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LA TOTALITÉ DES SYMPTÔMES

Par le Dr Robert Séror

(cet article est paru dans " L’homéopathie Française ", en 1996, N° 4, pages 229 à 241. Il a été
actualisé pour " Homéopathe International " en février 1999. Dr RS.)

A la suite d’Hahnemann, la plupart des grands Maîtres ont suivi son


enseignement à la lettre, et de ce fait, ont bien insisté, sur l'absolue nécessité de
prescrire sur la " totalité des symptômes ", un seul remède, de manière à obtenir
la guérison " prompte, douce et durable ", du patient.

Ces quelques mots, si simples à lire, et à entendre : " La Totalité des Symptômes
" cachent en réalité, une somme de travaux patients, tant théoriques que
pratiques.

Avant de prescrire sur la totalité des symptômes, il faut bien comprendre ce que
parler veut dire, et pour cela, procéder à l'analyse, puis à la synthèse de ce
concept. C'est ce que nous tenterons de réaliser, en écrivant ces quelques pages.

1. Pourquoi il ne faut jamais prescrire sur un seul symptôme.

De nombreuses raisons affluent à l'esprit contre-indîquant une telle manière de


procéder.

C'est la négation ou plutôt la méconnaissance complète de la Doctrine


homoeopathique, qui est une médecine de l'homme total, et qui cherche le
malade et non la maladie.

Un seul symptôme ne peut définir ne peut caricaturer un malade dans sa totalité.


On procéderait de la même manière, en voulant reconnaître une personne par ses
yeux bleus, ou sa chevelure noire.

On y arriverait une fois sur des millions de cas, et encore uniquement par chance.
Il est impossible de définir la personnalité d'un homme par un seul signe, et
encore, bien moins possible, de prescrire convenablement sur un seul
symptôme, même si ce symptôme unique, est " étrange, rare, individuel ", et
même, s'il est inscrit au 3' degré, c'est-à-dire le plus haut, dans le grand
répertoire de Kent.

Prenons, si vous le voulez bien, quelques exemples pratiques et évidents :

a) Voici un malade, dont les ongles sont fortement tachetés de blanc.


Fréquemment, il est alors prescrit, Sil. ou Nat. m., ce qui représente un choix
arbitraire, et non exempt de préjugés, car, si nous ouvrons le Kent (p. 981), nous
pouvons lire que six remèdes présentent ce symptôme

à des degrés différents :

Alum., Ars., nit. a., sep., SIL., Sulf.

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De plus, il convient de ne pas oublier le fait pratique suivant : les pathogénésies,
lorsqu'elles ont été établies par nos anciens, n'ont pas été poussées jusqu'aux
lésions organiques, anatomo-pathologiques.

Donc, en prenant un ou même plusieurs signes physiques, pour guider le choix


thérapeutique, on risque fort de passer fort loin du Simillimum.

Par contre, il suffit de feuilleter l'Encyclopédie de Matière Médicale Pure, de T. F.


Allen, pour se rendre compte de la façon dont les " provers " ont analysés,
décrits, pesés, caractérisés, les symptômes subjectifs et fonctionnels, tant
psychiques que généraux et sensoriels.

L’Encyclopédie d’Allen, ne l'oublions pas, ne contient que des pathogénésies


pures, et non mixtes, comme par exemple, le Dictionnaire de Matière Médicale de
Clarke.

b) Prenons un second exemple, celui bien connu, du malade qui présente une
langue en " carte de géographie ", ce que l'on nomme en dermatologie, une
glossite exfoliatrice. marginée. Plus que fréquemment, on voit prescrire Natr. m.,
Ars. ou Tarax.

Ce symptôme muqueux est extrêmement fréquent, et de nombreux remèdes le


contiennent dans leur tableau pathogénésique.

Ce sont (p. 407)

Ant. c., Ars., Cham., Kali bi., Lach., Lyc., Merc., Nat. m., Nit. a., Ran. sc., Rhus t.,
Sul. ac., Tarax., Ter., Thuya.

