Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Il faut donc avoir l'esprit que la scne politique locale n'est pas ncessairement plus
dmocratique qu'au niveau national. Ce n'est pas seulement vrai pour l'Afrique, c'est
galement le cas en Asie et en Amrique latine (voire mme en Europe), o beaucoup de
rgions restent infodes au pouvoir politique, conomique ou social des lites
traditionnelles. Qu'on les appelle caciques, patrons, parrains ou big men, leur ascendant sur
la population locale leur permet d'instrumentaliser la dcentralisation en vue d'augmenter
leur ressources conomiques et politiques. C'est pourquoi, comme le disent certains
habitants lucides: "la dcentralisation n'est en ralit qu'une dcentralisation de la
corruption", ou "une dcentralisation de la centralisation", car les mmes pratiques
autoritaires et prdatrices qui rgnent au sommet d'Etat se reproduisent l'chelle des
municipalits et des communes.
Conclusions
Les rformes de dcentralisation n'quivalent pas automatiquement un progrs en termes
de dmocratisation, la dcentralisation ne "produit" pas de la dmocratisation par sa simple
existence. Nous pensons que les rsultats de la dcentralisation, et son degr
d'appropriation par les populations, dpendent avant tout des forces sociales et politiques qui
la portent. L'existence d'une vie dmocratique relle l'chelle nationale - d'un vritable
espace public o une pluralit d'opinions peuvent s'exprimer et les intrts des diffrents
secteurs sociaux sont reprsents est sans doute la premire condition. La capacit des
secteurs populaires traditionnellement marginaliss travailleurs, femmes, paysans,
indignes, chmeurs s'organiser et construire de vritable contre-pouvoirs l'chelle
nationale et l'chelle locale est une seconde condition. Elle permet le contrle public
ncessaire pour que les ressources ne soient pas privatises mais investies dans des
projets socialement utiles. Enfin il faut veiller ce que ces processus n'aient pas une simple
fonction de compensation du retrait d'un Etat sous ajustement structurel. Auquel cas elle ne
serait rien de plus qu'un pis-aller.