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FRANCESKIN

Nicolas
MAP

L’autorité et l’individu
Bertrand RUSSEL
Cet ouvrage reprend les six conférences de Bertrand Russel qui traitent du conflit entre
l’ordre et l’autorité d’une part, la liberté individuelle et la créativité d’autre part. B.Russel
esquisse des pistes de solution d’une étonnante actualité.

I. La cohésion sociale et la nature humaine

Comment pouvons-nous combiner le degré d’initiative individuelle qui est nécessaire au


progrès, avec le degré de cohésion sociale qui est nécessaire à la survie? Dans cette
première conférence, B.Russel examine les éléments d’autorité qui permettent d’unir les
êtres humains, tout en excluant l’idée d’un Etat mondial où la cohésion sociale est
impossible.

Dans les sociétés primitives régnait un haut degré de coopération entre individus;
en revanche, tout contact entre groupes de la même espèce était marqué par l’hostilité. La
cohésion sociale née d’une loyauté envers le groupe renforcée par la peur de l’ennemi.
Très tôt, la loyauté envers le groupe a dû être renforcée par la loyauté envers un chef.

Ensuite, la collectivité a été scindée en deux: les dépositaires de l’esprit de la tribu, c’est-
à-dire les individus libres, et les asservis dont l’obéissance était motivée par la crainte et
non par une loyauté instinctive. Ex: À Sparte, les citoyens libres formaient une petite
minorité tandis que les ilotes étaient opprimés sans merci.

Avec l’apparition des religions, la loyauté n’était plus fondée sur la proximité territoriale
ni sur l’appartenance ethnique, mais sur une communauté de croyances. En cela, au
XVIème siècle les loyautés religieuses l’emportaient très souvent sur les loyautés
nationales.

Au XXème siècle, deux cultes forts répandus se partageaient la loyauté d’une très grande
partie de l’humanité: le communisme qui suscitait un fanatisme virulent, révélé par un
livre sacré, et le mode de vie américain bordé par le capitalisme.
Un Etat mondial, s’il était établi sur des bases solides, n’aurait pas d’ennemis à craindre et
risquerait donc de s’écrouler faute de cohésion. Les êtres humains ne peuvent pas, en
effet, être heureux sans compétition, car la compétition, depuis l’origine de l’homme, est
l’aiguillon de la plupart des activités sérieuses. L’homme a besoin d’un exutoire; il faut
fournir à nos instincts de combat un exutoire satisfaisant.

L’autorité d’un chef, la création de croyances religieuses, la mise au point d’idéologies,


ont permis la cohésion d’individus au sein d’un groupe. C’est la présence d’une autorité,
une force supérieure, qui permet aux individus de s’unir.
II. La cohésion sociale et le Gouvernement

Lors de cette conférence, l’auteur a mis l’accent sur le pouvoir du Gouvernement central
pour assurer la cohésion sociale.

Dès qu’il y a un Gouvernement, certains individus ont plus de pouvoirs que


d’autres et le pouvoir qu’ils détiennent est, en règle générale, proportionnel à la taille du
groupe qu’ils gouvernent. Tant que des ennemis de l’extérieur n’étaient pas à craindre, les
souffrances subies par la majorité n’étaient pas un obstacle à la prospérité de l’Etat. Cet
état des choses a probablement duré fort longtemps dans tout le Moyen-Orient. La
stabilité du régime reposait sur la religion et la divinité du monarque. Le prix de cette
stabilité était la rigidité.
Alexandre, Attila, Gengis Khan bâtirent de vastes empires qui s’effondrèrent à leur mort et
dont l’unité reposait entièrement sur leur prestige en tant que grands conquérants. Ces
divers empires ne connaissaient pas d’unité psychologique, mais uniquement l’unité
imposée par la force.

Les techniques permettant d’engendrer un sentiment commun étaient alors beaucoup


moins bien comprises qu’elles ne le sont aujourd’hui. Depuis l’avènement de la machine à
vapeur et du télégraphe, il est devenu beaucoup plus facile qu’auparavant de garder la
mainmise sur un territoire étendu, et, l’instauration de l’éducation obligatoire a permis
d’inculquer plus facilement une loyauté plus ou moins artificielle à l’ensemble de la
population. Tous les développements modernes augmentent l’emprise qu’ont sur la vie des
individus, ceux qui dirigent de grandes organisations.

