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INTRODUCTION 4
Répartition de l’absentéisme 5
3/ Selon l’âge 7
4/ Selon le sexe 7
Schneider Electric SA
Présentation du groupe (usine H) 9
D’autres Entreprises 17
2
Chez France Télécom 17
1/ « Temptation » 23
CONCLUSION 35
BIBLIOGRAPHIE 36
3
ANNEXES 37
INTRODUCTION
L’absentéisme au sein d’une entreprise est un réel problème qu’il ne faut pas
prendre à la légère. En effet, ce phénomène de plus en plus pesant génère, dans un premier
temps, un manque à gagner, et par la suite un coût important, difficile à chiffrer.
Avant toute chose, il est important de nous remémorer la définition du mot « absentéisme ».
Tous les dictionnaires s’accordent sur la définition de l’absence : « Fait de ne pas être
dans un lieu où l’on devrait être, défaut de présence ». Il en découle celle de
l’absentéisme : « comportement d’une personne qui est fréquemment absente ».
Le petit Larousse définit quant à lui l’absentéisme comme « une absence régulière du lieu de
travail ». En ce sens, le terme « absentéisme » est étroitement lié au lieu de travail et fait
intervenir la notion de fréquence.
C’est principalement à cette dernière que grandes et petites entreprises, tentent d’apporter
des solutions.
Il est toutefois important de distinguer deux formes d’absentéisme. L’une est dite :
Prévisible, l’autre : Imprévisible.
En effet, l’absentéisme prévisible tel que les congés payés, jours de repos (RTT) ou repos
compensateur sont est des formes d’absences prévues, planifiées que l’on peut anticiper.
Ces dernières n’ont donc pas de réel impact sur la santé de l’entreprise.
En revanche, l’absentéisme imprévu, tel les arrêts maladies, accidents, ou décès etc...
génèrent un handicap plus ou moins important pour l’état et l’activité du groupe.
Grâce une connaissance travaillant au sein du groupe Schneider Electric de Grenoble (usine
H), j’ai eu l’opportunité d’accéder aux bilans sociaux de cette société.
Internet m’a également permis d’accéder aux documents de plusieurs entreprises telles, Bnp
Paribas ou encore France Telecom.
Ces documents, riche en information nous permettent d’analyser les comportements du
personnel, la santé de l’entreprise ou encore son mode de fonctionnement.
En ce qui me concerne, il m’a semblé intéressant d’analyser les tendances de ce fléau à
savoir : l’Absentéisme en le comparant au sein de diverses entreprises évoluant dans des
domaines d’activités différents.
Pour cela, nous ferons dans une première partie, Un tour d’horizon en France concernant
l’absentéisme, puis nous établirons un état de la situation de l’absentéisme au sein
4
d’entreprises différentes dans une seconde partie, par la suite nous analyserons les moyens
de contrôle et le coût de l’absentéisme au sein de l’entreprise Schneider (usine H-
Grenoble), enfin nous verrons comment maîtriser cette tendance néfaste dans une dernière
partie.
Avant toute chose, il parait intéressant d’établir un état des lieux de la situation de
l’absentéisme en France afin de mieux cerner ce phénomène.
L’objectif de cette partie est par conséquent, de faire ressortir ses grandes tendances et d’en
analyser les faits.
Pour cela, il parait pertinent de se documenter auprès de spécialistes des statistiques afin
de disposer des informations les plus fiables possibles.
Selon une enquête du 7 juin 2005 établie par « l’Insee et l’Ifrap», voici comment se
décompose l’absentéisme.
Les pourcentages expriment le nombre de jours non travaillés par rapport à ceux qui
auraient dû l'être en théorie.
Répartition de l’absentéisme
5
Les secteurs industriels et agroalimentaires sont les plus concernés par l’absentéisme.
En effet, sur 100 jours de travail théorique, plus de 4 jours n’ont pas été travaillé, ce qui
représente un pourcentage d’inactivité important et par conséquent nuit au bon
développement des entreprises concernées.
Ici nous pouvons constater que les ouvriers non qualifiés de l’industrie sont les plus touchés
par l’absentéisme avec un taux de 4.6%.
Ceci peut être expliqué en raison des conditions de travail particulièrement difficiles au sein
de ce secteur (bruit, pénibilité des horaires et tâches à effectuées, accidents de travail …)
De plus, l’enquête réalisé par l’UIMM (Union des industries et Métier de la Métallurgie auprès
de 917 établissement Français (soit environ 171000 salariés) en 2003 présente des chiffres
plutôt alarmant.
En effet, concernant le premier semestre de cette année et portant sur les maladies
ordinaires (hors maladies professionnelles), les accidents de travail, les congés maternité et
autres révèlent un taux d’absentéisme de 5.8%.
De plus l’enquête annonce également un taux d’absentéisme plus important chez les
ouvriers que chez les cadres avec un taux de 7.6% contre 2.3%.
6
3 /Selon l’âge
2,50%
50 ans et plus
4,10%
25 - 49 ans
18 - 24 ans
2,70%
Comme l’illustre ce graphique, la tranche d’âge des plus de 50 ans est la plus concernée par
l’absentéisme, ce qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs comme l’état de santé, ou une
baisse de motivation.
4 /Selon le sexe
7
L'abenstéisme selon le sexe
2,70% Femmes
3,30% Hommes
Les hommes sont également plus touchés par ce phénomène, ceci peut s’expliquer par une
part des travailleurs masculin plus important sur le marché français mais également parce
que ces derniers sont plus exposés, dans la plupart des cas, à des emplois plus propices
aux accidents de travail.
8
Voici un graphique nous illustrant les différent motifs d’absences dans ce secteur.
Maladie
5% 5% Accidents
9%
Maternité
Autres
81%
Nous pouvons donc constater que la maladie reste la cause la plus importante de
l’absentéisme imprévisible avec un taux de 81 % suivi par les accidents de travail qui
représentent 9%.
entreprises
Schneider Electric SA
9
Présentation du groupe (usine H)
10
_ ...
- Son organisation
▪ Le site H est l'une des nombreuses unités de Schneider Electric dans le bassin grenoblois.
Elle regroupe deux entités qui, après avoir longtemps été regroupées en une seule, sont
maintenant distinctes dans l'organisation du Groupe. Elles ne sont pas rattachées à la
même Direction, et n’ont pas les mêmes activités.
▪ DGS-Constituants est une unité de production qui rassemble 3 ateliers. Son nom décrit ses
activités : découpe, galvanoplastie, soudure. Cette unité a pour vocation de développer,
industrialiser et produire les constituants de la ligne de courant. 200 personnes y sont
affectées.
11
Bâtiment A Bâtiment
B
2,30%
0,70%
congés payés
28% maladie
RTT
53% accident de travail
16% repos compensateur
Par la suite, les documents me le permettant, il m’a semblé intéressant de répartir la maladie
selon la durée de l’absence en ne prenant en compte que les unités grenobloises de
Schneider.
