Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Roberto
Michels
et
les
syndicalistes
rvolutionnaires franais
Jean-Luc POUTHIER
ainsi dire dernier ; ou, plus loin : Tel est notre devoir,
nous autres syndicalistes allemands, et c'est en nous inspirant
de votre action courageuse, camarades de France, que nous
pourrons proclamer assez haut qu'en Allemagne comme partout
le socialisme ne renatra que par le syndicalisme 20 !
Le contexte, la chaleur des retrouvailles avec ses amis fran
ais et italiens expliquaient sans doute en grande partie cette
exaltation syndicaliste. Mais l'analyse de Michels allait beau
coup plus loin qu'une simple ptition de principes et rassemb
laitdes lments d'une vision globale du syndicalisme qu'il
avait dj bauche dans Le proltariat et la bourgeoisie dans le
mouvement socialiste italien 21 et dans sa polmique avec Berth.
Il n'existait pas pour Michels UN mais DES syndicalismes
rvolutionnaires, et leur rle et leur place ne pouvaient tre
les mmes en France, en Italie et en Allemagne. En France,
expliquait-il, la faiblesse du parti socialiste lgitimait le dvelop
pement d'un syndicalisme puissant qui reprt son compte les
valeurs rvolutionnaires. En Allemagne et en Italie, au contraire,
le syndicalisme n'avait aucune chance de se dvelopper en
dehors du parti et il lui fallait donc trouver les moyens de le
transformer sans s'isoler. En France, les sympathies de Michels
allaient incontestablement aux syndicalistes et, en dehors mme
de ses articles ou de ses proclamations, de multiples indices le
prouvaient : en 1903, arrivant Paris, il cherchait rencontrer
Paul Lafargue. Quatre ans plus tard, il frquentait Berth,
Lagardelle et dnait chez Christian Cornelissen avec Max Nettlau22. En Italie au contraire, Michels estimait que l'antiparl
ementarisme
(justifi en France par le fractionnement des forces
politiques et les risques de dvoiement des mandats ouvriers)
n'tait pas de mise et que les syndicalistes eux-mmes devaient
15 fvrier 1906