Ce qui fait, tout de même, quinze remèdes.

Les mêmes remarques que précédemment, s'appliquent à ce cas. Il est même


fréquent, de constater la guérison d'un signe physique, grâce à un remède
couvrant la totalité des symptômes, et qui pourtant, ne compte pas dans sa
description pathogénésique, le signe physique considéré.

c) Je crois qu'il est inutile d'aller plus loin dans ce domaine, pour comprendre le
danger, " l'à-peu-près ", l'audace, d'une telle prescription. C'est une partie de dés,
dont le malade est, à tous les coups, le grand perdant.

Cela devient plus grave, si l'on base sa prescription sur un seul " key-note "
mental. Par exemple, donner Alumina à un. malade qui ne peut supporter la vue
du sang, ou d'un couteau, c'est aller à coup sûr vers un échec, bien que ce
remède couvre le symptôme au 3e degré, et qu'il soit le seul (Blood, 10 );
Pourquoi ?

Parce que ce seul et unique symptôme, n'est pas tout le malade, il ne représente
qu'une infime partie de sa personnalité. Alumina le guérira certainement s'il
présente d'autres signes mentaux et généraux d'Alumina, mais, n'aura aucune
action, si le reste de la personnalité du malade, est couvert par Thuya.

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Par contre, Thuya, bien que n'ayant pas, dans sa pathogénésie, le symptôme " ne
peut voir le sang ", le fera tout de même disparaître, puisqu'il aura été prescrit sur
la totalité des symptômes, c'est-à-dire, sur l'ensemble de la personnalité du
patient. Il faut, au minimum, trois symptômes clés, bien marqués, bien
caractéristiques, pour pouvoir prescrire, utilement et efficacement.

C'est Constantin Hering, qui formula ce que les Anglais nomment : " The three
legged homoepathic stool " (et non, school), ce qui signifie en substance, qu'une
prescription homoeopathique " tient debout ", comme le fait un tabouret (stool),
sur trois pieds.

d) La prescription mono symptomatique mène nécessairement au pluralisme et


au complexisme, on le conçoit aisément. Comment ne pas prescrire plusieurs
remèdes en même temps, si l'on arrête son analyse, à des symptômes objectifs,
et subjectifs de " première zone "; mais, de même, l'on s'éloigne de l'homéopathie
pure. Il n'y a, de ce fait, plus aucune limite dans la prescription, et, tous les excès
sont permis.

Hahnemann a bien insisté sur ce point, dans sa 6 ème et dernière édition de


l'Organon. Il savait très bien, que cet ouvrage, passerait à la postérité, d'où, cette
perfection, cette netteté, cette simplicité, je dirai même, cette pureté, que l'on ne
retrouve dans aucune des éditions précédentes. Le Maître, sait qu'il connaît la
Vérité et non, les vérités. C'est, en somme, le testament homoeopathique
D'Hahnemann. Et bien, lisons ce qu'il écrit (Trad. Dr. P. Schmidt) :

§ 273. - Au cours de tout traitement visant à la guérison, il n'est, dans aucun cas
nécessaire, et de ce fait, il est même inadmissible, d'utiliser chez un malade, plus
d'une seule substance médicinale simple, à la fois.

... Dans l'homéopathie, la seule qui mérite le nom de vraie thérapeutique parce
que logique, et basée sur des lois naturelles, il est absolument interdit de donner
au malade à la fois, deux remèdes distincts.

De plus, au cours du paragraphe suivant, nous pouvons lire :

§ 274. Il n'ignore pas non plus, qu'un médicament simple, donné dans une
maladie dont l'ensemble des symptômes est exactement connu, suffit à lui seul
pour la guérir d'une manière parfaite, s'il a été choisi homéopathiquement.