Pour cela, il m’a fallu, dans un premier temps, étudier les bilans sociaux des établissements
de Grenoble afin de situer l’usine H dans ce contexte qu’est l’absentéisme.
5% 5%
de 1 à 6 jours
9%
de 7 à 14 jours
16% de 15 à 29 jours
65% de 30 à 90 jours
plus 90 jours
Ici, nous remarquons que les absences maladie de courtes durées sont les plus nombreuses
avec un taux de 65 %. En remarquant ce phénomène, mon attention s’est portée sur ces
absences particulières.
Par conséquent j’ai décidé d’effectuer des recherches afin de savoir s’il en était de même
pour l’usine H.
Après études, j’ai pu constaté que ce phénomène se reproduisait aussi pour DGS
Comme le montre le graphique ci dessous :
6% 4%
10% < à 6 jours
7 à 14 jours
15 à 29 jours
59% 30 à 60 jours
21%
> 60 jours
En effet, la tendance reste similaire, avec une majorité de 59 % pour les arrêts maladie
inférieurs à 6 jours.
14
2/ Répartition par catégories sociaux professionnelles
Par la suite il m’a paru intéressant de classer ces différentes absences par catégories
sociaux professionnelles. Ainsi au sein de l’usine H nous pouvons en répertorier 4
principales : _ les Ouvriers
_.les ATAM c’est à dire le personnel de bureaux (gestionnaire de paie,
assistante ressources humaines…)
_ les Ingénieurs et Cadres
_ les Alternants
5% 4%
16%
OUV
ATAM
I&C
ALT
75%
Comme nous pouvons le constater, les Ouvriers constituent le plus gros pourcentage
d’absence avec un taux de 75 %. Ce résultat peut paraître incohérent en raison de son
importance, cependant, il est indispensable de savoir que les ouvriers constituent 90 % de
la population de l’usine H.
Après avoir pris conscience de l’ampleur qu’est l’absentéisme au sein des entreprises telles
Schneider, il m’a paru intéressant d’établir un bilan de l’absentéisme au sein de l’usine H
sur une période s’étalant de 2003 à fin 2004 afin d’évaluer la tendance de ce phénomène.
15
B°/ L’évolution de l’absentéisme imprévisible
Voici donc plusieurs graphiques nous illustrant l’évolution des absences maladie en jours
ouvrés des années 2003 et 2004 au sein de l’usine H.
Il faut cependant, bien préciser que ces données sont exprimées en jours ouvrés,
c’est à dire que l’on comptabilise les absences du lundi au vendredi, jours fériés et
jours de pont compris.
45
40
35
30
25
20
15
10
0
n
ril
t
er
re
e
ai
ût
e
ille
rie
ar
br
br
br
av
ju
m
ao
vi
b
m
m
v
m
to
ju
n
fé
ja
ve
oc
e
ce
pt
no
dé
se
abs<6 7 à 14 15 à 29 30 à 60 >60
16
Nous pouvons remarquer que ce sont bien les absences de courte durée (une semaine au
plus) qui se manifestent en plus grand nombre au sein de l’usine H en 2003. Ce graphique
nous révèle également que c’est en hiver, que ces dernières sont les plus importantes.
En effet, en cette période l’humidité en abondance favorise les maladies, c’est également la
période des fêtes de noël où les excès se font ressentir.
Toutefois, au vu de tels écarts, on pourrait se demander si certaines de ces absences
ne seraient pas des absences de « confort ».
50
45
40
35
30
25
20
15
10
0
r
ril
in
t
r
ai
ût
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ille
ie
ie
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br
br
br
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nv
vr
to
m
m
ju
fé
ja
te
oc
ve
ce
p
no
dé
se
abs<6j 7 à 14 15 à 29 30 à 60 >60
Comme nous l’illustre le graphique ci-dessus, nous pouvons remarquer en 2004, une
tendance similaire à 2003 cependant en légère hausse, cela peut se traduire par une
communication insuffisante au sein du groupe, des informations non communiquées sur les
17
effets d’un tel absentéisme, ou tout simplement une non-prise de conscience de la part des
salariés.
Aux vues d’un tel constat, il serait intéressant de faire un état de la situation concernant
l’absentéisme au sein d’autres groupes.
D’autres Entreprises
1960000
1951823
1940000
1920000
1880000 1885474
1860000
1840000
2002 2003 2004
Ici nous pouvons constater que chez France Telecom, la progression des maladies fut en
baisse entre 2002 et 2004.
En effet, les absences pour ce motif ont diminué de 10.8 %, ce qui représente une somme
non négligeable lorsque l’on sait les conséquences d’une journée d’absence pour
l’entreprise.
Il aurait été pertinent de savoir comment cette entreprise a réussi à maîtriser son taux
d’absentéisme, quelles politiques a-t-elle adopté pour diminuer cette tendance, cependant
par manque d’informations nous ne pouvons répondre à cette question.
Peut -être que France Telecom a plus responsabilisé son personnel sur les effets néfastes
de l’absentéisme, elle a aussi pu mettre en place certaines mesures comme des primes pour
le présentéisme etc …
18
Chez Bnp Paribas (en journées d’absences)
440 000
435 801
435 000
434 046
430 000
425 000
420 000
415 000
410 000 MALADIE
405 000
406 172
400 000
395 000
390 000
1
2001 2
2002 3
2003
30000
27449
25649
25000
20000 22055
Accident du travail et de
15000 trajet
10000
5000
0
1
2001 2
2002 3
2003
19
Chez Bnp Paribas, la tendance est également à la baisse avec une diminution de 6.5% pour
les arrêts maladie, en revanche nous pouvons constater une augmentation de 1.6% pour les
accidents de travail et de trajet.
100 87
80
80 65
60 52 48
35
40
20
20 13
0
MALADIE ACCIDENTS DU MATERNITÉ CONGÉS
TRAVAIL ET DE AUTORISÉS
TRAJET
Techniciens Cadres
20
III°) Les moyens de contrôle de
l’absentéisme à disposition des
entreprises
Exemple de Schneider Electric SA (usine H - Grenoble)
Lorsque Ie hiérarchique remarque une absence non justifiée, il en informe le service paie via
le bulletin d’absence. En règle générale, lorsque le salarié est malade ou accidenté, Ie
responsable est l’un des premiers averti. II fait alors passer le bulletin avec le motif maladie
ou accident de travail et sélectionner la date du début de l’absence. C'est alors au service
paie de faire le nécessaire.
Le service paie doit recevoir dans les 48 heures après Ie début de I'absence, I’arrêt pour
maladie, l’accident de travail ou l’accident de trajet. Le gestionnaire sort alors le dossier
maladie du salarié ou en cas de première absence maladie, le lui constitue.
