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MOUVEMENT

DEMOCRATE

MOUV
DEMOC
LE PROJET
HUMANISTE

OUVEME
MOCRATE
www.mouvementdemocrate.fr
LE PROJET HUMANISTE

Introduction de Robert Rochefort

Préambule de François Bayrou

Les valeurs de notre projet

Chapitre 1 : Développement Chapitre 3 : Territoires


économique, social et 3-1 Croire aux banlieues
écologique durable 3-2 Redonner un destin aux territoires
1-1 Recréer des emplois et améliorer les ruraux
conditions de travail 3-3 Défendre les services publics
1-2 Garantir l’avenir de notre sécurité 3-4 Remettre l’habitat au centre de
sociale l’urbanisme
1-3 Créer un environnement budgétaire 3-5 Changer nos modes de transport
et fiscal pour l’emploi et la justice 3-6 Reconnaître pleinement l’Outre-mer
sociale
1-4 Reconnaître pleinement l’économie Chapitre 4 : Vivre ensemble
sociale, solidaire et responsable 4-1 Lutter contre les discriminations
1-5 Modifier nos modes de consommation 4-2 Soutenir toutes les familles
1-6 Favoriser une agriculture et une 4-3 Désenclaver le handicap
pêche soutenables 4-4 Humaniser la politique d’immigration
1-7 Faire face ensemble, au niveau 4-5 Respecter les choix éthiques de chacun
international, au défi du changement 4-6 Encourager la vie associative et le
climatique bénévolat

Chapitre 2 : Education, Chapitre 5 : Démocratie


formation, culture 5-1 Affirmer la séparation des pouvoirs
2-1 Redonner confiance dans l’école 5-2 Rendre à la justice son indépendance
2-2 Préparer l’avenir : Enseignement 5-3 Garantir une information libre et
supérieur, recherche, innovation pluraliste
2-3 Porter au plus haut l’exigence
culturelle Chapitre 6 : Europe
2-4 Prendre part à la révolution et international
numérique 6-1 Redonner de l'ambition à l'Europe
2-5 Faire confiance à la jeunesse 6-2 Bâtir une diplomatie et une défense
au service de la paix
6-3 Promouvoir l'idéal démocrate dans
le monde
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Introduction

Depuis longtemps déjà, on disserte sur l'incompréhension grandissante entre les


citoyens et la classe politique. Peu à peu le fossé s'est creusé, à tel point que l’on parle
désormais de divorce, de fracture, de défiance. Les partis semblent désarmés face à
cette crise. Ils sont tentés de s'arc-bouter, de se replier sur eux-mêmes, d'importer la
crise dans leur vie interne, donnant à l'extérieur un spectacle désolant de rivalités et
d'affrontements, qui conforte l'opinion dans sa piètre considération à leur égard.

Cette spirale infernale, cette descente aux enfers, sont-elles inéluctables ? Non. Nous,
ne le pensons pas. Comme démocrates, nous sommes même persuadés du contraire.
Le moment est venu d'inverser la pente, d'intéresser à nouveau les citoyens au débat
collectif. Car, au fond d'eux-mêmes, ils n'attendent que cela. La France ne peut se pas-
ser d'ambitions politiques, c'est ainsi qu'elle a été construite, et qu’elle a prospéré.
Les Français sont les héritiers d'une culture qui porte haut les aspirations à dépasser
les contingences du moment, pour bâtir une vision d'avenir, responsable, généreuse
et solidaire, offerte en témoignage à l'ensemble du Monde. Elle est rebelle à une
conception purement marchande de la société. Nous pensons qu’il est temps de réha-
biliter tout ce qui permet aux hommes et aux femmes d’œuvrer ensemble, de coopé-
rer les uns avec les autres, de fuir l’excès d’individualisme pour recréer une société
unie et solidaire.

Dans ce document, nous commençons par nos valeurs. Nous sommes persuadés
qu’elles rejoignent les aspirations d’une très large majorité des citoyens. Vient ensuite
un plan plus thématique dans lequel chaque chapitre est transversal. L’économique ne
peut plus être pensé autrement qu’avec le défi écologique et le développement social.
La gouvernance, la gestion des territoires, notre vision européenne et internationale,
recouvrent évidemment tous les champs sectoriels de la régulation politique.
L’éducation est la clef de voûte de tout. Vivre ensemble est aujourd’hui la seule condi-
tion pour qu’une société résiste à la tentation de perdre en humanité.

Robert Rochefort

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Préambule de François Bayrou
LE PROJET HUMANISTE

Nous proposons ce projet pour que les Français retrouvent courage et foi en l’avenir.
Nous proposons ce projet pour que la France rayonne en Europe et dans le monde.
Nous proposons ce projet pour que le pessimisme recule et que l’optimisme revienne.

Particulièrement, ce projet est dédié à tous ceux qui craignent que leurs enfants aient
une vie plus difficile que la leur, pour qu’ils soient assurés qu’il existe un chemin qui
rendra la vie dans notre pays plus équilibrée, plus créative et plus heureuse. La France
a beaucoup pour elle. Il suffit qu’elle prenne conscience de ses forces, qu’elle retrouve
ses valeurs, et qu’elle les tourne vers l’avenir.

Pour beaucoup de Français, déçus par les promesses non tenues, cela paraît impos-
sible. Nous croyons le contraire. Nous pensons que les idées et les repères existent,
qui permettent de construire une société juste, créative, avec une croissance soutena-
ble au cours des générations. Comme toujours dans l’histoire, ce sont des idées et des
principes simples qui permettent de faire de grandes choses, soutenus avec courage
et persévérance.

NOTRE MÉTHODE, LE RÉFORMISME

Notre conviction est qu’il existe une méthode pour le changement : le réformisme. Des
repères simples, le refus de la précipitation, une démarche d’explication et de convic-
tion, la fixation d’objectifs connus de tous, la prise en compte de l’expérience de la
société civile, la confiance, tout cela met le changement à portée de la main. Nous
croyons que c’est vrai pour l’éducation, la recherche, l’emploi, notre système de
santé, notre agriculture, la fiscalité, les institutions, les libertés publiques, la politique
en direction des entreprises.

Pour rendre notre société équilibrée, avec une croissance durable, soutenable, cela
demande un long effort, une vraie volonté politique.

Mais il n’est pas difficile de faire de la France, en un temps assez court, le défenseur
et l’exemple de la sobriété en matière d’énergie, du transport, du bâtiment, de la vie
quotidienne. Il suffit d’appliquer à ce sujet, en définissant des normes qui s’applique-
ront à tous, en matière d’isolation, en matière de transport, une volonté de tous les
jours, sans changer de cap. Il suffit de soutenir la production d’énergie renouvelable
et une recherche au long cours sur le retraitement des déchets nucléaires.

Pour retrouver les libertés intactes, une démocratie sobre, où le pouvoir est respec-
tueux de la loi et de la décence, où les puissants se souviennent de la réalité des
conditions de vie de leurs concitoyens, et arrêtent l’arbitraire, le népotisme et le gas-

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pillage, ce n’est pas difficile, il suffit de le vouloir et de définir les institutions qui obli-
geront à garder ce cap.

Ce qui sera plus difficile, il ne faut pas le cacher, ce qui demandera un long effort,
ce sont les déficits et la dette, tant les finances publiques de notre pays sont déséqui-
librées et ont été conduites à une situation proche de la rupture. Beaucoup d’habitu-
des ont été prises, qui exigeront, pour les changer, une prise de conscience générale.
L’attitude d’économie raisonnable qui est celle de toutes les familles, de tous les ména-
ges, de la plupart des entreprises, devra devenir celle de l’État. Mais de toutes façons,
nous n’aurons le choix qu’entre cette nouvelle politique, sobre et économe, ou la ban-
queroute, que nous n’avons plus connue depuis le XVIII ° siècle, qui conduit les pays
à ne plus pouvoir payer leurs fonctionnaires et leurs retraités, à ne plus rembourser
leurs feuilles de sécu. Inutile de vouloir être un grand pays si nous sommes écrasés de
dettes et incapables de faire les fins de mois sans emprunter !

Nous croyons que l’assainissement de nos finances n’est pas une option parmi d’au-
tres. C’est une nécessité qui s’imposera à tout le monde. La garantie que nous appor-
tons, c’est que cela sera fait de façon juste, sans favoritisme, et en assurant les prin-
cipes de solidarité qui ont fait la France.

En défendant ce projet de société, nous parlons au nom d’une catégorie que l’on
sacrifie : les plus jeunes des Français, les enfants, et même les enfants qui ne sont pas
encore nés, ceux qui viendront au monde dans les années qui viennent. Ceux-là n’ont
pas de défenseurs. La politique à courte vue, la politique au sondage, les sacrifie.
Personne ne parle en leur nom. On compromet leur avenir, on hypothèque leur futur,
et comme ils ne peuvent pas se faire entendre, comme ils ne manifestent pas, on ne
les prend pas en compte. Nous avons choisi d’être leurs défenseurs.

Ce projet est celui de notre courant de pensée, le courant démocrate. Sur tous les
continents, aux Etats-Unis avec la victoire de Barack Obama, en Inde, avec le parti
du Congrès, au Japon, avec le Parti Démocrate du Japon, le courant démocrate, cen-
triste et réformiste, est celui du progrès solidaire et maîtrisé.

Nous sommes un courant central, qui refuse que la politique soit dominée par des
extrêmes. Nous sommes un courant de solidarité dans la modernité. Nous sommes un
courant de conciliation. Nous savons bien que les défis du nouveau siècle exigent des
rassemblements nouveaux.

Lorsque la situation d’un pays est grave, il faut rassembler pour le gouverner avec
sagesse et force, la plus large part des courants qui le composent. Le rassemblement
est une condition du redressement. Nous avons la conviction que parmi les différen-
tes sensibilités républicaines du pays, si l’on va au fond des choses, il y a plus d’ac-
cords que de désaccords. Le constater, c’est préparer l’avenir. Le nier, en rester aux
vieux sectarismes, c’est se condamner à la régression.

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Pendant des décennies, des murs ont séparé les citoyens.

Nous disons à tous : de l’autre côté de ces murs, il y a des femmes et des hommes
avec qui nous pouvons parler, avec qui nous pouvons construire. Nous n’avons pas
les mêmes idées, mais nous avons souvent les mêmes principes. Nous pouvons par-
tager des valeurs, même si notre chemin n’a pas été le même.

Cette idée de surmonter les clivages, c’est notre identité, et c’est ce que la France
attend aujourd’hui.

NOTRE IDÉAL, L’HUMANISME

Nous croyons que le projet qui peut rassembler les Français se résume en un mot :
humanisme.

L’humanisme, n’est pas un vœu pieux, un souhait vague. L’humanisme, comme projet
de société, si on le prend au sérieux, est exigeant, radical. Il consiste à organiser la
société autour du développement humain, individuel et collectif.

Le mot est porteur de significations précises : garantir à tous les biens nécessaires :
ceux de la subsistance, du logement, de la santé, du soin face à la maladie, de la
prévention, l’emploi au plus grand nombre, l’éducation, la formation professionnelle,
la sécurité et la sûreté, la protection contre toutes les discriminations. Offrir à tous, en
tout cas au plus grand nombre, les biens supérieurs : la reconnaissance de son iden-
tité ou de ses identités, la culture, l’expression artistique, la formation au long de la
vie, la protection des opinions, des convictions philosophiques ou religieuses. Assurer
au pays les conditions de son rayonnement, création économique, recherche scienti-
fique, création artistique, vie culturelle, protection de sa langue, et même de ses lan-
gues régionales, et de sa pensée. Donner au citoyen la liberté de juger et lui recon-
naître le droit de comprendre et d’influencer, par ses choix politiques, l’évolution de
la nation. Le protéger et favoriser son émancipation face à toutes les dépendances et
à toutes les aliénations.

De tout cela, nous sommes bien loin. D’immenses progrès ont été faits, au travers des
générations, dans le domaine des biens matériels. Cependant les inégalités subsistent
et se creusent, de plus en plus de femmes et d’hommes sont exposés à la précarité et
à la violence de conditions de vie inacceptables. Et quant au développement moral il
semble plus souvent reculer qu’avancer. La culture elle-même se transforme le plus sou-
vent en spectacle, et de moins en moins en pratique. Dans la société, le citoyen se
ressent comme soumis à la loi du plus fort. On a l’impression que le privilège va au
privilège. Dans le domaine des biens supérieurs, où la personne humaine se trouve
ou se retrouve, notre temps a beaucoup à construire.

Préambule de François Bayrou


LE PROJET HUMANISTE

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LES VALEURS DE NOTRE PROJET
Humanisme

Nous plaçons l’homme au centre de chaque question de société. L’homme est partie
prenante de la nature, il ne peut vivre hors d’elle ni sans elle. Il est relié à elle et en
même temps s’en distingue par sa capacité de conscience. L’émancipation de la per-
sonne humaine, femme et homme, le respect qui lui est dû, son épanouissement,
constituent donc la fin principale des organisations sociales. Toute personne humaine,
quels que soient sa situation, son âge, son état de santé, valide ou handicapée, porte
en elle, identiquement, intégralement, sa part d’humanité et a droit à un égal respect.
Nous avons confiance dans la capacité de progrès de l’humanité, en science et en
conscience.

Démocratie

La démocratie, c’est l’organisation politique qui fait confiance à la conscience et à la


responsabilité des citoyens. Il n’y a pas de démocratie sans pluralisme, sans respect
des minorités. Ce pluralisme s’exerce en particulier dans l’information, en protégeant
la liberté de la presse contre les concentrations abusives, et en garantissant les orga-
nes d’information contre les pressions des pouvoirs politiques, économiques, finan-
ciers. L’État démocratique est un État impartial.

République

La République n’est pas seulement une forme de gouvernement. Elle est un idéal en
action. Sa devise « liberté, égalité, fraternité » n’est pas seulement un code de valeurs
morales. Elle forme en fait un projet de société. La constitution définit la République
par trois adjectifs : démocratique, laïque et sociale. Elle ne s’accomplit donc que dans
ces trois dimensions.

Justice

Lorsqu’un pays vit des mutations profondes, chacun des citoyens, les familles, les tra-
vailleurs, doivent accepter d’importants efforts. Ils ne peuvent les accepter que si ces
efforts sont équitablement répartis. La justice et l’équité sont les critères fondamentaux
du jugement des citoyens sur les pouvoirs qui les dirigent.

Europe

L’Europe est pour nous une ardente obligation. D’abord c’est notre héritage culturel
et de valeurs. La Grèce antique, l’empire romain, la religion chrétienne dans toutes
ses confessions, la tradition juive, les grands mouvements philosophiques, particuliè-
rement les Lumières, mais aussi les contacts historiques, de guerre ou de paix, avec

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d’autres cultures, notamment l’Islam, ont créé une civilisation qui a porté une vision
de l’homme et rayonné dans le monde. L’Europe porte un modèle de société, où créa-
tivité, Europe économique, et solidarité, Europe sociale, sont intimement mêlés.
L’Union européenne est une communauté d’intérêts fondamentaux et de valeurs poli-
tiques dont la première est la démocratie. Aucun des pays européens ne peut, s’il
demeure seul, défendre sa vision du monde et ses priorités face aux puissances pla-
nétaires. L’Europe politique est donc un impératif. Elle se construira en une démarche
coopérative, dans laquelle chacun conserve son identité et sa volonté, et s’engage à
préserver les identités des autres.

Écologie et développement durable

Le développement ne doit pas se juger seulement au présent. Il doit se juger au futur.


Les générations à venir sont concernées par nos décisions autant que les générations
actuelles. Le seul vrai développement est donc le développement durable qui préserve
le patrimoine naturel, les ressources naturelles, la terre, l’eau, le climat, les conditions
de la vie en commun pour nos enfants et les enfants de nos enfants. Cela exige un
mode de vie plus sobre, notamment en consommation d’énergie, un modèle écono-
mique qui donne la priorité au long terme sur le court terme, une croissance qualita-
tive et pas seulement quantitative, une solidarité réelle entre les générations, une ges-
tion responsable des finances publiques. Cela passe aussi par le refus du déséquili-
bre persistant, dramatique, entre le Nord et le Sud, dans lequel les pays développés
portent une si lourde responsabilité. Cet engagement exige un changement du
modèle économique dominant sur la planète.

