont signiliées pal' les signes,
c'est parce qu'il est dit ensuite (( pour s'en aller vers les rois de la
lel'('e et de tout le glohe, afin de les assemblel' pour la guel'l'e, Il
ce qui signifie pOUl' exciter des débats et des combats contre les
vl'ais dans toute I~Église. ~- Continuation sur le Sixième Pré­
cepte : De ce qui a été l'apporté jusqu'ici on peut conclure quel
bien résulte de la qhasteté dans les mal'iages. par conséquent
quelles sont les bonnes œuvres de la chasteté faites pal' l'homme
qui fuit les adultères comme péchés contre Dieu; le..c; bonnes œuvres
de la chasteté sont celles qui concernent, ou les époux eux-mêmes.
ou leurs enfants et la postél'ité de leUl's enfants, ou les sociétés cé­
lestes. Les bonnes œuvl'es de la chastelé, qui concernent les époux
eux-mêmes, sont les amours spirituels et célestes, l'intelligence et
la sagesse, l'innocence et la paix, la puissance et la protection
contre les enfers et contre les maux elles faux qui en provien.nent,
et plusieUl's SOltes de joies, el des félicités durant l'éternité, toutes
choses dont jouissent ceux qui vivent dans de chastes mal'jages.
suivant ce qui a été dit ci-dessus. Les bonnes œuvl'es de la chasteté,
qui concernent les enfants et leul' postérité, consistent en ce que,
dans les familles, les maux héréditaires ne sont pas si nombreux
ni si grands, car l'amour dominant des parents se transmet dans
les enfants el quelquefois dans la postérité la plus éloignée, et
devient pour eux une nature dont ils ont hérité; cette nature est
l'éprimée et adoucie chez les parents qui fuient les adultères comme
infernaux, et qui a~ment les mariages comme célestes. Les bonnes
œuvres de la chasteté, qui concement les sociétés célestes, sont
que les mariages chastes constituent les délices du Ciel, qu'ils en
sont les pépinièl'es, et qu'ils en sont les afi'errnissements; ils four­
nissent au Ciel des délices par les communications; ils sont pour le
Ciel des pépinières pal' les prolificalions; et ils sont pOUl' le Ciel
Vel's. il" CHAPlTUE SEIZIÈME, 2ïï
des affermissements par la puissance contre les enfers, cal' à la pré­
sence de l'amour conjugal les esprits diaboliques deviennent ful'ieux , '
forcenés, ne se possèdent plus, et se précipitent dans l'abtme.
1003. Pour s'en aller vers les rois de la terre et de tout le
globe, afin de les assemble,- pour la guerre. signifie pOlir e,1:­
citer des dissensions et des combats contre les l".ais chez tous
ceux qui sont de· /'Église: on le voit pal' la signification des
rois. en ce qu'ils sont ceux qui sont dans les vrais d'après le bien,
et abstraclivementles vrais d'après le bien, No' 29, 31, 408, 625;
par la signification de la ten'e et du globe. en ce que c'est l'Église
quant au vrai et quant au bien, ainsi toute l'Église, N° 7U; par
la signification de la guerre. en ce que c'est la dissension SUI' les
vl'ais et sur les biens, et le combat spirituel, No' 573,734; d'après
ces significations, il est évident que pal' (1 s'en aile.' vers les rois de
la terre et de tout le globe, afin de les assembler pOUl' la guerre, 1)

il est signifié exciter des dissensions et des combats contre les vrais
chez tous ceux qui sont de l'Église. Que l'Église soil tombée dans
des contestalions SUI' les vrais et sur les biens, et dans des combats
contre eux, et enfin dans des dissensions pal' la foi seule, cela est
bien évident en ce que, quand cette foi eut été acceptée, il n'y eut
plus pour l'entendement aucune faculté d'examinel' à fond les vrais
et les biens, cal' la foi enveloppe qu'il faut cl'oire telle chose, de
quelque manière qu'elle apparaisse devant l'entendement; et quand
l'entendement est repoussé de la foi, l'illustration aussi estl'epous­
sée, et quand elle a été repoussée, l'aveuglement et la stupidité
entrent dans tout ce qui concerne l'Église; dans cel état il existe
de pures contestations sur le sens de la Parole, qui peut être en­
tralné à confirmel' toot ce qui plalt; c'est de là que l'Église a été
divisée en des Églises, et 'que dans ces Églises il ex iste tant d'hé_
résies. Que ces dissensions et ces combats SUI' les \'l'ais ct SUI' les
biens viennent de l'enfer, cela est signifié pal' li les esprils des dé­
monfl qui font des signes pour s'en alier vers les rois de la tene ct
de tout le globe, afin de les assembler pOll!' la guelTe, 1) - Conti­
nuation sur le Sixieme Précepte: De l'énuqlt~r~lion et de la
description des biens q\li sont la suite des l)1ariages chastes, on peuL
conclul'e quels sont les maux qui suivent les :H!nltèl'es; cc sonl, ell
effet, les mau~ opposés il ces hiens; ainsi, ,Ill lieu des amours spi­
2ï8 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1003.

riluels et célestes que possèdent ceux qui yi\'ent dans de chastes


mariagcs, ceux qui sont dans les adultê,'es ont des amours infer­
naux et diaboliques; au lieu de l'intelligence et de la sagesse que
possèdent ceux qui vivent chastement dans les mariages, ceux qui
sont dans les adultères ont l'extl'avagance et la folie; au lieu de
l'innoccnce et de la paix que possèdent ceux qui vivent dans de
chastes mariages, ceux qui vivent dans les adultères se livrent à des
fourberies et n'ont aucune paix; au lieu de la puissance et de la
protection contl'e les eufel's que possèdent ceux qui vivent chaste­
ment dans les mariages, ceux qui vivent dans les adultères sont
eux-mêmes des Asmodées diaboliques ct infel'llaux; au lieu de la
beauté que possèdent ceux qui vil'ent chastement dans les mariages,
eenx qui rivent dans les adultères ont une laideul' monstrueuse cou­
forme à leuI' qualité. LeuI' derniel' sort, c'est que pal' l'impuissance
extrême à laquelle enfin ils se réduisent, ils se tl'ouvent pl'Ï\'és de
tout feu et de toute lumièl'e de la l'ie, et demeurent solitaires dans
des désel'ls comme des nonchalances et des ennuis de leur propre
"ie.
'lOOll. De ce jour grand du Dieu T01tt-Pui~'sant, sigm'fie
!l' dernier état de ['Église, quand il y a avénement du Sei­
gneur et Jugement dernier: on le \'oit pal' la signification du
jow' grand du Dieu Tout-Puissant, en ce que c'est le dernier
é1at de l' j~glise quand il y a avénement du Seigneur et Jugement
dcrnier', N° 1I13. Dans la Pal'ole, il est très-souvent dit le jour
granù, le jouI' de Jéhovah, le jouI' de colère et d'emportement, le
jour de vengeance, le jour tel'1'ihle, et dans ces passages pal' ce jour
il est entendu le derniel' état de l'Église, et alors l'avénement ùu
Seigneul' et le .Jugement derniel'. - Continulltion sur le Sixiè­
me Précepte: L'amour vraiment conjugal ne peut existel' qu'eu­
tre deux; de même qu'existe l'amour du Seigneur à l'egard du
Ciel qui est un par Lui et en Lui, ou à l'égal'd de l'Église qui, ainsi
que le Ciel, est une pal' Lui et en Lui, tous ceux qui sont dans les
Cieux, et tous ceux qui sont dans l'Église, ùoivent étl'e un pal' l'a­
moul' mutuel procédant de l'amoUl' envers le Seigneul'; dans le Ciel
l'Ange, et dans l'Église l'homme, qui ne fait pas ainsi un avec les
autres, n'est ni du Ciel ni de l'Église. En ontre, dans le Ciel enlier
Pt dans le MonJc f.lllier il y il deux elioses auxquellf.s s~ rMèl'tllJ!
Vers. 1.4. CHAPITRE SElZIÈMI'.:. 279
toutes les autres; elles. sont nommées le Bien et le Vrai; c'est par
elles conjointes en un que tontes celles qui sont dans le Ciel et dan:i
le Monde ont existé et subsistent; lorsqu'elles sont un, le Bien est
dans le Vrai et le Vrai est dans le Bien, le Vrai appartient au Bien
et le Bien appal'tient au Vrai; ainsi l'un reconnaît l'autre comme
son mutuel et son réciproque, et de même que l'~ent son réagent,
et réciproquement: c'est par ce mariage universel qu'existe l'a­
mour conjugal entre le mal'i et l'épouse; le mari a été créé pOUI'
être l'entendement du vrai, et l'épouse a été créée pour être la vo­
lonté du bien, par conséquent le mari pour qu'il soit le vl'ai, et l'é­
pouse pOUl' qu'elle soit le bien, ainsi pour que tous deux soient le
vrai et le bien dans une fOI'me, laquelle forme est homme et image de
Dieu; et comme il est de création qu'un vrai appartienne à un bien
et que ce bien appartienne à ce \'l'ai, ainsi mutuellement et récipro­
quement, c'est pOUI' cela qu'il ne peut y avoir un vrai ur.i à deux
hiens différ'ents, ni un bien uni à deux vrais différents; qu'il ne
peut y avoir non plus un entendement uni à deux volontés diftë­
l'entes, ni une volonté unie à deux entendements diffél'ents, et qu'il
ne peut non plus y avoir un homme, - s'il est spirituel, -uni Il
deux Églises différentes, ni pareillement un homme intimement
uni à deux femmes; l'union intime est comme celle de l'âme et du
cœur; l'Ame de l'épouse est le mari, et le cœUI' dn mari est l'é­
pouse; le mari communique et conjoint son :1me à l'tsponse par l'a­
mour actuel, elle est dans sa semence, et l'éponse la l'eçoit pal' le
cœur; de là les deux deviennent un, et alors loutes les choses et­
chacune des choses du corps de l'un regardent leur mUluel dans le
corps de l'autl'e; c'est là le mariage réel, uniquement possible en­
tre deux; car il est de création que toutes les choses'du mari, tant
de son mental que de son COl'pS, aient leur' mul'uel dans le mental
et dans le corps de l'épouse, et que pal' suite les pl.us particulières
ùe ces choses se regal'dent mutuellemet et veuillent ~tre unies; pal'
cet aspect et par cet effort existe l'amour conjugal. Toutes les
choses qui sont dans le corps, lesquelles sont nommées membres,
viscères et organes, ne sont absolument que rIes formes natUl'e\les­
corporelles q'.li correspondent à la forme spirituelle du mental: de
là toutes les choses et chacune ries choses du corps cOITespondent
tellement il tOlites les choses et i~ chacull~ de5 choses du mental,
280 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" iOOlJ.

que tout ce que le mental veul et pense, le corps l'exécule sur-Ie­


champ au moindre signe; 101's donc que les deux mentaIs font un,
les deux corps sont aussi nl0l'3 lellemenl unis potenliellement, qu'ils
sont, non plus deux, mais nne seule chail'; vouloil' devenir une seule
chair, c'esll'amour conjugal, el lei esl ce vouloir, lei est cet amour.
Il m'esl permis de confil'mer cela par une chose mel'veilleuse qui
exisle dans les Cieux: 11 y a là des époux qui sonl dans un lei
amonr conjugal, qu'ils peuvenl éll'e 10US deux une seule chair; et
ils le sonl aussi quand ils veulent, ct alors ils apparaissenl comme
un seul homme; je les ai vus et me suis enll'elenu avec eux, et ils
m'ont dil qu'ils ont une seule vie; (Ju'i1s sont comme la vie du bien
dans le vrai el la vie du V1'ai dans le hien, ct qu'ils sont comme les
parties pail'es dans l'homme, à savoil', comme les deux hémi­
sphères du cerveau enlourés d'une seule méninge, comme les deux
chambl'es du cœur enveloppées d'un tégument commun, et comme
les deux lobes des poumons pal'eillement enveloppés, toutes choses
qui, quoiqu'étanl deux, sont néanmoins un quanl à la vie el
quanl aux exercices de la vie, qui sont les usages: ils m'ont dit
que leur vie ainsi conjointe esl remplie du Ciel, et qu'elle est la vie
meme du C.iel avec les béatiludes. infinies qui en dérivent; et cela,
parce que tel est aussi le Ciel par le mariage du Seigneur avec lui,
car tous les Anges du Ciel sonl dans le Seigneill' elle Seigneur est
en eux. De plus, ils m'ont dil qu'il leur esl impossible de pensel'
a\'ec quelqu'intention à une épouse ou femme surnuméraire, pal'ce
que ce sel'ail changer le Ciel en enfer; c'est pourquoi, lorsque seu­
lement l'Ange y pense, il tombe du Ciel, Ils ajoutèrent que les es­
prits naturels ne croienl pas qu'ulle telle conjonction de deux époux
soit possible, parce qùe chez ceux qui sonl pUl'ement naturels il y
a, lion pas le mal'iage ù'origine spirituelle qui appartient au bien
et au vrai, mais le mariage d'origine naturelle; par suite aussi il
y a, non pas union des mentais, mais seulement union des COI'pl>
pal' une disposition qui porte la lasciveté dans la chair, lasciveté
qui, de création d'après une loi univel'selle, a élé mise et pal' con­
séquenl insilëe dans tout éll'e vivanl el non vivant, et qui fail que
lout ce en quoi il tHlOe fOl'ce, veut produire une l'essemblance
de soi-méme, et multiplier son espèce à l'infini el à étel'Dité.
C.ommc les rlescelldants de Jacob, (lui sont nommés fils d'Israel,
Vera,l!1. CHAPITRE SEIZll~ME, 281
ont été des hommes enlièl'ement naturels, et que pal' suite leul's
mariages élaienl charnels et non spil'ituels, voilà pourquoi, à causc
de la dureté de leur cœur, il leur fut accordé de prendre plusieurs
.épouses.
1005. Voici, je t'iem comme un voleur, signifie l'aml lle­
ment du Seigneul', et alors le Jugement del'nier : on le voit
par la signification de venir comme Wl voleur, lorsqu'il s'agit du
Seigneur, en ce que c'est son avénement, et alol's le Jugement dei'·
nier, de même qu'ailleul's dans la Pal'ole; pal' exemple, - Matlh,
VI. 19, 20. XXIV, h2, h3. Ohad. Vers. 5. Jolil, II. 9. Hos.
VII. 1. - Si pal' "eni!' comme un voleUl' il est signifié cela, c'est
parce qu'il est aLll'ibué au Seigneul' qu'il enlève les connaissances
du bien et du vrai, et dévasle l'Église, comme un voleur enlève
des richesses et pille une maison; puis aussi, J)arce qu'alors l'É­
glise est dans la nuit et dans les ténèbres, à savoir, dans les faux
d'après le mal; et le del'niel' état de l'Itglise est même appelé nuit,
et les faux d'après le mal dans lesquels on est alors sont appelés
ténèbres, et le voleur vient de nuit quand il y a des ténèbres: de
là la compal'aison de l'avénemenl du Seignelll' et du Jugement
derniel' avec un voleur; voir aussi ci-dessus, N° 1.93, - Conti­
nuation sur le Sixieme Précepte: Que l'adultère soit l'enfer,
et pal' conséquent une abomination, c'est ce que chacun peut con­
cevoir d'après l'idée de commix tion de semences diffél'entes dans
l'utérus d'une même femme; la semence de l'homme est ce dans
quoi est caché l'intime de sa vie et pal' suite l'ébauche d'une vie
nouvelle, d'où il résulle que cela esl saint j le rendre commun avec
les intimes et les ébauches des autres, ainsi qu'il arrive dans les
adullèl'es, c'est une profanation; de là vient que l'adultère est l'en­
fer, et que l'enfel' dans le commun est dit adultère. Comme d'une
telle commixtion il ne peut pas ne pas sOl'tir une COl'ruption même
d'origine spirituelle, il s'ensuit que J'adullère est une abomination,
C'est de là que dans les Lieux de débauche, qui sont dans l'enfer,
s'exhalent des puanteUl's de tout genre, et lorsque la lumière du
Ciel y pénètl'e, on voit les atiultèl'es avec leurs complices comme
des pourceaux étendus dans les ordures mêmes; et, ce qui esl
étonnant, de même que les pourceaux, ils sont dam; leUl's délices,
quand ils sont au milieu dc~ ordures, Toutefois, ces Lieux de de­
282 L' APOCALYPSE EXPLIQUltE. N" :1.005.

bauche sont tenus fermés, cal' lorsqu'ils sont ouverts, il s'en ex hale
une odeur qui excite le vomissement. Il en est autrement des ma­
riages célestes; dans ces mal'iages, la vie du mari s'ajoute par la
semence à la vie ùe l'épouse, de là une conjonction intime, d'après
laqueHe ils ne sont pas deux, mais ils deviennent une seule chaiI';
et, selon la conjonc1ion, par là augmente J'amolli' conjugal, et avec
cet amour tout bien du Ciel.
100ô. li eureux celui qui veille, signifie l'état de félicité
de ceux qui tournent leurs regards lJerS le Seigneur: on le
voit pal' la signification de heureux, en ce que c'est être dans un
état de félicité; et par la signification de veiller, en ce que c'est
s'acquél'ir la vie spiI'ituelle, N° 187, et celle vie est acquise pal' cela
que l'homme tourne ses regards vel's le Seigneur, parce que le Sei­
gneur est la vie même, et que pal' Lui Seul il y a la vie éternelle;
lorsque l'homme est dans la vie pal' le Seigneur, il est dans la
veille; mais lorsqu'il est dans la vie par lui-même, il est dnns le
sommeil; ou, ce qui est la même chose, lorsque l'homme est dans
la vie spil'ituelle, il est dans la veille, mais lorsqu'il est dans la vic
naturelle sépal'ée de la vie spirituelle, il est dans le sommeil, ~-les
choses qu'nlol's l'homme voit sont comme c..clles qu'il voit dans un
songe: vivre celle vie est aussi entendu clans la Parole par dormir
et sommeillCl'; (laI' exemple, - Matth. xm. 25. XXV. 5, 6.
Marc, IV. 26, 27. XlIl. 36. Ésaïe, V. 27. Jérém. LI. 39, 57.
PS, XIll. 4. Ps. LXXVI. 7, - et ailleurs; par là, on voit clai­
rement ce que signifie veillel', - Continuation sur le Sixù)rne
P1'écepte : Mais il faut qu'on sache que les adultères sont plus Ot!
moins infel'llaux et abominables: les adultères qui tirent IcUl' ori­
gine de maux plus graves et de faux qni proviennent de ces maux
sont aussi plus graves, et ceux qui viennent de maux plus légers
et de faux qui proviennent de ces maux sont plus légers; car les
aùultèl'es correspondent aux adultérations du bien et par suite aux
falsilications du vl'ai; les adultél'ations du bien sont en elles-mêmes
des manx, et les falsifications du vrai sont en elles-mêmes des
faux j selon les c01'l'espondances avec ces adultérations et avee ces
falsifications, les enfers ont été disposés en genres et en espèces;
les enfers cadavéreux sont POÙI' ceux qui onl. placé leurs délices
tJans la violation des épo\lses; les nxcrémelltiticls, pour ceux dont
Vers. 15. CHAPITHE SEIZIÈME. 283
les délices ont été de corrompre les vierges; les visqueux noirs,
pour ceux qui ont placé lelll's délices Jans les variétés et les chan­
gements de prostituées; et les enfe['s immondes, pour les autres:
les enfers sodomitiques sont pour ceux qui ont été dans les maux
pal' t;amour de dominer SUI' les autres, pour le seul plaisir de la
domination, et sans aucun plaisir de l'usage. De ceux qui ont sé­
paré la foi d'avec les honnes œtlVres, tant par la doctrine que pa l'
la vie, sortent des exhalaisons d'adultères comme ceux d'un fils
avec une mère ou avec une tante mate['nelle : de ceux qui ont étu­
dié la Parole seulement pOUl' la gloire, et non pour des usages spi­
rituels, sortent des exhalaisons d'adultères comme ceux d'un père
avec une I)['u : de ceux qui croient que les péchés sont remis par la
Sainte Cène, et non pal' la repentance de la vie, sortent des exha­
laisons d'adultères comme ceux d'un frère avec une sœur: de ceux
llUi nient absolument le Divin, sOl'tent des exhalaisons de crimes
de bestialité; et ainsi des autres. Si tels sont les enfers pour eux,
c'est d'après la corresponllance avec les adu1té['ations et les souil­
lures du bien et du vrai.
1007. Et garde ses vêtements, signifie qui vivent selolt
ses Divins Vrais: on le voit IHU' la signification des vêtements,
en cc que ce sont les vrais qui couvrent le bien, N° (il!, 65,
195,271, 395,637; de là, par garder les vêtements il est si­
gnifié vivre selon les vrais, ici selon les Divins Vrais du Seigneur
dans la Parole. - Continuation sur le Sixù1me Précepte: En
somme, de toute conjonction du mal et du faux, dans le Monde
spil'ituel, émane une sphère d'adultère, mais elle ~mane seulement
de ceux qui sont dans les faux quant à la doctrine et dans les maux
quant à la vie, et non de ceux qui sont dans les faux quant à la
doctrine mais dans les biens quant à la vie; cal' la conjonction du
mal et du faux n'est pas chez ceux-ci, mais elle est chez ceux-là,
Celle sphère émane surtout de" prêtres qui ont enseigné fausse­
ment et qui onl mal vécu, cal' eux aussi ont adultéré et falsifié la
Parole. De ceux-ci, encore bien qu'ils n'aient point été adultères
dans le Monde, s'exhale néanmoins l'adultère, mais "adultèl'e qui
est nommé adultère sacerdotal, lequel cependant est distingué des
autres adultères. D'après cela, il est évident que l'origine des adul­
tères est "amoUl' et pal' suite la conjollr.tion du mal el du faux.
28ft L' APOCAL YPSE EXPLIQU ÉK N° 100S.

1008. Afiu que nu il ne marelte point. signifie afin qu'iL


ne soit point sans vrais, et par suite sans biens: on le voit par
la signification de nu. en ce que c'est être sans le vrai et par suite
sans le bien, N° 2ftO; cal' ceux qui sont sans les vrais sont aussi
sans les biens, pal'ce que tout bien est acquis par les vrais, et eo
outre le hien sans le vl'ai n'est pas le bien, et le vrai sans le b~1I
n'est pas le nai; pOUI' que le vl'ai soit le vrai, il faut qu'il soit conjoint
au bien, et pOUl' que le bien soit le bien, il faut qu'il soit conjoint,
au vrai; il Ya, à la vél'ité, le vrai sans le bien et le bien sans le
vrai, mais toujours est-il que le vrai sans le bien est mort, et qu'il
en est de même du bien sllns le vrai, cal' le vrai tire son être dij
bien, et le bien a son exister par le vrai: d'après ces considéra­
tions, il est évident que par marche., nu il est signifié être sans les
vl'ais et pal' suite sans les biens; quemar'cher signifie être et vivre,
on le voit, N° 787. - Continuation sur le Sixième Précepte:
Si les adultères sont moins en horreur chez les Chrétiens que chez
les Gentils, et même moins en horr'eUl' que chez quelques nations
barbares, c'est parce que dans la Chrétienté aujourd'hui il ya, non
le mal'iage du bien et du vrai, mais le mariage du mal et du faux;
cal' la religion et la doctrine de la foi séparée des bonnes œuvres
sont la religion et la doctrine du vl'ai séparé du bien; or, le vrai sé­
paré du bien n'est pas le vrai, mais intérieurement considél'é il est
le faux, et le bien séparé du vrai n'est pas le bien, mais intérieu­
rement considéré il est le mal; il Ya donc dans la religion Chré..
tienne la doctl'ine du faux et du mal; c'est l'origine par laquelle le
désir et l'attrait de l'adultère influent de l'enfel'; de là vient que
dans la Chrétienté on croit les adultères permis et qu'on s'y livre
sans honte, En effet, la conjonction du mal et du faux, ainsi qu'il
a été dit ci-dessus, est l'adultère spirituel, d'après lequel existe se­
lon la correspondance l'adultère naturel; voilà pourquoi les adul­
tèl'es et les scortations dans la Pal'ole signilient les adultérations
du hien et les falsifications du vrai; c'est pour cela que Bahylone
est appelée Prostituée dans l'Apocalypse, qu'il en est de même de
.Térusalem dans la Pal'ole de l'Ancien Testament, et que la· natior,
juive a été appelée pal' le Seigneur nation adultère et ayant pOlll'
pèl'C le diable. Mais quant à ces exemples tirés de la Parole, l)ojr
ci-dessus, N° HL
rer~. 15. CHAPITRE SElZll~ME. :285
1009, El qu'on ne voie poinl sa /ton le, signifie et par suite
dans d'impurs amours: on le voit par la signification de la
honte, en ce que ce sont d'impurs amours, cal' pal' la honte il est
entendu la partie du COl'pS qui est couverte par les caleçons, et c'est
la région des parties génitales, qui à cause des scandales et des
adultères sont appelées honteuses: leul' nudité est entendue par
marcher nu : et comme les pal'ties génitales de l'un et. de l'autre
sexe co....espondent aux amours du Ciel en géuél'al, et qu'elles cor­
respondent alors qu'elles sont COUvel'l.eS, il s'ensuit qu'elles corres­
pondent aux amours de l'enfer quand elles ne sont pas couvertes,
ainsi quand elles sont nues: en effet, les vêtements signilient les
vrais qui l'evêtent, et la chail' de celte région du corps signifie le
bien de l'amour, et le bien sans le vrai n'est pas le bien, comme le
vrai sans le bien n'est pas non plus le vrai, ainsi qu'il vient d'être
monll'é, N° 1008; et où il n'y a point le bien de l'amoul', là est le
mal, ou un amour impul'. Comme la nudité de celte partie du corps
signifie l'amour impur, ou le lascif de l'adultère, c'est pour cela
qu'Aharon avait des caleçons de lin, qu'il meltait sur sa chail'
quand il faisait le service, - Exod. XXVIII. 42, 43. XXXIX.
28; - les caleçons de lin signifiaient les vrais qui couvrent. ­
Continuation sm' le Sixième Précepte: Celui qui· s'ahstient
des adultères pal' Ulle autre cause que pal'cequ'ils sont des péchés
et contre Dieu, est néanmoins adultère; par exemple, si quelqu'un
s'en abstient pal' la cl'ainte de la loi civile et des paines qu'eUe pro­
nonce, pal' la crainte de perdre sa réputatation et l'honneur qu'il
en l'eUre, par la crainte des maladies qui en proviennent, par la
crainte d'avoil' des querelles dans sa maison avec son épouse, et de
perdre ainsi la tranquillité de la vie, par la cl'ainte d'être frappé
par les domestiques du mari offensé,pal' pauvl'elé ou pal' avarice,
par infirmité provenant, ou de l'abus, ou de j'âge, ou d'impuis­
sance, ou de maladie, et même s'il s'en abstient d'après quelque
loi naturelle ou morale, et qu'il ne s'en abstienne pas en même
temps d'après la loi Divine, il est loujoU\'s cependant intérieure­
ment inchaste et adultère; cal' il n'en cl'oit pas moins que les
adultères ne sont pas des péchés, ce qui fail que dans son espl'it il
les déclare licites, el ainsi il les commet en esprit, bien qu'il ne les
commelle pas dans le COI'pS; c'est pourquoi après la mort, quand
28ô L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N" 1009,

il devient espl'it, il se déelare ouvel'tement pOUl' cux, et il les com·


met sans pudeur. Il m'a été donné, dans le Monde spirituel, de
voir des vierges qui avaient regardé les scortations comme des
choses abominables, parce qu'elles sont contre la Loi Divine, et
aussi d'autres vierges qui ne les avaient pas regardées comme abo­
minables, mais qui toutefois s'en étaient abstenues à cause du dés­
honneur qui aUl'ait éloigné les amoul'eux; ces dernières vierges,
je les ai vues entourées d'un nuage épais dans leur descente vel's
les lieux infél'ieurs; mais les premières, je les ai vues enlOUl'ées
d'une iumièl'e éclatante dans [eu l' ascension vel's les lieux supé­
rieuI's.
1010. Et il les assembla dans le lieu appelé en hébreu Ar­
mageddon, signifie l'état du combat d'après les {aux contre
les vrais, ayant sa sow'ce dans l'amour de soi chez les hommes
de l'Église: on le voit par la signification de les rassembler' dans
un lieu, à savoir, pour la guel're, en ce que c'est disposeI' pour
combat! re d'après les faux conlt'e les vl'ais; que ce soit l'état du
combat, c'est pal'ee que le lieu signifie ['état de la chose; et que ce
soit d'après les faux contre les vrais, c'est pal'ce qu'il est entendu
que c'est le dragon qui a l'assemblé, cal' il est dit, Chap. XII,
( que le Dragon s'en alla {aire la guerre aux restes de la se­
mence de la {emme, qui gardent les commandements de Dieu
et ont le témoignage de Jésus-Christ,)l - Vers. 1ï;- et il
est dit dc sa bête qui monta de la mer, Chap. XIII, (1 qu'il lui
{ut donné de (aire la guerre aux saints, et de les vainrre, 1)

- Vers. 7 : - ici maintenant est nommé le lieu où ils doivcllt


ûtre rassemblés et commencer le combat. On suppose que pal'
A1'mageddon il est entendu Mégiddon, où Joschia, roi de Jehu­
dah, combattant contre Pharaon, épl'ouva une défaite, dont il est
parlé, - I l Rois, XXIII. 29, 30. Il Chl'on. XXXV, 20 à 2~,
et aussi Zachar. XII. 11; - mais ce qui est signifié là par Mé­
giddon dans le sens spirituel, on ('ignore encore; c'est pourquoi
cela l'a éll'e dit: Pal' Armageddon est signifié l'amoul' de l'hon­
neUI', du commandement et de la prééminence; cet amour aussi est
signifié pal' Mégiddon dans la vieille Langue Hébraïque, comme il
est évident pal'la signification de'ce mot dans la Langue Arabe; et
ùans les Cieux il n'est pas entendu autre chose par Al'mageddon,
Vers. Hi, CHAPITlm SEIZlÈME. 287
cal' tous les lieux llommés dans la Parole signifient des choses et
des états, Que l'amour de l'honneul', du commandement et de la
prééminence soiL le demier étal de l'Église, quund les faux doivent
combattre CQntre les vrais, c'est parce que dan.. l'Église cet amoul'
doit r~gner dans ses derniel's Lemps, et que quand cet amour règne, '
le faux d'apl'ès le mal règne aussi et est vainqueur du vrai; car
cet amour éteint plus que tous les aull'CS amoul's la lumière du Ciel
et introduit les lénèbres de l'enfer; et cela, parce que cet amour est
~ le pl'opl'e même de l'homme, el que l'homme ne peut pal' aucune
t'orce être retiré de son propre et élevé vers le Ciel tant que cet
amour règne, et que le. propre, dans lequel cet amoul' plonge en.:
tièrement l'homme, n'est absolument que le mal et le faux: que
d'après cet amour l'homme soit dans l'obscurité quant à toutes les
choses qui appal'liennent au Ciel et à l'Église, par conséquent dans
de purs faux, cela n'apparait pas à l'homme qui est dans cet
amour, par la raison que la lueur nalul'elle chez lui resplendit en
proportion que la lum ière spirituelle est éteinte; mais celle splen-
tleul' vient <.l'une lueur chimérique, cal' c'est une lueul', embl'asëe
par l'amour de la gloire, ainsi par l'amoul' de la propl'e intelli-
gence, et celle intelligence considérée dans le Ciel est une folie et
une sottise; quand donc cel amoul' règne dans l'Église, c'en est
fuit d'elle, car il n'y a plus chez qui que ce soit entendement <.lu
vrai ni volon lé du bien; cal' l'honneUl', le commandement et la
pl'ééminence sont la suprême volupté, et sont sentis comme le sou-
verain bien, et ce qui est la suprême volupté et le souverain bien
est aussi la fin pour laquelle sont toules les aulres choses, et alors
tous les biens et tous les nais, lant civils et moraux que spiriLuels,
servenl de moyens, el les moyens sonl aimés seulement d'après la
fin, el en tant qu'ils sel'vent à la fin, et s'ils ne lui servent poinl,
ils sont absolument mépl'isés et l'ejetés, pal' conséquenl aussi tous
les usages civils, moraux et spirituels; il en est autrement quand
les usages sont pour la fin, et que l'hommc attribue la gloire et
l'honneUl', non il sa personne, mais aux usages eux-mêmes selon
leur excellence, alors l'honneur', le commandement et la préémi-
nence sont des moyens, el ne sont estimés qu'en tant qu'ils sel'Venl
aux \lsages pour moyens, D'après ces considél'alions, on peUL en
quelque sorte l'oil' ce qui est entendu pal' Armageddon : il a aussi
288 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. ri" 1010.

été montré d'une manière frappante (ad vivum) que cet amolli' a
dévasté l'Église et en a adultéré tous les biens et tous les vl'ais, non·
seulement dans les royaumes de la Babylonie, mais aussi dans les au­
tres royaumes; presque tout homme aujoUl'd'hui, après sa mort,
quand il vient dans le Monde spiriLuel, emporte avec lui du Monde
naturelle désir d'être honoré, de commandel' et d'avoir la préémi­
nence, et il n'yen a qu'un très-petit nombre qui aiment les usages
pour les usages; en effet, ils veulent que les usages servent, et que
l'honneur, qui n'est pas un usage, commande; et quand règne ce
qui, séparé de l'usage, n'est rien, il ne peut pas y avoir pour eux
un sort et un héritage dans les Cieux, où règnent les usages seuls,
car le Royaume du Seigneur est le Royaume des usages; en effet,
lorsque les usages règnent, le SeigneUl' règne, parce que les usages
sont des hiens, et que tDut bien vient du Seigneur. C'est donc là
l'état de l'Église, manifesté quant aux rationnels, état signifié par
le Sixième Ange versant sa fiole sur le grand fleuve, l'Euphrate;
c'est de cet état qu'il vient d'être traité. - Continuation sur le
Sixieme Precepte: Ce qui précède concel'lle les personnes adul­
tères; maintenant il va être dit aussi ce que c'est que l'Adultère.
Les adultères sont toutes les scortations qui détruisent l'amour
conjugal; la scortation d'un mari avec l'épouse d'un autre, ou
avec une femme, qu'elle soit veuve, vierge ou prostituée, est un
adultère, lorsque cela est fait pal' dégoû.t ou par aversion pour le
mariage: il en est de même de la scortation d'une épouse avec
nn homme marié ou avec un célibataire, lorsque cela est fait par
une cause semblable. Les scortations ùe tout homme non marié
avec l'épouse d'un autre, ou de toute femme non mariée avec Je
mari d'une autl'e, appartiennent aussi à l'adultère, parce qu'elles
détruisent l'amour conjugal, en détournant du mal'iage vers l'a­
dultère leurs intentions. Les plaisirs des variétés quoiqu'avec des
prostituées sont aussi des plaisirs de l'adultère, car le plaisil' de la
variété détruit le plaisir du mariage. Le plaisir de la défloration
des vierges sans but de mal'iage est encore un plaisir de l'adultère,
cnr ceux qui sont dans ce plaisir veulent plus tard le mariage seu­
~ement pOUl' la défloration, et lorsqu'elle est accomplie, ils pl'en­
nent le mariage en dégoût. En un mot, toute scortation qui dé­
truit le conjugal et éteint l'amour du mariage, est un adultère ou
Vers. 16. CHAPITHE SEIZI~~MK 28fl
appartient il l'adultèl'C; mais celle qui ne détruit pas le conjugal et
n'éteint point l'amour du conjugal est une forniçation provenant
d'un certain instinct de la nature pour lc mal'iagc, leqnel, pour dif­
férentes causes, ne peut pas encore être, contracté.
1011. Vers. 17, 18. Et le Srptieme Ange 1JerSa sa fiOle
dans l'Air, et il sortit une 1)oi.'1: grande du Temple du Ciel,
du Trône, disan.t: C'en est {ait. -- Et il Y eut de.ç voix, des
éclairs et de.ç tonnerres; ct il y eut un tremblement de terre
grand, tel qu'il n'y a point eu, depuis que les homme.ç ont
été .sur la terre, un tremblement de ltrre si grand. - Et le
Septicme Ange versa .ça fiole dans l'Air, signifie l'état de l'l~­
glise, manifesté quant à toutes les choses de fa pensée: et il so/'­
tit une Mix grande du Temple du Ciel, du Trô7Ie, disant:
C'en est {ait, signifie la manifestation, venant du Seigneur pal'
le Ciel, qu'il y a consommation, et qu'ainsi le Jugement dcr­
niel' est proche: et il y eut des voix, de.ç éclairs et des ton­
nel'res, signifie les l'aisonnements, les obscurcissements de l'en­
tendement, et les, conclusions de's faux d'après les maux: et il y
eut un tremblement de terre grand, signifie l'état de l'Église
entièrement changé: lel qu'il n'y a point eu, depuis que les
hommes ont été SUI' la terre, signifie qu'il fut renver'sé complè­
tement plus qu'il n'avait été jusqu'à présent dans les terr'es où exis­
tait l'Église: un tremblement de terre si grand, signifié de
sorte que l'Église n'est plus.
1012. Et le Septièm'e Ange 'I-'el"S(( sa fiole dalls l'Air, signi­
fie l'état de l' Église, nzani{ësté quant à tott{e,ç les choses de
la pensée: on le voit pal' la signification de l'Ange versant la
fiole, en ce que c'est l'élat de l'I~glise IDanifeslê, comme ci-dessus;
et par la signification de l'Air, en ce que c'est la peIisée, iCi le tont
de la penSée, paree que c'est le dernier élat de l'Église qui est dé:'
crit ici; c'est pourquoi, cet état étaht manifesté, il est dit « c'en est
fail', li c'est-a-dire,c'est consommé, Si l'ail' signifie la pensée, c'est
parce que la respiration, qui a lieu par'l'air, cOl'respond à la pensée
qui appartient à l'entendement, eomme le mouvement du cœur cor­
respond à l'affection qui appartient à la volonté: que la respiration
des poumons corresponde à la pensée, cela est bien évident pal'
l'opération simultanée et unanime de l'ulle et de l'aulre; en effet,
VI. :19.
290 L'APOCALYPSE EXPLlQU(.:E. 1\" 1012,

de même que l'homme pense, de même il l'espirc; s'il pense tac,i­


lement, il respire tacitement aussi; et, dans Ic cas contraire, s'il
pense fOI'tement, il respire fOI'lement; si en lui-même il pense avec
intcnsité el intérieurement, alors il arrête pcu à peu sa respil'alion,
r.t il la tire allssi de bas en haut; ainsi l'homme varie l'état de
sa respiration en l'accommodant selon l'état entier de sa pensée;
la l'aison de cela, c'est qu'il y a chez l'homme deux vies, à savoir,
la vie de l'entendement et la vie de la volonté; loutes les choses du
COl'pS cOI'l'espondent il ces deux vies du mental; ainsi, en général,
la vie de la respiration cOl'l'espond à la vie de l'entendement et pal'
conséquent de la pensée, et la vie du mouvement du cœm' corres­
pond à la vie de la volonté et par conséquent de l'amour; ces deux
vies sont même entendues pal' l'âme et le cœur dans la Parole, où
il est dit de tOlite âme et de lout cœur, ce pal' quoi il est signifié de
tout entendement et de toute volonté, ou de toute pensée appal'le­
nant à la foi, et de toute affeclion apparlenant à l'amOlli' : ces choses
ont été dites, afin qu'on sache que pal' l'air est signifiée la pensée,
parce que la respit'ation se fait par' lui. Si en dernier lieu la fiole a
été \'el'sée dans l'air, c'est parce que loules les choses de l'homme
se terminent dans sa pensée; car lei est l'homme quant à l'Église,
et quant aux vrais et aux biens de l'Église, puis aussi quant à l'a­
mOlli', et, en un mot, quant à sa vie spirituelle, morale et civile,
lei il est quant à la pensée; cela peut principalement être remarqué
dans le Monde spirituel, quand quelque Ange va de sa société dans
une société qui n'esl pas la sienne; alol's sa respiration souffre, et
cela, pal'ce qu'il ne pense pas d'après une affection semblable: de
là vient aussi que si un esprit infel'nal monte dans une société an­
gélique, il tombe dans des angoisses qlt,lOt à la respiration, et pal'
suite dans la douleUl', ou dans la fantaisie, ou dans l'aveuglement
quant il la pensée; d'apl'ès cela, il est évident que tel est l'homme,
telle est sa pensée. - Dans ce qui suit maintenant il sera dit
quelque ('hose sur le Septième Précepte, qui est: Tu ne tue­
ras point, 'fous les pl'éceples du Décalogue, comme toutes les
choses de la Pal'ole, enveloppent deux sens intel'Des, outre le sens
suprême, qui est le troisième: Le premier, qui eslle plus près (de
la ](:tl re) , et est appelé sens spil'ituel- moral ;Ie second, qui en
e~1 pills éloigné, et est appelé sens céleste-spiritnel. Le sens le
Vl'r". 17. CHAPITHE SEIZIÈMK 2\)1
plus prè-'i ou le sens spirituel-moral de ce précepte: Tu lte tuc·
l'fiS 7Joillt, c'est que tu ne dois pas a\'oil' de haine contl'e tOIl frèl'\)

ou contre tOIl pl'ochain, ni pal' conséquent lui fail'C des outrages ni


Ic couvl'i.' d'opprobre, Cal' ainsi lU blcsserais et tuerais sa réputa­
tion et son honneur, qui parmi ses fl'ères constituent sa vie, qu'on
nomme vie civile, d'où ilrésultcrait que dans la suite il vivrait dans
la société comme s'il était mOl't, cal' il serait mis au nombrc des
hommes vils et criminels, avec Icsquels on ne doit \las avoir de
commercc; quand on agit ainsi pal' inimilié, pal' haine ou par' ven­
geance, il ya homicide, et même plusieurs pCl'sonnes dans le Monde
regardent et estiment la vie civile à l'égal de la vie du corps, et
cclui qui commet une telle action est pareillement, aux yeux des
Anges dans les Cieux, aussi coupable quc s'il eQ.t tué son fl'èl'e .'
quant à la vie du corps; cal' l'inimitié, la haine et la vengeance
respil'ent la mOl't et la veulent, mais elles sont retenues et J'épl'i­
mées pal' la cl'ainte de la loi, de la résistance et de la mauvaise 1'6­
pUlation; ces trois passions ·sonttoujours des intentions de donner
~
la mort, et toute intention est comme l'acte, car elle se change en
acte, quanà la crainte est éloignée. C'est là ce qu'enseigne le Sei­
gncur dans Mallhieu : « Vous avez entendu qu'il a été dit aux
anciens: Tu ne tueras point; et celui qui tuera sera sujet au
jugement, Mais "Al oi je vous dis que quz'conque se met en co­
lère contre son frère témérairement, sem sujet au jugement ;
et celui qui aura dit ri son {l'ère, "aka, sera sujet au con­
seil; et celui qui lui aura dit, (ou, sera sujet à la géhenne
du (cu. l) - V. 21 à 26. - Voil' l'explication, N°' 693, 711ô.
Mais le sens plus éloigné ou le ·sens célesle-spirituel de ce pré­
cepte: Tu ne tueras point, c'cst que tu ne dois pas enlever il
l'homme la foi de Dieu ni l'amour, ni par conséquent la vie spiri­
tuelle; cela est l'homicide même, cal' l'homme est homme pal' celle
vie, à laquelle est assujettie la vie du corps comme la cause instru­
mentale l'est il la cause pl'incipale. De cet homicide spil'ituel dérive
aussi l'homicide moml; c'est pourquoi celui qui est dans l'un est
aussi dans l'autre; en effet, celui qui veut enlever à l'homme la
vic spirituelle a de la haine contre lui s'il ne peut la lni enlever,
cal' il hait la foi et l'amouI' chez lui, par conséquent l'homme lui­
même. Ces trois choses, savoir, l'Homicide spil'ilUel qui concel'lle
:W:! L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. 1.'\" 101.2,

la foi et l'amour, l',aomicide mOl'al qui concem8 la l'éputation et


l'honneur, et l'Homicide naturel qui concerne le corps, se suivent
cn sél'ie, l'un procédant de l'autre, comme la cause et l'effet.
1013. Et il sortit une voix grande du Temple du Ciel, du
Trône, disant: C'en est fait, signifie la manifestation, ve­
nant du Seigneur par le Ciel, qu'il y a consommation, et
qu'ainsi le Jugement dernier est proche: on le voit par la si­
gnilicaLiol1 de la voix grande, disant, en ce que c'est la manifes­
tation; pal' la signification du Temple, en ce que c'est le Ciel quant
au Divin VI'ai, par lequel se fait toute manifestation, No' 220,391,
9:lf>; pal' la signification du Trône, en ce, que c'est où est le Sei­
gneul' quant au jugement. No' 253. 26i, 462, !.J77; et par la si­
. gnification de e'en est fait, en ce que c'est qu'il ya consomma­
tion, c'est-à-dire, qu'il n'y a plus aucun bien ni aucun nai, aillsi
plus d'Église, parce que toutes choses ont été dévastées: d'après
ces significations, il est évident que par Il il sortiL une voix grande
du Temple du Ciel. du TrOne, disant: C'en est fait, Il il est signi­
fié la manifestation. venant du Seigneur pal' le Ciel, qu'il y a con­
sommation, et qu'ainsi le Jugement demiel' est pl'oche. Cela a été
dit après q,ue le Septième Ange eut vel'sé sa fiole dans l'ah', ce qui
a signifié que toutes les choses de la pensée de l'homme avaient été
détoul'nées du Ciel, d'où il résultait qu'il n'y avait plus communi­
cation des hommes de l'Église avec le Ciel; et quand la communi­
cation a été rompue, alors vient le Jugement dernier: en effet,
toutes choses sont contenues en connexion tant qu~il y a commu­
nication du Ciel a\'ec l'Église. mais quand la communication est
détruite, c'est comme une maison qui tombe lorsque le fondement
est enlevé; mais néanmoins une nouvelle maison est alors bâtie à
la place de celle-là par le Seigneur: la maison est l'Église. - Con­
tinuation sur le Septième Précepte: Puisque tous ceux qui sont
dans l'enfer ont de la haiQe contl'e le SeigneUl'. et pal' conséquent
de la haine contre le Ciel. car ils sont opposés aux biens et aux
nais, c'est pOUl' cela que l'enfer est lui-même Meurll'ier, ou ce dont
provient l'homicide même; que l'homicide même provienne de l'en­
fer, r,'est parce que l'homme est homme par le seigneur au moyen
de la récepti0n du bien et du vrai; c'est pourquoi détruire le bien
elle vl'ai, c'est néll'uire l'humain même, par conséquent c'est tuel'
Vers. 17. CHAPITRE SEIZIÈME. 293
l'homme. Que tels soient ceux qui sont dans l'enfer, cela n'a pas en­
core été connu ainsi dans le Monde, par la raison que chez ceux qui
sont de l'enfer, et qui par cela même viennent apl'ès la mort dans
l'enfer, il n'apparaU pas de haine contre le bien et le vl'ai, ni conll'e
le Ciel, ni à plus forte raison contre le Seigneur; car chacun, pen­
dant qu'il vit dans le Monde, est dans les extel'lles qui sont, dès
l'enfance, instruits et habitués à contl'èfaire les choses appartenant à
l'honnête et au décent, au juste et à l'équitable, au bien et au vrai;
mais toujoul's est-il que la haine est profondément cachée dans leur
esprit, et cela, au même degré dans lequel est le mal de leur vie;
et comme la haine est dans l'esprit, c'est pOUl' cela qu'elle fait
irruption 'quand les extel'Oes ont été dépouilles, ce qui a1'l'ive après
la mort. Cette haine infernale contl'e tous ceux qui sont dans le
bien, par cela qu'elle est contre le Seigneur, est une haine mor­
telle; ceci peut être surtout évident pal' leur plaisit' de malfaire,
qui est tel, qu'il surpasse en degré tout ailtre plaisir, car c'est un
feu qui est embl'asé du désir de perdl'e les âmes; il a été aussi re­
connu que ce plaisir provient, non de leur haine contre ceux qu'ils
cherchent à pel'dre, mais de leul' 113iile contre le Seigneur Lui­
Même. Maintenant, comme l'homme est homme pal' Je Seigneur,
et que J'humain qu'il lire du Seigneur est le bien et le Vl'ai, et
comme ceux qui sont dans J'enfer ct6sil'ent ardemment, par haine
contre Je Seigneur, tuel' l'humain qui est le bien et le vrai, il s'en­
suit que c'est ùe l'enfel' que pl'ovient l'homicide même.
101fJ. Et il Y eut des 1Joix, des éclairs et des tonnerres, si­
gnifie les raisonnements, les obscurcissements de l'entende­
ment, et les conclusions des {aux d'après les maux: on le voit
par la signification .des voix, des éclairs et des tonnerres, quand
il s'àgit de ceux de l'Église, chez lesquels il n'y a plus le bien de
l'amour ni le vrai de la foi, en ce que ce sont les l'aisonnemeilts,
les obscurcissements ùe l'entendement, et les conclusions des faux
d'après les maux, ci-dessus, No' 702, 70ft; si de telles choses sont
signifiées par les voix, les éclairs et des tonnerres dans la Parole,
c'est d'après leU!' apparence dans le Monde spirituel chez ceux qui
ne sont pas dans le bien de l'amour ni dans les vl'ais de la foi, et
qui en (lll'rlent entl'e eux; le discoul's àlors, qui est un raisonne­
ment, est signifié·pal' les voix; le conflit du vrai et du faux, par les
2!M L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. Nn 10HI.

