Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Maxime soudanaise
TOMBOUCTOU - MALI
DU 10 AU 13 DECEMBRE 2009
Depuis 1986 la Région de Tombouctou est liée à la Région Rhône-Alpes par une convention
de coopération portant sur un appui au développement local et au processus de
décentralisation régionale en cours au Mali. Pendant plus d’une vingtaine d’années, cette
coopération a porté ses fruits grâce à de nombreuses actions réalisées dans les domaines
prioritaires de développement tels que la santé publique, l’accès à l’eau potable,
l’agriculture, la formation professionnelle, ou encore la sauvegarde du patrimoine culturel à
travers le projet de numérisation et de valorisation des Manuscrits de Tombouctou. En
Octobre 2009, la coopération décentralisée entre les deux régions a été consolidée par une
convention triennale de renouvellement, signée par Jean-Jack Queyranne, président du
conseil régional Rhône-Alpes et Mohamed Ibrahim, président de l’Assemblée régionale de
Tombouctou.
En 2008, un partenariat franco-britannique a été signé pour aider à atteindre les objectifs du
Millénaire en matière d’éducation sur le continent africain (alphabétisation de 40 millions
d’enfants et formation de 4 millions d’enseignants d’ici à 2015). Un programme « Education
numérique pour Tous » est lancé pour témoigner de l’engagement de la France et de sa
volonté à contribuer à la révolution du numérique éducatif en Afrique. Ce projet d’éducation
numérique symboliquement baptisé « Sankoré » du nom de la première université africaine
(qui fut fondée à Tombouctou au XVème siècle) propose à travers une coopération Nord-Sud
l’intégration pérenne des TIC dans les systèmes éducatifs africains autour de 3 axes : la
formation et le renforcement des capacités des formateurs, la création de contenus adaptés,
l’équipement en supports numériques interactifs.
2
• Des objectifs ciblés et orientés vers des perspectives d’actions pour 2010
2. Présentation de Tombouctou
Encore surnommée la cité Mystérieuse, la perle du désert ou la ville des 333 Saints,
Tombouctou est classée patrimoine de l’Humanité et est bien connue à travers le monde
pour ses richesses culturelles, ses traditions intellectuelles, sa dimension religieuse et ses
célèbres manuscrits.
Carte du Mali,
situant la région de Tombouctou
3
Tombouctou est la plaque tournante des échanges entre le Maghreb et l'Afrique
Subsaharienne. C'est en effet là bas que les marchands posaient leurs caravanes le temps
d'effectuer leurs transactions. A l'époque, les échanges ne se composaient pas seulement
d'ivoire, d'or ou de sel; les livres faisaient également partie des biens précieux. Forte de cet
essor économique et culturel, la ville devient au XVème siècle un centre intellectuel de
grande envergure, et accueille la première université de l'Afrique Subsaharienne, l'Université
de Sankoré, regroupant jusqu'à 25 000 étudiants.
Plus grande région du Mali avec une superficie de près de 500 000 km2, la région de
Tombouctou est située aux confins sud du Sahara et compte 681 691 habitants répartis dans
121 554 ménages. Les populations sont majoritairement des songhaïs, kel-tamacheq,
maures, peulhs et bambaras, ayant adopté un mode de vie nomade. L’économie de la région
repose essentiellement sur la production et le commerce du sel, l'élevage, l’agriculture et la
pêche autour du fleuve et des lacs, véritables gages de sécurité alimentaire. Selon le
Président de l'Assemblée Régionale de Tombouctou, Mohamed Ibrahim Cissé, il est
également important de noter que 55% de la population de la région vit des retombées du
tourisme, de l'artisanat et de la culture.
Mais la désertification (avancée des dunes) et l’enclavement de la Région (manque
d’infrastructures routières et de télécommunications) constituent de véritables obstacles
pour l’accès des populations aux services sociaux de base (éducation, santé) et pour
l’ouverture de la Région sur le monde extérieur.
4
• Jour 1 : JEUDI 10 DECEMBRE 2009
Les échanges se sont poursuivis par un exposé des difficultés que rencontre l’ART en matière
d’accès et d’usage des TIC dans la gouvernance locale. Trois problèmes majeurs ont été
identifiés :
5
- La connectivité : inexistence d’une connexion ou d’un réseau intranet au sein de l’ART.