Pourtant, il existe certaines ambiguïtés, qui peuvent prêter à discussion, dans les
ouvrages D'Hahnemann; mais cela, uniquement, lorsque l'on cherche à
interpréter, je dirai plutôt, à extrapoler. Certains n'ont pas manqué de le
remarquer, de " monter en épingle ", et de soutenir qu'ainsi le Maître, avait prôné
le pluralisme.

Ce qui est inexact, Hahnemann n'a jamais conseillé, ni même encouragé le


pluralisme. On pourrait, cependant le penser, en lisant une phrase comme celle
qui suit : (Doctrine et traitement homoeopathique des maladies chroniques. Trad.
Docteur Jourdan, Baillière, 1832, Paris, p. 165) :

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" ... Il n'y a pas lieu d'être étonné de ce qu'un seul médicament ne suffise jamais,
pour la guérison de la gale entière et de toutes ses formes, mais, qu'il soit
nécessaire d'en administrer plusieurs, afin de pouvoir agir d'une manière
homoeopathique, et par cela même curative, au moyen des effets morbides de
chacun d'eux. "

Mais, cela est bien exact, Hahnemann a parfaitement raison de dire qu'il faut
plusieurs médicaments pour guérir la Psore, mais il n'a jamais recommandé d'en
administrer plusieurs ensemble. Parfois, chez le bébé et l'enfant, un seul remède,
répété lorsque les symptômes le demandent, suffit à mener le petit malade à la
guérison intégrale. Il faut toutefois, comme Kent le recommande, saturer
progressivement les " degrés " et ne jamais donner plus de deux fois, la même
dynamisation.

Par contre, chez l'adulte, et comme le fait remarquer plus haut, Hahnemann, il est
nécessaire de prescrire plusieurs remèdes, pour aboutir à la guérison totale !
C'est ainsi qu'un patient, sera amélioré avec Ars., et guérira complètement, avec
Phosp.

Kent a même été plus loin, il a remarqué que certains malades, évoluaient,
suivant un cycle thérapeutique.

Par exemple

Sulf., Cale., Lyc.,.,, Sulf. (11).

C'est même, Gibson Miller, un des premiers élèves de Kent, qui a soutenu, avec
juste raison, la nécessité d'administrer successivement, plusieurs remèdes, afin
de guérir les Miasmes Chroniques.

Relisez également les § 167, 168, 169, 170, 171, 183, de la 5e édition de l'Organon
et, vous saisirez toute la pensée du Maître, en ce qui concerne ce problème
crucial.

Ce fut l'œuvre expérimentale des homoeopathes américains de la fin du siècle


passé, de bien montrer ces cycles thérapeutiques, dans lesquels évoluent les
maladies de l'homme. Je vous ai donné plus haut la série la plus fréquente, en
voici d'autres (15) :

Sep., Sil., Sulf..;


Sulf., Sars., Sep.;
Bryo., Rhus., Calc.;
Arn., Rhus., Calc., Tub.;
Merc., Hep., Sil.;
Puls., Lyc., Sil.;
Hep., Merc., Bell., Lach.;
Puls., Sil., Fluor. ac. ;
Coloc., Staph., Caust.

Aux Miasmes chroniques, correspondent des traitements chroniques, et qui dit,


traitement chronique, dit succession de remèdes différents, dans le temps,
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remèdes choisis sans aucun préjugé, et uniquement sur la totalité des
symptômes, je crois que sur ce point, il n'y a plus aucune équivoque, car les "
poussins ", ceux qui viennent à l'homoeopathie, pourraient se laisser aller à la
facilité, en croyant Qu'Hahnemann leur a implicitement conseillé de faire ce que
Mme le Docteur Cécile Dubost, nomme fort justement, le " Bric- à-brac ".

Il n'existe pas, d'à-peu-près, en homoeopathie. Il y a des Lois et des Principes,


qu'il suffit d'apprendre et de connaître, et surtout, de mettre en pratique.