Laïcité

La laïcité est une clé de voûte de notre modèle de société républicain. En séparant
l’ordre de la foi religieuse, de la conviction philosophique, de l’ordre de la loi civile,
la laïcité garantit la possibilité de vivre ensemble sous la règle d’or du respect mutuel.
Elle donne sa pleine puissance au débat démocratique et civique, puisqu’elle le libère
des dogmes et du principe d’obéissance. Plus largement encore, la laïcité protège
l’être humain de l’emprise de l’État sur sa conscience, sa vie privée et de famille, son
cheminement philosophique, spirituel ou religieux. La laïcité républicaine est garantie
d’émancipation.

Décentralisation, subsidiarité, confiance

La société que nous construisons est fondée sur la confiance. L’organisation politique
doit garantir que les décisions se prennent au plus près des citoyens et des réalités
de terrain. La centralisation excessive, le jacobinisme, la concentration du pouvoir
vont à l’encontre de ce principe de confiance. Nous soutenons que ce principe de
confiance, de délégation, de décentralisation doit s’imposer d’autant plus que ces
organisations sont de grande taille. C’est particulièrement vrai pour l’Europe.

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Le principe de subsidiarité, qui fait confiance au terrain et refuse de tout régenter d’en
haut, est donc fondateur de la démarche communautaire européenne. Il sera nécessai-
rement principe fondateur de l’action contre les grandes pandémies, le changement cli-
matique, et pour le développement équilibré du monde.

Liberté d’entreprendre et de créer

L’épanouissement de l’être humain, c’est la création. C’est aussi la clé de l’épanouisse-


ment des sociétés et de la vitalité des économies. Il n’y a pas de création sans liberté,
comme il n’y a pas de création sans risque. Nous voulons donc protéger et promou-
voir la liberté de créer, que ce soit dans le domaine de l’art, dans le domaine de la
recherche, dans le domaine de l’entreprise, dans le monde des associations.

Solidarité

La vertu principale de toute société, et même de toute communauté, c’est la solidarité.


La solidarité est une garantie contre les difficultés de la vie. Elle est en même temps un
principe dynamique qui permet d’avancer, qui soutient les plus audacieux, puisqu’on
sait que le succès des uns servira aussi aux autres. C’est pour cela que les inégalités,
sociales ou culturelles, doivent être contenues et constamment réduites au travers du
temps, et que cette réduction des inégalités est constitutive de tout projet humaniste.

Identité, identités

L’aspiration à voir reconnaître son identité est un besoin fondamental de l’être


humain. C’est vrai d’un peuple, d’une communauté, comme cela est vrai d’une per-
sonne. L’histoire, la langue, la culture, les idéaux philosophiques ou religieux servent
de repères pour constituer cette identité. Lorsque l’identité est niée, c’est un malaise
profond : souvent, elle revient en boomerang, y compris sous forme d’intolérance ou
de revendications violentes. Au contraire une reconnaissance sereine permet l’accep-
tation et la reconnaissance de l’autre. À l’intérieur d’un peuple, comme le peuple fran-
çais, nous ne déclinons pas le mot « identité » au singulier. Chacun d’entre nous est
fait de plusieurs identités d’origine, de culture, parfois de langue. Et il a le droit d’as-
sumer ces identités au pluriel, de se sentir à la fois Français, Européen, originaire
d’une région ou d’une histoire différentes, juif, musulman, chrétien, agnostique ou
athée, aimant avec passion sa langue nationale et en même temps la langue de sa
région ou de son pays d’origine. Tout cela est une richesse, le rayer ou l’effacer, ce
serait une amputation.

Citoyenneté

La citoyenneté n’est pas seulement un droit : elle est une conquête de chaque jour. Elle
oblige à passer de la passivité du spectateur à l’engagement de l’actif. Elle est le but
de toute éducation.

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Chapitre 1 : Développement économique,
social et écologique durable
La crise économique que nous traversons l’équilibre social et de l’environnement.
est la plus grave depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale. La France est Dans cette nouvelle organisation, une
affaiblie. Le chômage progresse à nou- réflexion doit être menée sur le rééquili-
veau. Notre compétitivité industrielle se brage des charges qui pèsent sur le travail
dégrade. La politique suivie depuis 2007 et le capital. La puissance publique doit
amplifie les inégalités, la pauvreté, le tout retrouver ses droits. L’Etat doit protéger les
sur fond d’explosion des déficits publics. citoyens avec une attention particulière
pour les plus démunis. Il doit garantir les
Cette crise signe l’échec du capitalisme droits sociaux pour tous ainsi que les biens
financier, reposant sur le profit à court publics essentiels (éducation, santé, cul-
terme, l’exploitation intenable des res- ture, sport, …) et contribuer au niveau
sources naturelles, l’autorégulation et le international à préserver les biens publics
recours massif à la dette. Cela ne peut planétaires (l’eau, le climat, la biodiver-
plus durer. On ne peut plus accepter que sité…). L’Etat doit être un régulateur fort et
du jour au lendemain entreprises et usi- solide de la vie économique. Il doit jouer
nes ferment en grand nombre, laissant un rôle d’impulsion en permettant la créa-
des millions de salariés sans emploi. tion et l'essor des TPE et des PME.

Ce système est aussi à la source d’une Enfin, il appartient à l’Etat d’être impar-
crise écologique. La planète est fragili- tial dans les chiffres qu’il communique.
sée et la préservation de l’environnement Nous voulons qu’un organisme indé-
est devenue un impératif mondial. pendant valide la publication des
statistiques officielles afin de mettre
C’est le résultat de systèmes économiques fin aux polémiques sur les chiffres du
uniquement tournés vers le présent, la chômage ou du pouvoir d’achat.
consommation et le profit immédiats. C’est
pourquoi nous inscrirons dans la 1-1 Retrouver le plein emploi et
Constitution l’obligation de la pro- améliorer les conditions de travail
tection des générations futures, véri-
table sens du développement soutenable. Le plein emploi est l'objectif à
atteindre au cours de la prochaine
C’est l’autre conception du développe- décennie. Néanmoins, la crise appelle
ment que nous choisissons en affirmant des politiques de soutien conjoncturel.
au Mouvement Démocrate qu’une alter- Pour cela, les emplois aidés s'imposent
native est possible. Elle place l’être et les plans sectoriels permettent d’éviter
humain créateur de richesse par son tra- le pire. Mais la réduction de la sous-trai-
vail au cœur du système. Elle affirme tance, le chômage partiel, le non renou-
qu'il est possible de concilier justice vellement des CDD ou l’effondrement de
sociale, efficacité économique, et préser- l’intérim, les plans sociaux ne font que
vation de la planète. La croissance doit renforcer le dualisme du marché du tra-
être plus sobre, respectueuse de vail. Nous ne l'acceptons pas.
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Pour nous, il n’y aura pas de sortie de les deux premiers emplois créés
crise solide sans reprise de l’investisse- dans chaque entreprise ;
ment. Il faut le rappeler : les investisse-
ments d’aujourd’hui génèrent les emplois 1 soutenir dans les régions le dévelop-
de demain. pement de franchises solidaires ;

Pour créer massivement des emplois et en 1 inciter les entreprises à accroî-


particulier des emplois verts, l’investis- tre la part de leurs bénéfices
sement devra se porter dans les dédiée à l’investissement produc-
domaines porteurs d’une crois- tif, notamment éco-responsable et,
sance durable, comme les économies dans ce cas, diminuer le taux de l’impôt
d’énergie et de matières premières, une sur les sociétés en compensant cette
meilleure éducation, de meilleurs soins de baisse par une augmentation de la taxa-
santé… tion sur les dividendes reversés aux
actionnaires ;
Nous proposons les actions suivantes :
1 mobiliser des investissements
1 augmenter les cotisations d’as- publics massifs dans les technolo-
surance chômage pour les grands gies d’avenir. Un établissement
groupes qui licencient de manière financier, à l’instar du rôle joué par le
excessive ou qui abusent des contrats à Crédit National dans le passé, pourrait
temps partiels, par rapport à leur secteur ; être créé à cet effet. Il œuvrerait
De même, une réflexion sur la modula- conjointement avec les fonds européens
tion de l’impôt sur les sociétés en (voir ci-dessous). Il sera nécessaire dans
fonction des créations ou des sup- cet effort de privilégier le développe-
pressions d’emplois dans les entrepri- ment des entreprises de taille
ses doit être menée ; moyenne ;

1 réussir, enfin, un plan de main- 1 développer l’emploi industriel par la


tien dans l'emploi pour les salariés relocalisation de certaines fabrica-
de plus de 50 ans. Il faut pour cela tions en France et en Europe ;
valoriser l'expérience des salariés
séniors, adapter les postes de travail, 1 encourager les pôles regrou-
mettre en place dès l'âge de 40 pant industries et sous-traitants
ans la réflexion individuelle sur la afin de minimiser les déplacements ;
seconde partie de carrière,
construire une image collective valori- 1 mettre en place des fonds de
sante des plus de 50 ans dans l'entre- transition professionnelle financés
prise, imposer à l'Etat de montrer par les entreprises et gérés par les parte-
l’exemple avec les fonctionnaires, naires sociaux.
ce qui impose un moratoire de mise à la
retraite au-delà de 65 ans tant qu’il y aura Améliorer les conditions de travail
des licenciements entre 50 et 60 ans ;
L'actualité récente nous a rappelé com-
1 éxonérer de charges sociales bien les conditions de travail demeurent
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une préoccupation sociale importante. ges sociaux accordés aux salariés. Nous
Les réorganisations et les exigences de proposons d’étendre le bénéfice des
résultat augmentent la pression psycholo- oeuvres sociales gérées par des
gique supportée par les salariés. comités d’entreprises dans les
grands groupes aux personnels de
On estime à plus de 300 chaque année leurs sous-traitants. Nous voulons
les suicides qui résultent de ces transfor- la création de comités « interentre-
mations de l’organisation du travail. Les prises » regroupant les personnels
cas révélés à France Télécom ne sont des PME présentes sur un même
pas des exceptions. Face à cette doulou- territoire afin qu’ils ne soient plus exclus
reuse réalité, les solutions simplistes du de ces avantages sociaux.
type numéros verts, cellules psychologi-
ques et autres stages individuels de résis- Utiliser pleinement le droit à la formation
tance au stress sont très insuffisantes. Il
faut repenser le « vivre-ensemble » La formation tout au long de la vie est une
dans les entreprises et dans la exigence d'efficacité économique aussi
fonction publique, et réorganiser bien que de justice sociale. Il convient
les conditions de travail pour d’en faire un devoir civique au
qu’elles permettent à chacun de même titre que la formation initiale en
s’épanouir. Le travail ne devrait plus facilitant l’accès au congé indivi-
être ni un fardeau insupportable, ni une duel de formation.
fin en soi mais un moyen de satisfaire les
besoins de l’être humain tout au long de La formation professionnelle initiale et
sa vie professionnelle. Il s’agit de « réen- continue doit permettre à tous de réaliser
chanter le travail » par son activité pro- une vie professionnelle qui se déroule
fessionnelle. Chacun doit pouvoir expri- désormais rarement, dans l’exercice d'un
mer sa capacité créatrice. seul métier, voire dans un seul secteur
d'activité. Il s'agit d'une condition de la
Développer la démocratie sociale justice sociale tant vis à vis du nombre
important de jeunes quittant le système
Toutes les grandes réformes à conduire ne scolaire sans diplôme que pour permettre
peuvent se faire sans une association l'égalité des chances et la mobilité
active avec les partenaires sociaux à tra- sociale en cours de carrière.
vers les négociations collectives.
1-2 Garantir l'avenir de notre
Nous proposons d’inscrire dans la sécurité sociale
Constitution l’obligation de saisir
les partenaires sociaux avant Rétablir l'équilibre financier de la sécurité
toute modification importante du sociale est l'un des plus urgents défis du
Code du travail. moment. Cela nous forcera à beaucoup
d'imagination, à des efforts de discerne-
Dans notre pays, les syndicats n’ont pas un ment et à la nécessité de faire de la jus-
poids suffisant. Comme cela se passe dans tice sociale le préalable absolu de
d’autres pays, ils doivent devenir gestion- toute réforme. Certes des économies
naires d’un plus grand nombre d’avanta- sont possibles, une meilleure gestion
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toujours nécessaire, mais les besoins à 1 la place des représentants des
satisfaire ne sauraient diminuer. Qu'il collectivités locales et des parte-
s'agisse de l'assurance maladie, de la naires sociaux dans le conseil de
prise en compte de la dépendance liée au surveillance des ARS doit être aug-
grand âge ou de l'avenir des retraites, il mentée ;
est exclu de continuer sans rien faire ou si
peu. 1 les avis des conférences régio-
nales de la santé doivent être
Sécuriser l'avenir du système de santé publiés ;

Avant d'être une charge financière, le sec- 1 le directeur de l’hôpital doit


teur de la santé est une réussite humaine, être recruté par le conseil de sur-
économique et sociale. C'est l’un des sec- veillance de l’hôpital et les médecins-
teurs où le progrès technique a apporté le chefs du pôle élus au sein de leur pôle.
plus de bienfaits. C’est un investissement
pour l’avenir destiné à améliorer la qua- Pour contrer la désertification médicale,
lité de la vie. Les sociétés modernes y le schéma régional d’organisation
consacrent toujours plus de moyens et sanitaire ambulatoire et hospita-
cela continuera compte tenu du vieillisse- lier (carte sanitaire) doit être par-
ment démographique et des progrès dans tie prenante de la politique d’amé-
les techniques médicales. Tout cela nous nagement des territoires.
impose de la rigueur. Nous refusons
pour autant une gestion principa- Nous proposons la mise en place
lement comptable de la santé telle de maisons de santé nouvelles
qu’elle est pratiquée actuellement. regroupant dans de bonnes condi-
Les réformes nécessaires ne peu- tions des professionnels de spécia-
vent se faire sans les médecins et lités différentes en lien avec un
les professionnels de santé. centre hospitalier de référence.
Nous proposons d’instaurer des stages
La réforme du moment est institutionnelle obligatoires dans le cursus des futurs
avec la mise en place des Agences régio- médecins qui se dérouleraient dans les
nales de santé. Dans son principe, la cabinets de médecins expérimentés, ins-
régionalisation est une bonne chose, mais tallés en zones rurales ou en zones urbai-
avec les ARS, c'est l’étatisation qui se pro- nes difficiles. Nous voulons aussi
file. Car la manière dont se sont mises en créer en milieu urbain des mai-
place les agences est contestable. sons de gardes ouvertes la nuit et
les jours fériés et permettant de
Nos propositions sont simples : prendre en charge toutes les
pathologies ne relevant pas d’une
1 le choix du directeur de chaque hospitalisation. Pour compléter ce dis-
Agence Régionale de Santé doit positif, nous souhaitons que soit créé un
être approuvé par le conseil guichet départemental d’accom-
régional ; pagnement à l’installation des
professionnels de santé.

13
Une attention toute particulière doit être en charge du grand âge ne sont pas
accordée à la psychiatrie. Ce secteur de près de sortir de l’agenda public avec
la médecine est aujourd’hui sinistré. La l’arrivée à la retraite des générations du
sectorisation y est gérée d’une façon baby-boom. Les réformes en cours sont
trop rigide. Des moyens supplé- insuffisantes. Il faut renforcer l’en-
mentaires, des relais psychiatri- cadrement professionnel au sein
ques doivent être prévus pour les des établissements, densifier et
personnes sans domicile fixe et diversifier les aides humaines à
dans les prisons. domicile.

