et développement durable

Évaluation

Des indicateurs pour donner

du sens au développement durable
3 enjeux
7 conditions de réussite
Collection

et les ressources essentielles

Plusieurs textes de référence, qu’ils soient ou non à portée législative, soulignent
le rôle de l’évaluation dans la conduite d’un projet, d’un programme ou d’une
politique. Ce rôle est affirmé avec force lorsqu’il s’agit de développement durable :
Déclaration de Rio et ses 27 principes, Loi d’Orientation pour l’Aménagement
et le Développement Durable du Territoire (LOADDT, 1999) et la loi Solidarité et
Renouvellement Urbains (SRU, 2000). L’évaluation vise à analyser les résultats
obtenus, en termes d’effets et d’impacts, au regard d’une situation, d’objectifs
fixés et de moyens mis en œuvre. Tout l’enjeu de l’exercice est de s’interroger
sur le sens de la politique ou de l’action, et de chercher à l’améliorer, sur
le fond, comme sur la forme. Le développement durable appelle de nouvelles
manières de conduire un projet, on parle de processus d’évaluation et de stratégie
d’amélioration continue. Évaluer revient à s’inscrire dans une démarche de projet
et de progrès, et non pas à distribuer bons et mauvais points. Les indicateurs
de développement durable constituent des outils au service de l’évaluation du
développement. Ils permettent de simplifier l’information, d’introduire des valeurs et
une nouvelle façon d’appréhender le monde, en somme, de faciliter l’acculturation
de tous au développement durable.

L’évaluation en matière de développement durable et la construction d’Indicateurs

de Développement Durable (IDD) s’inscrivent aujourd’hui encore dans un cadre
expérimental. Bien que les expérimentations de terrain tendent à se multiplier, il
existe encore peu d’outils méthodologiques nouveaux construits pour les besoins
d’une approche fondée sur le développement durable. Ceux-ci sont à inventer en
collaboration avec les acteurs de terrain : les élus, les techniciens, les experts, les
associations, les entreprises, les citoyens... Dans cette fiche, nous nous attacherons
à développer l’intérêt de s’engager dans une telle démarche en mettant en exergue
les grandes vocations des indicateurs, et également à proposer des éléments de
repère pour les construire.
3 enjeux
Communiquer, aider à la décision,
mesurer ses progrès et se comparer
L’ambition préalable à toute démarche de développement durable est d’élaborer un cadre
de référence commun aux différents acteurs, de mettre en perspective une méthode,
des enjeux et des valeurs partagés. Au regard d’un contexte et d’objectifs assignés,
les indicateurs constituent une composante essentielle d’une démarche en faveur du
développement durable. Le point de départ d’une démarche de construction d’IDD est
de s’interroger sur l’usage que l’on compte en faire. Les indicateurs ne sont pas une fin
en soi. Dans certains cas, ils recouvriront une fonction réellement stratégique, d’aide à
la décision, ou bien encore plus modestement une fonction d’information. Utilisés pour
mesurer le progrès, ils servent aussi à identifier ses propres marges d’amélioration et de
performance, mais également à se comparer à d’autres collectivités ou territoires.