Cela s'acquiert par l'étude sincère, ardente, et humble de l'Organon. On ne


commence à percevoir la Vérité, qu'après avoir lu, à tête reposée, au moins
quatre fois, l'Organon. Il faut se garder d'oublier que chaque paragraphe a été "
pensé ", par Hahnemann, au moins durant cinquante années.

Tout est pesé, mûri, expérimenté; ce n'est qu'à partir de cet ouvrage qu'il est
possible d'avoir, une base solide, inébranlable. Un de mes amis me disait qu'aux
Indes et au Pakistan, où il existe une forte École Homoeopathique, les étudiants
apprennent les paragraphes de l'Organon, par cœur, comme les stances sacrées.
L'excès en tout est nuisible; le juste équilibre est nécessaire partout.

2. - Prescrire sur la totalité des symptômes, ce n'est pas prescrire sur tous les
symptômes.

Certains ont cru, ou croient, que prescrire sur la totalité des symptômes, c'est
prendre une feuille de papier et noter tous les symptômes énoncés, et ressentis
par le patient. Cela également, est une " fausse vérité ".

On pourrait passer une journée à couvrir des pages et des pages de symptômes,
de toutes sortes, sans arriver à quelque chose de convenable; ce serait un "
délire à deux ", qui aboutirait à la saturation, à l'écœurement des deux côtés.
Nombreux sont ceux qui ont des idées préconçues, et s'imaginent de ce fait, un
interrogatoire long, filandreux, le médecin " coupant les cheveux en 4 ", et le
patient en 8. En réalité, il y a les bons et les mauvais symptômes.

Ce qui différencie d'ailleurs, un homoeopathe confirmé, possédant bien son " Art
et sa Technique ", c'est souvent cette faculté de " percevoir " le bon symptôme;
le symptôme qui, adjoint à quatre ou cinq autres symptômes, bien sélectionnés,
bien définis, suffira pour guider le choix du praticien, vers le Simillimum possible.
Le remède, ainsi sélectionné, ne deviendra vraiment le Simillimum, que lorsqu'il
aura guéri le malade ou fait progresser l'ensemble des symptômes, vers une
seconde prescription.

QU'EST donc un bon symptôme ? Au début, il faut comprendre, faire un effort de


raisonnement, mais, plus tard, en pratiquant, la perception des bons symptômes,
se fera intuitivement et au " passage ". Certains grands Maîtres passés et actuels
parlent peu, mais excellent à faire parler leur patient, ainsi que l'entourage de ce
dernier, " piquant " les symptômes clés au passage.

Pour comprendre ce qu'est un bon symptôme, il faut se remémorer, la base


même de l'homoeopathie, et bien sûr, revenir, comme toujours, à l'Organon. Tout
y est. Il convient de le faire, avec humilité, modestie, et soif de connaissance. Peu
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à peu, la Doctrine apparaît, pure et limpide, sans ambiguïté aucune.
L'homoeopathie est une médecine vitaliste. Sans vitalisme, pas d'homoeopathie
vraie possible :

§ 9. - " Dans l'état de santé, l'énergie vitale (souveraine) immatérielle - Dynamis -


animant la partie matérielle du corps humain (organisme), règne de façon
absolue. "

Ce qui revient à dire, que l'immatériel est antérieur au matériel, que l'Esprit est
antérieur à la matière. Ce qui anime le corps, ce qui donne la vie, c'est la Force
vitale. Il va donc falloir rechercher les symptômes de la Vie, de la Force vitale et
non ceux de la matière, c'est-à-dire du cadavre.

Donc, en présence d'un symptôme ou d'un signe, on se posera la question qui


suit : un tel symptôme sera-t-il retrouvé par l'examen objectif du cadavre, ainsi
que par l'autopsie ? Ainsi, on retrouvera sur un cadavre des taches blanches aux
ongles, des varices, un palais ogival, un ulcère de l'estomac, un ulcère variqueux,
que sais-je ?