Pour financer le système de santé, l’as- A l’évidence, l’importance du défi justifie


surance maladie doit elle aussi se réfor- de mobiliser tous les moyens potentiels :
mer. On n’échappera pas au débat sur l’Etat et l’assurance maladie; les collecti-
la répartition entre régime obligatoire et vités locales avec les Conseils généraux
complémentaire. Nous pensons que en premier lieu, pour développer une
cela ne peut pas se faire sans une res- politique à la fois plus efficace et moins
ponsabilisation des médecins et des cloisonnée. Avec tous ces cofinance-
patients qui ne doit pas se réduire à de ments, c’est la prise en charge du
simples dispositifs financiers incitatifs ou « 5e risque » qu’il faut enfin
pénalisants. organiser. L'allocation personnalisée
d'autonomie à la charge des départe-
Enfin nous le savons tous, la prévention ments est très insuffisante. Mais, face au
et l’éducation à la santé sont des priori- vieillissement, ce sont d’abord les soli-
tés majeures pour améliorer l’état sani- darités familiales et de proximité
taire alors qu’elles sont sous dotées en qui doivent être confortées car elles
moyens. Notamment, il est nécessaire de forment le socle essentiel de la prise en
renforcer la lutte contre le VIH et charge et en assurent la dimension affec-
les infections sexuellement trans- tive indispensable.
missibles (IST) dès l’adolescence
ainsi que les conduites addictives Pérenniser le système des retraites par
chez les jeunes. Dans cette politique répartition
de prévention, nous croyons au rôle
irremplaçable des infirmières, comme Les déficits s’accumulent et les réformes des
du médecin généraliste de quar- années passées n’ont pas été efficaces.
tier dont une partie de la rémuné-
ration devrait se faire par forfait Pour nous, la pérennité de notre
pour chaque personne suivie. En système passe par la constitution
zone rurale, on doit créer des antennes d’un système par points. Chaque
de proximité pour des médecins à temps citoyen aura acquis au cours de sa vie
partiel. un certain nombre de droits, différents
selon les cas, selon la durée, la pénibilité
Créer enfin une prise en charge décente du travail... A partir de ces droits, cha-
de la dépendance cun décidera lui-même de l’âge de
départ à la retraite et donc du montant
La place des aînés dans la cité et la prise de cette retraite.
14
La gestion des emplois pénibles mérite Nous voulons également le relève-
une attention particulière. Nous ne pou- ment du montant des petites
vons, en tant que démocrates, nous satis- retraites en particulier dans le monde
faire de départs prématurés à la retraite agricole et chez les artisans.
pour ceux qui exercent des métiers abou-
tissant à la réduction de leur espérance Afin de leur permettre d’acquérir de l’ex-
de vie. C’est en amont que l’on doit réfor- périence tout en se sentant utiles à la
mer les choses. Bien sûr, la priorité abso- société et valorisés, chaque bénéfi-
lue est de réduire la pénibilité profession- ciaire de minima sociaux devrait
nelle. Au-delà, on doit envisager que pouvoir, en fonction de ses capa-
ceux qui sont exposés à des cités, exercer une activité à temps
métiers pénibles ne le soient que partiel au service de la communauté
pendant une période limitée. Ils dans le secteur associatif ou public.
doivent ensuite être réorientés vers d’au-
tres emplois. Les cas de surendettement sont de plus
en plus nombreux. Ils plongent dans la
La réforme des retraites est également détresse les familles qui en sont victimes.
liée à celle du travail. Tant qu’il apparai- Nous voulons un renforcement de la soli-
tra peu épanouissant à un très grand darité à leur égard. Il faut pour cela :
nombre de salariés et de fonctionnaires,
quitter leur emploi le plus vite possible 1 élargir la possibilité de saisir
restera la seule aspiration des quinqua- les commissions de surendette-
génaires. Nous devons rendre pos- ment aux artisans, aux agricul-
sibles des formes d’exercice de teurs et aux professions indépen-
l’activité professionnelle extrê- dantes ;
mement souples, à temps partiel,
avec des interruptions sabbati- 1 étudier avec discernement les cas où
ques, en cumul d’activités… le il convient de préserver la propriété de
retrait de la vie active doit pouvoir se leur logement aux personnes concernées.
faire progressivement pour ceux qui le
souhaitent. C’est la seule façon d’encou- Enfin, le travail des associations qui gèrent
rager des carrières plus longues donc les structures d’aides et les centres d’ur-
des recettes supplémentaires pour les gence doit être mieux reconnu et respecté.
caisses de retraite.
1-3 Créer un environnement bud-
Lutter contre la pauvreté gétaire et fiscal pour l’emploi et
la justice sociale
Il existe encore des lacunes dans les politi-
ques destinées à lutter contre la pauvreté. Pour le Mouvement Démocrate, il est
Nous voulons l’extension du RSA à urgent de conduire une politique budgé-
tous les jeunes adultes, dans la taire juste et équitable, contribuant à la
mesure où il fait l’objet d’aména- construction d’une croissance soutenable
gement spécifique à la jeunesse, et jugulant l’explosion de la dette. Cela
comme un renforcement du processus d’in- nécessitera une discipline financière
sertion et d’accès à l’emploi. contraignante, imposant une hausse des
15
recettes fiscales et une réduction de cer- entreprises, des tranches d’impôt
taines dépenses. sur les sociétés pourraient être
établies en fonction de leur per-
Cette politique comporte les mesures formance environnementale. Pour
principales suivantes, qui sont les condi- les particuliers, la TVA pourrait
tions de son succès : être modulée en fonction de la
performance environnementale
1 introduire une disposition des produits de consommation
constitutionnelle visant à fixer un achetés.
plafond au déficit budgétaire, ainsi
que l’équilibre des comptes de la sécurité La justice et l’équité passent également
sociale et des collectivités locales ; par une réforme des modes de rémunéra-
tion des chefs d’entreprise, dont certains
1 entreprendre enfin une aspects sont particulièrement choquants.
réforme fiscale qui réduise les Ainsi, le mécanisme des stock-
inégalités et contribue à la lutte contre options devrait être réservé aux
le réchauffement climatique. start-up, pour lesquelles ce système a
été inventé. De même, une loi devrait
Cette réforme fiscale imposera : contraindre les entreprises à la
transparence dans leur échelle de
aun abandon de l’ensemble des rémunérations, afin que chacun puisse
dispositions injustes de la loi TEPA juger des écarts existants au sein de l’en-
(dont le bouclier fiscal) ; treprise ainsi que de leur évolution. On
pourrait d’ailleurs imaginer que ces
aune plus forte progressivité de écarts soient limités par la loi.
l’imposition sur les hauts revenus
et les bonus ; En tout état de cause, il est juste que les
entreprises dans lesquelles l’Etat est repré-
aune refonte de l’imposition sur senté ou dans lesquelles il a injecté de l’ar-
les successions, le patrimoine et gent soient soumises à cette exigence de
les plus values et dividendes, en justice dans les échelles de rémunération.
élargissant les bases et en introduisant
une plus forte progressivité ; Nous proposons enfin de conditionner
l’accès aux marchés publics à des
aune réduction drastique des critères sociaux et environnemen-
« niches fiscales » ; taux ;

ala mise en œuvre d’un vaste 1-4 Reconnaître pleinement


plan de lutte contre la fraude fis- l’économie sociale et solidaire
cale sous toutes ses formes.
L’économie sociale et solidaire a une lon-
La fiscalité doit désormais être adaptée à gue histoire dans notre pays. Pleinement
l'impératif environnemental. Elle doit être responsable, elle s’appuie sur deux prin-
liée directement aux comportements des cipes fondamentalement humanistes : la
entreprises et des particuliers. Pour les mutualisation et la coopération. Les sec-
16
teurs d’application sont nombreux, ils d'hyperconsommation. Il nous faut
vont des assurances, des banques et des apprendre à consommer autrement.
mutuelles de santé à l’organisation des Toute la société de consommation a été
services à la personne et à l’accueil de organisée sur l'acquisition d'objets puis
la petite enfance et des personnes en cherchant à en augmenter indéfini-
âgées. Elle assure souvent certaines délé- ment le nombre, aboutissant à la satura-
gations de service public. tion et au gaspillage. Il nous faut inverser
les priorités et revenir à une conception
L’économie sociale et solidaire se distin- qui privilégie l'usage par rapport à
gue de l’économie capitaliste en appor- l'échange monétaire.
tant deux avantages au bénéfice des
consommateurs et des adhérents : la Pour autant, la décroissance n'est pas
répercussion des gains de productivité une solution. Il convient de mettre en
pour faire baisser les prix et le souci de place une croissance qualitative qui favo-
la qualité. Dans ces entreprises, les déci- rise les conditions de vie. Nous propo-
sions sont prises collectivement. sons dans cet esprit de modifier les indi-
cateurs de mesure de la richesse afin que
Nous refusons que l’on tente de canton- les activités négatives (accidents, pollu-
ner l’économie sociale et solidaire à des tion, embouteillages,...) ne soient plus
activités sociales ou caritatives. C’est seulement comptabilisées comme accrois-
pour nous une forme alternative d’organi- sant le produit intérieur brut et la consom-
sation de la production qui doit être plei- mation des ménages alors qu'ils dégra-
nement reconnue et qui peut s’appliquer dent le bien-être.
dans presque tous les secteurs.
La consommation équitable qui
Pour la renforcer, nous proposons les rémunère correctement les agri-
mesures suivantes : culteurs, les artisans et les petits
producteurs, doit être fortement
1 créer des chambres consulaires encouragée. En réconciliant le produc-
de l’économie sociale et solidaire ; teur et le consommateur, en faisant en
sorte que leurs intérêts soient complémen-
1 créer un fonds européen d'inves- taires et non pas concurrents, elle huma-
tissement spécifique géré par la BEI ; nise la satisfaction de nos besoins et
l'économie de la vie quotidienne.
1 favoriser la prise en compte par
OSEO de cette forme d’activité ; Dans ce cadre, il est essentiel d’ :

1 créer un pôle de compétitivité 1 inciter les entreprises françaises à


dans les domaines de l'expérimentation afficher la durée de vie des pro-
et de l'innovation sociale. duits, à réduire les emballages au
minimum ;
1-5 Modifier nos modes
de consommation 1 encourager la consommation de pro-
duits à plus-value sociale et environne-
La crise est aussi celle de notre système mentale en clarifiant les labels et en com-
17
muniquant l’empreinte sociale et teurs et les marchés locaux (en partie à
environnementale des produits et travers les associations pour le maintien
services ; d'une agriculture paysanne) et favoriser
l’agritourisme et les développements qui
1 introduire une éducation peuvent y être associés (gîtes, restauration
citoyenne à la consommation en à la ferme, transformation directe de certai-
s’appuyant sur les associations nes productions…).
de consommateurs.
Il convient aussi de développer les
1-6 Favoriser une agriculture revenus complémentaires pour les
et une pêche soutenables exploitations, tels que la méthanisation
des lisiers (production de biogaz), le pho-
L'agriculture ne fait pas que nourrir nos tovoltaïque (revente d’électricité), la trans-
corps. Elle est le reflet de notre histoire, de formation des végétaux non nourriciers en
notre rapport à la terre et une part du lien chimie verte et la rémunération de servi-
social au travers de l'ensemble des terri- ces écologiques nouveaux comme le
toires. Elle sera notre énergie et la chimie stockage du carbone ;
de demain, à condition de respecter notre
environnement. Dans notre pays, deux 1 socialement soutenable, c’est une agri-
tiers des exploitations dégagent un revenu culture qui crée des emplois et qui main-
inférieur au SMIC. Le monde paysan se tienne un tissu rural dans tous les territoi-
sent abandonné, il ne comprend pas ce res. Les aides publiques doivent
qui lui est reproché et désespère de son favoriser les exploitations familia-
avenir. les. Ce sont aussi des productions mettant
en première priorité la santé humaine des
En Europe, l’agriculture est le seul secteur consommateurs, tant vis-à-vis de la chimie
ayant fait l’objet d’une politique commune (pesticides) que des manipulations généti-
approfondie. Avec la fin annoncée de la ques (OGM) et des élevages industriels
PAC, notre agriculture risque d’être désor- ou hors-sol. Enfin, la restauration des pay-
mais soumise à une concurrence sans sages doit s’appuyer sur le développe-
règles entraînant une volatilité des prix. ment de l’ « agroforesterie » ;

Nous avons une grande ambition pour 1 écologiquement soutenable, c’est une
l'agriculture. Nous la voulons soutenable agriculture responsable de son sol, de ses
économiquement, socialement et écologi- eaux et ses déchets. L’agriculture doit faire
quement, trois piliers indissociables pour sa révolution et passer d’un système
un monde rural vivant : fondé sur la chimie (engrais et phyto-
sanitaires chimiques) à l’agronomie
1 économiquement soutenable, c’est efficace et productive. L'agriculture
recréer une agriculture rémunéra- biologique est une voie de développement
trice pour les agriculteurs par une très prometteuse. Il en va de même pour
organisation des marchés agricoles les élevages bovins et ovins en mode her-
face aux grandes surfaces et aux indus- bagé, plus rentable et écologiquement
triels. Nous voulons aussi favoriser les soutenable.
circuits directs vers les consomma-
18
Il est urgent également de mettre La crise climatique place tous les pays
en place une gestion soutenable devant une responsabilité inédite pour
des eaux par irrigation et une préserver notre avenir, la biodiversité et
réduction des déchets et lisiers. les équilibres de la planète. L’objectif de
Enfin, il faut favoriser les échanges de diviser par quatre les émissions de gaz à
meilleures pratiques via des pôles de effet de serre à l’horizon 2050 est désor-
compétitivité agronomique et des centres mais connu et affirmé. Chaque citoyen,
de biodiversité régionaux. chaque entreprise et chaque administra-
tion doit devenir un acteur impliqué dans
D’une manière générale, nous considé- la lutte contre les gaz à effet de serre.
rons que la production de l’agriculture
locale est un droit pour toutes les gran- Nous voulons nous appuyer sur les quatre
des régions de la planète. Aucune de leviers suivants :
ces grandes régions ne doit renoncer à
une certaine autosuffisance. Nous 1 un développement ambitieux
défendons donc l’idée de proté- des énergies renouvelables (solaire
ger partout dans le monde l’agri- thermique, éolien, bois énergie et égale-
culture locale. ment biocarburants de seconde généra-
tion, biogaz, géothermie, énergie de la
Chaque agriculteur doit être houle, etc.) et une approche non hégémo-
accompagné dans la mutation de nique et transparente du nucléaire civil ;
son exploitation.
1 l’élévation progressive des nor-
Nous proposons une nouvelle politique mes techniques d’efficience éner-
commune de la pêche dont les lignes de gétique et de performance envi-
force sont : ronnementale, notamment dans le bâti-
ment ou le transport ;
al’instauration d’une co-expertise
systématique entre pêcheurs et 1 une fiscalité réorientée pour sus-
scientifiques ; citer chez chaque acteur des com-
portements plus éco-responsables ;
aune gestion pluriannuelle des
ressources de pêche d'une durée 1 un effort de recherche sans
de 3 à 5 ans permettant de sortir de la précédent conduit au niveau euro-
fixation annuelle des quotas ; péen, et qui visera le développe-
ment des énergies nouvelles (éner-
ala fixation d'un taux de réduc- gies marines, solaire, piles à combusti-
tion de la flotte de bateaux de bles ou biocarburants de nouvelle géné-
pêche adapté. ration), la séquestration du carbone et le
recyclage total des déchets et du traite-
1-7 Faire face, au niveau interna- ment des zones polluées.
tional, au défi du changement
climatique