>Communiquer, faciliter la compréhension
et l’appropriation collective
du développement durable
La première condition de la mise en œuvre du développement
durable réside dans la compréhension individuelle des urgences
écologiques et sociales de notre monde actuel, puis l’adhésion
et la mobilisation. Les collectivités locales ont la responsabilité de
faciliter cette prise de conscience et d’aider au passage à l’action
de l’ensemble des acteurs du territoire. Dans cette perspective, les
indicateurs ont un intérêt stratégique en termes de sensibilisation
et de qualification. Tant en amont qu’en aval d’un projet ou d’une
politique, outils de transparence, et d’aide à l’appropriation des
enjeux et des problématiques traités, les indicateurs facilitent la
diffusion de l’information, le dialogue et le renforcement des colla-
borations. La dimension collective, participative de la construction
d’indicateurs territorialisés, adaptés au contexte du territoire et
à ses enjeux, constitue en quelques sortes “la voie royale” pour
remplir cette mission.
L’élaboration du contrat d’agglomération de la Commu-
nauté Urbaine de Dunkerque pour la période 2000-2006 en
témoigne. Tout au long de son déroulement, la démarche a été
participative, associant élus, partenaires de la société civile et
agents des collectivités. Avec
le soutien méthodologique
Contact : Mathilde Vanderrusten,
d’un cabinet d’étude, cette
Communauté Urbaine de Dunkerque,
tél. 03 28 62 70 00 phase participative, à travers
la richesse des points de
vue et expertises, a permis
de définir des indicateurs globaux, et territorialisés, capables
d’exprimer la transversalité du développement durable. Paral-
lèlement, a été élaborée la méthode d’évaluation au regard du
développement durable, méthode qui intègre complètement le
rôle de la participation dans la définition des indicateurs. La mise
en place d’indicateurs était ainsi envisagée avec une conception
élargie de la participation. Au-delà des enjeux d’information et de
consultation du public, cette phase a été un moment privilégié
pour les acteurs locaux, un temps d’appropriation collective des
enjeux du contrat d’agglomération.
>Aider à la décision
Hiérarchiser les priorités et anticiper
Parce qu’ils sont des facilitateurs de l’observation et de l’analyse
d’un phénomène, d’une action ou d’une politique, parce qu’ils
permettent une interprétation de la réalité... Identifiant et qualifiant
un problème, les indicateurs sont un appui en tant qu’aide à la
décision. Ils peuvent ainsi favoriser l’identification de signaux forts
ou faibles et permettre d’anticiper les changements ou les trans-
formations en cours. Les indicateurs recouvrent en particulier une
fonction de veille stratégique très efficace pour analyser l’émer-
gence de problèmes nouveaux et agir à la bonne échelle. Utilisés
comme un système d’information et d’alerte, ils permettent aux
décideurs d’être réactifs, facilitant la hiérarchisation des priorités
d’action - à l’échelle de la ville et des quartiers dans l’exemple
ci-après de la cellule de prospective sociale, ou à une échelle
élargie dans le cas de l’AFME (Analyse des Flux de Matières et
d’Énergie). Ils apportent également des réponses adaptées à un
changement de situation en vue de prendre le cas échéant les
mesures correctrices nécessaires.
C’est dans cette optique, pour suivre et analyser l’évolution de
la situation sociale des quartiers, que la Ville de Lille a créé une
cellule de prospective sociale pour anticiper l’action sociale
et d’insertion de la municipalité. Parmi les missions de cette
cellule, tirer le portrait social des quartiers de Lille, autrement
dit, qualifier la situation sociale des populations des quartiers et
 d’analyser les tendances d’évolution, mais également analyser
les effets des réponses apportées par les différents dispositifs
et mesures engagés par la Ville et ses partenaires, comme par
exemple les aides sociales au logement. La cellule centralise
des informations issues de différentes institutions, crée ses
propres indicateurs, tel que l’Indice de Précarité. Élus, services,
ou encore acteurs locaux (en particulier les conseillers de
quartiers) disposent ainsi d’informations viables et actualisées
leur permettant de suivre l’évolution de la situation sociale à
l’échelle des quartiers et de
la ville, d’en identifier leurs
En savoir plus sur la cellule de
prospective sociale : Rodolphe caractéristiques sociales
Dumoulin, directeur de l’action sociale, en termes d’atouts et de
rdumoulin@mairie-lille.fr, Mairie de faiblesses, et d’analyser
Lille, tél. 03 20 49 50 00 les mesures de la politique
d’action sociale et d’inser-
tion de la Ville en vue de dégager des axes stratégiques à
développer. (Voir en page 5 le graphe de l’indice de précarité
appliqué aux quartiers de Lille)
Par ailleurs, la Ville de Lille s’est lancée dans une Analyse des
Flux de Matière et d’Energie (AFME) pour comprendre ses
consommations à l’échelle du territoire et inspirer la politique
locale en matière de gestion de flux. Ce bilan matière et énergie
a permis de mesurer les impacts des flux, de dégager des pistes
de travail et d’amélioration en vue d’une gestion plus économe
et intégrée des ressources du territoire. L’étude a permis par
exemple de détecter une opportunité régionale d’utilisation
des textiles usagés (le coton) dans la fabrication de matériaux
isolants pour la construction.
Cependant, soulignons que les problématiques autour des flux
requièrent une grande échelle d’analyse et d’action (voir à ce
titre le dossier Écopal, rubrique écologie industrielle sur www.
cerdd.org) qui dans le cas présent suppose un élargissement
au-delà du périmètre et des compétences (gestion de l’eau, des
déchets, des transports, de l’action économique) de la ville de
Lille et de ses
communes
En savoir plus sur l’AFME :
associées. Ari Brodach, abrodach@mairie-lille.fr,
Mairie de Lille, tél 03 20 49 50 00
>Mesurer
ses progrès vers le développement
durable et se comparer avec d’autres
La relative complexité – de prime abord ! - d’un projet de dévelop-
pement durable (articulation des dimensions du développement,
social, économique, environnement, prise en compte des effets à
long terme et à une échelle géographique élargie) suppose, pour
être dépassée, une approche pragmatique et progressive. Le
“tâtonnement” ici, est utile, car il vient servir une vision d’ensemble
des problématiques pensées jusque là séparément. C’est tout
l’enjeu d’une stratégie d’amélioration et d’un processus d’éva-
luation que de se questionner pour se corriger et progresser.
L’indicateur est à considérer comme un outil permettant de suivre
et de mesurer les progrès accomplis en faveur du développement
durable dans le temps. Il permet également de comparer des
évolutions dans l’espace, d’un territoire à un autre.
Deux grands profils d’indicateurs du développement durable
peuvent être ainsi distingués (voir l’interview en page 4) :
- les indicateurs pour évaluer les politiques publiques au regard
du développement durable
- et les indicateurs territoriaux de développement durable pour
apprécier l’évolution du territoire vers un développement
durable.
En fonction du moment de l’évaluation, en amont d’une politique
ou lors d’un diagnostic de territoire, pendant la phase de mise en
œuvre, ou bien encore en aval, après la
réalisation de l’action ou de la politique,
les indicateurs n’endosseront pas les L’évaluation d’une
mêmes rôles. politique ou d’un
- En phase amont de la définition territoire doit permettre
d’un projet ou d’une politique, les d’objectiver une situation,
indicateurs serviront à l’orienter ; une réalité observée.
en aval, à corriger le cas échéant
les trajectoires poursuivies. On parle ainsi dans le cadre d’un
diagnostic de territoire d’indicateurs d’état et de pression, ou