Mais, on ne pourra retrouver La peur de l'orage; Le besoin de lumière; La


méticulosité, ou le besoin de grand air, etc.

Les premiers symptômes sont d'importance secondaire; les seconds, sont de


bons symptômes. Ils signent la manifestation de la Vie, au travers de la matière.

Poussons plus loin, et voyons la deuxième caractéristique d'un bon symptôme.


Un symptôme qui s'explique est un mauvais symptôme. Par exemple, un
monsieur qui a peur de l'orage, parce qu'étant enfant, il a vu son père foudroyé à
ses pieds, présente un symptôme, dont on ne peut tenir aucun compte, parce
qu'il se comprend, parce qu'il s'explique. De même, un enfant qui a les sucreries
en horreur, parce que cela lui déclenche des névralgies dentaires, ne devra pas
être retenu.

Par contre, un malade qui a peur du vide, sans savoir pourquoi, ou, qui fond en
larmes sans cause (sous réserve, que ce ne soit pas un pseudo-bulbaire), ces
symptômes sont bons, et doivent être notés. Les symptômes inconscients, sont
également d'excellents symptômes, tels que le somnambulisme, les cris en
dormant, les pleurs en dormant, les grincements de dents, durant le sommeil...
De même, pour la menstruation chez la femme, ainsi que les signes concomitants
tels que les sueurs, les troubles du caractère, les maux de gorge, les
modifications de la défécation...

Tous ces signes et symptômes correspondent à des rubriques précises du KENT,


et de ce fait, guident, infailliblement, le praticien vers le remède curateur. Donc,
ne pas noter les symptômes pathognomoniques ou plutôt les noter, mais à part;
ils ne servent qu'au diagnostic de la maladie, et non à celui du malade.

Le troisième point important, c'est l'individualisation du symptôme. Un symptôme


vague et mal défini, n'a aucune valeur, car il oriente vers de vastes rubriques du
KENT, comptant quelque 200 ou 300 remèdes, et de ce fait, n'ont aucune valeur
pratique, pour la recherche du remède. Ceux qui répertorient, à partir de telles
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données, passent des heures, de très longues heures avant d'objectiver un
remède valable, et encore... Par contre, une observation prise correctement,
techniquement parlant, ne demande ensuite que dix minutes pour être
répertoriée. Comme certains le pensent, ce n'est pas la répertorisation qui est
délicate et longue, c'est avant tout la prise du cas.

Un chronique, dont l'observation a été prise calmement, posément, sans aucune


hâte, en coupant même la consultation en deux ou trois séquences, est un patient
qui est guéri à 50 %, car le choix du remède, dépendra des symptômes, que vous
avez su percevoir, puis individualiser, enfin, hiérarchiser. Voici quelques
exemples :

Un malade qui est triste, cela est banal, mais une malade triste durant les règles,
c'est un bon symptôme.

Un malade transpire abondamment, c'est un symptôme absolument banal, mais


un malade qui transpire en hiver, et au repos, c'est un symptôme caractéristique.

Enfin, avant d'en terminer avec cette importante question, il est nécessaire
d'insister sur un dernier fait, celui de la Valorisation du symptôme. Ne pas
confondre hiérarchisation et valorisation. Valoriser un symptôme, ce n'est pas
seulement lui donner une bonne place, dans l'échelle des symptômes, mais c'est
surtout juger de sa valeur propre, de son importance, par rapport aux autres
symptômes. Un symptôme peut être bon, mais ne pas être retenu, vu l'importance
et la valeur des autres symptômes. Voici un exemple de valorisation de
symptôme :

Un enfant a peur du noir, a peur de la mort, désir de graisses, aversion pour les
sucreries.