Un dossier maladie comprend :
21
• Une fiche cartonnée de décompte des droits maladie
On trouve sur cette fiche les renseignements généraux sur le salarié comme le nom,
le matricule, le statut, l’ancienneté et donne droit ou non au maintien de salaire. Elle
se présente sous forme de calendrier. Le gestionnaire y coche les jours d'absences
pour mettre à jour le décompte des droits du salarié ;
Apres un an d’ancienneté dans l'entreprise. Les salariés sous contrat à durée indéterminée
(CDI) (non-cadres) et sous contrat à durée déterminée (CDD), ainsi que les apprentis et les
contrats de qualification, percevront tout une partie de leur salaire sur les bases ci-après :
Ainsi, un salarié non cadre ayant entre 5 à 10 ans d'ancienneté sera indemnisé plein
salaire les 60 premiers jours de son absence, puis à 75% les 40 jours suivants. II
sera ensuite « sans salaire »jusqu’ à son retour.
22
ancienneté indemnisation indemnisation
plein salaire salaire 75%
100%
1 a 5 ans 3 mois - 92 jours 3 mois - 92 jours
5 a 10 ans 4 mois = 122 4 mois = 122
jours jours
10 a 15 ans 5 mois - 153 5 mois = 153
jours jours
au-delà de 15 6 mois = 183 6 mois =
ans jours 183JOurs
Au retour du salarié, c’est à nouveau Ie bulletin d’absence qui sert d'informateur. En effet,
son hiérarchique peut alors compléter sur son exemplaire la date de reprise de travail de
I'employé et Ie faire passer au service paie. Le travail de la paie touche alors à sa fin. II ne
reste plus qu'à saisir I'absence dans « Extra » (logiciel de paie) comme pour les absences
prévisibles. Pour les absences maladies, le système régularise lui-même le dossier en
retirant sur la paie du mois suivant le montant des indemnités journalières perçues par le
salarié. Pour les accidents c’est le gestionnaire qui effectue cette régularisation. Le dossier
est ensuite classé dans des pochettes verticales classées par ordre alphabétique.
23
B°/ Les logiciels
Dès lors, des logiciels performants et opérationnels sont nécessaires au bon déroulement
des opérations.
Par exemple, Schneider Electric utilise les progiciels « Temptation » et « Extra », axés sur la
gestion du temps et de la paie. Nous allons donc voir, à présent en quoi ces logiciels sont
primordiaux afin de veiller au bon fonctionnement de l’entreprise.
En effet, « Temptation » est un des logiciels Ies plus récents que possède Schneider.
II a pour objectif de faciliter la gestion du temps travaillé et de communiquer les données
qu’il enregistre, telles les absences ou encore le temps de présence dans l’entreprise. Il offre
également la possibilité d’accéder à de nombreux compteurs comme le nombre d’heures
effectuées dans la semaine, le mois, ou encore le droit aux congés…
La paie, quant à elle se sert principalement du logiciel pour le suivi des dossiers maladies.
En effet, elle peut vérifier les allées et venues de l’ensemble des employés du site et ainsi
connaître la date du dernier jour travaillé et celle de la reprise de travaille si le bon d’absence
a du retard ou s’il est incomplet.
Le système de badgeage
A DGS, comme au sein de nombreux autres sites, un système de « pointage » a été mis en
place. Les employés doivent « badger » (pointer grâce a leur badge) à chaque entrée et
sortie de I'entreprise. Le personnel enregistre donc ses temps de travail quatre fois par jour (
24
matin : midi(2 fois) et soir) a I'aide du système d'enregistrement individuel informatique
« Temptation ». Une interruption minimum de 45 minutes pour le déjeuner est
obligatoire, Cependant, même si l'employé s'est absenté moins longtemps, le logiciel
décompte automatiquement cette tranche horaire. Un Journalier, quant à lui, dispose
d’horaires plus souples. II a deux impératifs :
le système permet alors de contrôler Ie respect des horaires et les heures effectuées. II met
en évidence toutes anomalies survenues lors des badgeages pour une meilleure information
du responsable, Ce dernier a un rôle non négligeable dans cette gestion du temps.
25
absences ou encore corriger les anomalies fréquentes. Par la suite les hiérarchiques doivent
saisir, en principe prévisionnelles, les absences de leurs employés (conges paves. RTT.
maladie, fête des mères …). Ainsi, Ils évitent I'apparition d'anomalie.
26
IV°) Le coût de l’absentéisme
Arrêts maladies, congés sabbatiques, petits retards répétés...les causes d'absentéisme sont
multiples et on préférera toujours un traitement différencié, au cas par cas, à des mesures
générales.
27
Ayant en ma possession, des extraits de bilans sociaux de l’usine H de Schneider, il m’a
semblé intéressant de tenter d’évaluer le coût de l’absentéisme au sein de ce groupe de 300
personnes.
Nous allons voir dans cette seconde partie que le coût induit par l’absentéisme peut être
scindé en deux parties. En effet nous pouvons noter que lors d’une absence d’un salarié,
Schneider a, dans certaines circonstances recourt à l’intérim.
En ce sens nous avons un double coût, celui dû à l’absence rémunérée du salarié et celui de
l’embauche de l’intérimaire.
Avant tout, pour calculer le coût de l’absentéisme le plus précisément possible, il faut noter
que lors d’une absence d’un salarié, pendant les trois jours qui suivent le premier jour de
l’arrêt de travail, l’entreprise paye à 100 % le salaire. Au delà de ces trois jours d’arrêt, la
Caisse d’assurance maladie (CPAM), prend en charge 75 % du salaire, autrement dit
l’entreprise en verse 25% de sa poche.
Afin de chiffrer le coût réel de l’absentéisme de l’entreprise, il m’a fallu trouver, dans un
premier temps, le taux horaire moyen.
Grâce aux informations issues des bilans sociaux ( population, statuts et salaires) j’ai pu
effectuer une étude statistique en sélectionnant un échantillon de 10 % de la population DGS
28
en respectant des critères précis afin d’évaluer ce taux à sa plus juste valeur (sexe, âge,
ancienneté, statut dans l’entreprise).
Ce dernier fut évalué à 18 €, ce qui correspond à un salaire moyen mensuel brut, tout
statuts confondus, de 2590 €.
Une fois ce taux en ma possession, j’ai pu évaluer le coût de l’absentéisme.
5083
Comme nous pouvons le remarquer, nous avons pu totaliser sur l’année 2004.
5083 journées d’absences soit un coût de 171 581€.
Pour être plus précis, il m’a semblé intéressant de chiffrer le coût de l’absentéisme en ne
prenant en compte que les absences de courte durée c’est à dire entre 1 et 7 jours de non
présence.
29
Voici un graphique illustrant le coût de l’absentéisme de courte durée en 2004.
En ce qui concerne ce type d’absences nous avons comptabilisé 700 journées d’absences
soit un coût de 65 205 € en 2004.
Ce phénomène, en plus d’être extrêmement coûteux est devenu au fil des années de plus en
plus fréquent.
30
Par conséquent l’embauche des intérimaires représente également un coût important pour
l’entreprise puisque cette dernière rémunère à la fois l’intérimaire et le salarié qu’il remplace.
En ce sens, c’est un double coût pour l’usine H.