encore pour l’évaluation d’une politique d’indicateurs de suivi, de
résultat ou encore de moyen, d’impact.
- L’engagement d’une collectivité vers la durabilité passe par
la définition concertée d’exigences minimales et de niveaux
de performance à atteindre. On parle alors d’indicateurs de
performance. Ils dépendent à la fois de la volonté politique
et de la force du consensus établi entre les partenaires d’une
politique donnée.
Dans le cadre de sa démarche d’agenda 21 départemental,
le Conseil Général du Nord produit chaque année un état
de réalisation du programme d’actions en cours. Ce dernier
permet ainsi régulièrement de rendre compte de la mise
en œuvre concrète de l’agenda 21. Depuis juillet 2007, un
troisième programme d’actions est en cours. Le document
Agenda 21 édition 2007 inventorie l’ensemble des actions
du programme sous forme de fiches dans lesquelles sont
précisés le pourquoi, le comment, les résultats attendus et
les indicateurs de suivi de l’action. A titre d’exemple, voici
quelques indicateurs créés pour suivre l’action 33 (programme
d’actions édition 2005) “acquérir des vélos de service pour
les déplacements professionnels urbains de courte distance” :
nombre d’agents du site pilote à faire des déplacements
professionnels de courte distance utilisant les vélos de service
(objectif 20%), nombre d’agents formés à la bonne pratique
du vélo en ville (objectif
20%), mise en place de
Pour en savoir plus : Jean-Claude
planning d’utilisation des
Lefrançois, Directeur Général Adjoint,
vélos, achat d’équipements tél 03 20 63 59 77, www.cg59.fr
nécessaires (sacoches,
parka..), nombre de vélos
personnels dans le parking à vélos sécurisé (utilisés pour un
déplacement domicile-travail)... Une batterie d’indicateurs de
suivi de la politique départementale en faveur du développe-
ment durable a ainsi été développée pour suivre la mise en
œuvre des 95 actions.
2/3
 Au-delà des compteurs économiques classiques,
une connaissance du territoire revisitée
avec les nouveaux indicateurs de richesse
Entretien avec Nathalie Holec,
“
Responsable de la mission Développement Durable
au Conseil Régional Nord-Pas de Calais
L’un des objectifs de la stratégie régio-
nale de développement durable, adoptée
en 2000 par les élus et réaffirmée dans
l’Agenda 21 régional, est de construire des
outils de diagnostic du territoire régional
au regard des enjeux du développement
durable. Le Conseil Régional Nord-Pas de
Calais a fait le choix de calculer des indica-
teurs synthétiques, complémentaires au
PIB, qui sont autant de thermomètres indis-
pensables à la mesure de la santé sociale
et environnementale de notre région.”
En 2003, le Conseil Régional Nord-Pas de Calais a calculé
l’empreinte écologique régionale (Cf page suivante). Notre
objectif principal était ici d’ordre pédagogique et visait à
faire prendre conscience aux élus et aux habitants que la
région Nord-Pas de Calais exerce une pression trop forte sur
l’environnement et le menace à plus ou moins court terme.
Le calcul de l’empreinte écologique de la région montre en
effet qu’il faudrait plus de 7 fois la superficie de la région
Nord-Pas de Calais pour répondre aux besoins actuels de
la population régionale. Notre mode de développement est
en cause ce qui implique de faire d’autres choix, notamment
en terme de politiques publiques, afin de réduire cette
empreinte. L’empreinte éco-
En savoir plus sur les nouveaux logique constitue pour nous
indicateurs de richesse : un outil de communication
Nathalie Holec, assez puissant qui permet
n.holec@nordpasdecalais.fr, d’informer et de sensibiliser
Conseil Régional Nord-Pas de Calais, le grand public et qui donne
Tél. : 03 28 82 70 30 la mesure des changements
à opérer à titre individuel
et collectif pour répondre aux enjeux du développement
durable.
Fin 2003, la Région a décidé de tenter de régionaliser les
Indicateurs de Développement Humain (IDH) proposés
par le PNUD, avec l’aide de Jean Gadrey, professeur à l’uni-
versité de Lille 1 et co-auteur “Des nouveaux indicateurs
de richesse” (voir le “zoom sur” les IDH page 5).
Ceci constitue une première en France et en Europe. Les
travaux ont été menés en collaboration avec la région
Wallone. La finalité ici était de disposer d’un indicateur
synthétique, mettant l’accent sur l’aspect humain du déve-
loppement durable et permettant d’établir des comparaisons
dans le temps (évolution de notre niveau de développement)
et dans l’espace avec d’autres régions et des pays. La
principale difficulté rencontrée a été l’absence, au niveau
régional, de certaines données sociales cruciales qui entrent
dans la composition des IDH, ce qui nous a conduit à inter-
peller les organismes statistiques nationaux. Notre objectif
est que d’autres collectivités locales se saisissent de ces
indicateurs, les calculent à leur échelle afin qu’ils gagnent en
légitimité et puissent devenir une référence au même titre
que le PIB. Ils pourraient très bien être alors utilisés comme
des critères d’attribution des aides publiques nationales ou
européennes.
Enfin, fin 2006, nous nous sommes lancés dans une nouvelle
aventure : celle de la déclinaison au niveau régional du
Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté (BIP 40).
Il s’agit d’un indicateur national mis au point par le Réseau
d’Alerte sur les Inégalités qui permet de mesurer la progres-
sion ou la régression des inégalités et de la pauvreté dans
six domaines : logement, éducation, justice, santé, revenus et
travail, et emploi. Ce travail devrait déboucher fin 2007 sur la
production d’un rapport sur les inégalités et la pauvreté dans la
région Nord-Pas de Calais, par Florence Jany-Catrice, maître
de conférences à l’université de Lille 1. Nous souhaitons que
ce baromètre soit utilisé comme un outil d’alerte pour les élus
et qu’il soit également source de débat public sur les choix à
opérer en matière de développement régional.
En bref, ces trois types d’indicateurs synthétiques devraient
nous permettre d’apprécier l’évolution du territoire vers un
développement durable, de tirer la sonnette d’alarme si tel
n’est pas le cas et d’entrer en dialogue avec la population
sur les choix qui s’imposent pour que le Nord-Pas de Calais
s’engage sur la voie d’un développement durable. Nous
avons également dans l’idée de tenter d’adapter ces indica-
teurs à l’échelle infra-régionale pour répondre aux besoins
des territoires.
 L’empreinte écologique :
un outil puissant de communication
et de sensibilisation
Cet indicateur inventé au début des années 90 vise
à mesurer la pression que l’homme exerce sur la
nature. Il met en évidence la surface théorique de
sol et de mer nécessaire, d’une part, pour produire
l’intégralité des biens et des services consommés
par la société, et, d’autre part, pour assimiler
l’ensemble des déchets produits. Il synthétise
des données dans le domaine des transports, de
l’alimentation et de l’habitation. Cet indicateur a un
intérêt pédagogique fort. Il permet à un large public
de prendre conscience de l’impact écologique des
décisions collectives et individuelles en termes de
transports, d’habitats, de modes de consommation
et de production. Il constitue donc l’occasion de
mettre en débat nos choix de société et leur
incidence sur l’avenir de la planète. Néanmoins,
il ne permet pas de faire apparaître l’impact à court
terme des choix politiques.
www.footprintnetwork.org : site du Global
Footprint Network, association d’utilité publique
de promotion de l’empreinte écologique (en
anglais)
Exemples de déclinaisons de l’empreinte
écologique en outils de communication :
Test Climact, ADEME, dans le cadre de
la Campagne “Faisons vite, ça chauffe !”
Programme de calcul Agir 21 sur :
http://www.agir21.org
Programme de calcul WWF sur :
http://www.wwf.fr/s_informer/calculer_
votre_empreinte_ecologique

