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Les principales étapes de la mondialisation financière

Sommaire

Libéralisation financière et régime de change


Innovation financière et progrès technique
Le mouvement de déréglementation
Références bibliographiques par Pierre Jacquet.

Si, historiquement, la mondialisation financière n'est pas un phénomène nouveau, sa


profondeur et sa diffusion font d'elle une des évolutions majeures des deux dernières
décennies. Trois étapes marquent cette mondialisation : l'effondrement du système monétaire
international de Bretton Woods, les innovations financières et le mouvement de
déréglementation. Ces deux dernières entretiennent une dynamique et des relations
complexes. Quelle est la part de volontarisme des autorités gouvernementales en la matière ?
(...) Un processus comme celui de la mondialisation financière ne peut être vraiment daté. Il
se nourrit de la conjonction d'un certain nombre de facteurs : l'accroissement de
l'interdépendance par le commerce et l'investissement, l'évolution du système monétaire
international dans les années soixante-dix, le progrès technique, la concurrence et la
déréglementation, la montée de la dette publique, la réalisation du marché unique européen,
l'ouverture financière dans les pays en développement et les négociations multilatérales sur
l'échange des services financiers.

Libéralisation financière et régime de change

L'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, entre 1971 et 1973,


conduit en 1976 au second amendement des statuts du Fonds monétaire international (FMI),
dans le cadre des accords de la Jamaïque qui entrent en vigueur en 1978 et sanctionnent le
flottement entre les grandes monnaies. Dans un tel contexte, les contrôles des mouvements de
capitaux perdent leur intérêt, car le flottement des monnaies introduit une marge de
manoeuvre complémentaire pour gérer les déséquilibres potentiels de la balance des
paiements. C'est avec le souci de préserver la stabilité des taux de change que la mobilité des
capitaux ne fait pas bon ménage, selon le fameux "triangle de Mundell"(1), à savoir
l'incompatibilité de la mobilité parfaite des capitaux, de la fixité des taux de change et de
l'autonomie des politiques monétaires au niveau national. L'acceptation du flottement des
changes ouvre donc la voie au démantèlement des barrières réglementaires, à un moment où
nombre d'économistes, notamment ceux de l'école de Chicago, recommandent précisément le
flottement des taux de change et la liberté de mouvement des capitaux susceptible de conduire
à une meilleure allocation de l'épargne mondiale(2).

Innovation financière et progrès technique

Parallèlement, le progrès des technologies de l'information et de la communication facilite de


plus en plus les transferts et les montages financiers internationaux. La finance est en effet
largement liée à la collecte et au traitement de l'information(3). Les avancées informatiques
sous-tendent également d'importants progrès des mathématiques financières qui facilitent la
tarification des nouveaux instruments. L'innovation financière connaît dans les années quatre-
vingt un développement fulgurant, élargissant considérablement le menu d'instruments
financiers à la disposition des acteurs, investisseurs, spéculateurs ou trésoriers d'entreprise.
Les produits dérivés, déjà utilisés sur les marchés des matières premières, se répandent :
futures, swaps, options ou combinaisons de ces différents éléments, sur les marchés des
changes et les marchés des taux. Il s'agit de contrats construits à partir de ("dérivés" de)
variables sous-jacentes (titres, taux d'intérêt ou de change, indices boursiers) et qui permettent
de couvrir certains éléments du risque et de transformer quelques-unes des caractéristiques
financières de ces variables sous-jacentes. Ils s'échangent soit sur les marchés organisés, soit
de gré à gré. Ainsi, certains produits dérivés permettent l'échange d'actifs financiers à taux
fixes en actifs à taux variables, ou de titres libellés dans une certaine devise ou dans une autre.
D'autres, les options, donnent le droit d'acheter (option call) ou de vendre (option put) un actif
financier à un prix fixé et avant une date déterminée(4).
L'innovation financière permet de décomposer le risque en plusieurs composants et
d'échanger ces composants sur les marchés. Elle contribue à mettre ainsi en correspondance,
pour les différents agents, le risque désiré et le risque effectivement pris. Elle facilite donc
l'activité économique et l'allocation des ressources. Elle conduit cependant à une
complexification croissante des transactions financières et des canaux de prise de risque,
posant aux autorités de réglementation et de supervision, qu'elles soient publiques ou privées
au sein des grands groupes, des problèmes considérables de suivi et d'analyse des risques,
mais aussi de définition des modalités de réglementation, de contrôle et d'intervention.
Dès lors, les excès sont difficiles à déceler et peuvent entraîner des ruines spectaculaires : les
plus marquantes furent celles de Metallgesellschaft, perdant 1,3 milliard de dollars sur des
futures pétroliers en décembre 1993 ; d'Orange County aux États-Unis, avec une perte de 1,7
milliard de dollars en décembre 1994 due à une spéculation malheureuse à la baisse des taux
d'intérêt sur des produits dérivés sur taux d'intérêt et sur des titres de dette publique ; de la
banque Barings qui, suite aux agissements incontrôlés de Nicholas Leeson (28 ans), a perdu
près d'un milliard et demi de dollars sur l'indice Nikkei en février 1995 ; ou encore de
Sumitomo Corporation qui, en mars 1995, a perdu 1,8 milliard de dollars sur des futures sur le
marché du cuivre après avoir caché les pertes pendant de nombreuses années(5). Et, bien sûr,
la faillite du fonds spéculatif LTCM (Long Term Capital Management) en octobre 1998, qui
montre combien les montages les plus sophistiqués ne protègent pas même des prix Nobel
contre un risque de liquidité résiduel que rien, finalement, ne permet d'évacuer.