Pour information entre 2003 et juin 2004 le coût des embauches d’ intérimaires fut évalué à
66 500 € pour les remplacements d’arrêts maladie et aux environs de 6000 € en ce qui
concerne les arrêts maladie de courte durée.
Il faut toutefois noter que ces chiffres ne prennent pas en compte toutes les primes et autres
charges.
31
Comme nous pouvons le remarquer sur le graphique, l’importante différence entre le deux
coûts peut paraître incohérente puisque la part des intérimaires embauchés pour
remplacement d’un arrêt maladie de courte durée (effectif : 23) représente plus de 50 % de
la totalité d’intérimaires embauchés pour l’ensemble des arrêts maladie (effectif : 45).
Cependant ceci s’explique. En effet, les intérimaires embauchés pour des arrêts maladie de
courte durée sont certes plus nombreuses , mais coûtent beaucoup moins chères en raison
de la durée de la mission (entre 1 et 7 jours). Les rémunérations sont donc minimes (de 60 à
400 euros).
Pour finir, mon étude au sein de Schneider-Electric m’a amené à effectuer une comparaison
de l’absentéisme sur plusieurs années afin de vérifier si la tendance observée en France
pouvait également se justifier à l’usine H.
32
250 000 €
221 067 €
200 000 €
171 581 €
150 000 €
145 278 €
100 000 €
65 205 €
72 000 €
50 000 € 63 094,50 €
0€
2001
2002 2002
2003 2003
2004
33
V°) Comment maîtriser l’absentéisme?
Quelques conseils
Le classique arrêt maladie, de complaisance ou non, arrive en tête des motifs d'absence
avec les accidents du travail. Ces derniers étant liés, dans 15 à 20 % des cas, selon une
étude de la Cnam du Nord, à l'alcoolisme. Les congés de maternité viennent ensuite.
Mention spéciale à l'absentéisme pour formation, parfois légitime, parfois moins, surtout aux
yeux de ceux sur lesquels est reportée la charge de travail. Mais il y a aussi les congés sans
solde, congés sabbatiques ou pour convenances personnelles, par exemple pour « enfants
malades ». Sans parler des petits retards quotidiens.
Il reflète en partie la pénibilité du travail ou le climat social : les ouvriers (qualifiés ou non) se
sont toujours absentés davantage que les cadres, tous secteurs confondus. Quand la
pression psychologique exercée par les clients ou par les collègues engendre une dose de
34
stress et de souffrance telle que les arrêts maladie pour dépression se multiplient, il y a à
l'évidence une responsabilité du management.
L'absentéisme est un indicateur « climatique ». S'il augmente subitement dans tel service ou
dans tel atelier, il faut se demander avec quoi cette hausse peut être corrélée : l'arrivée d'un
nouveau responsable, la mise en oeuvre d'une nouvelle organisation…
Afin d'améliorer la santé des salariés, les actions de prévention sont nécessaires, surtout
dans certains secteurs à risques.
Dans l'industrie, et même dans les services dont l'organisation est fortement taylorisée, le
travail posté et les gestes répétitifs font émerger de nouveaux risques pour la santé, d'autant
que la réduction du temps de travail augmente les cadences.
Dans un autre domaine, faire vacciner son personnel pour éradiquer le risque d'arrêts
maladie liés à la grippe peut être une bonne idée. Surtout quand sont concentrés dans des
locaux souvent climatisés un grand nombre de salariés. En France, la grippe coûte chaque
année à la collectivité environ 800 millions d'euros, dont la moitié pour financer les arrêts de
travail.
35
S’interroger sur son mode de management
Surmenage, stress : il suffit parfois d'être plus proche et de mieux écouter ses salariés pour
éviter l'absentéisme.
Certains avaient cru un moment que les 35 heures allaient faire baisser le taux
d'absentéisme. Logique : les petites absences pour démarches administratives ou corvées
diverses allaient mécaniquement diminuer, pensait-on. Malheureusement, pour financer la
RTT (réduction du temps de travail), beaucoup d'entreprises ont intensifié la charge de
travail pesant sur leurs collaborateurs. On travaille moins, mais plus intensément. Du coup,
l'absentéisme ne baisse pas. Selon la Cnam, un arrêt maladie sur dix serait lié au stress.
Il suffit parfois d'un peu de psychologie pour améliorer la situation en donnant un peu de
considération, et en étant proche des salariés, ils seront davantage présents et efficaces
36
Conclusion
37
Bibliographie
Bilans sociaux
Site Internet
- www.lentreprise.com
- http//www.sd.be
- www.shl.com
- www.csp.fr
Dossier
collectivités territoriales »
38
- magazine Entreprise et carrières du 28 avril 2003
39
Licences Creative Commons
Quelle est la qualification juridique des documents-type Creative Commons ?
Les documents Creative Commons sont des contrats-type qui permettent à l’auteur de
communiquer au public les conditions d’utilisation de son œuvre.
Ce sont des offres ou pollicitations, l’offre étant définie comme la « manifestation de volonté
(…) par laquelle une personne propose à une ou plusieurs autres (déterminées ou
indéterminées) la conclusion d’un contrat à certaines conditions » (1).
On peut qualifier ces offres de contrats à exécution successive et de concession de droit
d’usage. Elles sont fournies à titre d’information gratuitement par Creative Commons et
n’impliquent aucun transfert des droits de propriété intellectuelle (2). Elles ne peuvent donc
pas être qualifiées de vente ou de cession.
La qualification de prêt à usage ou de commodat adresse les biens qui doivent être restitués,
ce qui n’a guère de sens dans le cas de biens immatériels.
Le louage de chose incorporelle ou licence (location d’un meuble incorporel en droit de la
propriété intellectuelle) est défini à l’article 1709 du Code Civil comme «un contrat par
lequel l'une des parties s'oblige à faire jouir l'autre d'une chose pendant un certain temps, et
moyennant un certain prix que celle-ci s'oblige de lui payer ». Le prix à payer n’entraîne ici
aucune rémunération, mais les obligations qui pèsent sur l’Acceptant laissent à penser que la
personne qui offre une œuvre sous de telles conditions en retire des avantages.
Le respect de la destination et l’usage de la chose louée en bon père de famille fait partie des
règles communes aux baux des maisons et des biens ruraux.
La qualification de licence, sous-catégorie de contrats, est traditionnellement réservée à la
propriété industrielle (licence de brevet ou de marque) et aux logiciels, et n’est pas employée
en propriété littéraire et artistique. Cependant, ce terme est communément utilisé pour
nommer les Creative Commons licenses, sous l'influence du terme américain et du concept de
"licences libres" : licence GNU GPL, Licence Art Libre...
La nouveauté de ce type d’offre peut enfin amener à la qualification de contrat innommé.
Quant à la destination, elle est clairement repérable dans l’intention de l’auteur de contribuer
à un fonds commun en autorisant certaines utilisations gratuites de son œuvre.