(-dail's, ct pal' suite le rejet du vl'ai et du hien, pal' les tonnel'l'es;


et comme de telles cho"es dans le Monde spirituel existent d'a­
près la cort'espondance, il s'ensuit que de semblables choses dans
le Monde naturel cOI'respondent, et que pal' suite celles qui ont été
ditcs sont signifiées, -- Continuation sw' le Septième Pré­
cepte : D'apl'ès ce qui vient d'êlre dit, on peul voir que tous
ceux qui sont dans les maux quant à la vie, et par suite dans les
faux, sont des meurtriers; ils sont, en effel, ennemis du bien et du
\'l'ai et ils Jes haïssent, cal' le mal hait le hien et le faux hait le vrai:
l'homme méchant ne sait pas qu'il a une telle haine, avant qu'il
devienne esprit; alors la haine est le plaisil' même de sa vie: c'est
pOUl'quoi de l'enfer, où sont tous les méchants, s'exhale continuel­
lement le plaisir de malfaire pal' haine; au conlt'aire, du Ciel, oit
sont tous les bons, s'exhale continuellemellt le plaisir de bienfaire
par amour; de là deux sphères opposées se rencontrent dans un
milieu enll'e le Ciel el l'Enfer, et se combattent mutuellement; dans
ce milieu est ['homme, tandis qu'il vit dalls le Monde; s'il est alors
dans le mal et dans les faux qui proviennent du mal, il passe dans
le parti de l'enfer, et il vient de là dans le plaisÎl' de malfaire pal'
haine; mais s'il est dans le bien et dans les vrais qui procèdent du
bien', il passe dans le parti du Ciel, eL il vient de là dans le plaisir
de bienfaire pal' amour, Le plaisir de malfaire par haine, plaisir
qui s'exhale de l'enfer, est le plaisir de tuer; mais comme on ne
peut tuer le corps, on veut luer ['esprit, et tuer l'esprit, c'est
pl'Îvet' de la vie spirituellc, qui est la vie du Ciel. D'après cela, il
cst évident que le précepte: Tu ne tueras point, enveloppe aussi
celui de ne point avoir de haine contre le pl'ochain, et de ne pas
avoil' de haine contre le bien de l'Église, ni cOlltl'e le vrai de l'É­
glise, car si l'on a de la haine contre le bien et le vrai, on a alOl'5
de la haine contl'e le prochain, et avoir de la haine, c'est vouloit'
tllCl', De là vient que le diable, pal' lequel est entendu ['enfel' dans
toul le complexe. est pal' le SeigneUl' appelé meurtrier, dès le
cormnencement,
1015, Et:"l Y eut llll tremblement de terre grand, signifie
l'état de l' Église entièrement chal/gé : on le voit par la signi­
fication du tremblcIIlC1l1 de terre, cn ce que: c'cst un change­
ment d'étal de l'l-:glise, N°' 'I()O, MIO, car la terre signifie l'lt­
Vers. 18. CHAPITRE SEIZIÈME. 295
glise, et le tremblement signifie le changement d'élat; el comme il
est dit qu'il fut grand, il est signifié que l'état fut entièl'ement
changé. - Continuation sur le Septième Précepte: puisque
la haine, qui est \'ouloi!' tuer, est l'opposé de l'amour envers le
Seigneur, et aussi l'opposé de 1'amour à l'égard du prochain, ct
que ces deux amours font le Ciel chez l'homme, il est évident que
la haine, par cela même qu'elle est l'opposé, fait l'enfer chez lui;
le feu infernal n'est pas aulre chose que la haine; c'est aussi pour
cela que les Enfers apparaissent comme dans un feu d'un l'ouge
sombre selon la qualité et la quanlité de la haine, et dans un feu
donnant une tl~mme sombre selon la qualité et la quanlité de la
vengeance produite par la haine. Comme la haine et l'amour sont
diamétl'alement opposés entre eux, et que pal' suite la haine fait
l'enfel' chez l'homme de même que l'amoul' fait le Ciel chez lui,
voilà pourquoi le Seigneur donne cet enseignement: «( Si tu pré­
sentes ton offrande sur l'autel, et que là tu te sOUl)iennes que
ton {l'ère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande
devant l'autel, et va-t'en, réconcilie-toi premièrement avec
ton (l'ère, et alor:; viens, présente ton offrande. Entre en ac­
commodement avec ton adl)ersaire au plus tôt, tandis que tu
es en chemin a1;ec lui, de peur que ton adversaire ne te livre
au juge, et que le juge ne te livre au sergerlt, et que tu ne
sois jeté en prison. En vérité, je te dis: Tu Ile sortiras pas
de là, que tu n'aies payé le dernier quadrain. )) - M~lth. V.
21 à 26. - Ces expressions, être livré au juge et pUl' le juge
au sergent, et êtl'e pal' celui-ci jeté en prison, contiennent la des­
cription de l'état de l'homme qui est dans la haine, après la mort,
pour avoir eu de la haine conll'e son frère dans le Monde; par la
prison est entendu l'Enfer, et par payer le dernier quadl'ain est si­
gnifiée la peine, qui est appelée feu éternel.
1016. Tel qu'il n'y a point eu, depuis que les hommes ont
été sur la terre, signifie qu'i! {ut renversé complètement plu.~
qu'il n'avait ét6 jusqu'à présent dans les terres où existait
l' Église: on le voit par la signification de tel qu'il n'y a point
eu, eu ce que c'est que l'état de l'Église fut changé plus que ja­
mais auparavant, ainsi complètement renversé; ct par la signili­
cation des homme!; qui ont été sllr la /erre, ell cc que c'est chc7
296 L' APOCALY PSE EXPLIQUÉE, N" 10:1.6.

ceux. qui sont de l'Église, ainsi dans les tenes où existait l'Église,
Il s'agit principalement ici de l'élat de l'(~glise chez les Réformés,
et non chez les Babyloniens, ,cal' il s'agit de ceux-ci dans les Cha­
pitres suivants; que l'état de l'Église ait été renversé, cela est évi­
.dent en ce qu'aujoUl'd'hui on ne sait pas ce que c'est que le bien ni
ce que c'est que le YI'ai, ni même ce que c'est que l'amoUl' et ce que
c'est que la foi, cal' ils appellent foi l'amour, ils appellent foi les
œuVl'es, ils appellent foi le bien, ils appellent foi le Vl'ai, et ils ne
voient nullement si la toi l'eçue, flans laquelle ils ('enfel'lnent le tout.
de l'Église, est la foi du vl'ai, puisqu'elle consiste cn des choses
purement incompréhensibles, - Continuation bUT te Septibne
Précepte: La haine étant le feu infel'llal, il est évident qu'elle doit
êl1'e éloignée avant que l'amour, qui est le feu céleste, puisse in­
nuel', et, pal'Ia lumière qui procède de lui, vivifier l'homme; et ce
l'en iufernal ne peut être éloigné en aucune manière, si l'homme ne
sait pas d'où vient la haine, ni ce que c'est que la haine, et si dans
la suite il ne l'a pas en avel'sion et ne la fuit pas, Chaque homme
pal' hél'édité a de la Iiaine contl'C le prochain, car tout homme nalt
dans l'amour de soi et dans l'amour du monde; c'est pourquoi la
haine s'empare de lui, et le met en feu contre LOus ceux qui ne font
pas un avec lui et ne lui sont pas favorables, surtout conLt'e ceux.
qui s'opposent à ses convoitises; personne, en effet, ne peut s'ai­
mer au-des.sus de toutes choses et aimer en même temps le Sei­
gneur, et pcrsonne ne peut aimer le monde par-dessus toute~ choses
et aimel' en même temps le prochain, pal'ce que personne ne peut
sCI'vil' en même temps deux maUres, sans méprisel' ni haïl' l'uu,
landis qu'il honOl'lJ el aime l'autre, Il y a principalement haine
chez ceux qui sont dans l'amour de dominCl' SUi' tous; chez les au­
tres il ya inimitié, Il va être dIt ce que c'est que la haine: La haine
porte en elle un feu, qui est un effort pOUl' tuCl' l'homme; ce feu
est manifesté par la colèl'e : il y a chez les bons comme de la llUine
el pal' suite comme de la colère conll'e le mal; mais ce n'est pas de
la haine, c'cst de l'aversion pOUl' le mal i ce n'est pas non plus de
la colère, c'est du zèle pour le bien; le feu céleste est Cliché inté­
rieurement dans cette aversion et dans ce zèle, cal' on 1\ de l'aver­
sion pour le mal, el l'on se met presqu'en colèl'e contrc le prochain,
afin d'éloigner le mal, cl ainsi alin de [Iourvoil' au bien du prochain,
Vers. 18. CHA.PITllE SEIZIÈMK 2~7

1017. Un tremblement de terre sigrand, signifie de sorte


que l'Église n'est plus: on le voit d'après les choses qui ont été
dites jusqu'ici dans ce Chapitre sur l'Église, et précédemment SUI'
la foi seule, qui aujOlll'd'hui fait l'Église. - Continuation sur le
Septieme Précepte: Lorsque l'homme s'abstient de la haine et
qu'il l'a en aversion et la fuit comme diabolique, l'amour, la cha­
l'ité, la misél'icorde et la clémence, influent du Seigneur pal' le Ciel,
ct alors seulement les œuvres qu'il fait sont des œuvres de l'amour
et de la chal'ité; les œuvres qu'il avait faites aupal'avant, quelque
honnes qu'elles aient pal'u dans la forme externe, étaient toutes des
œuvl'es de l'amour de soi et du monde, dans lesquelles était cachée
la haine s'il n'en efit pas été récompensé. Aussi longtemps que la
haine n'a pas été éloignée, aussi longtemps l'homme est entièl'e­
ment natm'el; et l'homme entièrement naturel reste dans tous les
maux qu'il a eus pal' hél'édité; et il ne peut devenir spil'iluel, avant
que la haine ait été éloignée avec sa racine, qui est l'amoul' de do­
miner SUI' tous les autres; cal' le feu .du Ciel, qui est l'amour spi­
rituel, ne peut influer, tant que le l'en de l'enfer, qui est la haine,
fait obstacle et ferme le passage.
1018. Vel's. :19. Et devint la ville grande en tl'ois parties,
et les villes des nations tombèrent; et de Babylone la grande
il y eut mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du
vin de l'emportement de sa co/ere. - Et devint la ville grande
en lrois pm'lies, signifie que toutes les choses de la doctl'ine du
vl'ai d'après la Parole furent dissipées: el les villes des nations
tombèrent, signifie qu'il en fut de rneme de IouLes les choses de
la doctrine du bien d'après la Parole: et de Babylone la ,g1'ande
il y eut mémoire devant Dieu, signilie que jusqu'ici il a élé
traité de l'Église chez les Réformés, et de sa dévastation, eL que
dans la suite il sera traité de l'Église chez les Catholiques-Ro­
mains, et de sa dévastation: pour lui donner la coupe du vin de
l'emportement de sa colère, signifie la dévastation pal' d'a!fl'eux
faux du mal.
1019. Et devint la ville grande elL trois pflrtie.~, signifie
que toutes les cltoses de la doctrine du vrai d'après la Pal'ole
jurent dissipées: on le voit par la signification de la m'lIe, en ce
qu'ellc eslla doctrine, N" 223; que cc soient loutes les choses de
298 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 1019,

la doctl'jne d'après la Parole, c'est pal'ce qu'il est dit la ville grande;
et que ce soient toutes les choses de la doctrine du vrai, c'est pal'ce
qu'ensuite il est dit que les villes des nations tombèl'ent, et que par
ces villes sont signifiées toutes les choses de la doctrine du bien;
car la doctrine traiLe des vl'ais qui sont appelés vrais de la foi, et
des biens qui sont appelé:> biens de l'allloUl'; de là il est dit la doc­
trine du vl'ai et la doctl'ine du bien; et par la signification de de­
venir en trois parties, en ce que c'est être dissipé; que devenil'
en trois parties ce soit être dissipé, c'est parce que par' trois il est
signifié tout, le tout et le plein, et que quand les choses sont divi­
sées, il se fait une dissipation. Que trois signifie tout, le tout et le
plein, et qu'il se dise des vrais, on le voit ci-dessus, N° 532; la
même chose est signifiée par être divisé en trois parties, dans Ézé­
chiel, V. 2. - Suit maintenant l'Explication du Huitieme
Précepte du Décalogue: Tu ne seras point (aux témoin.
Par porter faux témoignage il est signifié, dans le sens le plus près,
menti l' au détriment du prochain, en jetant faussement du blâme
sur lui; mais, dans le sens interne, il est signifié dire que le juste
est l'injuste, et que l'injuste est le juste, en con{irmant cela par des
faussetés; el, dans le sens intime, il est signifie falsifiel' le vrai et
le bien de la Parole, et vice verslÎ donner comme vl'ai le faux de
la docll'ine, en le confirmant par des illusions, par des appal'ences,
par des fictions, pal' des scientifiques faussement appliqués, pal'
des sophismes, et par d'autres moyens semblables; les confirma­
tions et par suite les persuasions sont elles-mêmes des faux témoi­
gnages, car elles sont des atlestations fausses. De là on peul voir
qu'ici il est entendu, non-seulement le faux témoin en présence du
juge, mais encOl'e le juge même qui fait le juste il)juste et l'injuste
juste, en pel'vel'Iissant le droit, car celui-ci agit égalemenl en té­
moin faux, comme le témoin lui-même: pal'eillement tout homme
qui fail que le droit paralt tortu, et que le tortu paralt droil : pa­
reillement le prêtl'e qui falsifie le vl'ai de la Parole et en pervel'tit
le bien. En un mot, toute falsification du V1'ai, tant spirituel que
moral et civil, qui est faite par mauvaise intention, esl un faux
témoignage,
1020. Et les m'Iles des nations tombèrent, signifie qu'il en
lilt de mêllie de toutes tes choses tic la doctrine dll bien d'a­
Vers. :Lü. CHAPITHE SEIZIÈME. 299
pres la Parole: on le voit paI' la signification de la ville, en ce
que c'est la doctrine, ainsi qu'il vient d'être montré ci-dessus; de
là les villes sont les doctrinaux ou toutes les choses de la doctrine;
pal' la signification des nations, en ce que ce sont ceux qui sont
dans le bien de l'amour, et abstractivement les biens, N°' 1i5,
331,625; et pal' la signification de tomber, en ce que c'est être
dissipé; car 1000sque les villes tombent, elles périssent, et lorsque la
doctrine tombe, ses vrais sont dissipés. - Continuation sur le
Huitieme Pi-éapte : Lorsque l'homme s'abstient des faux témoi-
gnages, entendus dans le sens moral et spit'ituel, et qu'il les fuit
et les a en aversion comme péchés, l'amoul' de la vérité et l'amour
de la justice influent du Seigneur par le Ciel; et quand par suite
l'homme aime la vérité et la justice, il aime le Seigneur, cal' le
Seigneur est la vérité même et la justice même; et quand l'homme
aime la vérité et la justice, on peut dire que la vérité et la justice
l'aiment, parce que le Seigneul' l'aime; de là les paroles de cet
homme deviennent des paroles de vérité, et ses œuvres deviennent
des œuvres de justice.
1021.. Et de Babylone la 'grande il y eut mémoire devant
Dieu, signifie que jusqu'ici il a été traité de l'Église chez les
Réformés, et dfl sa dé1'astation, et que dans la suite il sera
traité de l' jj,'glise rIiez les Catholiques-Romains, et de sa dé-
vastation : on le l'oit pal' la signification de Babylone, en ce que
c'est l'Église chez les Catholiques-Romains, puisque pal' Babylone
est signilié l'amour de commander sur le Ciel et sur la tene pal'
les choses saintes de l'Église, et que cet amour est surtout domi-
nant chez les Catholiques-Romains: que par ces pa l'oies il soil
aussi entendu que jusqu'ici il a été traité de l'Église chez les Hé-
formés, et de sa dévastation, cela est évident d'après ce qui précède
et d'après ce qui suit: Dans ce qui précède il a été tl'ailé du Dra-
gon et des deux Bêtes, pal' lesquels a été décrite l'Église chez les
Réformés, et pal' les sept Anges versanl les sept lioles a été décl'ite
la dévastation de cette Église, comme on peut aussi le voir pal' le
Verset '13 de ce Chapitl'e : Dans ce qui suit est décrite l'Église
chez les Catholiques-Romains, Chapitre XVII, par la Prostituée
assise SUl' la Bêle écarlllte, et dans le Chapitl'e XVllI est décrite
la clél'~slation de eellc Église. De!ü il est évident. que pal' (1 de Ba-
300 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1021.

bylone la grande il y eut mémoire devant Dieu, II il est signifié que


jusqu'ici il a été traité de l'Église chez les Réformés, et de sa dé­
vastation, et que dans la suite il sera traité de l'Église chez les Ca­
tholiques-Romains, et de sa dévastation. -Ici il s'agit du Neu­
vz'ème Précepte: Tu ne convoiteras point la maison du pro­
chain. Il ya deux amours, d'où toutes les convoitises surgissent
et découlent continuellement comme des ruisseaux de leùrs sources;
ces amours sont nommés amour du monde et amour de soi; la
convoitise est un amour qui veut continuellement, cal' ce que
l'homme aime, il le désire continuellement; mais les convoitises
appartiennent à l'amour du mal, tandis que les désirs et les alfec...,
tions appartiennent à l'amoul' du bien. Maintenant, puisque l'a­
mour du monde et l'~moul' de soi sont les sources de toutes les
convoitises, et que toutes les convoitises mauvaises sont défendues
dans ces deux del'niel's préceptes, il s'ensuit que le Neuvième PI'é­
cepte défend les convoitises qui découlent de l'amour du monde, el
le Dixième Précepte les convoitises qui découlent de l'amour de soi.
Par ne point convoiter la maison du pl'Ochain, il est entendu ne
point convoiter ses biens, qui sont en général des possessions et des
richesses, et ne point se les appl'oprier par de mauvais moyens.
Cette convoitise appartient à l'amoul' du monde.
1.022. POUf' lui donner la coupe du vin de l'empOrte1rient
de sa colère, signifie la dév~tation pa;' d'affrèllx faux du
mal: on le voit par l~ signification de la coupe, en ce que c'est le
faux venant de l'enfer, ce qui astlé faux du mal, N° 960; et comme
il semble que Dieu à cause de cela s'empol'te et se met en colère,
il est dit la coupe de l'emportement de la colère de Dieu, l'empor­
tement à cause du faux, et la colère à cause du mal; de là pal' lui
, donner celle coupe, il est signilié dévaster, car le faux du mal ve­
nant de l'enfer dévaste l'Église quant à tout bien et à tout vrai;
que celte Église, qui est entendue, pal' Babylone, ait été ainsi dé­
vastée, on le verra dans les deux Chapitres SUfVallts, - Du
Dixième Précepte: Tu ne convoitera,~ point ou ne souhaite­
ras point ardemment l'épouse de ton compagnon, ni son ser­
?,iteur ou sa ser1Jante, ni son bœuf ou son âne. Ces convoitises
sont fJOl1l' les propl'es de l'homme, parce que l'épouse, le serviteUl',
la servante, le bœuf et l'âne sont au dedans de sa Blaison; et qm1,
Vel'S, 19. CHAPITRE SEIZIl~ME. 3Ül
dans le sens spil'itue[-intel'fJ.C, pal' les choses qui sout au ùedans de
la maison de l'homme, il est eutendu ses propl'es., à sa\;oir" par
l'épouse l'affection du vrai et du lJien spil'ituels, pal' le servitcUl' et
la servante ['affection du vrai et du bien rationnels qui sont au ser­
\ice du Vl'ai et du hien spi:rituels, et pal' le bœuf et l'âne l'affection
du bien et du vrai naturels; ces affections sont signifiées pal' ces
expressions dans la Parole. Mais pal'ce que convoitCl' et souhaiter
ardemment ces affections, c'est vouloir et désirer soumettre l'homme
à son POUVOil' 01\ se l'endre maUre de lui, il s'ensuit qne pal' les con­
voitises ponr ces affections sont entendues les convoitises de l'amour
de soi, c'est-à-dire, de l'amour de dominer, car ainsi on fait siens
les propres de son compagnon. D'après cela, il est maintenant
constant que la convoitise du neuvième Précepte est la convoitise
de l'amour du monde, et que les convoitises de ce Précepte-ci sont
les convoitises de l'amour de soi; car, ainsi qu'il a été déjà dit,
toutes les convoitises appartiennent à l'amour, puisque c'est l'a­
monr qui désil'e; et comme il y a deux amoul's mau\'ais auxquels
se réfèrent toutes les convoitises, à savoir, l'amoul' du monde et
l'amoul' de soi, il s'ensuit que la convoitise du neuvième Précepte
se réfère à ['amour du monde, et que les convoitises de ce Pré­
cepte-ci se l'éfèrent à ['amour de soi, spécialement à l'amour de
dominer. Que tous les maux et pal' suite tous les faux découlent
de ces deux amours, on le voit, No' 159,171, 39ft, 50G, 517,
650, 950, 951,973,982,1010,1016, et dans la DOCTRINE DE
LA NOUVELLE JÉRUSALEM, N°' 65 à 83.
1023. Vel's. 20,21. Et toute ile s'enfuit. et les montagnes
ne furent point trouvées, - Et une grêle grande, comme du
poids d'un talent, descendit du Ciel sur les hommes; et les
hommes bla.~pltémèrent Dieu, à cause de la plaie de la grêle.
parce que. grande était sa plaie extrêmement, - Et toute [le
s'enfuit, signifie qu'il n'y avait plus aucun vl'ai de la foi: et les
montagnes ne furent point trouvées, signifie qu'il n'y avait plus
aucun bien de l'amour: et une grMe grande, comme du poids
d'un talent, descendit du Ciel sur les hommes~ signifie les faux
les plus infemaux détruisant tout entendement du vrai chez les
hommes de l'Église: et les hommes blasphémerent Dieu, à
cause de la plaie de la grêle, signifie la falsification de la Parole
30:? L' APOCALYPSE EXPLlQÜj~K N" 102:!.

put' suite: parce que grande était sa plaie extrêmelliclll, si­


gnifie la desll'uction totale du vl'ai réel.
1. 02h. Et toute île s'enfuit, signifie qu'iL n'y avait plll.~
aucun vrai de la foi: on le voit pat' la signification de l'Ue, en
ce que c'est l'Eglise quant aux vrais de l'homme naturel, lesquels
sont appelés vrais scientifiques, puis aussi connaissances du vrai el
du bien, N° fJ06, ici l'Église quant aux vt'ais de la foi; cal' les
vrais, qui sont appelés vrais de la foi, sonl les vl'ais de l'homme
naturel; qu'il n'y ait plus ces Hais, cela est signifié pal' « toute lie
s'enfuit. 1) Si l'lie est l'Eglise quant aux vrais de la foi, c'est parce
qu'une île est une terl'e entourée de la mm', et que pal' la terre il
est signifié l'Église, et pal' la mer le scienlifique et le cognitif dans
le commun, lesquels appartiennent à l'homme naturel. Par les tles
dans la Parole sont aussi signifioos les Églises chez les nations,
chez lesquellss il y avait seulement les apparences ùu vrai qui sont
des vrais tl'ès-éloignés des nais réels; la t'Uison de cetle significa­
tion, c'est que les lies de la mel' étaient fOI'lloin de la terre de Ca­
naan, qui était la terre fel'me, pal' laquelle était signifiée l'Église
qui était dans les vrais t'éels. - Des Préceptes du Décalogue
en g6nél:aL : Si les Préceptes du Décalogue ont été appelés les dix
paroles ou les dix préceptes, c'est parce que dix signifie toutes
choses; par conséquenl les dix pat'oles signifient en somme toutes
les choses de la Parole, et par suite toutes celles de l'Église: que
ces Préceptes soient en somme toules les choses de la Parole et
toutes celles de l'Église, c'est parce qu'il y a dans chaque précepte
t1'ois sens intél'ieul's, un sens pour chaque Ciel, car il y a trois
Cieux; le premier sens est le sens spirituel-moral, celui-ci est •
pOUt' le pl'emiel' ou dernier Ciel; le second sens est le sens céleste­
spil'ituel, qui est pour le second Ciel ou Ciel moyen; et le troisième
sens est le sens divin-céleste, ,qui est pOUl' le troisième Ciel ou Ciel
intime; il Ya aussi le même nombt'e de sens internes dans chaque
chose de la Parole, car du Seigneur, qui est dans les suprêmes, la
Parole est descendue en ol'dre pal' les tl'ois Cieux jusque SUI' la
terre, et elle est par suite devenue accommodée pOUl' chaque Ciel;
c'est même pour cela que la Parole est dans chaque Ciel, et pOUl'
ainsi ùire chez chaque Ange, dans le sens qui lui appal'lient; elle
y est lue chaque jour, et l'on y fail aussi, comme dans les terres,
Vers. 20. CHAPITRE SEIZn~ME. 303
des prédil:ations lirées de lu Pal'olc. En etfel, la PUI'ole est te Divin
Vr'ai mème, pal' conséquent la Divine Sagesse, procédant du Sei­
gneur comme Soleil, et apparaissant dans les Cieux comme Lu­
mière; le Divin Vrai est ce Divin qui est nommé Espr'it Saint, car'
non-seulement il pl'ocède du Seigneur, mais encore il illustre
l'homme et l'instruit, ainsi qu'il est dit de l'Esprit Saint. Puisque
la Parole, en descendant du .SeigneUl', est devenue accommodée
pOUl' les tr'ois Cieux, et que les trois Cieux ont été conjoints,
comme les intimes le sont pal' les moyens avec les del'Oiers', il en a
aussi été de même des trois sens de la Parole, d'où il est évident
que la Pal'ole a été donnée, afin que pal' elle il y ait conjonction des
Cieux entr'e eux, et qu'il y ait aussi conjonction des Cieux avec le
genl'e humain, pour lequel est le sens de la lettc'e, qui est le sens
purement na(ur'cl et par suite la base des trois autres sens. Que les
dix Préceptes du Décalogue soient en somme toutes les cheses de la
Parole, c'est ce qui ne peut être vu autI'ement que d'après ces Pré­
ceptes examinés quant aux trois sens, qui sont tels qu'il a été dit.
1025. Et les montagnes ne furent point trouvées, .5ignifie
qu'il n'y avait plus aucun bien de l'amour: on le voit par la
signification des montagnes, en ce qu'elles sont l'Église quant au
bien de l'amoul', N°'lt05, 510,850. Si les montagnes sont l'É­
glise quant au bien de l'amoul', c'est par'ce que la tel're signifie
l'Église, et que les Anges qui sont dans l'amoul' envees Je Sei­
gneUl' ont leur tene SUI' des montagnes dans le Monde spirituel;
par suite les moutagnes signifient l'Église quant au bien de l'amour
envers le Seigneur. Si ces Anges habitent SUI' des montagnes dans
le Monde spil'ituel, c'est parce qu'ils sont des Anges intérieul's, et
qlle les intél'ieul's dans le Monde spiJ'ituel cOl'I'espondent aux supé­
rieurs, et deviennent en actualité supérieurs. De là vient aussi que
le Seigneul', parce qu'il est dans l'Intime, est appelé le Très-Haut,
et est dit habiter dans les lieux très-hauts. - Des Préceptes du
Décalogue en général: Quels sont ces trois sens dans les pré­
ceptes du Décalogue, c'est ce qu'on peut ~oir pal' les expositions
sommaÎl'es qui suivent, Le Premier Précepte du Décalogue, Tu
n'adoreras point d'autres dieux que Moi, enveloppe dans le
sens spirituel-moral que tu n'adoreras aucune chose ni aucun au­
tre comme Divin; aucune c.hose, il sal'oi,', la nature en lui attl'i­
30ft L'A POCALYPSE EXPLIQU I~E, j\/" l02ii.

buant du Divin par elle-même j aucun autl'e, à savoir, aucun vi­


cai.re du Seigneur, ou aucun saint j dans le sens spirituel-céleste,
il enveloppe que tu ne reconnaitl'as qu'un seul Dieu, et non plu­
sieul's selon les qualités, comme ont fait les anciens, et comme font
aujourd'hui quelques païens, ou selon les opérations, comme au­
jourd'hui les Chl'étiens, qui font un Dieu pOUl' la CI'éalion, lin ait­
tre pOUl' la Rédemption, et un auUe pOUl' l'illustl'ation, Le même
Précepte, dans le sens divin-céleste, enveloppe que le Seigneur Seul
doit être reconnu et adoré, et le T"ine en Lui, à savoir, le Divin
Même de toute éternité, qui est entendu pal' le Pèl'e, le Divin Hu­
main né dans le temps, qui est entendu pal' le Fils de Dieu, et le
Divin procédant de l'un et de l'autl'e, qui est entendu par l'Esprit
Saint: ce sont là, en ord,'e, les trois sens du Premier Précepte:
en examinant ce Précepte dans son triple sens, on voit qu'en somme
il contient et renfel'me en lui toul ce qui concel'Oe le Divin quant à
l'Essence. Le Second Pl'écepte, Tu ne pl'ofmw'as point le Nom
de Dieu, conlient et renferme, dans ses trois sens, tout ce qui con­
ceme le Divin quant à la qualité, car le Nom de Dieu signifie la
qualité de Dieu j dans le premier' sens cette qualité est la Parole,
d'après la Parole la doctrine, et d'après la doctrine le culte de la
bouche et de la vie j dans le sec?nd sens elle est le Royaume du
Seignem' dans les terres, et le Royaume du Seigneur dans les
Cieux j et dans le troisième sens elle est le Divin Humain du Sei­
gneur, car le Divin Humain est la Qualité du Divin Mème; que
dans le senssupl'ëme le Divin Humain du Seignem' soit le Nom de
Dieu, on le voit, N° 22lJ, Dans les autres pl'éceptes, il y a pareil"'
lement trois sens internes pour les trois Cieux j mais il en sel'a
pal'Ié ailleurs avec la volonté du Seigneur.
1026. Et une gr~le grande, comme du poids d'un talent,
descendit du Ciel sur les hommes, signifie les faux les plus
infernaux détruisant tout entendement du vrai chez les
hommes de l' Église: on le voit pal' la signification de la gl'ê!e,
en oe que c'est le faux infernal détruisant tout vrai et tout lJien do
l'l~glise, No' 503, 704; et cette grêle est dite grande et comme
du poids d'un tnlent, parce qu'il est entendu les faux les plus in­
fernaux; la qualité des faux est,comparée à un talent, pll'rce que le
talent dans la supputation des monnaies et dans le poids de l'argent
\'<'l'S, 21. CHAPITRE SEIZIÈME. 305
était la somme la plus grande, et que pal' ['argent il est signifié Ir.
vrai et dans le sens opposé le faux, et pal' le poids ce qui est IOlll'lI
d'apl'ès le mal, ainsi ce qui est le plus infernal, cal' le faux d'après
le mal est IOUI'd, et toroue de soi· même dans l'enfer; et pal' la si­
gnification de descendre du Ciel Sw" les hommes, en ce que c'est
détruisant d'apl'ès l'enfer l'entendement du vrai chez ceux qui sont
de l'Église, cal' par les hommes sont signifiés les hommes de l'l~­
glise quant à l'entendement du vrai, ou, ce qui revient au mème,
l'entendement du vrai qui est chez les hommes de l'Église, Si des­
cendre du Ciel signifie venir de l'enfer, c'est pal'ce que le faux,
qui est signifié ici pal' la gr'êle gl'ande, ne descend pas du Ciel,
mais monte de l'enfer: la grêle, il esl vrai, descend du Ciel dans
le Monde spil'ituel comme dans le Monde naturel, car c'est une pluie
qui descend du Ciel, mais celte pluie est congelée en grêle pat' le
fl'oid qui monte de l'enfer; le froid qui vient de là est la privation
ùe chaleur ou d'amoUl' céleste, d'où il suit que la grêle, comme
grêle, ne descend pas ùu Ciel, mais vient de l'enfer: il en est de
même de la pluie de soufl'e et de feu descendant du Ciel; la pluie
d'cau signifie le Divin Vrai descendant du Ciel, mais la grêle si­
gllifie le Divin Vrai changé cn faux infernal, ce qui a lieu pendant
le cours de la descenle du Ciel. - Des Prüeptes dit Décalogut'
(!Il général,' Puisque du Seigneul' comme Soleil procède le Diviu

Vrai uni au Divin Bien, et que pal' le Divin Vrai a été fait le Ciel
et a été faille Monde, - Jean, I. 1; 3, 10, - il s'ensuit que c'est
de là que toutes choses dans le Ciel, et toutes choses dans le Monde,
se réfèrent au Bien et au Vrai, el à lem' conjonction, afin que quel.
que chose se fasse. Dans ces dix Préceptes sont contenues toutes
les choses du Divin Bien et toutes celles du Divin Vrai, et en eux
aussi il y a leur conjonction; mais leur conjonclion yest un ar'cane,
car elle est comme la conjonction de l'amoul' envers le Seigneur' el
de l'amour à l'égarù du prochain; le Divin Bien appartient à l'a­
mour envers le Seigneur el le Divin Vrai à l'amollI' à l'égard du
prochain, cal' lorsque l'homme vil selon le Divin VI'ai, c'est-a-dire,
aime le pl'ochain, le Seigneur influe avec le Divin Bien et Se COIl­
joint, C'est pOUl' cela qu'il y avail deux Tables SUI' lesquelles fu­
rent inscrits (',Cs préceptes, et qu'elles ont été appelées alliance, ce
qui signifie f~onjonction j et qu'ensuite elles ont été placées dans
VI, 20,
30ü L' APOCALYPSE EXPLIQUl~E. N" 1.026.

l'Arche, 11011 l'une contre l'aUlre, mais l'une SUI' l'auh'e, en témoi­
gnage de la conjonction enll'e le Seignelll' et l'homme. SUI' une
'l'able ont élé écrits les Ill'éceptes ùe l'amour envel's le Seigneur, et
sur l'aulre Table ont été écrits les prtéeptes de l'amoul' à l'égard
du pl'ochain; les tl'ois pl'emiers (lrécel'tes appartiennent à l'amoul'
envers le Seignelll', les six demiel's préceptes, à l'amoul' à l'égard
ùu prochain, et le quatl'ième précepte, c'est-à-dire, IlonOl'e ton
Père et la JJl ère, est le pl'éceple qui sel't de medium; car là, par
Père, i[ est entendu [e Père dans les Cieux; et pal' Mère, il est en­
tendu ['Ég[ise, qui est le prochain.
102ï. El les hommes blasphémèrent Dieu, à cause de la
plaie de la grêle, signifie la falsification de la Parole par
suite: on le voit p'al' [a significalion de blasphémer Dieu, en ce
que c'est blasphémel' [a Parole, comme ci-dessus, N°· 778, 991 ;
ct pal' [a signification de la plaie de la grêle, cn ce que c'est le
l'aux le plus infer'nal, ainsi qu'il vient d'être monll'é; de là vient la
falsification de la Parole.- Des P"éf;eptes du Décalogue en gé­
nérai : Il va maintenant êlr'e dit quelque chose sur la manière dont
se fait la conjonclion par les Préceptes du Décalogue. Le Seigneul'
Seul conjoint l'homme à Lui, el l'homme ne se conjoint pas au Sei­
gneur; le SeigneUl' conjoint l'homme à Lui par cela que l'homme
sait, comprend, veut et fait ces préceptes; quand l'homme les fait,
il y a conjonction, mais s'il ne les fait pas, il cesse de les vouloir, et
en cessant de les vouloir, il cesse même de les comprendre et de
les savoir. Qu'est-ce, en effet, que vouloir, quand l'homme ne fait
pas, lorsqu'il peut faire? N'est-ce pas là un être de raison? 11 s'en­
suit donc que la conjonction s'opèl'e quand l'homme fait les Pré­
ceptes du Décalogue. Mais il a été dit que le Seigneur Seul conjoint
l'homme il Lui, et que l'homme ne se conjoint pas au Seigneur,
et que [a conjonclion s'opère par {aire; de là résulte que le Sei­
gneUl' fait ces préceptes chez l'homme. Mais chacun peut voir que
l'alliance n'est pas formée, et qu'ainsi il n'y a pas conjonction, s'il
n'y a pas chez l'homme quelque chose de réciproque t afin que
non-seulement il consente, mais aussi reçoive; pOUl' cette fin, le
Seigneur a mis dans l' homme le Libre de vouloir el de faire
comme par soi-même, et un tel Iibl'e, que l'homme ne sait autre
'lhose, quand il pp.nse le vrai el fait le bien, sinon que c'est iDI~-
Vel's. 2:1. CHAPITlŒ SEIZIÈME. 307
rieurement en lui, el ainsi par lui-même; c'est Iii le réciproque
de la part de l'homme, pour que la coujonction se fasse; mais
comme ce Libre est par le 8eigneUl' et vient continuellement du
Seigneur, l'homme doit absolument reconnaHre que c'est pal' le
Seigneur, et non par lui-même, qu'il pense et comprend Je vrai,
et qu'il veut et fait le bien, selon ce qui a déjà été dit SUI' ce sujet,
N°' 9116, 971, 973. LOI's donc que l'homme se conjoint au Sei­
gneur comme par lui-même par les six derniel's préceptes, le Sei­
gneur se conjoint'à l'homme pal' les trois premiel's préceptes, qui
sont que l'homm: rec~nnaisse Dieu, croie au Seigneur et sanctifie
son Nom; la foi en ces choses n'est point chez l'homme, de quelque
manière qu'il croie l'avoir, s'il ne fuit pas comme péchés les maux
qui ont été désignés dans la seconde Table, c'est-à-dire, dansJes
six derniers préceptes, Voilà les choses qui appal'tiennent il. l'al­
liance de la part du Seigneur et de la part de l'homme, et c'est pal'
elles qu'il y a une conjonction réciproque, qui consiste en ce que
l'homme est dan(le SeigneUl':et le Seigneur dans l'homme,­
Jean, XIV. 20.
1028. Parce que grande était ,ça plaie extrêmement, signi­
fie la destruction totale du vrai réel: on le voit par la signili­
cation de la plaie de la grêle, en ce que c'est la falsificalion de la
Pal'ole, ainsi qu'il vient d'être montré; de là par grande était sa
plaie extrêmement, il est signifié une très-gl'ave falsification,
qui consiste en ce que la Parole a été falsifiée jusqu'à desll'uction de
tout vrai réel; comment la Parole est falsifiée jusqu'à destruction
clu vrai réel, et comment pal' là le Ciel est fermé à l'homme, on le
voit, No, 719, 778, 888, 9:1lJ, !H6, 950. - De,ç Préccpte,ç du
Décalogue en général: Quelques personnes disent que celui qui
pèche contre un seul précepte du Décalogue pèche aussi contre tous
les autres, qu'ainsi celui qui en enfreint un les enfreint tous; mais
comment cela est-il d'accol'd avec la vérilé, c'est ce qui va être dit:
Celui qui transgresse un précepte, en confirmant en lui-même que
le mal défendu par ce pl'écepte n'est pas un péché, el qui en con56­
qnence le commet sans crainte de Dieu, celui-là, parce qu'il rejelle
la crainte cie Dieu, ne cl'aint pas non plus de transgresser les autres
préceptes, quoiqu'en réalité il ne les transgresse point. Pal' exemple,
r.c1I1Î qui ne considère pas comme péehés les fraudes et les g:lins
30b L'APOCALYPSE .EXPLIQLJÉ.K ""1028,

illicites, qui en eux-mêmes sont des \'ols, ne considère pas non


plus comme des péchés de commettre adultère avec l'épouse d'un
Bull'e, de hail' un homme jusqu'il vouloir sa mOI't, de mentir conU'e
lui, d.LÇQnvgi~er sa maison e~ beaucoup d'autres ch_qses qui.lui
~ppartill!m~t; en effet, il nie que quelque chose soitul1 péché, lant
que dans un seul précepte il rejette de cœur la cl'ainte de Dieu; il
en résulte qu'il est en communion avec ceux qui transgressent pa­
reillement les autres préceptes: il ressemble à un esprit infemal
qui est dans l'enfel' des voleUt's; quoique cet esprit ne soit ni adul­

têl'e, ni meurtrier, ni faux témoin, il est cependant en communion
avec ceux qui le sont, et il peut être porté pal' eux à croire avec
persuasion que de telles actions ne sont pas des maux; il peut aussi
être conduit à les commetll'e, car celui qu!Jl~~_ devenuespl'ill!lfer­
nal par la tl:a,,!sgression d'un seul pl'écepte ne c!:..oit plu_sque c~ soit
nn péché de fail'e. quelque.~hQs~. !l~n_l!_e DJ~u,'pu de faire quelqu~
chose contre le pl'ochain, Le contraire arrive à ceux qui s'abstien­
nent du mal défendùpar un des pl'éceptes, et qui le fuient comme
péché contre Dieu et l'onl ensuite en aversion; comme ceux-ci
craignent Dieu, ils viennent en communion avec les Anges du
Ciel, et sont conduits pal' le Seigneul' à s'abstenir des maux dé­
fendus dans les autres préceptes et à les fuir, et enfin à les avoit'
en aversion comme péchés; et si par hasal'd ils pèchent contre ces
préceptes, toujours est-il qu'ils s'en repentent, et ainsi ils en sont
éloignés par degrés,
L'APOCALYP8E.

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME,

1. Et vint un des sept Anges qui avaient les sept lioles, et il me


parla, me disant: Viens, je te montret'ai le jugement de la prosti-
tuée grande, qui est assise sur les eaux abondantes,
2. Avec laquelle ont commis scortation les Rois de la terre, et
se sont enivrés du vin de sa scortation les habitants de la terre.
3. Et il m'emporta dans un désert en espl'it; el je vis une
Femme assise SUI' une Bête écal'1ate, pleine de noms de hlas-
phème, ayant sept têles, et dix cornes.
!J. Et la Femme était revêtue de pourpre el d'écaJ'lale, et pal'ee
d'or et de pierres précieuses et de peJ'les, ayant en sa main une
coupe d'or pleine d'abominations et d'impureté de sa scortation.
5. Et, sur son front, un Nom écl'it: Mystère; Bahylone la
grande, la mère des scortations et ùes abominations de la terre.
6. Et je vis la Femme ivre du sang des saints, et du sang des
témoins de Jésus; et je Jus étonné, en la voyant, d'un étonnement
granct
7. Et l'Ange me dit: Pourquoi t'étonnes-tu? Moi, je te dirai
le mystère de la Femme et de la Bête qui la pOl'le, ayant les sept
têtes et les dix cornes.
8. La Bête, que tu as vue, était et n'est pas, et elle doit monler
de l'ablme, et à perdition .s'en aller: et s'étonneront ceux qui ha-
bitent sur la tene, desquels Q'ont poiI;lt été écrit:; les Noms d!ins le
Livre de vie dès la fondaI ion du monde, en voyant la Bête qui était
el n'est (,\as, et cependant elle est.
310 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 102\1.

9. Ici l'entendement. (Il) qui a de la sagesse: Les sept Têles,


sept Montagnes ce sont. SUl' lesquelles la Femme est assise;
'10. Et sept Rois ce sont; cinq sont tomhés, et l'un est, l'aulrc
- n'est pa(encore venu, et quand il sera venu, peu de temps il faut
qu'il demeure,
11. Et la Bête, qui était et n'est pas, elle-même J\.uitiètlle clic
est; et des sept elle est. et à pel'dition elle s'en va.
12. Et les dix COl'l1es, que tu as vues, dix Rois ce sont, qui
Royauté n'ont pas encol'e reçu; mais pouvoir comme Rois une
seule heure ils l'e/(oivent avec la Bête.
13. Ceux-ci. même sentiment ils ont. elleUl' puissance etlelll'
pouvoir à la Bête ils donneront.
lit. Ceux-ci avec l'Agneau combattronl, mais l'Agneau les
vaincra. pal'ce que Seigneul' des seigueurs il est. et Rois des l'ois;
et ceux. avec Lui. des appelés, des élus et des fidèles (ils sont).
15. Et il me dit: Les eaux, que tu as vues, ou la Prostituée
est assise, peuples et foules ce sont, et nations et langues.
16. Et les dix Cornes que tu as vues sur la Bête, ceux-ci haï­
l'ont la Prostituée, et désolée ils la rendront, et nue; et ses chairs
ils mangeront, et ils la brûleront au feu.
1.7. Car Dieu a mis dans leurs cœul's d'execuler sa sentence,
el d'exécutel' une même sentence. et de donner leur Royaume à la
Bête~ jusqu'à ce que soient consommées les paroles de Dieu.
18. El la Femme. que lU. as vue, est la Ville grande ayant
royauté SUI' les Rois de la tel'/'e.

EXPLiCATION.

1029. Comme dans ce Chapill'e cl dans le suivanl il s'agilde


la Babylonie. c'est poul·quoi. avanll'Explication de ces Chapitres,
il sel'a dit ce qui est entendu en général et en particulier pal' la
Babylonie. quelle elle est dans son commencement, et quelle elle
devient dans la suite pal' degrés, Pal' la Babylonie. ou pal' Babel,
\
N' '029. CHAPITRE DlX-SEPTlEME,
.
31t
il ~t entendu l'Église composée de ceux qui pal' les choses saintes
de 11Église aspirent à la domination sur tout le globe tel'!'estre, et
cela, .au moyen de la domination sur les âmes des hommes, en s'ar­
rogeant le pouvoir de sauver tous ceux qu'ils veulent, et qui ennn
cherchent et aussi s'apPI'oprientla domination sur le Ciel et sur l'en­
fer; dans ce but, ils dérivent et transfèrent en eux tout le pouvoir
du Seigneur, comme s'il leur avait été donné pal' Lui. L'Église,
composée de tels hommes, n'est pas dans le commencement ce
qu'elle devient dans la suite des temps; ceux.-Ià, dans le commen­
cement, sont comme dans un zèle pour le Seigneul', pour la Pa­
role, pour l'amour et la foi, et surtout pour le salut des hommes;
mais dans ce zèle est caché le feu de dominel' qui éclate dans la
suite des temps, à mesure que s'accl'olt la domination; et, selon
qu'il se produit en acte, les choses saintes de l'ltglise deviennent
des moyens, et la domination elle-même deviellt la lin; et quand
là domination devient la fin, ils appliquent à la On, ainsi à eux­
mêmes, les choses saintes de l'Église, ~ alors, non-~eulement ils
font dépendre de leur pouvoir le :sab:ll dtls âmes, mais encore ils
s'apPl'oprient toute la Divine Puis$iDCe du Seigneur; et lorsqu'ils
agissent ainsi, ils pervertissent tout bien et tout vrai de l'Église,
par conséquent ils profanent les choses saintes de l'Église; telle
est la Babylonie. Qu'il en soit ainsi, c'est ce qui m'a été montré
d'une manière frappante (ad vivum) : Dans le Monde spirituel, il
y en avait qui aspiraient à une semblable domination; et comme
ils savaient qu'au Seigneur Seul appartenait tout pouvoir, ils se
vêtirent comme de zèle pour Lui, et pOUl' le Ciel et l'Église, et
travaillèrent de toute manièl'e à rendre un culte ,au Seigneur Seul,
et à garder saintement toules les pl'escriplions de la Parole; ils
donnèl'ent aussi des ordt'es pOUl"qUe la sainteté et l'intégrité l'ti­
gnassent en toutes choses: mais il fut donné de savoir que dans
ce zèle était caché un ardent désiJ' de dominer SUI' tous les au­
tres, croyant que les ordres qu'ils avaient donnés seraient agréés
par le Seigneur : toutefois, dès qu'ils eurent pl'is la domination,
par degrés se révéla la fin, qui était, non pas que le Seigneui'
commandât, mais qu'eux-mêmes commandassent, et qu'ainsi le
Seigneul' füt il leur service, et non eux au service du Sei­
gneul', étant indignés, s'il ne lelll' était pas permis, comme a
il" 2 L'APOCALYPSE ~XPLIQUÉE. N'" IfW.
des dieux, de disposer toutes choses à leu l' gré; bien plus, il\ fut
aperçu qu'ils méprisaient le Seigneur, et même le l'cjetaient./s'il
Ile leu l' donnait pas pouvoir de faire toutes choses selon leur ca­
price, ct s'il ne consentait pas à tout ce qu'ils décidaient; il fut
aussi aperçu ,qu'ils auraient voulu, sous quelque prétexte, tl'ansfé­
l'el' en eux son Divin pouvoir. s'ils eussent osé, cal' ils craignaient,
en agissant ainsi, d'être pl'écipités dans l'enfer: Jlar là il fut mon­
t"é comment la Babylonie commence, et commellt elle finit. De là
aussi il fut donné de conclure que, quand la domination devient la
Ii~l, ~~ que les choses saintcs de l'ltg!ise deviennent les moyens:-Ie
culle de pieu est changé sous divers prétexteS e~ culle des hommes,
de sorte qu'eux-mêmes sont des dieux en fait, et que le Seigncur
est Dieu, non en fail, c'est-à-dire, pour la forme. Maintenant,
comme la domination pa~ les choses saintes de l'Église sur les âmes
des hommes, sur le Ciel et SUI' le Seigneur Lui-Même, est inté­
l'ieul'emenL profane, il s'ensuit qu'elle est infernale; car les diables
qui sont dans l'enfer ne tlésirent rien plus que de dominer sur le
Ciel et sur le Seigneur .Lui-Même, et même ils entreprennent d'y
parvenir sous divers prétexte5, mais dès qu'ils se meLLent à l'entre­
prendre, ils sont engloutis par l'enfer. Puisque, dans le Monde,
ceux qui out renversé le Seigneur de dessus le trône de son
Royaume, ct s'y SOllt placés. sont de semblables diables en leur
eœul', il est évident que par la suite des temps l'Église a été dévas·
tée pal' eux quant à tout bien et quant à tout vrai; e'cst là sa fiu.
Qu'ils soient des diables, on le voit par les mêmcs dans le Monde
spirituel: Ceux qui, dans le Monde, ont exercé le Divin pouvoil'
du Seigneur pal'\eut tl'ès-saintement du Seigneur après la 0101'1,
et ils lui l'endent"un culte avec toute sorte de dévotion externc;
mais quand [eu['s inlél'ieul'~ sont 'inspectés, car dans le Monde spiri­
tuelles intérieul's peuvent être dévoilés et inspectés, il est donné de
voil' qu'ils sont profanes, parce que oe sont des intérieurs athées,
dans lesquels il ya une astuçe diabolique; de là il était évident que
les choses saintes extel'Oes leUl' sel'vai9'ù de moyens pour la fin,
qui était la domination : un jovl' il s'éleva entl'c des espl'its ~elte
question: Si quelquc diahlc dans l:eofel' poul'rait agir de même;
c'est poul'quoi, il en fut appelé un d'entl'c les plus mauvais, el il
lui fut rlit qu'ill'cccVl'ait la llomination sur un graud nomhre, s'il
~'/. 1029, CHAPlTRE DIX-SEPTIÈME. 313
pouvait adol'er saintement le Seigneur, et reconnalll'e son Divin
égal au Divin du Père, et en même temps l'emplir toutes les fOI'­
malilés du culte j dès que celui-ci entendit pader de domination
SUI' un grand nombre, il disposa ses intérieuI's à l'astuce, et ses
extérieurs à la sainteté, et il adol'a le Seigneul' plus saintement que
beaucoup d'Anges, s'emportant contre tous ceux qui ne l'adoraient
pas; mais dès qu'il remarqua que la domination ne lui était pas
donnée, il s'enflamma contre le Seigneur Lui-Même, et il nia, non­
seulement son Divin el le Divin du Père, mais encol'e Hies couvrit
Ù'oppl'obres ('un el l'autre ; cal' c'était un Athé.e. Que telle soit la
Babylonie d'aujourd'hui, cela est évident en ce que, sous le pré­
texte des clefs données à Pierl'e, ils ont transféré en eux tout le
Divin pouvoir du Seigneur, en ce qu'ils ont fermé le Divin Vrai au
peuple en lui enlevant la Parole, el en ce qu'ils ont attribué aux
décrels du Pape une sainteté égale à la sainteté de la Parole, et
même supérieure en fait; puis, en ce qu'ils enseignent peu la crainte
el le culte de Dieu, si toutefois ils les enseignent, mais la crainte et
le culle d'eux-mêmes, et aussi le culte des saints en vue d'eux­
mêmes: de là il est évident que la Babylonie à sa fin est une Église
vaine et vide de tout bien de l'amour enver's Dieu et de tout bien
ùe l'amOlli' à l'égard du pl'Ochain, et pal' conséquent de tout vrai;
pal' suite, ce n'est plus une Église, mais c'est une idolâtrie, et par
là différant peu des gentilismes des Anciens qui adol'aient les Baals,
Astaroth, Béelzébub, et plusieurs autres, et cependant avaient des
temples, des fêtes à époques fixes, des autels, des sacrifices, des
fumigations, des libations, et autres choses semblahles, que pos­
sédait l'Église Juive. Ces délails SUI' la Babylonie à son commen­
cement et à sa fin ont été donnés, afin qu'on sache d'où vient que
Babel dans la Parole est tantôt élevée jusqu'au Ciel, et tanlôt
abaissée jusqu'en enfel'. Que telle soit Babel, on peut pleinement
le voir par ses descriptions et pal' ses teprésentalions dans les Pro­
phètes, et surtdut dans Daniel, D'abord, pat' la statue du l'oi Nébu­
chadnessal', dans Daniel: «( Le ,'oi Nébuchadnessar vit en songe
une statue dres.~ée vis-tl-vis de lui; de fette statue la tête
(était) d'or bOlf; sa poitrine et ~es b,'as, d'argent; son ventre
et ses cuisses, d'airain; sesjœl1lbes, de fer; ses pieds, en par­
lie dr. {el' el fIl partir d'argile. Ensuite lia détachée une
3:14 L' APOCALYPSÊ EXPLIQUÉE, N" 1U29.