Pour en savoir plus :
L’Indicateur de Développement Humain :
rendre compte de la qualité de vie
Depuis 1990, le Programme des Nations-Unies
pour le Développement (PNUD), a adopté l’Indice
de Développement Humain (IDH) dans le cadre
de son rapport
annuel sur le déve-
Pour en savoir plus sur le classement
loppement humain
des pays selon l’IDH : http://www.
populationdata.net/palmares_idh.php dans le monde.
Cet indicateur syn-
thétique se calcule
comme une moyenne de trois séries de données :
zoom sur...
la longétivité et la santé (indicateur : l’espérance de
vie à la naissance), l’instruction et l’accès au savoir
(indicateurs : taux d’alphabétisation des adultes et
taux brut de scolarisation), enfin l’accès à un niveau
de vie décent (indicateur : PIB par habitant). Outil
de mesure des progrès d’un pays, l’IDH permet
de classer les pays du monde au regard de leur
développement qualitatif et non uniquement
économiquement quantitatif comme le PIB, et de
faciliter ainsi les comparaisons internationales.

Un indice de précarité à l’échelle de Lille

et de ses quartiers
L’indice de précarité permet de mesurer le poids de Indice de précarité comparé en poids quartier
et pour 10 000 habitants
la précarité dans le quartier. Le rapport de l’indice
de précarité sur 10 000 habitants permet quant-à
lui d’apprécier la concentration de la précarité dans
le quartier au regard de la population du quartier
sur la population lilloise totale. A titre d’exemple,
le graphique met en évidence que 7,5% des
personnes en situation de précarité à Lille habitent
le quartier Faubourg de Béthune et que la concen-
tration de personnes en situation de précarité dans
ce quartier est élevé (+ de 16%).

4/5
Éléments de repère
Les conditions nécessaires à une démarche de
construction d’indicateurs de développement durable

Bien souvent, la démarche de

construction d’un cadre méthodologique
de référence pour l’évaluation (dont les
indicateurs sont des outils clefs) est
disjointe de celle relevant de l’élaboration
de politiques publiques. Or, l’imbrication
de ces démarches est en elle-même une
garantie d’efficacité trop peu exploitée,
en termes de qualité, d’appropriation.
un portage politique
Une démarche relative à la définition et technique fort
d’indicateurs, qui est directement
articulée avec celle relative à l’élaboration L’expérience montre que des indicateurs qui ne sont pas
d’un projet (ou d’une politique), se révèle appropriés par les élus ne rempliront jamais leur fonction
un atout considérable pour la qualité d’aide à la décision ou de communication. Or, la mise en
de ce dernier et pour son appropriation place d’indicateurs reste un domaine particulièrement
par les acteurs. La réflexion sur les sensible, parce que liée directement à des objectifs stra-
indicateurs permet de préciser un tégiques.
contenu au développement durable, et
de définir peu ou prou son modèle de Le développement durable appelle à dépasser nos systèmes
développement durable. cloisonnés, à s’inscrire dans des approches globales et
transversales, ce qui bouscule le plus souvent nos organisa-
Sept conditions nous semblent tions “verticales”. Si le portage politique reste faible, de fait,
indispensables à la construction il est difficile de mobiliser et d’impliquer les services.
d’indicateurs de développement, Le portage de tous les niveaux de compétence, tant

1
nous vous les livrons dans les pages techniques que politiques, constitue donc un gage de
suivantes. réussite.

Il importe que les relations entre ces niveaux

soient très étroites en vue d’une bonne articula-
tion entre les logiques politique et technique, et
que les élus soient impliqués dans le processus
3 questions préalables à d’élaboration des indicateurs et participent au
la démarche d’élaboration portage de la démarche dans la durée. Ainsi, les
d’indicateurs : indicateurs permettront d’analyser les évolutions
− Pour qui et pour quels de phénomènes et les trajectoires de politiques ou
usages ? d’actions dans le temps.
− Que veut-on évaluer ?
− Que peut-on évaluer ?

