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(cet article est paru dans " L’homéopathie Française ", en 1996, N° 4, pages 229 à 241. Il a été
actualisé pour " Homéopathe International " en février 1999. Dr RS.)
Ces quelques mots, si simples à lire, et à entendre : " La Totalité des Symptômes
" cachent en réalité, une somme de travaux patients, tant théoriques que
pratiques.
Avant de prescrire sur la totalité des symptômes, il faut bien comprendre ce que
parler veut dire, et pour cela, procéder à l'analyse, puis à la synthèse de ce
concept. C'est ce que nous tenterons de réaliser, en écrivant ces quelques pages.
On y arriverait une fois sur des millions de cas, et encore uniquement par chance.
Il est impossible de définir la personnalité d'un homme par un seul signe, et
encore, bien moins possible, de prescrire convenablement sur un seul
symptôme, même si ce symptôme unique, est " étrange, rare, individuel ", et
même, s'il est inscrit au 3' degré, c'est-à-dire le plus haut, dans le grand
répertoire de Kent.
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De plus, il convient de ne pas oublier le fait pratique suivant : les pathogénésies,
lorsqu'elles ont été établies par nos anciens, n'ont pas été poussées jusqu'aux
lésions organiques, anatomo-pathologiques.
b) Prenons un second exemple, celui bien connu, du malade qui présente une
langue en " carte de géographie ", ce que l'on nomme en dermatologie, une
glossite exfoliatrice. marginée. Plus que fréquemment, on voit prescrire Natr. m.,
Ars. ou Tarax.
Ant. c., Ars., Cham., Kali bi., Lach., Lyc., Merc., Nat. m., Nit. a., Ran. sc., Rhus t.,
Sul. ac., Tarax., Ter., Thuya.
c) Je crois qu'il est inutile d'aller plus loin dans ce domaine, pour comprendre le
danger, " l'à-peu-près ", l'audace, d'une telle prescription. C'est une partie de dés,
dont le malade est, à tous les coups, le grand perdant.
Cela devient plus grave, si l'on base sa prescription sur un seul " key-note "
mental. Par exemple, donner Alumina à un. malade qui ne peut supporter la vue
du sang, ou d'un couteau, c'est aller à coup sûr vers un échec, bien que ce
remède couvre le symptôme au 3e degré, et qu'il soit le seul (Blood, 10 );
Pourquoi ?
Parce que ce seul et unique symptôme, n'est pas tout le malade, il ne représente
qu'une infime partie de sa personnalité. Alumina le guérira certainement s'il
présente d'autres signes mentaux et généraux d'Alumina, mais, n'aura aucune
action, si le reste de la personnalité du malade, est couvert par Thuya.
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Par contre, Thuya, bien que n'ayant pas, dans sa pathogénésie, le symptôme " ne
peut voir le sang ", le fera tout de même disparaître, puisqu'il aura été prescrit sur
la totalité des symptômes, c'est-à-dire, sur l'ensemble de la personnalité du
patient. Il faut, au minimum, trois symptômes clés, bien marqués, bien
caractéristiques, pour pouvoir prescrire, utilement et efficacement.
C'est Constantin Hering, qui formula ce que les Anglais nomment : " The three
legged homoepathic stool " (et non, school), ce qui signifie en substance, qu'une
prescription homoeopathique " tient debout ", comme le fait un tabouret (stool),
sur trois pieds.
§ 273. - Au cours de tout traitement visant à la guérison, il n'est, dans aucun cas
nécessaire, et de ce fait, il est même inadmissible, d'utiliser chez un malade, plus
d'une seule substance médicinale simple, à la fois.
... Dans l'homéopathie, la seule qui mérite le nom de vraie thérapeutique parce
que logique, et basée sur des lois naturelles, il est absolument interdit de donner
au malade à la fois, deux remèdes distincts.
§ 274. Il n'ignore pas non plus, qu'un médicament simple, donné dans une
maladie dont l'ensemble des symptômes est exactement connu, suffit à lui seul
pour la guérir d'une manière parfaite, s'il a été choisi homéopathiquement.
Pourtant, il existe certaines ambiguïtés, qui peuvent prêter à discussion, dans les
ouvrages D'Hahnemann; mais cela, uniquement, lorsque l'on cherche à
interpréter, je dirai plutôt, à extrapoler. Certains n'ont pas manqué de le
remarquer, de " monter en épingle ", et de soutenir qu'ainsi le Maître, avait prôné
le pluralisme.