Ce sont là, quatre bons symptômes, mais un homoeopathe expérimenté ne


retiendra que :

a peur de la mort,

aversion pour les sucreries,

parce qu'il est relativement rare de rencontrer un enfant qui a peur de la mort et
qui déteste les sucreries, alors qu'un enfant, qui a peur du noir, et recherche les
sucreries, qu'y a-t-il de plus banal ?

Inversement, considérons les mêmes symptômes chez un adulte, en modifiant le


dernier symptôme, nous avons :

A peur du noir ; A peur de la mort ; Désir de sucreries ; Aversion pour les


graisses.

Dans ce cas, nous retiendrons,

la peur du noir, et

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le désir de sucreries,

car, ce sont des symptômes, inhabituels, chez les adultes ; par contre, quel est
l'adulte, qui n'a la crainte de la mort, quoi qu'en dise Montaigne ?

Nous sommes ainsi, amenés, insensiblement, à examiner, ce que l'on nomme la "
Totalité des symptômes ".

3. - Ce qu'est réellement la totalité des symptômes.

De nombreux confrères ont développé cette notion, qui est absolument capitale,
il sera possible de s'y reporter, en compulsant la bibliographie ci-jointe.

Toutefois, j'ai relevé cette définition de Sir John Weir (photo ci après), et que
reproduit le Docteur Pierre Schmidt, dans son Introduction, à la 6 ème édition de
l'Organon (p. 30) ; la voici :

" ... C'est un ensemble qui n'exprime pas la totalité numérique de tous les
symptômes imaginables (universalité des symptômes), mais bien un minimum de
symptômes de valeur maxima caractérisant la façon personnelle dont le malade
fait " sa maladie ", et correspondant aux symptômes dits thérapeutiques, soit
ceux que le médecin homoeopathe utilise pour déterminer le remède curateur. "

Comment grouper simplement ces symptômes, comment les hiérarchiser ?

Plusieurs lois ont été énoncées à ce sujet, les voici en substance :

Aller du général au particulier ;

De l'intérieur vers l'extérieur ;


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Du mental au physique.

Ce qui conduira au plan d'ensemble suivant

I- Le psychisme :

Symptômes affectifs;

Symptômes volontaires;

Symptômes de la mémoire.

II- Les signes généraux, Les intempéries;

Le chaud, le froid;

Les positions du corps;

Le mouvement et le repos; La latéralité;

Les vêtements;

Les intolérances alimentaires, etc.

Ill. - Les désirs et les aversions :

Alimentaires, liquides, ingrédients, épices, sucre, sel, etc.

IV. - Dans un quatrième chapitre, enfin

Les symptômes physiques, physiopathologiques, ainsi que les concomitants.

Mais souvent, les deux premiers paragraphes, suffiront pour mener au


Simillimum.

Je crois qu'une observation marquante est nécessaire pour faire comprendre ce


point de vue.

Je vous donne cette observation parce qu'il s'agit d'un cas particulièrement
intéressant, et que je possède toutes les données que j'énonce ci-après :

E.... est un enfant qui a maintenant 8 ans. A la suite d'une broncho-pneumonie, à


l'âge de 2 ans, cet enfant a présenté durant cinq années, les manifestations
suivantes d'un miasme chronique :

Trachéite spasmodique (tous les soirs) ;

Asthme sec (une fois par mois) ;

Vomissements acétonémiques (une à cinq fois par an) ;

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Rhumes à répétition (cinq à six fois par an).

Ces quatre manifestations objectives, se relayant dans le temps, et durant des


années.

La thérapeutique a été uniquement homoeopathique, depuis l'âge de 2 ans, seule


la broncho-pneumonie a été traitée allopathiquement.

Voici, sous une forme résumée, les remèdes prescrits :

Sulfur iodatum, 4, 5, 7, 9 CH ;

Pulsatilla, 4, 5 CH ;

Ignatia 7, 9 CH ;

Chamomilla 7, 9 CH ;

Cina, 4, 5 CH ;

Tuberculinum 7, 9 CH ;

Senna, 4 CH;

Lycopodium 5, 7, 9 CH ;

Natrum Muriaticum 7, 9 CH; Sil., 7, 9 CH ;

Osteocynesine ;

Petroleum, 15 CH ;

Sulfur iodatum 200 K,

et de plus, deux cures successives au Mont-Dore.

