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Je vous disais ICI que je ne souhaitais pas parler de l'opération que je devais subir.

Aujourd'hui, je
suis prête bien que je sois encore à mi-chemin d'un parcours dont tous les obstacles ne sont pas
toujours connus à l'avance, probablement pour ne pas décourager les patientes qui seraient atteintes
de cette maladie.
Patiente est le terme approprié pour définir le statut de ces femmes avec une épée de Damoclès au-
dessus de leur tête où la patience est de rigueur pour affronter toutes les épreuves.

En général, au vu des avancées concrètes qui ont été observées dans le traitement de la maladie, les
médecins, pour la plupart, dédramatisent au mieux le sujet, dans l'intérêt général ; jusqu'à faire
penser que le « problème » serait presque banal. C'est, du moins, ce que la personne confiante que
je suis avait perçu.
Mais la réalité est tout autre : En aucun cas, la femme, un être humain, n'est préparée à la batterie
d'examens qu'elle doit subir avant la rencontre du chirurgien, l'assistance psychologique n'étant
proposée qu'après ce rendez-vous...

Des saignements utérins m'ont envoyée chez la gynécologue qui a déployé l'arsenal d'analyses qui
confirmeront un polype à l'utérus et un nodule mammaire. Lequel avait été localisé par la
mammographie, cet examen qui laisse des hématomes, la poitrine étant écrasée savamment pour la
bonne cause...
Le médecin-radiologue, une femme, se propose de faire la biopsie elle-même dans trois jours par
crainte des délais d'attente assez longs de Bergonié. L'acte en lui-même n'étant pas douloureux,
j'avais décidé d'adopter la zen attitude.
En réalité, j'étais déjà résignée. Lors d'une sieste, je m'étais « vue » mourir. N'étant pas à ma
première «perception », je me préparais à une fin de vie annoncée, les « signes » que je reçois ayant
été toujours concluants.
La confirmation du diagnostic de l'anapath par le médecin radiologue, le lendemain, ne m'a pas
surprise mais l'information me sonne tout de même. J'avais l'impression, beaucoup plus tard, dans
l'après-midi, d'avoir bu en faisant mes courses tant je titubais.
Le rendez-vous pour la visite du chirurgien d'une clinique privée est pris aussi par ce médecin-
radiologue pour dix jours plus tard.
En attendant, j'ai pu restaurer un vieux fauteuil, avant que mon bras droit ne devienne sensible.
Pourtant, le trou fait par la biopsie commence à suppurer et fait près d'un centimètre de diamètre

Le « chirurgien du sein » est un homme aguerri, je lui sors la tirade sur le droit à disposer de son
corps et aborde, avec lui, le libre choix de la mort, sans tabou aucun.
J'avoue qu'il m'a bluffée, habitué qu'il était aux questions que je lui posais. Il m'a déconseillée (bien
évidemment) de mourir de cette façon.
Pour les femmes qui seraient tentées (comme je l'ai été) de ne pas se faire opérer :
Un cancer du sein non opéré fait énormément souffrir ; surviennent des hémorragies, la putréfaction
avec une odeur pestilentielle et à la mort au bout de deux ou trois ans.
Le chirurgien m'explique que la veille de l'intervention, je devrais aller dans un centre de médecine
nucléaire pour que l'on détecte les ganglions sentinelles. D'après ces dires, l'acte, non douloureux,
ne devrait pas dépasser les deux heures. Il prend lui-même le rendez-vous, sentant mon manque
d'enthousiasme, probablement...

L'opération étant prévue pour le 16, la secrétaire médicale me demande de prendre rendez-vous
avec l'anesthésiste et aller aux pré-admissions pour faire le dossier.
Foudroyée par mon regard en colère et dégoûté, elle pendra elle-même le rendez-vous me tendant,
en même temps, la carte de visite de soutien psychologique que je déchire, réfractaire à tout autre
effort demandé.
La dame, très habituée aussi, aux réactions de révolte des patientes ma rassure en me disant qu'elle
préférait ma réaction à celles de certaines femmes qui restaient de marbre face à la maladie et que,
personne, dans le service, ne revoyait jamais... Elle me dit espérer qu'elles ont choisi de se faire
opérer ailleurs.