19
Chapitre 2 : Éducation, formation, culture
Pour nous, tout commence à l’école, où voulons concentrer nos efforts sur
l’on donne à nos enfants les clés de leur le cycle grande section de mater-
avenir tant éducatif que culturel. L’Ecole nelle/CP/CE1. C’est un impératif pour
est intimement liée à notre projet de s'éveiller au monde au langage, à la
société. Mais notre école ne va pas bien : pensée. L’objectif est de donner les
à l’entrée en sixième, 25% des élèves bagages nécessaires à tous. Pour autant
ont des acquis fragiles en lecture et en ces apprentissages ne sont pas exclusifs
écriture et 15% connaissent des difficul- d’une culture scolaire ambitieuse, créa-
tés sévères qui les condamnent à une tive, ancrée dans les arts, les découver-
scolarité difficile au collège. Ce sont cha- tes et l’épanouissement de l’élève. En un
que année 300 000 jeunes qui sont mot, si des moyens doivent être dégagés
dans cette situation. De même, ils sont pour l’éducation nationale, ils le seront
130 000 par an à sortir du système édu- sur le primaire.
catif sans diplôme.
Avoir voulu supprimer la carte scolaire
Le Mouvement Démocrate refuse de était une erreur. Cela a accentué les diffi-
considérer qu’il y a une fatalité de cultés de certains établissements et leurré
l’échec et fait de l’école une priorité. des familles qui ont cru qu’elles pour-
raient librement choisir un établissement.
Après la formation initiale vient la forma- Nous voulons repenser la carte
tion tout au long de la vie. A une culture scolaire à la lumière de l’égalité
bien trop centrée sur le diplôme initial, des chances : là où plusieurs établisse-
devrait succéder celle de la formation ments sont identiquement accessibles, il
continue et celle de la valorisation des faut les constituer en réseaux, sous l’auto-
acquis de l’expérience. rité d’un coordinateur, et ouvrir la possi-
bilité d’accéder à tous les établissements
2-1 Redonner confiance dans l’école du réseau pour les élèves et aussi, peut-
être, pour les enseignants. En outre, la
Les chances d’accomplir une bonne sco- création d’établissements de taille
larité sont très fortement liées au niveau réduite pour les élèves des collè-
à l’entrée au cours préparatoire. Il est ges les plus défavorisés devrait
capital de mettre en œuvre une politi- être encouragée. Enfin, il faut remé-
que qui protège et aide notre dier à la diminution du nombre des adul-
école maternelle et qui permette à tes dans les établissements scolaires,
l’école élémentaire de mieux repérer les conséquence des suppressions de postes
fragilités scolaires et de compenser les répétées.
inégalités socio-culturelles par un soutien
personnalisé. Il faut concentrer les efforts C'est au collège que la maîtrise des
sur le cycle des apprentissages fonda- connaissances doit pleinement et effica-
mentaux. Notre ambition est forte : nous cement s'installer. Il doit préparer à la
voulons que tous les enfants qui poursuite des études, qu’elles soient
entrent en sixième sachent lire, professionnelles, technologiques ou
écrire et compter. Pour cela nous générales.
20
Rompre avec une logique de flux, en rel, la méconnaissance de la langue ou
tenant davantage compte des atouts et le poids des particularismes communau-
des faiblesses de chacun, serait un pas taires ne se combattent de la même
vers plus d’équité devant l’acquisition du façon. Ce constat plaide pour des éta-
savoir. Passer du « collège unique » blissements plus autonomes néan-
au « collège des parcours diversi- moins soumis à l’impératif des program-
fiés » est un objectif fort. mes nationaux à qui seraient fixés des
objectifs de lutte contre l'échec scolaire
Afin de mieux répondre à la diversité des et dont il faudrait évaluer les résultats
enfants et pour mieux individualiser l'en- attendus dans ce domaine.
seignement, nous pourrions, autour
d'un tronc commun, organiser des La société française doit résoudre le pro-
modules de découvertes pour les blème des rythmes scolaire. L'année sco-
uns, de consolidation, de réappro- laire en France n'est plus que de 144
priation, de remédiation pour les jours alors que la moyenne européenne
autres. est de 185 jours. La journée des écoliers
français est la plus longue du monde,
Il faut accompagner chaque élève mais nos écoles sont fermées la moitié de
dans la construction de son projet et à se l’année. Il faut alléger la journée de
définir en mettant en place une éduca- travail scolaire par un réaména-
tion à l’orientation pour tous ainsi gement de la semaine et de la
qu'un module sur la découverte des durée des congés.
métiers dès le début du secon-
daire. Pour réussir dans une société de Le lycée est l'espace pour construire une
l’information chaque jeune devrait pou- architecture de connaissances et de
voir non seulement maitriser les outils mais capacités capable de dessiner et bâtir
aussi accéder à une véritable culture des une autonomie de jugement qui s'épa-
médias en développant tant les pratiques nouira ensuite dans l'enseignement supé-
que les connaissances et l’esprit critique. rieur ou dans la vie professionnelle.
Dans ses voies générales, techniques,
Au collège aussi l'échec scolaire doit professionnelles cette formation doit être
être traqué en différenciant les réponses. consistante et reconnue. Le lycée doit
L'expérience du "collège hors les préparer à l’enseignement supé-
murs", qui s’appuie sur un "enseigne- rieur et il faut augmenter le nom-
ment actif", sur les vraies aptitudes de bre de places en BTS et IUT pour
l'adolescent, par le geste, par l’art, par que davantage de jeunes en bénéficient,
la mécanique, par le sport, par le théâ- en particulier ceux de l’enseignement
tre, peut permettre à certains jeunes de professionnel et technologique.
retrouver le chemin de la scolarisation
classique.

Réduire l'inégalité sociale à l'Ecole


impose un examen différencié selon les
situations : la difficulté économique, la
souffrance familiale, le préjudice cultu-
21
Parce que notre système éducatif privilé- un enjeu majeur et ne doit pas être uni-
gie l’enseignement général et technolo- voque, c’est-à-dire que des passerel-
gique, l’orientation vers la voie profes- les permettant des allers-retours
sionnelle est trop souvent une orienta- doivent exister entre les différen-
tion par l’échec. Pourtant, l’enseigne- tes voies de formation, parce qu’il
ment professionnel a souvent à son doit être possible d’emprunter des che-
actif des pédagogies et des modes d’or- mins différents.
ganisation originaux et réussit là où les
autres niveaux d’enseignement, en Il faut recréer des conditions pour que les
amont, ont échoué. Cet enseignement élèves à l’école ne pâtissent pas d’inéga-
qui scolarise plus de 43% d’une classe lités d’apprentissage liées à leur milieu
d’âge doit être soutenu et valo- (habitat, santé, conditions socio-écono-
risé. Le rapprochement entre miques en général). Pour ce faire, il faut
l’Éducation nationale et l’entre- dégager des heures et du temps
prise doit être conforté pour la voie d’enseignants et d’éducateurs à
professionnelle, tout en laissant à l’Etat leur intention (présence en alternance
la maitrise des contenus et de la déli- des enseignants stagiaires, directeurs
vrance des diplômes. d’écoles, relance des Réseaux d’Aides
Spécialisées aux Elèves en Difficultés –
Dans une période de déficit public abys- RASED, création de postes de médecins
sal, s’il est normal que la question des scolaires, d’infirmières, d’assistantes
moyens se pose avec acuité, les coupes sociales, de psychologues…).
claires pratiquées chaque année dans le
budget de l’Éducation nationale qui Parallèlement à cette situation, rare-
déstabilisent un peu plus encore cette ment les enseignants n’ont été aussi
institution sont inacceptables. Pour le désabusés et ne se sont sentis autant
Mouvement Démocrate, l’Education est abandonnés et incompris par la société
un investissement fondamental et notre et le pouvoir politique. La situation des
école a besoin de sérénité, de stabilité enseignants s’est rapidement dégradée.
et de la garantie qu’elle aura les Il faut ajouter que le métier d’ensei-
moyens de sa mission. gnant a profondément changé : certai-
nes tâches se sont alourdies, d’autres
L’égalité des chances ne doit pas être sont apparues. Le métier et la res-
confondue avec l’égalitarisme forcené. ponsabilité d’enseignant devront
Essayer d’atteindre l’égalité des chan- donc être redéfinis. Il n’y a aucune
ces, c’est d’abord se doter d’une école raison que le métier d’enseignant soit le
exigeante envers tous. Sans perdre de dernier qui ne dispose pas à grande
vue l’objectif de promouvoir chaque échelle d’un système de formation
personne au plus haut niveau de son continue.
potentiel, il serait irresponsable de lais-
ser s’engager quelqu’un sur une voie Les responsabilités respectives des
alors qu’on estime bien minces ses chan- enseignants et des parents seront
ces de réussite. L’orientation dans un reprécisées.
choix élargi de cursus prenant en
compte les diversités d’aptitude est donc
22
Enfin, une réflexion sur les questions équivalence des diplômes sur l'ensemble
d’éducation au niveau européen devrait du territoire, l'évaluation nationale, et les
s’affirmer plus nettement car, si chaque recrutements par concours. Parce qu’elle
système éducatif possède sa spécificité, renforcerait les inégalités, une autonomie
tous ont connu ou connaissent des préoc- qui impliquerait que chaque établissement
cupations identiques et des évolutions ait le choix des étudiants, des enseignants,
convergentes. de leurs salaires et des droits d'inscription
n’est pas acceptable.
2-2 Préparer l’avenir :
Enseignement Supérieur, De façon similaire, nous ne pouvons lais-
Recherche, Innovation ser les principaux organismes de recher-
che français se laisser dépouiller de leur
L’Enseignement supérieur, la recherche autonomie en matière de stratégie de
et l’innovation sont les clés de l’avenir. recherche par une importance croissante
L'enseignement supérieur forme ceux qui des financements sur projet, qui privilé-
occuperont demain la responsabilité gie excessivement le court terme.
d’éduquer, d’encadrer, de conseiller,
d’innover. La recherche déchiffre l’hori- Enfin, nous voulons soutenir des ambi-
zon de la connaissance. L’innovation tions scientifiques et technologiques de
améliore la compétitivité de notre écono- très haut niveau. La recherche et l’in-
mie. Ce triangle de la connaissance doit novation française et européenne
former un système intégré ouvert sur la doivent être portées par des pro-
société. grammes phares, transversaux,
qui permettent de repousser les frontières
Nous devons repenser notre système afin de nos connaissances, d’inventer de
de lui redonner les moyens de préparer nouvelles approches.
l’avenir de notre société.
Pour réaliser ces objectifs, nous formulons
L’enjeu est de permettre au maximum de les propositions suivantes :
jeunes d’acquérir un très haut niveau de
formation destinée à leur donner pour 1 nous proposons d’augmenter
leur vie la capacité d’être autonome et de 5% par an pendant 10 ans le
de disposer des bases les rendant capa- budget de la recherche ;
bles de continuer à apprendre.
1 nous devons donner aux étudiants les
Le Mouvement Démocrate n’est pas moyens d’apprendre. Le parc de loge-
opposé à l’octroi de plus d’autonomie aux ment étudiant doit être multiplié
universités. Mais cette autonomie ne doit par deux et complété par des mesures
pas se traduire par une simple concentra- d’aide au logement chez les particuliers.
tion des pouvoirs entre les mains des pré- Les bourses doivent être revalori-
sidents d’université ni se transformer en sées et fusionnées dans une aide
simple concurrence entre universités. unique à l’étudiant intégrant l’aide au
Contrairement aux universités anglo- logement pour ceux qui en bénéficient. Il
saxonnes, l'Université française s'est faut également encourager le mécénat
construite sur le principe de l'unité, avec d’entreprise en faveur des études.
23
1 les universités doivent avoir 1 un effort spécifique doit être mené en
plus de liberté dans la gestion de faveur de la prise de risque et de l’entre-
leurs moyens sans que soit remis en prenariat innovant, en facilitant les finan-
cause le caractère national des diplômes cements, les transferts de connaissances ;
universitaires. Les mécanismes d’évalua-
tion des personnes et des équipes doivent 1 les brevets déposés par des
demeurer nationaux et indépendants ; chercheurs résidant en France
devraient être exemptés d’impôts
1 la complémentarité, et non la compé- sur le revenu jusqu’à un certain
tition, doit servir de base à la restructura- seuil ;
tion du système. Nous soutenons la
constitution des Pôles de 1 les grands projets de développement
Recherche et d’Enseignement scientifique et technologique feront l’ob-
Supérieur sur des bases géogra- jet d’un débat citoyen en amont, pour
phiques qui rassemblent des universi- informer et prendre en compte l’opinion
tés, grandes écoles et organismes de de la société.
recherche ;
2-3 Porter au plus haut l’exigence
1 la mise en place d'un premier culturelle
cycle qui ne soit pas spécialisé avant la
troisième année de licence, mais orga- La culture est au cœur de notre projet
nisé en six domaines : les sciences humaniste. Toute société ouverte au
exactes de l’ingénieur ; les sciences de monde et désireuse de relever les défis de
la vie, les sciences économiques et de l’avenir doit s’appuyer sur la culture et la
gestion ; les sciences sociales et juridi- création. La transmission de la culture et
ques ; les sciences humaines ; les lettres, la découverte des arts sont indispensables
les langues et les arts. Cela déboucherait au développement de l’être humain.
ensuite vers diverses orientations en 3e
année : les concours de grandes écoles, Or, notre pays connaît une véritable frac-
les masters, des licences professionnelles ture culturelle. De 1997 à 2008, la situa-
etc. Les IUT doivent trouver leur place tion s’est nettement dégradée, notam-
dans ce système. ment en matière de lecture et d’écoute
de la musique classique. Les jeunes de
Pour faire bénéficier les petites et moyen- 15 à 24 ans sont les premières victimes
nes entreprises du potentiel d’innovation de ce recul. Plus que jamais, l’objectif de
de notre Université et de notre système rendre accessibles au plus grand nom-
de recherche, nous proposons les mesu- bre le patrimoine artistique et intellec-
res suivantes : tuel, ainsi que la création contempo-
raine, demeure pertinent.
1 les avantages fiscaux, le crédit
impôt-recherche devront être La vitalité de la création artistique, sa dif-
rééquilibrés en faveur des TPE et fusion et sa réception imposent la recon-
PME-PMI ; naissance d’une idée forte : la culture
n’est pas une marchandise comme une
autre. L’exception culturelle doit
24
être sanctuarisée aux niveaux Le concept de neutralité du réseau
européen et international. doit être reconnu comme un pré-
requis indispensable au développement
La défense de notre langue nationale sup- des technologies et au maintien de la
pose le développement de la com- liberté d'expression. Toute forme de cen-
munauté francophone, qui doit être sure du réseau doit être rendue publique
une priorité de notre politique étrangère. et validée par une autorité judiciaire.

Les monuments historiques publics Les moyens doivent être mis sur l'identifi-
constituent un bien et une richesse natio- cation des auteurs des méfaits et non pas
nale doivent être valorisés et pré- sur une illusoire mesure de protection par
servés. un filtrage facilement contourné.

Un cadre protecteur favorisant la La réponse au problème des droits d'au-


création française et européenne teur sur internet tient en trois points com-
doit être mis en place. Les pouvoirs plémentaires : développement et
publics (Etat, collectivités territoriales) multiplicité des offres légales, un
doivent assurer la diffusion la plus large système au forfait illimité de type
possible des œuvres. Un véritable "licence globale" permettant la traçabi-
plan d’éducation artistique qui soit lité des œuvres pour tendre à une juste
autre chose que du saupoudrage doit rétribution des ayants-droits et enfin un
être instauré de la maternelle à secteur non marchand pour la
l’université. promotion des artistes qui le sou-
haitent (partiellement interdit en France)
Une réflexion doit être menée sur et la diffusion des œuvres libres
un statut professionnel de l’artiste. de droits. Nous soutenons le sys-
Il faut, par ailleurs, redonner au statut tème français du droit d’auteur.
de l’intermittent sa vocation soli-
daire, notamment en luttant efficacement La construction et l'accès à un
contre les abus de toutes sortes. réseau ouvert et à très haut débit
est un vecteur du droit d'expression, d'ac-
2-4 Prendre part à la révolution cès à la culture, à de nombreux services
numérique publics et privés, au travail à distance, à
l'aide au maintien à domicile, d'émanci-
Internet constitue une révolution du pation pour les personnes handicapées et
même ordre que l’invention de l’imprime- au regain des activités locales.
rie il y a cinq siècles. Ce moyen d'ex-
pression donne librement la parole à tout Les pouvoirs publics doivent encadrer et
citoyen et accès à une multitude de sour- investir de manière coordonnée dans le
ces d'informations complémentaires. déploiement de cet outil majeur d'aména-
Internet constitue un des derniers lieux gement sur tout le territoire, qui devrait
de débats ouverts et contribue à l'épa- être basé sur la fibre optique, cette der-
nouissement de la démocratie et de l'in- nière offrant un débit virtuellement illimité.
telligence collective.