Pierre, non par des mains, et elle frappa la statue sur ses
pieds, qui étaient de fer et d'argile, et elle les brisa, et alors
ensemble furent brisés le fer, l'argile, l'airain, l'argent et
l'or, et ils devinrent comme la paille des aires en été, en sorte
qu'aussi les emporta le vent; et aucun lieu Ile fut trouvé pour
eux. Mais la Pierre, qui avait frappé la statue, devint un
Rocher grand, » - Il. 31 à 35; - d'après l'interpl'étation de
ce songe pal' Daniel, il est évidellt que l'état de l'Église, qui de­
vient une Babylonie, est décrit là depuis son commencement jus­
qU'à sa fin; que ce soit la Babylonie qui est décrite, c'est parce
que le Roi de Babel vit ces choses dans un songe, et parce (!U'i1 vit
la statue vis-à-vis de lui; puis il est dit ouvertement par Daniel au
Roi: cc 1'0i, tu en es la tete, qui est d'or, Il - Vers, 38: ­
les états successifs de cette Église, jusqu'au derniel', ont été décrits
pal' la Tête, la Poitrine, les Bras, le Ventre, les Cuisses, les Jam­
bes et les Pieds de cette statue; puis, par l'Or, l'Argent, l'Airain,
le Fel' et l'Argile, dont se composait la statue depuis le sommet
jusqu'au bas; d'après cela, il est évident que cette ltglise dans son
commencement était pleine de sagesse d'apl'ès le bien de l'amour
envers le Seigneur, car la tète, qui est le sommet, signifie la sa­
gesse, et l'or le bien de l'amour envel'S le Seignent' : que le demier
état de celle Église serait sans aucun bien de l'amoul' et sans au­
cune sagesse, cela est signifié en ce que les doigts de ses pieds
étaient en partie de fer et en pal'tie d'argile, cal' Daniel interprète
ainsi ces choses: l( Quant Ù ce que tu as vu le fer mêlé avec
l'argile de potier, (c'est qu')ils se mêleront par semence
d'homme, mais ils n'auront point de cohérence l'un avec
l'autre, de mfl1ne que le fer ne se mMe point avec l'argile. 1)
- Vers. 1i3; - la semence d'homme signifie le Divin Vrai, ainsi
le Vrai de la Parole, et il ne se fait pas de cohérence pal' ce vrai,
parce qu'à la fin de l'Église il e~t falsifié par l'application au culte
des hommes, La destruction de celle Église est décrite en ce qu'une
Pierl'e brisa toutes les parties de la statue; pal' la Pierre est signi­
fié le Divin Vrai, et pal' le Rochel' en lequel devint la Pierre est si­
gnifié le Seigneur quant à ce vl'ai; la destl'Uction de l'Église est le
Jugement derniel', La Nouvelle Église qui alol's sera instaul'ée pal'
le Seigneul' est décrite pal' ces paroleloi : cc Le Dieu des Cieux (e1'Q
:-;°1029. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 315
.mrgir lUt Royaume, qui pour les siècles ne périra point; et
Son Royaume il un peuple autre ne sera point livré; il bri­
sera et consumera tous ces Royaumes, mais Lui subsistera
pour les siècles. » - Vers. ltlt; - par le Royaume, ici et ail­
leur's dans la Parole, est signifiée l'Église; elle est pareillement si­
gnifiée par l'Homme, en la forme duquel était la statue. L'Église
qui dans la snite devient Ballylonie est aussi décrite par l'Arbre que
le l'oi Nébuchadnessar vit en songe, dans Daniel: Il Voyant je
(us, et voici, un Arbre au milieu de la terre, et sa hauteur,
O"ande; l'arbre croissait et robuste il devint, de sorte que sa
!tauteur atteignait jusqu'au ciel, et il se faisait voirjusqu'au
bout de toute la terre; sa feuille, belle; et sa fleur, nom­
breuse; sous lui, de l'ombre avait la b~te du champ, et dan.ç
ses branches !tabitaient les oiseaux du ciel, et de lui se nour­
rissait toute chair. Mais IlJici, vigilant et saint qui du Ciel
descendit, criant avec force, et disant: Abattez l'arbre, el
coupez ses branches, et dispel'sez sa fleur; que s'enfuie la
bête de dessous lui, et le:; oiseaux d'entre ses branches; mais
la souche de ses racines, en terre laissez-la; et dans U11 lien
de fel' et (l'airain, dans l'herbe du champ et dans la rosée
des cieux qu'il soit trempé, et qu'avec la b~te soit sa part
dans le gramen de la terre; son cœur, au lieu (de cœur)
d' homme ils changeront, et un cœur de Mte lui sera donné,
tandis que sept temps passeront sur lui, jusqu'à ce que les
vivants aient connu que Seigneur est le Très-Haut sur le
Royaume de l' homme. li - IV. i à 1!J; - que le l'oi Nébu­
chadnessar, pal' ~nséquent Babel, soit entendu pal' cet al'bl'e et par
t()utes les choses de l'al'bl'e, cela est déclaré ouvel'tement, Vel's.
17, 18, 19: et qu'il soit arrivé au l'oi les choses qui avaient été
entendues, à savoir, qu'il fut chassé d'enll'e les hommes, qu'il ha­
bita avec la bête du champ, qu'il mangea de l'herbe comme les
bœufs, jusqu'à ce que sept temps fussent passés, on le voit par les
Vel's. 29, 30, 31, de ce Chapilt'e; que ces choses lui soient arri­
vées à cause de l'amour' de soi et du faste de sa domination, on le
voit pal' ses propres paroles: (( N'est-ce pas là Babel la grande,
'Ille moi)'ai bâtie pour maison de royauté, par la fm'ce de ma
valeur, et pour la gloire de mOIt honneur. » - Ven;, 27; -:
316 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉt:. N° 1029.

et plus tard, 10l'squ'il fut rétabli : « Moi, Nébuchad1lessar, j' ho­


nore le Roi des Cieux, dont toutes les œuvres (sont) 'I:érité, et
les chemins, jugement; et ceux qui marchent dans l'O1'gueil
il peut humilier. }) - Vers. 311; - pal' cet état de Nébuchad­
nessar est décrit l'état, après la mOI't, de ceux qui s'élèvent
comme des dieux SUl' toutes les choses de l'Église, en ce qu'ils
sont dépouillés de l'homme, c'est-à-dire, en ce que quant à l'en­
tendement ils ne sont plus comme des hommes; en ce qu'ils de­
viennent des hêtes, et mangent de l'herbe comme les bœufs, et que
leU!' poil croit comme des plumes d'aigles, et leUl's ongles comme
ceux des oiseaux, ce qui signifie qu'ils sont entièrement sensuels,
qu'au lieu de l'intelligence ils ont la fatuité, et au lieu de la sagesse
la folie; manger de l'herbe, avoir [e poil comme des plumes d'ai­
gles, et les ongles comme ceux des oiseaux, signifie devellil' sen­
suel. Les états successifs de l'Église, qui enfin devient Bahylonie,
sont aussi décrits pal' les quatl'e bêtes qui montèrent de la mer,
dans Daniel: le Et quatre Bêtes montirent dé la mer; la pre­
mière comme un Lion, mais des ailes d'aigle elle avait, et
{urent arrachées ses ailes, et elle {ut soulevée de terre, et sur
les pieds comme un homme elle se dressa, et un cœur d'homme
lui {ut donné, Ensuite une autre bête seconde, semblable à
un Ours, et sur un côté elle se dressa, trois côtes dans sa
bouche entre ses dents; en outre, on lui disait ainsi: Lève­
toi, mange de la chail" beaucoup, Après cela, voici, une au­
tre, comme un Léopard, laquelle m)ait quatre ailes comme
d'oiseau, SUI' son dos; et elle avait quatre tetes, et domina­
tion lui {ut donnée. Après cela, une quatrième Bête, terrible
et {ormidable, et robuste extl'êmement, et ayant des dents de
(el' grandes, qui mangça et broya, et le reste avec S.éS pieds
fOllla. )) - VII, 3 à 7; - que pal' ces bêtes aient aussi été dé-­
crits les états .successifs de l'Église depuis le premier jusqu'au der­
nier, on le voit ci-dessus, N°' 31.6, 556, 650, 780, 781 : que
dans le premier état ils aient été daus les vrais, et par suite dans
t'intelligence, cela est signifié par le Lion, qui avait des ailes d'ai­
gle, et qui ensuite apparut comme un homme, à qui un.cœur
d'homme fut donné. Que dans le ùel'niel' état ils soient d'apl'ès le mal
ùans des faux de loul genre, cela est signifié pal' la quatl'ième Bête,
N" {029. CHAPITRE DJX-SEPTll~ME. 31ï
qui était terrible, et qui mangea, DI'oya, et le reste avec ses pieds
foula; SUI' cette Bête, plusieurs autl'es choses sont diles, - Vers.
23, 26, 25. - Qu'alors celte Église, qui est devenue Babylonie,
sera détruile, et qu'il sem instaUl'é une Nouvelle Église qui ado­
rera le Seigneur, cela est entendu dans ce Chllpitre par ces paroles:
Il Voyant je {us, et voici, avec les nuées des Cieux comme un

Fils de l'homme; et à Lui (ut donné domination, gloire et


royaume; et tous les peuples, nations et langues Le serviront;
sa domination, domination éternelle qui ne passera point, et
son Royaume, (royaume) qui ne périra point. Et le Royaume
et la domination et la majesté des royaumes sous tous les
Cieux~ seront donnés au peuple 'des saints tl'ès-hauts; son
royaume, royaume éternel; et toutes les dominations L'ado­
reront et Lui obéiront. )1 - Vel's. 13, 1!J, 27; - pal' le Fils
de l'homme il est entendu le Seigneur quant au Divin Humain et
quant à la Parole; que par Lui doive être instaurée une Église qui
l'adorera, cela est entendu pal' le à Lui fut donné domination,
gloire et J'oyaume; sa domination, domination êtel'nelle qui ne pas­
sel'a point; et l'Église qu'il doit instaUl'er est entendue par le
1)

royaume donné au peuple des saints, Que cela doive al'l'iver quand
l'Église' est devenue Babylonie, c'est-à-dire, est tellement dévas­
tée, qu'il n'y reste plus aucun hien ni aucun vl'ai, c'est parce qu'a­
lors c'est sa fin, ainsi quand il n'y a plus là aucune Église: cette
fin est entendue par la fin de la Babylonie, non pas que leul' culte
idolâtl'ique dans le Monde doive êlre d~II'uit avec eu", cal' ce culte
l'estera, cependant non comme culte d'une Église quelconque, mais
comme culte de paganisme; c'est pourquoi aussi les mêmes après
la mOl't viennent parmi les parens, et non plus parmi les Chrétiens.
Toutefois, il est fOl'mé par le Seigneur une Nomelle Église de ceux
qui ont adoré, non pas le Pape, ni les saints, ni des images taillées,
mais le Seigneur, L'idolâtl'ie Babylonienne est décl'ite dans Daniel
par le la haute statue que le Roi Nébuchadnessar dressa, et
au sujet de laquelle il rendit cet édit, que tou,~ se prosterne­
l'aient et l'adOl'eraient, et que reux qui ne le (emiellt pas se­
raient jetés au milieu de la fournaise embrasée, 1) - III. 1 à
7, - Cette idolâll'ie esl aussi décrite. dans le Même, pal' Cl le sta­
tut que Darius le AtMe établit, que personlle n'adresserait
318 L'APOCALYPSE I~XPLIQUÉE, N" 1029.

de priere à aucun Dieu, ni à aucun homme, sinon au Roi; et


que celui qui, dans l'intervalle de trente jours, adresSf!1"ait
quelque priere à un Dieu ou à un homme serait jeté dans la
fosse des lions, II - VI. 8, 9, 1.0; - pal' ces choses est décrite
Babel ou la Babylonie quant àla domination SUI' les choses saintes,
et quant à l'usul'pation du pouvoil' Divi~; et leUl' dèstruclion èst
décrite en ce que tous ceux qui avaient conseillé à Darius d'établil'
ce stalut fUl'cnt jetés dans la fosse des lions et dévol'és, Babel est
encore décrite, dans Daniel, (1 en ce que le Roi Beltschassar,
avec ses magnats, us épouses et ses concubines, but le 11in
dans les 1Jases d'or et d'argent que Nébuchadnessar son père
avait tirh du Temple de Jérusalem, et qu'en même temps
ils louèrent le,~ dieux d'or et d'argent, d'airain, de fer, de
bois et de pierre, et qu'alors ulle écriture lui apparut sur la
muraille; après quoi le roi cette nuit-là (ut tué. 1) - V. 1 à
30; - par ces choses était représentée et par suite signifiée la
profanation des choses saintes de l'Église pal' ceux qui sont de la
Bllbylonie, et qui étendent leUl' domination jusque sur le Ciel, cal'
il est dit: (( Au-dessus du Seigneur des Cieux lu t'e,~ élevé,
100·,~que tu ilS (ait apporter les 1JaSes de sa maison devant toi,1)
- Vers, 23;· - par ces passages dans Daniel on peut voir que
par la Babylonie ou par Bahel, dans la Parole, il est entendu l'a­
moul' de la domination SUI' le globe tel'restl'e, puis sur le C.iel et
Slll' le Seigneur Lui-Même, et que l'Église du Seigneur devient
successivement une Babylonie, et qU'à mesure qu'elle devient Ba­
bylonie, elle est dévastée quant à tout bien de l'amoul' et à tout
vrai de la foi, et que cela est sa fin, à savoir, qu'elle n'est plus
Église; et lorsqu'elle Il'est (llus Église, elle est mise au nombl'C
ùes nations idolâtres, excepté ceux qui adol'ent le Seigneur, ticn­
nent la Parole pOUl' sain le, et admeltent l'instruction d'après la
Parole, Babel ou la Babylonie est décl'ite aussi, dans Ésaïe: « J ého·
valt aura compassion de Jacob, et il choisira de nouveau b­
rnël, pour les placer SUl' leur terre, Et il arrivera, au jour
que Jéhovah te fera reposer de ta douleur, que tu pronon­
aras cette parabole ,çur le roi de Babel, et diril,ç : Comment
a ces,çé l'exacteur, a cessé le dhir de.l' or! J éhovalr a brùé If}
b!Ê.t?2~ des: impif's, li!:. t'l'rgt! de C~IIX qui domi'!..f1iqll; de là ~e
N° l029. CHAPlTHE DlX-SEPTII~MK 319
repose, tranquille est tOLlte la terre; ils ont éclaté en accla-
mation; mime les chénes se réjouissent à cause de toi, les
cèdres du Liban; depuis que tu as succombé, point n'est
monté de coupeur sur nous. L'en{er d'en bas s'est ébranlé à
cause de toi, en venant au-de'l.Jant de toi; il a excité il cause
de toi les Réphaim, tOllS les puissants de la terre; il a {ait le-
ver de leurs trônes tous le.~ rois des nations; tous ils répon-
dent et te disent: Toi aussi, tu as été affaibli comme nous! à
nous tu es devenu semblable! dans l'en{er a été précipitée ta
maguificence, le tumulte de tes nablions; sous toi est étendu
le ver, et ce qui te couvre, c'est la vermine. Comment es-tu
tombé du Ciel, Luci{er, fils de l'aurore, as-tu été abattu à
Len'e, as-tu été affaibli au-dessous des nations? cependant,
toi, tu a't'ais dit dan.ç ton cœur: Au-dessus des étoiles du ciel
f élèverai mon tl'ône, et je m'assiérai en la montagne de con-
t'ention, dans les côtés du Septentrion; je monterai au-dessus
des hauts lieux de la nuée, je deviendrai semblable au Très-
Haut. Cependant vers l'en{er tu as été précipité, ver.ç les
côtés de la {osse. Ceux qui te voient te comidèrent : Est-ce
là cet homme qui ébranlait la terre, qui {aisait trembler les
royaumes, qui a réduit le globe en dhert, et en a détruit les
villes? Toi, tu as été rejeté de ton sépulcre, comme un reje-
ton abomidable, un vêtement de tués, transpercés par l'épée,
qui descendent vers les pierres de la {osse, comme un cadavre
{oulé aux pieds. Tu ne seras point rélmi avec eux dans le
sépulcre, cm- ta terre tu as pel-du, ton peuple tu as tué; nom-
mée ne sera point à éternité la semence des mal{aisants. Pré-
parez pour ses fils la tuerie, à cause de l'iniquité de leurs
pères; que point ils ne se relèvent et ne possèdent la terre;
et que soient remplies, les {aces de la terre, de villes. Car je
me lèverai contre eux, parole de Jéhovah Sébaoth, et je 1-~­
trancherai ù Babel nom et resJ..e, et {i4 §1 p~f.!l-fjls. Je la ré-
ctairai en héritage du canard, et en étangs d'eaux, et je la
balaierai avec des balais de destruction. Et je brùerai Âs-
chur dans ma terre, et sur mes montagnes je le {oulerai.)l-
XIV. 1 à 25; - Ioules ces choses onl élé dites de Bab,el, elnoll
.pas ci'un certain diable, créé ange de lumière, el précipilé en enfer
320 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 102~1.

après qu'il fut devenu rebelle, et appelé Lucifer fils de l'aurol'e d'a­
près son primilif état: que Babel soit décrite ici, on le voit par le
Vel's. !J et par le Vers. 22 de ce Chapitre, où le l'oi de Babel ct Bn­
hel sont nommés, car il est dit « tu prononceras cette pm'abole
:lW' le roi de Babel; )1 et ensuite, «je retrancherai ri, Babel
nom et reste; Il il faut qu'on sache que, dans la Parole, pal' le Roi
il est signifié la même chose que pal' son Royaume: si Babel est
appelée Lucifer fils de l'aurore, c'est pal'ceque, ainsi qu'il a été dit
ci-dessus, Babel dans le commencement est une Église qui est dans
un zèle pour le Seigneur, pOUl' le bien de l'amour et pOUl' les vrais
de la foi, quoique en dedans_du zèle deses.p:g;teQl'S so~tç~.-'e
feu de dominer pal' les choses sainles de l'Église sur t9!l~ ceux
qu'ils peu vellt subjugu.er; de là vient que Bahei est appelée Lucifer
fils dè l'aUl'ol'c; c'est aussi pour cela que son l'oi est appelé « le roi
des rois, en la main de qui toutes choses ont été données, » el
appelé allssi (e la tête de la statue, qui était d'or, Il-Dan. II. 37,
38; - puis aussi « Arbre au milieu de la terre, grand de hau­
teur, 1) - Dan. IV. 7, 19. - Babel au commencement a aussi
élé entendue par «( le lion qui avait des ailes d'aigle, et qui en­
suite apparut comme un homme, et à qui un cœur d'homme
fut donné, 1) - VII. 11; - el elle esl appelée e( ornement des
royaumes, et honneur de la magnificence des Chaldéens,» ­
Ésaïe, XIII. 19; - et il est fail menlion d'elle parmi ceux qui
(1

connaissent Jéhovah, Il - Ps. LXXXVII. !J; - comme, main­


tenant, par Babel au commencement il est signifié une telle Église,
c'est pOUl' cela qu'ici le Roi de Babel est appelé Lucifel' ms de l'au··
1'01'e, Lucifer à cause de la lumière du vrai alors, el fils de l'aurore
à cause du commencement de la lumière ou du jour, cal' l'Aurore
est l'Église à son commencem~nt; mais toujours est-il que dans ce
Chapitl'e celle Église esl décrite quant à son état à sa fin, 101'sque
Babylone fut devenue une prostituée; cet état existe quand il ne
reste plus aucun bien de l'amour ni aucun vrai de la foi; c'esl cel
état qui est entendu par sa destruction et sa condamnation à l'en­
fer; leur destruction dans le Monde consiste selliement en ce que,
après la mort, il y a l'enfel' pOUl' ceux qui se sont arrogés le pou­
voir Divin et l'ont exercé, et qui pOUl' cetle fin ont tenn les peuples
ùe lu lel'l'/~ ùans une ohscurité épaisse 011 ('aveuglement, et dans lin
'" 1029. CHAPITRE JJlX-SEPTIImE. ;)2'J
culLe idoliul'ique, SUI'tOut en détournant les hommes du culte dll
Seigneur. Comme ce sont là les choses qui sont décrites ùans ce
Chapitre, je vais expliquer en peu de mots celles qui viennent d'en
être l'apportées: (1 Jéhovah aura compassion de Jacob, et il choisira
de nouveau Israël, pOUl' les placel' Sil!' leur tene, Il signifie la Nou­
velle Église qui doit être instaurée pal' le Seigneur après la fin de la
Babylonie: « enee joul'-là, tu prononceras cette parabole SUI' le roi
de Babel, et diras: Comment'a cessé l'exacteUl', a cessé le dé..c:;ir
de )'or! Il signifie la ùéli\'l'ance de la capth:ité et de la servitude spi­
rituelles, dans laquelle avaient été ceux qui étaient sous sa domina­
tion : « Jéhovah a bri:;é le ucllon des impies, la verge de ceux qui
dominaient, Il signifie qu'ils n',auront plus aucun pouvoir par les
vrais d'après le bien, parce qu'ils sont dans de pUl'S faux d'après
le mal; celte impuissance existe,polu' eux dans le Mon,de spil'ituel:
(1 de là se repose, tl'anquille est toute la leI'l'e; ils ont éclaté en ac­
clamation; même les chênes se réjouissent à cause de toi, les cedl'es
du Liban; ,depuis que tu as succomhé, point n'est monté de COl,lr
.fleur sur nous, )1 signifie que ceux qui sont dans les connaissances
du bien et du vrai ne sont plus infestés par eux, la terre est la
Nouvelle Église qui sCl'a tl'unquille à l'égard d'eux, les chênes et les
cèdres ,du Liban sont les connaissances du bien et du vrai dans le
sens externe et dans le senslinterne; point n'est monté de coupeur
sur eux, c'est qu'il n'y aUI'a plus infestation: « l'enfer d'en bas
s'est ébranlé à cause de toi, en venant au-devant de toi; il a excité
à cause de toi les Réphaïm, tous les puissants de la tene; il a fait
lever de leul's tl'Mes tous les rois des nations, Il signifie le plaisir
de la vengeance de ceux qui sont dans l'enfer: (( tous ils répondent
et te disent: Toi aussi, tu as été affaibli comme nous! à nous tu es
devenu semblable! dans l'enfer a été précipitée ta magnificence, le
tumulte de tes nablions,) signifie ce plaisir, parce qu'il est devenu
semblable à eux, et est pal'eillement dans les faux du mal: (( com­
ment es-tu tombé du Ciel, Lucifer', fils de l'aurore, as-tu été abattu
à terre, as-tu été affaibli au-dessous des nations, Il signifie la mo­
querie de ce qu'il est devenu tel, quoiqu'au commencement il eût
été dans le Ciel, parce qu'il était dans le bien de l'amour et dans
les nais de la foi; ces choses ont été dites par ceux qui sont dans
l'enfer, parcc que pour cenx qui sont là rien n'est pins agl'éable
VI. 21.
q

322 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. !\" 1029.

qlle d'arracher quelqu'un du Ciel, ct de le perdl'e pal' les faux du


mal: « cependant, toi, tu avais dit dans LOu cœur: Au-dessus des
étoiles du ciel j'élèverai mon trOne, et je m'assiérai en la montagne
de convention, dans les cOtés du seplentrion; je montel'ai au-des­
sus des hauts lieux de la nuée, je deviendrai semhlable au Très­
Haut; li ce SOllt aussi des pal'oles de moquel'ie SUI' le fasle de
leur dominalion, en ce qu'ils l'éte!1dent jusque sur le Ciel, et s'ar­
rogent le pouvoil' Divin, et ainsi soumellent à leur arbill'e toutes
les choses du Ciel et toutes celles de l'ltglise, dans le but d'être
honol'~s et adol'és comme ùes (heux; la montagne de convention
aux cotés du septentrion, c'est où l'on monte dans les Cieux; au­
dessus des étoiles et au-dessus des hauts lieux de la nuée, c'est
SUI' le Divin Vrai; les étoiles sont les connaissances du bien et du
vrai; les hauts lieux de la nuée sont les vrais intél'ieUl's de la Pa­
l'ole: Cl cependant vers l'enfer lU as été p"écipité, vers les cOtés de
la fosse; ceux qui te voient te considèrent: Est-ce là cet homme
qui ébl'anlait la terre, qui faisait trembler les royaumes, qui a ré­
duit le globe ell déseI't, et en a détruit les villes? li c'est la conti­
nuation de la moquerie par ceux qui sont dans l'enfer, et aussi de
la vanité qu'ils tirent de ce qu'il a été préeipilé du Ciel; les cOtés
ùe la fosse, ce sont dans l'enfel' les lieux où il n'y a que ,les faux
du mal; par la terre, les ,'oyaumes et le globe il est signifié ('É­
glise, et pa,' les villes les doctrinaux: Il toi, tu as été rejeté de ton
sépulcre, comme un l'ejetou abominable, un vêtement de tués,
lJ'anspercés par l'épée, qui descendent vel's les piel'res de la fosse,
comme un cadavre foulé aux pieds, li signifie l'état de leur dam­
nalion; le vi:tement de tués, tl'anspel'cés pal' l'ép-ée, et le cadavre
foulé aux pieds, signifient la damnation de la p,'ofauation du vrai:
Il lu ne seras point réuni avec eux dans le sépulcl'e, car ta terl'e tu

as perdu, ton peuple tu as tué; nommée ne sel'a point à éternilé la


semence des malfaisants, n signifie une damnai ion )Jlus gr'a"e que
pOlir Ions les autres, parce qu'il avait étouffé toutes les choses de
l'Église: prépal'ez pOllr ses fils la tuerie, à cause de ('iniquité de
(l

leurs pères; que point ils ne se relèvent el ne possèdent la terre,


et que soient l'emplies, les faces de la terre, de villes, li signifie
leur ùestruction à éternité: « je l'elr'anchel'ai à Bahel nom et resle,
~' fils et petit-fils, signifie la ùeslru(:lion lotale, par'ee qu'ils Il'ont
1)
V' i029. CHAPITRE DIX-SEPTIÈMg. 323
plus rien ùu bien ni ,'ien du vrai: (1 je la l'éduil'ai en héritage du
canard, et en étangs d'eaux, ct je la balaierai avec des balais de
destruction, Il signilie le faux infernal par la destruction du vl'ai :
li je briserai Aschur dans ma terre, et sur mes montagnes je le

foulel'ai, Il signifie que dans la Nouvelle Église il n'existera aucun


,raisonnement d'apl'ès les faux contre les Hais et les biens. En
outl'e, les choses qui sont dans ce Chapitl'e ont été expliquées avec
plus de délailsdans d'autres passages de ce Livre; voir, pal' exem­
ple. N°' 223, SOlr, 315, 331,386, ft05, 539,589, 59ft, 608,
659,687,697, 72ft, 727,730, 7ftl, 768, 8B, Dans le·Même:
l( Ainsi sera Babel, ornement des t'oyat/mes et honneur de la

magnificence des Chaldéens, comme la subversion de Dl:eu,


Sodome et Gomorrhe; elle ne ,~era point habitée li éterr.ité,
et l'on n'y demeurera point li génél'ation et génératioll, de
sorte què l'Arabe ne s'y arrêtera point, et les be1'ge1's n'y
parqueront point; mais /li coucheront les ziim, et remplies
,l'e1"onl leurs maisons d' ochim, et là habile1'ollt les filles de la
chouette, et les satyres y sauteront: et même répondront les
iim dans ses palais, et les dra,90ns dam ses palais de dé/ice.~.
Proche esl. son temps, et iI1)iendra, et ses jours ne seront
point prolongés. Il .,...- XIII. 19 Il 22; - dans tout ce Chapitre,
il s'agit de la dévastation totale de toutes les choses du bien et de
toules les choses du nai de l'ltglise chez ceux qui sonl de la Baby­
Jonie; par (1 ainsi sem Bahel, Il il est entendu la grande ville ap­
pelée Babel, mais pal' elle dans le sens spirituel il est entendu l'É~
glise qui est devenue Babylonie ,: Babel est appelée « ornement des
royaumes Cl honneur de la magnificence des Chaldéens, Il d'après
la sagesse de celle Église à son commencement, ainsi qu'il a été
précédemment dil; mais, en général, pal' Bahel ou la Bahylouie
il est entendu l'Église dans laquelle tous les biens de l'amoUl' ont
élé délruilset enfin profanés, et par la Chaldée l'l~glise dans la­
quelle tous les vrais ùe la foi ont élé délruits el eolin pl'oraoés;
de là vienl qu'ellc esl appelée (( la suhversion de Dieu, Sodome
el Gomorrhe; Il Sodome aussi signifie la deslruction de tout hien
pal' l'amoul' de soi, el Gomorrhe la desll'uClion de tout \'J'ai par
suite: «( elle ne sera point habilée à éternité, ct l'on n'y demeu­
rera point à génér:ltion el généralioll, Il signifie sa d~sLJ;u('tinn à
3211 L'APOC:\ LYPSE EXPLIQUÉE, N" 1029.

éternité; ne point être habitée à étel'nité concerne la destruction


du bien, et ne point y demeuJ'el' à généJ'ation et gén61'ation con­
cerne la destl'Uction du vl'ai; cal' ceux qui détruisent le bien et le
vl'ai, et embrassent ensuite à leur place le mal et le faux, ne
peuvent pas être réformés; il en est aull'ement de ceux qui sont
dans les maux et dans les faux, et n'ont pas déll'uit le bien
et le vrai, comme sout les gentils qui ignorent le bien et le vrai:
(( l'Arabe ne' s'y al'rêter'a point, et les bergers n'y parqueront
point, Il signifie que l'Église deviendra un tel désert; l'Arabe est
celui qui \'it dans le déserl, mais comme il n'y a pas là ùe moisson
ou de fl'Uit, il ne s'y al'rête.point; il en est de même du troupeau
des bergers, quand il n'y a pas de pAtUl;llge : (( là coucheront les
ziim, et remplies sel'ont leul's maisons d'ochlm, Il signifie les faux
et les maux infel~naux qui sont chez eux; les ziim sont les faux
infernaux, et les ochim sont les maux infel'Oaux, la maison est Je
mental de ceux qui sonllels : (1 là habitel'ont les filles de la chouette,
el les satyres y sauleront, Il signifie que là il Yaura les vrais falsi­
fiés et les biens adultérés; les \'l'ais falsifiés sont les filles de la
chouelte, et les biens adultérés sont les saty.'es; sautel', c'est la joie
provenant d'un amour corrompu qui a adultéré le bien de l'amolli' :
(( les iim répondront dans ses palais, et les dragons dans ses pa­
lais de délices, Il signifie ces biens adultérés et ces vrais falsifiés
dans leurs doctrines, Babel est pareillement décl'ite dans d'aull'es
passages, dans les Prophèles;pal' exemple, dans Jérémie : ((Épée!
contre Babel; épée! contre ses U'ésors, pour qu'ils soient pil­
lés; sécheresse sur ses eaux, pour qu'elles tarissent, parce
que, terre d'images' taillées, elle; et de choses horribles ils se
glorifient; c'est pourquoi y habiteront les ziim avec les iim,
et en elle habiteront les filles de la chouette; elle ne sera
point habitée à éternité, et l'on n'y demeurera point à géné­
ration et génération; comme la subversion de Dieu, Sodome
et GomorThe, et leur,çvoisines, il n'y habite7'apoint d'homme,
el il n'y demem'era point de Iils d' homme, Il - L. 37 à 40.
-Dans le Même: (1 Fuyez du milieu de Babel, et saU1)ez, cha­
cun sail âme, de peur que vous ne soyez ret7'{lllChés à caUS(i
de son iniquité. Coupe d'or, Babel, dans la main de Jého­
1,'all.. eni?"rnllt toutt: fa llU'I'f; d, .~on 1'Ùl ont bu IfS Ilation.ç;
N° :1.02\1. CHAPITRE DIX-SEPTIÈMK 325
c' e.~t pourquoi eLles sont (oLles, les nations: soudain eLle est
tombée, Babel, et elle a été brisée. iIf e voici contl'e toi, mon­
tagne qui détruis, dit Jéhovah, qui détruis toute la terre; et
j'étendrai ma main contre toi, de telle sorte que jc te dérou­
lerai d'entre les rocltel's, et je te réduira.i en montagne de
combustion: et l'on ne prendra point de toi la pien'c pour
l'angle. Babel sera en monceaux, habitacle de dl'agolls~ stu­
peur et sifllement, et point d' habitant. 1) - LI. 6, 7, 8, 25,
26, 37. - Dans É~ie : c( Maintenant, écoute ceci, Bq.bel,
(toi), celle qui est assiu en sécurité, qui dit en son, cœur:
bloi, et point d'autre comme rt}oi, je Ile m'assiérai point
veuve, et je ne connailraipoillt la prù,atioll d'en(an($: or
?Jiendront .sur toi ces deux choses en un moment dans un
mémejour, la privation d'enfants et le veuv,age; pleinemertt
elles 'viendront sur toi, à cause de la multitude de les pres­
tige.~, et .à. cause (le la .grandeur de tes enchantements; car
tu t'es confiée dan,~ ta malice, tu as dit .. Personne qui me
voie; ta sagesse et La sciellce, cela t'a séduite, lorsque tu a.Y
dit dans ton cœur: Aloi, et point d'autre comme moi: c'est
pourquoi, il viendra sur toi un mal que tu ne sauras pas con­
iw'er, et il Lombera sur toi une calamité que tu ne pourras
pas expier; et il viend1'a sur Loi tout à coup une dévastation,
tu ne le sauras pas. » - XLVII. 8, 9, 10, 11 : - ainsi est
décl'îte la destruction de Babe!, non-seulement dans ces passages,
mais encol'e dans tout le C~apitreX.LVII dans Ésaïe, c~ dans .tout
le Chapitre L et tout h~iCh~pitl'e LI dans'Jél'émie;puis Chap. XX)'
8,9, dan.s Ésaïe; P~. CXXXVI. l, 8,9, dans David. L'adulté­
ration du bien et la falsification du vrai pal' les Juifs sont aussi dé­
crites, par 'eulls s~ortations eI! Égypte, etl ensuite avec les fils d' f>..s­
chur, et-enfln,avec 1,~s.flI~ de Babel eLavee les Chaldéens"....,.-Ézéch.
XIX. 1 à la fin. XXIII. 1 à la fin; - et par la scol'talion en
Égypte est s!gniflée la falsification du vl'ai d'après l'homme natu­
rel, laquelle se fait pal' de~ illusions, des appal'ences el ùes scien­
tinques; par leUl' sCQrtation avec les fils d'Aschllr est signifiée la
falsification du vrai d'après l'homme l'ationnel, laquel1c sc fait pal'
des raisonnements et par des sophismes proven:wl ù.'illusions, d'ap­
p1l.l'ences et. Ide scielltifique~; pal' leul' scol'iaiion avec les fils oc ,Ba­
326 L' APOCAL YPSE EXPLIQUÉE. N° i02U.

bel elllvee les Chaldéens il est signiOé l'adultél'alion du bien el la


profana lion du \'l'ai. Quand donc les fils d'Isl'aël se furent entière­
ment délachés des slatuts, qui élaient les repl'ése'nlatifs des spiri­
tuels de l'Église, pal' lesquels ils avaient communication avec le
Ciel, ils furent tous mis alors entre les mains du roi d'AssYI\ie, cal'
il n'y avait plus chcz eux aucune Église l'epl'ésenlative, ni par
suite aucune communication avec le Ciel: sur leurs pl'évaricalions
et SUI' leul' "lransmigralion par le roi d'Assyrie dans' ses villes, et
aussi, dans Babel, voir Il Rois, XVII. i à la lin. La même
those a""iva aux Juifs, après que !:Cux-ci cUl'ent adultéré et pr'o­
fané tous les statuts, 10US les jugements et toutes les lois, qui re­
présenlaienl le hien de l'amoul' et le vrai de la foi, de sorte qu'i!
ne l'eslail plus rien du bien et du vrai, el quand pal' suite' leur
Église fut devenue une Babylonie, ils f\lrent mis alOl's enlre les
maills de NéiJuchallnessul', roi de Bahel, non.seulemen'tleul's l'ois,
et leurs princes, et tout le peuplc, mais aussi -tous les Il'ésors de la
maison de Jéhovah, et' ensuite lous ses vases d'or, et en outi'e le
Temple lili-même fut brùlé, - II Rois, XXIV. 1 à 20. XXV.
1 à 26; et de plus, Ésaïe, XlII. li, 18. XXXIX. 6, i, Jél'ém.
XX. 11,5. XXI. !J HO. XXV. 1 à 12. XXVII. 6 à 22. XXVIII.
1 à 16, XXIX. à 21. XXXII. '1 à i. XXXIV. 1 à 7, 18 à 22.
XXXV. 1.1. XXXVIII. 17 à 23. XXXIX. 2 à 18. XLI. 1 à
12. LII. 1 à la fin. - Leurs Il'ansgressions furent, qu'ils avaient
l'empli de sang innocent Jérusalem, '- II Rois, XXIV. !J; ­
qu'ils avaient offert des pal'fums à Baal, et'des libations à d'autres
dieux; qu'ils avaient mis des ahominations dans la maison de Jého­
vah, bâli des hauls lieux il Baal, dans la vallée de Hinnom, livré
Itful"S fils et leul's filles à' Molech, ~ Jérém. XXXll~ 29 à 35 ; ­
loutes choses pal' lesquelles était signifiée la profanation des choses
sainles de l'Église, telle qu'est la' profanai ion signifiée aussi pal'
Bahel; c'est· pOUl'quoi, aOn que la tene, par laquelle était signifiée
('Église, ne fùt plus profanée pal' eux, et aussi afin que Babelr'e­
vêm pleinement pal' sn'ite sa repl,éseutalion, il leur fut dit pal' Jé­
l'émie de se li Vl'CI' eux-mêmes enlr'e les mains' du roi de Babel, et
cjue'ceu~ qui ne se 1i\'I'eraient pas'; mais l'esteraient dans la terl'e,
moul'l'aient pttr' l'épéc\ [laI' la: famine et pal' la pesle, - Jérém.
XX V, 1 il l:l. - Miüs comme le ScigncUI"de\'ail naill'C dans celle
N° 1029. CHAPiTRE DiX-SE'PTlÈME. 327
natiou, et se manifester là où était alors l'ltglise et où était sa Pa­
role, c'est pour cela que cette nation, après une captivité de soixante·
dix ans, fut l'amenée de Babel, el que le Temple fut l'eMli; mais
néanmoins il. ne l'esta chez eux d'autre Église qu'une l~glise sem­
blable à cene qui est appelée Babylonie, comme on peut le voir pal'
plusieurs choses que le Seigneur a dites de celte Nation, et pal' la
manièl'e dont ils Le reçurent; c'est pourquoi, Jél'usalem fut denou­
veau détruite, et le Temple fut consumé pal' le feu. En général, il
faut savoil' que toule Église au commencement est comme une
vierge, mais que par le 'pl'ogl'ès du lemps elle devient une prosti­
tuée, cal' elle entre par degrés dans la vie du mal, et pat' suite elle
embrasse la doctl'ine du faux, à mesure que pal' degrés elle com­
mence à s'aimer et-à aimer le Monde; et alors d'Église elle devient
ou Babylonie ou Philislée, Babylonie chez ceux qui s'aiment par~
dessus toules choses, el Philistée chez ceux qui aiment le Monde
par-dessns toutes choses; car de même que s'accroissent ces ùeux
amours, de même les hommes de l'Églii;e adultèrent et falsifient
les biens et les vrais de la Pal'ole, ce qui est de viel'ge devenil'
Pl'Oslittlée. Que la première Église après le déluge ser'ait aussi ùe­
veoue Babylonie, si le Seigneur' par la rlispersion de leUl' religion
n'en eût empêché la tentative, cela est repl'ésenlé'et signilié pal' la
tour,qui devait montel' jusqu'au ciel, que les descendants de Noach
avaienl commencé deJlâtir; voir Gen. Xl. '1 à 9, et l'explication
Q!li en est donnée dans les ARCANES CÉLESTES, N°' '1283 à '1328.
Apl'ès avoir montré, d'après la Pamle, ce qui est signifié en géné­
l'al et en particulier' pal' Babel ou la Babylonie, ,nous pouvons,
di~posés que nous s~nme~, passel' à l'explication des chl,lses qui
ont été pl'édites dans ce Chapitre, et dans le Chapilt'e suivant, sur
la Babylonie et SUI' s.a destl'Uction.
'1030. Vers. 1, 2. Et vinz un des sept Anges qui avaient
les sept fioles, el il me pm-la, me,disant.: Viens, je te mon­
trerai le jugeme.nnt, de la Prostituée gmnde, qui est assise
sur les eaux abondantes, - Avec laquelle ont commis scor­
tation les Rois de la terre, et se sont enim-és du vin de sa
scortation les h.abitants de la te'-l'e. - Et vint un de.~ sept
Anges qui avaient les sept fioies, et il me parla, signifie l'état
de l'J~glise chez les Catholiques·Bomains, manifesté: me diSllllt :
328 L'APOCALYPSE. EXPLIQUÉE. N° ~O~O.

Viem, je te montretai le jugemeut de la Prostituée grande,


signifie leUl' religiosité, dans laquelle tout bien et tout vrai de l'É­
glise ont été adultérés et profanés: qui est assise sw' les eaux
abondantes. signifie dominant SUl' toutes les choses de la Parole,
et par suite sur les choses saintes de l'Église: avec laquelle ont
commis scortation les Rois de la terre. signifie qu'ils ont falsi­
fié tous les vrais de l'Église: et se sont enil,rés du vin de sa
scortation les habitants de la terre. signifie que d'après les
choses falsifiées ceux qui sont de l'i~glise sont devenus insensés.
1031. Et vint un des sept Auges qui avaient les sept fiJJles.
et il me parla. signifie l'état de l'Église chez les Oatholiques­
Romains. mani(esté: on le voit pal' la significaholl de l'Ange
qui avait Wle fiole. en cc que c'est la manifestation de l'état'de
l'J<~glise pal' le Seigneur', comme ci-dessus, Nol, 869, 878; 883;
que ce soit une Iiuanifestation SUI' l'état ùe l'Église chez les Clltho­
Iiques-fiomains, c'est pal'ce que dans ce Chapitl'e et dans le suivllOt
il s'àgit de la Babyloni'C, par laquelle est entendue la religiosité
chez les Catholiques-Romains. Si l'un des sept Anges vint, c'est
pal'ce que dans le Chapit'I'e pl'écédent par les sept Anges qui avaient
les sept fioles il est entendu la mal1ifestation de l'état de l'Églisè
chez les Réfol'més ; ici donc, c'egt chez les Catholiques-Romains;
c'est même pOUl' cela que, quand le SeplièmeAnge versa sa 'fiole,
il dit: Il Et de Babylone la grande il y eut mb'Mire lievm'z't
Dieu~ pOUl' lui donner la coupe du vin de l'émpo;·tenléht de
sa colère. Il - Clwp', XVI. if). 1
1032. Me diSant: Viens, je ~e montl'erm' le jugement de
la Prostituée grande. signifie' leur religiosité~ 'dans laquelle
tout bieli et tOut'vrai de l'Églfse ont été adultérés et profa­
nés: on 10 voit pal' la signification ùu jugement. en ce que c'est
tout ce qui concerne leur religiosité, et enfin sa cond'amnation; et
par la signification de la prostituée grandè~ 'ln ce que c'est'I'ildul­
tération et la pl'ofanalion du bien et duvl'ai'de l'I~glise; voir ci­
dessus, N°s U1, 161, 81.7,881; si cela est signifié par lil pros­
tituée grande, c'est pal'ce que pal' elle est entendue B'abylohe,
comme on le voit c1air'ement pal' le Vel'set 5 de ce Cha'1'>itre, où il
r~~t dil li SUI' le (l'ont de la Pl'ostitule il y avait UI1.' Nom'&rit :
lllysth'r.; Baby/o1/(' fa gl'alldr, /a mère de,ç M'QI'tations I!l de",
"ers, 1. CHAPl'l'RL~ DiX-SEPTiÈME. 329
abomil1alio/l~ de la te/'re, Il et que par Bahylone il est signifié
l'adultération et la profanation du bien et du vrai, comme il a été
amplement monll'é dans l'Article ci-dessus, N° 1.029, La l'aison
pour laquelle Bahylone est appelée Prostituée grande, et mère
des scortations et des ahominations de la terre, c'est que l'amour
de dominel' SUl' toutes les choses du Monde, et principalement SUi'
toutes celles du Ciel et de l'Église, et enfm SUI' le Seigneur Lui-
Même, ne peut absolument que changer les Divins VI'ais en faux
et les Divins Biens en maux, ainsi l'Église en une religiosité dans
laquelle tout bien et tout vrai de l'Église ont éLé adultérés et pro-
fanés; cal' pal' cet amour l'homme se détourne entièrement du Sei-
gneur, et se tourne verslui-mêtne, et ainsi il ne peuL plus être con-
duit par le SeigneUl" mais il est conduit pat' son propre, et êtl'C
conduit par son propl'e, c'est être conduit par l'enfer: l'homme est
conduit ou d'après le Ciel ou d'après l'enfer; il ne peut pas être con-
duit en même' temps et d'après l'un et d'après l'autr'el ; il est conduit
d'apt'ès Je'Ciel, quand il est conduit pal' le Seigneul', et il est con-
duit d'apl'ès l'enfel', quand il est conduit pat'Iui-même; car l'homme
a été créé de manière qu'il puisse être éle\'é hors de son propre et
pensel' dans l'élévation, et il est élevé lIol's du propre et pense dans
l'élévation, alol's qu'il est élevé pal' le Seigneur, et cela al'rive quand
ill'econnatt le SCifneuI' et Son Divin pouvoir SUI' le Ciel et SUI' la
tene; pal' celle confession et pal' la foi du cœur il se fait pour lui
UlIe' conjonction avec le Seigneul'; et quand se fait la conjonction,
alors les intérielirs qui appartiemient li son mental\ ou li son en-
tendement et à sa volonté, sont tenus }laI' le Seigneur dans l'intui'-
tion du Seigneur', ce qui a lieu pal' l'élévation hors 'du propre, et
quand l'homme pense dans celle élévation, alors il pense le vl'ai
d'après le SeigneUl', el il fait le bien d'apres le Seigneur, Le con-
traire arrive quand l'homme amhitionne la dominalion sUl'le Monde,
sur Je'Ciel et sur le Seigneur, l'homme alors pl6ngedans son propre
les intérieurs de son mental, qui appal'tiennent li sa pensée et à sa
volonté, et quand l'homme a été plongé dans son propre, il pense
el veut d'après l'enfer, ainsi il pense et veut des faux et des maux,
et cela, parce que le propr'e de ['homme n'est que mal, car c'est
son lllai héréditaire mêmr. : tels sont donc les Bab)'loniens; c'est
pourquoi ils ont adultéré et profané IOlls le~ biens et tous les vrais
330 L'APOCALYPSE EXPLIQuim. t\·103~.
de l'Église: de là vient que Babylone est appelée Prostituée, et
mère des scortations et des abominations de la terl'c.
1033. Qui est assise sur les eaux abondantes, signifie do·
minant sur toutes les choses de la Parole, et par suite sur les
choses saintes de l'Église: on le voit par la signification d'être
assis, en ce que c'est soumettl'e à son jugement, et faire de son
dl'oit, et ainsi dominel'; c'est de la qu'ilest dit êtl'e assis pour le
jugement etêtl'e assis SUl' le trOne; voir ci-dessus, N° 68i; et pal'
la signification des eaux, en ce qu'elles sont les vrais, No' i1,
683, 518, 85lt, ici toutes les choses de la Parole, parce qu'il est
dit «( les eaux abondantes, )) et qu'il s'agit de la Prostituée, qui est
la Babylon ie, par laquelle il est entendu l'adultération et la pl'ofa­
nation de l.a Parole, de laquelle procède lout bien el tout vrai de l'É­
glise. Si pal' les eaux ahondantes il est signifié aussi les choses saintes
de l'Église, c'est parce que toutes les choses saintes de l'Église se
réfèrent aux biens et aux vrais qui viennent de la Parole. Des choses
semblables sont signifiées pal' habitel' sur des eaux abondantes,
dans .Jérémie : (( Jéhovah fera ce qu'il a prononcé contre les
habitants de Babel; toi, qui habites sur des eaux abondantes,
des trésors abondants, elle est venue, ta fin, la mesure de ton
lucre. l) - LI. 12, 13; - comme les eaux abondantes signifient
les vl'ais de la Parole, et par suite les choses saintes de l'Église, il
y est aussi ajouté « sur des ll'ésOl's abondants, l) car par les ll'ésors
sont signifiés les Divins Vrais qui sont dans la Parole. Qu'ici les
eaux abondantes si~nifient aussi les choses saintes de l'Église, on
]e verra clairement par l'Explication du Vers. 15 suivan.t, où il est
dit: Les eaux, que tu as Viles, où la Prostituée est assise,
(1

peuples et foules ce sont, et natioizs et langues; et là par l)

peuples, foules, nations et langues, sont entendues toutes les choses


de l'Église, pal'ce que pal' la lelTe dans la Parole est signifiée l'É­
glise, et que pal' suite pal' ceux qui sont SUI' la tene il est signifié
toutes les choses de l'Église; mais il en sel'a dit davantage dans
l'Explication de ce Vel'set. Que les Babyloniens aient soumis à
leur jugement, 3. leur dl'oit et à ,lel\r domination les vrais de la Pa­
role et les choses saintes de l'Église, on peut le voie en ce qu'ils
persuadent au peuple qu'eux seuls comprennent la Parole, et que
nul de ceux qui n'ont pas été inauglll't\s ail ministère ne la eom­
l'ers, 1. t:HAPl1'HE lHX-SEPTiÈME. 3;H
prend, et pal' là ils soumeltent à lelll'domination toutes les choses
de la Pal'ole, et par suite toutes celles de l'Église, La Parole, quant
au sens de sa lettre, est telle aussi, qu'elle peut être amenée à con­
Ot'mel' toute espèce d'h.él'ésie, car le sens de la leUre consiste én
des appal'ences du vrai, qui tiennent renfermés en elles les vrais
l'éels du Ciel, qui sont appelés vrais spirituels, et si ces vrais ne
sont pas révélés et mis à nu, c'est-à-dire, s'ils ne sont pas ensei­
gnés dans les doctrines de l'Église, leurs apparences peuvent être
entl'aînées en faveur d'un faux quelconque, et même en faveul' du
mal, et être perverties: en ,ell'et, les vrais réels de la Parole sont
comme un homme, eLles apparences du··vrai, dans lesquelles con­
siste le sens de la lettre, sont comme des vêtements, d'après les­
quels seuls on ne peut pas juger de l'homme, à savoir, qui il est;
et quelle est sa qualité; si l'on jugeait de l'homme par les habits
seuls, un roi poul'rait êtl'e appelé sèrvitelll', et un serviteuI' éll'e
appelé roi; puis aussi, l'homme bon pOUlTait élt'e appelé méchant,
et le méchant êlt'e appelé bon, et ainsi du reste; pal' conséquent
ceux qui s'al'l'ogent la domination SUI' toutes les choses de l'Église
et du Ciel, peuvent par mille moyens appliquer le sens, dans la let­
tl'e, à leul' domination; et cela, arec grande facilité, pal'ce qu'ils
mettent au-dessus de ['entendement toutes les choses de l'Église, qui
sont appelées saintes, et quand cela est CI'U, et qu'aucun vrai réel
n'est enseigné, les faux infernaux peuvent êtl'e appelés des vrais, et
les maux diaboliques être appelés des biens; hien plus, les simples
peuvent étl'e persuadés que les édits du Pape sont aussi saints, et
même plus saints, que les préceptes de la Parole, lorsque cependant
ceux-ci sont du Ciel, tandis que ceux-là, quant à la plus gl'ande par­
tie, sont de l'enfer; cal' tout édit concernant le gouvernement, la
foi et le culte dans l'Itglise, ayant pour fin la domination dans le
Monde, de quelque lY13nièl'e qu'il appal'aisse dans la forme ex terne,
et qu'il l'etentisse comme dél'ivé de la Parole, vient de l'enfel';
maÎs tout précepte d'après la PaI'ole, ayant pOUl' fin la salvatiolJ
des âmes pal' le Seigneur, vient du Ciel. D'après ces considéra­
tions, on peut l'oir que pal' li étre assis Slll' les eaux abondantes, 'Il
IOl'sque cela est dit de la Bahylonie comme prostituée, il est signi­
fié dominer SUI' toutes les ehoses de la P:lI'ole, et pal' suite sur les
ehoscs ~Hillles de l'l;:glis(o,
332 L'APOCALYPSE EXPLiQUÉE. N° f034.