Toute cette cascade thérapeutique a amélioré l'enfant, mais ne l'a jamais guéri ;
au contraire, vers l'âge de 6 ans, les crises d'asthme et d'acétone devenaient de
plus en plus violentes et se manifestaient à intervalles plus courts.

En présence d'un tel malade, nous avons fait table rase, et n'avons considéré que
la totalité des symptômes en oubliant complètement et volontairement ses
bronches, son foie, et tout ce qui était pathognomonique, chez le petit malade.

Voici. sous une forme résumée, le minimum de symptômes de valeur maxima,


ainsi que leur hiérarchisation :

N° 1 Frilosité très marquée (symptôme éliminateur) ;

N° 2 Avarice, ce qui est curieux chez un enfant de 6 ans ;

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N° 3 Envieux ;

N° 4 Méticuleux, maniaque, ordonne ses affaires, co quet, se regarde à la glace ;

N° 5 Ne peut supporter le contact des draps et des tissus ; dort avec des
chaussettes et met des gants, la nuit au lit, surtout en hiver ;

N° 6 Langue en carte de géographie.

Voici, ce que donne la répertorisation, à l'aide du Kent (5 minutes), en éliminant


les remèdes chauds, puisque l'enfant est très frileux, ainsi que les apsoriques,
qui ne sont d'aucune utilité dans un cas chronique.

N° 2 Avarice (p. 9), Ars., Calc., Nat. c., Sep.

N° 3 Envieux (p. 39), Ars., Calc., Nat. c., Sep.

N° 4 Méticuleux, etc. (fastidious, p. 49), Ars., Nu x v.

N° 5 Senses acute (p. 78), Ars., Calc., Nux. v.

N° 6 Mapped tongue (p. 407), Ars.

Le remède est Arsenicum album, sans aucun doute. Or, durant cinq ans, à aucun
moment, l'enfant n'a reçu ce remède, qui est son Simillimum, comme le montrent
bien les faits suivants :

Le 31 juillet 1964, une dose d'Arsenicum 9 CH.

Tout disparaît comme par enchantement : la trachéite, la glossite, l'acétone, ainsi


que de nombreux autres symptômes, que je n'ai pas mentionnés ici.

Le 1 er novembre 1964, soit trois mois après, réapparition de la trachéite


spasmodique, à la suite d'un rhume.

Ars. alb. 9 CH. Une dose le 8 novembre 1964.

Depuis la prise de cette dernière dose (la seconde), l'enfant s'est littéralement
épanoui sur tous les plans; physique tout d'abord, il joue par tous les temps, se
baigne en été dans les gaves et l'océan, en hiver, il fait du ski avec succès,
puisque au bout de quelques semaines, il prenait les remonte-pentes ; inutile
d'ajouter que son régime alimentaire est absolument standard, l'enfant mangeant
quand il le désire, et ce qu'il désire.

Mais Arsenicum album reste son remède (et le restera certainement durant très
longtemps, peut-être toujours).

Je viens de lui donner récemment, Ars. alb. 30 CH, une dose, parce que déjà, à 8
ans, il a des préoccupations métaphysiques, concernant la mort.

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En matière de conclusion, et pour ma part, l'assertion suivante D'Hahnemann
(L'esprit de la Doctrine homoeopathique, 1813) :

" ... L'Homoeopathie repose uniquement sur l'expérience. Imitez-moi, dit-elle, à


haute voix, mais, imitez bien et vous verrez à chaque pas la confirmation de ce
que j'avance. "

Cette phrase est réelle et vraie, je l'ai, pour ma part, expérimentée et une fois
comprise et sentie, on ne peut plus se retourner, ni faire demi-tour.