La cession des droits de reproduction et de représentation à titre gratuit est permise à l’article
L. 122-7 du CPI.
On précisera que les sous-licences sont explicitement interdites dans les documents Creative
Commons, être titulaire d’un droit d’usage ne confère pas au bénéficiaire d’une licence
Creative Commons le droit de céder ces droits. Le bénéficiaire ne pourra distribuer l'oeuvre
ou la communiquer au public que sous les mêmes conditions sous lesquelles il l'a reçue.
Le terme « bénéficiaire » et non pas le terme « licencié » a été retenu pour désigner dans la
traduction française la personne qui accepte l’offre. Ce choix marque une volonté de
confirmer cette interdiction et peut ainsi favoriser ainsi le consentement éclairé de l’acceptant.
L’article 3 de la version originale prévoit que « Les droits mentionnés ci-dessus peuvent être
exercés sur tous les supports, médias, procédés techniques et formats, qu’ils soient connus
aujourd’hui ou mis au point dans le futur. »
L’article L. 131-6 accepte « la clause d'une cession qui tend à conférer le droit d'exploiter
l'oeuvre sous une forme non prévisible ou non prévue à la date du contrat. ». Elle « doit être
expresse », ce qui est le cas dans la version originale des licences. Mais étant donné qu’elle
doit également « stipuler une participation corrélative aux profits d'exploitation », la phrase a
été écartée de la version française, à l’instar de la solution retenue par les traducteurs
allemands conformément à l’article 31.4 de la loi allemande sur le droit d’auteur de 1965, plus
stricte, qui interdit l’exploitation sous une forme non prévisible.
Si les cessions peuvent être consenties à titre gratuit, l’article L131-3 du CPI prévoit que les
adaptations audiovisuelles doivent prévoir une rémunération.
Cependant, la jurisprudence (4) a admis la validité d’une cession des droits d’adaptation
audiovisuelle même si aucune rémunération n’était stipulée, la contrepartie étant fournie par
la publicité faite à l’ouvrage, œuvre préexistante. L’intention de l’auteur d’obtenir une
diffusion et une distribution de son oeuvre sous Creative Commons plus large peut être
interprétée comme le souhait d'une plus grande notoriété grâce aux copies et aux diffusions
qu'effectueront les Acceptants, sans exiger une exploitation conforme aux règles spécifiques
d’un contrat d’édition, ni être lié par un contrat d'exclusivité avec un producteur.
L’autorisation d’adaptation audiovisuelle ne doit-elle pas figurer dans un contrat écrit distinct
de celui qui autorise les autres actes ?
D’après l’article L113-4, « l’œuvre composite est la propriété de l’auteur qui l’a réalisée,
sous réserve des droits de l’auteur de l’œuvre préexistante ».
L’article L131-4 alinéa 3 stipule que « les cessions portant sur les droits d’adaptation
audiovisuelle doivent faire l’objet d’un contrat écrit sur un document distinct du contrat
relatif à l’édition proprement dite de l’œuvre imprimée ». On peut se demander si le choix de
l’option qui autorise les modifications ne contraindrait pas à recourir à deux contrats Creative
Commons séparées, de manière à respecter cette disposition qui vise à protéger l’auteur en lui
faisant prendre conscience du fait qu’il s’agit de deux actes de cession bien différents.
La réponse est non car les licences Creative Commons ne sont pas assimilables à des contrats
d’édition au sens de l’article L132-1 du CPI : elles ne prévoient pas d’obligation pour le
bénéficiaire correspondant à la charge pour l’éditeur d’assurer la publication et la diffusion
des exemplaires dont la fabrication est autorisée.
Quelle est la validité des offres Creative Commons vis-à-vis du droit général des
obligations ?
L’absence de signature n’est pas le signe d’une absence de consentement ou d’information sur
l’objet et la nature de l’engagement contractuel. Il est en effet obligatoire d’accompagner
toute reproduction ou communication de l’œuvre d’une copie ou d’un lien vers le texte
Creative Commons qui la gouverne. Il est précisé dans l’objet du contrat que l’exercice sur
l’œuvre de tout droit proposé dans ladite offre vaut acceptation tacite de celle-ci, à l’image
des licences d’utilisation de logiciels qui prennent effet à l’ouverture de l’emballage du disque
d’installation. On peut inférer de l’article 1985 du Code Civil relatif au mandat que le
commencement de l’exécution du contrat proposé par le destinataire de l’offre « révèle » son
acceptation (5).
La personne qui propose de contracter, l’auteur au sens de l’article 113 du CPI, garantit dans
l’article 5a qu’elle a bien obtenu tous les droits nécessaires sur l’œuvre pour être en mesure
d’autoriser l’exercice des droits conférés par l’offre. Elle s’engage à ne pas transmettre une
œuvre constitutive de contrefaçon ou d’atteinte à tout autre droit de tiers (autres titulaires de
droits ou sociétés de gestion collective qui auraient pu être mandatées, ou tout autre tiers), et à
permettre une jouissance paisible à ceux qui en accepteront les termes.
Cependant, la version originale 2.0 des textes Creative Commons (notre travail de traduction
et d’adaptation portait jusqu’en mai 2004 sur la version originale 1.0) prévoit que cette clause
de garantie deviendra optionnelle. Une telle exclusion de garantie pourrait être jugée sans
valeur en cas de dommage. La responsabilité délictuelle étant d’ordre public, elle aura
vocation à s’appliquer par défaut, même sans mention explicite : la responsabilité de l’offrant
est alors définie par la législation applicable.
Enfin, proposer des textes en langue française n’est pas seulement plus commode pour les
utilisateurs français, mais répond également à l’impératif d’utiliser la langue française dans le
cadre de relations avec des salariés ou des consommateurs (6) dans un contexte professionnel
privé ou public.
Les contrats Creative Commons sont-ils compatibles avec le droit moral, norme
impérative ?
Droit à la paternité
N’est-il pas obligatoire de choisir l’option Paternité ? (On notera que l’option Paternité
devient obligatoire à partir de la version 2.0.)
On pourrait en effet penser que l’option Non Attribution, qui n’imposait pas d’indiquer la
paternité de l’œuvre, ne pouvait pas être choisie en droit français car le droit à la paternité,
prérogative de droit moral, est inaliénable. La même question est soulevée par l’article 4.a qui
permet à l’Offrant de demander à l’Acceptant de retirer de l’Œuvre dite Collective ou Dérivée
toute référence au dit Offrant.
Effectivement, un contrat qui imposerait à l’auteur de renoncer définitivement à son droit au
nom, en échange d’une contrepartie financière ou non, serait nul. La jurisprudence relative
aux contrats dits de « nègre » où l’auteur réel écrit un ouvrage pour autrui, et s’engage à
renoncer à être identifié comme auteur auprès du public, est stable : l’auteur réel pourra
toujours se faire reconnaître comme auteur (7).
Les documents Creative Commons n’imposent pas une renonciation définitive, mais
permettent une renonciation provisoire et une clarification (8). L’auteur pourra toujours faire
reconnaître sa paternité.