Les solutions proposées (VSAT, LiveBox,…) restent excessivement coûteuses.
Par ailleurs, suite au recensement des besoins numériques exprimés par l’ART, l’Agence
pourrait apporter des réponses concrètes à la satisfaction de ces besoins en s’appuyant sur
la forte tradition de coopération décentralisée existant entre Rhône-Alpes et Tombouctou.
Ainsi, il est envisageable de :
***
1
Dans l’objectif de coordonner une opération de don de matériel adapté à la demande, le service informatique
de l’ART devra dresser un listing précis des besoins en équipement en identifiant les services auxquels le
matériel sera affecté.
6
• Jour 2 : VENDREDI 11 DECEMBRE 2009
Synthèse des échanges : L’objectif de cette visite est de recueillir des témoignages (retours
d’expérience) des enseignants et des lycéens sur le projet « Internet à l’école »
expérimenté de 2003 à 2005 dans ce lycée avec l’appui de la société des
télécommunications suisses (SWISSCOM). En effet, depuis une dizaine d’années, le
gouvernement malien mène une politique d’équipement des lycées et des écoles en
matériel informatique. Ceci a entraîné la création d’un nombre important de salles
informatiques et multimédia dans les écoles maliennes. Comment un tel dispositif a-t-il
fonctionné à Tombouctou ? Où en est le projet aujourd’hui et quels enseignements tirer de
cette expérience par rapport à la faisabilité du projet
d’éducation numérique intégrant l’équipement en
tableau blanc interactif de ce lycée ? Telles sont les
questions qui ont structuré notre entretien avec
Messieurs Mahamane Djira et Mahamar Traoré,
respectivement Proviseur du lycée et Responsable de
la Salle Internet.
7
moyenne de 60 à 80 lycéens) pour suivre des séances d’initiation à l’informatique (séance
hebdomadaire d’une heure par groupe). Ils étaient essentiellement initiés à la création de
boîtes électroniques et à la recherche sur Internet en vue de la préparation de leurs devoirs
et examens. Des ateliers de correspondance en ligne (pratique de « chats ») et des
concours de création de sites web étaient également organisés dans le cadre du jumelage
numérique qui liait le lycée de Tombouctou au lycée français de Porrentruy. Cette
expérience a concrètement permis d’établir une passerelle numérique entre une ville
fortement enclavée du Sud et une ville du Nord. Dans les deux premières années
d’expérimentation du projet « Internet à l’Ecole » à Tombouctou, la fourniture du matériel a
été prise en charge par l’ONG World Links et la connexion était à la charge de l'opérateur
Télécom Swisscom. L’Etat, représenté par le Ministère de l'Éducation nationale,
subventionnait une bonne partie des factures de connexion. Le tarif d’accès à la salle
Internet était fixé à 100 Francs CFA l’heure pour chaque lycéen. Ce tarif est cinq fois moins
cher que le tarif horaire de connexion dans un cybercafé privé. Mais toujours est-il que tous
les lycéens n’avaient pas les moyens de payer cette somme. Un comité de gestion a été mis
en place dans le lycée de Tombouctou pour gérer les revenus générés par la salle internet et
puiser dans ces ressources financières pour assurer la maintenance du matériel
informatique. La subvention de l’Etat étant arrivée à terme au bout de la deuxième année
consécutive du projet (2005), le comité de gestion censé prendre le relais au niveau du
fonctionnement pérenne de la salle informatique a très vite failli à sa mission. Les factures
de connexion à Internet se sont ainsi accumulées et constituent aujourd’hui une dette
s’élevant à plus de 10 millions de Francs CFA (environ 15 mille euros). En septembre dernier,
la SOTELMA a dû procéder à la coupure définitive de la connexion dans le lycée de
Tombouctou. Ceci a mis fin aux nombreux espoirs ainsi qu’aux bénéfices que tirait la
jeunesse de Tombouctou des TIC à travers la fréquentation de cette salle informatique.
- Sur la base des acquis de son expérience de jumelage numérique avec le lycée de
Porrentruy dans le Canton du Jura, le lycée de Tombouctou est tout à fait éligible à une
offre de kit de jumelage avec un lycée rhône-alpin dans le cadre de la mise en œuvre du
programme « Education numérique en Afrique ».