associer les acteurs
en amont (dès la
collecte d’informations
et la consolidation des
données)
Souvent les gestionnaires sont tentés de définir seuls
les indicateurs. Le risque principal est de concevoir un
système d’indicateurs non adapté et non accepté par les
acteurs. Or, sont concernés par l’évaluation
tous les acteurs concernés, directement ou in-
2
directement, par une démarche, une politique,
un territoire. La méthodologie de construction
d’indicateurs appelle un mode de faire ensem-
ble pour développer une vision partagée.
Chacun possède des informations et des don-
nées, aussi s’agit-il de les rendre accessibles,
de les partager voire de les co-produire. Tout
l’enjeu réside donc dans la capacité à faciliter
l’appropriation de la démarche et les outils de
l’évaluation par le plus grand nombre. Associer les services
et leurs partenaires directs, ainsi que, dans une perspective
plus large, les acteurs locaux (dont la population) dans le
cadre de la collecte, de la consolidation des données et du
traitement de l’information permettra d’optimiser le travail
ultérieur de renseignement, et d’éviter ainsi d’avoir des
indicateurs non ou mal renseignés. D’où l’importance de
s’interroger sur les “producteurs” de données à associer à sa
démarche. Le renforcement des collaborations et des parte-
nariats permet de plus de diminuer le coût de la collecte et
de la production d’informations ou de données.
Pour rappel (cf également la partie sur les grandes
fonctions des indicateurs), une élaboration sur un mode
partenarial des indicateurs présente d’autres avantages :
− L’appropriation du développement durable par les
acteurs locaux ;
− La connaissance des enjeux d’une politique ou d’un
territoire, et leur hiérarchisation (pour attirer l’atten-
tion sur les points les plus sensibles) ;
− L’enrichissement des indicateurs par les partenaires
et les acteurs concernés.
des indicateurs qui
reflètent les réalités
locales
La tentation de recourir à des indicateurs, ou des systèmes
d’indicateurs renseignés à l’échelle nationale est souvent
grande, mais généralement vite balayée. Ceux-ci peuvent
s’avérer difficilement transposables au niveau des collecti-
vités locales (pertinence au regard du contexte local, de la
disponibilité des données...).
3
L’utilisation locale de grands indicateurs
nationaux n’est pas une règle à retenir,
par contre elle est de nature à faciliter les
comparaisons entre territoires et veiller à
la cohérence de ses actions. À plus grande
échelle, soulignons l’intégration des objectifs
européens en matière de développement
durable au sein de la Stratégie Nationale
de Développement Durable (SNDD) ; les
clefs d’entrée des indicateurs nationaux de
la française correspondent aux thématiques
de la Stratégie Européenne de Développement Durable
(SEDD). Les indicateurs nationaux contribuent ainsi à
éclairer la mise en œuvre de la SEDD.
Certaines données sont désormais territorialisées comme
les “profils territoriaux” de l’INSEE. De plus, l’inventaire
communal de l’INSEE permet également d’obtenir des
informations statistiques locales. Par ailleurs, l’IFEN (Ins-
titut français de l’environnement) a constitué une base de
données statistiques sur l’environnement dans les régions
et les départements appelée EIDER (Ensemble Intégré des
Descripteurs de l’Environnement Régional) qui rassemble
l’information environnementale disponible au niveau des ré-
gions et des départements, sous forme de séries statistiques
réparties par grandes thématiques (air, eau, déchets, faune
et flore, sols, etc.).
L’élaboration d’une batterie d’indicateurs est l’occasion
pour les acteurs de définir leurs attendus du dévelop-
pement durable, au regard des caractéristiques de
leur territoire et de critères de mise en œuvre d’une
politique. La collectivité s’assure ainsi de la bonne
prise en compte des besoins et attentes. La sélection
d’indicateurs sera en effet révélatrice des enjeux, des
dynamiques et des besoins qui émergent à un moment
donné sur un territoire.
6/7
 Liste non exhaustive de producteurs de
données et d’observatoires au niveau
régional et national
Les observatoires régionaux et nationaux réperto-
riés permettent de faciliter l’accès à une sélection
d’informations produites à différentes échelles
spatiales. Les principales structures régionales
d’observation sont inventoriées sur le Site du Portail
d’information et de veille économique de la Région
Nord-Pas de Calais :
http://piver.npdc.free.fr/index.php
Principaux producteurs régionaux de données
dans les domaines économique, social ou
environnemental :
- Institut National de la Statistique et des Études
Économiques du Nord-Pas de Calais : Portrait des
régions (tableaux de bord des contrats de pays et
d’agglomération ; Territoires et revenus fiscaux),
Ressources...
les profils territoriaux, les inventaires communaux.
http://www.insee.fr
- Institut français de l’environnement (IFEN). Base
de données EIDER : base de données statistiques
sur l’environnement dans les régions et les
départements. http://www.ifen.fr
- Conseil Régional Nord-Pas de Calais, Direction de
la Prospective, du Plan et de l’Evaluation. Données
géographiques SIGALE
http://www.sigale.nordpasdecalais.fr
- Direction Régional de l’Equipement (DRE,
cellule statistiques transport et cellule statistiques
construction) : bases de données SITADEL
(Système d’information et de traitement automa-
tisé des données élémentaires sur les logements
et les locaux). FILOCOM http://www.nord.
equipement.gouv.fr
- Direction Régionale de l’Environnement (DIREN,
Service des Enjeux Environnementaux et des
Systèmes d’Information). Base de données Basol
sur les sites et sols pollués ou potentiellement
pollués appelant une action des pouvoirs publics,
à titre préventif ou curatif du Ministère de
l’Ecologie : http://basol.ecologie.gouv.fr
- Bureau de Recherches Géologiques et Minières
(BRGM). Inventaire BASIAS, inventaire d’anciens
sites industriels et activités de services,
http://basias.brgm.fr
- Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt
(DRAF, Service Statistique Agricole). Base de
données économiques agricoles du Ministère de
l’agriculture (AGRESTE) :
http://www.agreste.agriculture.gouv.fr
- Direction Régionale des Affaires Sanitaires et
Sociales (DRASS, Services statistiques et études).
Mémento des Statistiques et indicateurs de la santé
et du social (STATISS) du Ministère de la Santé :
www.sante.gouv.fr/drees/statiss/default.htm
Autres producteurs de données : Direction
Régionale du Travail, de l’Emploi et de la Formation
Professionnelle (DRTEFP, Service Etudes Prospectives
Evaluation et Statistiques), Agence de l’Environnement
et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), Direction
Régionale de l’Industrie de la Recherche et de
l’Environnement (DRIRE), Agence de l’eau Artois
Picardie, Conseil Général du Nord (Mission Études
et prospective), Chambre Régionale de Commerce et
d’Industrie (CRCI, Département Études et prospective).
Au niveau local : Centres locaux des impôts, Comités
des bassins d’emploi, Chambres de commerce et
d’industrie, chambres des métiers, chambres d’agricul-
ture.
Sélection d’observatoires qui produisent ou
diffusent des données régionales, territoriales ou
locales :
- Observatoire des territoires de la DIACT :
www.territoires.gouv.fr
- Institut Régional de la Ville (IREV) : www.irev.fr
- Eurostat (données régionales) :
http://epp.eurostat.ec.europa.eu
- Observatoire régional des transports de la DRE
- Pôle régional mutualisé des CAF du Nord-Pas de
Calais
- Observatoire régional de la Santé :
www.orsnpdc.org
- Réseau d’Observatoire Régional de l’Emploi et de la
Formation du C2RP
- Réseaux de surveillance et d’information sur la qualité
de l’air : www.atmo-npdc.fr
créer et innover
pour exprimer la
transversalité du
développement durable
Le coût est un élément déterminant à prendre en compte
dès le lancement d’une démarche de construction d’in-
dicateurs. Dans les faits, le manque de disponibilité
de données peut parfois engager une remise en cause
de la faisabilité technique et financière de la démarche,
supposer une réorientation de la démarche ou des moyens
supplémentaires.
Des règles de gestion
des données prenant
en compte la dimension
“temps”
L’opérationnalité des indicateurs peut se heurter à leur
disponibilité et à leur validité dans le temps. Ainsi, des dis-
positifs d’évaluation performants à leur lancement peuvent
échouer du fait de la péremption des données collectées
ou de leur non renouvellement.
Généralement mis en place dans le cadre de politiques
locales spécifiques, les observatoires locaux