10ah. Avec laquelle ont commis scorlation les Rois de la


te",-e. signifie qu'ils ont (alsifié tous les VI'ais de l'J!:glise:
on le voit par la signification de commeW'e scortation. en ce que
c'est falsifier, N°' Hl, 161., 817, 881; et par la signification des
"ois de ta terre, en ce qu'ils sont les vl'ais ùe l'Église, les l'ois
sont [es vrais, et la terre est l'Église. Dans un tl'ès-gl'and nombl'e
de passages dans la Parole il est dit les rois, et l'on cl'oit que pal'
eux il est entendu des rois ou leurs royaumes, mais pal' eux dans
la Parole sont entendus tous ceux qui sont pal' le Seignelll' dans les
Vl'ais d'après le bien, et dans le sens 'abstrait, dans lequel est le
sens spirituel, les vrais d'après le hien; que ces nais soient enten­
dus par les rois, on le voit ci-dessus, No' 29, 31, h08, 625;
on peut encore le voir pal' les passages suivants, dans l'Apocalypse:
cc Jésus-Chn'st. te prince des roi,ç de la terre. qui nO/l.ç a (aits
,'ois et prêt,'es. Il - I. 5, 6. - AillcUl'S : « L'Agneau nous a
(ails ,'ois et pr~tres. et nous régnerons sur la terre. Il -V, 10.
- Pal'eillement, Ch'ap. XVI. 12, '1 h.- Puisque pal' les rois sont
signifiés les vrais d'après le bien, par eux aussi dans le sens opposé
sont signifiés les faux d'après le mal; car dans la Parole la plupart
des expressions ont aussi le sens opposé; ces faux donc sont signi­
fiés pal' les rois dans les Vers. suivants de ce Chapitre:'cc Les sept
têtes de la Bête. sept Rois ce sont; cinq sont tombés. ct t'un
est; l'autre n'est pas encore venu; et quand il sera venu. peu
de temps il (àut qu'il demeure, )) - Vers. 10, - Puis: « Les
dix Cornes, que tu as vues, dix Rois ce sont. Il - Vers. 12;
- et aussi: Il La Femme est ta ville g,'ande ayant Royauté
.çur les rois de la terre. » - Vers. 18. - Pm'eillement dans les
passages sui\'ants, où il est .dit que « la Bête. les Rois de la terre
et leurs A,'mées. !allaient (aire la guerre li Celui qui était
monté SUI' le Cheval blanc. Il - Apoc. XIX. 19. - D'apl'ès
cela on voit clairement ce qui est signifié pal'· l( les Rois de la
terre ont commis scortation avec la Prostituée assi,çe SUI' tes
eaux abondantes, )1 à savoir, que les vrais de l'Église ont été faL­
sifiés pal' ceux qui sont de la Babylonie. Pal'eillement, dans les pas­
5~ges suivants, où il est dit que « les Rois de la terre avec cette
Femme ont commis scortation. et que les marchands de la
terre des richesses de ses délices se sont enrichis. Il - Puis:
Vcr'5. 2. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 3:~3

(( Ils la pleureront, ils gémiront sur elle, les Rois de ta terre,


qu.i avec elle ont commis scortation et se sont plongés dans les
délices. ) - Apoc. XVIII. 3, 9, 10. - Des choses semblable5
sont signifiées par les Rois, dans Daniel: (1 Qu.ant aux cornes
de ta quatrième Bête; de ce mêlne Royaume dix Rois s'étè­
ve1'ont, et un autre après eux, lequel sera différent des pre­
miers, et trois Rois it humiliera. II - VII. 26. - Si les Rois
signifient ceux qui sont dans les vrais d'après le bien, et abstrac­
tivement les vrais d'après le bien, c'est parce que le Seignelll' est
appell\ Roi d'après le Divin Vrai, et Prêtre d'après le Divin Bien,
el que par suite le Ciel où règne le Divin Vrai est appelé son
TrOne: de là vient que dans les Cieux les Anges, et dans les terres
les hommes, qui sont par le Seigneur dans les vrais d'après le l1ien,
sont dits fils du Roi, puis aussi fils du Royaume, eL héritiel's; c'est
pourquoi ceux-là sont ceux qui sont entendus pal' les Rois, 10l'sque
le Seigneur est appelé Roi des rois, comme au Verset fh de ce
Chapitre, eL Chap. XIX. 16; et ailleurs.
1035. Et se sont enivrés du vin de sa scm'lation les habi­
tants de la terre, signifie que d'après les choses falsifiées
ceux qui sont de l'Église sont devenus insensés: on le voil par
la signification d'être enivré, en ce que c'est devenir insensé
dans les choses spirituelles, N° 376; par la signification du vin,
en ce que c'est le vrai spil'ituel, aussi N° 376; pal' la signification
de la scortation, en ce que c'est la falsification du vrai, commeil
vient d'être montl'é; el par la signification ùes habitants de la
terre, en ce que ce sont ceux qui sont de l'Église; que pal' la tel're
dans la Pal'ole il soit signifié l'Église, cela a été montré ci-dessus
plusieurs fois; d'apl'ès ces significations, il est maintenant évident
que pal' Il se sont enivrés du vin de sa scortation les habitants de la
terre, 1) il est signifié que d'apl'ès les choses falsifiées ceux qui sont
de celte Église sont devenus insensés. Quant à ce qui concel'ne, en
outre, ia folie qui est signifiée par l'ivrognerie et pal' l'ivre::;se dans
l'a Parole, elle vient, non pas des faux, mais des vrais falsifiés; et
cela, parce que le vrai d'après le Ciel agit dans l'entendement, et
en même temps le faux d'apl'èsl'enfer, d'où l'ésulte un déchire­
ment dans le mental et une folie senlhlable à celle d'un homme
ivre dans le Monde: mais celte folie n'exi~te pas chez d'autres que
a311 L'APOCALYPSE EXPLIQUJ~E, i\" 1O;Ai,

chez ceux qui sont dans le mal, el onl confirmé [es faux du mal pal'
la Pal'ole, cal' toutes les choses de la Parole sonl des vl'ais et com­
muniquent avec le Ciel, et les faux du mal sont de l'enfer'; mais
par les faux qui Ile \'iennenlllas du mal il ne se fait pas d'ivresse
spirituelle, cal' ces faux ne pervel'tissenl ni ne détruisent les vl'Uis
spil'iluels, qui sonl intérieurement cachés dans les \-Tais du sens de
la lettre, cal' ils ne renferment pas pal' suile le mal, comme le
font les faux d'après le mal. Les faux qui ne viennent pas du mal
peuvent être comparées à des eaux non pUl'es qui étant bues ne
causent pas d'ivresse, mais les faux d'après le n'laI peuvenl être
compal'és au vin ou à la CC1'voise qui produisent l'ivresse; o'est
aussi pour cela que dans la Parole cette folie est dite produite par
le vin, qui esl appelé vin de scorlation, et vin de Babel dans Jéré­
mie: Coupe d'or, Babel, dans la main de Jéhovah, enivrant
(1

toute la terre; de son vin Ortt bu les nations; c'est pourquoi,


(olles elles sont, les nations. Il - LI. 7.
1036. Vel's. 3, ft, 5. Et il m'emporta dans un désert en
esp-rit; et Je vis une Femme à:>sise SUI' une Bête écarlate,
pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes, et dix cornes.
- Et la Femme ètait revêtue de pourpre et d'écarlate, et
parée d'or et de pier,.e,~ précieuses et de perles, ayant cn sa
main une coupe d'or pleine d'abominations et d'impureté
de sa scortati011. - Et, sur son (l'ont, U11 Nom écrit: My:>­
tère; Babylolle la grande, la mère des scortations et des abo­
minations de la terre. - Et il m'emporta dans U11 désert en
esprit, signifie dans un lieu qui appal'Ut en vision, lequel c01'l'es­
pondait à l'état de celte religiosité: et Je vis ulle Femme assise sur
Une Bête écarlate, signifie la domination de cette religiosité SUi'
lés choses saintes de la Pal'ole: pleine de noms de blasphème, si­
'gllifie qui avaient été adultérées el falsifiées: ayant sept têtes, si­
gnifie el pl'ofanées : et dix cornes, signifie la puissance de la Parole
d'après les vrais: et la Femme était revêtue de pourp,'e ct d'é­
carlate, signifie l'apparence de celle religiosité dans les externes,
comme si elle provenait du bien et du vrai célestes, 10l'sque cepen­
dant dans les intel'lles elle pl'ovient du mal et du faux diaboliques:
et parée d'or et de pierre:> précieuses, signilic l'apparence de
celle ,'eligiosilé dan~ les extcl'Ocs, (';(lmme si elle (ll'OVCntlil dn hien
\"el':;. ;\. CHAPlTm: ])IX-SEPTIÈME. ;);35
et du vrai spirituels, lorsque 'cependant dans les inleI'Des elle pl'O­
vient du mal infernal et du faux infernal: et de perles, signifie
l'apparence dans les exlel'lles, comme si celle religiosité élait dans
les connaissances du bien et du vl'ai : ayant en sa main une
coupe d'or pleine d'abominations et d'impureté de sa scorta­
tion, signifie la doctrine d'après les biens et les vrais profanés: et,
:;ur son front, un Nom écrit: Mystère; Babylone la grande,
signifie dans le cœm' l'amoul' de la domination SUI' le Monde el le
Ciel, amour auquel les choses saintes de la Parole, de l'Église et
du culle sel'vaient de moyens: la mère des' scorlations et des
flbomination.~ de la terre, signifie la religio'sité d'où viennent les
adultérations du bien et du vl'ai, et les pl'ofanations des choses
sainles de l'Église.
1037. Et il m'emporta dans un désert en esprit, sigllifie
dans un lieu qui apparut en vision, lequel correspondait il
l'état de cette /'eligiosité : on le voit pal' la significalion du dé­
sert, en ce que c'est l'élat de l'Église, dans laquelle il n'y a plus
aucun bien ni aucun vrai, N° 730; mais comme l'Église, dans la­
quelle il n'y a plus le bien ni le nai, n'est point l'Église, c'est
pOUl' cela q,u'elle est appelée Religiosité; et pal' la signification de
en esprit, en ce que c'est en vision, cal' ce que Jean vit en esprit,
il fe vit en vision; voir en vision, c'est voil' des choses qui existent
dans le Ciel chez les Anges, lesquelles sont représentatives et par
suite signiflcatives des choses spirituelles; quand elles appar'aissent
à l'homme, elles apparaissent, non pas devant la vue de son corps,
mais devant' la vue de son esprit; car l'espl'jt de l'homme a des
yeux de même que son corps, mais les yeux cie son esprit voient
les choses qui sont dans le Monde spil'ituel, pal' celle ,'aison que
toutes les choses qui y appul'uissent sont d'ol'igine spil'ituelle, et
que l'homme spirituel voit par l'entendement les choses spiri­
tuelles, et par les yeux ces mêmes choses dans une fOl'me comme
naturelle; mais les yeux du corps voient l~s chose:; qui sont ùans
fe Monde matédel, pal' cette raison que toutes les choses qui y ap­
pal'aissent sont d'or'igine naturelle, et que l'homme matériel voit
par l'entendement les choses natUl'clles, et par les yeux ces mêmes
choses dans une forme matérielle: c'est pourquoi, quand les yeux
dl: l'esprit onl <lIé ouverts chez les Pl'oph?les, ils ont alol's \'U des
;)36 L'APOCALYPSE EXPLIQlJl;;g, N' 1037.

choses qui l'eprésentaient et pal' suile signifiaient des Divins cé­


lestes et des Divins spiriluels de l'Église; puis aussi parfois des
choses qui représentaient ~t par suite signifiaient des événements
futurs pour les Églises; ce sont là les choses que Jean a vues. Qne
pOUl' le moment il ait vu un désert, c'est parce que par le déser'! est
signifié l'état de l'Église dévastée de tout bien et de tout "'l'ai, et
cet état est J'état correspondant à une Église qui est devenue Ba­
byloniej c'est même poul',cela que Babel, dans beaucoup de pas­
sages de la Pal'ole, est décrile comme un désert; pal' exemple, dans
les suivants: « Est-ce là cet homme qui a réduit le globe en dé­
sert, et en a détruit les villes? 1) - Ésale, XIV. 17,-« Babel
sera comme la subversion de Dieu, Sodome P,t Gomorrhe; elle
ne sera point habitée à éternité, et l'on n'y demeurera point
à génération et génération, de sorte que l'Arabe ne s'y arrê­
tera point; là habiteront/es filles de la chouette, et les satyres
y sauteront. ll-.Ésale, XIII. 19 à 22;-c-etaussi dans Jérémie,
- L. 37 à 40, LI. 2, 25, 26, 37, !J1, 62, 63; - et ailleurs.
1.038. Et je vis une Femme assise sur une Bête écarlate,
,~ignifie la domination de celte religiosité sur les choses saintes
de la Parole: on le voit pal' la signillcation de la Femme, en ce
qu'elle est l'Église, N°' 555, 707, 721, 730, ici la Babylonie,
qui est, non pas une Église, mais une religiosiLé dévastée de Lout
vrai et de tout bien de l'Église; que ce soit une Babylonie qui est
entendue par cette femme, cela est bien évident d'après le Verset
5 de ce Chapitre; pal' la signification d'êtl'e assis, en ce que
c'est dominer, COnlme ci-dessus, N° 1033; et par la significa­
tion de la Bête écarlate, en ce qu'elle est la Parole quant à ses
choses saintes" que la femme, qui est Babylone, avait profanées
par une domination SUi' elles. Que par la Bêle écat'laLe il soit
.signifié la Parole quant à ses choses sain les , qui ont été PI'OCC­
nées par Babylone, on peut le voit' par les Vers. suivants de ce
Chapitre, où il est dit qu' « elle était, et n'est pas, et doit
monter de /'abfme, et à perdition s'en aller, Il-Vers. 8 eL
1.1.; - et ensuite que Il le.~ dix cornes de la Bête étaient dix
rois qui hairaient la Prostituée, et la l'endraient désolée
et nue, et mangeraie11t ses chairs, et la brûleraient ait (eu,
~l qll'ib. (Lonnemient le royaume à la BIle, Il - Vel's. 16,
Vers. 3. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 337
17; - d'après ces passages examinés dans le sens ~pil'ituel, il
est évident que par la Bêl~ écarlale il est Sig!lifié la Parole quant
à ses çhoses sainles. Que la J)ivine Pal'ole puisse être signifiée pal'
la Bèle, c'est parce que plusieurs choses saintes de l'Église sont
signifiées par des Bêtes dans la Parole; par exemple, les Chéru- .
bins ont élé \"Us comme quatre Bêles, dans I~zéchiel, Chap. 1 et
Chap. X; et qoau'c Bétes ou qualre animaux, qui étaient aussi
des Chérubins, ont été ,"us, assis et sC lenant dcvant le Trône,
par Jean, dans l'Apocalypse, - IV. 6 à 10. V. 6 à 12. VII, H.
XIV. 3; - et par eux, comme Chérubins, il est signilié la Pro­
vidence et la Défense, afin que le Seigneul' ne soit ilpproché 'que
par le bien de l'amour, et par suite aussi pal' eux est signiriée Il!
Parole dans la let.\re, pal'ce lJue ce qui défen~, c'est la Par~ ~ns
la JeUre; voir ci-dessus, N°' '177, 278, 717 : ct en outl'C, toutes
les Bêtes qui étaienl sacriliées, comme bœufs, laUl'eaux, boucs,
chèvres, chevl'eaux, béliers, hrebis et agneaux, signifiaienl des
choses sainte~ de I:Église, comme on peut le Voil' pal' ce qui a été
montl'é ci-dessus, No' 277, 283, 362, 552, 650, ï81, 81. 7;
de là vient que d'après la charité les hommes sont appelés hrebis,
et que méme d'après la Divine Innocence le SeigneUl' esl Lui­
Même appelé Agneau, et d'après la Divine Puissance Lion: ces
choses sont mentionnées, afin qu'il ne pal'aisse pas élonnant que
par la Bête, ici, il soil signifié la Parole, mais la Parole dans la
lettre, où elle e~t natur~l1e; la Bête_aussi dan.§ le commun se.ns si­
gnifie, dans la Parole, le natUl'el quanl à l'affection; si cette Bête fut
. vue d'une couleur écarlate, c'est pa me que l'écarll!te.§ig!!.Ïlie le vr~i
d'ol'igine cél~§le, tel qu'est le vl'ai de la Parole dans le s~~ de ~a
lellfe ou sens naturel; c'est la ce qui est entenùu pal' son saint.
Il est signifié presQge la même chose pal' cela que cette Pros­
tituée fut vue a$sise Sllr des eaux abondantes Vel's. 1. de ce
J

Chapitre; puis aussi, Sl1l' des trésors abondants, dan~ Jél'émie,


_ LI. 13; - car par les eaux abondantes et pal'Ies Il'ésol's abon­
dants il y est signifié les vrais de la Parole, et pal' suite les choses
sainles de l'Église, qui ont élé adullél'ées; voir ci-dessus, N°I033:
quant à la signïlicalion de l'écarlate, il en sera pal'lé dans l'Expli­
calion du Verset suivant.
1. 039. Pleine de noms de blasphème, signifie qui avaient
VI. 22.
338 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 1039.

été adultérées et (alsifiées: on le voit pal' la signification du Nom,


en ce que c'est la qualité de la chose et la qualité de l'état, N°' 102,
U8, 676, 695, 8M; de là, pal' pleine de noms il est signifié
quelles on t été pOUl' elle les choses saintes de la Parole j et par la
signification de blasphème, quand il s'agit de la Parole, en ce que
c'est son adultération et sa falsification, N° 778.
10hO. Ayant sept !Ê!J!S, signifie et profanées : on le voit pal'
\
la signification de la tête,' en ce que c'est l'intelligence et la sa­
gesse, et dans le sens opposé la sottise et la folie, et aussi l'astuce,
N°' 553, 715 : et comme c'étaient les têteji de la bête~ar!!lt.e, pal'
laquelle est signifiée la Parole quant à ses choses saintes, N° 1038,
et qu'il en fut vu sept, c'est pOUl' cela que par les sept têtes sont
signifiées les choses saintes de la Parole pl'ofallécs, car le nombre
sept signifie le saint, et dans le sens opposé le profane. Par la tête
de cette Bête, dans le sens le plus proche, il est signifié la Parole
quant à son entend@ment, et pal' suite quant à l'intelligence et à la
sagesse en elle et d'après elle; mais lorsque ses vrais et ses biens,
d'où procèdent l'intelligence et la sagesse, ont été falsifiés et adul­
térés, alors pal' les têtes de la Bête, quand il en est vu sept, il est
signifié que les choses saintes de la Parole ont été profanées. Que
cela soit signifié par Cl sept têtes, ) on le voit pal' les Versets 9 et10
de ce Chapitre, où il est dit : Cl Les sept l'êtes, sept Montagnes
ce sont, sur lesquelles la Femme est assise, et sept Rois ce
sont, )) paroles par lesquelles est signifiée la profanation du bien de
l'amoUl' et du vrai de la foi.
10fJl. Et dix.E!!!':..es, sigm'fie la puissance de la Parole
cl'après les vrais: on le voit par la signification des cornes, en
cc qu'elles sont la puissance du vrai contre le faux, et dans le sens
opposé la puissance du faux contre le vrai, N°' 316, 567, 776,
ici la puissance du vrai d'après la Parole contre le faux, parce que
1 dans les Versets suivants il est dit: «( Les dix cornes, que tu as
vue.~, dix Rois ce sont; cell,7:-ci haïront la prostituée, et dé­
solée ils la /'endl'ont, et nue; et ses chairs ils mangeront, et
ils la brûleront ait (eu; et Dieu a mis dans leurs cœU/'s de
donner leur Royaume à la Bête. )) - Vers. 12, 16, 17 j ­
1
d'après cela, il est évident que pal' les dix cornes, qui furent vue.."
à la bête écarlate, il est signifié la puissance du vrai, pal' consé­
Vers. 3. CHAPiTRE DlX-SE:p'fli~M~, 339
quent de la Pal'ole, contre les faux; car il est dit qu'ils haïront la
prostituée et la brOlel'ont au feu, et par la prostituée il est signilié
le vrai de la Pal'ole falsifié, qui en soi est le faux, lequel ne peut
être haï et brûlé que pal' le Hai de la Parole dalls sa puissancc,
ainsi pal' ceux qui sont dans les vrais d'après la Pal'ole, et qui ont
la Parole pOUl' uniquement sainte et la reconnaissent pOUl' le Divin
Vrai, sans avoir égard aux édits du Pape: mais, sur ce sujet, il
en sera dit davantage dans la suite. S'il a été vu dix comes, c'est
parce que par dix il est signifié ~au~oup; ainsi, pat' dix comes,
beaucoup de puissance,
1042. Et 1/1. Femme étail revêtue de pourpre el d'écar-
late, signifie l'apparence de celle religiosité dans les e:l:lerne",
comme si elle provenait du bien et du vl"ai célestes, lorsque
cependant dans les internes elle provient du mal et du (aux
diaboliques: on le voit par la signification de la Femme, en ce
qu'elle est la l'eligiosité chez les CathoHques-Romains; par la si-
gnification d'êlre 1'wêlu, en ce que c'est être dans les externes,
car les vêtements sont les externes qui couvrent; de là, être revêtu,
c'est l'apparence dans les extel'l1es; pal' la signification de la pour-
pre, en ce q!!e c'~st le bien d'origi.!!e. c~l~ste, et aussi le mal q-ûr y
est opposé; lequel es"l-appelé mal diabolique, ainsi qu'il \'a être
montré; et pal' la signification de l' ~llrlatl!!-~n ce que c'est le
vl'ai d'origine céleste, et aussi le faux qui y est opposé, lequel est
appelé faux"(ï"iabolique; que ces biens et ces vrais diffèrent des biens
et des vrais d'origine spit'ituelle, et qu'il en soit de même des maux
et des faux qui y sont opposés, lesquels sont appelés maux et faux
infernaux, on le verra dans l'Article suivant. Si la Femme, qui est
la prostituée, et qui est Babylone, est ainsi décl'ite, c'est parce que
ceux qui sont dans les maux, et par suite dans les faux, sont dé-
crits dans la Parole d'après l'apparence extel'Oc, ainsi tels qu'ils
sont aux yeux. dès hommes qui le;;(forent; s'ils sont ainsi décrits,
c'est parce que le sens de la lettre de la Parole consi:>le eo appa-
rences; mais le sens spirituel dépouille ces apparences, et présente
les intél'ieurs nus, sans vêLemelHs, et quand ceux-ci appar'aissent,
ils appal'aissent absolument dans une autre forme, comme ici, en ce
que la femme vue, d'après l'apparence exterlle, revêtue de poul'pre
et <l'écarlate, est dite dans la fonne. inteme la mère des seol'lalions
360 L'APOf.ALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1042,

et des abominations de la terre; pal'eillement comme il est dit li du


1'iche v~tu de pourpre et de fin lin, qui cependant fut jeté
dans l'enfer, 1) - Luc, XVI. 19; - et aussi des Assyriens,
avec lesquels avaient commis scortation Oholah et Oholibah, c'est~
à-dh'e, Samarie et Jérusalem, et qui sont dils Cl vêtus d'hya­
cinthe, pl:éfets et génér{lUtc, chevauchant sur des chevaux, 1)
- Ézéch. XXIII. 6, 12; - pareillement ailleul's; ici Babylone
est décrite comme apparalt dans le Monde une Prostituée vêlue
splendidement, mais néanmoins abominable, parce qu'elle est pleine
d'impul'etés. Avant qu'il soit confirmé d'après la Parole que l~
pOUl'pre et l'écarlate signifient les Biens et les Vl'ais d'origi~e cé­
lest.ll, il sel'a d'at)rù dil quelque chose de ces biens et de ces vrais:
Le Divin Bien, qui procède du Seigneur, a élé uni avec son Divin
VI'ai, de l11êmeque, dans la saison du pl'illtcmps, la chaleul' avec la
lumière qui pl'océctent du soleil; mais les Anges, qui sont les réci.
pients du Divin Bien et du Divin VI'ai procédant du Seigneur, sont
distingués cn célestes et en spirituels; ceux qui l'eçoivent le Di­
vin Bien du Seigneur plus que son Divin Vl'ai sont a~pelés Anges
célesles, pal'cc qu'ils constitnent le Royaume du Seigneur, qui est
appelé Royaume Céleste; et les.Anges qui reçoivent le Divin Vrai
du Seigneur plus que son Divin Bien sont appelés Anges spirituels,
pal'ce que d'eux se compose le Royaume Spit'iluel du Seigneur.
D'après cela, il est évident que les biens et les vrais sont de deux
origines, à savoir, d'origine céleste et d'origine spirituelle; les
biens et les vrais qui sont d'ol'igine céleste sont les biens et les vrais
de l'amour envers le Seigneur; mais les biens et les nais qui sont
d'origine spil'ituelle sont les biens et les vl'ais de l'amoul' à l'égard
du prochain; il Ya une différence comme eutl'e Je supél'jeul' et l'in­
férieur, ou entre l'intérieur et l'extérieur, par r.onséquent comme
entl'e les choses qui sont dans un degré supérieur ou intérieur et
les choses qui sont dans un degl'é inférieul' ou extérielll'; quelle est
celte difi'él'ence, on peut le voit' d'après ce qui a été dit des trois de.
grés des Cieux, et ainsi des trois degrés des Anges, et aussi de leur
sagesse et lie leur intelligence, dans le Traité DU CIEL ET DE L'EN~
FER, N°' 33, 3h, 38, 39,208,209,211, !I25. Que dans la Parole
la Pourpre signifie ce bien, et l'Écarlate ce vrai, on le voit pal' les
J1aSS:lges de la Parole où l'lIec: ~ont nommées; pal' exemple, dan~
Vers. 4. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME, 3M
Ézéchiel: u Le fin lin en broderie d'Égypte (ut ce que tu dé­
ployais, l'hyacinthe et la pourpre des tles d' Élise/wh (urent
ta couverture. II - XXVII. 7; - ces choses ont été dites de
'l'YI', par laquelle est signifiée l'Église quant aux connaissances du
vrai et du bien; l'hyacinthe et la pOUl'pl'e sont pOUl' ces connais­
sances d'origine céleste; pal' sa couverture et pal' ce qu'elle dé­
ployait sont signifiés les exlel'lles de cette Église. Dans Luc: ( Il
Y avait un certain homme ,'iche, qui était vetu de pourpre et
de fin lin, se réjouissant chaqlte jour splendidement. )) - XVI.
19; - pal' l'homme riche il était entendu la Na,tion Juive et l'É­
glise Juive, qui étaient appelées riches à cause des connaissances
du bien et du vl'ai de la Parole chez les Juifs, pal' la pOUl'pre les
connaissances du bien, et pal' le fin lin les connaissances du vrai,
les unes et les autl'cs d'origine céleste. Dans les Lamenlations :
( Ceux qui mangeaient des mets délicats ont été dévastés
dans les rues, ceux qui avaient été élevés SUI' l'écll1'late ont
embrassé du (umier. Il - IV. 5; - êtl'e élevé SUI' l'écarlate,
f.'est être instruit dès l'enfance dans les vrais d'apl'ès le bien cé­
leste. Comme la Tente de Convention l'eprésentail le Ciel, et que
les vêtements d'Aharon repl!ésentaient les choses saintes du Ciel,
et que la pourpl'e et l'écarlate signifiaient les biens et les vrais du
Ciel, c'est pour cela que les rideaux et les voiles de la Tente, puis
lesbabits d'Aharon, étaient faits avec de l'hyacinthe, de la pOUI'­
pre, de l'écarlate double-teint et du fin lin; pal' exemple, les ri­
deaux de l'Habitacle,-Exod, XXVI. 1;-le voile devant l'Arche,
- Exod. XXVI. 31; -la couvertul'e POUl' l'entrée de la Tenté,
- Exod. XXVI. 36; -la couvertul'e pOUl' la pOl'le du parvis,-
Bxod. XXVII. 16;-I'Éphod,-Exod. XXVIII. 6;-la ceinture
d'Éphod,-Exod. XXV:III. 8;-le pectol'al dejugement,-Exod,
XXVIlI.15 ;-Iesfrangesdu manteaud'Éphod,-}<~xod.XXVIIJ.
33.-Comme l'écal'1ate double-teint signifiait le vrai du bien cé­
leste, c'est pOUl' cela qU'lI un drap d'écarlate double-teint était
étendu sur la Table, où étaient les pains des (aces, et ensuite
était recouvert d'une couverture de peau de taisson,)) - Nomh.
IV. 8 j-car les intimes du Royaume Céle~te étaient signifiés par les
choses qui étaient sur la table, c'est-à-dire, par les pains; mais les
exlérieUl1s étaient signifiés pal' celles qui couvraient, lesquelles se
302 L'APOCAL y PS/-: t:XPLIQUÉE. N' ~042.

réfèl'ent aux vrais d'apl'ès le bien. Comme le vrai d'après le bien


céleste, qui est le vrai ùu sens de la lettre de la Parole, est signifié
pal' l'écarlate, c'est pour cela que l'écarlate était employée pour les
choses de souvenÏl'; par exemple, (1 les fils d'1sraëldevaient se
foire une {range sur les pans de leurs vetements, et metJre
sur la {range du pan un {il d'écarlale, pour se soul)enir de
tous le.ç préceptes de Jéhovah, et les {aire, Il - Nomb. XV.
38, 39.- POUl' la même raison, il était de coutume dans les temps
anciens, lorsque les significatifs étaient en usage, d'attacher un fil
d'écal'lale pour mémoire d'une chose ou pour s'en souvenir, comme
on lit au sujet de Pél'ès, fils de Thamar, que ( la sage-{emme lia
sur sa main de l'écarlate. Il - Gen. XXXVIII. 28, 30; - et
au sujet de la prostituée Rachab, qU'li elle attacha à la {enetre
un fil d'écm'lale, afin que tes espions se ressouvinssent de leur
promesse, Il - Josué, II. 18, 2'1. - Comme toutes les purifica­
tions des maux se font pal' les nais d'après la Parole, c'est pour
cela que (( dans les purifications on employait du bois de cèdre,
de l'écarlalt! el de l'hysope, Il - Lévit. XIV. 4 à 7, 49 à 52 ;
- et que (( pou,' les eaux de séparation et d'expiation avec la
vache rousse, on employait de l'écarlate, I l - Nomb. XIX. 6.
- Si de telles choses sont signifiées par la pourp"e et par l'écar­
late, c'est à cause de leul' couleur, car dans le Ciel il ya des cou­
leurs plus éclatantes que dans le Monde, et qui y proviennent de la
lumière; et comme la couleur rouge y til'e son origine de l'igné ou
de l'enflammé, et que l'igné et l'enflammé y sont produits par le
})ien de l'amour, c'est de là que la poul'(:ll'e signifie le bien <forigine
céle~.te; mais comme l'écarlate tire sa couleur de l'enflammé et en
même temps du blanc, et que le blanc d'après la lumiè!'e signifie
le vrai, de là vient que cette couleUl' signifie le vrai du bien céleste.
Puisque la plupa!'t des expressions dans la Parole ont le sens op·
posé, de même aussi la pourpre et l'écarlate, et alors elles signi­
fient les maux et les faux opposés à ces biens et à ces vrais; par
exemple, dans Ésaïe: (1 Quand seraient vos péchés comme l'é­
carlate, comme la neige ils deviendront blancs; quand rouges
ils seraient comme la pourpre, comme la laine ils seront. I l ­
l. 18; - puisque pal' l'écarlate il est signifié le vrai, et pareille­
ment pal' la neige, et puisque pal' la pourpre il est signiOé le bien,
Vers. 4. CHAPITRE DIX-SEPTiÈME. 3U
et pareillement par la laine, et que par l'écarlate et pal' la pourpre
dans le sens opposé il est signifié le faux et le mal, voilà pourquoi,
parce que le faux et le vrai, et aussi le mal et le bien, se correspon­
dent d'après l'opposé, il est dit (1 quand les péchés sel'aient comme
l'OOal'late, comme la neige ils deviendl'ont blancs, et quand ils se­
raient rouges comme la pourpl'e, comme la laine ils sel'ont. II
10lt3, Et parée d'or çt de pierres précieuses, signifie l'ap­
parence de cette religiosité dans les externes, comme si elle
provenait du bien et du vrai spirituels, lorsque cependant
dans les internes eUe provient du mal infernal et du faux in­
fernal : on le voit pal' la signification de l'or, en ce que c'est le
bien spirituel, et le mal qui y est opposé, lequel est appelé mal in­
fernal; que l'or signifie le bien, voir N° 2lt2; et pal' la significa­
tion. de la pierre précieuse, en ce que c'est le vl'ai d'origine spiri­
tuelle, et aussi le faux qui y est opposé, lequel est appelé faux in­
fernal; que la piel're précieuse soit le vrai d'origine spirituelle, on
Je voit, N° 717. Ci-ùessus, il a été dit quelque chose du bien et du
vrai d'ol'igine céleste, et du hien et du vrai d'origine spirituelle;
maintenant, il sera parlé du mal et du faux qui en sont les opposés,
De même que les Cieux ont été distingués en deux Royaumes, à
savoÏl', en Royaume céleste et en Royaume spirituel, de même aussi
Jes enfers ont été distingués en deux Dominations opposées à ces
Royaumes; la Domination opposée au Royaume céleste est appelée
diabolique, et la Domination opposée au Royaume spirituel est ap­
pelée infernale; ces Dominations sont distinguées dans la Parole
pal' les noms de Diable et de Salan; si dans les Enfers il y a deux
Dominations, c'est parce que les Cieux et les Enfers sont opposés
entre eux, et que l'opposé doit cOl'respondre absolument à l'oppos~,
pour qu'il y ail équilibre; car l'existence et la subsistance d~_ tou1.es
choses, tant dans le Monde naturel que dans le Monde spil'itu~l,
dépendent d'un juste équilibre entre deux agents-qülsont oppo­
sés, lesquels, lorsqu'ils agissent manifestement l'un contre l'autre,
agissent par des fOl'ces, mais lorsque c'est non manifestement, ils
agissent pal' des efforts; pal' l'équilibl'e dans l'un et dans l'autre
Mond!l. toutes choses sont conser~~~, sans lui toutes choses pét'i­
raient; l'équilibl'e dans le Monde spirituel est entre le bien d'apl'ès
le C.iel et le mal d'après l'Enfe.', et pal' suite entre le vrai d'après le
34!l L' APOCALYPSE l~XPLIQUÉE. N" 1043,

Ciel el le faux d'après l'Enfer; en eft'el, il est continuellement mis


OI'tIre pal' le Seigneur à ce que lous les gel1l'es et loutes les espèces
du bien et. ÙU Vl'ai dans les Cieux aient opposés à eux des maux
et des faux de gem'es correspondants d'après l'opposé dans les en­
fers; ainsi les biens et les vrais d'origine céleste ont opposés à eux
des maux et des faux qui sont appelés diaboliques, pareillement les
biens et les vl'ais d'origine spirituelle ont opposés à eux des maux
et des faux qui sont appelés infel'llaux : les équilibl'es tirent lem
cause de ce que les DÏ\'ins Biens et les Divins Vrais, que dans les
Cieux les Anges l'e<;oivent du Scigneul', sont changés dans les En­
fel's en maux et en faux par les espl'its : les Anges, les esprits et
les hommes sont tous tenus par le Seigneul' dans l'équilibl'e entl'e
le bien et le mal, et par suite entl'e le vl'ai et le faux, afin qu'ils
soient dans le Iihre, et qu'ainsi ils saient til'és hOl's du mal ver.s le
bien, et hOI's du faux vers le nai, facilement et comme par eux­
mêmes, lorsqu'ils agissent d'après le Seigl1eUl'; de là vient qu'on
est aussi d'après le libl'c conduit du bien au mal et du vl'ai au faux,
et cela aussi comme par soi-même, quoique ce soit d'après l'enfe!',
10ltfJ. Et de perles, sigmfie l'appareltCe dans les eœler'f'f.s,
comme si ceux-là étaient dans les connaissances du bien et
du t'rai, lorsque cependant dans les internes ils sont dans la
science du mal et du {aux: on le voit par la signification des
pel-les, en ce que ce sont les connaissances du bien et du vl'ai, ainsi
qu'il va être montré, d'où. il suit que dans le sens opposé Pîr les
pedes est signifiée la science du mal,'et du faux d'après laquelle ii
y a chez eux astuce ct malice. Que telle soit la gent Babylonienne,
à savoir, qu'ils veuillent apparaître dans la sainteté, et pal' suite
comme élant dans tout bien et dans tout vrai, et dans les eonnllis­
sances du bien et du vrai, pal' éonséquent dans l'intelligence plus
que tous les autres dans le Monde, lorsque cependant ils, ne sont,
aU contl'ail'e, dans. aucun bien, ni aucun vrai, ni dans les connais­
sances du bien et du vrai, ni .par eonséquent dans aueune inlelli­
genc-e ni aucune sagesse dans les cllOses spil'Huelles, et que même
ils déraisonnent dans ces choses, on le voit manifestement dans le
Monde spirituel, où les intérieurs de chaque homme sont ouver'!s
et pal' suite sont mis en évidence; chez les Moines, et même chez les
Jésuites, qui, dans le Monde, sont réputés plus intelligents que tous
Vers. li. CHAPIT1U~ DiX-SEPTIÈME. 345
les autres, ces inlél'ieurs apparurent si vides et si cl'eux, qu'ils ne su­
vaient pas même un seul des vrais qui conduisent au Ciel; ils furent
examinés, et c'est ainsi qu'ils appal'urent. Si dans les exlernes il
semble qu'ils soient dans les biens, dans les vl'aies connaissances,
dans l'intelligence et dans la sagesse, c'est pal'ce qu'ils ont soumis
à leur domination toutes les choses saintes de la Parole, de l'É­
glise et du culte, et parce que d'après cela ils padent au vulgaire
avec domination, en lui persuadant qu'ils possèdent les al'canes du
èiel, et que leur Pape rcnd des édits pal' inspil'alion de la même
manièl'e que les Pl'ophètes et les Apôtres; et. même cela peut être
dit fastueusement pal' eux, parce qu'ils parlent d'apl'ès l'autorité
de la domination SUI' les âmes eL SUI' le Ciel etl'enrel', et peut aussi
être Cl'U pal' le vulgail'e d'après la pel'suasion de lem sainteté, sans
l'épugnance de cœur, puisque le \'ulgaire est tenu pour celle fin
dans une épaisse obscul'ité au sujet des choses spirituelles, obscu­
rité dans laqnelle ils inspirent des biens bâtards et des vl'ais chi­
mériques, qu'ils appellent DÏ\'ins et Célestes; bien plus, dans ce.lle
obscul'ité, dans laquelle est tenu le vulgaire, ils peuvent inspil'el'
des maux et des faux diaboliques et infernaux, et induire à croire
qu'ils sont des biens et des \Tais célestes et spirituels: cal' c'est
ainsi et non autrement qu'ils peuvent être adol'és comme des déi-.
tés, et meure SOllS leur empil'c et sous leur autorité les tel'res et
les possessions: ces choses, en effet, sont intérieurement cachées
chez eux, lorsqu'extérieurement ils apparaissent comme l'evêtus de
pourpre et d'écarlate, et parés d'or, et de pierl'es précieuses et de
perles. Que les perles signifient les connaissances du bien et du
vrai, on le voit pal' les passages suivants; dans Matthieu: « Sem­
blabLe est le Royaume des Cieux il un commerçant qid cher­
che de belles perles, lequel, ayant trouv~ une précieuse perle,
s'en est allé vend,'c tout ce qu'il avait, et /'a achetée. Il ­
XIll. !If>, !lG; - pal' le Royaume des Cieux il est entendu et le
Ciel et l'Église; pal' le commerçant sont entendus ceux qui s'ac­
quièrent les biens et les vl'ais par lesquels existent le Ciel et l'É­
glise; pal' les pel'les sont signifiées les connaissances du bien et du
vrai, car ces connaissances sonL les vrais de l'homme naturel; pal'
une pel'1e précieuse est entendue la connaissance sur le Seigneur et
sur son Divin; (( il s'en est allé vendre tout ce qu'il avail, et l'a
3h6 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N· 1044.

achetée, Il signifie qu'il a rejeté le propre pour l'ecevoir du Seigneur


la vie. Dans le Même: « Ne donnez point ce qui est saint aux
chiens, et ;le jetez point vos perles de/)ant les pourceaux, de
peur que peut-être ils ne les {oulent il leurs pieds, et que se
tournant ils ne vous déchirent. Il - VIl. 6; _. par les chiens
sont signifi~s les convoiLises et les appétits; par les pourceaux sont
signifiés des amoul's honteux, tels que sont ceux des adulLères dans
les enfers,; comme ceux-ci sont dans le mariage infernal, qui est
le mariage du faux et du mal, c'est pOl1\' cela qu'ils rejellent abso­
lument les vrais et les hiens, et les connaissances du bien et du
vrai, et qu'en outre ils les tr'aitent avec ignominie et outrages;
voilà pourquoi il est dit « ne jetez point vos perles devant les pour­
ceaux, de peur que peut-être ils ne les foulent à leurs pieds, et que
se tournant ils ne vous déchirent; Il fouler aux pieds, c'est rejeter
absolument comme de la boue; et déchirel' en se tournant, c'est
traitel' avec ignominie et outr'ages. Pal' les perles sont signifiées
aussi les connaissances du bien et du vrai dans les passages sui­
vants, dans l'Apocalypse: « Les marchands de la terre pleure­
ront et seront dans le deuil à cause de Babylone, de ce que
leurs marchandises personne n'achète plus, marchandises
d'or et d'argent, et de pierres prüieuses et de perles. Il ­
XVIII. 11, 1.2, - Puis: (t Les douze portes de la muraille de
la Nouvelle Jérusalem (étaient) douze perles, chacune des
portes éta,it d'une seule perle. )) - Apoc. XXI. 21.; - comme
par les portes pour la Nouvelle Jérusalem sont signifiées les choses
de la doctrine d'après la Parole, qui introduisent l'homme dans
J'Église, et que ces choses sont les corrnaissances du vrai et du bien
d'après la Pal'ole, c'est pour cela que les pOl'tes furenl vues de
perles.
1045. Ayant en sa main ulle coupe d'or pleiTle d'abomi­
nations et d'impureté de sa scortation, signifie la doctrine
d'après les biens et les vrais pro{anés,' on le voit par la signifi­
cation de la coupe, en ce que c'est le faux d'après l'enfer, car par
la coupe il est signifié la même chose que par le vin, et par le vin le
vrai d'après le Ciel, et dans le sens opposé le faux d'après l'enfel';
voir N°' 887, 960, 1022; et comme la coupe signifie le vrai ou
le faux, et que la doctl'inc d'une Église quelconque appartient ou au
Vei·s. h. CHAPlTRI': DIX-SEPTIÈME. 3!1,
vrai ou au faux, cal' dans la doctrine est contenu tout ,'rai ou tout
faux de l'Église, c'est pour cela que pal' la coupe est signiOée aussi
la doctrine, et pal' une coupe d' 01' la doctl'ine du faux. d'après le
mal; pareillement, dans Jér'émie: « Coupe d'or, Babel, dans la
main de Jéhovah, enivrant toute la terre. l l - LI. 7; - il est
dit une coupe d'ol' d'après la même raison pour laquelle la femme
est dite revêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres
pl'écieuses et de perles, à savoil', d'apl'ès l'apparence dans les ex­
ternes, lorsque cependant dans les internes c'est une coupe pleine
d'abominations et d'impureté; car c'est comme ce que le Seigneur
dit des extel'Des et des internes chez les Scribes et les Pharisiens:
l( Malheur à vous, Scribes et Pharisiens, qui nettoyez le

dehors de la coupe et du plat, mais en dedans ils sont pleins


de rapine et d'intempérance! Et semblables l>OUS vous faites
à des sépulcres blanchis, qui au dehors, il est V/'ai, apparais­
sent beaux, mais qui au dedans sont pleins d'os de mOl't et
de toute impureté, 1) - Mallh, XXlII. 25, 26, 27; - pal' la
'signification des abominations, en ce que ce sont les profanations
du bien, ainsi qu'il va être montr'é; et par' la signification de l'im­
pureté de la scortation, en ce que c'est la profanation du vrai,
car' la scortation signifie la falsification du vrai, comme ci-dessus;
de là l'impureté de la scortation signifie la profanation, Quant à
ce qui concerne les pl'ofanations, qui sont signifiées pal' les abomi­
nations, elles sont les pel'versions des choses saintes de l'Église,
ainsi les changements de ses biens en lIlaux et de ses "rais en faux;
elles sont dites abominations, parce que les Anges les ont en abo­
mination, cal' en tant qu'elles ont été des choses saintes de l'Église,
elles montent dans le Ciel d'après les biens et les nais dérivés de la
Pal'ole, mais en tant qu'elles ont été appliquées aux maux, et pal'
conséquent profanées, elles portent a~'ec elles l'infernal, qui est ca­
ché en dedans; c'est pourquoi, elles sont senties co~me des choses
mortes, dans lesquelles il y avait eu une âme vivante; de là vient
que 'le Ciel les a en abomination et les déteste. Que de telles choses
soient entendnes dans la Parole par les abominations, on le voit clai­
rement par le recensement des abominations de Jérusalem, dans
Ézéchiel; pal' exemple, qu'elle a p"is de ses v~tements, qui lui
(1

atlllient fIé donnés, et s'en est fait des hauts lieu.x bigarl'é,'f.,
348 L APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1045.

et a commis scortation sur eux. Que de 1'01' tt de l'argent,


qui lui a?:aient été donnés, elle s'est lait des images de nulle,
avec lesquelles elle a aussi commis scortatioll. Qu'die leur a
donné en odeur de repos l'huile, le parfum, le pain, la fine
{arine et le miel, qui lui avaient été donnés. Qu'ils ont sa­
crifié leurs fils et leurs filles. Qu'elle a commis scortation
d'abord en Égypte, et ensuite avec les fils d'Aschur, et enfin
avec les Chaldéens; outre plusieurs autres choses, qui y sont
appelées abominations. Il -XVI. 2 à 03;- par toutes ces choses
sont signifiées les profanations de la Parole, de l'Église et du culte.
Pareillement dans d'autl'es passages, dans lesquels des abomina­
tions sont énumérées, ou dans lesquels il en est padé; par exem­
ple, - Ésaïe, VII. 9, 10. Jél'ém. XXXII. 35. ÉZéch. V. H.
VII. 19,20. VIII. 6 à 18. XI. 21. XIV. 6. XX. 7,8. Deutér.
VII. 25, 26. XII. 31. XVIII. 9, 10. Matlh. XXIV. 15. Mal'c,
XIII. H, Dan. IX. 27. XI. 31; - et ailleurs.
1Oh6. Et, sur son front, un Nom écrU: blystère; Baby­
lone la grande, signifie dans le cœur l'amour de la domina':"
tion sur le Monde et le Ciel, amour auquel les choses saintes
de la Parole, de l'Église et du culte servaient de moyens: ou
le voit pal' la signification du nom écrit sur le Iront, en ce que
c'est sa qualité quallt à l'amour, cal' par le nom est signifiée la
qualité de la chose ou de l'état, et pal' le front est signifié l'amour;
que le nom soit la qualité de la chose ou de l'état, voù' No' 102,
1.48, 676, 696, 841, 892; et que le front corl'esponde au bien de
l'amour, voir Noe 427, 852; pal' la signification ç1e mystère, en
ce que c'est ce qui est caché dans le cœur, et ne se manifeste pas
devant le vulgaire; que ce soit l'amour de la domination SUl' le
Monde et le Ciel, amour auquel les choses saintes de la Pal'ole, de
l'Église et du culte servent de moyens, et que la cupidité et les ma­
nœuvres de cet amour soient Babylone, c'est ce qui a été montré
en plusieurs endroits dans le préambule de ce Chapitre, N° 1029 :
et comme cet amour dévaste l'Église de tous les vrais et de tous les
biens, c'est pourquoi cela aussi est entendu par « Mystère; Baby­
lone la grande. Il
10h7. La mère des scortations et des abominations de la
tenoe, signifie la 7oeligiosité d'où viennent les adllltération.~
"rrs. 5. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 311U
du bien el du vrai, el les profanations des choses saintes de
l'Église: on le voit par la signification de la mère, en ce qu'elle
est ('Église, mais ici la religiosité, qui dans le commun sens est
entendue pal' Babylone; par la signification desscortations, en ce
que ce sont les adultél'ations dll bien et les falsifications du vl'ai,
N°' Ul,16l, 817, 881; par la signification des abominations,
en ce qu'elles sont les pl'ofanatiolls, N° 1.0ll5; et pal' la significa-
tion de la terre, en ce qu'elle l'Église, ici quant à ses choses sain-
tes; que la telTe dans la Parole signifie l'Églisc;on le voit, N°' 29,
30ll, llt3, ll1. 7, 697, 71l1, 742, 752, 876, Quant à ce qui con-
cerne les Profanations, il y en a plusieurs genres; le gel1l'e le plus
grave, c'est lorsque les vrais et,les biens de la Parole, de l'Église
et du culte sont reconnus et qu'on y conforme sa vie, et que plus
tard on les nie, et qu'on mène une vie opposée, ou même lorsque
sans les nier on mène une vic qui y est opposée: pal' celle pr'ofa-
nation il se fait une conjonction et. une cohél'ence du bien avec le
faux, et aussi lIu vl'ai avec le mal, d'où il résulte que l'homme est
dans le Ciel et dans l'enfel' en même temps; c'est pourquoi 10l'sque
le Ciel \Ieut avoil' le sien etl'enfel' avoir le sien, et que cependant
ils sont cohérents, l'un et j'autre sont arrachés; par là pél'it la vie
prop.'e de l'homme, et l'homme devient comme un animal brute,
continuellement dans le dt%'e, et il est porté d'après la fantaisie
comme un dragon dam; ('air deçà et delà, et même dans la fantaisie
il voit des flocons el des pailles comme des géants et des halaillons,
el un pot comme l'univers, et ainsi du l'este, Comme en eux il n'y
a plus de vie humaine, c'est pOUl' cela qu'ils sont appelés, non pas
esprits, mais chose profane, et qu'ils sont nommés, non pas celui-
ci ou celle-là, mais cela; et quand ils apparaissent dans la lumière
du Ciel, ils apparaissent comme des squelettes hrfilés. Mais ce
genre de profanation esl, l'are, puisqu'il est pourvu par le Seigneur
à ce que l'homme n'entre pas dans la foi du vrai et dans le hien de
la vie, il moins qu'il ne puisse y être tenu constamment jusqu'au
dernier moment de sa vie. Mais dans les Articles suivants il sera
dit plusieurs choses SUI' cette profanation, et ensuite SUI' les genres
des aull'es profanations.
10h8. Vers. 6. Etie vis la Femme iVl'e du sang des saints,
ct du sang des tbnoin,ç lte J éSIl,Ç; et je fus étonné, en la t'oyant,
350 L' APOCAL Y1'5E EXPLIQUÉE. N" lool:!.