Donnez le Simillimum, et tout ce est humainement possible de guérir, tant en


visite qu'en consultation, guérira.

Plus que jamais, " l'Art et la Science " sont nécessaires, si l'on veut garder
l'Homoeopathie pure, vivante et vraie.

Le Docteur William Guttman, de New York, a bien souligné ce fait, lorsqu'au cours
du Congrès International d'Homoeopathie de Stuttgart (sept, 1955), il a lancé le cri
d'alarme, et de ralliement de tous les homoeopathes : Retour à l'Organon.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Docteur W. P. Baker : The undiagnosable patient as a therapeutic


challenge. Journal of American Institute of Homoeopathy, 1964. No 5/6.
2. Docteur Jacques Baur : Points de vue sur l'homoeopathie actuelle. 1965. N°
3. 148, 159. Homéopathie Française.
3. Docteur M. L. Dhawale. : Individualization. No 2, avril 1964. 106 à 109.
British Homoeopathic Journal.
4. Docteur M. L. Dhawale : Conceptual Image in homoeopathie practice.
British Homoeopathic Journal. 1965. N' 2. Avril 1965. 914 et suivantes.
5. Docteur Henry Duprat : Théorie et techniques homoeopathiques.
Peyronnet, Paris, 2 ème édition 1955.
6. Docteur G. Gagliardi : The similimum. British Homoeopathic Journal. 1964.
N° 2. 103 et suivantes.
7. Docteur Samuel Hahnemann : Organon, 5 ème édition, Traduction Dr A. J.
L. Jourdan. Baillères, Paris. 1873.
8. Docteur Samuel Hahnemann : Organon, 6 ème éd. Trad. Dr Pierre Schmidt.
Vigot, Paris, 1952.
9. Docteur Jacques Hui Bon Hoa : Précis de technique répertoriale de Kent.
Coquemard, Angoulême, 1963.
10. Docteur James Tyler Kent : Répertoire, 4 ème édition Américaine, 1 ère éd.
Indienne, 1 ère édition française (Traduction Docteur Alain Horvilleur à
partir de la 3 ème édition US).
11. Docteur James Tyler Kent : Lectures on homoeopathique philosophy. Sett
dey & Co. Calcutta, 1961.
12. Docteur Pahud : La valeur des symptômes. P.H. 1933. N° 4. Propagateur de
l'Homoeopathie.
13. Docteur Tomas Pablo Pashero : The diagnostic of the similimum. B.H.J.,
avril 1964. N° 2. 89 et suivantes.
14. Docteur Herbert A. Roberts : Principles and Art of cure by homoeopathy.
Health Science Press, Rustington, England. 1962.
12
15. Docteur Pierre Schmidt : Les relations médicamenteuses. P.H. 1931. N° 3.
16. Docteur Pierre Schmidt : La valeur des symptômes. P.H. 1934, No 3.
17. Docteur Pierre Schmidt : Cas clinique. G.H.L. 1 ère série. N° 3. Groupement
hahnemannien de Lyon.
18. Docteur Pierre Schmidt : Les trinités en homéopathie. G.H.L. 1 ère série. N°
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19. Docteur Pierre Schmidt : Les sept piliers de l'homoeopathie. G.H.L. 1 ère
série. N° 9.
20. Docteur Pierre Schmidt : Le simile selon Hahnemann. G.H.L. 1 ère série. N°
7.
21. Docteur Roland Zissu : L'observation homéopathique. Ses problèmes et
ses pièges. A.H.F., décembre 1964. N° 13.

Abréviations utilisées dans la bibliographie

HF – L’Homéopathie Française.

BHJ. : British Homoeopathic Journal.

PH. : Propagateur de l'Homoeopathie.

CGHL. Cahiers du Groupement Hahnemannien de Lyon,

AHF. Annales homoeopathiques françaises.

Le vendredi 12 février 1999

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