En revanche, ce droit à l’anonymat ne doit pas donner lieu à de fausses attributions de
paternité, notamment dans le cas où l’utilisateur-auteur indiquerait un autre nom que le sien,
ou s’approprierait indûment la paternité d’une œuvre. Le principe général étant la
présomption de titularité au bénéfice de celui sous le nom duquel est divulguée l’œuvre, le
système Creative Commons ne permet pas plus que le cas général d’authentifier la paternité
des œuvres. La paternité indiquée dans une offre Creative Commons reste soumise à la bonne
foi des utilisateurs.
Droit au respect
Autoriser à l’avance les modifications n’équivaut pas à aliéner le droit au respect. Le droit
d’adaptation, traditionnellement cédé à l’avance, n’implique pas d’autoriser les modifications
qui porteraient atteinte à l’intégrité de l’œuvre ou à l’honneur et la réputation de son auteur.
L’auteur qui aurait mis à disposition son œuvre sous une offre Creative Commons autorisant
les modifications et la création d’œuvres dites dérivées, se réserve toujours la possibilité d’un
recours fondé sur droit au respect, en cas d’utilisation ou de dénaturation de son œuvre telle
qu’elles lui porteraient préjudice.
Droit de retrait
Le droit de retrait, lui aussi d’ordre public, pourra toujours être exercé, même si le parcours de
l’œuvre rend son application encore plus difficile sur les réseaux. Celui qui propose l’offre de
mise à disposition se réserve à tout moment le droit de proposer l’œuvre à des conditions
différentes ou d’en cesser la diffusion (article 7.b), dans le respect des offres précédemment
consenties. L’auteur qui met fin au contrat Creative Commons devra respecter la bonne foi (9)
des personnes qui auront dans l’intervalle appliqué le contrat qu’il proposait.
Droit de divulgation
Le titulaire des droits sur l’œuvre conserve le contrôle du moment et des conditions de sa
divulgation et de sa communication au public, non pour s’assurer de la réservation des droits
exclusifs, mais pour rendre l’œuvre libre de certains droits.
Certains pourraient se demander si la condition de Partage à l’Identique des Conditions
Initiales ou ShareAlike ne constitue pas une atteinte au droit de divulgation de la personne
qui, ayant accepté une œuvre sous de telles conditions contractuelles, la modifie en apportant
une contribution originale, et acquiert elle-même le statut d’auteur de la nouvelle œuvre dite
dérivée.
Le nouvel auteur conserve ses prérogatives et décide du moment de la divulgation de la
nouvelle œuvre. Il ne lui est pas interdit de la divulguer sous des conditions différentes, mais
c’est à la condition d’obtenir une autorisation écrite de la part de l’auteur de l’œuvre
préexistante, comme dans le système juridique classique, hors Creative Commons.
Le contrôle de l’utilisation après divulgation en vertu des options Partage des Conditions
Initiales à l’Identique (Share Alike) et Pas d’Utilisation Commerciale (Non Commercial)
n’est-il pas incompatible avec le principe d’épuisement des droits ?
Il n’y a pas de clause déterminant la loi applicable et la juridiction compétente dans les
contrats Creative Commons. Les règles de droit international privé prévalent, et, pour choisir
la loi applicable, le juge saisi déterminera le lieu d’exécution de la prestation caractéristique
du contrat, ou le lieu du dommage ou du dépôt de la plainte.
Les contrats Creative Commons prévoient à l’article 8c que si un article s’avère invalide ou
inapplicable au regard de la loi en vigueur, cela n’entraîne pas l’inapplicabilité ou la nullité
des autres dispositions, l’article en question devant être interprété de manière à le rendre
valide et applicable.
Les clauses abusives sont réputées non écrites si le contrat conduit à établir des rapports
déséquilibrés entre les droits et obligations entre un professionnel et un consommateur (12).
Un raisonnement a fortiori permet de déduire que les offres Creative Commons satisfont ces
exigences, ainsi que les exigences de prudence et d’information.
Un auteur peut se retourner contre la personne qui utilise son œuvre sans respecter les
conditions qui lui sont attachées. L’auteur qui estimerait qu’il y a eu atteinte à ses
prérogatives patrimoniales pourrait toujours demander au juge une révision du contrat.
Le bénéficiaire du contrat pourrait également se retourner contre le donneur de contrat qui a
transmis une œuvre contrefaisante.
Notes
1. Dir. Gérard Cornu, Vocabulaire Juridique Association Henri Capitant, PUF Quadrige 4ème
éd. 2003.
2. Voir Christophe Caron, Les licences de logiciels dites « libres » à l’épreuve du droit
d’auteur français, Dalloz 2003, n° 23, p. 1556 et Melanie Clément-Fontaine, La licence GPL,
mémoire de DEA, Université de Montpellier, 1999. http://crao.net/gpl/
Contra en faveur de la qualification de cession, Cyril Rojinsky et Vincent Grynbaum, Les
licences libres et le droit français, Propriétés Intellectuelles, juillet 2002/4, p. 28.
3. Cass.1ère civ. 23/01/2001, Communication Commerce Electronique avril 2001 & A. et H.-
J. Lucas, Traité de la Propriété Littéraire et Artistique, Litec, 2ème éd. 2001, n° 482.
5. Dir. Michel Vivant, Lamy Droit de l’Informatique et des réseaux, par. 875.
6. Loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française dite loi Toubon.
7. Cour de cassation, Civ.1, 4 avril 1991, affaire Béart, Revue Internationale du Droit
d'Auteur, octobre 1991, p. 125 (cassation de l’arrêt d’appel ayant admis que l’auteur de
thèmes musicaux renonce, par contrat, à être identifié comme tel auprès du public).
10. Arrêt de la CJCE du 11 juillet 1985, Cinéthèque SA et autres contre Fédération nationale
des cinémas français, Aff. jointes 60/84 et 61/84, Rec. 1985 p. 2605.
Les documents Creative Commons sont des contrats-type qui permettent à l’auteur de
communiquer au public les conditions d’utilisation de son œuvre.
Ce sont des offres ou pollicitations, l’offre étant définie comme la « manifestation de volonté
(…) par laquelle une personne propose à une ou plusieurs autres (déterminées ou
indéterminées) la conclusion d’un contrat à certaines conditions » (1).
On peut qualifier ces offres de contrats à exécution successive et de concession de droit
d’usage. Elles sont fournies à titre d’information gratuitement par Creative Commons et
n’impliquent aucun transfert des droits de propriété intellectuelle (2). Elles ne peuvent donc
pas être qualifiées de vente ou de cession.
La qualification de prêt à usage ou de commodat adresse les biens qui doivent être restitués,
ce qui n’a guère de sens dans le cas de biens immatériels.
Le louage de chose incorporelle ou licence (location d’un meuble incorporel en droit de la
propriété intellectuelle) est défini à l’article 1709 du Code Civil comme «un contrat par
lequel l'une des parties s'oblige à faire jouir l'autre d'une chose pendant un certain temps, et
moyennant un certain prix que celle-ci s'oblige de lui payer ». Le prix à payer n’entraîne ici
aucune rémunération, mais les obligations qui pèsent sur l’Acceptant laissent à penser que la
personne qui offre une œuvre sous de telles conditions en retire des avantages.