d'un étonnement grand, - Et je vis la Femme ù're du sang


des saints, signifie la religiosité dans le délire d'après les faux du
mal, par lesquels il a été fait violence aux Divins Vrais: et du
sang des témoins de Jésus, signilie la violence l'aile à ces Hais
de la Pal'ole, qui enseignent que le Seigneur Seul doit être adoré:
et je (us étonné, en la voyant, d'un étonnement grand, si­
gnifie une vision étonnante dans laquelle il y avait des arcanes du
Ciel qui lui étaient inconnus.
1069. Et je 'Vis la Femme ivre du sang des saints, signifie
la religiosité dans le délire d' aprfS les (aux du mal, par les­
quels il a été (ait violence aux Divins Vrais: on le voit par la
signification de la (emme, en ce qu'elle est la religiosité, qui dans
le commun sens est entendue par Babylone, comme ci-dessus,
N° 1062; pal' la signification d'être ivre, en ce que c'est être en
délire dans les choses spil'Ïluelles d'après les faux du mal, N°" 376,
1035; et par la signification du sang des saints, en ce que ce
sont les Divins Vrais, ici la violence qui lem' a élé faite, pal'ce qu'il
est entendu qu'elle a répandu le sang; que le sang signifie le Divin
Vrlloi, on le voit, N°' 30, 328, 329,676, 748; et que ('épandre le
sang, ce soit faire violeuce aux Divins VI'ais, on le voit, N° 329 :
il est dit le sang des saints, parce que les Divins Vrais de la Pa­
role sont les choses qui sont diles sainls (sancta), et pal'ce que par
les saiuls (sancti) dans le sens spirituel il est entendu, non pas des
saints, mais des choses saintes, car le sens spirituel de la Parole
est sans l'id~ de la personne, du lieu et du temps; il en est autre­
ment du sens nalurel. Comment diffèrent enll'e eux ces deux sens,
on peut le "oir manifestement dans beaucoup de passages de la Pa­
role, comme ici, en ce qu'il est dit qu'il vit la femme ivre du sang
ùes sainls, et du sang des témoins ou mal'tyrs de Jésus, paroles
pal' lesquelles, dans le sens naturel, il est entendu que Babylone a
répandu le sang des saints, et le sang de ceux qui" ont témoigné
concernant le SeigneUl', tandis que par ces paroles, dans le sells
spirituel, il est entendu que Babylone a fait violence aux Divins
Vrais, et aussi au témoignage du Seigneur: que da liS ces paroles
il y ait ce sen.s, on peut même le voit' ou le conc1ul'e en ce que la
Babylone d'aujourd'hui n'a point tué les saints, ni les témoins du
Seigneur, car elle adore des sainls jusqu'à l'idolfltrie, et elle adore
Vél'S. (j. CHAPITRE DIX-SEPtiÈME. 351
le Seiglleul' a\'ec une sainleté supl'éme, quoiqu'elle soit extel'ne, et
le Pape avec une sainteté intel'Oe; de là il est évident que ce ne
sont point ces choses qui doivent êlre entendues, mais que quelque
chose est caché intérieurement dans ces paroles, à savoir, qu'ils
ont fait violence aux Divins Vrais, et aussi au Divin pouvoi., du
Seigneur; en effet, ils ont fait violence aux Divins Vrais, en ce
qu'ils ont falsifié, adultél'é et profané la Pal'ole; qu'ils aient fait
violence au Divin pouvoir du Seigneur, en ce qu'ils l'ont transféré
en eux, cela est 1l0toÏl'e, - Continuation sur la Profanation:
Il vient d'êlre dit quc le gelll'e de pl'ofanalion le plus grave, c'est
quand les vrais de la Parole sont reconnus pal' la foi et confirmés
pal' la vie, et qu'ensuite l'homme se l'elÏl'e de la foi et vit mal, ou
que sans se retirer de la foi, il vit néanmoins dans le mal; loute­
fois, cependanl, il n'y a pas de profanation de la part de celui qui,
dans l'enfance et jusqu'à l'adolescence, est dans la foi el dans une
vie confol'me à la foi, et qui plus tard dans l'âge viril se retil'e de
la foi et de la vie de la foi: la raison de cela, c'est que la foi de
l'enfance est la. foi de la mémoire, - c'est la foi du maUre dans
l'enfant, - tandis que la foi de l'âge viril est la foi de l'enlende­
ment, et par suile la foi pl'opre de l'homme; c'est ceUe foi qui peut
étl'e profanée, si l'homme s'en retil'e et mène une vie opposée,
mais non la foi pl'écédente; en effet, rien n'entre dans la vie de
l'homme et n'affecte cette vie, que ce qui vient dans l'enlendement
et de là dans la volonté; et l'homme ne pense d'apl'ès son enlende­
ment et n'agit d'après sayolonté que lorsqu'il parvient à l'âge adulle;
il ne pensait auparavant que d'après la science (ou ce qu'il avait ap­
pris), et n'agissait que d'apr~s l'obéissance; ces pensées et ces ac­
tions ne deviennent pas choses de sa vie, ainsi ne peuvent pas êlre
profanées. En un mot, tout ce que l'homme pense, dit et fait d'apl'ès
l'entendement avec l'assentiment de la volonté, cela appal'lient à sa
vie, ou devient chose de sa vie; et si cela est saint, cela est pl'ofané
lorsqu'il le rejeHe, Mais les profanations de ce gelll'e sont ou plus
graves ou plus légères, selon [a qualité du vrai et de la foi provc­
nant du vrai, selon la qualité du hien et de la vie pl'ovenant du
bien, et selon qu'on s'en retire plus ou moins: cette pl'ofanation
l'enferme donc plusieurs différences spécifiques.
'1050. Et du sang des témoi1tS de J hus, signifie la 'violence
352 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1050.

faite à ces vrais de la Parole, qui ~nseignenl que le Seignew'


Seul doit être adoré: on le voit par la signification du sang, en
ce que c'est le Divin Vrai de la Parole et la violence faite à ce
nai, comme ci-dessus; et pal' la signification des tbnoins de J é­
sus, en ce que ce sont ceux qui reconnaissent de cœur le SeigneUl',
et qui rendent un culte à Lui Seul et L'adorent Seul; que rendl'e
témoignage, ce soit reconnailre de cœm', et que le témoignage de
Jésus soit la reconnaissance du Divin du Seigneul' dans son Hu­
main, et qu'il faille rendre un culte à Lui Seul et L'adorer Seul,
on le voit, Nol 10, 27, 228, 392, 635, 669, 749. Qu'il ait été
fait violence pal' les Babyloniens aux vrais de la Parole, qui ensei­
gnent que le Seignem Seul doit être adoré, on le voit manifeste­
ment en ce qu'ils ont transféré le Divin pouvoil' du Seigneul' dans
le Pape, comme étant son Vicaire, et en même temps avec ce pou­
voir le culle et l'adoration; et que pour atteindre ce hut ils ont sé­
paré le Divin du Seigneur d'avec son Humain, alin de pouvoir dire
qu'ils ont pris, non pas son Divin pouvoir, mais son pouvoil' Hu­
main, ne voulant pas savoir que le Divin pouvoir consiste· pt'inci­
paiement dans le pouvoir de sauver le gcnre humain, pouvoit' que
cependant les Babyloniens s'approprient: mais, SUI' ce sujet, il en
sem dit davantage ailleurs. - Continuation sur la Profana­
tion : La cause d'un si hon'ihle état des profanaleul's après la
mort va aussi être dévoilée. L'homme a deux mentais, le nalurel
et le spirituel; le mental naturel lui est ouvert pat' les sciences et
par les connaissances du vrai et du hien, et le mental spirilnel est
ouvert par une vie qui concol'de avec elles, ce qui al'l'ive chez ceux
qui savent, reconnaissent et croient les vrais de la Parole, et y
conforment leur vie; ce mental n'est ouvert chez aucun autre.
Quand le mental spirituel a été ouvert, la lumière du Ciel, qui est
le Divin Vrai, influe pal' ce mental dans le mental nalurel, et y
dispose les vrais pour les correspondances. Lors donc que l'homme
suit un chemin opposé, et nie ou par la foi on par la vie les vrais
de la Parole qu'il avait auparavant reconnus, les choses qui sont
ùans le mental natul'el ne cOl'I'espondent plus à celles qui sont dans
le mental spirituel; de là, le Ciel d'après sa lumière influe pal' le
mental spirituel dans des choses non conespondanles et dans des
choses opposées dans l'homme natm'el, ce qui donne lieu Il celle
Vel'!, 6, CHAPITRE DIX-SEPTiÈME.· 353
fantaisie si affreuse, qu'il leur semble qu'ils volent dans l'ail' comme
des dl'agons, et que des flocons et des pailles leUl' appal'aissent
comme des géants- et des bataillons, et une boule comme l'univel's,
outre plusieurs a~tres choses de ce geme. La cause donc de cet
état, c'est que le Ciel est dans leur men laI Spil'Huel, et l'enfel' dans
leur mental naturel; et quand le Ciel, qui est dans le mental spi­
rituel, agit contre l'cnfer qui est dans le men lai naturel, alors de
semblables cboses apparaissent. Comme l'entendement est ainsi
détruit quant à toutes les choses qui lui appartiennent, ct que la
volonté est ainsi détruile avec l'entendement, il en résulte que
l'homme n'est plus homme; c'est pOUl' cela que le profanateur' n'est
plus appelé homme, et qu'en parlant de lui, on ne dit pas ceLui·là
ou ceLLe-Là, mais ceLa, cal' c'est une brute.
1051. Et je fus étonné, en La voyant, d'ull étonnement
grand, signifie une 1,i8ion étonnante dans LaqueLLe il y avait
de.~ Q1'canes du CieL qui Lui étaient inconnus: on le voit pal'la
signification d'être étonné d'un étonnement grand des choses
qu'il voyait, en ce que c'est être dans l'étonnement au sujet de la
vision, dans laquelle étaient cachés des arcanes qui lui étaient in­
connus; c'est pourquoi l'Ange lui dit: « Moi, je te dirai le myslère
de la Femme et de la Bêle qui la porte. l l - ContÏllUation sur' la
Profanation: Ce genre de pl'ofanalion existe principalement chez
ceux qui reconnaissent le Seigneui' el son Divin, et aussi la Parole
et sa sainteté; la l'aison de cela, c'est que le Seigneur Seul, par les
vrais d'apl'ès la Parole, oune le Ciel à l'homme qui vit selon ces
vrais, et que cette profanai ion n'existe pas si le Ciel n'a pas été
ouvert. De là, il est évident que les Gentils qui ne c~nnaissent pas
le SeigneUl', ~t ne savent rien de la Parole, ne peuvent introduire
cn eux une tclle profanation; ni les Juifs non plus, cal' ils nient le
Seigneur dès l'enfance, et le Ciel ne [eUl' est pas ouvert par la Pa­
l'ole: de même non plus les impies qui ont été tels dès leur en­
fance; car, ainsi qu'il a élé dit, ceux-là seuls profanent, qui croient
bien et vivent bien, et ensuite croient mal et \'j\'ent mal. Outre ce
genre de profanation, il y en a d'autres genres, dont il sem ques­
tion dans les Arlicles sui \'3nts.
1052. Vers. 7,8, Et L'Ange me dit: Pourquoi t'étonnes­
tu? Moi, je te dimi le mystère de La Femme et de la Bête q~i
VI. 23.
35& L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N' t052.

l1potte, ayant les sept ates et les dix cornes. ....... La Bete,
que tu a,ç vue, était et /l'est pas, et elle doit monter de l'a­
bime, et ù perdition s'en aller .. et s'étonneront ceux qui ha­
bitent sur la terre, desquels n'ont point été écrits les Noms
dans le Lit,te de vie dès la fondation du monde, en voyant la
Bête qui était et n'est pliS, et cepmdant elle est.--Et l'Ange
me dit: Pourquoi t'étonnes-tu? Moi, je te dirai le mystère
de la Femme et de la B~te qui la porte, ayant les sept tetes
et les dix cornes, signifie la manifestaI ion de toutes choses: la
Bete, que tll as vue, était et n'est pas, signifie la Parole, qui
dans le commencement fut reçue dans l'Église et fut lue, et qui dans
la suite fut enlevée au peuple et ne fut pas lue: et elle doit mon­
ter de l'abime, et à perdition s'en allel', signifie la Parole re­
connue comme Divinè, mais néanmoins rejetée: et s'étonneront
ceux qui habitent sur la terre, signifie ceux de cette J'eligiosité
qui rejettent la Parole: desquels n'ont point été écrits les Noms
dans le Livte de vie dès la fondation du monde, signifie que ce
sont ceux qui ne reconnaissent point le Divin pouvoil' du 8eigneUJ'
sur le Ciel et sur la terre, mais l'ollt transféJ'é dans un. Vicaire, el
de lui dans ses vicaires: en voyant la Bete qui était et n'est
pas, signifie sachant que la Parole avait été reçue, mais néanmoins
était rejetée: et cependant elle est, signifie Que néanmoins ellc
esl, parce Qu'elle est Di,,-tne, et n'a été rejetée que par les pl'ofanes.
1063. Et l'Ange me dit .. Pourquoi t'étonnes-tu? Moi,je
te dirai le mystère de la Femme et de la BUe qui la pOl'te,
ayant les sept ates et les dix COl'nes, signifie la manifesta­
tion de toutes choses .. on le voit sans explication: ce Que cha­
cune de ces expressions signifie, ainsi ce Que signifie s'étonner, ce
que signifient le mystère de la femme, la bête écal'late, les sept
tétes et les dix cornes, cela a été dit dans ce qui précède, et sera
expliqué avec plus de détails dans ce Qui suit. - Du second genre
de Profanation .. Il Ya un autl'e genre de pl'ofanation des choses
sainles; il exi!\te chez ceux Qui ont pour fin la domination, et pOUl'
moyens les choses saintes de la PargIe, de l'Église et du culte:I1
est conforme à l'ol'dl'e Divin que le Ciel et l'Église, et pal' consé­
quent leul's choses saintes, soient la fin, ct que la dominai ion soit
le moyen !l0ur alll'int!re la fin j car lorsque les cho!\es !\ainles sont
Vers. 7, CHAPlTl\E DIX-SEPTiÈME, 355
la fin et la domination le moyen, le Seigneul' est honoré et adoré;
mais lorsque la domination est la fin et que les choses saintes sont
les moyens, l'homme s'honore et s'adore à la place du Seigneul';
car les moyens regardent la fin comme des serviteurs regardent un
matlre, et la fin regarde les moyens comme un maUI'e regarde des
serviteurs; c'cst pourquoi, de même que le mall1'e estime et aime
les serviteurs selon leUl' obéissance à exécutel' sa volonté, de même
aussi l'homme qui a pOUl' lin la domination estime et aime les
choscs saintes de la Parole, de l'Église et du culte, selon les avan­
tages qu'elles pl'ocurent à la fin, qui est la domination; et, de l'autt'e
COté, de même que le maUre mépri~e et rejette les serviteurs, et
les remplace pal' d'autres, s'ils ne servent pas à son gré, de même
aussi l'homme qui a pour fin la domination mépl'ise et rejeUe les
choses saintes de t'Église, et les l'emplace par d'autl'es qu'il ac­
cepte, si elles nc servent pas à sa fin, qui est la domination. De là
il est évident que les choses saintes, chez ceux qui ont la domination
pOUl' fin, ne sont cn aucune estime, si ce n'est qu'en tant qu'clles
sel'vent à la fin; puis aussi, que si elles servent à la fin chez eux,
néanmoins elles sont, non pas saintes, mais profanes; la raison de
cela, c'est que la fin, quand elle est la domination, est l'homme
lui-même; et comme elle est l'amoul' de soi, elle est le propl'e de
l'homme; et le propl'e de l'homme, considéré en soi, n'est que
mal, bien plus il est 11l'ofaue, et la fin conjoint les moyens à elle­
même pOli\' qu'ils soient comme un, Dans ce genre de pl'ofanation
sont tous ceux qui remplissent les ministères sacrés, et qui pal' les
choses saintes de l'Église cherchent pOUl' eux ('honneur et la gloire,
et la joie de leur cœur dans "honneur et dans la gloire, et uon dans
l'usage, qui est le salut des âmes.
1054, La Bête, que tu as vue, était et n'est pas, signifie
la Parole, qui dans le commencement fut reçue dans l' Ji:glise
et fut lue, et qui dans la suite fut cnlevée au peuple et Ile fut·
pas lue: on le voit pal' la signification de la Bête écarlalc, en ce
qu'elle est la Parole dans la leltre quallt il ses choses sain les,
N° 1038; pal' la signilication de. elle était, en ce que c'est que
dans le commencement elle fut l'eçue pal' l'Église et fut lue; et pal'
la signification de elle u' est pas, en ce que c'est que dans la suite
elle fut enlevée et ne fuL pas lue: que ce soit là ce qui est signifié
3.56 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. [1(·1054,

pal' ces paroles, cela est évident en ce qu'il ,en est al'I'ivéainsi pour
la Pal'ole, à savoir, en ce que dans le commencement ils la recon­
nurent pOUl' Divine, enseignèrent d'apl'ès elle et la lurent devant le
peuple, et que dans la suite, à mesure qu'Ils étendirent leur domi­
nation SUI' l'Église et SUI' le Ciel, ils la reconnurent, il esl vrai,
pour Divine, mais ils n'enseignèrent pas d'apl'ès elle, comme au­
paravant; cal' ils interdirent sa lecture au peuple, et au lien de la
doctrine d'après la Parole, ils donnèl'ent comme Divine une doc­
trine émanée du trône papal, et ils instituèrent le culle Divin dans
des Messes non comprises pal' le vulgah'e, et ils pl'êchent l'adora­
tion du Pape, et des hommes morts qu'ils appellent saints, au lieu
que précédemment on prêchait l'adoration du Seigneur; par là on
peut voir que c'est la Parole qui est entendue par la Bêle écarlate,
qui élait et n'ëst pas, et qui doit monler de l'abîme, et à perdition
s'en aller, Que la Babylonie dans le commencement ail été une
Église qui a adoré le Seigneur, et pl'oohé le Divin Vrai d'après la
Parole, et qui dans la suite a retenu, il est vrai, l'adoration du
Seigneur, mais une adoration externe, qui est formelle, mais que
l'adoration interne, qui est essentielle, ait été tl'ansférée dans le
Pape comme Vicaire, et pal' suite dans l'assemblée de ses minis­
tres, comme vicaires sous lui, on le voit ci-llessus, N° 1029, ­
Continuation sur le second genre de Profanation : Ceux qui
sont dans ce genre de profanation ne peuvent faire aull'ement que
d'adultérer les biens de la Parole et de falsifier ses vrais, et ainsi
de pervel'Iir les choses saintes de l'Église, car elles ne concordent
pas avec la fin, qui est la domination de l'homme sur elles, car ce.
sont des choses Divines qui ne peuvent pas être. en servitujle, De
là vient que, pal' nécessité, pour que les moyens concordent avec
la fin, le5 biens sont changés en maux, les vrais en faux, et ainsi
les choses sainles en choses profanes; et cela avec ac~roisse!Del1t
selon qu'augmenle le pouvoir de <!Q.mlner qui est la tin. Qu'il en
soit ainsi, on peut le voir c1ail'emenl pal' la Babylonie d'aujour­
d'hui, dont les moyens sont les choses sainles de la Parole, de l'É­
glise el du ~ulte, et dont la fin est la domination: à mesure que
ceux qui sont de la Balylonie ont agrandi leur domination, ils ont
affaibli la sainteté de la Parole et élevé au-dessus en actualité la sain­
telé des déaels du Papfl; ils se sont arrogés le pouvoir SUI' le Ciel,
Vers. 8. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 367
et qui plus est, sur le Seigneur Lui-Même ; ils ont institué le culte
idolâtre des hommes vivants, et aussi des morts, et tout cela jus­
qU'à ce qu'ils n'aient rien laissé de l'este du Divin Bien et du Divin
Vrai. $i les choses saintes de la Parole, de l'Église et du culte ont
été ainsi changées, c'est d'après la Divine Providence du Seigneur;
non pas que ce soit d'après Sa Pl'ovidence que cela a été fait, mais
c'est d'après Sa Providenceqlle, puisque l'homme veut dominer et
aussi domine au moyen des saints Divins; ils ont adopté le faux
au lieu du vrai et le mal au lieu du bien; autrement, ils alll'aient
souillé les cQoses saintes, et les auraient rendues abominables aux
yeux des Anges, ce qui n'a pas lieu, quand elles n'eKislent plusl
C'est, par exemple, ce qui est arri"é pour III sainte cène instituée
par le Seigll6ur, en ce qu'ils ont séparé le Pain et le Vin, et qu'ils
donnent le Pain au peuple et boivent eux-mémes le Vin; car le
Pain signifie le bien de l'amour envers .le Seigneur, et le Vin le
Vrai de la foi en Lqi; 01" le bien sépilré du vl'ai n'est pas le bien,
et le vrai séparé du bien n'est pas le vrai; car le vrai est V1'aL
d'après le bien, ~t le bien est bien dans le vrai. 11 en a été de
mêQle. pOUf> tOl,lt ~ resle,
1p55,! Et elle doit m01J.tel1 de l'ablme. et à perdition s'en
~"er.signifie la p'arole reconnue comme Divine. mais néatî­
mqins reJetée: QJlj,le voit par la signification de monter de. l'a­
bErne, quand Us'agi,t de lil Parole chez ceux qui sont de.la Baby­
lonie,~ en ,ce .que c'~t être reçue et reconnue pour Diyine d'après la
fQ,rme, a,insi qu'il va être montré; et par la signification de à per­
dit~<ln ~'~n atler. en ce. que c'est ne pas être.recoE'llle, mais être
rejet~e. Qu'iLen soit flinsi de la Parole chez ceux qui sont de la Ba­
bylopie, cela 8ft notoi.~e; en elfet, elle est r.econnue· comme,Divine
à cause des pa~ol~s dq, Seigneur ,à Pierre 'au 'lIujet des clefs, à cause
des historiques sur l.a Passion, sur M~rie, sur les, ApOtrea, à çavse
de ,quelq\ues passages qU,'i1s avaient pu pervertir en faveur de leur
domin~~ion; comme toutes ces choses soot d~ la, Parole, et que sur
elles est fpnd~ leur l~eligion, ~i la Piirole n'était pas reconnue Divine,
la religion eUe·mêm~ tomberait, et ils ne pourraient'plus domiuer sur
les ,choses saintçs, ni m~m~ être appelés Chrétiens: mais que néan­
moins la Parole soit rejetée pal' eux, cela aus~i est n9toire; en effet,
elle n'est pas lue par le vulgail'e, et elle est peu lue par les moiRes
...

358 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. W 1055.

qui enseignent; un gl'and nombre même infirment sa sainteté,


comme il est évident par les éCl'iis et les discOUl'S de plusieurs; et
cela, pal'ce que les choses qui y sont ne concordent pas avec les
édits et les bulles du Pape, et parce que Babel y est décrite 'au vif,
et est condamnée à l'enfer' : ce sont là les causes qui l'ont fait' re­
jeter: d'apl'ès ces considérations, il est évident que la Parole n'est
reconnue comme Divine que pOUl' la forme. Qne ce,soit là ce qui
est signifié par ces paroles, 011 peut le voir manifestement, 10llsque
par la Bête écal'Iate il est entendu la 'Pa l'ole, et qUe par la Prosti­
tuée ou la femme assise dessus il est entendu la religiosité qui a
pOUl' fin la domination et pOUl' moyens les choses saintes de la Pa..,
l'ole; de l'Église et du culte. - Contz'nuation sur le second genre
de Profanation: Ceux qui sont dans l'amour de soi, et par suite
dans j'amour de domin'el', et qui désirent, acquièrent, 'et ensuiLe
exercent la domination pal' les choses saintes de la 'Parole, de I;É­
glise et du culle, sont ceux qui profanent; cal' le plaisir de l'amour
de domine.' pOUl' soi, 'c'est-à-dire, poul' l'éminence, et' pal' suite
pour la vénération et la quasi-adol'ation, est un plaisir infernal
qui aussi règne dans l'enfel', car dans l'enfel' ch'acun l veut être le
plus grand, mais dans le Ciel chacun' "eut êlre le plus petil;:or,
dominer SUl' ,les choses saintes d'apl'ès un plaisir infernal, c'est Ill!;
profaner. Toutefois, ce second gem'e de pl'ofé.nation des' choses
saintes de l'Église n'est )Jas comme le précédent geÎlI'e 'de profana­
tion; le genre précédent app3l'tient à ceux cbez lesquels il s'est
opéré une communication avec 'le Ciel pàr l'o'uvertu're' dé 'leur men­
tal spirituel; mais ce second 'genre de profanation appartient il ceux
chez lesquels le mentalspÎI'ituel n'ay~nt pas' été ouvei'l, il ne s'est
pas opéré' de communication avec le Ciel ;'car tant que'le plaisir' de
l'amour de dominel' réSide en l'homme, cemental'lie'peut\être'olI­
vel't, et la cOrninunication avec le Ciel ne peut par conSéqUent lui
être donnée. Le sort de ces profanMeUl's apl'~ là mort diffère aussi
du sort des prééédents. Les pl'écédents, comme il a' été dit, sont
dans un perpétuel délire de 1fantaiSie ,màis ceux-Ci ;'80I1t dans la
haine contre ie Seigneur, contre le Ciel, contre la' Parole, contre
l'Église et contre toutes les choses' saintes'; ils se livrent, à ceLLe
haine, pal'ce que la dominalionleUl' est enlevée; ainsi lèüt 'étal'est
r.hangé en l'état contraire. lis apparaissent comme de feu, et leur
Vers, 8, CHA1llTlU~ DIX-SEPTiÈME, 3b!)
enfer est eomme un incendie, cal' le feu infel'nal n'est autre chose
que la cupidité de dominer d'après l'amoUl' de soi j ils sOllt parmi
les plus méchants et sont appelés diables, mais les autres sQnt
appelés satans.
1056. Et s'étonneront ceux qui habitent SU1~ la terre,
signifie ceux de cette religiosité qui rejettent la Parole: on
le voit, par la signification de ceux qui habitent sur la terre, en
ce que ce sont ceux qui sont de celte religiosité, car pal' la tet're est
signifiée l'Église, mais ici la religiosité, parce que chez eux il n'y a
pas Église; car il n'y a Église que là où le SeigneUl' est adoré, et
où la Parole est lue. Qu'il soit entendu ceux qui rejettelll la Pa-
role, cela est évident par ce qui suit, à savoir, que ce sont ceux
Il desquels les ,Noms n'onl point été écrits dans le Livre de vie dès
la fondation du monde, » et que ce sont ceux qui II voyaient la Bête
qui était et n'est pas, et cependant elle est; 1) pal' la bête est si-
gnifiée la Parole, comme ci-dessus; c'est pOUl'quoi leuI' étonnement
vient de ce que la Parole néanmoins est, quoiqu'elle ait été et ne
soit pas. - Continuation sur le second genre de Profanation:
L'amour de dominer par les choses saintes de l'Église, comme
moyens, fel'me entièrement les intérieUl'S du mental humain, des
intimes vers l'extrême, selon la qualité et la quantité de cet amour;
mais, afin qu'oll sache que les intérieurs qui appartiennent au men-
tal humain sont fermés, il sera dit d'abol'd quelque chose de Ces
intél'ieurs. Il y a chez l'homme un menlal spirituel, un mental l'a-
lionnel, un mental natUl'el et un mental sensuel; pal' le [}lental spi~
rituel l'homme est dans le Ciel, et il est le Ciel dans la forme la
plus petite: pal' le mental naturel il est dans le monde, et il est le
monde dans la forme la plus petite; le Ciel chez l'homme commu-
nique avec le monde en lui pal' le mental rationnel, et avec le C01'PS
par le mental sensuel. Chez l'homme, après sa naissance, est d'a-
bOl'd ouvert le mental sensuel, puis le mental naturel, et selon qu'il
s'applique à l'in~ell!ge.!!~ le mental l'alionnel, et selon qu~ï-S'~
pliquëTla _sages~e le mental spirituel; mais ensuite à mesure que
l'homme devient sage, le mental spirituel devient pour lui comme
la tête, et le mental naturel comme le COI'pS, auquel le mental ra-
tionnel sert pour la conjonction comme le cou sert à la tête, et alors
le mental sensuel devient comme la planle du pied: tous ces men-
360 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" :1056.

taIs, chez I~petits enfants, sont disposés pal' le Soigneul' au mJlyen


de l'infiux de l'innocence qui pl'ocède;du·Ciel, afin qu'ils puissent
être ouvel'ts; mais chez ceux qui, dès le second âge de l'enfance,
commencent à bro.ler du désil' de dominer pal' les choses saintes de
l'Église comme moyens, le m~ntal spirituel est entièrement.fel'mé,
puis aussi le mental l'ationnel, et eolin le mental Balul'el, jusqu'au
menlal sensuel, ce.qui ùans le Ciel est exprimé par jusqu'au nez,
et ils deviennent ainsi pUl'ement sensuels; ils sont les plus stupides
de tous dans les choses spirituelles et pal' suite dans les choses ra­
tionnelles, el les plus astucieux de tous. dans les choses mondaines,
et pal' suite dans les choses! civiles: ils ne savent pas eux'::mémes
qu'ils sont si stupides dans les choses spillituelles, pal'ce que·de
cœm' ils ne les cl'oient pas, et pal'ce qu'i1s'croient que l'astuce est
la prudence et que 181 malice est la sagesse. Tous ceux qui sont de
ce genre diffèrent cependant 5el&)1 la qualité et la quantité dit désir
de dominer et de son ex.el'cice, et aussi selliUl la qualité et la quan­
tité de la pel'suasion qu',i1s sont saints, et selon la qualité du bien
et du v.rai qu'ils tirent de la Ral'Qle ,et qu'i1a ·pl'ofanent.
1057. Desquels n'ont point été écrrits le,~ NomsdanslltI Li
vre de vie dbJ la fondation. du monde, signifie que ce. son'
ceux qui ne reconnaissent point le Divin pouvoir. du Seigneur,
sur le Ciel et Slt'I' la terre, mais l'ont transféré· dans un Vi­
caire, et de lui dans ses vicaires: on le voit par la signification
des Noms qui n'ont point été écl'its dans le Livre de vie, en ce
que C~ sont ceux qui ne sont point reçus dans le Ciel, No' ~99,
222, 299; e~ comme dans .le Ci~1 ne sont point reçus ceux Qui ne
reconna,issent point le Divin pouvoil' du Seigneur sur le Ciel ~t sur
la terl'e, c'es~ pOUl' cela que ce sont ceux-ci qui sont entendus; et
pal' la significatioll de la fondation dU' monde, en ce que c'est
depuis l'instauration de l'Église : pal' la fondati9n du monde 1
dans le sens de la lelLre ou sena oaltll'a.!, il est entendu la .cl'é~­
Lion du Monde, mais dans le sens intel;ne spirituel, il es' enl~ndU
J'instauration de l'Église, car'ie sens spiuituel traite de.cboses spi..
rituelles, et le sens. naturel lI'aite de ;choses natUl'elles.quison' du
monde: c'est de là que par lacl'éa,lion du Giel et de la Terre dans
le PI'cmi6l' Chapitl'c de la Genèse, dans le sens spil'ituel, il est décrit
la nOUl'elle Cl'é,ltioll ou l'illsfauralioJJ rie la PI'emière et Tl'ès-An­

Vers. 8. CHAPI'l'UE DIX-SEPTIÈME. 30'1


cienne Bglise SUI' cette Terre: que celte inslanl'ation soit décrite pal'
la Cl'éation du Ciel et de la Terre dans le Premier Chapitre de la
Genèse, on le voit dans'les ARCANES CÉLESTES, où ont été expli­
quées les choses qui sont dans ce Chapitre: en oulre, par créer dans
la Parole il est signifié l'éformer, et pal' Créateur est signifié le Sei­
gneur comme Réfol'mateUl' et Sauveur: que par cl'éer il soit signifié
l'éformet', et que par la Création du Ciel et de la Tel'l'e, dans le Pre­
mier Chapill'e de la Genèse, dans le sens spirituel, il soit décrit
l'instauration de l'Église Très-Ancienne, on 'le voit ci-dessus,
N°' 29ft, 730. L'instauration de l'Église est aussi entendue par la
fondation du monde dans ces passages de la Parole: Le Roi dira
(1

il ceux de sa droite: VeneZ, possédez en héritage te royaume


préparé pour VOilS dès ta (ondation du Monde. Il - Malth. XXV.
3lt.-«Jésus, priant, dit: Père, tu M'as fUmé avant ta fon­
dation du M01lde. l l - Jean, XVIL 2lt.~«Jésus dit: Le sang
de tous tes Prophètes, qui a été répanda depuis ta (ondation
dli Monde, sera redemandé il cette génération. Il - Luc, XI.
50. - Que l'instauration de l'Église soit entendue par la fondation
du mondé, on le voit pal' les passages de la Parole où il est dit
fondet' la tel'I'e, la fondation de la tene et le fondement de la terre,
expressions pal' lesquelles il est entendu, non pas la fondation du
création de la terre, mais l'instauration ou création de l'Église sur
terre, comme dans Zacharie: (1 Jéhovah, qui étend tes Cieux
et (onde tu terre, et qui (orme f esprit de t'homme au milieu
de tui. Il - XlI. 1;- où par étendl'e les Cieux et fonder la iel're il
est entendu, non pas étendl'e le ciel visible, et fonder la terre habi­
table, mais l'i~glise quant à ses intel'nes qui sont appelés les spiri­
tuels, et quant il ses extel'nes qui sont appelés les natu'rels; fonder
l'Église'etl'étendre~ c'est inslaurer;e'est pourquoi il est dit aussi
Il qui fOl'me l'esprit de l'homme au milieu de lui, Il ce qui signi­

fie sa réformation eL sa régénétation'. Dans Ésare : «(Ét:oute-moi.


Jacob! et Israël! ma main 'ft (ondé ;la terre, et ma droite
de sa paume a (ormé tes Cieux. Il -:.;... XLVIlI" 12, '13; - par
fondel' la tene avec la main, et avec la paumé de la droite fOl'mel'
les Cieux, il est signifi'é les mêmes choses que ci-dessus" comme
on peut le ,'oil' par ce qui ,précède et pal' ce qui slIit dans ce Cha':'
pitre, OÜ il s'agit de l'insta'uration rhr la Nouvelle Église pal' le
362 L'APOCALYP~.E EXPLIQUÉL<:. ~·105ï.

Seigneur. Dans le Méme : « Est-ce que tu oublies Jéhovah ton


Facteur, qui étend les Cieux et fonde la terre? li - LI. 13;
- ici aussi par les Cieux et la tene il est signifié l'Église quant à
ses internes ou ses spirituels, et quant à ses externes ou ses natu­
rels, et par étendre et fondel' il est signifié inslaUl'er', Dans le
Méme : (c Je placerai mes paroles dans ta bouche, et de l'om­
bre de ma main je te couvrirai, pour. planter les Cieux 'et
pour fonder la terre, et pour dire li Sion: Mon peuple, toi.
Réveille-toi, réveille-toi, lève-toi, Jérusalem. »- LI. 16,1.7;
- ici, plantel' les Cieux et fonder la terre, c'est évidemment ins­
tam'el' l'Église, cal' cela est dit au Prophète, que la Parole serait
placée dans sa bouche, et qu'il serait couvelt de l'ombre de la
main, pour planter les Cieux et pour fonder la terre; par le Pro­
phète la terl'e ne peut étl'e fondée, mais ç'est l'Église; c'est meme
pOUl' cela qu'il est ajouté (c poùr dire à Sion: Mon pauple, lOi; Il
puis, réveille-toi, réveiUe-Joi, lève·toi, Jérusalem; Il cal' pal'
(1

Sion et par Jérusalem, dans la Pal'ole, il est entendu l'Église.,Dans


David: « A Toi le Ciel et la terre; le globe et sa plénitude,
Toi, tu lU fondé, 1) - Ps, LXXXIX, 12; - ici pal'eillement,
par le Ciel et la terre est signifiée l'Église, pal' le glote l'É­
glise quant au bien, et par sa plénitude sont signifiés tous les hiens
et tous les vrai~ de l'Église. Dans le Méme : « Jéhovah la terre
et le globe sur les mers a fondé, et Sllr les fleuves il les a éta­
blis. Qui est-ce qui montera en la montagne de Jéhovah? et
qui est-ce qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté? II - Ps.
XXIV. 2, 3; - que l'instaUl'ation de l'f~glise soit décl'ite pal' fon­
fer la terre et le globe sur les mel's et les établir sur les fleuves, on
le voit ci-dessus, Nol SOh, 518, 7!l1; que l'instaul'ation de l'É­
glise soit signifiée, cela est évident d'apl'ès ce qui est dit ensuite, à
savoir, « qui est-ce qui montera en la montagne de Jéhovah? et
qui est-ce qui se tiendra dans le lieu de sa sainteté? l)par la mon.,.
tagne de Jéhovah est entendue Sion, par laquelle il est signifié où
était le Seigneur par le Divin Vrai, et par le lieu de sainteté est en­
tendue Jérusalem, où était le Temple, par laquelle est signifiée
l'Église quant à la doctl'ine : d'après ces cOllsiilérations, il est évi-.
dent que pal' la Jondation du monde il est signifié l'instauration de
l'Église, cal' par le monde ri est entenrlu la mùmc chose fille pal' le
Vel's. 8. CHAPl'l'UE I>IX-SEPTIÈME. 363
Ciel el la terre; ct il esl dit foncler la terre, parce que par la terre
est signifiée l'Église dans les terres, et que SUI' elle est fondé le Ciel
quant à ses choses saintes. D'après cela, on voit encore clairement
ce qui est signifié pal' les fondements de la terre dans les passages
suivants; dans Ésaïe: « Ne savez-vou~ pas? n'entendez-vous
pas? ne vous a-toit pas été annoncé dès le commencemen t ?
ne comlJrenfz-vous pas tes fondements de la ten'e? 1) - XL.
21. - Dans le Même: li Ébranlés ont lié les fondements de la
terre.)) - XXIV. '18: - pareillement, - Ésare, LVIII. 12.
Jérém. XXXI. 37. Mich. VI. 2. Ps. XVIII. 8,16. Ps. LXXXII.
5 : - et ailleurs. - Continuation sur le second genre de
Profanation: Si les profanateurs de ce gem'e sont stupides et ex­
travagants dans les choses spirituelles, mais astucieux et ingénieux
dans les choses mondaines, c'est parce qu'ils font un avec les diables
dans Jlenfer; et comme ils s6nt, ainsi qu'il a été dH ci-dessus, pn­
rement'sensuels, et par suite dans lelll' propre, lequel tire le plaisil'
de sa vie des effluves immondes qui s'exhalent des choses gâtées
dans le corps ct qui sortent des matières infectes, c'est de ces
choses que vient le gonflement de leur .poitrine 10I'squ'i1s sont dans
l'orgueil,. et c'est de la titillation que vient leur plaisir. Que ce
soit. là l'origine, cela est évident pal' leurs plaisirs après la mort,
lorsqu'ils deviennent esprits; ils préfèrent alOl's aux odeurs sua\'es
les odeUl's fOl'tes des exhalaisons du ventre et des latrines, qu'ils
trouvent plus odoriférantes que celles du thym. C'est par l'.exha­
laison et le toncher de ces éhoses que se ferment les intér·ieurs de
leur mental, et que s'ouvl'entles extél'ieurs qui appartiennent au
corps ;"de tà vient leUl' activité dans les choses mondaines et leur
nonchalance dans les choses spil'ituelles. En un mot, l'amour de la
domination par les choses saintes de 1':Église correspond à une in­
fection, et SOIl plaisir à une puanteur qu'on ne peut exprimer pal'
des paroles et que les Anges ont en hOI'I'eUI'. C'est, là ce -qui est
exhalé de leurs, enfers quand ils s'ounent, mais à cause de 'l'op­
pression et de l'évanouissement que parfois, ils occasionnent, ces
enfers sont tenus fermés.
1.058. En voyant'· {a Béte qui était et n'est pas, signifie
sacha/lt que la Parole avait été reçue, mais néanmoins était
rl'jl'tée : eela est constant d'apl'ès la signification de Toir, en cc
SM L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. [';"1058.

que c'est savoir et connaltre, No' 260, 529; d'apl'ès [a signification


de la B~te, en ce qu'elle est la Parole, N° 1.038 ; et d'après la si­
gnification de qui était et n'est pas. en ce.que c'est qui avait été
re.;ue, et néanmoins était rejetée, N°' 1054, 1055, 1056, - Du
troisième genre de Profanation: Dans ce genre de profanation
sont· ceux qui adol'ent les choses Divines avec des gestes de dévo­
tion et des lèvres pieuses, et qui cependant [es nient de cami' et
d~esprit, par conséquent ceux qui au dehors et devant [e moncle vé­
nèrent [es. choses saintes de [a Parole, de ['Église et du culte, et
qui cependant s'en moquent à [a maison et dans leur cabinet, Lots­
que ceux qui appartiennent à ce gem'e de profanation sont dans
la sainteté extel'lle, soit qu'ils enseignent dans un Temple, soit
qu'ils parlent avec le vulgaire, ils ne savent autre chose sinon. que
ce qu'ils disent est ainsi, mais dès qu'ils rentrent en eux-mêmes,
ils pensent le contI'aiI'e : comme ils sont tels, ils peuvent contre­
faiI'e les Anges de lumière, bien qu'ils soient des Anges de ténè­
bres : de là il est évident que ce genl'e de profanation est le genre
hypocrite; ils sont semblables à des images de boue recouvertes
d'or, à des fruits poufi'is à ['intérieur mais dont [a peau est belle"
ou à des noix rongées intériemement par [e ver mais dont les ClO­
ques sont entières: pal' là il est évidènt que leur interne est diabo­
lique, et que par conséquent leur sainteté externe est une profana­
tion, Tels sont plusieurs dominateurs dans la Baby[onie d'aujour­
d'hui; et, là, beaucoup de membres d'une certaine société, qu'eux­
mêmes connaissent, lesquels s'al'fogertt le pouvoir de dominel' sur
les âmes des hommes et sur le Ciel; car croire, comme eux croient,
qu'Hleur a été donné pouvoir de sauver et d'introduire dàns [e Ciel,
et reconnattre de cœur qu'il y a un Dieu, ce sont deux oppOsés; et
cela, parce que l'homme, pour ~Ire sauvé et intl'oduie dans le Ciel,
doit se tourner vers le Seigneur et Le sEPplier; mais l'homme qu.i
croit que ce pouvoir lui a été donné regarde vers soi-même, et'Cl'oH
avoir en soi les choses qui appartiennent au Seignenr; or, il n'est
pas possible qu'il croie ee[a et qu'en même temps il Cl'oie qu'il y a
un Dieu, ou que Dieu est en lui: croire que Dieu est en soi, tandis
qu.'on se regal'de au-dessus des choses saintes: de' l'Église, et qu'on
regarde le Ciel en son pouvoir, c'est se mettre dans la même pObi­
liel'! 'tue Lucifer, qui bl'Ole de l':trdeur de dominer SUl' toutes cho­
Vel'!, 8. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 365
ses; si celui-ci pensait que Dieu est en lui, il ne pourl'ait faire au­
Il'entent que de pensel' cela d'après lui-même; or, penser d'apl'ès
soi-même que Dieu est en soi, c'est penser non pas que Dieu est en
soi, mais qu'on est soi-même Dieu, comme,on le lit dans Ésale,­
XIV. 13,14, - au sujet de Lucifer, par lequel il y est entendu
la, Babylonie, ainsi qu'il e&t évident pal', les Versets 4 et 22 du
même Chapitl'e. Tel est aussi l'homme par lui-même, et il se
montre avec ardeur tel qu'il est par lui-même lorsqu' il en a le pou­
\'oil', et pal' degrés selon qu'il s'élève. D'après cela, Il est évident
que de tels hommes sont athées, les uns ouvertement, les autres en
secl'et, quelques-uns sans le savoir, et Que, comme ils l'egal'dent
la domination comme fin et les choses sain les du Ciel et de l'Église
comme moyens, ils contrefont les Anges de lumière par la face,
les gestes et le langage, et profanent ainsi les choses saintes.
1059. Et cependant elle est, signifie que néanmoins elle
est, parce qu'elle est Divine, et n'a été rejetée que par les pro­
fanes : on le voit pal' la signification de la BUe, de laquelle ceci
est dit, en ce qu'elle est la Pal'ole; que néanmoins elle soit, el que
généralement elle soit reconnue pOUl' Divine, et sa sainteté égale à
la sainteté des édits et des bulles du Pape, cela est noLoire; mais
que cependant elle soit rejetée par ceux qui nient de cœur les Di­
vins VI'ais, par conséquent qui profanent les choses saintes de l'É­
glise, cela a été dit ci-dessus. S'il est dit et cependant elle est,
c'est un al'cane qui concerne ceux qui l'econnaissentla Parole pour
Divinè; il sera parlé d'eux dans l'Explication des Vel's. 16 et 17
de ce Chapiu'e.- Continuation SUt' le troisième genre de Pro­
{anation : Ceux qui sont de ce genre de pl'ofanation, qui est le
genre hypocrite, diffèrent entre eux en ce qu'ils peuvent, les uns
moins et les aull'es davantage, fermel' les intérieurs de leUl' men­
tal pour qu'ils ne se manifestent pas, et disposer à la saintelé les
extérieurs qui appartiennent à la face et aux lèVI'6!l~ Après leur
mort, lorsqu'ils deviennent esprits, ils apparaissent enveloppés
d'une nuée lumineuse, au milieu de laquelle il y a quelque chose
de noil', comme une momie égyptienne; mais lorsqu'ils sont élevés
dans la lumière du Ciel, cette nuée lumineuse devient d'un noir
diallolique, Don par la transparence, mais pal' la transpiration et
par l'infeclion qui en procède. Ceux-ci donc dans l'enfer sont les
366 L'APOCALYPSE EXPLiQUEE. 1\" 1059.

diables noirs. Les diversités de ce genre de pl'ofanalïons sont con­


nues d'après la nOÏl'cem' plus ou moins hideuse et honible.
:1.060. Vers. 9, :1.0, 11. lei l'entendement, (à) qui a de la
sagesse: Le$ sept Tetes, sept Montagnes ce sont, sur les­
quelles la Femme est assise; - Et sept Rois ce sont; cinq
sont tombés, et l'un est, l'autre n'est pas encore lJenU, et
quand il sera venu, peu de temps il faut qu'il demeure.-Et
la Bete, qui était et n'est pas, elle-même huitième elle est;
el des sept elle est, et à perdition elle s'en va. -Ici l'enten­
dement, (à) qui a de la sagesse, signifie l'entendement de ces
choses dans le sens naturel d'apl'ès le spirituel: les sept Têtes,
sept Montagnes ce sont, sur lesquelles la Femme est assise,
signifie les biens de la Pal'ole adultérés et profanés par ceux qui
sont dans la domination d'après cette religiosité: et sept Rois ce
~ont, signifie et aussi les vrais de la Pal'Ole falsifiés et profanés pal'
eux: cinq sont tombés, signifie qu'il est pal'lé ici, non pas du
l'estant des vl'ais profanés, mais seulement des deux qui sont les
principaux de la religion : et rl!!l est, signifie le vrai adultéré,
que le pouvoir du Seigneul' sur le Ciel et SUI' la terre, ainsi sur les
hommes pOUl' les sauver, a été transféré dans leur chef supl'ême,
et pal' suite dans tous les autl'es qui sont sous lui: l'autre ]t'est
pas encore venu, et quand il sera l,eml, peu de temps il faut
qu'il demeure, signifie le vrai profané, que le pouvoir du S.eignel)I'
SUl' le Ciel et sur la tert'e, pris par eux, est dit ne pas être PiYiu,
lorsque cependant il est Divin: et la Bête, qui était et n'est
pas, elle-même huitième-ëlle est; et des sept elle est, et il per­
dition elle s'en va, signifie que c'est aussi un vrai pl'ofané, que la
Parole est Divine, et cependant elle est rejetée.
106:1.. Ici l'entendement, (il) qui a de la sagesse, signifie
l'entendement de ces choses dans Le sens naturel d'après le
spi1'ituel: on le voit par la signification de ici l'entendement,
en ce que c'est l'entendement de ces choses; par la significa­
tion de (à) qui a de la sagesse, en ce que c'est qui p@tpe!'ce­
V~I' ce qui a _~té_ r~pr~enté el pal' suite a été signifié pal' la vision,
spécialement pa! ~ Bête éca!~~~te, et par ses sept têtes et ses dix
comes; mais dans le sens abstl'ail d'avec la personne, par (à) qui
il de la sagesse, il est entendu l'explication de la chose repl'ésen­
V('J'S. 9. CHAPITRE mX-SEPTIÈME. 367
100 dans le sens na1urel d'après le spil'i1uel, ainsi l'explication de
ce que c'est que les sept mon1agnes et les sept rois; qui sont signi­
fiés par les sep1 têles, car l'explication donnée par l'Ange, que les
sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles est assise la femme,
et qu'elles sont sept rois, dont cinq sont tombés, et l'un est, l'autre
n'est pas encore venu, etc., n'est pas une explication dans le sens
naturel d'apl'ès le spirituel, mais c'est une explication dans le sens
purement naturel, dans lequel est caché un sens spiriluel, qui doit
être développé, ct qui est développé, quand il est expliqué ce qui
est signifié pal' les sept montagnes, par les sept rois, par les cinq
qui sont lombés, et par un qui est, et aiusi du l'este; c'est donc là
ce qui est entendu par avoir de la sagesse, comme aussi ci-dessus,
Ilici la sagesse est: Qui a de l'intelligence, qu'il compte le
nombre de la bête, l l - Chap. XIll,1B.- Si l'Ange n'a pas expli­
qué la vision dans le sens naturel d'après le spirituel, c'est parce que
l'explication aussi constitue la Parole dans la lettre, et que la Parole
dans la lettre doit êll'e natm'elle, et avoir le sens spirituel caché
dans chacune de ses ex pl'essions, a'utl'ement la Parole ne servirait
pas de•.. -base au Ciel ni à l'Église, pour la conjonction de l'Église
_.-.-.... -­
avec le Ciel; de là vient qu'ailleul's aussi dans la. Parole, pal'
exemple dans Daniel, et dans les autres Prophètes, 10l'sque des
Anges expliquent des visions, ils les expliquent dans le sens pure­
ment naturel, et nullement dans le sens nalurel d'apl'ès le spirituel:
le sens naturel d'après le s[!irituel, c'est i~i lorsqu'il est ex pliqué
ce que signifient les sept montagnes, les sept l'ois, et les autres
choses, à savoir, que les monlagnes signifient les biens de la Pa­
,'ole, et les sept montagnes ces biens profanés, el que les rois si­
gnifient les VI'ais de la Pal'ole, et les sep1 l'ois ces \'l'ais profanés;
c'est là le sens naturel d'après le spirituel, sens qui est appelé
sens inlel'De, et aussi sens spirituel-natul'el. - Sur le quatrième
genre de P7'ofanation : Le quatrième genre de profana lion con­
sisle à mener une vie de piété, en fréquenlant les temples, en écou­
tant dévotement les prédications, en participant au sacrement de la
cène et aux aulres pratiques du culLe selon les slatuts, en lisant à
la maison la Pal'ole et parfois des Iivl'es de dévotion, et en pl'iant
matin et SOil', selon la coutume, et cependant à ne faire aucun CilS
des P!écep[es__d!_~ie qui sont dans la Parole et spécialement dans
308 L'APOCALYPSE EXPLiQUEE. i\" 1061.