25
De la même façon, le marché du logi- jeunes, garçons et filles, sur des
ciel libre et interopérable est géné- actions civiles ou humanitaires, en
rateur d'emplois et services à haute France, en Europe ou dans les pays en
valeur ajoutée, innovants, peu polluants voie de développement pour aider les
et non délocalisables sur tout le territoire, personnes âgées ou handicapées, assu-
surtout par des PME d'un type nouveau : rer une présence dans les transports en
les Sociétés de Services en Logiciels commun, développer le tutorat et la sur-
Libres (SS2L). veillance dans les écoles… Un soutien
particulier doit être apporté aux
Concernant les technologies de contrôle jeunes en situation de grande
de l’individu et de l’internet, il est par précarité.
exemple essentiel de faire émerger
des nouveaux droits fondamen- Nous voulons enfin renforcer les liens
taux, tels que le droit à l’oubli, d’autant entre les générations en développant
qu’en matière de fichiers, le danger ne cette activité universelle et un nouvel
vient pas uniquement de l’Etat : des urbanisme mêlant les générations et les
entreprises privées (les réseaux sociaux, situations sociales.
par exemple) détiennent en effet des
masses d’informations considérables sur Sport
les individus et que ces derniers n’ont
plus de contrôle sur ces informations… Il Au même titre que la culture, la pratique
est nécessaire que les citoyens puis- sportive, au stade, au gymnase, à la pis-
sent savoir où ils en sont en cine ou au manège, est essentielle pour
matière de fichiers, qu’il s’agisse de l’épanouissement de l’individu et la réa-
fichiers commerciaux ou étatiques, dont lisation d’une société humaniste. Il y a,
la masse est considérable. dans notre pays, seize millions de licen-
ciés, formant ainsi l'une des composan-
2-5 Faire confiance à la jeunesse tes majeures du lien social. Le sport de
masse, qu’il soit pratiqué collectivement
Jeunesse ou individuellement, joue par ailleurs un
rôle de réinsertion sociale et de préven-
Un plan ambitieux doit être mis en place tion sanitaire majeur qui doit être davan-
pour accompagner la jeunesse depuis la tage reconnu.
petite enfance jusqu’à l’insertion stable
dans la vie active et non se limiter aux Dans une société où la durée de vie aug-
seuls 16-25 ans comme les plans mis en mente, le sport adapté est un outil qui per-
œuvre jusqu’à présent. Les premières met la socialisation des personnes âgées
années de la vie sont déterminantes tout en étant un outil de prévention.
dans la préparation à l’autonomie, dans
l’éveil à la créativité, tout comme dans Face à la marchandisation à outrance
l’acquisition du goût d’apprendre et du sport et des dérives associées (triche-
d’entreprendre. rie, dopage), c’est le rôle de l’Etat et des
collectivités locales de replacer le fait
Il convient de développer l’activité uni- associatif au cœur de l’identité sportive.
verselle qui consiste à mobiliser les
26
L’idéal de Coubertin doit pouvoir redeve-
nir une expérience personnelle vécue au
quotidien.

Rappelons que la pierre angulaire du


système sportif français repose d’abord
sur la participation et l’engagement des
bénévoles. C'est l'une des façons de
garantir et d'élargir la démocratisation
des pratiques sportives. Nous devons
accélérer la création du statut de
bénévole sportif, lui permettant
notamment de valoriser des acquis des
formations qu’il peut-être amené à sui-
vre. La forte diminution du nombre de
bénévoles est une réalité préoccupante
qu’il faut enrayer.

Il conviendrait d’instaurer pour les


associations sportives une « recon-
naissance d’utilité sociale » pour
confirmer le rôle social du sport et d’ins-
titutionnaliser le partenariat entre le mou-
vement sportif et l’Etat.

La pratique sportive doit être


développée dans les établisse-
ments scolaires et l’université avec
les enseignants sportifs et l’aide des
associations sportives et des jeunes du
service civique.

27
Chapitre 3 : Territoires
Notre territoire est notre patrimoine. Il est l’exemple, en réinvestissant massivement
tout autant une richesse naturelle que cul- pour ceux qu’il a trop longtemps aban-
turelle et sociale. Il est en France d’une donnés. Pas seulement un Etat qui pro-
densité incomparable dans l’hexagone tège, mais également un Etat qui favo-
et Outre-mer. On a prédit un vaste désert rise l’emploi, qui éduque et qui soigne.
français au centre de notre pays. Il n’en
est rien. La population résidente croît à Pour les banlieues, nous proposons :
nouveau presque partout.
1 le lancement d’une initiative :
Pourtant de très nombreux problèmes 100 000 TPE nouvelles dans les
demeurent et s’intensifient. La pression territoires délaissés, en particulier
économique a accentué le déséquilibre dans les banlieues, un tiers dans l’in-
entre les métropoles régionales où se novation des systèmes d’information,
concentrent les richesses et les périphé- deux tiers dans les emplois de services.
ries qui s’appauvrissent. Cela concerne Pour cela, multiplions les offres de
tout à la fois des communes rurales, des micro-crédit ;
banlieues défavorisées, des unités urbai-
nes de petite taille. Il faut désenclaver 1 l’organisation d’un concours aboutis-
avec l’appui de l’Europe, les régions qui sant à 50 grands projets originaux
pâtissent d’un maillage inachevé des et dérogatoires pour la banlieue
lignes ferroviaires à grande vitesse. Il faut permettant des dérogations au droit com-
affirmer qu’une politique agricole est mun sur la construction, le zonage com-
également une politique d’aménagement mercial, les infrastructures de transports ;
du territoire : là où l’agriculture a sa
place, avec des productions rémunératri- 1 la priorité à la réimplantation de
ces, on doit trouver de l’artisanat, des tous les services publics dans les
services en matière de santé, de sport… quartiers les plus désavantagés ;

La politique d’aménagement du territoire 1 une répartition des fonction-


a vocation à compenser les déséquili- naires sur le territoire qui inverse les
bres. Elle doit permettre à chacun de critères actuels. Les plus expérimentés
vivre heureux là où sont ses racines ou là doivent être incités à travailler là où on
où il a décidé de s’installer. a le plus besoin d’eux, souvent
en banlieue difficile.
3-1 Croire aux banlieues
3-2 Redonner un destin
On nous annonce régulièrement un aux territoires ruraux
grand plan pour les banlieues et en réa-
lité, il ne se passe rien ou presque. Les territoires ruraux participent pleine-
ment à la diversité et à la richesse de
Le renouveau des banlieues proviendra notre pays. Comme nombre de territoires
de l’essor économique de ces quartiers. urbains, les habitants des territoires
Et pour cela, c’est à l’Etat de montrer ruraux doivent faire face au retrait
28
continu de l’intervention publique et au aisés et les plus démunis est un objectif
sentiment d’un monde qui leur échappe absolu dans de nombreux domaines au
et sur lequel ils n’ont plus de prise. Par premier rang desquels figurent l’accès
ailleurs, ils doivent plus que d’autres aux systèmes de santé et d’éducation
faire face aux défis du monde de mais aussi le droit à la culture et au sport.
demain notamment ceux liés aux défis Or, la situation se dégrade dans tous ces
énergétiques. secteurs par une marchandisation crois-
sante que nous avons le devoir d’endi-
Le Mouvement Démocrate réaffirme la guer.
nécessité de garantir les conditions d’une
présence humaine sur ces territoires. Il La tendance consiste aujourd'hui à
s’agit en particulier de : concéder la gestion du service public à
des entreprises privées. Cela ne devrait
alutter contre la précarité éner- être fait qu’avec beaucoup de vigilance,
gétique des activités et des habitants dans des cas limités, lorsque que le
sous toutes ses formes (logement, trans- cahier des charges est simple, rendant
ports…) ; impossible la sélection de clientèle et que
le contrôle du prestataire est aisé.
aredonner une place et une véritable
vocation économique à ces espaces : Nous sommes opposés à l’utilisation à
agriculture, mais aussi énergie, services, tout va du vocable de « client » là où l’on
circuits courts ; disait avant : usager, passager, assuré
social… On ne peut à la fois constater les
afaire jouer les complémentarités et les incivilités croissantes à l’égard des servi-
liens entre les territoires ruraux et les ter- ces publics et promouvoir une conception
ritoires urbains. consumériste et marchande de leur usage.
C’est pour cela que nous devons renfor-
3-3 Défendre les services publics cer l’éducation civique à l’égard
des services publics et promouvoir
Nous, démocrates, croyons aux services une charte des services publics.
publics. Nous voulons conserver un sec-
teur public puissant et moderne, c'est-à- Le coût des services publics doit être maî-
dire doté des moyens nécessaires à son trisé, reste pour cela à concevoir et à
efficacité. appliquer d’autres méthodes que celles
des entreprises privées, à chercher un
Dans un vaste pays comme la France, autre modèle de référence que
avec de nombreux territoires ruraux, la celui du marché. Contrairement aux
distribution du courrier ou les grandes idées néolibérales, les dépenses des ser-
infrastructures de transport en commun vices publics ne nuisent pas par principe
ne peuvent impunément être confiées à à l’activité économique. Elles peuvent
des opérateurs privés. C’est pourquoi la même la favoriser. Si la France est un
Poste, comme la SNCF, doivent pays attractif pour les investissements
conserver leur statut d’entreprise étrangers – ce que confirment les don-
publique. L’égalité de traitement entre nées les plus récentes – cela tient pour
les urbains et les ruraux, entre les plus partie à nos infrastructures de transports.
29
3-4 Remettre l’habitat au centre Nous affirmons que la volonté de rendre
de l’urbanisme tous les Français propriétaires de leur
logement est une grave erreur qui ne
Le logement est le premier poste de tient pas compte de la diversité des
dépenses dans le budget des familles. besoins et des situations financières de
Dans plus d’un tiers des grandes villes, chaque famille. Cela peut conduire à
on constate une embolie du marché du l’abus de crédit comme on a pu le
logement caractérisée par un blocage constater aux Etats-Unis ou en Espagne.
des parcours résidentiels pour les loca- Au slogan « tous propriétaires »,
taires. Dans les lieux où l’on dispose de nous préférons substituer celui de
réserves foncières permettant de « un logement adapté et aux nor-
construire, l’offre est souvent inadaptée mes en vigueur pour tous ». Afin
aux besoins car trop coûteuse pour la de satisfaire la diversité des besoins,
plupart des ménages. En Ile-de-France, nous devons encourager le logement
la taille des logements est insuffisante. locatif privé et les petits bailleurs privés.

Pour nous, démocrates, toutes les person- Chaque programme privé de


nes doivent se voir proposer un logement constructions neuves doit intégrer
décent, dans des conditions économi- un minimum de 20% de loge-
ques acceptables. Le droit au loge- ments sociaux. Il convient aussi d’as-
ment pour tous doit être garanti. surer la transférabilité des prêts
d’un logement à l’autre afin d’ac-
Dans les régions où il y a urgence – compagner les mobilités professionnelles.
c’est le cas en Ile-de-France – nous
proposons qu’à titre dérogatoire, La question du logement est aussi celle
soit créée une Haute Autorité de l’urbanisme et de la qualité du bâti.
Régionale chargée du logement Nous devons donner une priorité à la
et de l’hébergement, pour préem- manière dont nos lieux de vie sont
pter des surfaces constructibles. Cela conçus. Pour cela, nous voulons :
devra se faire en partenariat avec les
collectivités locales concernées. Ailleurs, 1 la fin de l’étalement perpétuel de la
ce sont les établissements publics de ville qui coûte cher en transport, amplifie
coopération intercommunale qui doivent l’exclusion sociale et ravage nos paysa-
coordonner la politique de l’urbanisme, ges ; il est possible de construire de
de l’habitat, du foncier et des aides au façon beaucoup plus dense tout en
logement, le permis de construire restant créant un cadre de vie agréable ;
du ressort du maire ou du président de
la communauté. Pour les familles 1 une politique de reconquête
propriétaires qui veulent agran- des sols face aux pollutions et à
dir leur logement par une simple l’imperméabilisation ;
extension ou une surélévation
modérée, nous proposons que 1 la prise en compte des risques tech-
les formalités soient simplifiées nologiques et naturels ainsi que des nui-
et les délais raccourcis. sances sonores ;

30
1 le renforcement des disposi- 3-5 Changer nos modes
tions de développement durable de transport
dans les principes d’urbanisme :
urbanisme bio-climatique, développe- Chacun doit avoir droit de se déplacer
ment de « quartiers durables », etc… mais on ne peut plus ignorer que le trans-
port dégrade l’environnement. Notre
Dans le domaine du bâtiment, nos prio- vision est donc celle d’un transport au
rités sont également : service des hommes, dans une ère « post
pétrole » où le coût de l’énergie est
1 mettre en œuvre des allége- élevé.
ments de fiscalité vraiment inci-
tatifs pour la construction aux Il en découle une vision des transports
normes de qualité environnemen- dans laquelle :
tale ;
ales modes de transports sont spéciali-
1 d’inciter à la réhabilitation du sés. La marche à pied, le vélo et le vélo
patrimoine bâti par une modulation électrique remplacent la voiture pour les
des taxes foncières en fonction des per- petits trajets. Des petits véhicules électri-
formances énergétiques des bâtiments. ques ou tramway/métros servent aux
déplacements urbains ou intercommu-
Depuis quelques temps, une réalité nou- naux. Les cars, trains régionaux, trains à
velle s’est faite jour : travailleurs pauvres grande vitesse servent aux trajets plus
et étudiants très modestes ne trouvent longs tandis que l’avion est réservé aux
aucun logement disponible compatible très longs trajets.
avec leurs revenus et couchent la nuit
dans leur voiture. Cela est intolérable et aLa possession d’une voiture n’est pas
accroît encore la gravité de la crise. indispensable, l’auto-partage et les taxis
Face à cela des solutions d’urgence collectifs sont généralisés. Le transport
innovantes doivent être trouvées. Nous est devenu un service public global, un
proposons que les personnes service qui propose aux entreprises et
âgées titulaires de logement HLM aux particuliers un véritable service
puissent, avec l’aide de leur bail- porte à porte de transport de personnes
leur, sous-louer en toute légalité et des marchandises.
une partie de celui-ci. Il faudrait éga-
lement construire des logements de Ainsi, nous proposons de :
transition ou de type « mobile-home »
disposant du confort nécessaire mais à 1 promouvoir un bouquet d’ac-
durée de vie limitée à condition que tions à bénéfices immédiats pour
ce soit des associations habilitées tous : plan vélo ambitieux, obli-
qui en assurent la gestion. Pour les gation des plans de déplacement
plus précaires et les grands exclus, il est d’entreprises, enseignement de l’éco-
nécessaire de créer dans chaque grande conduite, généralisation des téléconfé-
agglomération un service public unique rences…
de coordination travaillant en partena-
riat avec les associations reconnues.
31
1 rationaliser l’usage des infra- économique Outre-mer fasse sa
structures existantes (routes, juste place aux personnes origi-
gares…) tout en achevant de mail- naires de ces territoires. L’emploi
ler le territoire en lignes TGV et salarié et la création d’entreprises doi-
frêt et assurer la desserte du monde vent permettre à chacun d’avoir sa
rural, imposer des normes d’émission de chance. Pour cela, nous devons privilé-
plus en plus sévères sur les véhicules à gier la valorisation des produc-
moteurs thermiques ; tions locales et tout ce qui favorise le
développement endogène et inciter les
1 soutenir, à l’horizon d’une dizaine entrepreneurs locaux à développer leurs
d’années, le développement des exportations ;
technologies alternatives (électri-
cité, biocarburants, de seconde généra- 1 faire du secteur du logement Outre-
tion) du ferroviaire, du fluvial et du cabo- mer une réelle priorité : réorienter les
tage ; défiscalisations vers le logement
social ;
1 enfin, pour préparer le long terme,
faire émerger les offres multimo- 1 créer des zones franches secto-
dales innovantes d’auto-partage rielles dans les collectivités qui en ont
et des services de transports. besoin ;

3-6 Reconnaître pleinement 1 développer le tourisme, les écono-


l’Outre-mer mies agricoles d’Outre-mer, le secteur
des énergies renouvelables.
Il n’y a pas un Outre-mer mais des Outre-
mer. Chaque île, chaque territoire a sa
spécificité, son identité et ses problèmes.
Pour nous, démocrates, quelques préoc-
cupations communes doivent toutefois
être prises en compte, au-delà des traite-
ments spécifiques liés à chaque particu-
larité.