5
S’appuyer sur des référentiels d’indicateurs existants permet
d’éviter la multiplication des coûts. Mais surtout, la construc-
tion d’indicateurs du développement durable appelle à la
créativité et à l’innovation, pour exprimer des notions telles
que la qualité de vie ou le bien être des habitants (à voir
prochainement sur www.cerdd.org, rubrique
Evaluation, les articles sur l’expérimentation
constituent des moyens efficaces pour accé-
der aux données en temps réel et veiller à leur
actualisation régulière. Plus modestement, il
s’agit de concevoir des outils et de définir des
règles communes pour faciliter la production
de données et simplifier leur gestion au fil du
temps : tableur informatique, fiche type de

4
Indicateurs Participatifs de Bien Être à l’échelle renseignement... Par exemple, une fiche de
de la Communauté d’Agglomération d’Hénin renseignement d’un indicateur peut préciser
Carvin et de la ville de Loos-en-Gohelle). En sa fréquence de calcul, les échelles géogra-
cela, l’évaluation en matière de développement phiques auxquelles il est disponible, et ses
durable et la construction d’Indicateurs de limites d’utilisation...
Développement Durable (IDD) s’inscrivent
aujourd’hui encore dans un cadre expérimental. Le mode de gestion des données et leurs règles
Bien que les expérimentations de terrain ten- doivent être définis en amont en vue d’asseoir la phase
dent à se multiplier, les IDD restent à inventer opérationnelle de la construction d’indicateurs. Comme
en collaboration avec les acteurs de terrain : nous l’avons souligné précédemment, dès le lancement
élus, techniciens, experts, associations, entreprises, citoyens... d’une démarche, il convient de s’assurer de la dispo-
Ainsi, des données peuvent être croisées de façon originale nibilité des données dans le temps et également de
pour exprimer la transversalité d’un projet. leur périodicité de production. L’objectif est de disposer
d’indicateurs ou d’un ensemble
Les données environnementales détenues par les auto- d’indicateurs significatifs, dispo-
rités publiques sont accessibles sur simple demande nibles et pouvant être mis à jour Quels que soient
(en référence à la Convention d’Aarhus et à l’article 7 facilement. les moyens utilisés,
de la Charte de l’environnement) ; il faut néanmoins De façon pratique, dans le cadre la rigueur scientifique
identifier auprès de quels acteurs et/ou organismes de la construction d’un système doit animer l’ensemble
elles le sont. d’indicateurs, il est possible au de la démarche
Par ailleurs, les indicateurs doivent illustrer au mieux les départ de limiter leur nombre d’évaluation.
effets et les impacts du changement que l’on cherche à et de définir avant tout des Les indicateurs doivent
mesurer, de nouveaux indicateurs peuvent être à conce- indicateurs adaptés aux objectifs être vérifiables,
voir et des données peuvent être à produire à l’échelle du projet et du programme susceptibles d’expéri-
de la collectivité, ce qui induit parfois une évolution d’action. Le système pourra mentation et
du système statistique et du système de collecte de être enrichi ultérieurement, une reproductibles.
données. fois les habitudes et les modes
partenariaux de travail adoptés pour collecter des
informations et consolider des données. Un tel système
peut être qualifié d’ouvert : la suppression, la correction
ou l’ajout d’un nouvel indicateur doit être possible à
tout moment. En l’occurrence, les règles d’intégration
des nouvelles données devront permettre d’assurer la
cohérence et l’homogénéité du système.