Le respect de la destination et l’usage de la chose louée en bon père de famille fait partie des
règles communes aux baux des maisons et des biens ruraux.
La qualification de licence, sous-catégorie de contrats, est traditionnellement réservée à la
propriété industrielle (licence de brevet ou de marque) et aux logiciels, et n’est pas employée
en propriété littéraire et artistique. Cependant, ce terme est communément utilisé pour
nommer les Creative Commons licenses, sous l'influence du terme américain et du concept de
"licences libres" : licence GNU GPL, Licence Art Libre...
La nouveauté de ce type d’offre peut enfin amener à la qualification de contrat innommé.
Quant à la destination, elle est clairement repérable dans l’intention de l’auteur de contribuer
à un fonds commun en autorisant certaines utilisations gratuites de son œuvre.
La cession des droits de reproduction et de représentation à titre gratuit est permise à l’article
L. 122-7 du CPI.
On précisera que les sous-licences sont explicitement interdites dans les documents Creative
Commons, être titulaire d’un droit d’usage ne confère pas au bénéficiaire d’une licence
Creative Commons le droit de céder ces droits. Le bénéficiaire ne pourra distribuer l'oeuvre
ou la communiquer au public que sous les mêmes conditions sous lesquelles il l'a reçue.
Le terme « bénéficiaire » et non pas le terme « licencié » a été retenu pour désigner dans la
traduction française la personne qui accepte l’offre. Ce choix marque une volonté de
confirmer cette interdiction et peut ainsi favoriser ainsi le consentement éclairé de l’acceptant.
L’article 3 de la version originale prévoit que « Les droits mentionnés ci-dessus peuvent être
exercés sur tous les supports, médias, procédés techniques et formats, qu’ils soient connus
aujourd’hui ou mis au point dans le futur. »
L’article L. 131-6 accepte « la clause d'une cession qui tend à conférer le droit d'exploiter
l'oeuvre sous une forme non prévisible ou non prévue à la date du contrat. ». Elle « doit être
expresse », ce qui est le cas dans la version originale des licences. Mais étant donné qu’elle
doit également « stipuler une participation corrélative aux profits d'exploitation », la phrase a
été écartée de la version française, à l’instar de la solution retenue par les traducteurs
allemands conformément à l’article 31.4 de la loi allemande sur le droit d’auteur de 1965, plus
stricte, qui interdit l’exploitation sous une forme non prévisible.
Si les cessions peuvent être consenties à titre gratuit, l’article L131-3 du CPI prévoit que les
adaptations audiovisuelles doivent prévoir une rémunération.
Cependant, la jurisprudence (4) a admis la validité d’une cession des droits d’adaptation
audiovisuelle même si aucune rémunération n’était stipulée, la contrepartie étant fournie par
la publicité faite à l’ouvrage, œuvre préexistante. L’intention de l’auteur d’obtenir une
diffusion et une distribution de son oeuvre sous Creative Commons plus large peut être
interprétée comme le souhait d'une plus grande notoriété grâce aux copies et aux diffusions
qu'effectueront les Acceptants, sans exiger une exploitation conforme aux règles spécifiques
d’un contrat d’édition, ni être lié par un contrat d'exclusivité avec un producteur.
L’autorisation d’adaptation audiovisuelle ne doit-elle pas figurer dans un contrat écrit distinct
de celui qui autorise les autres actes ?
D’après l’article L113-4, « l’œuvre composite est la propriété de l’auteur qui l’a réalisée,
sous réserve des droits de l’auteur de l’œuvre préexistante ».
L’article L131-4 alinéa 3 stipule que « les cessions portant sur les droits d’adaptation
audiovisuelle doivent faire l’objet d’un contrat écrit sur un document distinct du contrat
relatif à l’édition proprement dite de l’œuvre imprimée ». On peut se demander si le choix de
l’option qui autorise les modifications ne contraindrait pas à recourir à deux contrats Creative
Commons séparées, de manière à respecter cette disposition qui vise à protéger l’auteur en lui
faisant prendre conscience du fait qu’il s’agit de deux actes de cession bien différents.
La réponse est non car les licences Creative Commons ne sont pas assimilables à des contrats
d’édition au sens de l’article L132-1 du CPI : elles ne prévoient pas d’obligation pour le
bénéficiaire correspondant à la charge pour l’éditeur d’assurer la publication et la diffusion
des exemplaires dont la fabrication est autorisée.
Quelle est la validité des offres Creative Commons vis-à-vis du droit général des
obligations ?
L’absence de signature n’est pas le signe d’une absence de consentement ou d’information sur
l’objet et la nature de l’engagement contractuel. Il est en effet obligatoire d’accompagner
toute reproduction ou communication de l’œuvre d’une copie ou d’un lien vers le texte
Creative Commons qui la gouverne. Il est précisé dans l’objet du contrat que l’exercice sur
l’œuvre de tout droit proposé dans ladite offre vaut acceptation tacite de celle-ci, à l’image
des licences d’utilisation de logiciels qui prennent effet à l’ouverture de l’emballage du disque
d’installation. On peut inférer de l’article 1985 du Code Civil relatif au mandat que le
commencement de l’exécution du contrat proposé par le destinataire de l’offre « révèle » son
acceptation (5).
La personne qui propose de contracter, l’auteur au sens de l’article 113 du CPI, garantit dans
l’article 5a qu’elle a bien obtenu tous les droits nécessaires sur l’œuvre pour être en mesure
d’autoriser l’exercice des droits conférés par l’offre. Elle s’engage à ne pas transmettre une
œuvre constitutive de contrefaçon ou d’atteinte à tout autre droit de tiers (autres titulaires de
droits ou sociétés de gestion collective qui auraient pu être mandatées, ou tout autre tiers), et à
permettre une jouissance paisible à ceux qui en accepteront les termes.
Cependant, la version originale 2.0 des textes Creative Commons (notre travail de traduction
et d’adaptation portait jusqu’en mai 2004 sur la version originale 1.0) prévoit que cette clause
de garantie deviendra optionnelle. Une telle exclusion de garantie pourrait être jugée sans
valeur en cas de dommage. La responsabilité délictuelle étant d’ordre public, elle aura
vocation à s’appliquer par défaut, même sans mention explicite : la responsabilité de l’offrant
est alors définie par la législation applicable.
Enfin, proposer des textes en langue française n’est pas seulement plus commode pour les
utilisateurs français, mais répond également à l’impératif d’utiliser la langue française dans le
cadre de relations avec des salariés ou des consommateurs (6) dans un contexte professionnel
privé ou public.
Les contrats Creative Commons sont-ils compatibles avec le droit moral, norme
impérative ?
Droit à la paternité
N’est-il pas obligatoire de choisir l’option Paternité ? (On notera que l’option Paternité
devient obligatoire à partir de la version 2.0.)