Il faut :

1 restaurer l’impartialité et la neutralité


de l’Etat et pour cela appliquer plei-
nement la continuité territoriale,
pour les résidents d'Outre-mer comme
pour les ressortissants d'Outre-mer qui
vivent en métropole ;

1 garantir l’égalité des chances grâce


à un soutien scolaire et éducatif adapté.
Cela implique que le développement
32
Chapitre 4 : Vivre ensemble
Vivre ensemble est le propre des sociétés 1 nous voulons la généralisation
humaines. Pourtant cela ne va plus de du CV anonyme, l’accessibilité
soi. Les forces qui nous séparent, qui des services publics à tous, la
nous isolent, sont puissantes. Le lien pénalisation financière des entre-
social, que garantissaient les institutions, prises coupables de discrimina-
s’affaiblit. Les règles du marché appli- tion salariale.
quées à de trop nombreuses composan-
tes de la vie quotidienne amplifient les Nous réaffirmons également qu’aucune
oppositions et créent des discrimina- personne ne doit souffrir de discrimina-
tions. Notre projet de société va à l’in- tion du fait de son orientation sexuelle,
verse de tout cela. Il est temps de redon- ou se voir exclue des services publics
ner la priorité à ce qui insère chaque d’éducation et de transport, du monde
homme et chaque femme et qui lui per- du travail ou de la pratique de la
met de s’épanouir avec les autres. citoyenneté du fait de son handicap.

4-1 Lutter contre les discriminations L’égalité de traitement entre les femmes
et les hommes est loin d’être réalisée.
La République que nous voulons lutte C’est une urgence absolue. Elle doit se
contre toutes les discriminations. Malgré traduire dans les faits, et non rester un
les discours, des millions de Français vœu pieux. Elle implique un aménage-
sont confrontés, chaque jour, au regard ment du temps de travail, la garantie de
insidieux ou inquisiteur de ceux qui n’ac- l'égalité salariale entre les femmes et les
ceptent pas leur différence. Ces discrimi- hommes, ainsi qu'une meilleure concilia-
nations existent partout : pour trouver un tion de la vie professionnelle et de la vie
stage ou un emploi, un logement, au sein privée. Pour les parents, cela signifie le
des entreprises, face aux administra- droit au retour à l’emploi après
tions, dans la vie quotidienne… La loi a un congé de maternité mais aussi
ainsi défini pas moins de dix-huit critères après un congé parental sans
de discrimination. être pénalisés dans leur rémuné-
ration ni dans leur carrière.
Face à cette réalité, la seule discrimina-
tion positive n’est pas une réponse satis- 1 nous exigeons l’obligation de la
faisante. Elle reste une forme de discrimi- parité dans l’ensemble des instan-
nation. Le modèle républicain que nous ces décisionnelles (publiques et pri-
voulons, c’est celui de l’égalité réelle des vées) et bien sûr pour toutes les élections ;
chances, partout et pour tous. Il combat
toutes les formes de communautarisme et 1 nous voulons améliorer et renfor-
de repli sur soi. Les trois vertus républi- cer l’indépendance et les moyens
caines, la liberté, l’égalité et la fraternité de la Haute autorité de lutte
nécessitent la compréhension et l’accep- contre les discriminations et pour
tation de ceux qui sont différents. l’égalité (HALDE).

33
4-2 Soutenir toutes les familles L'homoparentalité est déjà une réalité
vécue par des centaines de milliers de
La famille est la cellule de base de la familles. Lorsque l'union entre deux per-
société. Face à la crise elle est souvent le sonnes de même sexe est stable, durable
rempart essentiel qui protège de la pau- et fait surgir un désir responsable d'ac-
vreté et de l’exclusion. Elle existe cueillir un enfant, la parentalité et
aujourd’hui sous diverses formes, témoi- l'adoption doivent être facilitées
gnant de l'évolution des mœurs et des de façon à ce que subsiste notamment
pratiques affectives. un lien entre deux personnes et l'enfant
qu'elles ont élevé en cas de mort, acci-
L’Etat doit soutenir les familles et donner dent ou de séparation affectant le couple
à la politique familiale les moyens dont qu'elles avaient formé.
elle a besoin. On doit interdire les
transferts des excédents de la Protéger les enfants des risques liés à la
branche famille vers d’autres ris- présence de délinquants sexuels doit être
ques de la sécurité sociale. une priorité absolue. Il faut mettre en
place des programmes d’enseignement
De même, la politique familiale spécifiques à destination des enfants dès
doit devenir réellement intermi- leur plus jeune âge, des enseignants et
nistérielle. également des parents notamment pour
ce qui concerne les espaces de discus-
La famille est le lieu naturel d’épanouis- sion (« chat ») et les forums ; nous exi-
sement de l’enfant. Tout doit être fait geons des hébergeurs de site
pour améliorer l’articulation entre la vie qu’ils offrent des logiciels paren-
professionnelle des parents et leur vie taux simples et gratuits dédiés
familiale. On doit favoriser les aux enfants avec un filtrage
modes de garde, sous toutes les automatique rendant impossible
formes adaptées aux demandes les connexions potentiellement dan-
de chaque famille. La formation des gereuses.
assistantes maternelles doit également
être améliorée. Tout doit être fait pour consolider le
rôle de défenseur des enfants et
Toute union, légalement recon- intensifier la lutte contre les violences fai-
nue, quelle que soit sa composi- tes aux enfants. Nous mettrons en
tion, doit être assurée de bénéfi- place le plan de financement de
cier de droits et de devoirs la protection de l’enfance prévu par
égaux, en particulier le logement, l’en- la loi du 5 mars 2007.
semble des droits sociaux, la fiscalité et
la transmission du patrimoine avant et Aujourd’hui, la famille associe les géné-
après le décès. rations et tout particulièrement les
grands-parents. Ils sont souvent les pre-
La signature d’un Pacs devrait miers acteurs de la solidarité tant pour
pouvoir se faire en mairie si les leur famille propre que pour le voisi-
personnes concernées en formulent le nage. Plus tard, c’est eux qu’il faut aider
désir. face au vieillissement. Là encore, ce sont
34
d’abord les solidarités familiales et de avoir leurs moyens renforcés et
proximité, qui forment le socle essentiel leur pérennité mieux assurée. Elles doi-
de la prise en charge. Elles doivent être vent disposer de personnels spécialisés
confortées. Ce sont les seules capables et non pas seulement de fonctionnaires
de rendre possible le maintien à domi- détachés temporairement d'autres admi-
cile le plus longtemps possible des per- nistrations.
sonnes devenues dépendantes.
Par ailleurs, la compensation du
1 Nous proposons la mise en handicap doit être personnalisée,
place d'un pacte intergénération- adaptée aux besoins de chaque per-
nel qui insiste sur l'importance des sonne handicapée, quel que soit son
échanges entre les générations. Ces âge. Il ne doit plus y avoir de disconti-
échanges peuvent être de temps, de nuité liée au franchissement du seuil
savoir, d'affection et d'argent sous forme d’âge comme c’est le cas aujourd’hui.
de soutiens courants ou de dons excep-
tionnels. Nous voulons en tant que démocrates :

Signalons enfin qu’en dehors du projet 1 se donner les moyens de l’ac-


de construction de couples, des person- cès des enfants handicapés à
nes peuvent décider de vivre ensemble, « l’école ordinaire » et à l’école
de partager leur vie quotidienne, afin adaptée à leurs besoins ;
d'éviter la solitude. Cela peut donner
naissance à des formes de vie com- 1 créer un prêt à taux zéro spé-
munautaire sur une longue cifiquement destiné à la mise en
durée. Nous proposons que ce accessibilité des logements des
type de vie en petites collectivités for- personnes handicapées et à leur
mant en quelque sorte des familles accession à la propriété ;
d’adoption, soit pleinement re-
connu et bénéficie de droits 1 donner plus de poids à des commis-
sociaux et fiscaux nouveaux. sions d'accessibilité rénovées, qui auront
été élargis aux experts et aux usagers
4-3 Désenclaver le handicap autre que handicapés ;

Nous voulons une société humaine 1 intégrer des normes pour la


construite et gérée pour tous et toutes, construction de logements de
une société qui n'exclue pas volontaire- “Haute Qualité d’Usage” qui
ment ou involontairement en raison seraient utiles aux personnes âgées et
d'une incapacité. Une politique du pas seulement aux handicapés ;
« handicap » se doit d'être trans-
versale en étant intégrée de façon 1 diffuser les bonnes pratiques en
volontariste dans tous les champs de la matière d’emploi pour démontrer que les
décision publique. handicapés au travail permettent d’amé-
liorer les conditions de travail pour tous.
Les Maisons départementales des
personnes handicapées doivent
35
4-4 Humaniser la politique phabétisation de masse avec des
d’immigration intervenants formés.

La France se doit d’être fidèle à sa tradi- L’idée de pouvoir instaurer une politique
tion de terre d’accueil, notamment à d’immigration fondée sur des quotas ou
l’égard des réfugiés politiques, mais elle des tests génétiques est moralement inac-
se doit également de veiller à une immi- ceptable. La politique de développement
gration équilibrée qui ne déstabilise pas européenne doit être articulée avec une
la société française et qui ne prive pas régulation souple des circulations de per-
de ses forces vives les pays d’origine. sonnes de biens et de capitaux avec les
Une politique d’immigration maîtrisée ne pays en voie de développement. Le
peut se faire qu’en coopération avec les retour au pays des immigrés doit être
pays d’origine, et en accordant une favorisé par exemple en mettant en
attention particulière à ceux qui fuient la place des dispositifs de financements de
pauvreté de leur pays. projets locaux dans les pays d’origine en
lien avec les flux financiers provenant
Il est grand temps par ailleurs que l’immi- des travailleurs immigrés.
gration devienne une politique euro-
péenne qui harmonise pleinement les En ce qui concerne l’immigration clan-
droits sur le territoire de l’Union. Dans ce destine, toute politique devrait être ferme
cadre, nous voulons la mise en et généreuse. Ferme envers les filières,
place d’une carte européenne de les passeurs, les employeurs, tous ceux
séjour et de travail (“blue card”), qui profitent de la détresse des immi-
sur le modèle de la “green card” grants et généreuse envers ceux qui, ins-
américaine. tallés sur le territoire, qui se sont inté-
grés, travaillent et souvent payent des
Le droit d’asile doit être harmonisé impôts et des cotisations. Pour ceux-là,
et coordonné au niveau européen, nous considérons qu’après trois
seule voie possible pour garantir son effec- ans de travail régulier, tout immi-
tivité tout en évitant l’apparition de situa- gré doit pouvoir obtenir une
tions inhumaines comme celle des réfugiés régularisation de sa situation.
afghans à Calais. L’insertion des immigrés
souhaitant et pouvant rester en France doit Nous supprimerons le délit de
également être améliorée. Il conviendrait solidarité tel qu’il existe aujourd’hui
en particulier, à l’instar de nombre de pour ne pas entraver la solidarité envers
pays européens, d’autoriser les étran- les plus faibles.
gers en situation régulière qui rési-
dent en France depuis plus de 10 Nous voulons humaniser les conditions du
ans à voter aux élections locales. retour des clandestins dans leur pays
d’origine et rappelons le caractère totale-
L’apprentissage de la langue fait partie ment inadmissible du renvoi d’immigrés
de l’apprentissage de la République : en situation irrégulière vers leur pays
elle est la base d’une citoyenneté active d’origine lorsque cela présente des ris-
et d’une insertion sociale réussie. Il est ques avérés à l’égard de leur intégrité
urgent de lancer des projets d’al- physique ou de celle de leurs proches.
36
4-5 Respecter les choix éthiques Nous pensons que plusieurs règles doi-
de chacun vent impérativement être respectées : le
débat sur chaque question éthi-
La société évolue très vite. Des questions que doit être ouvert au grand
qui hier se posaient peu ou à l’égard public, des états généraux si cela
desquelles il était de bon ton de ne pas est nécessaire doivent pouvoir
parler ont surgi sur la place publique. être organisés. Enfin, aucune
Cela tient à l’évolution de la recherche décision engageant l’avenir ne
médicale et du progrès scientifique. doit être prise sans qu’elle ne
fasse l’objet de recherche préala-
Ces questions qui comportent une ble de consensus entre les membres
composante de nature éthique de ces comités. Une seule priorité doit
renvoient d’abord à la conscience nous animer et servir de règle absolue :
de chacun. L’Etat n’a pas à se substituer celle de l’intégrité et de la liberté de la
à la responsabilité de chaque personne personne humaine.
face à des choix difficiles et parfois dou-
loureux. Pourtant, par ce qu’ils autorisent 4-6 Encourager la vie associative
ou au contraire interdisent, les responsa- et le bénévolat
bles politiques freinent, empêchent ou
encouragent ces évolutions, et ne peuvent Nous avons à construire une société
se dégager de toute responsabilité. Pour dans laquelle l’Etat assume son rôle d’im-
le Mouvement Démocrate, il n’y a pas de pulsion et garantisse l’équité. Pour cela,
question taboue et il est essentiel que la il doit trouver comme interlocuteur une
société organise un débat raisonné sur société civile organisée et un mouvement
ces différentes questions. associatif fort et reconnu.

Parmi ces thèmes sociétaux figurent La question de la représentation des


notamment les questions de bioéthique, associations est très importante. Le
parmi lesquelles la recherche visant à Conseil économique, social et environne-
trouver des remèdes à certaines mala- mental, devrait être le lieu du dialogue
dies à partir de cellules souches, la intense entre la société civile, représen-
capacité à mettre fin à la vie humaine tée en particulier par les associations, et
lorsque les souffrances sont devenues l’Etat.
insoutenables et sans issue et peut-être à
terme la modification du patrimoine L’organisation de la concertation avant
génétique humain afin d’éviter certaines toute décision publique est capitale. Le
maladies. Chacun de ces points doit être Mouvement Démocrate veut un
soumis à la réflexion de comités d’éthi- délai incompressible de trois
que composés de responsables éclairés mois, sauf urgence justifiée, avant
des différentes familles philosophiques et toute décision publique, en parti-
spirituelles du pays, de scientifiques et culier de nature législative et
de médecins, de responsables politiques réglementaire qui modifie la vie quo-
et de la société civile avec en particulier tidienne.
des membres d’associations de malades
et de leurs familles.
37
Le financement des associations dépend d’intérêt général agréées. Cette solida-
beaucoup des subventions. Or celles-ci rité, différée dans le temps, marquera la
sont accordées en cours d’année sans reconnaissance de la société pour ceux
assurance d’être reconduite l’année sui- qui se seront mis au service des autres
vante fragilisant toute construction de en suspendant leur vie professionnelle.
projet. Nous voulons pour les
associations une visibilité de leur ave-
nir et pour cela la généralisation de
conventions pluriannuelles, éva-
luées et glissantes.

Pour nous, démocrates, le bénévolat est


essentiel. Il est la preuve que tout n’est
pas marchand car l’essence même du
bénévolat, c’est la gratuité de l’engage-
ment. Dans de nombreux secteurs, les
bénévoles sont les premiers acteurs
d’une solidarité par ailleurs défaillante.
C’est le cas dans l’action humanitaire,
l’accompagnement des malades et des
personnes âgées.