8/9
L’alternative : tableaux
de bord et indicateurs
synthétiques
Les avantages des indicateurs simples, supportés par des
outils bien connus tels que les tableaux de bord, d’une
part, et d’autre part, des indicateurs synthétisant plusieurs
données, dénommés indicateurs synthétiques, méritent
d’être regardés de près afin de pouvoir en appréhender
les usages respectifs. Il importe dès le départ de définir la
finalité précise de leur construction.
La construction d’indicateurs synthétiques soulève néan-
moins des difficultés d’ordre méthodologique notamment
concernant le choix des composantes, l’agrégation et la
pondération entre les indicateurs qui composent l’indice. Ces
freins peuvent être levés en particulier lorsque ce type
d’indicateurs est construit sur un mode partenarial.
6
Malgré les limites d’ordre technique et méthodologi-
que, leur intérêt est d’introduire des idées nouvelles,
d’ouvrir un débat comme en témoigne Nathalie Holec
(Cf. l’encart Les nouveaux indicateurs de richesse).
Les systèmes d’indicateurs comme les tableaux de
bord répertorient toute une série d’indicateurs
simples. Différents modes de représentation
7
de tableau de bord existent. A titre d’exemple,
la Commission Européenne pour l’ensemble
des évaluations s’appliquant à ses politiques et pro-
grammes a élaboré un cadre méthodologique fondé
sur le modèle “réalisation-résultat-impact”. Elle
propose, dans un premier temps, d’enregistrer les faits
concrets engagés dans le cadre du programme, pour
évaluer ensuite les effets à court et à long terme. Les
indicateurs de réalisation portent sur les réalisations
physiques ou, dans le cas des services immatériels, sur
les services proposés aux bénéficiaires. Les indicateurs de
résultat décrivent la façon dont les bénéficiaires réagissent
à l’intervention ou l’effet immédiat de l’intervention sur un
public cible. Enfin, les indicateurs d’impact apprécient l’effet
d’une intervention par rapport à ses objectifs socio-écono-
miques. Ils ne se limitent pas aux seules conséquences de
l’action sur les bénéficiaires directs, mais considèrent aussi
les effets du projet sur l’environnement, le territoire.
Les tableaux de bord apportent une aide à la décision
en fonctionnant comme un dispositif d’alerte. Ce type
d’outil précis et exhaustif a néanmoins pour incon-
vénient principal la difficulté de rendre accessible et
communicable les informations qu’il renferme. Incon-
vénient auquel pallient les indicateurs synthétiques type
empreinte écologique ou Indice de Développement Hu-
main qui combinent des données de nature différente.
Ces indicateurs ont pour avantages de synthétiser
des données et de simplifier la communication, et par
conséquent la compréhension de phénomènes ou de
problématiques parfois complexes.
Mettre en forme : des
modes de représentation
à adapter au(x) public(s)
En amont, la définition de l’usage futur des indicateurs
et de leurs cibles finales servent finalement d’aiguillon
dans la phase de détermination du ou des mode(s) de
représentation des informations. La problématique est la
suivante : comment valoriser les informations et les résul-
tats de l’évaluation ?
Plusieurs modes de représentations sont offerts :
- Les tableaux, et, en particulier, les tableaux de bord qui
permettent de faciliter le suivi des politiques, plans et
programmes.
- Les graphiques et autres diagrammes : radars, histo-
grammes, camemberts, courbes... L’outil radar est un
outil de communication simple et facile à utiliser. La forme
du graphique permet d’interpréter et d’analyser rapidement
les données du territoire ou de la politique étudiés. Il peut
également faciliter les comparaisons dans le temps et dans
l’espace d’une situation donnée.
- Les cartes : l’Atlas Régional du Développement durable
Nord-Pas de Calais constitue un bon exemple du champ des
possibles en termes de modes de représentation
d’informations (Atlas régional du développement
durable, Nord-Pas de Calais, éditions de l’Aube,
janvier 2004).
- ...
Tous ces différents supports d’information doivent
faciliter l’interprétation et l’utilisation des données
produites. Les clefs de compréhension des infor-
mations doivent être apportées. Cela signifie par
exemple de donner une définition des indicateurs,
de préciser les organismes producteurs, le cas
échéant, les méthodes de calcul, etc.
La gestion de l’information joue un rôle déterminant
dans le processus de construction des indicateurs.
Une fois appréhendées les différentes problématiques
relatives à la recherche d’informations, à la production
de données le cas échéant, et à la centralisation de
l’information, il s’agit de déterminer les modalités de
mise en forme des indicateurs en vue de les diffuser et
de rendre disponible l’information auprès des acteurs.
Tout indicateur vise en effet à donner une information
fiable, logiquement simplifiée et directement appropria-
ble par le(s) public(s) visé(s).
Les principales caractéristiques des IDD
Gardons en tête que les IDD font sens en fonction de
leurs usages. C’est à partir de la réflexion sur l’usage
et la fonction future des indicateurs qu’ils acquièrent
des formes et des caractéristiques particulières. Au
regard des spécificités du développement durable,
les principales caractéristiques des IDD sont les
suivantes :
- La multidimensionnalité pour dépasser les systè-
mes cloisonnés. A titre d’exemple, l’IDH agrége et
synthétise des données de nature différente dans
cette perspective.
- Horizon espace-temps élargi : le développement
durable tend à prendre en compte un champ
spatial élargi (le global : le planétaire) et à donner
la priorité au long terme. Au travers des indicateurs
de développement durable, il s’agit de faciliter la
prise en compte des échéances lointaines mais
aussi des interdépendances spatiales (“du local
au global”). Par exemple, c’est tout l’intérêt de
l’empreinte écologique qui met en exergue les
questions d’interdépendances spatiales. Sur le plan
de l’analyse et de l’action, cela requiert a priori la
détermination d’échelles spatiales et temporelles
pertinentes. De même, la fiabilité et la sensibilité