Je Décalogue, en agissant dans les affaires et dans les jugements


sans sincérité et sans justice, par motil' de lucre ou d'amitié, en
commettant scortation et adultèl'e quand la passion échauffe et en
lIonne le pouvoir, enbrfilant de baine el Ae. vengeance contre ceux
qui ne soptpas.favorahles à ses inlél:êlS ou à son honneur, en sc
livrant au mensonge, et en parlant en mal des gens de bien et en
bien des gens méchanls, et ainsi du reste; lorsque l'homme est
dans ces maux, et ne s'en est pas purifié en I~ détesllmt et en s'en
détournant, et que néanmoins il rend dévotement, comme il a élé
.dit, un culle à Dieu, il pl'orane; cal' il mêle ses internes, qui sont
impurs, avec ses extel'l1es qui sont pieux, et il les souille; en effet,
il n'y a pas d'exteme qui ne procède des inlernes et n'existe pal'
les internes, car les aclions et les paroles de l'homme sont ses ex­
ternes, ses pensées et ses volontés sont ses inlernes; l'homme ne
peut parler que d'après la pensée, et ne peut agir que d'apl'ès la
volonté; quand la vie des pensées et des volonlés a. été imbue d'as­
tuce, de malice et de violence, il ne peut se raire aull'emenl que ces
passions, comme crimes intérieurs de la _vie, n'inlluent eusem6ië
dans les paroles et les actions qui appartiennent au culte et à la
piété, et ne les souillent comme le bourbier souille le!> eaux. C'est
là le culle qui est signifié par Gog et Magog, - Apoc. XX. 8,­
et qui est lIécrÏl ainsi dans Ésaïe: « Que M'impm'te la 712ulli­
tude de vos sacrifices, les minchah, les pm'fums, le .~abbath,
les nouvelles lunes, les fêtes solennelles et les prières, tandis
que vos mains sont pleines de sang? Lat1ez-vous, pw'i/iez-1:ouS,
éloignez la malice de vos œUV1'es, cessez de fm're le mal. Il - 1.
B à 19. - Ce genre de pl'oranalion n'est pas le genre hypocrite,
comme est le précédent, parce que l'hom,me qui esl dans ce genre-là
cl'oit être sauvé pal' le culte_ externe séparé ~ l'intel'l1.e, et ignQl'e
que le culte pal' lequel on est sauvé est le _CI,!l le-!:x l~l.'ne q~i procède
de l'interne.
1062. Les sept Têtes, sept Montagnes ce sont, sur les­
quelles la Femme est assise, signifie les biens de lil Parole
adultérés et profanés par ceux qui sont dans la domination
d'q.près ccite religiosité: on le voit par la signification des sept
Têtes de la bêle, en ce qu'elles sont les choses saintes de la Pa­
role proranées, N° 1OâO; pal' la signilication des sept Montagnes.•
Vers, \J. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 30D
~n ce qu'elles sont les biens de la Parole adultérés el profanés; cal'
par les montagnes sont signifiés les biens de l'amour, el dans le sens
opposé les maux qui appal'liennent à l'amoUl'; voir N°' h05, 510,
850,1025; et sept se dit du saint, el dans le sens opposé du profane,
N° WhO; de là, pal' les sept montagnes sont signifiés les biens de
l'amour, qui sont aussi les biens de la Parole, adultérés el profa-
nés; et par la signification de sur lesquelles la Femme est as-
sise, en ce.que c'est où il y a domination d'après celle religiosité;
que par la femme il soit signifié la religiosité qui est chez ceux Je
la Babylonie, on le voit ci-dessus, N° 1038; et par ètl'e assis il esl
signifié dominer, comme ci-dessus, N°' 1033 el 1038, où il est
tlit de cette femme, qu'elle était assise sur des eaux abondantes,
ct qu'elle était assise sur une BUe écarlate: s'il est entendu la
tlominaLion d'apl'ès cette religiosité, c'est pal'ce que ceux qui sont
dans la domination ,sur les c'hoses saintes de l'Église, et qui exer-
cent celle domination, Sont ceux qui sont entendus par celle femme
.appelée pl'ostituée, puis aussi mèl'e des scortations et des abomina-
tions de la tene, et non pas ceux qui sont dans le culte selon cette
religiosité sans êtl'e dans la domination; lorsque ceux-ci vi vent selon
les statuts du Pape et le l'econnaissent pour le vicaire du Seigneur
ct qu'ils pratiquent les choses saintes du culte selon l'institution,
ils diffèrent peu des païens probes; ils ne savent autrement, sinon
que les choses que leul's ministl'es et les moines enseignent sont
Haies, bonnes et saintes, et cela d'autant plus, qu'ils ne lisent pas
la Parole, quelques-uns pal'ce qu'elle leur a été enlevée, d'autres
parce que dans leur persuasion ils dépendent de ce que disent leurs
moines, et croient que ceux-ci seuls comprennent la Parole, el non
les autres. Or, ceux d'entl'e le peuple qui tournent leurs regards vers
le Seigneur, et vers le Pape seulement comme Chef de l'Église, el
qui sonl dans quelque "affection du vrai, ceux-là, il est vl'ai, sont
dans la Babylo,nie, mais ils ne sonl point de la Babylonie, car' apl'ès
la m01'1 ils peuvent être détournés des vanités de celte l'elïgiosité, et
des idolâtries, et être amenés à ('endre un culte au Seigneu!' et à
l'adorel', et même ils reçoivent du Seigneul' les nais pal' la Parole
ou par ceux qu,i l'enseignent: c'est pourquoi, plusielll's sociétés,
qui sont tout autant d'Églises, en ont aussi été fo!'mées pal' le Sei-
gneu!' après le Jugement demier'; il en sera parlé dans la :mite,
Vl. 21,
370 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N" 10(\2,

Quant à ce qui concerne les s-ept montagnes, SUI' lesquelles la


femme fut vue assise, on croit que ce sont les :sept montagnes de
Rome, où est le siége du Pape; mais en'admettant que Rome aussi
soit entendue, toujours est-il que par les sept montagnes sont si­
gnifiés les biens de la Parole -adultéréS 'et profanés, car la Pal'ole
est partout spirituelle, et eela en est le spirituel: que par les sept
montagnes soient signifiés les biens de la Parole adultérés et pro­
fanés, on le voit clairement aussi par c'e qui suit, en te qu'il est dit
que par les sept têtes de la Bêt~ ~ont signifi'és sept eôls, et par sept
rois dans le sens spirituel sont 'signifiés les vrais de la Pal'ole falsifiés
et profanés, -Continuation sur le qU'atrième genre de Profana.
tion : Ceux qui se livrent entièl'ement à la vie de piété, qui mar­
chent continuellement en de pieuses méditations, qui pl'ient fré­
quemment à genoux, qui parlent en tout 'tem'ps -et en tout lieu de
salut, de foi et d;amour, et qui cependant ne fuient pas, comme
péchés contre Dieu, les fraudes, ires adultères, les haines, les blas­
phèmes et autres actions semblableS,'et ne combattent pas contre
elles, ceux-là sont ceux qui, d'ans ce genre, profanent davantage;
car par les impuretés de leur ment-aI'i1s souillent les choses pieuses
de leurs lèvres, surtout s'ils abdiquent le monde et vivent solitaires,
Dans ce genre pl'ofanent encore davantage ceux qui sont tels, et
qui toutefois, par des raisonnements et par une fausse intel'préta­
tion de la Parole, protégent llêsviees, tels que les 'adullèl'es et les
convoitises, qui conviennent à leur nature et par suite à leur vo­
lupté : ceux.ci se font d'abol'll'exempts d'inquiétude, puis irrépro­
chables, enfin saints, et se jettétlt ainsi, sous 'le voile de la sainteté,
dans des impuretés dont ils se souillent eux et l'eUl'S vêtements,
1063. Et sept ROls ce SOilt, 'Signifie et aussi les vrais de
la Parole falsifiés et profanés par eux: on le voit pal' la signi.
fication des Rois, en ce qu'ils sont les vrais de la Parole, NOl 29,
Si, 625,1034; et par le prédicat s'ept, en ce qu'il se dit du saint,
et dans le sens opposé du profane; de tà vient 'que par les sept rois
sont signifiés les vrais de la Parole falsifiés et pl'ofanés : si ces vrais
sont signifiés par les sept rois, c'èst pàree que par les sept monla­
gnes, meIlLionnées ci-dessus, 'sont sign'ifiés leS'blens de la Parole
adu\lél;és et pl'oranés; cal', dans ta Pal'Ole, lorsqu'il s'agit du bien,
il s'agit aussi du Vl'al , à ca'tts'e 'du 'mariage céleste qui est cel'ui du
Vers, iO. ~HAP1Tl\E DlX-SEPTIÈM~, 371
bien et du vrai dans chacune des choses de la Parole; voir ci-des­
sus, N°' 238, 660, 775. Celui qui ne sait pas que par les l'ois
dans la Parole sont signifiés les vrais, ne peut jamais savoir ce qui
est entendu pal' les t()is dans un grand nombre de passages de la
Parole; par exemple, dans Daniel, où il est dit aussi que des léIes
et des cornes de bêtes sont des rois ou des royaumes, comme aussi
dans l'Apocalypse,-XVI. 12, 1lJ. XVIII. a. XIX. 19. XXI.
2!J ;- et ailleUl's; et dans ce Chapitre, Il les sept tét es. sept Rois
ce sont; cinq sont tombés, et l'un est, et l'autl'e n'est pas
encore venu. Et la Bête, qui était et n'est pas, élle-même
huiti~me (roi); et des sept elle est, et à perdition elle s'en Vtt.
Et {es dix cornes, dix Rois ce sont, qui Royauté n'ollt pas en­
COl'e reçu; Il' et plusieurs chôses qui suivent; car si des rois étaient
eùtendus ici par les rois, on ne pourrait, par aucune conjecture,
deviner ce qui a été entendu par de telles choses, tandis que lors­
qu'on sait que par les rois sont signifiés les vrais de la Parole et
par suite les nais de l'Église, on voit clairement ce qui est en­
lendu; mais alors par les nombres il ne faut pas non plus'entendrt
tout autant de vrais, mais il faut entendre ces "rais qui sont signi.
fiés dans le sens 'spirituel par le nombre; en effet, si sept vrais étaient
entendus par les sept rois, et cinq vrais par les cinq l'ois qui som
tombés, puis aussi dix vrais par les dix l'ois autant que de cornes,
alors aucun sens spiriluelne pourrait en résulter ; c'est pourquoi,
il faut absolument savoir que lous les nombres dans la Parole si­
gnifient les qualités des choses qui sont décl'ites. - Continuation
.mr le quatrième genre de Profanation: Dans ce genre de pro­
fanation sont surtout ceux qui lisent la Parole et ont des con­
naissances sur le Seigneur, parce que du Seigneur par la Parole
viennent toutes les choses saintes qui peuvent être profanées; celles
qui n'en viennent pas ne peuvent l'être; est appelé profane ce qui
est opposé au saint, et ce qui fait violence au saint et le détrUit ;de
làl'ésulte que dans ce genre de profanation ne sont pas ceux qui ne
lisent point la Parole et ne s'adressent point au Seigneul', comme
les Catholiques-Romains; ni à pIns fOl'te raison ceux qui n'ont au­
cune connaissance du Seigneul', ni de la Parole, comme les Gentils.
Ceux qui sont dans ce geme de profanation 3pparaissent d'abord
après la mort d'une face de couleur ilUlilaine, autour de laquelle
372 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" i063,

floUent plusieul's étoiles errantes, et ceux de ce genre qui ont été des
chefs apparaissent parfois d'un visage bl'illant; mais dès qu'ils sont
élevés dans la lumièl'e du Ciel, les étoiles et le brillant du visage
dispal'aissent et la couleur de la face se change en noir; il en est de
même de leUl'Svêtements, mais le noir de ces profanateurs tient
de l'azur, tandis que le noir des profanateurs du gem'e précédent
tient du l'ouge, parce que ceux-ci pl'ofanent les biens de la Parole
et de l'Église, tandis que ceux· là en profanent les vrais; cal' le
rouge tient du soleil de signifier le bien, et l'azur tient du Ciel
de signifier le vrai.
1064. Cinq sont tombés, signifie qu'i! est parlé id, nonpas
des autres vrais profanés, mais seulement des deux qui sont
les principaux de la religion: on le voit par la signification de
cinq sont tombés, en ce que c'est qu'il n'est pas parlé ici des au­
tres vrais; car par cinq, dans la Parole, quand ce nombre vient
apl'ès dix, il est signifié quelques personnes ou quelques choses,
puis les autres pel'sonnes ou les autres choses, et aussi peu de pel'­
sonnes ou peu de choses; mais quand il ne vient pas après dix, il
signifie beaucoup de pel'sonnes ou beaucoup de choses; sur la si­
gnification' de ce nombre, voir N° MS. Que par Il cinq sont tom­
bés Il il soit signifié qu'il n'est pas parlé des autres, on le voit clai·
rement aussi par ces paroles qui suivent, Il l'un est, l'autre n'est
pas encore venu, et quand il sera venu, peu de temps il (aut
qu'i! demeure, Il par lesquelles il est signifié qu'il va être parlé ici
des deux vrais profanés qui sont les principaux de tous les autres;
et, en outre, d'un autre vl'ai dans le Vel'set suivant en ces paroles,
Il et la Bête, qui était el n'est pas, elle-même huitième (roi)

elle est; et des sept elle est, II d'après lesquelles il est évident que
par celles-là et par celles-ci il est signifié qu'il va êtl'e parlé de
ces seuls vrais profanés, et non des autres vrais. C'est pOUl'quoi,
maintenant par IC les cinq qui sont tombés, Il il est signifié les autres
vrais de cette l'eligiosité qui ont été profanés, car Uest entendu cinq
rois d'entl'e les sept, et par les sept l'ois sont signifiés tous les nais
de la Parole falsifiés et pl'ofanés par eux; voir ci-dessus, N° 1063.
Les deux vrais profanés qui sont les principaux de tous les ault'es,
et dont il s'agit ici, sont donc qu'ils ont transféré en eux le Divin
pouvoir du Seigneur, et qu'ils ontl'ejeté la Pal'ole; qu'ils ont trans­
Vers. 10. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 373
féré en eux le Divin pouvoir du Seigneur est signifié en ce que
« l'un est, Il et que (1 l'autre doit venir; Il et qu'ils ont rejeté la Pa­
role est signifié en ce que « la Bête est un huitième roi, et cepen­
dant parmi les sept. 1) - Sur te cinquième gemoe de Profana­
tion: Ce genre ne l'essemble pas à ceux dont il a été question; cal'
il consiste à plaisanter d'après la Parole et au sujet de la Parole;
cal' ceux qui plaisantent d'après la Parole ne la considèrent pas
comme sainte, et ceux qui plaisantent au sujet de la Parole la mé­
prisent, lorsque cependant la Parole est le Divin Vrai même du
Seigneur chez les hommes, et que dans la Parole est pt'ésent le
Seigneur et aussi le Ciel, car chacune des choses de la Parole com­
munique avec le Ciel et par le Ciel avec le Seigneur; c'est pour­
quoi, plaisanter d'après la Parole et au sujet de la Parole, c'est ré­
pandre de la poussière terrestl'e sur les choses saintes du Ciel.
1065. Et t'un est, signifie te vrai adultéré et profané, que
te pouvoir du Seigneur sur te Ciel et SUl' la terre, ainsi sur
tes hommes pour tes saU1Jer. a été tramféré dans leur Chef
gupr~me, et de lui dans tous tes autres qui sont sous lui: on
le voit par la série des choses considérée dans le sens intel'ne, car
101'sque par les sept l'ois sont signifiés tous les vrais de la Pal'ole
profanés, et que pal' « cinq sont tombés Il il est signifié qu'il n'est
pas parlé ici des autres vrais, ou qu'ils sont passés sous silence,
mais qu'il s'agit seulement des deux vrais qui sont les principaux
de tous les autr'es, à savoil', du pouvoir du Seigneur SIlI' le Ciel et
sur la terre, et de la Pal'ole, il s'ensuit que par un roi qui est, et
par l'autre qui doit venir, il est signifié la translation du pouvoir
du Seigneur dans leur Chef suprême, et que par la Bête, qui est le
huitième roi, il est signifié la reconnaissance de la Parole pour Di­
vine, et cependant le l'ejel de celte Parole. Quant à ce qui concerne
la chose elle-même, à savoir, qu'ils ont transfél'é le ponvoil' du
Seigneur SUI' le Ciel et SUl" la terre, ainsi sur les hommes pour les
sauver, dans leur Chef suprême, et de lui dans tous les autres qui
sont sous lui, cela est notoire; d'après cela, il apparaît qu'ils dési­
rent ardemment de tout creul' et de tout mental (al1imus) d'être des
dieux sur la telTe, par conséquent d'être adorés d'un culte Divin:
que leur Chef suprême soit adoré comme Dieu à la place du Sei,
gneur, cela c~t évirlent pal' la vén61'ation qu'on lui J'end à genoux,
'!.7h L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N' :1.065.

pal' les saints baisers qu'on. donne à sa cbauss,nre, puis aussi aux
empreintes de son pied ; cette vénél'atiOQ, ou pl.utôt celte adoration,
provient de ce qu'il peut ouvrir le Ciel avec les clefs de Pierre, par
conséquent donner le Ciel à qui il lui platt, et aussi avec les mêmes
clefs fermer le Ciel, par conséquent jeter dans l'enfel' qui il veut:
et cela ne suffit pas, ils désirent encore avec 'Dl'deur la domination
sur la terre; dans ce but, ils amassent sous divers prétextes de
sainteté et pOl'tent dans leurs monastères, qui sont tout autant de
tl'é50reries, les richesses des royaumes du monde; et ainsi, ùe même
qu'ils mettent sous leur pou\'oir les âmes des homJlleS, de m.ême
aussi leurs richesses, pilr conséquent non-seulement les choses qui
sont du Ciel chez les hommes, mais encore. celles qui sont du
monùe chez eux; car ils savept que celui qui possède les âme~ des
hommes, et en outre leurs richesses" possède les hommes comme
Dieu, et qu'il peut transférer en soi une sorte de cuile Divin: de
là il est évident que ceux qqi sont de la Babylopie œaujourd'hui
désil'ent ardemment de tou' cQ.lur et de tOl,lt mental (animus) d,'être
des dieux et d'êll'e adorés d'un culte Divin; mais quoiqu'ils le dési.,.
rent avec ardeur, ils nient cependant qu'ils aient transféré en eux
quelque Divin; SUl' ce sujet, voir d,l;l,ns l'Article suivilnt.-Dans Ce
qui va suivre, il sera, à propos d'appendice, traité de la Parole et
de sEi Sainteté. On a dit depuis les templi ill)ciens que la Parole est
de Dieu, qU'elle a été divinement inspirée, et que par suite elle est
sainte; mais on a toujours ign.oré jusqu'à préSent oà réside en elle
le Divin; car la Parole, d,ans la lettre, parait comme UII écrit vul­
gaire, d'un style étrange, n'étant ni sublime ni brillant, comme le
sont en apparence les écrits du siècle. De là vient que l'homme, qui
aùore la nature au lieu de Dieu ou de préférence à Dieu, et qui par
suite pense d'après lui-même et d'après S.oll propre, et non d'après
le Ciel procédant du Seigneur, tombe facilement dans l'el'reur all
sujet de la Parole, et dans le mépris pour elle, en diSant de cœur
quand il la lit : Il Qu'est-ce que ceci? Qu~est-ce que cela? Est-ce
que ceci est Divin? Est-ce que Dieu, dont la. sagesse est infinie,
peut parler aiosi? Où est la sainteté de ce liVfe et d'où vient-elle,
sinon d'uQe religiosité dont les ministres tirent avantage? ete. II
Mais pour qu'on sache que la Parole est Divine, non,.seulement
quant il chaque sens, mais aussi quant à chaque mot, son sens in­
1\ Vers. 10. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 375
tern,e ou spidtuel, qui (lSt dans le sens externe ou naturel comme
l'âme est dans s~n ~orps,'~ é~~ ~~~élé; ce~~J:ls peut témoigner de
la DivInité e~ par cons~.~e~t de la s~,\~teté. d~ la Parole, et con­
vaincre même l'IWn,lme qa.t]JreI, que la, Pl!-ro\e Elst, Divine, s'il veut
êl,l'e convaiqçu.
1066. L'qutre n'e~f, pas encor1 venu, et qu.and il sera venu,
peu de t.emps i( {aut qutil deme~re~ signifie le vrai pro{ané,
que le pouvoir d.u Seigneur ,ur le Ciel et sur la terre, pris
par eux, est dit ne pas êtr~ Divin, lorsque cependant il est
Dl;vin .. op le voit par la significatiop de l'autre roi des deux qui
él~ient de reste après q\le cinq d~~ ~ept fUl'ent tomhés, en ce que
c'e.st un vl'ai profané., ici ~n secon~, mais néanmoins un avec le
précé~ent, ~vec un~ différepce, que le pouvoir du Seigneur sur le
Ciel ~~ S~l' la terre, qu'ils oflt transféré en eux, n'est pas Divin,
lorsque cependl\M i! est Divin; et com~e il est Divin, et que néan­
moi~s il est nié qu'il soit Divin, il est. dit que ce roi, c'est-à-dire,
ce vrl!-i pl'ofané, n'~t pas encore venu, et que quand il sera venu,
p~u de temps il ~aut qu'il demeyre, c~ qui ~ignifie que ce pouvoir est
Divin, quoiqu'oo dise ~u'il o'est PliS Divin: si cela est signifié par
cçt autr~ roi, c'ç~t p,arce qu'il fait un avec le roi précédent, seu­
lement av~ une d\~éfence, si ce pouvoir est Divin ou non: qu'il
fasse un avec le préc~?ent a,vec c1ette différence, c'est bien évi­
lient par le Verqet ~l~ivan~~ e~ ~~ qu'il est dit de la Bête, qu'elle est
un huitième roi, e~ que cepeI!dant elle est des sept; puis donc que
la Bê\e est di~e "l'oi, ~'eo~l'e les s~pt, ~I s'e~~uit que ces deux, qui sont
de l'este après q~~ cinq Iles ~ept, f~rent tombés, et de qui il est dit
l'uu et l'autre, a~p8,rtiel)nent au même suje!, ou au même vrai
profané, et que c'est un autre vrai profané qui est signiOé pal' la
Bêt~, ~!1 t~~t qy.'elle est dite êl~e un roi des sept. Quant à ce qui
concerne la chose ell~-même, ~I ~s~ notoire qu'ils disent que le pou­
voir ~ur le Cie~ et sur les âmes qes hommes pour les sauver Il'est
pal! pivin, parCll que c'était 'le pouvoir de l'Humain du Seigneur
transféré de Dieu le Père en Lui, et du Seigneur à Pierre; mais ils
disent cela par craiQt~ que le vulgaire ne ~e retire d'eux; que ce­
pendant c~ pouvoir ~oit Di~in, on 1~ voit m~nifestement en ce que,
ap~ès que Dieu eut créé l'univers, le principal du pouyoir Divin (1
I~té oe op.livrel' lei: hommes OC l'enfer ct rIe les ~a\l\'~I'; ~ar l'hommf',
;,76 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N' 1066,

n'est pas sauvé en un seul moment, puisque le Seigneur le réfOl'me


et le l'égénèl'e par degrés successivement depuis l'enfance jusqu'au
dernier moment de sa vie dans le monde, et ensuite à éternité, et
que le pouvoil' humain ne peut absolument rien pour cela: que
l'homme soit ainsi réformé et régénéré par le Seigneur, ils ne le
savent pas, parce qu'ils ne veulent pas le savoir; c'est pourquoi ils
persuadent que la salvation se fait en un moment, et que c'est seu­
lement l'admission dans le Ciel, ce qui cependant est un énorme
faux: mais, sur ce sujet, il en sera 'dit davantage ai\lell1's. - Con­
tinuation SUI' la Pàrole : En somme: La Parole est le Divin
Vrai Même, qui donne la sagesse aux Anges et nlustre les hommes.
Comme leJ)ivin Vl'ai procède du Seigneur, et ce qui procède est
Lui-Même hors de Lui, de même que la lumière et la chaleUl' pro­
cèdent du soleil, et sont le soleil ou appartiennent au soleil hOl's de
lui, et comme la Parole est le Divin VI'ai, elle est aussi le Seigneur,
ainsi qu'elle est nommée dans Jean, - I. 1,2,3, U. - Comme
1
le Divin Vrai, qui est la Parole envoyée dans le Monde par le Sei­
gneur, a traversé les trois Cieux, il a en conséquence été accom­
modé pour chal'\ue Ciel, el enfin aussi pour les bommes dans le
Monde, De là vient que dans la Parole il y a quatl'e sens, l'un hors
de l'autre à partil' du Ciel supr'ême jusqu'au m~)\)de, ou l'un au
dedans de l'autre il partir' du monde jusqu'au Ciel suprême. Ces
quatre sens sont nommés sens céleste, sens spirituel, sens naturel
d'après le céleste et le spirituel, et sens purement naturel. Celui-ci
est pour le Monde, celui qui le pl'écède pour le demier Ciel, le sens
spirituel pour le second Ciel, et le sens céleste pour le troisième•
.Ces quatre sens diffèrent beaucoup entre eux, au point que quand
ils sont placés l'un près de l'autre, its ne sont point discernés
comme faisant un, mais cependant ils fonl un quand l'un suit l'au­
tl'e; car' l'un résulte de l'autre, comme l'effet résulte de la cause, et
comme le postél'ieul' résulte de l'antél'ieur; c'est poul'quoi, de même
que l'effet représente la cause et COl'l'espond à ta cause, de même
un sens postérieur relativemen,t au sen's antérieur; c'est de là que
les quatl'e sens font un par les correspondances. De ces Proposi­
tions l'ésu1tent celles-ci: Que le dernier sens de la Parole, qui est
le sens de sa leltl'e et le quatrième en ordl'e, contient en soi les trois
sens intt~l'ieul':' qui sonl JlOtlI' les tl'ois Cieux; l'\lle ces trois sens
Vers, 10, CH APITRE DIX-SEPTIÈME. :lïï
sont développés et se présentent dans les Cieux quand l'homme
dans les terres lit saintement la Parole; que lie là le sens de la
leure de la Parole est celui d'après lequel et par lequel se fait la
communication a"ec les Cieux, et aussi celui d'après lequel et par
leqnel se fait la conjonction de l'homme avec les Cieux; que le sens
de la leUl'e de la Pal'ole est la base du Divin Vl'ai dans les Cieux,
et que le Divin Vrai sans une telle base sel'ait comme une maison
sans fondement, et' que la sagesse des Anges salis celle base serait
comme IIne maison dans l'air; que le sens de la lettre de la Pal'ole
est celui dans lequel consiste la puissance du Divin Vl'ai; que le
sens de la lelll'e est celui pal' lequel l'homme est ill~stré pal' le Sei­
gneur, et celui par lequel il obtierit des l'éponses quand il veut êlre
illustré; que le sens de la lettre de la Parole est celui par lequel
tout ce qui appartient il. la doctrine dans les tenes doit être confir­
mé; que le Divin Vrai dans le sens de la lettre de la Parole est
dans sa plénitude; que le Divin Vrai dans le sens de la lettre de la
l'm'ole est dans sa sainteté.
1067. Et la BUe, qui était et n'est pas, elle-même huitième
elle est; et des sept elle est, et à perdition elle s'en va, signifie
que c'est aussi un vrai profané, que la Parole est Divine, et
œpendant elle est rejetée: on le voit pal' la signification de la
Bête, en ce qu'elle est la Parole, ci-dessus, N° 1038; par la si­
gnilication de qui était et n'est pas, en ce que c'est que, dans le
commencement, la Pal'ole a été l'eçue et lue, mais que dans la suite
elle a été enlevée et n'a point été lue, aussi ci-dessus, N° 105!J;
pal' la signification de elle-même huitième elle est, et des sept
elle est, en ce que c'est qu'ils profanent le bien et le vrai en disant
que la Parole pour eux est Divine, ainsi qu'il va être expliqué; et pal'
la signification de s'en aller li perdition, en ce que c'est recon­
nue pOUl' la fOI'me, et néanmoins I:ejetée, N° 1055. D'après cela,
on peut voir que par ces paroles il est signifié la profanation de ce
vrai du bien, que la Parole est Divine, lorsque cependant elle a été
rejetée. Si elle a été reçue ct l'econnue pour Divine, c'est principa­
lement parce que leur religion est fondée SUI' les clefs données à
Piel're, et dont il est parlé dans la Parole; mai~ que néanm~el}e
ait été l'ej~~ée, cela est notoire; en elfel, elle a été enlevée au vul­
gaire, clic n'est point lue dans les Temples) il esl alll'ihué aux dé­
378 L'APOCAL)TPSE EXPliQUÉE, N" 1067.

crets du Pape lillllême sainteté et ~a même inspiration qU'à la Pa­


role, mais comme ces décrets ne sont point d'accord avec la Pa­
role, elle est gén~falement infirmée, et même blasphémée, puis­
qu'ils déci~ent qu'il est permis d'y faire des changements selon
l'état de l'Église; il est donc éviqent que ce vrai, que la Parole est
Divine, a été pl;ofané par eux. Que ce soit là ce qui est signifié par
ces paroles, on peutie voir en ce que par la Béte, dont il s'agit dans
ce Chapitl'e, il est. signifié la Pal'ole, et qu'ell~ est dite huitième
roi, et que néanmoins elle est des sept; si elle est dite huitième ('oi,
c'est parce que par roi il est signifié le Vl'ai, et pal' le nombre huit
le bien, el pal' sept le vl'ai du bien profané, car la Parole est le vrai
conjoint au bien; c'est pourquoi dans chacune des choses de la Pa­
role il yale mariage du bien et du vrai. Quand cela est signifié
par ces paroles, leul' sens est manifeslement évident, autrement
per'sonne n~ peut percevoir, ni même conjeciurer' ce qui doit être
entendu par cela que la Bête est un !Iuitième Roi, et cependant
des sept, et par ft perdition s'en aller, cal' être huitième, et ce­
pendflnt être des ~ept, ce serait une contl'adiclion : personne non
plus ne pourrait ni percevoir ni çonjec~urer ce qui doit être entendu
pal' (( sept rois~ dont cinq sont tombés, et l'un est ell'aulre vienl,ll
puis, ce que signifie ce qui est dit de la Béte, à savoir, Il qui élait
et n'est pas, et cependant .~lle est; » et en~uile, que les dix rois
dOllnerontleul' pouvoir à la Bêle, et dévasteronl la proslituée : ce
serait là de:: al'canes cachés à élel'Dité devant le genre humain, s'il
n'avait pas élé révélé que par les choses qui sont dans ce Chapitre
il est décl'it quelle est la Babylonie quant à la Parole. - Conti­
nuation $ur la Parole: Que la Parole soit le Divin Vrai méme
qui donne la sagesse a~x Anges et illustre les hommes, cela ne peut
être aperçu et vu que par un homme illustré: en effet, aux yeux
d'un homme mondain, dont le mental n'a pas été élevé au-dessus
de la sphère sensuelle, la Parole dans le sens de la lettre pal'att si
simple qU'à peine est-il quelque chose de plus simple; mais néan­
moins le Divin Vrai, tel qu'il est dans tes Cieux et duquel les
Anges lirent la sagesse, est caché dans ce sens comme dans son
Sanctu~Ï1'e; cal' la Parole dans la leUre est comme le Sanctuaire
couvert du vqile dans le milieu du Temple; elle l'enferme déposés
I)n elle des Arranes de 1[1 sngrsse céleste, tels que \'Ol'rillt' n'rn n
Vers. il. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 37U
point entendus: en effet, dans la Parole et dans chaque chose de
la Parole, il y a un sens spirituel, et dans celui-ci un sens Divin-
céleste, lequel, considél'é en soi, est le Divin Vl'ai même qui est
dans les Cieux, et qui donne la sagesse aux Anges et illustre les
hommes; le Divin Vrai, qui est dans les Cieux, est la, Lumièro
pl'océdant du Seigneur comme Soleil, lequel esl le Divin Arnoul';
ct comme le Divin Vrai procédant du &e!"oeur est la Lumiere du
Ciel, il est aussi la Divine Sagesse; c'~st celle Sagesse qui illumine
et les mentaIs et les yeux des Anges, et c'es~ aussi cette même Sa-
gesse qui éclaire les mentais des hommes mais non leurs yeux, et
qui leur donne de comprendre le vrai et auss,i de percevoil' le bien
quand l'homme lit la Pal'ole d'apl'ès le Seigneul' et non d'après lui·
même, car alors i,l est en société avec les. Anges, et intél'ieuremcnl
ùans une perception semblable à la percepUon spirituelle des An-
ges; et cette pel'ception spiI'iluelle que possède l'hqmme-Ange in-
flue dans sa perception naturelle, qui est sa perception propre dans
le monde, et illustre celle perceplion : c'est ainsi que le Seigneur
pal' l'intermédiaire du Ciel donne l'illustration à l'homme qui lit la
Parole d'après l'affection du vrai.
1068. Vers. 12,13,14. Et les dix corlles, que lU a~ vues,
dix Rois ce sont, qui Royauté n'ont pas encore reçu; mais
pouvoir comme Roi~ une seule heure ils reçoivent av~c la
DBte. - Ceux-ci, même sentiment ils ont, et leur puisumce
el leur pouvoir tlla Bêle ils donneront. - Ceux-ci avec l'A-
gneall combattront, mais l'Agneau les vaincra, parce que
Seigneur des seigneurs il est, et Rois des rois; et ceux avec
Lui, des appelés, des élus et de,~ fidèles (ils sont).-Et les dix
corne.ç, que tu as vues, dix Rois ce spnt, signifie les vrais ùe la "
Pl\l'olc quant à la puissance: qui Royauté n'ont pas encore reçu;
mais pouvoir comme Rois une sel/le heure ils "eçoivent avec
la Bête, signifie chez ceux qui n'ont pas de ll1ême reconnu que le
pouvoir du Seigneur sur le Çiel et sur la terre a été transféfé à un
homme, et qui attribuent la Divine sainteté à la Parole, et non de
même au~ édits dl,l Pape: ceux-ci, memc sentiment ifs ont, et
lez/J" plli~.~ance et lew' pouv,oil' Ù la Bete ils donneront, signifie
l'unanimité que la Parole est le Divin Vrai d'où dépend l'Église
qnanl ,', 8:1 (ioelrinc : ((,lI,r.-ci m'ec l'Agneau combattront, mm:~
380 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 10G8.

l'Agneau les vaincra, signifie qu'ils auront _cOQtest~~ion avec


ceux qui sont entendus pal' la prostituée, sur la sainteté de la Pa­
role et sur le pouvoir du SeigneUl' pOUl' sauver les hommes, eL que
le Seigneur délivrera ceux qui ont voulu êtl'e cOllduits par Lui au
moyen de la Parole, et non pal' la femme prostituée: parce que
Seigneur de,s seigneurs il est, et Roi des l'ois, signifie parce
que le Seigneur est le Bien Même et le Vrai Même, eL par consé­
quent Tout-Puissant: et ceux avec Lui, des appelés, des élus
et des fidèles (ils sont), signifie que ceux qui sont dans l'amoul'
envers le Seigneur, dans la charité à l'égard du pl'ochaiu et dalls
la foi de la chal'ité, sont dâns la \'él'ité SUl' la Divine Puissance du
Seigneur et SUI' la Divine sainteté de la Pal'ole.
1069. Et les dix cames, que tu as lmes, dix Rois ce sont,
signifie les vrais de la Parole quant ù la puissance: on le voit
pal' la signification des cornes, en ce qu'elles sont la puissance du
vrai, N°' 316, 567, 776, 10U; il YavaiL dix eomes, pal'ce que
par dix il est sfgnifié beaucoup de per'sonnes et aussi beaucomp de
choses, et même tous et toutes choses, ci-dessus, N° 675; de là
par dix cornes, quand il s'agit des vrais de la Pal'ole, il est signi­
fié toute puissance; et par la signification de dix rois, en ce qu'ils
sont les vrais de la Parole et pal' conséquent de l'Église, ainsi qu'il
a été montré souvent ci-dessus. Dans ces trois Versets, et aussi
dans les Versets 1.G et 17, il est expliqué ce qui esL signifié par les
dix cornes de la bête, à savoir, que ce sont ces Divins Vrais, que
la gent Babylonienne a profanés, dont les principaux sonL, qu'al!
Seigneur appal'tient le pouvoir sur le Ciel et sur la terre, et que la
PàrÔÎe est le sèùtsaintDivin; en effet, c~J!.eu-!~rl!I~_ font l'Église
memedu Seigneur dans les tenes, car ~Eglise est Ég~~e en c~ qu~
le SeigneUl' est adoré ct que la Parole est l~e, puisque le Seigneur
réforme l'homme, et que la Parole enseigne comment l'homme doiL
vi Vl'e pour qu'il soit réformé par le Seigneur; c'est pOUl'quoi, si
ces deux "r!is n'étaient pas reconnus et n'étaient pas reçus, l'É­
iIis~ eÜë~nlême périrait, car l'Église est fondée sur ces de!!!~rais.
C'est de là que, d'après la Divine Providence du Seigneur, il est
afl'ivé que de l'ÉgliseBabylonienne se sont séparées cel'taines Égli­
ses, qui recoiinaisse~t la DiVine Puissance du Seigneur s~e Ciel
el SUI' la Icne é~ale à la Puissanr.e de Dieu le Pèl'c~ cl alls~i flui
Vcrs. 1:.1. CHAPlTlH~ DIX-SEPTiÈME.. 3t-l1
allrihuent la Dh'ine sainteté à la Pal'ole seule; il a été POUI'VU à
cela par le Seigneur, afin. que I:Église Chrétienne dans le Monde
Européell..ne s'é~I'2ulât pa~e)i>nd_~.rL~ble : que èe soit là ce
qui est signifié pal' les dix comes qui sont dix rois, on le verra dans
ce qui suit. - Continuation sur la Parole: Comme la Parole
est le Divin VI'ai, et que ce Vrai procède du Divin ~lI'e du Sei­
gneur, de même que la Lumièl'e pl'ocède du Soleil, il en l'ésulte
que le Seigneur est la Pal'ole, parce qu'il est le Divin VI'ai. Si l~
Se~~neUl: est la par~le, pal;ce qu'il est le Divin VI'ai, et si ce Vrai
procède de son Divin Èlre, qui eslle Divin Amour, c'esl pal'ce que
le Divin Arnoul' a élé en Lui, quand il étail dans le Monde, de
même que l'Ame esl dans le Corps; et comme le Divin Vrai pl'O­
cède du Divin ArnOUl' de même que la Lumière procède du Soleil,
ainsi qu'il a été dit, c'est pour cela que l'Humain du Seigneur dans
le Monde a élé le Divin Vrai procédant du Divin ArnOUl' qui était
en Lui: que le Divin Même, qui esl nommé Jéhovah et le Père, el
qui est le Divin Amour, ail été dans le Seigneur pal' conception,
on le voit clail'ement dans les Évangélistes Mallhieu et Luc; dans
Matthieu, pal' ces paroles: Il Marie, mère de Jésus, ayant été
fiancée à Joseph, avant qu'ils eussent été ensemble, elle se
trouva enceinte par Esprit Saint. Et un Ange du Seignew'
dit en songe li Joseph: Ne crains point de recevoir Marie ta
fiancée, cm- c~ qui en elle a été engendré est d'Esprit Saint:
cela arriva, afin que fût accompli ce qui a été dit par le Sei­
gneur au moyen du Prophète: Voici, la Vierge sem en­
ceinte, et elle enfantera un Fils. Et Joseph ne la c~mut
point jusqu' li ce qu'elle eût enfanté son Fils le Premier né;
et il appela son nom Jésus. Il - I. 18 à 25. - Et dans Luc,
, pal' ces paroles: « L'Ange dit li Marie: Voici, tu concevras
dans l'utérus et tu enfanteras un Fils, et tu appelleras son
Nom Jésus; Celui-ci sel'a grand, et Fils du Très-Haut il
sera appelé. Mais Marie dit li l'Ange: Comment sera ceci,
puisque je ne coltnais point d' homme? L'Ange lui l'épondit :
Un Esprit Saint viendra sur toi, et une vertu du T1'~s-Haut
t'ombragera; c'e,st pourquoi aussi ce qui naitra de tOI~ Saint,
,çera appelé Fils de Dieu. Il - I. 30 à 35. - Comme il a été
conçu de Jéhovah, c'est pOUl' cela que dans la Pamle il est si sou­
382 L APO(.;AL y PS~ ~XPLlQU~E. NO, iOü!J.

vent appelé Fils de Dieu, et que Jéhovah est appelé son Pèl'e; 01',
Jéhovah quant à son 1);tre est le Divin Amour, et quant à SOli Exis·
ter, il est le Divin Bien uni au Divin Vrai. D'après ces explica­
tions, on peut voir ce qui est entendu par (1 la Parole, qui était
chez Dieu, et qui était Dieu, et aussi qui était la Lwnièl'e
éclairant tout hommè, il dans Jean,- I. f à fO, -c'est-à-dire,
qu'elle était le Divin Vrai procédant du Seigneur, et pal' conséquent
le SeigneUl' quant à son Existel' : que le Seigneur quant à son Exis·
tel' ail été le Divin Vrai, et que ce Vrai ait été son Divin Humain,
parce que ce Vrai existe par son 1);tl'e Divin comme le corps existe
pal' l'âme, c'est ce qu'attestent ouvertement ces paroles, dans Jean:
« La Parole ChaÏ1- a été faite, et elle a habité parmi nous;
et nous allOnS vu ,ça gloire, gloire comme de l'Unique-En­
gendré du Pb'e, II - Vel's. fla du même Chapitre. - La Parole
est le Divin Vrai, lequel est aussi la gloire; la chail' est le Divin
Humain; l'Unique-Engendré du Père est l'Existant ou Pl'océdant
de 1'.Btre Divin dans le Seigneur.
1.070. Qui Royauté n'ont pas encore reçu; mais pouvoir
COmme Rois une seule heure ils reçoivent avec la Bête, signi­
fie chez ceux qui n'ont pas de meme reconnu que le pouvoir
du Seigneur ~'ur le Ciel el SUI' la terre a été tramféré à un
homme, et qui aW'ibuent la Divine sainteté à la Parole, et
non de même aux édit,ç du Pape: on te voit par la signification
des Rois, en ce qu'ils sont les vrais de la Parole, ici ces deux vrais
principaux dont il a été traité dans les Versets qui précèdent; pal'
la signification de Royauté, en ce que c'est l'Église, ici l'Église
qui est appelée Babylonie, où ces deux vrais ont été profanés, et ce­
pendant ces vrais n'ont pas été profanés par ceux qui sont signifiés
pa('les rois qui n'ont pas encore reçu ('oyauté, mais ils ont été re­
çus; par la signification d'une seule heure, en ce que c'est quel­
que partie, cal' par l'heure dans la Parole, de même que par les
temps en général et en particuliel', il est signifié la cbosequant à
la qualité de son état, ici donc par une seule 'heure quelque par'lie,
par conséquent qu'ils régneraient quelque peu avec la femme pl'OS­
lituéc; de ces significations résulte donc ce sens, que ces deux \Tais
}.lrincipaux de l'Église, il savoir, que le pou voir du SeigncUI:SÛrle
su.'
t:iei el ;UI' l'f:glise, 11al' conséquent lesâtne;d"ësholilïiiéS\loUl'
Vels. 12. CIHPlTIH~ DIX-SEPTIÈME. 383
les sa.uvel', et la sainteté de la Parole, n'ont pas été reconnus comme
transférés à un homme et donnant à lin mot de la bouch'e du Pape
une égale sainteté, ainsi n'ont pas iélé profanés: que ce sens soit
dans ces paroles, on peut principalemen't le voir par les paroles
suivantes, à savoh" qu'ils donneront le pouvoir à la bête, ce qui
signifie qu'ils allribueront la Divine sainleté à la Parole; pùis aussi,
que l'Agneau comballl'a avec eux, et que l'Agneau les vaincra,
ce qui signifie qu'ils reconnatlront qu'au Seigneur appartient le
pouvoil' de sauver, qu'ainsi à Lui appartient 'la donHnation sur le
Ciel, SUI' l'(~glise et SUI' les âmes des hommes, et non au Pape. Il
a été dit ci-dessus qu'il y a deux choses qui constituent l'Église, à
savoir, la reconnaissance et la foi qu'au Seigneur al~pal'tientle pou­
voil' de sauvel', et que la Pal'ole est Divine, et où ces deux choses
ne sont pas reconnues et ne sont pas Cl'ues, là il n'y a pas Église i
et cela, parce que le Seigneur réforme I\homme et lui donne la foi
el l'amour, et que la Parole enseigne le chemin pal'Iequell'homme
doit allel' au SeigneUl' pour l'ecevoit' de Lui la foi et l'amour; si
ces deux choses ne sont pas connues dans l'Église, il n'y a pas
Église; mais afin ,que l'Église ne pél'U pas_e!!!i~l:eme'lL~~.!l~s_le
Monde Européen, il a été pourvu pal' le SeigneUl' à ce que non­
seulement dans le l'oyaume de la Babylonie, mais aussi hors de ce
royaume, il y eül des Sociétés qui, ùans, ces deux, vrais principaux,
qui sont les colonnes et les fondements de son Église, ne feraient
pas un avec les Babyloniens; au dedans de la Babylonie il ya ceux
qui s9nt dans le l'oyaume de Fran.ce, et plusieurs en Hollande, en
Angl~terre, en Éco;Se éle~ Irland~, qui n'ont pas enlevé auJ?~i­
gneur le pouvoÎl' de sauver les hommes, ni à la Parole la sainteté
Divine, pour attl'ibuer l'un et l'autre à un VicaÎl'e, comme on peut
, le voil' par la contestation de l'Église Gallic~ne avec l'Église Ro­
maine, contes't'atioll qui a duré longtemps et quidul'e enéoJ'e; SÜI'
celle conlestation ont élé dites pl'incipalement les choses qui sont
contenues dans les Vers. 1.2,1.3, H. Comme hors des rovaumes de
s
la Babylonie il y a des É 'lises qui donnent au Seigneur"tout poti~
voit' de sauvel', et n'en donnent :lUcun au Pape, et qui l'econnaissent
la Parole seule pOUl' Divine, et se sont entièrement soustraites à la
domination papale, et pal' suite ont été appelées Protestantes et Ré­
formées, c'est pOUl' cela qu'il s'agit d'elles aussi dans ce Chapitre,
3l:s1l L'APOCALYPSE EXPLiQUÉE. !\" !UïU,

car c'est d'elles qu'il est dit cc ils haïront la Pl'ostituée, el la l'cn­
dront désolée et nue; et ses chairs ils mangeront, eL ils la brûlel'ont
au feu; et ils donneront le Royaume à la Bête, II - Vers. 16, t 7:
' - mais il sel'a traiLé de ce sujet dans ce qui suit. - Continua­
tion WI' la Parole: Mais comme le Monde ignore commenL il
doit être entendu que le SeigneUl' est la Parole, -..:. Jean, I. 1, 2,
1ft, - il importe de donner de plus grandes explications. On sait
dans l'Église que Dieu est le Bien Même et le Vl'ai Même, et que
pal' suite tout bien que possède l'Ange, et que possède l'hommc,
vient de Dieu; et qu'il en est de même de tout Vl'ai : maintenant,
puisque le Seigneur est Dieu, il est aussi le Divin Bien et le Divin
Vl'ai, et c'est là ce qui est entendu pal' la Parole, qui était chel.
Dieu, et qui était Dieu, et aussi qui était la Lumière éclairanl lout
homme, et qui fut faite Chail', c'est-à-dil'e, Homme dans le Monde.
Que le Seigneur, 101'squ'i1 fut dans le Monde, ait été le Divin Vrai
qui est la Parole, c'est ce qu'il enseigne Lui-Même en plusieurs
endroits, où il se nomme la LUMIÈRE, et dans les passages où il se
nomme le Chemin, la VÉRITÉ et la Vie, et où il dit que l'ESPRIT DE
VÉRITÉ procède de Lui; l'espl'it de vérité est Ic DIVIN VRAI; quand
Je Seigneur s'est transfiguré, il a l'epl'ésenté la Pa l'ole; par sa Face,
qui brillait comme le Soleil, son Divin Bien; et par ses vêlements,
qui étaient éclatants comme la Lumière et blancs comme la neige,
son Divin Vrai; Moïse et Élie, qui alors s'entretenaient avec le
Seigneul', signifiaient aussi la Pal'ole, Moïse la Parole Historique,
et Élie la Parole Pl'ophétique : en outre, toutes les cil'constances
de la passion du Seigneul' ont représenté quelle violence la Nation
Jnive avait faile à la Parole. Le SeigneUl' aussi d'après le Divin
Vrai, qui est Lui-Même, est appelé Dieu, Hoi et Ange, ct il est
aussi entendu par la Piene en Horeb, et par la Pierre IOI'Squ'il s'a­
git de Pierre (l'Apôtre). D'après ce qui vient d'être dit, on peUL
voir que le Seigneur est la Parol'C, parce qu'il est le Divin VI'ai :
dans sa lettl'e la Pal'ole, qui est chez nous, est le Divin Vl'ai dans
les derniel's.
1071. Ceux-n', même sentiment ils Ollt, et leur puissallce
et leur pouvoir à la Bête ils donneront, signifie l'unanimité
que la Parole est le Divin Vrai d'où dépend l'Église quant
il Ml doctn'ne .' on le voit pal' la signification de avoir un 11/(11111'
Vers. 13. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 385
sentiment, en ce que c'esl l'nnanimil~, cl par la signification de
donner la puissance et le poul'oir li la Bête, en ce que c'est que
la Parole esl le Divin Vrai, d'où dépend l'Église quant à la doc­
tt'ine, car par la Mte est signifiée la Parole; voi,. ci-dessus, .
Np 1038; el par lui donnel' la puissance elle pouvoit' il esl signifié
la l'econilatlre pOUl' le Divin VI'ai, d'où il y a pour l'Église une doc­
trine. II a été dit ci-dessus'ql1e l'Églis~ G,allic~I}..~_~'econnaH la Pa- . : ­
l'ole comme Divin VI'ai, el allriùue l'inspil'atiOD Divine à chacune
des choses de la Parole, et non une inspiration pal'eille aux édils
du Pape quant aux choses qui sont des moyens de salut; qu~d'~u-
tl'es dans le Monde Européen agisSel}t pareillement; et que cela est
an'ivé d'après la Îlivine P,:ô'Vldenà6 du Seigneur, afin que l'Église
Chrélienne ne pél'it pas entièrement; la l'aison de cela, c'est que
l'homme par la p'al'Oie a communication et aussi conjonction avec
le Ciel, et, pal' le Cie! avec le Seigneur, et qu'il ne peut nullement
y avoit' communicalion et conjonction avec le Ciel et avec le Sei­
gneur pal' les choses énoncées el édictées par le Pape, pal'ce qu'elles
out pour fin, non pas le salut des âmes, mais la domination, et
tous les édits et les statuls qui ont pOUl' fiu la domination, princi­
palemenl sur les choses qui sont du Ciel el de l'Église, ont com­
municalion et font conjonction avec l'Enfer. D'après ces considé­
rations, on voit clairement ce qui est sigl1ifié par les di'x l'ois qui
donneront leur puissance et leul' pouvoir à la bête. - Continua­
lion sur la Parole: Mais comme il est absolument au..<Jessus de
la conception humaine que le Seigneul" quant à ~on _Hum~in dans
le Monde, ait été la P\lrole, c'est-il-dire, !e Divin VI'ai, selon ces
expressions dans Jean: II Ella Pal'ole Cltair a élé (aite, el elle
a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire comme

de l'Unique-Engendré dlt Père, Il - I. :1h, - cela va Cil con­

séquence être expliqué de nouveau, afill de le fair'e saisi.' al!tant._q.!!'il

est po~ible: On peut dire de chaque homme régénéré CJu'il est son

Vrai et son Bien, puisque la pensée qui appartient à SOfl enteude­


ment existe par les \'l'ais, et que l'affection qui appartient à sa vo­
lonté existe par les biens j c'est pourquoi, soit qu'on dise que

l'homme est son entendement et sa voloulé, ou qu'on dise que

l'homme est son Vrai et son Bien, c:est la même chose; le corps

est seulement une obéissance, (',al' ilill'ononce ce que l'homme pense

VI, 25.