Il faut une protection juridique de l’acti-


vité du bénévole et pour cela mettre en
place un statut du bénévole. Il doit
permettre :

1 un remboursement plus facile des


frais engagés par les bénévoles ;

1 une prise en compte des acquis, de


l’expérience du bénévolat qui puisse être
validée. Nous proposons également que
des bénévoles puissent disposer, dans
certaines conditions, de droits d’absence
à leur travail pour se consacrer à leurs
missions au service de la collectivité ;

1 une validation de droits com-


plémentaires à la retraite accor-
dée aux bénévoles. Cela serait attri-
bué sous certaines conditions :
signature d’un contrat de bénévolat sur
une durée d’au moins deux années,
tâches effectuées dans des associations
38
Chapitre 5 : Démocratie
L’idéal démocratique est ancré au plus qui la conduit. Le chef de l’Etat, ayant la
profond de notre engagement politique. charge de la nation, ne doit pas être
Dans son nom, le Mouvement Démocrate l’homme d’un parti ni d’un clan, mais le
porte l’idée que la démocratie, ce n’est porte-parole des citoyens. Le gouverne-
pas seulement l’attribution du pouvoir ment est responsable devant le
par le vote, mais également le système Parlement, soutenu par une majorité.
politique qui vise à porter au plus haut la
conscience et la responsabilité des Responsable de l’administration, le gou-
citoyens. Cette idée de démocratie se vernement se doit de respecter et
décline ainsi : de protéger les fonctionnaires,
garants de l’intérêt général et du service
ale respect scrupuleux des droits de la public. Cela signifie que l’Etat doit être
personne humaine ; impartial. Rien n’est plus étranger à la
culture française que le système anglo-
ala séparation des pouvoirs politiques, saxon, qui veut que les hauts fonctionnai-
économiques et médiatiques ; res changent en fonction des majorités
politiques. Or c’est ce qui se passe
ale pluralisme ; depuis deux ans. L’Etat impartial, à
l’inverse, est celui qui garantit le
ale droit à l’information des citoyens, fonctionnaire dans ses opinions,
responsables en droits et en devoirs. dès lors que l’on considère que la com-
pétence prime sur l’inclinaison politique
5-1 Affirmer la séparation et que l’intérêt général l’emporte sur l’in-
des pouvoirs térêt partisan.

Pour nous, démocrates, la représenta- Le pouvoir législatif doit être res-


tion, c’est l’idée que le pouvoir ne peut tauré dans sa triple mission : éla-
exister sans contre-pouvoirs puissants, borer la loi, contrôler l’action du
que les corps intermédiaires et les collec- gouvernement, organiser le
tivités locales sont reconnus comme des débat public. Le fait majoritaire ins-
partenaires responsables de l’Etat, que tauré par la Ve République a bridé l’ini-
la séparation des pouvoirs est une condi- tiative et la liberté des parlementaires,
tion de la démocratie, le pluralisme une soumis dans les faits aux injonctions et
nécessité de l’Etat de droit, l’information aux pressions du pouvoir exécutif. Pour
un droit des citoyens. nous, la clé de la revalorisation du
Parlement passe inévitablement par une
La séparation des pouvoirs doit être réforme du mode de scrutin. Celui-ci doit
effective. permettre de dégager une majorité et de
représenter l’ensemble des Français.
Le pouvoir exécutif doit être équi- Nous voulons un scrutin qui com-
libré, avec un Président qui détermine bine vote uninominal majoritaire
la politique de la Nation et un gouverne- et scrutin proportionnel de liste, à
ment, sous l’autorité du Premier ministre, l’image du mécanisme allemand.
39
Si ce système était appliqué dans notre représentation des corps intermédiai-
pays, la responsabilité du gouvernement res… Cela vaut également pour les col-
devant le parlement, telle qu’elle est orga- lectivités locales. Pour nous, la démocra-
nisée par l’article 49 de la Constitution, tie de proximité et les libertés locales
ne serait pas modifiée dans son principe. sont tout aussi précieuses que les libertés
Il conviendrait toutefois de développer individuelles. Elles doivent être proté-
la pratique des commissions d’en- gées des tentatives de recentralisation
quête parlementaires. de l’Etat comme des dangers de l’opa-
cité et du gaspillage.
Pour aller plus loin dans le contrôle, on
pourrait envisager d’instaurer une pro- Aujourd’hui les collectivités locales, qui
cédure tendant à la mise en jeu de assurent déjà 73% de l’investissement
la responsabilité politique d’un public, ne cessent de prendre en charge,
ministre devant l’Assemblée bon gré mal gré, de nouvelles missions
nationale. A l’issue de cette procé- qu’un Etat impécunieux ne veut ou ne
dure, le ministre pourrait être contraint peut plus assumer. Plus que jamais elles
de démissionner, sans que soit remise sont la clé de voute de notre architecture
en cause l’existence du gouvernement. administrative.

Nous rappelons que nous sommes favo- Elles sont prises dans un double mouve-
rables à la reconnaissance du vote ment : la recherche d’une taille critique
blanc. pour affronter les nouveaux défis organi-
sationnels, techniques, financiers et juri-
Le pluralisme impose également une diques d’une part et le besoin de proxi-
législation sur le statut de l’élu. Il mité, d’identité et de lisibilité d’autre part
convient de revaloriser le statut des auquel aspire tout citoyen.
élus des petites communes et éri-
ger comme règle l’exemplarité des élus. Toute réorganisation doit en tenir compte :
Nous voulons favoriser le renouvellement les unités de base doivent subsister mais
du personnel politique, imposer la parité doivent en même temps se regrouper en
dans les postes de décision et permettre communautés capables de se projeter sur
une meilleure représentation de la diver- le moyen et long terme et être globale-
sité française. Ce statut de l’élu devra ment plus efficientes au regard de cha-
s’attacher à réformer le cumul des man- que euro d’impôt collecté.
dats, qui limite non seulement le cumul
des fonctions, mais également le cumul Nous proposons une réorganisation
des mandats dans le temps et le cumul territoriale autour de deux cou-
d’une fonction élective et d’une activité ples : le couple communes/inter-
privée susceptible de créer des conflits communalités et le couple dépar-
d’intérêts. En tout état de cause, il nous tements/régions. Au sein de chacun
semble indispensable d’imposer le de ces niveaux, les élus seraient les
mandat unique pour les membres mêmes, siégeant soit en formation muni-
de l’Assemblée nationale. cipale, soit en formation intercommunale
pour le premier couple, soit en formation
Séparation des pouvoirs, pluralisme, départementale soit en formation régio-
40
nale pour le second, selon la nature des que d'une certaine manière c'est vers lui
affaires traitées. qu’on tourne les regards lorsqu'il y a un
besoin, une revendication, une attente du
Au sommet de l’édifice administratif, côté de l'indépendance, le Garde des
enfin, se situe l’Etat, ayant pour mission sceaux, premier magistrat de
de corriger les disparités régiona- France, doit être investi par un
les à travers un mécanisme de péréqua- vote du Congrès à la majorité
tion financière ambitieux ou de stopper qualifiée. Le Garde des sceaux devra
d’éventuelles dérives locales et coopé- également présider le Conseil supérieur
rant avec les autres États européens au de la magistrature.
sein de l’Union européenne.
Par ailleurs, la complexité, voire même la
Compte tenu de l’état des finances publi- contradiction, entre certains textes de lois
ques, tant l’État que les collectivités loca- nous amène à penser que l'égalité entre
les doivent être soumis au principe de justiciables et l'intelligibilité des décisions
sobriété, de lutte contre les gaspillages de justice dans les affaires judiciaires ne
et de baisse des frais généraux exposés sont plus toujours assurées.
par les élus. De même, une réflexion doit
être menée pour réduire les dou- Un travail profond de simplification et
blons administratifs existant de rationalisation des textes du
entre les services décentralisés et droit en vigueur doit être conduit,
les services déconcentrés. dans le respect de la réalité judiciaire,
c'est-à-dire que le législateur doit veiller à
A chaque échelon territorial, priment respecter les jurisprudences souvent
ainsi des exigences de bonne gestion et anciennes qui ont su faire évoluer l’appli-
de transparence pour améliorer le quoti- cation des textes de droit avec la société.
dien d’une population et son cadre de La rationalisation et la simplification du
vie habituel. Seul un scrutin avec droit, c’est un Parlement qui s’en-
une forte composante de propor- gage à légiférer en adoptant des
tionnelle permet l’élection d’instances textes courts qui se limitent à l’écriture
véritablement représentatives de la popu- des grands principes de loi, et qui lais-
lation locale et garantissant une parité sent à la jurisprudence le soin de les
homme/femme. Ce type de scrutin devra appliquer et de les faire évoluer avec
s’appliquer aux deux couples d’organisa- notre société. Limiter le nombre de textes
tion territoriale définis ci-dessus. de loi c’est faire confiance à notre justice
et respecter nos citoyens.
5-2 Rendre à la justice
son indépendance De même, la restauration du lien de
confiance entre les Français et leur justice
Le pouvoir judiciaire doit retrouver passe également par une réduction
son indépendance, et les citoyens des délais de traitement des
confiance dans leur justice. Pour cela, le plaintes. La lenteur de la justice, bien
Garde des Sceaux ne doit pas être un trop souvent, pénalise les victimes mais
ministre comme les autres. Parce qu’il est épargne les coupables.
le responsable de la politique pénale et
41
Un dernier point doit être abordé : celui suffisants pour limiter les risques pour les
de l’état lamentable de notre système individus.
carcéral, en tous points indigne d’une
grande démocratie. Deux pistes doivent Nous voulons des contre-pouvoirs effica-
être explorées : celle de la ré-humanisa- ces. Nous sommes inquiets de la dispari-
tion des lieux d’emprisonnement et la tion de la Commission nationale de déon-
recherche de toutes les alternatives à la tologie de la sécurité ou de l’affaiblisse-
détention, notamment pour les jeunes. ment des pouvoirs de la Commission natio-
nale de l’informatique et des libertés…
La loi doit assurer le respect de
l'Etat de droit dans la prison : Par ailleurs en tant que démocrates, nous
confidentialité, rencontres régulières ne pouvons accepter la pratique des
entre détenus et personnels pénitentiai- "contrôles au faciès", forme particulière-
res, droit de vote effectif… Toute per- ment humiliante de discrimination, qui
sonne détenue devrait pouvoir exercer frappe en particulier les jeunes de famil-
une activité avec une juste rémunération, les issues de l'immigration.
une formation ou un travail. Les condi-
tions de visite des familles doi- Au delà des contre-pouvoirs, la sécurité
vent être améliorées, et le nom- doit redevenir une question humaine : si
bre d’heures de visites autorisées l’Etat se doit d’assurer notre protection
augmenté. (prévention et répression), c’est aussi à
l’individu d’adopter un comportement
Le sentiment d’insécurité est fort chez nos responsable : c’est l’éducation et la res-
concitoyens, mais il ne doit pas engen- ponsabilisation dès le plus jeune âge
drer de réponses démagogiques. Il doit qui permet d’éviter les déviances et l’in-
au contraire entraîner une réponse prag- sécurité.
matique, par laquelle l’Etat prouve sa
ferme intention de faire respecter la loi, Un service civique, à terme euro-
dans le plus strict respect du droit des péen, doit permettre à tous les jeunes
personnes. d’effectuer une action de solidarité ou
une action citoyenne, dans n’importe
Cela nécessite un meilleur équilibre entre quel pays de l’Union.
sécurité et liberté, et pose la question de
la proportionnalité des atteintes indivi- Dans le même temps, la sanction,
duelles au regard des risques de troubles lorsqu’elle est prononcée, doit être réelle
à l'ordre public. Face à de nombreuses et effectivement appliquée. Pour les jeu-
mesures contraignantes pour l’individu, nes, en particulier, la sanction doit
il convient de s’assurer que ces mesures être ultrarapide et éducative.
sont : Nous sommes favorables à des sanc-
tions qui mettront le jeune au contact de
aréversibles, proportionnées à leur l'autorité, avec rigueur, et qui soient
finalité et non susceptibles de détourne- aussi éducatives, comme de vrais tra-
ment ; vaux d’intérêt général (TIG). Il pourrait
aencadrées par des autorités qui dispo- également être placé temporairement
sent d’une indépendance et de pouvoirs dans un pensionnat de collège ou de
42
lycée disposant de l'encadrement néces- l’État. Le principe qui sera suivi par cette
saire. législation sera celui du Conseil national
de la Résistance : « mettre la presse à
Aujourd’hui, le rapport entre Police et l’abri des influences étrangères, de l’État
population, et notamment avec les jeu- et des puissances d’argent ». La nomi-
nes, subit une dégradation dont il nation des responsables de l’au-
importe de se préoccuper. Elle relève diovisuel public sera enlevée à
sans doute largement des évolutions de l’exécutif, et rendue à une procédure
la société, mais aussi des conditions transparente, au sein d’un Conseil où
d’exercice d’un métier difficile. Nous ne seront représentés les grands courants
croyons pas aux effets d’une politique démocratiques du pays et les auditeurs
sécuritaire qui privilégie les indicateurs et téléspectateurs du service public.
de résultats destinés à rassurer l’opinion,
au risque de délaisser le service qualita- L’indépendance de l’Agence
tif de la paix publique et du lien social. France Presse, dont le rôle notamment
pour la presse quotidienne régionale est
La seule crainte que doit inspirer la essentiel, et qui participe au rayonne-
police est celle de l’autorité légitime, pas ment national, doit être préservée
celle de l’abus ni de l’injustice. Plus alors que se profile à nouveau la tenta-
d’échanges et de proximité entre la tion d’en réduire l’influence voire de la
police et les justiciables permettrait une soumettre à des intérêts privés. Il n'y a
meilleure compréhension et davantage pas lieu de la transformer en société
de respect. C’est tout l’intérêt de la anonyme, même à capitaux majoritaire-
police de proximité que nous ment publics.
voulons réinstaurer.
Plus largement, nous continuerons à
5-3 Garantir une information libre demander à la Commission euro-
et pluraliste péenne un projet de directive sur
le pluralisme, qui est menacé au delà
La séparation des pouvoirs et le plura- de la France dans plusieurs autres pays.
lisme concernent enfin tout particulière-
ment le monde médiatique. L’information des citoyens passe enfin
par les sondages d’opinion, qui font par-
Ni la démocratie ni la République ne peu- tie de l’information quotidienne. Leur
vent s'accommoder de ce que les médias place est probablement excessive, la
soient sous le contrôle d'un réseau de France possède à cet égard un record de
proximité avec le Président de la nombre de sondages publiés. Une mau-
République, quels que soient les moyens vaise utilisation de ces sondages joue
financiers dont ce réseau dispose. contre la démocratie, en particulier
lorsqu’un résultat annoncé semble clore
Une loi devra être votée pour tout débat avant même qu’il ait été lancé.
assurer l’autonomie de la sphère (Par exemple « les Français sont contre la
médiatique. En particulier, des grou- création d’un impôt européen. »).
pes de presse ne doivent pas dépendre
de groupes industriels en affaire avec
43
Mais le problème principal concerne
certainement les sondages à caractère
politique pour lesquels les règles déonto-
logiques sont notablement insuffisantes.
Nous voulons une transparence totale
sur ceux qui donnent lien à publication
dans la presse ou sur Internet. On est en
droit de connaître qui les a commandés
et qui les a financés. De plus, les résul-
tats sensibles doivent être publiés avec
leur marge d’erreur (par exemple 49 +
ou – 2%). La Commission nationale
de contrôle des sondages doit
être réformée afin de disposer de
pouvoirs étendus et de compétences
techniques susceptibles d’accroître sa
légitimité.

44
Chapitre 6 : Europe et international
Un projet pour la France est forcément, paux responsables de l’exécutif euro-
aussi, une ambition pour l'Europe et une péen dont le président de la commission,
proposition pour le monde. sans grand souci démocratique.