Au cours de la période d’accroissement du pouvoir de l’Etat (à partir du XVème siècle), se


fit jour une tendance de plus en plus marquée à vénérer la liberté. Au XVIIIème et XIXème
siècles, on parvint à augmenter suffisamment le pouvoir de l’Etat pour qu’il soit en
mesure de maintenir l’ordre tout en laissant une grande liberté aux citoyens.
Ainsi, le Gouvernement exerce désormais deux fonctions: une fonction négative qui
consiste à protéger la vie et la propriété des individus, et, une fonction positive consistant
à faciliter la réalisation des désirs que l’on considère comme étant communs à la grande
majorité des citoyens.

III. Le rôle de l’individualité

B.Russel estime que l’autorité des gouvernements est trop prononcée, ce qui empêche les
innovateurs et les individus en général de prendre des initiatives créatrices d’idées. Les
autorités publiques doivent faciliter l’expression des individus, sans toutefois les rendre
trop libre pour ne pas conduire au chaos: il s’agit du difficile niveau de liberté à trouver.

Tant que les activités auxquelles un individu se livre spontanément sont telles que
la tribu les approuve et en retire un bénéfice, son initiative n’est guère limitée par les
autres membres de la tribu. Mais, au fur et à mesure que les hommes se civilisent, la
différence s’accroît entre les activités des divers individus, et, pour pouvoir prospérer, une
société a besoin d’un certain nombre d’individus qui ne se conforment pas tout à fait au
modèle général.
Ainsi, le rôle de l’autorité gouvernementale est de trouver un équilibre: pas assez de
liberté conduit à la stagnation, et, trop de liberté aboutit au chaos.
Aujourd’hui, l’artiste ne joue plus le rôle fondamental qui fût si souvent le sien à des
époques antérieures. Homère, Virgile, Shakespeare étaient des poètes de cour et ils
chantaient la gloire de leur tribu et ses nobles traditions. Désormais, nous continuons à
honorer l’artiste, mais nous l’isolons. Les scientifiques comme les autres innovateurs
doivent lutter pour être reconnus. Dans un Etat totalitaire, un innovateur dont les idées
déplaisent au Gouvernement, n’est pas simplement exécuté, mais on le met dans
l’impossibilité de répandre sa doctrine.

Pourtant, les innovateurs en matière de Religion et de Morale ont exercé une influence
considérable sur l’existence humaine.
Aujourd’hui, la société est organisée, et rien ne semble spontané. Pour sortir l’existence de
l’ennui que seules les catastrophes parviennent à dissiper, il faut trouver des façons de
redonner vie à l’initiative personnelle, au niveau des choses insignifiantes, mais aussi pour
ce qui compte vraiment.
Il faudrait aussi que l’immensité impersonnelle de l’organisation actuelle de fasse moins
oppressante pour l’esprit humain qu’elle ne l’est devenu en raison de sa centralisation et
de l’insoutenable rapidité de sa croissance que nos manières de penser et de sentir
n’arrivent pas à suivre.

IV. Le conflit entre la technologie et la nature humaine

B.Russell explique qu’à l’époque moderne et avant la Révolution Industrielle, la baisse du


servage et l’essor de l’artisanat ont fait augmenter le nombre de travailleurs qui étaient
leurs propres maîtres, et qui pouvaient donc retirer une certaine fierté de ce qu’ils
produisaient. Cet état des choses est, selon l‘auteur, à la base de la démocratie car cela
supposait un nombre considérable de producteurs plus ou moins indépendants, qui
s’investissaient dans leur travail et de ce fait, pouvaient participer à la vie politique.
B.Russel affirme que la multiplication des grandes entreprises employant des milliers
d’individus, tend à fragiliser la démocratie car les employés ne disposent pas du pouvoir
de décision, ne s’impliquent pas dans l’entreprise, et ainsi, ne trouvent pas d’utilité à
participer à la vie politique.

V. L’autorité et l’initiative: leurs domaines respectifs

Lors de cette conférence, B.Russell met l’accent sur l’important esprit d’initiative des
individus. Pour favoriser cette volonté d’entreprendre, l’Etat doit déléguer une partie de
son autorité à des organes divers, composés de personnes compétentes pour développer un
domaine particulier.