Le mouvement de déréglementation

Innovation, concurrence et déréglementation vont de pair. Le terme "déréglementation" n'est


en fait pas approprié pour décrire l'évolution observée. En effet, il s'agit davantage d'une
adaptation de la réglementation existante, qui conduit à éliminer certaines réglementations,
que la concurrence et l'innovation rendent coûteuses ou désuètes, et à les remplacer par
d'autres réglementations plus efficaces. Ce terme véhicule donc l'image trompeuse d'un
marché livré à lui-même sans contrôle ni supervision. Cette image provient également du fait
que l'évolution de la réglementation correspond cependant bien à une libéralisation des
marchés. Elle laisse davantage de liberté aux différents intervenants, autorise un vaste menu
de transactions et repose sur la notion d'un contrôle moins intrusif. La dialectique
réglementation/innovation, suivant laquelle l'innovation répond à la réglementation existante,
la rend désuète et conduit à la "déréglementation", apparaît comme une constante dans
l'évolution historique des marchés financiers(6). Elle rend difficile tout exercice qui
consisterait à juger si les mouvements observés sont dus aux décisions des gouvernements ou
à la dynamique des marchés. Les décisions sont importantes, mais elles traduisent souvent des
réactions aux évolutions, plutôt que des démarches volontaristes pour façonner ces évolutions.
Il n'en reste pas moins que d'importantes décisions de déréglementation ont été prises dans les
vingt dernières années(7). C'est aux États-Unis que le mouvement commence au début des
années quatre-vingt, avec un ensemble de mesures destinées à encourager la concurrence sur
les marchés financiers, la poursuite de l'élimination des plafonds de taux d'intérêt engagée dès
la seconde moitié des années soixante-dix et, pour renforcer l'attrait du marché américain,
l'élimination en 1984 de la retenue à la source de 30 % sur les intérêts d'obligations souscrites
aux États-Unis par des étrangers. La place de Londres embraye en préparant dès 1983 le "Big
Bang" d'octobre 1986, qui met fin aux commissions fixes sur les transactions financières et à
la distinction entre les courtiers (brokers) et les contrepartistes (market makers), qui ouvre la
Bourse à des participations extérieures et qui met en place un système informatisé de
transactions en continu. Cette réforme bouleverse les conditions de concurrence sur les places
financières et pousse les autres places à s'engager également dans un mouvement de
déréglementation.
Ce mouvement a été amplifié par l'Union européenne avec la création du marché unique, qui
portait notamment sur la libre circulation des capitaux et le libre-échange des services
financiers. La libéralisation de la finance européenne a progressé rapidement tout au long des
années quatre-vingt. Les derniers verrous ont sauté avec la directive européenne sur la
mobilité des capitaux, adoptée en 1987. En France, le début des années quatre-vingt a été
marqué par l'instauration de contrôles des capitaux visant à permettre au pays de mener des
politiques économiques différentes de celles de ses voisins tout en maintenant le franc au sein
du Système monétaire européen (SME). Dès 1983, cependant, la politique économique a
opéré un virage à 180 degrés, et le gouvernement a délibérément poursuivi la modernisation
de la place de Paris et la déréglementation(8). Il s'agissait alors notamment d'attirer les
financements étrangers et de diminuer le coût du service de la dette publique.
Nombre de pays en développement ont également considérablement libéralisé leurs marchés
financiers, notamment dans le but d'attirer les investissements étrangers. La littérature
économique s'est également penchée, au début des années quatre-vingt-dix, sur le rôle du
développement de la finance dans le processus de croissance, poursuivant ainsi les travaux
antérieurs sur les défauts des systèmes financiers "réprimés" dans lesquels les transactions
sont pénalisées et les signaux de prix distordus(9). Enfin, les négociations du cycle de
l'Uruguay sur les services financiers, longues et délicates, ont aussi contribué à porter
l'attention sur le fonctionnement des marchés financiers, sur la différence entre libre mobilité
des capitaux et non-discrimination sur les marchés, sur l'avantage de la libre concurrence
entre institutions financières nationales et étrangères, dans les pays industrialisés aussi bien
que dans ceux en développement(10). (...)
Source : Problèmes économiques, n° 2669 Pierre Jacquet, directeur adjoint de l'IFRI (Institut
français des relations internationales), rédacteur en chef de Politique étrangère.

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