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" ... Il n'y a pas lieu d'être étonné de ce qu'un seul médicament ne suffise jamais,
pour la guérison de la gale entière et de toutes ses formes, mais, qu'il soit
nécessaire d'en administrer plusieurs, afin de pouvoir agir d'une manière
homoeopathique, et par cela même curative, au moyen des effets morbides de
chacun d'eux. "
Mais, cela est bien exact, Hahnemann a parfaitement raison de dire qu'il faut
plusieurs médicaments pour guérir la Psore, mais il n'a jamais recommandé d'en
administrer plusieurs ensemble. Parfois, chez le bébé et l'enfant, un seul remède,
répété lorsque les symptômes le demandent, suffit à mener le petit malade à la
guérison intégrale. Il faut toutefois, comme Kent le recommande, saturer
progressivement les " degrés " et ne jamais donner plus de deux fois, la même
dynamisation.
Par contre, chez l'adulte, et comme le fait remarquer plus haut, Hahnemann, il est
nécessaire de prescrire plusieurs remèdes, pour aboutir à la guérison totale !
C'est ainsi qu'un patient, sera amélioré avec Ars., et guérira complètement, avec
Phosp.
Kent a même été plus loin, il a remarqué que certains malades, évoluaient,
suivant un cycle thérapeutique.
Par exemple
C'est même, Gibson Miller, un des premiers élèves de Kent, qui a soutenu, avec
juste raison, la nécessité d'administrer successivement, plusieurs remèdes, afin
de guérir les Miasmes Chroniques.
Relisez également les § 167, 168, 169, 170, 171, 183, de la 5e édition de l'Organon
et, vous saisirez toute la pensée du Maître, en ce qui concerne ce problème
crucial.
Tout est pesé, mûri, expérimenté; ce n'est qu'à partir de cet ouvrage qu'il est
possible d'avoir, une base solide, inébranlable. Un de mes amis me disait qu'aux
Indes et au Pakistan, où il existe une forte École Homoeopathique, les étudiants
apprennent les paragraphes de l'Organon, par cœur, comme les stances sacrées.
L'excès en tout est nuisible; le juste équilibre est nécessaire partout.
2. - Prescrire sur la totalité des symptômes, ce n'est pas prescrire sur tous les
symptômes.
Certains ont cru, ou croient, que prescrire sur la totalité des symptômes, c'est
prendre une feuille de papier et noter tous les symptômes énoncés, et ressentis
par le patient. Cela également, est une " fausse vérité ".
On pourrait passer une journée à couvrir des pages et des pages de symptômes,
de toutes sortes, sans arriver à quelque chose de convenable; ce serait un "
délire à deux ", qui aboutirait à la saturation, à l'écœurement des deux côtés.
Nombreux sont ceux qui ont des idées préconçues, et s'imaginent de ce fait, un
interrogatoire long, filandreux, le médecin " coupant les cheveux en 4 ", et le
patient en 8. En réalité, il y a les bons et les mauvais symptômes.
Ce qui différencie d'ailleurs, un homoeopathe confirmé, possédant bien son " Art
et sa Technique ", c'est souvent cette faculté de " percevoir " le bon symptôme;
le symptôme qui, adjoint à quatre ou cinq autres symptômes, bien sélectionnés,
bien définis, suffira pour guider le choix du praticien, vers le Simillimum possible.
Le remède, ainsi sélectionné, ne deviendra vraiment le Simillimum, que lorsqu'il
aura guéri le malade ou fait progresser l'ensemble des symptômes, vers une
seconde prescription.
Ce qui revient à dire, que l'immatériel est antérieur au matériel, que l'Esprit est
antérieur à la matière. Ce qui anime le corps, ce qui donne la vie, c'est la Force
vitale. Il va donc falloir rechercher les symptômes de la Vie, de la Force vitale et
non ceux de la matière, c'est-à-dire du cadavre.
Par contre, un malade qui a peur du vide, sans savoir pourquoi, ou, qui fond en
larmes sans cause (sous réserve, que ce ne soit pas un pseudo-bulbaire), ces
symptômes sont bons, et doivent être notés. Les symptômes inconscients, sont
également d'excellents symptômes, tels que le somnambulisme, les cris en
dormant, les pleurs en dormant, les grincements de dents, durant le sommeil...
De même, pour la menstruation chez la femme, ainsi que les signes concomitants
tels que les sueurs, les troubles du caractère, les maux de gorge, les
modifications de la défécation...
Un malade qui est triste, cela est banal, mais une malade triste durant les règles,
c'est un bon symptôme.