des indicateurs dans le temps sont des exigences
premières.
- Descriptif et prédictif à la fois : pour pouvoir
remplir leur mission, les indicateurs doivent
permettre de décrire une évolution de phénomènes
ou de processus au cours du temps. Par ailleurs, la
dimension prospective du développement durable
renvoie inévitablement à la définition d’indicateurs
apportant une information directe sur le dévelop-
pement futur des phénomènes observés.
- La transparence : pour faire l’objet d’une appro-
priation, les indicateurs doivent parler d’eux mêmes,
sans requérir d’explications supplémentaires. La
participation des publics utilisateurs au processus
d’élaboration renvoie à la légitimité démocratique
des indicateurs mais également à leur recon-
naissance institutionnelle. La principale difficulté
pour une collectivité réside alors dans la mise en
place d’un mode de faire ensemble à la fois plus
démocratique et plus participatif, plus proche de la
population et plus réactif.
- Quantitatif et qualitatif : dans la construction de
l’indicateur, tout la difficulté réside dans la prise
en compte des aspects qualitatifs. Par exemple,
l’inventaire communal de l’INSEE, permet d’obtenir
des informations statistiques locales comme le
nombre de médecins généralistes pour 1000
habitants. Néanmoins, si cet indicateur permet de
connaître la disponibilité médicale sur un territoire
donné, il ne renseigne pas sur la répartition des
médecins au sein du territoire. De plus, il n’informe,
ni sur la qualité des soins, ni sur le délai d’attente
nécessaire pour être soigné. Ces aspects qualita-
tifs émergent généralement suite à une enquête
portant sur les opinions des individus. Cela permet
ainsi d’affiner la connaissance du territoire et/ou
de fournir des éléments objectifs de jugement du
caractère durable de la politique menée.
- Un caractère normatif : liés à des objectifs, les
indicateurs de développement durable entrent
toujours en résonance avec un choix de développe-
ment qui se fonde sur une volonté de changement
de société en référence aux valeurs, aux principes,
à la vision du monde portée par le concept de
développement durable. Construits pour faire
apparaître des phénomènes et des trajectoires
inspirés par cette vision, les Indicateurs de DD ne
sont donc pas neutres. Des points de repères, des
seuils, des niveaux de performances, des limites
visent ainsi à porter une appréciation sur la réalité
des faits.
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Pour aller plus loin...
>B ibliographie et webographie
- 45 indicateurs de développement
durable : une contribution de l’IFEN,
Institut français de l’environnement,
Études et travaux n°41, 2003.
- Enjeux nationaux de développement
durable : la France est-elle sur la voie ?
Contribution à l’élaboration d’indicateurs
nationaux de développement durable,
rapporteur général : Alain Ayong Le
Kama, 2006.
- Mesure des progrès accomplis sur
la voie d’une Europe plus durable,
Eurostat, Commission Européenne, 2005 :
http://epp.eurostat.cec.eu.int
- Cadre de référence pour les projets
territoriaux de développement durable
et les agendas 21 locaux, Ministère de
l’Ecologie et du développement durable,
2006 : http://www.ecologie.gouv.
fr/article.php3?id_article=6119
- Dossier n°8 “Méthodologies et
pratiques territoriales de l’évaluation
en matière de développement
durable” de la revue scientifique
Développement Durable et Territoires :
http://developpementdurable.revues.
org/sommaire1696.html
>Programme de recherche sur
les politiques territoriales et
le développement durable
Le Ministère de l’écologie et du
développement durable et le Ministère des
transports, de l’équipement, du tourisme
et de la mer ont lancé conjointement une
appel à recherche sur le thème “politiques
territoriales et développement durable”
depuis avril 2003. Parmi les sujets
privilégiés figure celui de l’évaluation des
politiques publiques territoriales au regard
du développement durable.
Pour plus d’information :
http://www.territoires-rdd.net
>Rub rique “évaluation du DD”
sur www.cerdd.org
Sur le site Internet du Cerdd, une
rubrique dédiée à l’évaluation du
développement durable a été créée.
Plusieurs articles sont en consultation,
citons, notamment, le compte-rendu de
la journée d’étude intitulée “Évaluer
le développement durable : enjeux,
méthodes, démarches d’acteurs”
organisée par le Cerdd et le réseau de
chercheurs Développement Durable
et Territoires fragiles, ainsi qu’un
dossier datant de 2006 (définition
opérationnelle du développement
durable, cahier méthodologique,
études de cas avec Extra Muros et la
Communauté Urbaine de Dunkerque)
sur la démarche de progrès HQ 21
inventée et sans cesse améliorée par le
cabinet Extra-Muros.
Dernière étape de votre parcours
en ligne sur l’évaluation, le wiki
public du Cerdd. Une plateforme de
travail collaborative en ligne recèle
d’autres ressources documentaire :
fiches expériences, documents
méthodologiques dont “le diagnostic
territorial au regard du Développement
Durable”.
www.cerdd.org & http://wiki.cerdd.org
Avec le soutien du FEDER
Remerciements
Pour leur concours, leur relecture et
leurs conseils avisés : Cyril Naessens,
Université de Lille 2, Nathalie Holec,
Conseil Régional Nord-Pas de Calais,
Antoine Goxe, Université de Lille 2,
Bertrand Zuindeau, Université de
Lille 1, Jean-Christophe Holdéric,
DRE Nord-Pas de Calais, Hilaire
Doumenc, DIREN Nord-Pas de Calais,
Ari Brodach, Ville de Lille, Jean-Blaise
Picheral, Communauté Urbaine de
Dunkerque, Grégory Marlier, Conseil
Régional Nord-Pas de Calais
Évaluation et développement durable
Évaluation et développement durable
Une collection du Centre Ressource
du Développement Durable (Cerdd) - 2007
Direction de la publication : Emmanuel Bertin
Rédaction : Jean-Christophe Lipovac
Responsable de la rédaction : Julie Nicolas
Site du 11/19 - rue de Bourgogne
62 750 Loos-en-Gohelle
Tél : 03 21 08 52 40
Fax : 03 21 78 72 69
Mél : contact@cerdd.org
Web : www.cerdd.org
Maquette : Studio Poulain - Lille
Imprimé sur papier recyclé
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