C'est après le rendez-vous chez l'anesthésiste que j'ai ressenti que ma combativité, mes forces, ma
vie s'en allaient, petit à petit.
La fatigue, la résignation, la tristesse, continuer à faire vivre une maison, malgré tout, me laissent
entrevoir un soupçon d'explication. Pourtant préparée au pire, je n'arrive toujours pas à comprendre
complètement ce phénomène.

Le rendez-vous à la médecine nucléaire m'a paru surréaliste. L'injection n'étant pas douloureuse, il
faut attendre quatre heures (et non deux...) pour avoir le résultat. En attendant, on vous livre à votre
sort : vous pouvez sortir, aller manger, faire du shopping, pourquoi pas ? Comme je n'avais plus
assez de force pour ces divertissements, j'ai erré jusqu'à la brasserie du coin pour avaler un chocolat
chaud. Comme je n'avais pas faim et qu'il était l'heure du repas, le restaurateur m'a fait m'asseoir au
comptoir, une fois ma boisson avalée.
Je me suis donc retrouvée dans la salle d'attente, essayant de remplir les cases de mon Soduko.
Bien plus tard, toujours Patiente et résignée, j'ai passé le scanner qui les ganglions sentinelles qui
seront prélevés lors de l'intervention et qui feront l'objet d'une autre biopsie.
Un taxi-VSL est commandé pour me ramener chez moi, le même qui m'a amenée. Je Patiente trois
quart d'heure...

Tiens, les taxis-VSL, un système qui ne peut qu'amplifier le déficit de la Sécu tant certains
chauffeurs spéculent sur la santé des gens. Les taxis, pourtant surchargés de travail, ont trouvé une
filière juteuse frisant l'escroquerie.
Il m'a été proposée 100 € pour aller-retour sur 10 kms, même si les embouteillages peuvent un
vecteur de perte de bénéfice, cela ne les vaut sûrement pas.
Parfois, certains chauffeurs prennent deux clients en même temps pour une même course et font
payer deux courses...
Malgré ma faiblesse, mon cerveau capte bien et je me suis demandée pourquoi il n'existait pas un
un service spécial pour les malades « légers », hors ambulances et VSL.
Cela créerait pourtant de l'emploi et peut-être pourrait-on contrôler un peu plus les dérives ?

Le jour de l'intervention, je me sens encore plus faible que la veille, j'attends plus de vingt
minutes, dans le froid, le taxi-VSL. Pourtant, le rendez-vous avait été pris pour 7H45. Le chauffeur
me donne une flopée de paperasses à remplir pour me faire rembourser de mes transports, ne
sachant pas si je serais en mesure de les renvoyer un jour. Lui, il est payé, c'est le principal...

J'arrive aux admissions et récupère mon dossier ; je suis envoyée dans un service ambulatoire. La
chambre est glaciale, malgré le chauffage, la peinture est blanchâtre et fissurée. Je suis installée sur
un brancard, en guise de lit, demande une autre couverture qui ne suffira pas à me réchauffer.
Mon manteau et ma robe de chambre me serviront de couvertures supplémentaires.

Vers 10 heures, je suis envoyée vers un médecin qui insérera un marqueur servant à faciliter la
visualisation de la trajectoire la tumeur. L'acte prend quinze minutes et l'on me renvoie sur mon
brancard, à moi de me souvenir du trajet retour. Une âme bienveillante me montrera le chemin,
devant mon doute à me repérer.