:380 L'APOCALYPSE EXPLiQUÉE. N" 1071.

d'apl'ès l'entendement, et il fait ce que l'homme veut d'après l'affec­


tion; ainsi le corps et ces deux facultés se cOI'respondent mutuelle­
ment et font un, comme l'effet et la cause efficiente; ces choses pl'i­
ses ensemble sont l'humain. De même qu'on peut dire de l'homme
régénéré qu'il est son vl'ai et son bien, de même on peut dire du
SeigneUl' comme Homme qu'il est le Vrai Même ou le Divin VI'ai,
et le Bien Mème ou Je Divin Bien. Pal' là se manifeste maintenant
cette vérité, que le Seigneur, quant à son Humain dans le Monde,
a été le Divin Vrai, c'est-à-dire, la Parole, et qu'alors tout ce
qu'il a prononcé a été le Divin Vrai, qui est la Parole; et qu'en­
suite, 10l'squ'il s'en est allé au Père, c'est-à-dil'e, lorsqu'il a été fait
un avec le Père, le Divin Vl'ai procédant de Lui est l'esprit de vé­
l'ité, qui sort et procède de Lui et en même temps du Pèl'e en Lui.
1072. Ceux-ci avec l'Agneau combattront, mais. l'A­
gneau les vainc1'a, signifie qu'ils auront contestation aVlc
ceux qui sont entendus par la prostituée, SUI' la sainteté de
la Parole et sur ·le pouvoir du Seigneur pour sauver les
/tommes, et qu, le Seigneur délivrera ceux qui ont voulu être
conduits par Lui au moyen de la Parole, et non par' ta
femme p,'ostituée : on le voit par la signification de combattre
avec l'Agneau, en ce que c'est avoÏJ' contestation SUI' la sainteté
de la Parole, et sur le pouvoir du SeTgriëûï,'pouï:sauvel' les hommes,
car ceux qui ont çontestati.on sur ces sujets combattent avec le Sei­
gneur, mais non contre Je SeigneUl', cal' le SeigneUl' est la Parole,
et le SeigneUl' est 'le salut; et pal'1a signification de mais l'Agneau
les tYlÏncra, en ce que c'est qu'il délivre ceux qui veulent être in·
Sl1'uits el conduits par Lui au moyen de la Parole; que ce· soient
ceux-ci que le Seigneur vainc, on le voit clairement par ce qui suit
dans ce Vèrset, en ce que ce sont ceux qui avec Lni sont des ap·
pelés, des élus el des fidèles. Ce sont tous ceux, dans les Royau­
mes soumis à la dominalion papale, qui seulement appellent le
Pape le Chef de l'Église, et non le Vicail'e en ce s.ens qu'il soit à la
place du Seigneur dans le Monde quant au pouvoil' d'ounir el de
fermer le Ciel il sa \'olonlé, puisque ce pouvoil' est un pouvoir' Di­
vin qui ne peut êtl'e transcrit dans aucun homme, ct parce qu'il
n'est pas permis au Pape de changer Jes choses sainles de la Pa­
l'olt', et d'en éùictel' ùe nouvelles non confOI'mes. Ce sont cenx-ci
Vers. H. CHAPITRE DlX-SEPTlf~ME. 387
qui sont entendus ici. - Continuotion sur la Parole: Que la
Plù'ole soit le Saint Divin depuis les intimes jusqu'aux extrêmes,
cela est é\·ident, non pOUl' l'homme qui se conduit lui-même, mais
pour l'homme que le Seigneur conduit; car l'homrae qui se conduit
lui-même ne voit que l'externe de la Parole, et il en juge par le
style, mais l'homme que le Seigneur conduit juge de l'exteme de
la Parole pal' le saint qui est en elle. La Parole est comme un Jar­
din qu'on peut appeler Paradis céleste, dans lequel il y a en tout
gCllI'e des objets appétissants et l'avissants, appétissants par leurs
fl'uits, et ravissants par leul's fleurs, et au milieu duquel sont les
arbres de vie, près desquels il ya des fontaines d'eau vive; mais à
l'eutour sont des arbl'es forestiet's, près desquels sont des fleuves;
l'homme qui se conduit lui-même juge de ce paradis, qui est la
Parole, d'après son circuit où sont les al'lwes forestiers; mais
['homme que le ~igneur conduit juge d'après le milieu du jardin
où sont les arbl'es de vie; l'homme que le Seigneur conduit est en
actualité dans le milieu de ce jardin et porte ses regards vcrs le
SeigneUl'; mais l'homme qui se conduit lui-même demeure en ac­
tualité dans le circuit, et pOI'te ses ('egards de ce côté-ci vel's le
Monde. La Parole est comme un fruit au dedans duquel il y a une
pulpe nUll'itive, et dans le milieu l'enveloppe des semences, où est
inLÏmemeut ie prolinque qui germe dans une bonne terre. La Pa­
role est encore comme un très-uel enfant enveloppé de langes sur
langes cie tous cOtés, à l'exception de la face; l'enfant lui-même,
c'est la Parole dans le Ciel intime; les langes, ce sont elle dans les
Cieux. inférieurs; et la commune enveloppe de langes, c'est elle
sur la terre. Comme la Parole est telle, elle est le Saint Divin
depuis les intimes jusqu'aux ex trèmes.
'1073. Parce que Seigneur des seigneurs il est, et Roi des
l'ois, signifie parce que le Seigneur est le Bien Même et le
Vrai Même. ct par cOIlSéqUCIll TOul-PuÙsllnt : on le \'oit en
ce que le Seigneur est~\LSeignellr d'alll'ès le Di\'in Bie.n, et Roi
d'après l(~ Divin VI'ai. 11 ya deux ChOSflS qui procèdent du Sei­
gneur', à savoir, le Divin Bien el li; Divin Vrai; ces deux choses
pro~l'dent unies du Seignenr, mr\is dans le Ciel elles ne sonl pas
reçues ainsi unies par les Ange~; dilllS le Ciel sllp:'éme ou troisième
Ciel il est reçu plus de Divin Bien que de Divin Vrai, dans le Ciel
388 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N'i073,

moyen ou s~nù Ciel il estl'eçu plus de Divin Vrai que de Divin


Bien; c'est pourquoi, le troisième Ciel est appelé Dominalion du
Seigneur, et le second Ciel est appelé Royaume du Seigneur, et
par suite aussi les Anges qui sont dans le troisième Ciel sont ap­
pelés fils du SeigneUl', pal' conséquent aussi seignelll's, et les Anges
dans le second Ciel sont appelés fils du Royaume et fils du Roi,
par conséquent aussi rois; ces Anges sont entendus, les uns et les
auu'es, par les seigneurs et par les l'ois, quand, au sujet du Sei­
gneUl', il est dit Seigneul' des seigneUl's et Roi des rois; comme
aussi, quand il est dit Dieu des dieux, par Dieu il est entendu le
Seigneur, et par les dieux les Anges. Mais, en général, dans le
sens spil'iluel pal' les seigneurs sont entendus tous ceux qui sont
par le Seigneur dans le bien de l'amour envel's le Seigneur, et par
..q>is ceux qui sont dans la doctrine du vrai d'apl'ès cet amom', soit
qu'ils soient dans les Cieux ou dans les tel'l'es. Maintenant, comme
tout bien de l'amour et par conséquent de la charité, et tout vrai
de la doctrine et par conséquent de la foi, sont donnés à l'homme
pal' le Seigneur au moyen de la Parole, et que cela est connu de ceux
qui attribuent au SeigneUl' le Divin pouvoir de sauver les hommes,
et à la Parole la Divine sainteté, voilà pourquoi il est dit ici que
l'Agneau les vaincra, parce que Seigneur des seigneurs il est, et
Roi des l'ois, c'est-à-dil'e, parce que le Seigneur Seul est le Divin
Bien et le Divin VI'ai, et pal' suite aussi la Parole. Comme le Sei­
gneur fait toutes choses d'après le Divin Bien par le Divin VI'ai,
voilà aussi pourquoi pal' Seignelll' des seigneurs et Roi des l'ois il
est entendu le Seignem' comme Tout-Puissant. - Continuation
sm' la Parole: Si la Parole est telle, c'est parce que dans son ori­
gine elle est le Divin Même procédant du Seigneur, qui est appelé
Divin VI'ai, et que ce Vrai, quand il a été envoyé aux hommes dans
le Monde, ft traversé en ordl'e les Cieux, selon lem's degrés au nom­
bre de trois, et a été écrit dans chaque Ciel d'une manière conforme
à la sagesse et à l'intelligence des Anges, et a enfin du Seignem'
par les Cieux été transmis aux hommes, et a été écril et promul­
gué là d'une manière conforme à leur entendement et à leur con­
ception; c'est donc dans le sens de la lettre de la Parole que le Di­
vin Vrai l'epose distinctement en ordre tel qu'il est dans les ll'ois
Cieux: de Iii il est él'ide.nt que tOlite la sagesse des Anges, qui sont
Vers. 14. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 389
dans les trois Cieux, a élé mise par le Seigneur dans noU'c Pal'ole,
et que dans son intime réside la sagesse des Anges du lI'oisième
Ciel, laquelle est incompl'éhensible el ineffable pour l'homme parce
qu'elle est pleine d'arcanes et de tl'ésors de 'vérités Divines: ces
arcanes et ces tl'ésors reposent cachés dans toules et dans chacune
des choses de notre Parole; et comme le Divin Vrai est le SeigneUl'
dans les Cieux, c'est même pour cela que le Seigneur Lui-Même
est. présent, et peut être dit habitel' dans toutes et dans chacune des
choses de sa Parole comme dans ses Cieux: pareillement comme
Lui-Même l'a dit de l'Arche d'alliance, dans laquelle avaient été
déposées seulement les prémices de la Pal'ole, les dix préceptes
inscrits SUi' deux Tables, car Il a dit que là il parlerait avec Moise
et Aharon, qu'il y serait présent, qu'il y habiterait, et qu'elle serait
son Saint des saints, et aussi son Habitacle comme dans le Ciel.
f07/J. Et ceux avec Lui, des appelés, des élus et des fidèles
(ils sont), signifie que ceux qui sont dans l'amow' envers le
Seigneur, dans l'amour à ['égard du prochain, et dans la roi
de la charité, sont dans la vérité SUl' la Divine Puissance du
Seigneur et sur la Divi~e sainteté de la Parole: on le voitpar
la signification d'appelés, quand c'est pal' le Seigneur, en ce que ce
sont ceux qui sont dans l'amoU/' envers le Sci~ne,!r; par la signi-
fication d'élus, en ce que ce sont ceux qui sont· dans l'amour à
l'égard du prochain ; et pal' la signification de fidèles, en ce que ce
sont ceux qui sont dans la foi de la charité: que ceux-là soient en-
tendus pal'les appelés, les élus et les fidèles, on le voit d'après la Pa-
J'ole, où il est dit les appelés, les élus et les fidèles; et en ce que les
Anges du troisième Ciel, qui sont dans l'amour envers le Seigneur,
sont dits appelés, les Anges du second Ciel, qui sont dans l'amoul'
à l'égarù du prochain, sont dits élus, et les Anges du premier Ciel,
qui sont dans la foi de la charité, sont dits fidèles: maiIllenant,
comme dans l'Église du Seigneur dans les tel'l'e~ ii yen a qui sont
du Troisième, du Second et du Premier Ciel, et qui pal' conséquent
après la mort deviennent Anges de ces Cieux, c'est de là que pal'
les appelés, les élus et les fidèles sont entendus tous ceux qui, dans
les royaumes sous la dominalion du Pape, at!l'ibuent al:l Seignem'
le pouvoir de sauver les hommes, et à la Pal'ole la Divine sainteté
et la Divine inspimtion, et en ces deux points se retiJ:ent du Vica-
390 . L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 107~.

l'ial du Pape. - Continuation SUI' la Parole: Puisque le Divin


Vrai, lorsqu'il passa du Seigneur Lui-Même pal' les tl'Ois Cieux
jusqu'aux hommes dans le Monde, a été écrit dans chaque Ciel et
est devenu la Parole·, c'est pour cela que la Parole est l'union des
Cieux entre eux, et l'union des Cieux avec l'Église dans le Monde;
car la Pamle est la même partout, mais seulement elle diffère en
perfection de gloire el de sagesse, selon les degl'ês dans lesquels
sont les Cieux: de là vient que le Saint Divin influe du Seigneur
par les Cieux dans le Monde chez l'homme qui l'econnatt le Divin
du Seigneur el le saint de la Pal'ole, lorsqu'il la~JiI; et qu'un tel
homme peut par la Parole, comme par le Seigneur Même ou pal'
le Ciel même, être instl'uit et puiser la sagesse en pl'oportion de ce
qu'il l'aime, et ainsi êtl'e nouni, comm.e les Anges eux-mêmes, àe
la nourriture dans laquelle est la vie, selon ces paroles du Sei­
gneur : « Les paroles que 111 ai je VOltS énonce sont esprit ct
vie. .11 - Jean, VI. 63. - « L'eall que je vous donnerai devien­
Wra une fontaine d'eaujaillissante en vie éternelle. Il-Jean,
IV. 1h. - (1 L'nomme vivra, 110n de pain seulement, mais de
toute parole sortant de la bouche de Dieu. Il - Matth, IV. !J.
- Il Trat'llillez li la nourriture qui demeure pour la vie éter­

nelle, laquelle le Fils de l'homme vous donnera. Il - Jean, VI.


27. - Telle est la Parole.
1075. Vers. 15. Et il me dit: Les caux, que tu as vues,
où la Prostituée est assise, peuples et foules ce sont, et na­
tions et langues. - Et il me dit: Les eaux, que tu as vues,
où la Prostituée est assise, peuples et l'oules ce sont, et na­
tions et langues, signifie les doctrinaux provenant du Consistoir'e
Papal en général, ainsi tous les autres doCll'inaux, en ce qu'ils sont
des faux et des maux intérieul's et extél'ieurs.
1076. Et il me dit: Les eaux, que tu as vues, où la Pros­
tituée est assise, signifie les doctrinaux provenant du Con­
sistoire Papal en général, ainsi tOllS les autres doctrinaux:
on le voit pal' la signification des eaux, en ce qu'elles sont les vrais
de la Parole, ei par conséquent de l'Église, ainsi les doctrinaux,
N°' 71, !I83, 518,85!J, ici les vrais falsifiés et profanés, pal'ce
que c'est SUi' eux qu'est assise la prostituée, pal' laquelle es~ signi­
fiée la Bahylonic, où toutes les choses saintes de l'I~glise Ollt élé
Vers. 15. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 391
profanées; et par la signification de où la P"ostituée est assise,
en ce que c'est où il ya domination de la Babylonie, cal' pal'Ia pros­
tituée est signifiée l'Église, qui est devenue Babylonie par la pro­
fanation de toutes les choses du bien et du vrai, N° 1032; et par
être assis il est signifié dominer, comme aussi ci-dessus, N°' 1033,
1038, 1062; et comme pal' les eaux sont signifiés les doctl'inaux
qui sont dans la Babylonie, et que ces doctrinaux sOl'lent du Con­
sistoire Papal, c'est pour cela que pal' les eaux, où la prostituée
est assise, sont signifiés les docll'inaux provenant du Consistoire
Papal, ici tous les doctl'inaux à l'exception des deux dont il a élé
padé jusqu'à pl'ésent; en etl'et, la sél'ie des choses depuis le Vers.
12 jusqu'au Vers. 17 est celle-ci: Dans les Vers. 12, 13, 1ft, il
s'agit des deux vrais profanés, qui sonl les principaux de l'Itglise,
à savoir, du Divin pouvoir du Seigneur SUI' le Ciel et sur "ltglise,
et de la Divine sainteté de la Parole, en ce que, au dedans du
royaume de la Babylonie, ils n'ont pas été profanés pal' un grand
nombl'e, parce qu'ils n'ont pas été acceptés; dans le Verset 15, il
s'agit des vrais et des biens profanés en génél'al, ainsi de lous les
autres; et dans les Versets 16 et 17, il s'agit de ceux qui s~nt hors
de la Babylonie, lesquels ont l'econnu le Divin pouvoil' du SeigneUl'
sur les choses saintes de l'Église, et aussi la Diyine sainteté de la
Parole; ce sont ceux qui sont appelés Réformés: c'est là la série
des choses depuis le Verset 12 jusqu'au Verset i 7, dans le sens
interne. - Continuation sur la Parole: 11 a élé dit que le Di­
vin Vrai procède du Seigneur, que par suite il est la Parole, et que
pal' la Parole les Anges et les hommes ont la sagesse: mais tant
qu'on ignore comment le Divin Vrai pl'oeMe du Seigneur, cela
peut être dit, mais non êlre compris: le Divin VI'ai, qui esl la
même chose que la Divine Sagesse, procède du Seigneur comme
la Lumièl'e et la Chaleul' pl'ocèdent du Soleil: le Seigneur est le
Divin Amour Même, et l'amour dans les Cieux apparaH d'apl'ès
la cOl'respondance comme un feu, et le Divin ArnOUl' du Seigneur
comme un Soleil qui répand un éclat et une splendeur comme le
Soleil du monde; de ce Soleil, qui est au-dessus des Cieux où
sont les Anges, et qui est le Divin Amour, procèdent une chaleur
el une lumière, et la Chaleur qui en pl'ocMe est le Divin Bien, el
la Lumièl'e qui en pl'ocède_ est le Divin Vrai; si la Chaleur est le
392 L' AIJOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° i076.

Divin Bicn, c'est pal'ce que toute chaleur de la vie procédant de


l'arnour est scntie comme un IJien, car c'est une chaleul' spÏl'ituelle;
et si la Lumièl'e est le Divin Vrai, c'est pal'ce que loute lumièl'e
procédant de l'amour est sentie comme un vrai, car c'est une lu­
mière spit'iluelle; aussi l'entendement pal' celle lumière voil-Hles
vrais, et la volonté par cetle chaleul' sent-elle les biens; de là vient
que dans la Pal'Ole par le Feu céleste il est enlendu l'amoUl', el pal'
la Lumière céleste la sagesse. II en est de même de l'homme el de
l'Ange; chaque Ange et chaque homme esl son amour, et la sphère
qui alllue de son amour entoure chaque Ilomme et chaque Ange;
celte sphèl'e est composee du bien de son amour el du l'l'ai de son
amoul', car l'amour' produill'un ct l'aull'e, comme le feu produit la
chaleur et la lumière; d'après la volonté de l'homme et de l'Ange l'a­
mour pl'oùuit le bien, el d'après leur enlendemenl il produille vrai;
cette sphère s'élend dans les Cieux ùe loul côlé, selon la qualité
et la quantité de l'amour, si l'homme ou l'Ange est bon: mais elle
, s'élend dans les enfers de lout cOté, si l'homme ou l'Ange est mau­
vais. Toutefois, la sphèl'e de l'amour de l'homme et de l'Auge a
une extension finie, seulement dans 'ill petit nomhre de sociétés dn
Ciel ou de l'Enfel'; mais la sphèl'e de l'Amour du Seigneur, parce
qu'elle est Divine, a une exlension infinie, et crée les Cieux
mêmes.
1077. Peuples et foules ce sont, et nations et langues, si­
gnifie qui SOllt des faux et des maux illtérieurs et extérieurs:
on le voit par la signification des peuples, en ce qu'ils sonl ceux
qui sont dans les vl'ais, et dans le sens opposé ceux qui sonl dans
les faux, N°' 175, 331, 625; par la signification des foules, en ce
que ce sont aussi ceux qui sont dans les ','l'ais ou dans les faux, car
les foules sont des peuples d'une condition inférieure; par la signi­
fication des nations, en ce que ce sont ceux qui sont dans les biens,
et dans le sens opposé ceux qui sont dans les maux, N°' 175,331,
l152, 655, 625; et par la signification des tangues, en ce que ce
sont ceux qui sont dans une di\'erse confession ct perception du bien,
No' 655, 625, 657, 990. Si les peuples, les foules, les nations et
les langues signifient les faox' elles maux intérieUl's et extérieurs,
c'est pal'cc que le sens vél'itablement spil'ituel saisit les' choses abs­
traction faite des personnes; c'est poul'quoi 10l'sql1e des peuples,
Vers. 15, CHAPlTRE DIX-SEPTll~ME. 393
pal' lesquels sont entendus ceux qui sont dans les vrais ou dans les
t'aux, on abslr'ait l'idée de la personne, à leul' place sont signifiés
les vrais ou les faux; il en est de même pour les foules, les nations
et les langues. Si les faux et les maux sont signifiés, c'est parce
que pal' la tene est signiliée l'Église; de là, pal' peuples, foules,
nations ct langues, sont signifiées les choses dont se compose l'É­
glise, c'est-à-dire, ou des vl'ais et des biens, ou des faux ct des
maux; et comme toute Église est interne et ex terne, par la l'aison
que les vrais ct les biens, ou les faux et les maux, sont intérieurs et
extérieur's, c'est pOUl' cela que ce sont ceux-ci qui sont signifiés par
ces pal'oles : cela aussi résulte de ce que les eaux, où la prostituée
est assise, pal' lesquelles ici il est dit que sont signifiés des peuples,
des foules, des nations et des langues, signifient les choses saintes
de l'ltglise qui ont été pl'ofanées; voir ci-dessus, N° 1033; et les
choses saintes de l'Église pl'ofanées sont des faux et des maux, Cal'
ce sont les l'l'ais oe la Parole falsiliés, et ses biens adultérés. ­
Continuation sur la Parole: La Parole du Seigneur est admi­
rable en cela que, dans chacune des choses qu'elle conlient, il y a
union réciproque du bien et du vrai, ce qui atteste que la Parole
est le Divin procédant du SeigneuJ', c'est-à-dire, le Divin Bien et
le Divin Vrai réciproquementuuis; et cela aussi atteste que, dans
la Parole, il yale mariage du Seignem' avec le Ciel et l'Église,
mariage qui est de même récipl'oque; s'il y a dans chacune des
choses de la Parole le mariage da bien et du vl'ai, et aussi du \'l'ai
et du bien, c'est afin que pal' ce mal'iage les Anges aient la sa­
gesse et les hommes l'intelligence; cal' du bien seul il ne naît au­
cune sagesse ni aucune intelligence, il n'en naît pas non plus du
vrai seul, mais elles naissent du mariage du bien et du vrai, quand
J'amOlli' est l'écipl'Q(jue : cet amour' réciproque, le Seigneul' l'en­
seigne dans Jean: Qui illange ma chail'. et boit mon sang.
(1

en iJ1 oi demeure, et Moi en lui. Il - VI. 56. - Dans le Même:


Cl En ce jow'-là l)OUS connaitrez que VOliS (êtes) en Moi, et

Moi en vous. Qui a mes commandements el les fait. c'est ce­


lui-là. qui M'aime, et Moije l'aimerai. » - XIV. 20,21;­
le réciproque consiste en ce qu'ils sont dans le SeigneUl' et que le
Seigneur est en eux; puis, en ce que celui qui aime le Seigneur',
le Seigneur aussi l'aimera; avoil' les commanoernenls, c'est êll'e
394 L'APOCALYPSE EXPLlQUI~E. N· 'ton.
dans les vrais; et faire les commandements, c'est être dans le bien.
Le réciproque est encore décrit par le Seigneur dans son union
avec le Père, en ces termes: li Philippe! comment, toi, dis-tll:
il1 ontre-nous le Père? Ne crois-tu pas que Moi, Je (suis) dans
le Père, et que le Père est en Moi? Croyez-Moi, que AIoi Ue
suis) dans le Père, et que le Père est en Moi. Il - Jean, XIV.
9, 10, 11 ; -- de celle union récipl'oque du Divin ct de l'Humain
dans le Seigneur procède l'union réciproque du Divin Bien ct du
Divin V,'ai, laquelle procède du Divin Amolli' du Seignelll'; puis,
"union "écip,'oque du Seigneur avec le Ciel et l'Église, et en géllé­
"al l'union récip,'oque du bien et du vl'ai chez l'Ange du Ciel et
chez l'homme de l'Église; et comme le bien appartient à la cha­
,'ité et le vrai à la foi, et que la cha"ité et la foi font l'Église, il
s'ensuit que dans l'homme il y a l'Église, 10l'squ'en lui il y a union
récipl'Oque de la charité et de la foi: puis, comme le bien appar­
tient à la volonté et le vrai à l'entendement, et que la volonté et
rentendement font "homme, il s'ensuit que l'homme est homme
selon l'union de la volonté et de tout ce qui la constitue avec l'en­
tendement et tout ce qui le constitue, et réciproquement. C'est cette
union qui est appelée mariage, lequel par création est dans chaque
chose du Ciel et dans chaque chose du Monde; de là, la p,'oduction
et la génél'ation de toules choses. Qu'il y ait dans chacune des
choses de la Parole un tel mariage, afin que le bien aime le vrai et
que le vrai aime le bien, ainsi mutuellement et l'éciproquement,
c'est ce que révèle le sens spirituel de la Pal'ole. Il anlve aussi,
par ce mal'jage, que le bien et le vrai ne sont pas deux, mais sont
un; cl ils sont un, alol's que le bien appartient au vl'ai, et que le
vrai appartient au bien.
1078. Vers, 16,17,18. El les dix Comes, que tll as vues
,çur la Béte, ccux-ci haïront la Prostituée, el désolée ils ta
7'cndront, et nue; et-.ses chairs ils mangeront, et ils la brû­
/el'ont (lit feu. - Car Dieu a mis dalLs leurs cœurs d'exécuter
sa sentence, et d'exécuter une même sentence, et de donnel'
/CW' Royaume à la Bête, iusqu'ù ce que soient consommées
les paroles de Dieu. - Et la Femme, que tu as Vile, est la
Ville grande ayant royauté sW' lcs Rois de la terre. - Et les
di.?: COl·nl'.~, que tlt 1/8 vues sur la bN~, signilie les vrais de l'I~-
Vllrs. 16. CHAPITlŒ DIX-SEPTIÈME. 395
glise d'après la Parole chez les Réformés, SUI'tOUt sur le Divin pou­
voir du Seigneul', et SUl' la Divine sainteté de la Parole: ceux-ci
hairont la prostitllée, signifie le ['ejet total des dogmes par les­
quels le Consistoire Papal a falsifié les nais et adulléré les biens
de la Pal'ole, et a ainsi profané les choses saintes de l'Église: et
désolée ils la rendront, et nue, signifie le ['ejet de ses faux, qui
sont des vrais falsifiés, et alors la manifestation qu'ils étaient sans
aucun vrai: et ses chairs ils mangeront, signifie le rejet de ses
maux, qui sont des biens adultérés, et alors la manifestation qu'ils
étaient sans aucnn bien; et ils la brûleront au feu, signifie le
rejet de toute celte religion, qui a pl'ofané les choses saintes de
l'ltglise par' amolli' de domination sur elles et SUI' le Ciel: car
Dieu a mis d(ms leurs cœurs d'exécuter sa sentence, signifie
ces choses par le SeigneUl', afin qu'ils se retirassent entièrement:
et d'exécuter une même sentence, signifie unanimement: 'et
de donner lellr royaume à la bête, signifie la reconnaissance de
la Parole ponr Divine, et la fondation de l'Église SUI' elle :jusqu'ti
ce que soient consommées les paroles de Dieu, signifie jusqu'au
ùel'nier état de l'ltglise, quand il y a jugement, et ensuite nou\'el
état: et la femme, que tu as vue, est la ville grande, signifie
la doctl'ine abominable de l'Église: ayant royauté sllr les roi,ç
de la terre, signilie sa dom ination SUI' les vrais de l'Église.
1.079, Et les dix cornes, que tu as vues sur la bête, signifie
les l'l'ais de l'Église d'après la Pm'ole chez les RéfOl·més.
surtout sur le Divin pouvoir du Seigneur, et sur la Divine
sainteté de la Parole: on le voit pal' la signification des dix
cornes SUI' la bête, en ce que ce sont les vrais de l'Église d'apr'ès
la Parole, N° 1069, et que les comes sont les vmis quant il. la
puissance, Nos 316, 567, 776, 1061; ct en ce que la bête est la
Parole, N° 1038; qu'ici les dix cornes de la bête signifient les vl'ais
de la Parole quant il la puissance chez les Réfo['més, on le voit par
les choses qui sont dites dans ces deux Versets, à savoir', qu'ils
haït'ont la Prostituée, la rendront désolée et nne, mangeront ses
chairs et la brûleront au feu, choses pal' lesqnelles il est signifié
qu'ils rejelleront entièrement tous les statuts eL tons les édits du
Pape, ainsi ses vl'ais falsifiés et p,'ofanés, surtout les deux dont il
a été trail(~ r:i- dessus, ;l savoir, au sujet du pouroir SUI' les choses
396 L'APOCALYPSlt.: EXPLIQUÉE. N°107V,

- saintes de l'Église, SUl' les âmes des hommes pOUl' les sam'el" ce
qui est appelé pouvoir d'ouvl'ir et de fermer le Ciel, et au sujet du
pouvoil' d'interpréter la Parole, et de changer les choses qui y sont
selon la faveur de leUl' domination; ce sont ces deux points capi­
taux de leUl' religion, qui ont été entièrement rejetés et brillés au
feu par les Réformés. Que ce rejel soit décr'iL dans ce Ver'set et
dans le Verset suivant, on peut le voir par la sél'ie des choses dans
le sens inteme; en eltet, dans les Versets, 12, 13, 14, il a été
question de ceux qui, au dedans -de la Bahylonie, ont rejeté ces
deux dogmes profanés; et dans ces deux Ver'sets il s'agit de ceux
qui, hors de la Babylonie, les ont rejelés, et dans le Verset 15, il
est question de tous les autres dogmes profanes. Qu'il en soit ainsi,
cela est bien évident lorsque par la bête il est entendu la Parole,
par les cornes de la bête les vrais de la Parole, et par la Prostituée
les profanations babyloniennes. - Continuation sur la Pm'ole :
La Parole dans le seris de la leLLre pal'att très-simple, mais Lou­
joul's est-il qu'en elle a élé renfeJ'mée la sagesse des Irois Cieux;
cal' dans chacune des choses qu'elle conlient il y a des sens de plus
en plus intérieurs; un sells intérieur tel qu'il esl dans le pl'emie,'
Ciel, un plus inLérieur Ici qu'il est dans le second Ciel, et un intime
tel qu'il est dans le LJ'oisième Ciel; ces sens sont dans le sens de la
leul'e, l'un au dedans de l'autre, et en sont développés l'un après
l'autl'e, chacun par son Ciel, quand l'homme, qui est conduit par
le Seigneur, lit la Parole. Ces sens intél'ieul's dilfèl'enl en degré de
lumièl'e et de sagesse selon les Cieux, mais cependant ils font un
par l'influx et par suite par les correspondances; mais comment
font-lIs ainsi un, c'est ce qui sera dit dans la suite. On voit par' là
comment la Parole a élé inspirée par le Divin, et qu'elle a été
écrite d'après une telle inspiration, que rien dans le Monde ne peut
en aucune manièl'e y êll'e comparé. Les arcanes de la sagesse des
lI'ois Cieux, arcanes qui sont dans la Parole, sont les choses mys­
tiques dont parlent plusieUl'S personnes.
1080. Ceux-ci haïront la prostituée, signifie le rejet totaL
des dogmes par lesquels le consistoire papal a {alsifié les
vrais et adultéré les bien.s de la Parole, et a ain.si profané les
choses saintes de l'Église: on le voit pal' la signification de
haïr, cn ce que c'cst ,'ejetel' entièrement; et pal' la signification ùe
Vers. i6. CHAPlTIŒ DIX-SEPTIÈME. SOi
la prostituée, en ce que c'est la Babylonie, laquelle est appelée
Pl'ostituée à cause de la falsification et de l'adultération de la Pa­
l'ole, et ainsi à cause de la profanation des choses saintes de l'É­
glise; que par les pr'ostituées et pal' la Pl'ostitution il soit signifié
de telles choses dans la Pa l'ole, on le voit, N°' 141, 817, 881,
1032 : par ceux qui haïront la prostituée sont entendus les Ré­
formés, lesquels ont entièl'ement l'ejetés les dogmes qui étaient
émanés du Consistoire Papal; comme ces dogmes avaient-pour lin
l'agrandissement de la domination, et non le salut des hommes, ils
n'ont pu qU'être contre les vrais et les biens de la Pal'ole, et par
conséquent les falsifiel' e~es adultér"el'.-Continuation sur la Pa­
role :-11 a été dit que dans chaque Ciel il y a une Parole, et que ces
Paroles se tl'Ouvent en ordre dans notre Parole, et. qu'ainsi elles
font un pal' l'influx, et par suite pal' les cOl'fespondances : ici, par
conséquent, il sel'a dit ce que c'est que la Correspondance et ce que
{;:'est que l'lf!.!lux, autrement on ne peut comprendre quelle est la
Pal'Oie intél'ieul'ement en son sein, ainsi quant à la vie qu'elle til'e
du Seigneur, et qui est son âme. Mais ce que c'est que la corres­
pondance, et ce que c'est que 1:~ltl!!X, des exemples vont l'illustrel',
Les val'iation3 de la face, qu'on nomme airs dn visage, correspon­
dent aux affections du Mental (Animus); aussi la face varie-t-elle
quant aux ail's du visage selon que les affections de ce mental
val'ient quant à leUl's états; ces vadations dans la fate sont des
corl'espondances, par conséquent la face aussi est elle-même la COI'·
l'espondance, et l'action de ce menlai sur la face pour que les cor­
respondances se manifestent, c'est ce qui est nommé l:l~!!.U-:'\. La
vue de la pensée de l'homme, qui est appelée entendement, corres­
pond à la vue de ses yeux; c'est poul'quoi aussi pal' la lumièl'e et
la tlamme des yeux se manifeste la qualité de la pensée qui pl'ovient
de l'entendement; la vue de ['œil est la cOfl'espondance, par consé­
quent aussi l'œil lui-même, et l'action de l'entendement dans l'œil
pal'laquelle la cOI'l'espondance se manifeste est l'influx. La pensée ac­
tive, qui appartient à l'entendement, cOl'respondau Ïangage qui ap.
partient à la bouche; le langage est la col'respondance, pareillement
la bouche et tous ses accessoires; l'action de la pensée dans le lan­
gage et dans les organes du langage est l'influx, La perception du
mental cOI'l'espond à l'odeur des nat'illes; l'odeur et les narines sont
;)\:)8 L'APOCALYPSE EXPLiQUEE. l\" iOllO.

les cOl'l'espondances, et l'action est l'influx ; c'est de là qu'au sujet


d'un homme qui a une perception intél'ieure, on dit qu'il a le nez
fin; et qu'on dit aussi flairel' une chose pour expl'imer qu'on la
perçoit. L'action d'écouter, qui est l'obéissance, correspond à l'ouïe
des oreilles, c'est pourquoi l'ouïe et les ol'eilles sont les cOI'l'~pon­
dances, et l'action de l'obéissance dans l'ouïe, pour que l'homme
dresse les oreilles et soit attentif, éstl'influx ; c'est de là que écoutel'
et entendre signifient l'un et l'aulre; CllI" écouter el enteudl'e quel­
qu'un, c'est obéi!'; et aussi écouter et entendre quelqu'un, c'est
entendre pal' les oreilles. L'action du corps cOl'l'espond à la vo­
lonté; l'action du cœur cOl'l'espond à la vie de l'amour; et l'action
des poumons, qui est appelée respil'alion, correspond à la vie de la
foi; et toulle corps, quant il Lous ses membres, viscères et ol'ganes,
cOl'l'espond à l'âme quant à toutes les fonctions et à toutes les forces
de sa vie. Pal' ce petit nombre d'exemples, on peut voir ce que
c'est que la col'l'espondance et ce que c'esl que l'i.!.JV~x, et que,
lorsque le spirituel, qui appartient à la vie de l'entendement el de
la volonté de l'homme, influe dans les actes qui appartiennent à son
corps, il se manifeste en effigie naturelle, ct il y a la corr'espon­
dance, et qu'ainsi le spil'ituel et le naturel par les cOl'l'espondances
font un, commc l'intérieur el l'extérieur, ou comme l'anlél'ieur et
le postél'ieUl', ou commc la cause efficienle et l'effet, ou comme
la cause pl'incipale qui appartient à la pensée et à la volonté de
l'homme, et la cause instrumentale qui appartient à son langage
et à son action, Une telle correspondance des naturels et des spiri­
tuels existe, non-seulement dans toutes et dans chacune des choses
de l'homme, mais encore dans toutes et dans chacune des choses
du Monde, et les corl'espondances se manifestent par 1')1~~X du
Monde spil'ltuel, et de toutes ses choses, dans le Monde natutel
et dans toutes ses choses. D'upl'ès ce qui précède on peut en quel­
que sorte voir comment, pal' l'l.!'flux et pal' les correspondances,
notre Parole quant au sens ùe la leltre, qui eslle naturel, fait un
avec les Pal'oles dans les Cieux, dont les sens sont spirituels.
1081.. Et désolée ils la rendront. et nue, signifie le rejet
de ,~es {aux, qui-sont des '1:rais falsifiés. et alors la manifesta­
tion qu'ils étaient sans aucun vrai: on le voit pal' la significa­
tion de rendre désolée et nUi. en ce qne c'est rejeter ses faux,
Vcrs. 16. CHAPlTHE DIX-SEPTll~ME. 3~)ü

qui sont des vl'ais falsifiés; et comme 10I'squ'i1s ont été rejetés, il
est manifesté qu'elle est sans aucun vrai, voilà pourquoi cela aussi
est signifié; pal' désolée et nue il est signifié être sans aucun vl'ai,
cal' il est signifié une dévastation et une nudité spirituelles, et la
dévasta lion spirituelle est comme la dévastation dans un désert où
il n'y a ni moisson ni al'bre fl'Uilier, el la nudité spirituelle est
comme la nudilé de l'homme q'ui est sans vêtements; or, la moisson
et l'arbre fruilie!' signifient les connaissances du vrai et du bien, et
les vêtements signifielllies vl'ais qui l'evêtent, c'est pourquoi être
sans les unes et sans les autres, c'est être san~.a.ucun \'l',1i : que la
nuùité soit la privation totale du vrai, on le voit, N°' 2hO, 1008;
et que la désolation, telle qu'elle est dans un désert, ce soit où il
n'y a point de Hai, on le voH, N° no. - Continuation SUI' la
Parole: Quelle est la Parole quanl à l'influx et quant aux COl'-
l'espondances, c'est ce qui peut êll'e maintenant illusll'6. Il est
dit dans Jean: (( Il a aveuglé leurs yeux, el il a elldw'ci leU/'
cœur, de peur qu'ils ne voient des yeux, et ne comprennent du
cœul', et qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse,)l
-XII. hO; - par les yeux, qui ont élé aveuglés, il est signifié
l'entendement et la foi du vrai; pat' le cœur, qui a été enùur'ci, la
volon lé et l'amour du bien; et pal' être guéri, êlre réformé; de peul'
qu'ils ne se conver'lissent, et qu'ils ne soient guéris, c'étail pOUl'
qu'ils ne profanassent (loint, cal' le méchant qui est guéri, et qui
retourne à son mal et à son faux, celui-là profane; ainsi aUl'ait fait
la nation Juive. Daus Mallhieu : Il Heureux vos yeux, pal'ce
qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles entendent! Il -
XIII. 16; - ici aussi par les yeux il est signifié l'entendement et
la foi du nai, ain1;i pal' voil' il est signil1é comprendre et croire;
pal' les oreilles il est signifié l'obéissance, ainsi la vie selon les vrais
ùe la foi; et pal' elltendl'e il est signifié obéil' et vivre; en elfet,
J'homme est heureux, non pal' cela qu'il voit ct entend, mais pal'
cela qu'il comprend, Cl'oit, obéit et vit. Dans le Meme: « La
lampe du C01'lJS est l'œil; si l'œil- est sain, tout le corps est
éclairé; si l'œil est mauvais, tout le corps est ténébreux;
8i donc la lumière est ténebres, combien grandes les ténè-
bres! )) - VI. 22, 23; - ici aussi pal' l'œil il est signifié l'en-
tendement el la foi du vrai; il est appelé lampe d'après la lumière
400 L' APOCAL YPSl~ EXPLIQUÉE. N" 1081­
du vrai que l'homme obtient par l'entendement et la foi; et comme
l'homme devient sage pal' l'entendement et la foi du naî, il est dit
Il sî l'œil est sain, tout le corps est éc:laiJ'é; » le corps est l'homme,

et éclairé signifie sage; et, vice versâ, l'œil mauvais est ('enten­
demen~ et la foi du faux; les ténèbres sont les faux; Il si la lumière
est ténèbres 1) signifie si le vrai est faux ou falsifié; et comme le
vrai falsifié est pire que tout autre faux, il est dit Il si la lumière
est ténèbres, combien grandes les ténèbres 1 Pal' ce petit nombre
1)

d'exemples on voit ce que c'est que la cOl'respondance et ce que


c'est que l'influx, à savoÎl', que l'œil est la correspondance de l'en­
tendement et de la foi, le cœur la correspondance de la volonté et
de l'amour, les OI'eilles la cOfl'espondance de l'ohéissance, la lampe
et la lumière les correspondances du vrai, et les ténèbres la COI'l'es­
pondance du faux, et ainsi du l'este: et comme l'un est spirituel et
l'autre naturel, et que le spiJ'ituel agit dans le naturel et le fOl'me il
son instar afin d'apparaUl'c devant les yeux ou devant le monde,
cette action est pal' conséquent l'influx, Telle est la Parole dans
toutes et dans chacune de ses parties.
:1.082. Et ses chairs ils mangeront, signifie le J'ejet de ses
maux, qui sont les biens adullérés, et alors la manifestation
qu'ils étaient sans aucun bien: on le voit par la signilication de
la chair. en ce qne c'est le bien de la Parole et de l'Église, et dans
le sens opposé son mal, ici les chairs sont les maux qui sont les
biens adultél'és; et par la signification de manger, en ce que c'est
consumer, mais ici l'ejetel' entièrement, parce qu' il s~agit des Ré­
formés, lesquels ont rejeté les œuvl'es ou les biens de Babel, qui
sont principalement les présents donnés et offerts aux idoles des
saints, à leul's sépulcres, puis aux monastères et aux moines eux­
mêmes pour divel'ses expiations, Que par ces mêmes paroles il
soit aussi entendu la manifestation qu'ils étaient sans aucun bien,
c'en est la conséquence; cal' 101'sque sont rejetés les biens bâtards
et méritoires, qui sont signifiés pal' les chail's qu'ils mangeraient,
il est alol's manifesté qu'ils sont sans aucun bien. La chair dans la
Pal'ole signifie diverses choses; elle signifie le pl'Ol)l'e de l'homme,
ainsi ou son bien ou son mal, et par suite elle signifie l'homme tout
cntiel'; mais dans le sens sllprê,me, elle signifie le Divin Humain
du Seignclll', spécialement. le Divin Bien du Divin AmOlli' pl'océ­
Vers. 16. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. "0'1
dant de Lui. Que la chair signifie le Divin Humain quant au Bien
de l'amour, on le voit dans Jean: (( Jésus dit .. Moi, je suis le
Pain vivant, qui du Ciel est descendu; si quelqu'un mange de
ce Pain, il vi,wa éternellement. Le Pain que b'loi je donne­
rai, c'est ma Chair que Moijedonne/'ai pour la vie du monde.
Les Juifs disputaient entre eux, disant: Comment peut-il,
celui-ci, nous donner (sa) chair à manger? Jésus donc leur
dit .. En vérité, en vérité je vous dis: Si vous ne mangez la
Chair du Fils de l'homme, et ne buvez son Sa/lg, vous n'au­
rez point la vie en VOUS-1n~mes ; Qui mange ma chair et boil
mon sang a la vie éternelle, et Moije le ressusciterai au def'·
nier jour, car ma chair est· véritablement une nourriture, el
mon sang es t véritablement un breuvage; qui mange ma chair
et boit mon sang en Moi demeure, et Moi en lui; c'est ici le
Pain qui du Ciel est descendu. Il - VI. 51 à 58 i - qu'ici la
~Chair soit le Propre du Divin Humain du Seigneur, qui est le Divin
Bien du Divin Amour, on le voit clairement, et c'est ce qui dans la
Sainte-Cène,est appelé le Corps; que le corps on la chail' y soit le
Divin Bien, et le sang le Divin Vrai, on le voit ci-del'sus, N° 329 i
et comme le Pain et le Vin signifient la même chose que la chair
et le sang, le Pain le Divin Bien, et le Vin le Divin Vra.i, c'est
pour cela qu'ils ont été commandés à la place du corps et du sang.
Le Divin Bien procédant du Seigneur était aussi signifié pal' la
chair des sacrifices, qui était mangée par Aharon et ses fils, et par
ceux qui sacl'ifiaient et les autres qui étaient purs i et cela était
saint, comme on le voit, - Exod. XlI. 7,8,9. XXIX. 30 à 3h.
Lévit. VII. 15 à 21. VIII. 31. Deutél'. XII. 27. ·XVI. " : ­
c'est pourquoi, si une pel'sonne impure mangeait de celle chail',
elle devait êll'e retranchée de ses peuples, - Lévit. VII. 21. ­
Que ces choses aient été appelées le Pain, on le voit, - Lévit.
XXII. 6, 7. - Voir aussi que celle chair a été appelée Chail' de
sainteté, - Jérém. Xl. 1.5. Hagg. II. 1.2 i - et Chair du pré­
sent, qui était SUI' les tables ùans le royaume du Seigneur,- Ézéch.
XL. 43. - T~e Q.iY!!l.!!!lmajn du SeigneUl' est aussi appelé Chail',
dans Jean: li La Parole Chair a élé faile, et elle a habité pm'­
mi nous, et nous avons "U sa gloire, gloire comme de l'Uni­
que-Engendré du Père. Il - I. 14.- Que la chair aussi signifie
VI. 2{j.
'1)2 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE, N' 1082,

lA lU en chez l'homme, on peut le voir par les passages suivants; dans


~'~échiel : (1 Je leUl" donnerai un seul cœur, et un esprit nou­
"'lUje donne1Yli au milieu de vous, et je retirerai le cœur de
",erre de leur chair, et je lell1" donnerai lm cœur de chair. 1)
-- XI. 19. XXXVI. 26; - le cœur de chair est la volonté et l'a­
mour du bien. Dans David: « Dieu, mon Dieu, toi; le matin je
Te cherche, mon âme a soif de Toi; ma chair te désire dans
"me terre de sécheresse, et fatigué sans eaux (je suis). 1) ­
s. LXIlI. 2. - Dans le Même: « Pleine de désir est mon âme
près les pm'vis de Jéhovah; mon cœur et ma chail" tressail­
ent de joie après le Dieu vivant. 1) - Ps. LXXXIV, 3; - par
'n chail' qui désire Jéhovah, et qui tl'essaille de joie apl'ès le Dieu
\:\-"ant, il est signifié l'homme quant au bien de la volonté; car
h (',hair de l'homme col'respond au bien ou au mal de sa volonté
61 son sang au vrai ou au faux de son entendement; là, la chah'
oorl'espond au bien de la volonté, parce qu'elle désire Jéhovah, et
Il'essaille de joie après Dieu. Dans Job: (1 J'ai connu mon Ré­
,..:mpteur, il vil; et enfin sur la poussière il s'élèvera; et plus
Jl1"d de ma peau ces choses seront enveloppées, el de ma chair
'e Vel"I'ai Dieu. II - XIX. 25,26,27; - de sa chair voil' Dieu
!:l;tinifie de son propre volonlail'e devenu nouveau par le Seigneur,
r.insi devenu le bien. Dans Ézéchiel: Il Je mettrai sur les os, (qui
,,1,1 été vus dans le milieu de la valléeJ, des nerfs, et je fel"ai