Enfin, avant d'en terminer avec cette importante question, il est nécessaire
d'insister sur un dernier fait, celui de la Valorisation du symptôme. Ne pas
confondre hiérarchisation et valorisation. Valoriser un symptôme, ce n'est pas
seulement lui donner une bonne place, dans l'échelle des symptômes, mais c'est
surtout juger de sa valeur propre, de son importance, par rapport aux autres
symptômes. Un symptôme peut être bon, mais ne pas être retenu, vu l'importance
et la valeur des autres symptômes. Voici un exemple de valorisation de
symptôme :
Un enfant a peur du noir, a peur de la mort, désir de graisses, aversion pour les
sucreries.
a peur de la mort,
parce qu'il est relativement rare de rencontrer un enfant qui a peur de la mort et
qui déteste les sucreries, alors qu'un enfant, qui a peur du noir, et recherche les
sucreries, qu'y a-t-il de plus banal ?
la peur du noir, et
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le désir de sucreries,
car, ce sont des symptômes, inhabituels, chez les adultes ; par contre, quel est
l'adulte, qui n'a la crainte de la mort, quoi qu'en dise Montaigne ?
Nous sommes ainsi, amenés, insensiblement, à examiner, ce que l'on nomme la "
Totalité des symptômes ".
De nombreux confrères ont développé cette notion, qui est absolument capitale,
il sera possible de s'y reporter, en compulsant la bibliographie ci-jointe.
Toutefois, j'ai relevé cette définition de Sir John Weir (photo ci après), et que
reproduit le Docteur Pierre Schmidt, dans son Introduction, à la 6 ème édition de
l'Organon (p. 30) ; la voici :
" ... C'est un ensemble qui n'exprime pas la totalité numérique de tous les
symptômes imaginables (universalité des symptômes), mais bien un minimum de
symptômes de valeur maxima caractérisant la façon personnelle dont le malade
fait " sa maladie ", et correspondant aux symptômes dits thérapeutiques, soit
ceux que le médecin homoeopathe utilise pour déterminer le remède curateur. "
I- Le psychisme :
Symptômes affectifs;
Symptômes volontaires;
Symptômes de la mémoire.
Le chaud, le froid;
Les vêtements;
Je vous donne cette observation parce qu'il s'agit d'un cas particulièrement
intéressant, et que je possède toutes les données que j'énonce ci-après :
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Rhumes à répétition (cinq à six fois par an).
Sulfur iodatum, 4, 5, 7, 9 CH ;
Pulsatilla, 4, 5 CH ;
Ignatia 7, 9 CH ;
Chamomilla 7, 9 CH ;
Cina, 4, 5 CH ;
Tuberculinum 7, 9 CH ;
Senna, 4 CH;
Lycopodium 5, 7, 9 CH ;
Osteocynesine ;
Petroleum, 15 CH ;
Toute cette cascade thérapeutique a amélioré l'enfant, mais ne l'a jamais guéri ;
au contraire, vers l'âge de 6 ans, les crises d'asthme et d'acétone devenaient de
plus en plus violentes et se manifestaient à intervalles plus courts.
En présence d'un tel malade, nous avons fait table rase, et n'avons considéré que
la totalité des symptômes en oubliant complètement et volontairement ses
bronches, son foie, et tout ce qui était pathognomonique, chez le petit malade.
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N° 3 Envieux ;
N° 5 Ne peut supporter le contact des draps et des tissus ; dort avec des
chaussettes et met des gants, la nuit au lit, surtout en hiver ;
Le remède est Arsenicum album, sans aucun doute. Or, durant cinq ans, à aucun
moment, l'enfant n'a reçu ce remède, qui est son Simillimum, comme le montrent
bien les faits suivants :
Depuis la prise de cette dernière dose (la seconde), l'enfant s'est littéralement
épanoui sur tous les plans; physique tout d'abord, il joue par tous les temps, se
baigne en été dans les gaves et l'océan, en hiver, il fait du ski avec succès,
puisque au bout de quelques semaines, il prenait les remonte-pentes ; inutile
d'ajouter que son régime alimentaire est absolument standard, l'enfant mangeant
quand il le désire, et ce qu'il désire.
Mais Arsenicum album reste son remède (et le restera certainement durant très
longtemps, peut-être toujours).
Je viens de lui donner récemment, Ars. alb. 30 CH, une dose, parce que déjà, à 8
ans, il a des préoccupations métaphysiques, concernant la mort.
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En matière de conclusion, et pour ma part, l'assertion suivante D'Hahnemann
(L'esprit de la Doctrine homoeopathique, 1813) :
Cette phrase est réelle et vraie, je l'ai, pour ma part, expérimentée et une fois
comprise et sentie, on ne peut plus se retourner, ni faire demi-tour.
Plus que jamais, " l'Art et la Science " sont nécessaires, si l'on veut garder
l'Homoeopathie pure, vivante et vraie.
Le Docteur William Guttman, de New York, a bien souligné ce fait, lorsqu'au cours
du Congrès International d'Homoeopathie de Stuttgart (sept, 1955), il a lancé le cri
d'alarme, et de ralliement de tous les homoeopathes : Retour à l'Organon.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
HF – L’Homéopathie Française.
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