8
10h - 11h : Visite du Centre d’Animation Pédagogique (CAP) de Tombouctou
Thème de la visite : Formation des formateurs et évaluation des contenus pédagogiques
Personne rencontrée : Ibrahim Diallo (Conseiller à l’orientation)
Synthèse des échanges : Avec le soutien de la Banque mondiale, le Mali a mis en place
depuis 1996 un programme décennal de développement de l’éducation (PRODEC) qui s’est
fixé comme objectif d’atteindre un taux brut de scolarisation de 95% au premier cycle de
l’enseignement fondamental (cours primaire) à l’horizon 2010. Les problématiques de la
qualité de l’éducation de base pour tous et de la formation des enseignants figurent parmi
les axes prioritaires définis dans ce programme. Grâce au PRODEC, un nouveau schéma
institutionnel de l’éducation a été mis en place pour favoriser la proximité entre les
collectivités locales et les services Régionaux de l’Education. C’est ce qui a d’ailleurs amené à
la création de 70 Centres d’Animation Pédagogique (CAP,
anciennement représentées par les Inspections de
l’Enseignement Fondamental), rattachés aux 15 Académies
d’Enseignement au Mali.
9
Préconisations et pistes de collaboration :
- Enfin, lors de notre visite du CAP de Tombouctou, nous avons pu apprécier en direct sur
les ondes de la radio communautaire la qualité des émissions pédagogiques et des
modules de formation radiophonique créées et diffusées dans le cadre du programme
FIER (Formation Interactive des Enseignants par Radio) et du programmes PHARE
(Programme Harmonisé d’Appui au Renforcement de l’Éducation). En s’inspirant de ces
programmes et du pouvoir de diffusion des radios locales, il serait envisageable dans le
cadre du projet « Education Numérique en Afrique », d’utiliser le canal de ces radios
communautaires pour offrir aux enseignants maliens du premier cycle, des séances
d’apprentissage et de sensibilisation sur la compréhension des enjeux d’intégration des
TIC dans leurs pratiques d’enseignement.
***
11h - 12h /15h30 - 16h30 : Visite de deux bibliothèques dédiées à la conservation des
Manuscrits de Tombouctou : le CEDRAB et la Bibliothèque Mama Haidara
Thème de la visite : Les bibliothèques au secours d’un patrimoine sacré
Personne rencontrée : Mohamed Gallah Dicko (Directeur du CEDRAB), Abdel Kader Haïdara
(Directeur de la Bibliothèque Mama Haidara), Mohamed Touré (Directeur adjoint de la
Bibliothèque Mama Haidara)
10
Synthèse des échanges : A cette étape de la mission, le principal objectif était de constater
de visu les efforts déployés par les deux plus grandes bibliothèques (l’une publique et l’autre
privée) de la Région de Tombouctou en matière de sauvegarde et de valorisation de
l’inestimable héritage culturel et littéraire que constituent
les Manuscrits de Tombouctou. Au total, c’est près de
300 000 milles manuscrits qui sont conservés dans les
familles et les bibliothèques de la Région de Tombouctou.
Les plus anciens datent même du Xème siècle et
constituent des trésors de par leurs contenus religieux et
scientifiques (médecine, biologie, mathématiques,
astronomie, optique etc.).
Compte tenu de leur fragilité face aux termites et à l’épreuve du temps, ces manuscrits sont
menacés. Ils ont également besoin d’être préservés des mauvaises intentions de certains
pilleurs et voleurs.
Quant à la Bibliothèque Mamma Haïdara, elle est la 1ère des 80 bibliothèques « familiales »
privées recensées à Tombouctou. Son originalité est le modèle de coopération que son
promoteur, Haïdara, a su tisser avec l'Université de Harvard
et le Ministère de la culture du Mali afin que cette
bibliothèque s’érige en véritable pôle culturel et intellectuel
de Tombouctou. La bibliothèque abrite aujourd’hui environ
5 000 manuscrits (livres d’auteurs locaux et documents
historiques datant des XVIIIe, XIXe et XXe siècles), restaurés
grâce à des fonds de la Fondation Mellon et publiés dans un
catalogue par la Fondation Islamique Al-Furqan.