Je vais Patienter jusque vers 17H30, sur ce brancard, dans cette chambre sans vie où de nombreux
rêves seront interrompus par la venue d'infirmières s'occupant de ma nouvelle voisine,
Ma tension est bonne ainsi que ma température, malgré mes leucocytes un peu élevés.
Je suis emmenée au bloc à l'heure prévue bien qu'une infirmière m'ait annoncée que l'intervention
serait décalée d'une heure.
J'ingère un sucre à goût amer et m'endors dans l'entrée du bloc, seule.

Je suis amenée dans une chambre plutôt agréable, peu de temps après mon réveil, qui, paraît-il a été
plutôt difficile.
Je passe la journée à émerger, essayant de converser avec la mère de ma voisine de chambre.
J'apprends qu'elle est à sa quatrième intervention, la troisième ayant abouti à l'ablation du sein, la
quatrième pour des métastases sur le poumon droit, dans le dos.
Elle me dévoile ses cicatrices qui démontrent la violence de la lutte contre la maladie.
Elle me conseille une crème, Erin, pour prévenir des brûlures de la radiothérapie, elle-même étant
passée à la chimiothérapie, depuis.
Cette dame force le respect devant son détachement vis à vis de la maladie, elle en a accepté les
changements subis par son corps. Elle continue pourtant son combat.
Son mari, ses enfants l'ont accompagnée tout au long de son parcours et elle avoue qu'elle continue
à se battre grâce à leur amour.

Mon garçon, âgé de près de dix-neuf ans, est venu me voir l'après-midi. Je lui annonce que la
tumeur enlevée, je n'ai plus la sensation de voir ma vie s'en aller. Le chirurgien avait été surpris par
cette déclaration et l'avait laissé songeur.
Mon fils est heureux de cette nouvelle. Il a mûri en quelques mois, prenant la dimension de cette
maladie, malgré son jeune âge. Il me rappelle que j'étais avec lui lors ses hospitalisations passées, et
qu'à son tour, il sera là. Je rentre le lendemain mais il est tellement bon de voir quelqu'un qu'on aime
dans cette épreuve. Il m'appellera dans la soirée pour me souhaiter une bonne nuit. Il a été mon
rayon de soleil dans cette journée.

Malgré les antalgiques, le sommeil a du mal à m'emporter et j'apprendrai avoir gémi toute la nuit
par ma voisine de chambre.
Mon départ annoncé dans la matinée, le chirurgien m'informe que je devrais faire changer le
pansement de la plaie pendant huit jours par un infirmier libéral, qu'une commission se réunira suite
à la la biopsie des ganglions dans huit/dix jours qu'elle décidera du nombre de séances de
radiothérapie pour la prévention de la récidive.
Je sais que le parcours sera long et difficile et qu'il ma faudra puiser au fond de moi-même pour
continuer.

La mobilisation des médecins face à cette maladie fait oublier qu'il y a des être humains derrière la
maladie et l'on ressent une déshumanisation, un détachement grandissants.
Le cancer se soigne très bien mais ce n'est pas rien comme on veut bien le faire croire; c'est tout ce
que cela comporte comme contraintes plus ou moins « agréables ». La Patiente est seule, livrée à
elle-même. Même entourée, c'est à elle seule de gérer son quotidien et personne ne peut se mettre
ou le faire à sa place.

Je viens de faire un long témoignage (tapé en plusieurs fois, je ne sais pas si je pourrais réitérer cet
exercice intime et personnel) dans le seul but de faire prendre conscience d'un fait « banal » de
médecine et de société .
Dans ma carrière hospitalière, j'ai rencontré beaucoup de femmes atteintes de cette maladie et
chacune d'entre elles faisaient montre d'un courage exemplaire.
Mon tour est venu et j'espère être à la hauteur, moi aussi ; et je tiens à rendre hommage, à apporter
mon soutien et à encourager toutes celles qui sont confrontées au cancer, en général.
Je ne souhaite pas répondre aux commentaires, certains d'entre vous connaissent ma position sur la
victimisation. En revanche, si besoin, je répondrai aux mails qui me seront envoyés (l'adresse est en
haut du blog).

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