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7/ Une grande puissance agricole

En guise de mise en bouche, une très belle citation: « les Français sont les plus grands
consommateurs d'huître au monde. » (Vincent Adoumié et compagnie, Géographie de la France)

1) La « révolution silencieuse » des campagnes

Début XXème siècle, la géographie rurale a une forte valeur historique et décrit la
transformation des « modes de faire-valoir du passé que supplante l'économie moderne » (Claval).
Jusqu'aux sixties, les travaux portent sur les structures agraires (conditions économiques, sociales et
financières dont dépendent l'agriculture et l'élevage; cf René Lebeau, Les Grands types de structures
agraires dans le monde (1969), un classique du genre) et les paysages: étude des finages, des
terroirs, etc. Puis la géographie intègre à son analyse des processus nouveaux: périurbanisation,
ouverture des marchés, et des notions comme celle d'agrosystème. L'agriculture est étudiée sous le
prisme de la ''glocalisation'': par la géographie économique aux niveaux national et mondial, par la
géographie sociale et environnementale à l'échelle locale.

Une longue tradition rurale

Jusqu'au milieu du XXème siècle, l'agriculture appartient à « l'ordre éternel des champs ».
En 1945, elle emploie encore un tiers des emplois. La politique agricole de la IIIème République a
été de freiner l'exode rural et de consolider la petite et moyenne paysannerie par le contrôle des
importations. Dès les années 1880, le paysan apparaît comme « le meilleur fondement de l'équilibre
de la nation et le meilleur soutien du pouvoir ». Plus de 600 000 paysans ne reviennent pas de la
Grande Guerre.
Jusqu'aux années 1930, le nombre de propriétaires exploitants ne cesse de croître au
détriment des propriétaires non exploitants et des salariés. L'émiettement du sol se pérennise. La
taille moyenne des terres passe péniblement de 6,1 ha en 1892 à 8,3 en 1929. Les différences se
creusent entre Beauce (2/3 des + de 100 ha) d'une part et l'Ouest breton, la région lyonnaise, les
Alpes, le piémont pyrénéen d'autre part. Le maintien de la polyculture et la mécanisation faiblarde
font que la productivité française est l'une des plus faibles d'Europe en 1930.

Une modernisation accélérée depuis la Seconde Guerre Mondiale

En 1946, un agriculteur nourrissait cinq habitants contre plus de trente en 1980. Depuis
1965, la France est la première puissance agricole d'Europe.
La modernisation concerne:
L'organisation des terres agricoles. Jusqu'en 1950, la petite propriété reste la règle de la Normandie
à la frontière espagnole. Puis l'exode rural et le remembrement font se concentrer les exploitations.
Les parcelles sont refaites, les haies arrachées, le bocage disparaît. En métropole, la taille des
exploitations triple en 50 ans (14 ha en 1950, 56 en 2006). L'autoconsommation décline, la
polyculture aussi et la spécialisation s'affirme (hors-sol notamment). Le nombre d'agriculteurs
s'effondre: 4M en 1946, 1M en 1984.
Les techniques agricoles. Le tracteur se généralise à partir de 1950. Engrais chimiques, nouvelles
semences, sélection des races d'élevage se développent. Partant, les rendements s'accroissent
fortement (x4 pour le blé en 50 ans) alors que la SAU et la SAUée (SAU utilisée) diminuent
constamment.
Les acteurs et moteurs de la modernisation depuis les lois Debré (1960) et Pisani (1962) sont:
les SAFER (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural)
l'indemnité viagère de départ pour faire laisser la place à la jeunesse
• les GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun)
• les CUMA (Coopératives d'utilisation du matériel agricole)
• des associations comme Jeunesse agricole chrétienne (JAC)
• des syndicats comme le CNJA (Centre nationale des jeunes agriculteurs)
• le Crédit Agricole, « banquier de l'agriculture »
• l'Europe. 1957: mise en oeuvre de la PAC. Les paysans français bénéficient vite d'un
marché élargi régi par le principe préférence communautaire qui permet d'écouler
sans peine les productions.

Être agriculteur français au début du XXIème

Les agriculteurs sont marginaux: 3% de la population en 2006, dont 75% d'hommes. Ils sont
plus âgés que la moyenne. La concentration des terres se poursuit et s'accélère: plus que 520000
exploitations contre 1M en 1988.
Le faire-valoir direct ne concerne plus qu'un tiers des exploitants pour deux-tiers en FV indirect,
principalement en fermage (le métayage a quasi disparu). L'agriculture connaît une grande
professionnalisation depuis 30 ans: 39% des exploitations ont un statut ''moderne'': 12% sont en
GAEC, 25% en société; plus d'un tiers des agriculteurs sont membres d'une CUMA; le niveau de
formation a augmenté grâce aux lycées agricoles. Le salaire moyen des agriculteurs se situait en
2005 à 24000, 15% de moins que la moyenne.

2) La première puissance agricole européenne

L’évolution de la PAC

1957-1980: politique favorable aux agriculteurs (prix planchers pour certains produits) dont les
débouchés sont assurés
1980-1992: à partir de 1984, des quotas sont créés car excédents puis contingentements à partir de
1988. Le revenu des agriculteurs continue de grimper mais moins rapidement.
Depuis 1992: une réforme (1992) diminue le prix de soutien, impose la mise en jachère ou en friche
pour certains sols. La réforme de 2003 découple les aides de la production: ces dernières sont
attribuées à partir des aires déjà cultivées.