11
16h-30 - 17h30: Visite du Télécentre Communautaire Polyvalent (TCP) de Tombouctou
Thème de la visite : De la nécessité de responsabiliser les acteurs locaux et la société civile
dans la gestion des projets de développement communautaire basés sur les TIC
Personne rencontrée : Mohamed Alher Ag Alhousseyni (Gérant du Télécentre)
Synthèse des échanges : Créé en 1997 et opérationnel dès décembre 1998, le Télécentre
Communautaire Polyvalent (TCP) de Tombouctou est l’un des premiers TCP expérimentés à
titre de projet pilote en Afrique sub-saharienne francophone. Financé conjointement par
l’UNESCO, le CRDI et l’UIT à hauteur de 200 millions de francs CFA dans le cadre de l'initiative
des Nations Unies pour l'Afrique, ce projet visait à impliquer les TIC dans les actions de
développement communautaire et de développement rural des populations de la région de
Tombouctou.
Le projet présentait un modèle abordable, reproductible mais pas viable sur le long terme
puisque dix ans après la création de cette structure, le TCP de Tombouctou ne remplit plus
aujourd’hui tous les services multifonctionnels qu’il était censé rendre à la population.
En effet, selon les explications de l’actuel gérant du TCP (qui entre temps a été réduit au
statut d’un cybercafé ordinaire), le projet a surtout souffert de problèmes de maintenance
de l’équipement informatique et d’autonomisation à la fin des subventions. Par ailleurs, la
mainmise de l’opérateur national de télécoms (SOTELMA) et la faible implication des
pouvoirs locaux dans le projet (en raison du contexte embryonnaire de la décentralisation à
l’époque) n’ont pas favorisé une appropriation réelle du TCP par les organisations locales et
les acteurs de la société civile, chargés d’animer la vie de ce télécentre.
***
12
• Jour 3 : SAMEDI 12 DECEMBRE 2009
- Contribuer à des actions de formation des élus locaux dans le cadre du mandat
technique de l’Agence mondiale de solidarité numérique sur la thématique de la
coopération décentralisée.
- Faire intervenir l’Agence en tant que formateur externe et responsable d’un module
« TIC, développement local et solidarité numérique » dans les programmes de
formation (initiale et continue) proposés par Delta - C aux cadres africains.
13
- Aider l’Agence à organiser annuellement en Afrique des journées de réflexion « TIC et
Développement Local », avec la participation du Centre International d’Etudes pour le
Développement Local (CIEDEL - Lyon) et le Centre International de Formation des
Acteurs Locaux (CIFAL - Ouagadougou). Cette session annuelle de formation pourrait
bénéficier de l’appui financier et de l’accompagnement institutionnel de l’Association
Internationale des Maires Francophones (AIMF), de la Délégation pour l’Action
Extérieure des Collectivités françaises (DAECT/MAEE) et du Réseau Rhône-Alpes d'appui
à la coopération internationale (RESACOOP).
En outre, Delta-C envisage de redynamiser son site Web en y intégrant une base de
documents (cours, TD, …) accessibles et téléchargeables. Delta-C espère s’appuyer sur le
réseau de partenaires de l’Agence pour trouver d’éventuels prestataires pouvant répondre à
ce besoin.
***
11h - 12h : Assemblée Régionale de Tombouctou (ART) / Projet de numérisation des
Manuscrits de Tombouctou
Thème de la visite : Redonner à la « cité de l’écrit et du savoir » ses lettres de noblesse / Le
point sur le projet de numérisation des Manuscrits de Tombouctou soutenu par la Région
Rhône-Alpes
Personne rencontrée : Hamidou Touré (Technicien à l’ART, Chargé de la numérisation des
Manuscrits)
Synthèse des échanges : Le dernier rendez-vous sur lequel s’est achevée notre mission fut
l’occasion de faire un état des lieux de l’avancement du projet de numérisation des
manuscrits, confié depuis 2007 à l’ART et s’insérant dans le dispositif d’appui au
développement local (PADL) de Tombouctou. Avec le soutien financier apporté par la Région
Rhône-Alpes dans le cadre de la coopération décentralisée, ce projet de sauvegarde des
manuscrits (inventaire, catalogage, restauration, numérisation et conservation de 50 000
manuscrits) bénéficie de l’ingénierie technique de l’Institut National des Sciences Appliquées
(INSA) de Lyon, choisi comme Maître d’œuvre de réalisation du projet.