Pour nous démocrates, la France défend De même, l'extension des compétences


un ordre mondial fondé sur l'équilibre de du Parlement européen, déjà l'une des
la puissance, l'égale dignité des peuples institutions les plus démocratiques du
et leur co-responsabilité dans leur obliga- monde, est une excellente chose, mais la
tion de développement. L'Europe doit procédure de codécision reste extrême-
considérer que sa mission est de proté- ment complexe et peu lisible pour le
ger l'intégrité des sociétés européennes citoyen.
et de leurs avancées sociales et pas seu-
lement l'efficacité des marchés. Ainsi La méthode diplomatique a été parfaite-
comprise, l'Europe doit être un relais ment adaptée pour mener l'Europe où
précieux de notre influence dans le elle en est : paix définitive entre
monde pour le progrès de nos sociétés. l'Allemagne et la France, réunification
de l'Europe après la chute du mur de
6-1 Redonner de l'ambition Berlin, mais l'importance des décisions
à l'Europe qui sont prises désormais quant à la vie
des citoyens impose une transparence
Une Europe plus démocratique plus grande des modalités de décision.

Les Européens ont aujourd'hui un senti- Pour cela, nous voulons :


ment de perte du sens, d’absence d’iden-
tification des objectifs et des buts poursui- 1 une information publique don-
vis pour l'Union. Les référendums populai- née à l'avance sur les sujets qui
res sur les questions européennes depuis vont être à l'ordre du jour du
le traité de Maastricht ont traduit cet éloi- débat européen ;
gnement croissant entre les citoyens et
l’Europe. Il a pu s'installer dans les esprits 1 une utilisation en France des
que les peuples se voient comme emme- symboles de l'Europe (drapeau,
nés contre leur gré dans la poursuite hymne…) comme c’est déjà le cas dans
d’une construction qui leur échappe. 16 pays de l’Union ;

Nous affirmons pourtant que l'Europe est 1 une ouverture de l'Ecole à


bien notre horizon. Pour restaurer la l'Europe dans les programmes
confiance, il est nécessaire que les déci- scolaires et dans les échanges entre
sions européennes soient perçues par les élèves et étudiants des différents pays de
citoyens comme les leurs. Le traité de l'Union ;
Lisbonne va contribuer à cette lisibilité.
Nous regrettons cependant que les chefs 1 une élection du Président de
d'Etats et de gouvernement procèdent à l’Union au suffrage universel par
des tractations pour désigner les princi- les citoyens de l'Europe et une
45
élection du Parlement européen sur Une gouvernance européenne au service
une circonscription paneuropéenne. de la croissance

Une Europe ayant son propre modèle, Nous proposons de créer un


avec une forte composante sociale Conseil de la politique économi-
que de la zone euro dont le rôle
Le grand défi de notre génération est de serait d’exercer une coordination de la
trouver une réponse humaniste à la mon- politique économique et budgétaire et
dialisation. de dialoguer avec la BCE. Ce Conseil
agirait avec des instruments d’ac-
C'est pourquoi nous considérons que la tion nouveaux comme une ligne de
construction d’une Europe sociale est crédit adossée à la BCE, une sorte de
vitale. À ce titre, le développement Fonds Monétaire Européen, qui
d’un droit du travail cohérent en pourrait venir en aide à des pays défail-
Europe doit permettre de définir de lants au sein de l’Union, ou encore
nouveaux équilibres entre la nécessaire une agence européenne d’émis-
protection des salariés et la recherche de sion de la dette publique pour réa-
compétitivité. liser de nouveaux emprunts européens.

Dans le périmètre de ses compétences Dans le même esprit, la mise en place


présentes, l’Union européenne a d’ores d’un véritable budget européen
et déjà permis de nombreuses avancées (financé par des ressources pro-
concrètes en matière de protection de la pres sans augmentation de la pression
santé publique ou de la santé au travail, fiscale nationale), qui puisse notamment
de financement des politiques d’inser- servir d’instrument de politique budgé-
tion, de lutte contre les discriminations, taire contracyclique, doit être effective.
de couverture sociale des non-résidents,
d’intégration des personnes handica- La crise nous a montré combien les éta-
pées. L’Europe symbolise des droits nou- blissements financiers se sont fourvoyés
veaux ou, à tout le moins, la mise à dans les placements spéculatifs hasar-
niveau des normes nationales. L’Europe deux. Il est grand temps de remettre la
avance aussi à travers la diffusion des finance au service de l'économie réelle.
meilleures pratiques repérables dans les
différents pays. Pour ce faire, nous proposons d’œuvrer
pour :
Mais il reste beaucoup à faire. Si la pro-
tection sociale reste organisée à l’échelle 1 doter l’Union Européenne
nationale, l’Europe doit renforcer son d’une autorité de supervision uni-
action dans la lutte contre la pau- que pour les banques, les assuran-
vreté et l’exclusion. Il en va de ces et les marchés financiers ;
même face aux défis communs comme
celui du vieillissement de la population, 1 réguler les hedge funds et
de la sécurité sanitaire et de la lutte revenir à un encadrement des
contre les maladies infectieuses qui ne marchés à terme y compris les matiè-
connaissent pas les frontières. res première. En limiter l’intervention aux
46
aux acteurs physiques et commerciaux et 1 disposer d’agences européen-
exclure les acteurs purement financiers. nes de moyens, à l’instar des agences
fédérales américaines motrices en
1 séparer les banques de dépôts matière d’appui à la recherche.
et les établissements financiers et
spéculatifs ; Les PME/TPE doivent bénéficier d’un dis-
positif particulier. Ainsi, nous proposons
1 supprimer les paradis fiscaux de :
avec un calendrier contraignant ;
1 mettre en place un véritable
1 pour encourager le comportement Small Business Act, tant au niveau
responsable des grandes entreprises, français qu'européen, incluant :
introduire une norme comptable
fondée sur la responsabilité ala réservation d’une part de la
sociale et environnementale pour commande publique aux TPE /
les grandes entreprises et réalisée PME ;
par des agences indépendantes ;
ala simplification des formalités
1 taxer les transactions pure- administratives pour les TPE / PME .
ment spéculatives et pour cela mettre
en place la taxe Tobin ; Nous voulons mettre en œuvre un com-
merce international mieux régulé et plus
1 considérer les bourses et les cham- équitable, notamment pour assurer le
bres de compensation comme des servi- développement des pays les plus pau-
ces publics et envisager la création vres, et pour cela :
d’une bourse européenne.
1 intégrer les objectifs environ-
Pour favoriser l’emploi et la croissance, nementaux et sociaux dans les
l’Europe se doit d'assurer de fortes syner- échanges internationaux, à tra-
gies entre les pays membres, et pour cela : vers une réforme de l’OMC ;

1 soutenir les rapprochements 1 faciliter la création d’un panier


entre entreprises pour susciter des mondial de grandes monnaies
« champions européens ». Un Fonds pour stabiliser les coûts des transactions
stratégique européen pourrait élargir les commerciales ;
compétences actuelles du Fonds
Européen d’Investissement. Il investirait 1 cesser rapidement d’exporter
dans les grandes entreprises stratégi- nos excédents agricoles à prix
ques, les PME innovantes, les projets d’in- bradés qui détruisent les agricultures
frastructures de niveau européen ; vivrières des pays pauvres. Pour ce faire,
les marchés agricoles doivent être
1 mutualiser des moyens nationaux de régulés au niveau mondial.
R&D en faveur des technologies propres
et économes ;

47
Dans le même esprit, il convient pour la Nous voulons aussi une reformulation
France de réaffirmer l’engagement pris de notre doctrine en matière
au Sommet du Millénaire de consacrer nucléaire. La dissuasion ne peut pas
0,7 % du PNB à l’aide publique rester seulement nationale car nos inté-
au développement au cours de la rêts ne sont pas limités à nos frontières,
prochaine décennie tout en tenant et des dispositions d'assistance mutuelle
compte des capacités d’absorption et de sont incluses dans le traité de Lisbonne.
bonne gouvernance des Etats destinatai- Il sera donc nécessaire que les efforts de
res. L'Afrique, continent voisin de la France et de la Grande-Bretagne
l’Europe, où les problèmes de pauvreté soient partagés avec les autres pays de
sont les plus importants, doit être l'objet l'Union européenne, et qu'ils deviennent
d’une attention toute particulière des totalement bénéficiaires de notre arme
Européens. nucléaire de dissuasion.

6-2 Bâtir une diplomatie et une Dans le même temps, nous devons
défense au service de la paix aller plus loin en matière de
désarmement nucléaire. Le 24 sep-
Les Etats qui vont compter dans le monde tembre 2009, le Conseil de sécurité des
sont à la dimension de continents : Nations Unies a adopté à l'unanimité
Russie, USA, Chine, bientôt Inde et peut- une résolution engageant tous les Etats à
être Brésil. La France ne pourra assurer devenir partie au Traité sur la non-proli-
sa sécurité qu’à travers une Europe forte, fération des armes nucléaires (TNP) et
ayant une diplomatie et une défense effi- ses membres à négocier un désarme-
caces et respectées. ment nucléaire. Il importe que la France
et l'Union européenne prennent des ini-
Nous identifions trois objectifs majeurs : tiatives non seulement pour suivre ce
mouvement, mais également pour l'am-
- Premier objectif : l'Union européenne plifier à travers le renforcement de leur
doit être en mesure d'assurer la protec- coopération avec les Etats-Unis et la
tion de ses citoyens et de leurs intérêts Russie.
face aux menaces directes et indirectes.
Sans rejeter l'alliance atlantique, elle Enfin face au développement rapide de
doit s’en donner les moyens, y compris la menace, il faudra rapidement trouver
un jour, en toute indépendance, sans les une position européenne sur la défense
Etats-Unis. de notre continent contre les missiles
balistiques, défense sans doute plus faci-
Il faut, bien entendu, mettre en œuvre les lement mutualisable que la dissuasion et
nouvelles dispositions prévues par le que l'on ne peut laisser assurer unique-
traité de Lisbonne en vue de renforcer ment par les Etats-Unis.
les piliers d'une défense euro-
péenne commune. La mutualisa- Face à des armées toujours plus profes-
tion de certaines dépenses sionnalisées, nous devons créer de
d'équipements militaires doit per- nouveaux liens entre ceux qui
mettre de faire des économies exercent le métier militaire et la
budgétaires croissantes. nation. Il est utile pour cela de définir
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une nouvelle politique de gestion Les crises géopolitiques et géoéconomi-
des réservistes, afin que chacun ques ne manquent pas. L'Europe - avec
puisse à tout moment suivre un stage ou un rôle d’impulsion joué par la France -
une formation dans des centres militaires doit lutter contre ces crises et si possible
validables dans le cadre du droit indivi- les prévenir. Nous prônons pour cela des
duel à la formation. Cela permettrait à moyens renforcés pour assurer la trans-
nos armées de s’ouvrir à des personnels parence électorale, et une meilleure utili-
venant d’itinéraires et d’horizons multi- sation des capacités d'interventions inter-
ples. Nous sommes favorables à la mise nationales sous l'égide de l'ONU dans
en place d'un corps de garde- les cas de non-respect des droits de
côtes et d’une sécurité civile à l'Homme ou des droits des minorités.
l'échelon européen.
Nous pensons aussi que l'Europe
La question des moyens d'observation et doit proposer son modèle original
de renseignement ne doit enfin pas être d'organisation à d'autres régions du
négligée, en particulier dans les domai- monde.
nes économique et industriel.
Nous devons faciliter le développement
- Deuxième objectif : L'Europe doit égale- ou la création de structures comme
ment peser sur l'organisation du monde. l'Union africaine, l'Association des
Lorsque l'Europe sait le faire, elle peut Nations d'Asie du sud-est, l'Union des
obtenir des résultats majeurs, y compris Nations sud-américaines, le Conseil de
face aux États-Unis. La mise en applica- coopération du Golfe et l'Union pour la
tion du protocole de Kyoto l'a prouvé. Le Méditerranée. Il est essentiel de faci-
développement continu des outils liter la représentation des Etats de
diplomatiques européens doit taille moyenne à l'échelle mon-
donc devenir l'un des objectifs diale, en leur donnant une voix lors des
principaux de notre politique négociations internationales à travers de
étrangère. Cela passe par la recherche telles organisations régionales.
d'une parole unique quand c'est possi-
ble, ou au moins coordonnée, des états 6-3 Promouvoir l'idéal démocrate
européens au sein d'instances internatio- dans le monde
nales comme l'OMC ou le FMI.
Nous sommes le Mouvement Démocrate.
- Troisième objectif : Le monde doit pouvoir Ce nom de démocrate, c'est celui de
compter sur l'Europe pour promouvoir la ceux qui refusent les dictatures. Il y a un
paix et le développement. De même que grand courant démocrate en formation
par le passé, les guerres européennes se dans le monde et le monde a besoin de
sont étendues à la planète, la vocation de ce courant. En Chine, démocrate, cela
l'Union européenne est désormais de favo- signifie résistant. Au Japon, démocrate,
riser la paix dans le monde en prônant des cela signifie défenseur du changement.
valeurs de démocratie, de respect des Aux États-Unis, démocrate, cela signifie
droits de l'Homme et de respect de la diver- homme ou femme de progrès.
sité des cultures et des civilisations présen-
tes dans toutes les régions du monde.
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Des courants démocrates sont en gesta- ques. Nous souhaitons que la France
tion, en Afrique, en Amérique du sud et reste, et que l'Europe devienne, porteu-
dans l'ensemble du sud-est asiatique. En ses d'une identité qui, précisément, aux
Inde, il y a le grand parti du Congrès. yeux du reste du monde ne soit pas
Une internationale démocrate est en voie exactement cet occident unique. Nous
de formation. concevons l'occident comme plu-
raliste, comme équilibré, comme
C'est bien souvent cette famille, dont addition d'indépendances et cer-
nous sommes en France les représen- tainement pas comme un tout
tants, qui fait bouger le monde. Barack homogène qui se dresse contre le
Obama est démocrate. Nous formons reste de la planète. Nous prônons
beaucoup d'espoir dans son programme les rapprochements interrégio-
de changements pour les Etats-Unis. naux, que ce soit au sein de l'Union
pour la Méditerranée, qui doit rapide-
Un monde équilibré ment être dotée d’un véritable budget,
l'Organisation Internationale de la
Nous pensons qu'il doit y avoir dans le Francophonie ou l'Organisation de
monde un certain équilibre de la puis- l'Alliance des Civilisations.
sance, au moins un réel équilibre diplo-
matique. Nous ne voulons pas d'un Une réorganisation des instances inter-
monde qui serait dominé, peut-être nationales
exploité par un, deux ou trois « empires »
dirigés par des superpuissances. L'histoire De façon générale, le dispositif institu-
nous a appris que le colonialisme, même tionnel doit être simplifié pour permettre
porté (sincèrement ou pas) par de bonnes à tous les pays de participer aux déci-
intentions, est une atteinte à la dignité des sions qui les concernent. Le FMI et la
hommes. Il s’en met en place une nouvelle Banque Mondiale doivent voir
forme qui repose sur la domination éco- leur gouvernance modifiée pour
nomique. donner un poids plus grand aux pays
émergents et en développement et pour
Nous voulons voir à la table des renforcer leurs pouvoirs respectifs. Celui
grandes affaires du monde, dans du FMI pour coordonner les politiques
un respect mutuel, les grands pays de la macroéconomiques et celui de la
planète, comme les États-Unis, la Chine, Banque mondiale pour assurer l’aide au
la Russie, peut-être l'Inde et le Brésil, et développement.
des unions de pays ayant des
intérêts communs comme l’Europe et Enfin, la prégnance croissante des défis
d'autres unions régionales. environnementaux impose la création
d'une organisation mondiale de l'envi-
Nous refusons l'idée qu'il y ait un « occi- ronnement de plein exercice.
dent », un seul occident, et que tout le
monde, dans l'occident, ait, au fond, les
mêmes valeurs, les mêmes principes, les
mêmes choix stratégiques. Cette idée
fausse est porteuse de très grands ris-
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EMENT
CRATE
MOUV
DEMOC

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