)JI')llter SUI" eux de la chair, et j'étendrai sur eux de la peau,


,tje metlmi en eux esprit, afin qu'ils m'vent. II-XXXVII, 6,
t.:; - là aussi pal'la chair est signifié le propl'e de la volonté, qui est
c\'enu nouveau pal' le seigneur, ainsi le bien; ce qui est signifié
Jans ce passage par les os ct par les autres choses, on le voit ci­
Jcssus, No' 418, !J19, 665. Dans l'Apocalypse: II Venez el assem­
leZ-?JOllS pour le soupe)' du gl'and Dieu, afin que vous man­
. giez chail's de I"ois, et chairs de Kiliarques, et chairs de puis­
$nnU, el chairs de chevaux et de ceux qui les montent, et
chai,.:; do tous, libl"es et esclaves, petits el grands. Il - Apoc.
XIX. 17, 18. Ézéch. XXXIX. 17,18,19 ô-que là par les chail's
il soil entendu, non des chait's, mais des biens de tout genre, cela est
nien évident. Mais, d'un autre cOté, que pal' là chair il soit entendu
l" pl'O!)l'e \'olontaire de l'homme, qui, considéré en sOÎ, est le mal,
Vers. 16. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 403
on le voit par les passages suivants; dans Ésaïe: Il Chacun la chair
de son bras ils mangeront. II - IX. 1.9. - Dans le Même: Cl Je
nourrirai tes opp,'esseurs de leur chair. 1) - XLIX. 26. ­
Dans Jérémie: Il Je les nourrirai de la chair de leurs fils et de
la chair de leurs filles, et chacun la chair de son compagnon ils
mangeront. Il - XIX. 9. - Dans Zacharie: Il Celles qui se,'ont
de reste mangeront chacune la chair de l'autre. Il - XI. 9.­
Dans Moise: Il Je vous chdtierai au septuple à cause de vos
p~chés, et vous mangerez la chai" de vos fils et la chair de
vos filles. 1) - Lévit. XXVI. 28, 29. - Dans Jérémie: II Mau­
dit (soit) l' homme qui se confiera en l'homme, ct (ait de la
chair son b,'as. Il - XVII. 5; - ici par la chail' est signifié le
propre de l'homme, qui en soi est le mal; se l'approprier est si­
gnifié par la manger et s'en nourrir: pareillement, le propre de
l'homme est signifié pal' la chair, dans Matthieu: IC Jés1,ls dit:
Heu,.eux tu es, Simon, ca,. ni chair ni sang ne t'a révélé
cela. Il - XVI. 1.7. - Dans Jean : c( A tous ceux qui l'ont ,'c­
çue. elle leur a donné pouvoi,' de devenù' en(ants de Dieu. à
ceux qui, non de sangs, ni de volonté de chair, mais de Dieu,
sont nés. )) - 1. 1.2, 1.3. - Dans Ézéchiel: « Seortation a
commis Jérusalem avec les fils de l'Égypte, ses voisins. grands
de chair. II - XVI. 26.- Dans Ésaïe: te L'Égypte {$!),'llOmme
et 110n Dieu, et ses chevaux chaj,' et non esprit. Jl ~'\.X4I.
....
3. - Dans Jean: Cl C'est l'esprit qui vivifie. la chair ne sert
de rien. )) - VI. 63. - Dans le MêllMl"t .Cl Cfloqui est né de la
chair est chair, ce qui a été engendré IJ~ l'esprit est esprit. ))
- III. 6. - Dans David: CI Dieu s'es, IfJ,ltvenu qu'ils étaient
chair, eux, un esprit qui s'en allait et lLft;h:venait point. 11­
PSt LXXVIII. 39; - le mal de la vàlonté ùe l'hommtJ, qui est son
pl'opre par naissance, est signifié pal' la chair dans ces passages;
pareillement par la chair Cl que les fils d'Israël convoitèrent dans
le désert, et, à cause de laquelle· ils furent (rappés cl 'une
grande plaie, et d'ap,'ès laquelle le lieu (ut appelé sépulcres
des convoitises, II - Nomb. XI. !J à 33. - En oull'e, dans la
Parole, çà et là il est dit « toute chair. II et pal' là il est enteuclu
tout homme; par exemple, - Gen. VI. 12,13,17,19. Ésale,
XL, 5, 6, XLIX. 26. LXVI. 16, 23, 24. Jérém. XXV. 31
404 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 1082,

XXXII. 2i. XLV. 5. Ézéch. XXI. h, 9, 10; - et ailleurs.


- Continuation sur la Parole : Si par l'influx le spirituel
pl'ésente un cOl'respondant à lui-même dans le i1àturel, c'est pour
que la fin devienne cause et que la cau,se devienne effet, et qu'ainsi
la fin pal' la cause se présente visible et sensible dans l'effet:
ce t1'ine, à savoil', la. fin, la cause et l'e.tf~t, existe par création
dans chaque Ciel; la fin est le bien de l'amour, la cause est le vrai
d'après ce bien, et l'~;[~t est l'usage; ce qui produit: c'ëStï'amo~r;
de là, ce qui est produit appartient à l'amour d'après le bien pal' le
vrai; les del'niers pl'oduits, qui sont dans notre Monde, sont divel's,
en aussi gl'and nombl'e qu'il y a de sujets dans les tl'ois Règnes
de la natm'e, à savoil', dans les Règnes Animal, Végétal et Mi­
néral ; tous les produits sont des cOI'respondances. Puisque le trine,
à savoir, la fin, la cause et l'effet, est dans chaque Ciel, c'est pour
cela que dans chaque Ciel il ya aussi des pl'oduits qui sont des cor­
respondances, et qui, quant à la fOl'me et à l'aspect, sont sembla­
bles aux sujets dans les trois règnes deuotre tel're. D'après cela,
il est évident que chaque Ciel, quant à la forme extel'Oe, est sem­
hlable à notl'c.Tel're, avec une différence quant à l'excellence et à
la beauté selon les degrés, Maintenant, comme la Parole ne peut
être apparente que pal' des correspondances, pour qu'elle soit
pleine, c'est-à-dire, pOUl' qu'elle consiste en des effets dans les­
quels il yait la cause et la fin, ou en des usages dans lesquels le
vrai soit la cause, le bieu la lin, et l'amour ce qui produit, il s'en­
suit que la Parole dans chaque Ciel est semblable à la Parole dans
notre Monde, avec une dilfél'ence quant à l'excellence et à la beauté
selon les degl'és : quella est cette différence, c'est ce qui sera dit
ailleurs.
1083. Et ils la bnUeront au feu, signifie le reiet de toute
la religiosité, qui a profané les choses saintes de l'Église par
amour de dominer sur elles et sur le Ciel: on le voit pur la si­
gnification de brûler au (eu, en ce que c'est déll'uire ces choses
de l'Église, qui ont été profanées pal' amour de dominer, cal' la
peine de la pl'ofanation des choses saintes de l'Église était d'être
lmilé all feu; et cela, parce que ce fell représentait le feu de l'en­
fef, et qU'être bridé signifiait pél'iI' par ce feu, et le feu de l'enfer
est l'amOllI' de flominer. Si êll'e bro.lé au feu signifie ici la peine
Ve/'s. 16. CHAPITRB DIX-SEPTIÈME, aÜa
de la profanation des choses saintes de l'Église, c'est pal'ce qu'il
est entendu la prostituée, et que pal' Babylone comme Pl'ostitUée il
est signifié la profanation des choses saintes de l'Église par l'a­
mour diabolique de dominel' su/' elles. Semblable chose que par
être brfilé au feu est signifiée pal' Topheth dans la vallée de Hinnom,
où l'on brtllait des fils et des filles, par quoi dans le sens spirituel
est aussi signifiée la pl'ofanation des vrais et des biens de l'Église,
par les fils ses vl'ais, et par les filles ses biens: presque semblable
chose est signifiée pal' la vallée d'Achor, où Achan, qui avait pris
des choses dévouées à l'exécration, fut brtllé au feu après avoir été
lapidé. D'après ces considérations, on peut voir que par « ils brll­
leront la prostituée au feu, 1) il est signifié le l'ejet de toute la reli­
giosité qui a profané les choses saintes de l'Église pal' amour de
dominer sur elles et sur le Ciel. Il est entendu le rejet par les Ré­
formés, comme ci-dessus. - Continuation sur la Parole: Puis­
qu'il y a dans chaque chose de la Parole un Trine dont les parties
sont l'une au dedans de l'autre, et qu'il en est de ce tl'ine comme
de l'effet, de la cause et de la fin, il s'ensuit que dans la Parole il
y a trois sens, l'un au dedans de l'autre, à savoir, le naturel, le
spirituel et le céleste, le naturel pour le Monde, le spil'ituel pOUl'
les Cieux du Royaume spirituel du SeigneUl', et le céleste pour les
Cieux de son Royaume céleste: que tous les Cieux aient été dis­
tingués en deux Royaumes, le Spirituel et le Céleste, on le voit
dans le TI'aité DU CIEL ET DE L'ENFER, No' 20 à 28. Maintenant,
comme les sens sont l'un au dedans de l'autre, le premier qui est
le sens de la lettre pOul' le Monde naturel, le second qui est le sens
interne pour le Royaume spirituel, et le troisième qui est le sens
intime pour le Royaume céleste, il s'ensuit que l'homme natm'el
puise son sens, l'Ange spirituel le sien, et l'Ange céleste le sien 1
ainsi chacun ce qui est analogue et convenable à son essence et à
sa natUl'e; cela se fait, quand l'homme, que le Seigneur conduit,
lit la Parole. Mais des exemples vont illustrer ce sujet: Lorsqu'on
lit ce Précepte du Décalogue: Ton père et ta mère tu honore­
ras, l'homme, dans le Monde, par le Père et la Mère entend le
Père et la Mèl'e sur la terre, comme aussi tous ceuJx qui sont ou
qui peuvent être à la place du père et de la mère; et par honol'el' il
entend les avoil' en honneur: mais l'Ange du Royaume sril'i\uel
406 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1083.
pal' le Père entend le Divin Bien et pal' la Mère le Divin Vrai, et
par bonOl'el' il entend aimer; et l'Ange du Royaume céleste par le
Père entend le Seigneur et par la Mère le Ciel et l'Église, et pal'
bonOl'el' il entend fail'e, Lorsqu'on lit le cinquième Précepte du D~
calogue : Tu ne voleras point, l'homme par volel' entend voler,
frauùel', et, sous un prétexte quelconque, enlever au prochain ses
biens: mais l'Ange ùu l\oyaume spirituel par voler entend priver
un autre de ses vrais et de ses biens par des faux et des maux; et
l'Ange du Royaume célesle pal' volel' entend s'attribuel' les choses
qui appal'tiennent au Seigneur, comme le bien de l'amoul' et le vrai
de la foi, de sOl'te que le hien ne devient pas le bien, et le vrai ne
devient pas le vrai, pal'ce qu'ils proviennent de l'homme. Lors­
qu'on lit le sixième Précepte: Tu ne commettras point adul­
tère. l'homme par commellre adultèl'e entend commettre adul­
tère, commettre scortation, et aussi penser des saletés, dil'e des
lascivetés, et faire des obscénités : mais l'Ange du Royaume
spirituel par commelt.re adultèl'e entend falsifier les vrais de la
Pal'ole et en adultérer les biens; et l'Ange du Royaume céleste
pal' commettre adultère entend blasphémer le Seigneur, le Ciel
et l'Église, Lorsqu'on lit le septième Pl'écepte : Tu ne tue,'as
point, l'homme pal' tuer entend aussi avoir de la haine et désirer
la "engeance jusqu'au meurtre: mais l'Ange du Royaume spirituel
par tuer entend tuer l'Ame de l'homme par des scandales de la vie
et pal' desraisonnements qui donnent à l'homme la mOl't spirituelle;
et l'Ange du Royaume céleste pal' tuer entend induire l'homme à
croire que Dieu n'existe pas, et qu'il n'y a ni Ciel ni enfer, de
sorte que l'homme périt quant il la vie éternelle, Lorsqu'on lit le
huitième Précepte : Tu ne porteras pas fauœ témoignage,
l'bomme par témoigner faussement entend aussi mentir et diffa­
mel' : mais l'Ange du Royaume spil'ituel par témoigner faussement
entend dire, confirmer et persuader que le faux est le vrai et que
le mal est le bien, ou vice versd que le vrai est le faux et que le
bien est le mal; et l'Ange du Royaume céleste par témoigner faus­
sement entend tout faux contre le Seigneur et contre le Ciel, en
faveUl' de l'enfer. Par ces exemples, on voit comment l'homme
puise à la Parole dans la leUre et tire le sens naturel, l'Ange spi­
l'itu('1 Ir, sMs spirituel, ct l'Ange céleste le sens r.éfesle, h peu pl'ès
Vers. 16. CHAPJTRE DIX-SEPTlf:ME. 407
comme d'une même terre le bois de l'al'I)I'e til'e son suc, la feuille
le sien, et le fruit le sien; et, ce qui est admirable, cela se fait dam;
le même instant, sans que l'Ange sache ce que pense l'homme, ni
l'homme ce que pense l'Ange, et toutefois cependant les pensées
sont un par les correspondances, comme la fin, la cause et l'elfe~
sont un. En actualité aussi les fins sont dans' le Royaume céleste.
les causes dans le Royaume spil'ituel, et les effets dans le Monde
naturel.
1084. Car Dieu a mis dans leurs cœurs d'exécuter sa self"
tence, signifie ces choses par le Seigneur, afin qu'ils se reli~
Tassent entièrement: on le voit par la signification de meW'!.
dans leurs cœurs, en ce que c'est inspirer l'affection, cal' pa.
cœur il est signifié la volonté et l'amour, ainsi l'affection qui est 1
volonté et l'amoUl' dans leur continuité; par Dieu, de qui cela e~
dit, il est entendu le Seigneur, parce qu'il n'y a pas un auh'e DICl,
du Ciel et de la terre; et pal' la signification d'exécuter sa ei:
tence, à savoil', la sentence de la prostituée, en ce que ce sO'1/ II'
choses qui sont dites dans le Verset pl'écédent, qu'ils rendraiélll la
prostituée désolée et nue, qu'ils mangeraient ses chairs, et qu'i.!.>
la bl'fileraient au feu, par lesquelles il est signifié, en somme, qu'i
rejetteraient entièrement les choses profanes de la Babylonie, ':..
qU'à cause de ces choses ils se retireraient, comme cela aussi a éle
fait par les Réformés. - Continuation sur la Parole: Comme
il est de création que la fin, la cause et l'effet fassent ensemble u
de même aussi il est de création que les Cieux avec l'Église dalls
les terres fassent un, mais par la Pal'ole, quand elle est lue plU'
l'homme d'apl'ès l'amolli' du vrai et du bien; car le Seignem' a.
donné la Parole pour cette fin qu'il y etH une conjonction pel'pé~·
loelle des Anges du Ciel avec les hommes de la terre, et aussi unt
communication perpétuelle selon la conjonction; sans ce médium
il n'y aUl'ait eu dans cette Terl'e aucune conjonction ni aucune
communication avec le Ciel. La conjonction el la communicàLfOr
existent à l'instant même, et cela, parce que toutes les choses de
la Parole, dans le sens de sa lettl'e, sont comme des etfets~ll~
lesquels il y a en même temps la cause et la fin; 01', les effets, ql.!'
sont dans la Parole, sont nommés usages; leurs causes, vrais;
leurs fins, biens;' et le Divin Amour, qui est le SeigneUl', unit en,­
1108 L' APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N° 1085.

semble ces tl'ois choses chez l'homme qui est dans l'affection des
usages d'après la Pal'ole. Comment l'homme puise à la Parole dans
la lettre et tire le sens naturel, l'Ange spirituel le sens spirituel, et
l'Ange céleste le sens céleste, et cela dans le même instant, d'où
résultent la conjonction et la communication, cela va être illustré
pal' des comparaisons; d'abord, par une compal'aison dans le Uè­
gne animal, puis pal' une autre dans le Régne végétal, et enfin par
une autre dans le Règne minéral. DANS LE RÈGNE ANIMAL: Quand
la nourriture est devenue chyle, les vaisseaux y puisent et en til'ent
leur sang, les fibres des nerfs leur suc, et les substances qui sont
les origines des fibres leul' esprit, qui est appelé espl'it animal; et
cela, par la chaleur vitale qui dans son essence est l'amour: les
vaisseaux, les fibres et les substances qui en sont les origines, sont
distincts entre eux, et toutefois ils font un dans tout le corps, et
ils agissent ensemble et dans le même instant. - DANS LE RÈGNE
VÉGÉTAL: 1'arbl'e, avec son Il'onc et ses branches, ses feqilles et
ses fruits, se tient SUI' sa racine, et de la terl'e oit est sa racine il
exll'alt et tire son suc, un suc grossier pour le tronc et les branches,
un plus pur pour les feuilles, et le plus pur, qui est aussi plus no­
ble, pour les fruits et pour les semences qu'ils renferment, et cela
est fait par la chalem' provenant du soleil; là, les branches, les
feuilles et les fl'uits, bien qu'ils soient distincts, font néanmoins
sortit' de la même tene, ensemble et dans le même instant, des ali­
ments d'une pureté et d'une noblesse si différentes. - DANS LE
UÈGNE MINÉRAL: Au sein de la terre existent en certains lieux
des minièl'es imprégnées d'or, d'argent, de cuivre et de fer; des
vapeul's renfel'mées daus la terre l'or til'e son élément, l'argent le
sien, le cuiVl'e et le fer le leUl'; et oela, distinctement, ensemble et
dans le même instant, pal' une sorte de chaleur non connue. Comme
il est permis d'illustrel' les spirituels par des comparaisons tirées
des natUl'els, que celles-ci servent donc à illustrer comment de la
Parole dans ses derniers, qui constituent le sens de la lettre, peu­
vent être puisés, tirés, extraits et sublimés les intérieurs, qui sont
les spirituels et les célestes par lesquels l'homme de l'Église a com­
munication et conjonction avec les Cieux : de telles comparaisons
peuvent être faites, puisque toutes les choses qui sont dilns les trois
Règnes de la nature, à savoir, d.ans les Règnes Animal, Végétal
Vers. 17. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. hO\>
et Minél'al, correspondent aux spirituels qui sont dans les tl'ois
Cieux; ainsi, la nourrilure du corps, avec laquelle la comparaison
a été faite, correspond à la noul'l'iture de l'âme, qui est la science,
l'intelligence et la sagesse; l'arbre, qui a servi aussi de comparai-
son, correspond à l'homme, l'arbre à l'homme meme, le bois à
son bien, les feuilles à ses vrais, et les fruits à ses usages: de
même 1'01', l'argent, le cuivre et le fer, correspondent aux biens et
aux vrais, l'Ul' au bien céleste, l'al'gent au \Tai spirituel, le cuivre
au bien naturel, et le fer au vrai naturel; c'est même pour cela
que de semblables choses sont signifiées pal' ces métaux dans la
Parole: et, ce qui est surprenant, les choses plus pures sont dans
ce qui est plus grossiel', et en sont extraites, comme l'esprit ani-
mal et le suc nerveux sont dans le sang, d'où les substances origi-
naires et les fibres nerveuses tirent et extJ'aient distinctement leurs
portions assignées (sp'artas); il en est de même des fruils et des
feuilles à l'égard de la vapeur gl'ossière qui est tirée de la terre par
le bois et par son écorce, et ainsi du l'este; c'est dônc, par corn pa-
raison, comme lorsque du sens de la leUre de la Parole sont puisés
et tirés des sens .plus purs, ainsi qu'il a été dit.
1085. Et d'exécuter Zlne meme sentence, signifie unani-
mement: on le voit pal' la signification d'exécuter une même sen-
tence, en ce que c'est unanimement; car IOI'sque pal' (1 il a été
mis dans leurs cœul's d'exécuter la sentence de la prostituée, Il
il est signifié qu'ils se retireraient entièrement des choses profanes
de la Babylonie, il s'ensuit que maintenant par exécuter une même
sentence il est signifié l'unanimité en cela. Que ce soit l'unanimité
en cela, on le voit par les Réformés qui ont été divisés en trois
Églises, dont l'une a embrassé la doctrine de Luther, l'autre celle
de Calvin, et la troisième celle de Mélanchton; mais néanmoins
toutes trois elles se sont entièrement retirées des choses pl'ofanes
de la Babylonie : c'est donc là ce qui est signifié ici pal' exécuter
une même sentence; ?)oir aussi ci-dessus, N° 108!J. - Conti-
nuation sur la Parole: Puisque dans la Parole il y a trois sens,
Je naturel, le spirituel et le céleste, et que son sens natùrel, qui est
Je sens de la lettre, est le contenant des deux ault'es sens, le spiri-
tuel et le céleste, il s'ensuit que le sens de la lettre de la Parole est
la base de ces sens; et puisque les Anges des tl'ois Cieux reçoivent
..:

fJ10 L'APOCALYPSJ<.: EXPLIQUÉE. N° l085,

leUl' sagesse du SeigneUl' par la Parole chez eux, et que leurs Pa­
roles font un avec not/'e Parole pal' les cClfrespondances, il s'ensuit
encore que le sens de la leltl'e de notre Parole est la base, le sou­
tien et l'affe/'missement de la sagesse des Anges du Ciel: en elfet,
les Cieux subsistent sur le Genre Humain comme une maison sur
son fondement; de là, la sagesse des Anges du Ciel subsiste pareil­
lement SUI' la science, l'intelligence et la sagesse des hommes d'a­
près le sens de la leu/'e de la Pa/'ole; car, ainsi qu'il a déjà été dit,
c'est par le sens de la lettre de la Parole que se fait la communi­
cation et la conjonction avec les Cieux, C'est de là qu'il est arril'é,
d'après la Divine Providence du Seigneur, que la Parole quant au
sens de la lettre, depuis sa première l'évélation, n'a point été mu­
tilée, pas même dans un mol ou une leure, dans le leXle original;
car chaque mot est un soutien, et en quelque sorte aussi cha­
que leUl'e, On voit d'apl'ès cela combien il est profane de falsifier
les vrais et d'adultérer les biens de la Parole, et combien il est in­
femal de nier ou d'inlh'mer sa sainteté; dès que l'homme de l'É­
glise agit ainsi, le Ciel est fermé pour lui; le blasphème contre
l'Esprit Saint, qui ne peut être remis, est l'action de ceux qui
blasphèment la Parole en niant sa sainteté, Comme la Parole est
la base des Cieux, et que la Nation Juive a entièrement falsifié et
adultéré cette Pal'ole pal' des traditions, el en appliquant le sens de
sa lettre à ses propres amours, en conséquence, pOUl' que les Cieux
ne fussent pas en danger, et pour que la sagesse des Anges n'y ffit
pas changée en folie, il a plu au SeigneUl' de descendl'e clu Ciel,
de revêlh'l'Humain, et de devenir la Parole, comme on le voit dans
Jean, - I. fA, - et ainsi de restaurel' l'état du Ciel,
1086. Et de donner leur royaume à la B~te. signifie la
7'econnaissant~e de la Parole pour Divine. et la fondation de
l'Église sur elle: on le voit par la signification de donner le
royaume. en ce que c'est l'Église, car par le royaumj?d!lQj I~ Pa­
role il est signillé l'Église quant au vrai, et- par la domination l'É­
glise quant au bien; et par la signification de la Bête. en ce qu'elle
eslra Pal'ole, N°1038; de là donnel\ le royaume à la Bêle, signifie
donner l'Église à la Parole, ou, ce qui est la même chose, recon­
naltre la Parole, et sur elle instaurel' et fonder l'Église, D'après
les choses qui sont dans ce Verset, puis d'après celles qui ont été
Vers, 17, CHAPl'fllE DIX-SEPTIÈME. !lU
rapportées ci-dessus sur la Bête, dans les Versets 11., 12, 13, 16,
et qui ont été expliquées, il est bien évident que par la Béte il est
signifié la Parole, reçue, mais néanmoins l'ejetée pal' ceux qui sont
entendus par la p'rostituée, et cependant l'evendiquée par d'autres
en dedans ct en dehors de la Babylonie. Si la Pal'ole peut être en­
tendue pal' la Bête, c'est parce que et le Lion et l'Agneau sont des
Bêtes, et que néanmoins le Seignem' esl entendu çà el là dans [a
Parole pal' ces Bêtes; puis aussi, parce que les brebis, les che­
l'l'eaux, les béliers, les chèvl'es, les tam'eaux sont aussi des bêtes,
et que cependant pal' elles dans la Pal'ole çà et là sont signifiées
des choses saintes du Ciel et de l'Église; et que précédemment aussi
par la Bête montant cie la terre ont été signifiées des confirmations
d'après [a Parole pour la foi séparée, l)oir N° 815 : que par celle
Bête il ne puisse pas être signifié autee chose, on le voit clairement
d'après ce qui en a été dit, Vers. 1.3, que les dix rois ont donné
leur puissance et leur pouvoir à la Bête; puis aussi, d'après ce qui
a été dit dans les Versets 1.6 et 1.7, qu'ils ont donné leur royaume
à -la Bêle, eux qui cependant avaient dévasté la prostituée, en
avaient mangé les Chairs et l'avaient brOlée au feu. Si la prostituée
fut vue assise SUI' elle, c'est par.ce que la Babylonie avait fondé sa
domination sur quelques passages pris dans la Parole; par exem­
ple, sm' les choses qui ont été dites pal' le Seigneul' à Pierre; sem­
blable chose est aussi signifiée en ce qu'il est dit, que cette prosti­
tuée était assise sur les eaux abondantes, et ailleurs SUI' des tré­
sors; puis aussi, qu'elle fut vue revêtue de pourpl'e et d'écarlate,
et puée d'ol' et de piel'l'es précieuses et de perles, ayant en sa main
une coupe d'or, - Vers. 1. el li de ce Chapill'e, puis Jél'ém. LI.
1.3. - Continuation sur la Parole: Il ya un ordl~s~if
et il ya un ordre simultané; dans l'ordre successif, les choses pures
et par'faites apparaissent en baut, el les choses moins pures et moins
pal'failes apparaissent en bas; les trois Cieux sont dans ('ordre
successif l'un au-dessus de l'autre; dans les Cieux supérieurs sont
toutes les choses pures et parfaites, et dans les Cieux inférieurs
celles qui sont moins pures et moins parfaites: l'ordre .simulta~é
existe dans les inférieurs et pleinement dans les infimes; car les
supérieurs s'abaissent et se reposent dans l'ordre qui est appelé si­
llIullané, dans lequel [os choses pm'es el parfaites qui étaienl les
6'12 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 1086.

supél'ieUl's sont au milieu ou au centre, et les moins pures et les


moins parfailes, qui élaienl les inférieurs, sont dans les périphé­
fies; de là vienl que dans les derniers sont ensemble dans leur 01'­
dl'e loutes les choses qui onl exislé dans l'ordl'e successif, Mainle­
nant, puisque 4ans l'ordre simullané tous les supérieurs se reposent
dans les infimes; il s'ensuit que dans les derniel's de la Parole,
c'esl-à-dil'e, ùans le sens de sa leUre, il y a toules les choses du
Divin Vrai el du Divin Bien, à parI il' de lems premiers; et puisque
toutes les choses du Divin Vrai et du Divin Bien dans leur dernier,
qui est le sens de la leUre de la Pal'ole, sont ensemhle, il est évi­
dent que la puissance du Divin Vrai, et même la Toule-Puissance
du Seigneul' pour sauver l'homme, résident dans ce sens; en effet,
quand le Seigneur' opère, il n'opère pas des premiel's par les moyens
dans les derniers, mais il opère des premiel's par les der'niel's et
ainsi dans les moyens; c'esl de là que le SeigneUl' dans la Parole
esl appelé le Premier el le Dernier; et c'est de là que le Seigneur
a pris l'Humain qui, dans le Monde, a été le Divin Vrai ou la
Pal'ole, el qu'il l'a glorifié jusque dans les derniers, qui sont les
Os et la Chail', ùans le but de pouvoir opérer des premiers pal' les
demiers d'après Lui-Même, et non comme auparavant d'après
l'homme. Celle puissance dans les derniers a élé repl'ésentée par les
cheveux chez les Naziréens, pal' exemple, chez Samson; car les che­
veux cor'respondent aux derniers du Divin VI'ai. C'élait aussi pOUl'
cela que dans les temps anciens il y avait déshonneur à êlre chauve.
Si les enfanls qui appelaient Élisée Chauve ont été déch irés par
des ours, c'élail parce que Élisée et Élie représenlaient la Parole,
el qqe sans lesens de la leUre, la Parole, qui est alors comme une •
têle sans cheveux, est sans aucune puissance, et ainsi n'est plus la
Parole; les ours signifient ceux qui sont dans la fOl'ce d'apl'ès les
demiers du \Tai. La puissance de la Parole dans le sens de la leUre
est la puissance d'OUVI'il' le Ciel, d'où résultent la communieation
et la conjonction; c'est aussi la puissance de combattre contre les
faux et les maux, ainsi contre les enfel's : l'homme qui est dans les
vl'ais réels d'après le sens de la lettre de la Parole peut, par une
seule intuition et par un effort de volonté, disperser et dissipel' en
un moment toute la tombe diabolique, et aussi tous les artifices
da"Ms lesquels elle place sa puissance, lesquels sont innombrables.
Vers. 18. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. !l13
En somme, dans le Monde spirituel, rien ne peut résister aux vrais
réels confirmés d'après le sens de la leure de la Parole.
1.087 , Jusqu' à ce que soient consommées les paroles de
Dieu, signifie jusqu 'au dernier état de l'Église, quand ilya
jugement, et ensuite nouvel état: on le voit par la signification
d'être consommé, en ce que c'est pl'endl'e fin, spécialement quand
il ne reste plus aucun bien ni aucun vrai de la doctrine et de la vie,
ainsi quand c'est le demie!' état de l'Église, car la consommation
signifie le demie.' état de l'Église, ?Joir N° 62h, 911 ; et comme
le Jugement dernier vient lorsque c'est le dernier état de l'Église,
et qu'après ce jugement une nouvelle Église est instaurée pal' le
SeigncUl', c'est pOUl' cela que par être consommé il est signifié le
dernier état de l'Église, quand il y a jugement, et ensuite nouvel
état; par la signification des paroles de Dieu, en ce que ce sont
les prédictions dans la Parole; c'est pourquoi par les paroles de
Dieu consommées il est signifié quand les prédictions ont été accom­
plies. S'il est dit que ceux qui sont signitiés par les dix cornes de
la Bête dévastel'ont la prostituée, mangeront ses chair's et la brfl­
leront au feu, et qu'ils donneront le royaume à la Bête, jusqu'à ce
que soient consommées les paroles de Dieu, c'est parce qu'alors
ceux qui se sont entièrement J'etir'és de la Babylonie, et ont rejeté
ses choses profanes, ont aussi été dévastés quant à tous les vrais et
à LOUS les biens du Ciel, ou parce que eux également out falsifié la
Parole, non d'après le principe de domination sur les choses saintes
de l'Église et sur le Ciel, mais par le p,'iucipe de la séparation des
Œuvres d'avec la foi; après celle séparation il est donné, non plus
de vivre d'apl'ès le Seigneur, mais de vivre d'après sor-même el le
Monde, ce qui est la vie du mal d'après le faux; c'est pOUl'quoi, par
<1 jusqu'à ce que soienl consommées les paroles de Dieu, )l il est

encore entendu jusqu'à ce que ceux-là aussi aient été dévastés. ­


Continuation sur la Parole: Maintenant, puisque dans le der­
nier sens de la Parole, qui est appelé sens de la lellre, il y a en­
semble tous les intéJ'ieurs, à savoir, les spiJ'i\uels et les célestes qui
sont dans les Paroles des trois Cieux; car les choses qui sont dans
la Parole chez les Anges du lI'oisième GiGI sont dans ses intimes,
et celles qui sont dans les Paroles des Anges des Cieux inférieurs
sont dans les moyens, et celles-ci ont été enveloppées et enfermées
6U L APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N· :1088.

dans des choses telles qu'elles existent dans la nature de notre


Monde, par conséquent, d'après celles-ci et d'après celles-là existe
le sens de la leUre de notre Pal'ole. Par là on peut voir que dans
Je sens de la leU.re de notre Parole le Divin Vrai est dans son plein.
Le plein se dit de ce qui contient en soi tous les antérieurs à partir
du premier, ou tous les supérieurs à partir du suprême; le dernier
est ce qui les renferme, Le plein de la Pal'ole est comme un Vase
commun de marbre, dans lequel il y a d'innombl'ables vases plus
petits en cristal, et panlli ceux-ci de plus innombrables en pierres
précieuses, dans lesquels et autoUl' desquels sont les choses les plus
délicieuses du Ciel, lesquelles sont pour ceux qui d'après la Pal'ole
font de nobles usages. Que telle soit la Parole, l'homme ne le voit
pas tant qu'il est dans le Monde, mais il le voit quand il devient
Ange. Puisque telle est la Parole dans les derniel's, il s'ensuit que
la Parole n'existe pas avant qu'elle soit dans ce demier, ainsi avant
qu'elle soit dans le sens de la leUre; si la Parole n'était pas dans
ce sens, elle serait comme un Temple dans l'air et non sur terre,
ou comme un homme en chail' et non en même temps en os.
Comme le Divin Vrai dans son demier est dans son plein, et aussi
dans sa puissance, car lorsqu'il est dans ce dernier il est en même
temps dans tous les antérieurs, c'est pour cela que le Seigneur n'o­
père jamais que des premiers pal' les derniers, pal' conséquent dans
le plein: en effet, il ne réforme et ne régénère l'homme que par
les vrais dans les derniers, qui sont les aaturels; de là vicnt que
tel est l'homl11e dans le Monde, tel il demeure pOUl'l'éternité après
sa sortie du Monde: de là vient aussi que le Ciel et l'Enfel' pl'Q­
viennent du Geme Hnmain, et qu'il n'y a pas eu d'Anges créés
immédiatement, cal' l'homme dans le Monde est dans son plein,
c'est pOUl' cela qu'il peut y être conçu et naHI'e, et ensuite être
imbu de science, d'intelligence et de sagesse, et devenir Ange;
créel' des Anges ault'eme.nt n'est pas possible. Comme le Seigneur
opère toutes choses des premiers par les derniers, et que dans les
demiers il est dans sa puissance et dans son plein, c'est pOUl' cela
qu'il a plu au Seigneur de prendre l'Humain et de devenir le Divin
VI'ai, c'est-à-dire, la Parole, et ainsi de remettre en ordre par
Lui-Même toutes les choses du Ciel et toutes celles de l'Enfer,
c'est-à-dire, de faire le Jugement dernier; le Seigneur a pu de son
Vers. 17. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 416
Divin en Lui-Même, qui était dans les Premiel's, pal' son Humain,
qui était dans les Del'Oiel's, accomplir cela, et non d'a pré:; sa pré­
sence ou sa demeUl'e dans les hommes de l'Église, comme autre­
fois; car ceux-ci avaient entièrement abandonné les vrais et les
biens de la Parole, dans lesquels avait été aupal'avant l'habitacle
du Seigneur chez les hommes. Ce fut là la cause principale de l'a­
vénement du Seigneur dans le Monde; et il y vint aussi pour faire
Divin son Humain; car pal' là il se mit en puissance de pouvoir
tenil' éternellement dans l'ordre toutes les choses du Ciel et toutes
celles de l'Enfer: cela est entendu par (1 s'asseoir à la droite de
Dieu. Il - Marc, XVI. 19; - la droite de Dieu est la Divine
Toute-Puissance; et s'asseoir à la droite, c'est être dans cette puis­
sance par l'Humain: que le Seigneur soit monté au Ciel avec son
Humain glol'ifié jusque dans les derniers, Lui-Même l'atteste dans
Luc: Il Jésus dit à ses disciples: Voyez mes mains et mes
pieds, car c'est Moi-Meme; touchez-Moi, et voyez; car un
esprit chair- ni os n'a point, comme vous Me voyez avoir. Il
- XXIV. 39; - le Seigneur dit ces paroles incontinent après sa
)'ésurI'ection; la chail' et les os sont les derniers du COl'pS Humain,
dont dépend sa force.
1088. Et la Femme, que tu as vue, est la ville grande, si­
gnifie la doctrine abominable de l'Église: on le voit par la si­
gnilication de la femme, en ce qu'elle est l'Église, ici l'Église dans
laquelle les vl'ais et les biens de la Parole ont été profanés, et q~i
n'est plus Église, mais qui est une religiosité qu'on apPèlle Babel;
et par la signification de la ville, en ce que c'est la doctrine de l'É­
glise, N° 223, ici la doctrine de Babylone, doctrine qui est abomi­
nable, pal'ce qu'elle se compose de vrais et de biens de la Pal'ole,
qui SOflt les choses saintes de l'Église, et qui ont été profanés. Cette
femme, par laquelle est signifiée l'Église, est appelée ville grande,
ce qui signi fie doctrine, parce que l'Église ne vient d'autre part
que de la doctrine, cal' telle est la doctrine, telle est l'Église, ici
telle est la religiosité; c'est Babylone qui est entendue ici par la
ville, et par Babylone comme métropole il est signifié la même
chose que pal' la Babylonie, qui est le royaume, comme aussi dans
Daniel, où il est dit Babel; par les autres villes méll'opoles il est
aussi signifié la même chose que par les royaumes, comme le
â16 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. N" 1088.
Royaume Juif par Jél'usalem, le Royaume Israélite par Samarie,
le Royaume de SYl'ie par Damas, et par le Royaume il est signifié
l'Église, mais par la ville métropole l'Église quant à la doctrine.':"­
Continuation sur la Parole .. Le Di\"in Vl'ai est ce qui est appelé
le Saint, mais il n'est pas saint avant qu'il soit dans son dernier;
son dernier est, la Parole dans le sens de la lettre, c'est pourquoi
le Divin Vrai y est le saint, et peut être appelé le sanctuaire; cela
vient de ce que ce sens contient et renferme toutes les choses saintes
du Ciel et de l'Église. Il semble que les Divins Vl'ais dans les
Cieux, qui sont appelés les spirituels et les célestes, soient saints
de préférence aux Divins Vrais dans le sens de la lellre de la Pa­
l'ole, qui sont les natul'els; inais les Divins Vrais dans les Cieux,
qui sont appelés les spirituels et les célestes sont, par compa­
raison, comme dans l'homme le poumon et le cœur, qui, s'ils n'é­
taient enveloppés pal' les cOtes el renfermés dans la plèvre et le
diaphragme, ne constitueraient pas la poitrine; cal', sans ces tégu­
ments, ils ne pourraient pas remplil' leul's fonctions vitales, ni '
même s'ils n'étaient pas joints avec eux pal' des liens: les spil'ituels
de la Parole sont comme la respiration des poumons, ses célestes
sont comme la systole et la diastole du cœur, et ses naturels sont
comme la plèvre, le diaphragme et les cOtes avec les fiores mo­
trices annexées, par lesquelles il y a l'éciprocité de mouvements.
De plus, les spirituels et les célestes de la Pal'ole sont, par compa­
raison, comme les choses sailltes du Tabel'Oacle, qui étaient la ta­
ble SUl' laquelle il y avait les pains de proposition, l'autel d'or SUI'
lequel étaient les encens, les pal'fums et la cassolette, puis le chan­
delier avec les flambeaux, et dans la partie encore plus intérieul'e
les Chérubins, le Pl'opitiatoire et l'Arche; toutes ces choses con­
stituaientles saintetés de l'I~glise Juive et ISI'aélite, mais toutefois
elles ne purent être appelées le saint et le sanctuail'e avant d'avoil'
été enveloppées pal' les rideaux et les voiles; car, sans ces enve­
loppes, elles eussent été à découvert, exposées aux pluies et aux
tempêtes, aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terl'e, et même
aux voleurs qUI les auraient violées, pillées et dispel'sées : ainsi en
aurait-il été aussi des Divins Vrais dans les Cieux, qui sont appe­
lés les spÎl'ituels et les célestes, s'ils n'avaient pas été renfel'més
dans des vrais naturels, tels que sont ceux du sens lillél'al de la
Ver:;, 18, CHAPITRE DIX-SEPTlI~;~Œ, !J'Ii
Parole. Les vrais naturels, qui sont les nais du sens Iittél'at de la
Parole, ne sont pas les vrais mêmes du Ciel, mais ils en sont les
apparences i et les apparences du vrai enveloppent, J'enfel'ment et
contiennent les vrais du Ciel, qui sont les nais l'éels, et font qu'ils
sont liés et en ordl'e, et qu'ils sont en cohérence, comme les choses
du cœur et des poumons avec leurs téguments et les cotes, ainsi
qu'il a été dit; et quand ils sont liés et éh ordre, ils sont3.lol's
sainls, mais non auparavant: voilà ce que fait le sens de la lettre
de notre Pal'ole par les apparences du vl'ai, dont se compose son
del'nler; de là vient que ce sens est le saint Divin même et le sanc­
luail'e. Mais celui qui sépal'e les appal'ences du vl'ai d'avec les vrais
réels, et qui appelle le sens de la letll'e saint par lui-IMme et d'a­
près lui-même, el non par ces apparences et d'après ces apparences
conjointement avec ces vrais, 'celui-là se trompe beaucoup; celui
qui voit seulement le sens de la lettre, sans examiner ce qu'il si­
gnifie, fail cette sépal'ation; c'est ce que font ceux qui ne lisent
point la Parole d'après la doctrine. Par les Chérubins, dans la Pa­
role, il est entendu la garde et la défense pour que les choses
saintes du Ciel ne soient pas violées, et pour qu'on n'approche du
Seigneur que par l'amour; de là les Chérubins signifient le sens de
la lettre de la Pal'ole, car ce sens garde et défend: il garde et dé­
fend en cela que l'homme peut penser et pal'Ier selon les apparences
du vrai, 10I'squ'i1 est probe, simple et comme un petit enfant; mais
il doit prendre garde de ne pas contil'mel' les apparences jusqu'à
destruction du vl'ai réel dans les Cieux,
1089. Ayant royauté sur les rois de la terre, signifie sa
domination sur les vrais de l'Église: on le voit par la significa­
tion d'avoir royauté, en ce que c'est la domination, et que cela se
dit des vrais ou des faux, cal' royauté, (ou royaume), c'est l'Église
quant aux vrais ou aux faux, N°' !J8, 68ft, 685; et pal' la signifi­
cation des rois de la terre, en ce qu'ils sont les vrais, N°' 31,
625, 103ft, 1063, t073; et pal' la signification de la terre, en
ce qu'elle est l'Église, ainsi qu'il a été très-souvent montl'é; de là
il est évident que par avoir royauté sur les l'ois de la terre, il est
signifié la domination SUI' les vrais de l'Église. La domination sur
les vl'ais de l'Église, c'est parce que leU!' chef supreme, qui est ap­
pelé Pape et Pontife, fail scs édits d'une égale sainteté et d'une
VI. 27,
418 L'APOCALYPSE EXPLIQUÉE. j\' 1089.

semblable insph'ation que les VI'ais de la Pal'ole, et que c'est un


point de leur doctrine, qu'il lui,est permis de changel' les vrais de
la Pal'ole selon les changements de l'é,lat de l'Église, et ainsi de les
convel'tir en des choses qui sont des moyens pour la domination,
lesqueIles sont des faux, Cal' tonles les choses qui conceruent la do­
mination sont des faux ou des vrais falsifiés; en effet, la fin choisit
les moyens et se les applique, et les moyens appliqués à la fin, qui
est la domination SUI' les âmes des hommes, sur toutes les cboses
de l'Église et SUI' le Ciel, ne peuvent être des vrais; et s'ils sont
des vrais, la fin néanmoins les falsifie, mais chez ceux qui sont
dans la domination. - Contl;nuation SUl' la Parole: C'est une
vérité constante que personne ne peut comprendre la Parole sans
la doctrine, car l'homme peut être entralné dans les erreurs de tout
gelJre auxquelles. il est porté pal' qIJelque amoUl' ou alliré pal' quel­
que principe: par là son mental devient vague et incertain, au
point qu'enfin il se trouve comme privé du vl'ai : celui, au con­
tI'aire, qui lit la Parole d'après la doctrine, voit toutes les choses
qui la confirment, et aussi plusieurs choses qui sont cachées aux
yeux des autres, et il ne se laisse pas entrainer dans des choses
opposées; de là son mental est fixé, au point qu'il voit avec certi­
tude. Si la Parole peut être tournée à confirmer même des hérésies,
quand on ne la lit pas d'après la doctl'ine, c'est pal'ce que le sens
de sa leUre consiste en de pures correspondant;es, et que celIes-ci,
quant à la plus gl'ande pal'lie, sont des apparences du ''l'ai, et,
quant à l'autre partie, des vrais réels qui ne ~eu"ent êtl'e ni vus ni
distingués, à moins que la doctrine ne soit le flambeau. Toutefois,
la doctrille ne peutêtre acquise que d'apr'ès la Pal'ole, et non pal'
d'autres que par ceux qui sont dans l'illustl'ation par le Seigneur;
sont dans l'illustration ceux qui a.iment les vrais parce qu'ils sont
àes vl'ais, et qui les font choses de leUl' vie. En outre, tout cè qui
appartient à la doctrine doit être confil'mé par le sens littéral de la
Pal'ole, parce que dans ce sens le Divin Vrai est dans son plein et
dans sa puissanc~, et que pal' lui l'homme est en conjonction avec
le Seigneul' et en consociation avec les Anges. En_un mot, celui
qui aime le vrai parce que c'est le vrai, celui-là peut, pOUl' ainsi
dire, intefl'ogel' le Seigneur dans des choses dputenses de la foi, et
l'ecevoir de Lui des réponses, mais non ailleurs que dans la Parole;
et cela, parce que le Seigneur est la Parole.
TABLE

DES EHHEURS TYPOGRAPHIQUES DES CITATIONS DU TEXTE LATIN,

CORRICËES IlANS CETTE TRADUC'fJON.

NOT'. Il /l'est queltion, dans la seconde partie de celte Table, que.le. erreur< qui ne l,em'eut
pD:; être reconnne~ à "ne premi.ère in.s('lrcLion.

Pag. Lin. Telle l'Lin. Tradnel. Pag. Lig. Pag. Lin. Telt.lalin. Traducl. rag. LiS'
2!l7 37 570. 510 G 21 389 33 937. 936 167 24
29934XVlII.17. XVIIr.7 1.0 6 390 15 XIII. XXI[[ 168 26
30p 15 XXX,VIIf. XXXVII H. 5 393 34 795. 790 174 26
303 113 271.. 270:1.7 12 394 15 XXIII•. i5. XXlll.5 175 28
304 19 648. 646 18 6 398 12 299. 300 182 23
304 24 247. 427 18 13 1400 43 XXIX. XXVIII 187 9
323 14 1433. 4533 52 2 401 1 V1.22. VI.3 187 15
324 42 213. 313 54 33 401 t9 VII1.4,5. XII.4,5 188 5
327 22 34. 33 59 H 404 5 717-. 277 192 32
327 41 614. 66460 3 405 5 34. 33 194 20
336 34 859. 589 75 25 407 35 XXVIII.16. XXVIII.18 199 5
340 32 812. 813 82 20 4'18 44 XV.3. XV. 5 216 24
341 33 XVLl.24. XVI.24 84 13 419 21 10357. 10367 217 19
341 33 IX.24. lX.23 84 14 419 21 10372. 10370 217 19
347 2 487. 551 93 21 419 23 7892. 7893 217 21
351 27 10829. 10828 101 12 419 23 10365. 10364 217 22
354 43 918. 917 107 6 420 5 5580. 5581 218 22
354 45 8857. 8858 107 8 434 30 XII.20. XIV.20 2{J4 8
355 44 34. 33 108 37 447 14 621. 625 266 21
357 24 13. 73 1H 22 452 14 708,804. 706,824 275 25
357 41 15,22. 15,21 1.12 8 479 21 215. 315 323 9
357 46 CXX.4. CXX.2,4 112 16 481 4 XXVII.L XVII. 1. 326 9
358 10 703. 700 i12 29 481. 12 XX. XIII 326 19
362:1.7 VIU.20. VIlI.20,21 120 2 484 35 Vers.H. Vel's.10 332 24
370 H 219. 329 133 29 489 26 XVLl.19. XVI.19 341. 9
372 37 219. 329 138 5 l/90 8 H.18,20. H.18,21 3112 15
374 42 33,34. 32,33 UI 33 490 10 IV.4ad7. XIV.4à7 3112 18
381 38 299. 300 153 17 490 21 r. 8. r. 18 342 36
384 25 773. 774 158 12 493 28 6!.l5. 696 3118 25
384 45 773. 774 159 4 493 42 1044. 1045 349 7
386 15 325. 323 161 Hl 52{J 17 LXXXlI. LXXXIV 402 H
388 23 XXIV.17. XXIV.27 165 17 52tl {JO IX. 9. Xl.9 403 7
389 2 904. 905 166 18

l·.~. Lill.
300 29 diebus vi.lœ lIIeœ, lirc diebusvitœ tuœ, commc au No 340.
312 <i6 l'obustos, lirc robllstos meos, comOlC dans l'Explication, et N0 922.
313 2 fi/ire Zionis, lire {iUœ Jehudœ, comOlC dans A. R. 652,
331 33 rapilitm XVI ct XVII, Iil'c capitltm XVII ct XVlII.
333 13 lib illis alltem, lire (lb aUis (/lt! cm.
II
Page Liu.
3U 2 veruntamen, lire veni tamen.

348 8 mortuol'um, IV. U, Iirejus/oTllm, XIV. U, comme dans A. C.

6393.
352 17 spllœrœ C1RieiulIt, lire sphœrœ /l01l afTieillllt.
35!) 38 ill regno Patris, ajouter sui, comme dans A. C. 9192.
361 oU scminanlem in Babelt, lire semillanlem è Babele, comme dans
A. C. 9295.
362 27 Arverem, lire A.roerem. .
883 7 veri u Verbo, Ure ven in VerlJo, comme dans ('Explication.
393 26 et tanquam, lire el tantum. .
4.10 23 vocem, lire vocem magnam, comme dans le Verset.
43.1 7 VerlJi, lire Verbi vehe1llenlem, comme au No 980.
451 6 ill ten'as, lire in terram, comme dans A. C. 7351.
4.7!J 28 ulrahelur, lire utrahentur, comme dans A. C.. 63.t.3.
4.80 3 et-l iim, lire ::.ii1ll, comme dans la citation. .
491 15 ad mallUllseu, lire ad malu711 et, d'après cc qui précède.
501 41 carn/pla sunt, lire coneussa sunt, comme dans A. C. 3355.
503 33 est super terram, lire el si/per terram.
505 29 obduci, lire abduci.
513 26 ilel'us est, lire ilurUB est.
520 6 Après IInam sententiam ajouter et dal'e regnll711 SIIUI1l besliœ.
524. 40 sexluplo, lire sepluplo, comme dans A. C. !J2~8.
525 15et16 E~ech. XX. 48. XXI. .l, 5, lire E:.ech. XXI. 4, 9, 10.

SIGNES DES OUmAGES Dt: L'AuTEUR CITÉS DAXS CETTE TAnlE.

A. C. , Arcanes Célestes,
A. R. •. Aflor.,lypse Révtilk

No. , . Indique le No dans l'Ouvrage mèmc.

ERRATA.
Pa~(l 2, Lil(ne 30, les raisills, lisez ses raisins.

ERR.\TA SUPPLÉMENTAIRE.
Vol. l'ag. Lig.

\. .t62 j Exad. XII. 33, 36, lisc~ : E:cod. XII. 35, 36.

I. 50R 17 GCIIè.ÇI', VII/. 12 ci 17, lisc~: Genèse, IX. 12 ci 17.


'III. 204 4. Dil'in Vrai, Iise~ : Dil';'1 Bim.

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