14
L’INSA a ainsi accueilli et formé pendant un mois Hamidou Touré, le technicien de l’ART aux
nouvelles techniques de numérisation ainsi qu’à la prise en main et la maintenance d’un
scanneur de la gamme Copy-book. Ce scanner offert à l’ART par la Région Rhône-Alpes est
un outil idéal qui garantit une préservation
optimale des ouvrages rares et fragiles. Il numérise
sans émettre de rayons ultraviolets, ni
d’infrarouges, et il offre le meilleur compromis
entre la résolution (300 dpi), le temps de
numérisation et la qualité d’image en haute
définition. Très enthousiasmé, Hamidou Touré
nous confie : « Grâce à ce Copy-book, je peux
scanner jusqu’à 100 fichiers par heure».
Cependant deux obstacles majeurs freinent la bonne évolution du projet au niveau de l’ART
à savoir :
- la négociation difficile avec les familles qui ne coopèrent pas véritablement : En effet, les
familles préservent les manuscrits à leur niveau comme des documents sacrés bien
qu’elles n’aient pas les moyens de garantir la conservation dans de conditions optimales
des manuscrits qui se détériorent progressivement. La pauvreté amène même certains
propriétaires de manuscrits à les vendre aux enchères aux premiers touristes qui se
présentent ;
- L’ART doit entamer une véritable campagne de sensibilisation pour établir un cadre de
confiance avec les familles détentrices de manuscrits, afin que celles-ci puissent ramener
les manuscrits les plus fragiles à la numérisation.
15
4. Conclusions et remerciements
"Je voyais donc cette capitale du Soudan, qui depuis longtemps était le but de mes désirs. En
entrant dans cette cité mystérieuse, objet des recherches des nations civilisées de l'Europe, je
fus saisi d'un sentiment inexprimable de satisfaction: je n'avais jamais éprouvé une sensation
pareille et ma joie était extrême". René Caillié.
Cette mission de prise de contacts et d’identification des besoins TIC des acteurs du
développement local et régional de Tombouctou a été une réussite du point de vue des
objectifs préalablement fixés sur une durée de séjour aussi courte (4 jours).
En effet, grâce aux visites thématiques de terrain et aux entretiens semi-directs avec les
personnes ressources identifiées, nous avons pu collecter un certain nombre d’informations
qualitatives et quelques données quantitatives dont le croisement indique que les signaux
sont verts pour la faisabilité des projets d’éducation numérique et de renforcement des
capacités TIC dans la Région de Tombouctou. Les besoins recensés se résument
essentiellement à des besoins en équipement et en formation aux TIC. A cet effet, le projet
du Centre Régional Multimédia de Tombouctou (CRMT) mérite toute l’attention et si
possible l’accompagnement de l’Agence mondiale de solidarité numérique puisqu’il s’agit
d’un véritable projet d’avenir, devant contribuer à l’ouverture de Tombouctou sur la société
de l’information. Par ailleurs l’expérimentation du dispositif « Internet à l’Ecole » au lycée
de Tombouctou laisse bien entrevoir d’autres types d’expérimentation similaire à condition
que les porteurs de projet intègrent cette fois-ci les paramètres nécessaires à la durabilité
d’un tel dispositif.
Il est également à retenir que la lutte contre la fracture numérique dans une région aussi
enclavée devra passer par la mobilisation, l’implication et la responsabilisation de la société
civile et des acteurs du développement local. Cette mission a permis de donner la parole à
ces acteurs, d’identifier avec eux leurs besoins prioritaires et de jeter les bases pour des
futures actions de solidarité numérique nord-sud et sud-sud.
16
5. Annexes
"Tombouctou: des rues de sable, des enfants qui jouent, des moutons indolents, des touaregs
mystérieux, des ânes entravés à l'ombre, des tentes dans les cours ouvertes, des femmes en
boubou, des groupes d'hommes qui boivent du thé, une grand-place de sable, Al-Farouk le
génie tutélaire, l'appel à la prière, le vent chaud, un dromadaire blatérant, un marché
couvert, un marché ouvert, des plaques de sel venues par caravane, des portes décorées
donnant sur des cours basses, et l'eau bue par le sable dans les rues, et les fours à pain
ouvrant leurs gueules noires, et les rires, et les sourires, et la curiosité, et le soleil de plomb."
Source: « Tombouctou n'existe pas » (KaFkaïens, no 17)