Quelques aspects de « l'exception française »

La notion de terroir a été traduite par le biais des IGP (Indication géographique protégée) et
des AOC (Appellation d'origine contrôlée) qui reconnaît que la qualité ou les caractères d'un lieu,
d'un produit sont dus « au milieu géographique, comprenant des facteurs naturels et des facteurs
humains » (Code de la Consommation).
Le vin constitue l'exemple par excellence du système AOC (470 AOC en France). Les
enjeux des qualifications sont commerciaux (marketing), éthiques (anti-contrefaçon) et
économiques (requalification de l'activité agricole).

Le développement tardif mais rapide de l'agriculture intégrée

Plus de 80% des produits agricoles subissent une transformation industrielle. La filière
agroalimentaire va de l'amont à l'aval, avec au centre l'agriculteur, de plus en plus dépendant.
Le cas Danone: Danone est le numéro un mondial des produits laitiers et de l'eau en bouteille. Il
emploie 90000 personnes dans 120 pays. Il résulte de l'association de Gervais (inventeur du Petit
Suisse en 1852), Danone (1919), Boussois-Souchon-Neuvesel (1966, propriétaire d'Evian et
Kronenbourg depuis 1970). Le groupe Danone est l'archétype de l'industrie alimentaire: la stricte
fabrication ne concerne plus que la moitié des effectifs; le groupe dispose d'un centre de recherche
parisien employant 600 personnes.
Un grand exportateur européen et mondial

La France est le deuxième exportateur mondial de produits agricoles. Le secteur


agroalimentaire reste largement excédentaire; on parle même d'or vert, avec en tête le secteur des
boissons, suivi des céréales, des produits laitiers et des bovins. 7 clients principaux sur 10
appartiennent à l'UE. Les seuls pays majeurs avec qui la France a un solde négatif sont les Pays-Bas
et le Brésil (soja, viande en masse). La situation est fragile. Le vin (hors grands crus) souffre de la
concurrence des ''nouveaux mondes'' (Californie, Chili, Afrique du Sud). Cette crise est due à la
montée en qualité des vins étrangers, à l'illisibilité du système AOC à l'échelle internationale, à la
diminution de la consommation globale du vin en France, premier marché des producteurs locaux
(la consommation a été divisée par 2 en 50 ans).

La France occupe le premier rang mondial pour le vin, la betterave à sucre; européen pour le blé
(rang mondial: 5), le maïs (idem), la viande bovine (rang 6).

3) L'espace agricole français et la pêche

L'ESPACE AGRICOLE Caractéristiques géographiques; Système agraire; Caractéristiques


FRANCAIS humaines

Les régions de grande Sols profonds et riches, relief plat, nappes profondes permettant
culture industrielle (ex: l'irrigation. Exploitations aux superficies importantes; rotation simple
Beauce, Picardie, Berry, des cultures; faible nombre de travailleurs salariés; forte
Champagne) mécanisation; adaptabilité; richesse relative. La Champagne «
pouilleuse » est devenue après 1945 une des régions agricoles les plus
riches d'Europe
Les régions de Cultures commerciales irriguées; exploitations de petite taille dans
productions spécialisées des espaces densément peuplés et intégrés à l'agroalimentaire;
(ex: Méditerranée, vallée techniques culturales perfectionnées; montée en gamme des
de la Durance, basse exploitations viticoles (côtes du Rhône). Mais un bémol: la
vallée du Rhône, concurrence du Sud (Maroc, Colombie (fleurs coupées à bas prix)).
Roussillon)
Le modèle breton En 1950, région pauvre basée sur polyculture et l'élevage de
subsistance. Puis remembrement (disparition de la moitié des
exploitations), intégration forte au secteur industriel; aujourd'hui:
élevage hors-sol (porcs, poulets) et productions légumières intensives
sur les côtes. A l'origine de l'essor, la Jeunesse agricole chrétienne,
très impliquée dans la PAC et les modes de gestion modernes.
Bémols: productivisme outrancier, pollutions des nappes.
Exemple d'Unicopa: groupe coopératif qui débute en 1967 avec
l'Union Laitière Bretonne; elle dirige toute la filière depuis la collecte
du lait jusqu'à l'emballage.
Les régions en difficulté Espaces ruraux isolés, marqués par la friche et le recul des surfaces
(ex: Limousin) cultivées. Dans les zones de montagne, le système agraire
traditionnel, dit agropastoral, a disparu ou presque. Pourquoi cette
marginalité agricole? Contraintes physiques (pentes, etc),
émiettement; vieillissement excessif des agriculteurs; faible
intégration dans les circuits économiques.
Limousin: 9% de la population active mais plus de 30% des
exploitants ont disparu depuis 1990. En Creuse et en Corrèze, le
revenu brut des agriculteurs ne représente que 40% de la moyenne
nationale.
La pêche française

Depuis les années 1980, le nombre de navires a diminué de moitié alors que les capacités de
captures sont restées constantes. La flotte est métropolitaine pour 70%, ultramarine pour 30%. La
pêche française est d'abord côtière (70% des navires, 44% des marins) c'est à dire les prises
s'effectuent sur les prises territoriales (moins de 20 km alentour). La pêche au grand large représente
plus de la moitié du chiffre d'affaires total. La Bretagne est la première région de pêche française
(40% de l'emploi), suivie par le Nord-Pas-de-Calais (Boulogne = premier port français). La
conchyculture est pratiquée sur tous les littoraux (5000 concessions). Son chiffre d'affaires la place
au deuxième rang européen, et les Français sont les plus grands consommateurs d'huître au monde.

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