On pourrait en effet penser que l’option Non Attribution, qui n’imposait pas d’indiquer la
paternité de l’œuvre, ne pouvait pas être choisie en droit français car le droit à la paternité,
prérogative de droit moral, est inaliénable. La même question est soulevée par l’article 4.a qui
permet à l’Offrant de demander à l’Acceptant de retirer de l’Œuvre dite Collective ou Dérivée
toute référence au dit Offrant.
Effectivement, un contrat qui imposerait à l’auteur de renoncer définitivement à son droit au
nom, en échange d’une contrepartie financière ou non, serait nul. La jurisprudence relative
aux contrats dits de « nègre » où l’auteur réel écrit un ouvrage pour autrui, et s’engage à
renoncer à être identifié comme auteur auprès du public, est stable : l’auteur réel pourra
toujours se faire reconnaître comme auteur (7).
Les documents Creative Commons n’imposent pas une renonciation définitive, mais
permettent une renonciation provisoire et une clarification (8). L’auteur pourra toujours faire
reconnaître sa paternité.
En revanche, ce droit à l’anonymat ne doit pas donner lieu à de fausses attributions de
paternité, notamment dans le cas où l’utilisateur-auteur indiquerait un autre nom que le sien,
ou s’approprierait indûment la paternité d’une œuvre. Le principe général étant la
présomption de titularité au bénéfice de celui sous le nom duquel est divulguée l’œuvre, le
système Creative Commons ne permet pas plus que le cas général d’authentifier la paternité
des œuvres. La paternité indiquée dans une offre Creative Commons reste soumise à la bonne
foi des utilisateurs.
Droit au respect
Autoriser à l’avance les modifications n’équivaut pas à aliéner le droit au respect. Le droit
d’adaptation, traditionnellement cédé à l’avance, n’implique pas d’autoriser les modifications
qui porteraient atteinte à l’intégrité de l’œuvre ou à l’honneur et la réputation de son auteur.
L’auteur qui aurait mis à disposition son œuvre sous une offre Creative Commons autorisant
les modifications et la création d’œuvres dites dérivées, se réserve toujours la possibilité d’un
recours fondé sur droit au respect, en cas d’utilisation ou de dénaturation de son œuvre telle
qu’elles lui porteraient préjudice.
Droit de retrait
Le droit de retrait, lui aussi d’ordre public, pourra toujours être exercé, même si le parcours de
l’œuvre rend son application encore plus difficile sur les réseaux. Celui qui propose l’offre de
mise à disposition se réserve à tout moment le droit de proposer l’œuvre à des conditions
différentes ou d’en cesser la diffusion (article 7.b), dans le respect des offres précédemment
consenties. L’auteur qui met fin au contrat Creative Commons devra respecter la bonne foi (9)
des personnes qui auront dans l’intervalle appliqué le contrat qu’il proposait.
Droit de divulgation
Le titulaire des droits sur l’œuvre conserve le contrôle du moment et des conditions de sa
divulgation et de sa communication au public, non pour s’assurer de la réservation des droits
exclusifs, mais pour rendre l’œuvre libre de certains droits.
Certains pourraient se demander si la condition de Partage à l’Identique des Conditions
Initiales ou ShareAlike ne constitue pas une atteinte au droit de divulgation de la personne
qui, ayant accepté une œuvre sous de telles conditions contractuelles, la modifie en apportant
une contribution originale, et acquiert elle-même le statut d’auteur de la nouvelle œuvre dite
dérivée.
Le nouvel auteur conserve ses prérogatives et décide du moment de la divulgation de la
nouvelle œuvre. Il ne lui est pas interdit de la divulguer sous des conditions différentes, mais
c’est à la condition d’obtenir une autorisation écrite de la part de l’auteur de l’œuvre
préexistante, comme dans le système juridique classique, hors Creative Commons.
Le contrôle de l’utilisation après divulgation en vertu des options Partage des Conditions
Initiales à l’Identique (Share Alike) et Pas d’Utilisation Commerciale (Non Commercial)
n’est-il pas incompatible avec le principe d’épuisement des droits ?
Il n’y a pas de clause déterminant la loi applicable et la juridiction compétente dans les
contrats Creative Commons. Les règles de droit international privé prévalent, et, pour choisir
la loi applicable, le juge saisi déterminera le lieu d’exécution de la prestation caractéristique
du contrat, ou le lieu du dommage ou du dépôt de la plainte.
Les contrats Creative Commons prévoient à l’article 8c que si un article s’avère invalide ou
inapplicable au regard de la loi en vigueur, cela n’entraîne pas l’inapplicabilité ou la nullité
des autres dispositions, l’article en question devant être interprété de manière à le rendre
valide et applicable.
Les clauses abusives sont réputées non écrites si le contrat conduit à établir des rapports
déséquilibrés entre les droits et obligations entre un professionnel et un consommateur (12).
Un raisonnement a fortiori permet de déduire que les offres Creative Commons satisfont ces
exigences, ainsi que les exigences de prudence et d’information.
Un auteur peut se retourner contre la personne qui utilise son œuvre sans respecter les
conditions qui lui sont attachées. L’auteur qui estimerait qu’il y a eu atteinte à ses
prérogatives patrimoniales pourrait toujours demander au juge une révision du contrat.
Le bénéficiaire du contrat pourrait également se retourner contre le donneur de contrat qui a
transmis une œuvre contrefaisante.
Notes
1. Dir. Gérard Cornu, Vocabulaire Juridique Association Henri Capitant, PUF Quadrige 4ème
éd. 2003.
2. Voir Christophe Caron, Les licences de logiciels dites « libres » à l’épreuve du droit
d’auteur français, Dalloz 2003, n° 23, p. 1556 et Melanie Clément-Fontaine, La licence GPL,
mémoire de DEA, Université de Montpellier, 1999. http://crao.net/gpl/
Contra en faveur de la qualification de cession, Cyril Rojinsky et Vincent Grynbaum, Les
licences libres et le droit français, Propriétés Intellectuelles, juillet 2002/4, p. 28.
3. Cass.1ère civ. 23/01/2001, Communication Commerce Electronique avril 2001 & A. et H.-
J. Lucas, Traité de la Propriété Littéraire et Artistique, Litec, 2ème éd. 2001, n° 482.
5. Dir. Michel Vivant, Lamy Droit de l’Informatique et des réseaux, par. 875.
6. Loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française dite loi Toubon.
7. Cour de cassation, Civ.1, 4 avril 1991, affaire Béart, Revue Internationale du Droit
d'Auteur, octobre 1991, p. 125 (cassation de l’arrêt d’appel ayant admis que l’auteur de
thèmes musicaux renonce, par contrat, à être identifié comme tel auprès du public).
10. Arrêt de la CJCE du 11 juillet 1985, Cinéthèque SA et autres contre Fédération nationale
des cinémas français, Aff. jointes 60/84 et 61/84, Rec. 1985 p. 2605.