Une société saine et progressiste a besoin à la fois d’une autorité centrale et


d’initiatives de la part des individus et des groupes: sans autorité c’est l’anarchie, et sans
initiatives c’est la stagnation.
Les qualités statiques se prêtent à une réglementation gouvernementale tandis que les
qualités dynamiques doivent être laissées à l’initiative des individus.
Outre les fonctions de Sécurité, Justice et de Conservation, les Gouvernements doivent
aussi encourager les initiatives non gouvernementales et créer des occasions leur
permettant de s’exercer d’une manière bénéfique.
En effet, l’uniformité, qui est le résultat naturel du contrôle étatique, est souhaitable dans
certains domaines et ne l’est pas dans d’autres. Sur le plan des idées, on ne peut que
souhaiter une lutte pour la vie qui mène à la survie du plus fort. Mais, pour qu’il y ait
compétition intellectuelle, il faut mettre des limites aux moyens qui peuvent être
employés. Ainsi, l’Etat doit délimiter l’arène de la lutte et doit établir des règles.

Afin de retrouver le sens de l’audace et l’assurance nécessaire pour accomplir des choses
que l’on estime importantes, il faut que l’autorité soit déléguée à de petits groupes dans
lesquels l’individu ne se sent pas écrasé par le seul poids du nombre. Il est cependant
indispensable qu’il y ait un pouvoir central fort.
Mais, dans la mesure du compatible avec cette priorité, il faut que l’Etat délègue des
pouvoirs à diverses organisations: territoriales, industrielles, culturelles. Les pouvoirs de
ces organismes doivent être suffisants pour les rendre intéressants et pour que des gens
dynamiques puissent retirer des satisfactions de l’influence qu’ils exercent sur leurs
orientations. Il est essentiel, pour le sain fonctionnement de tout système, que la plus
grande partie du pouvoir soit aux mains de gens qui s’intéressent au travail à accomplir.

L’autorité étatique reste indispensable car il faut discipliner les pulsions d’appropriation
des individus et en assurer l’encadrement par la loi, tandis que les pulsions créatrices, bien
que l’Etat puisse les encourager, doivent être issues avant tout de l’autonomie de
l’individu ou du groupe.
En ce qui concerne les biens matériels, la Justice est importante, mais en ce qui concerne
les biens de l’esprit, ce qu’il faut, ce sont les conditions favorables et un milieu qui donne
des raisons de croire qu’il est possible d’accomplir quelque chose. Dans un Etat
monolithique où les moyens publicitaires sont entre les mains de l’autorité, on va
empêcher à la personne qui fait preuve d’originalité d’exercer son travail. Or, ceci ne peut
plus contribuer valablement à la vie collective de l’humanité.

VI. L’éthique individuelle et l’éthique sociale.

Cette sixième conférence fait guise de conclusion. L’auteur rappelle en effet l’importance
de l’initiative personnelle et de fait, la nécessité pour le pouvoir central de transférer une
partie de son autorité. Selon lui, l’autorité excessive de l’Etat rend tout progrès
impossible, par le manque de libertés individuelles.

La sécurité et la Justice nécessitent une autorité gouvernementale centralisée, qui doit aller
jusqu’à la création d’un gouvernement mondial pour être efficace. Le progrès au contraire,
demande qu’on laisse à l’initiative personnelle la plus grande latitude qui soit compatible
avec l’ordre social. Pour cela, les Gouvernements doivent laisser autant de latitude que
possible aux autorités locales. Il faut que tout ce qui concerne l’opinion soit laissé au libre
jeu de la concurrence, et soit soigneusement protégé contre l’emprise du Gouvernement.

Tout au long de l’histoire, on a assisté à une alternance entre des périodes d’anarchie
excessive et des périodes de trop grande ingérence gouvernementale. De nos jours, la
balance a trop penché en faveur de l’autorité et l’on s’est trop peu soucié de préserver
l’initiative. Le manque de spontanéité dont nos sociétés ont tendance à souffrir est lié à la
mainmise excessive qu’exercent sur de vastes territoires des autorités centralisées.

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